Évidemment, sans surprise  cette histoire de statue revenait sur le tapis et bien qu’elle semblait sans importance pour la brune, tous ne le voyaient pas du même œil, normal, mais difficilement elle voulait partager son terrain de jeu aujourd’hui, là encore, tous n’allaient pas l’entendre de la même oreille. D’un toquement, elle signalait sa présence derrière la porte du kage, son mentor et avec patience, elle attendait d’y être conviée pour s’y engouffrer. Comme toujours, c’était le même être qu’elle retrouvait en face, énigmatique à souhait, à la carapace solide et de ce qu’elle avait vu ces derniers jours, il avait plutôt intérêt à l’être. La brune avait la curieuse sensation  qu’il était assis sur un nid de vipère depuis son arrivée au pouvoir, mais là encore, elle ne pouvait pas juger faute de savoir de quoi elle parlait, à son niveau, toutes ses choses lui échappaient.

-Ohayo Senseï, tu voulais me voir… ?

Bien sûr, aussi évident qu’elle savait pourquoi il le voulait, ce qui l’était moins, c’était ce qu’elle voulait partager avec lui de ce qu’elle savait, sur ce point une chose était sûre, elle ne souhaitait pas qu’il gâche son jeu, mais pas non plus lui faire du tort. Dilemme alors, qui s’effaçait bien vite au profit d’une évidence, pourquoi choisir quand on peut avoir les deux et quitte à s’y brûler les ailes, la perspective lui plaisait. Elle voulait continuer à jouer, tout en le conservant ou préservant du blond, difficile à dire.  Tandis qu’elle plongeait ses yeux dans ceux de son mentor, elle se savait pertinemment incapable de mentir, se voyait difficilement éluder ses interrogations sans que cela ne vire à la trahison, une dont il n’était pas question.  Alors peut-être, devait-elle parler avant lui ? Ou à l’inverse ne rien dire et répondre au  goutte à goutte sans en dire trop ou pas assez. Presque elle se surprenait à penser qu’elle avait quelque chose à cacher, alors qu’au final non, c’était un jeu décalé qui s’était déroulé et qui avait apporté cette finalité.

-C’est pour la statue n’est-ce pas… ?  Je te l’ai dit, je l’ai faite créer et cela m’a amusée et je sais à quel point aussi ce n‘était pas très avisé. J’ai suivis mes envies telle une enfant capricieuse c’est certain, j’en ai même oubliée de m’excuser.  Je te pris donc de m’excuser et je pense que c’était par là qu’il fallait commencer.

Sur ce point elle n’était pas dupe non plus, à sa place, elle aurait probablement mal pris, mais pourtant c’était toujours avec un certain égoïsme qu’elle continuait sur sa suite, à savoir, conserver ses acquis. Après quoi droite face à lui, elle ne bougeait ou ne parler plu avant d'y être convié, pour cause, elle en avait assez fait déjà et elle le savait.

Froid et très clair, en même temps comment ne pouvait-il pas avoir ce côté menaçant, il avait parlé d’un ton grave et de choses tout aussi graves, en silence la brune soupirait. Encore une fois il ne posait pas les bonnes questions et non, la brune n’était pas du genre  à diffuser à tout va ses infos, autant ces dernières pouvaient-elles le concerner de près et c’était justement là le problème. Si certes, elle l’avait suivi, certes elle était aujourd’hui sa disciple, aujourd’hui de cet homme, elle ne savait rien, ni son caractère, ni ses réactions, alors ce n’était pas un manque de confiance qui la poussait à taire sur le fin fond de l’affaire, mais plutôt une anxiété d’un sort placé entre ses mains.  Qu’il soit lassé soit, mais qu’il pense que l’affaire ne soit pas importante en revanche, cela agacée la disciple qui encaissait ses dires en silence, sur ce point, elle n’était pas d’accord avec lui et visiblement, les messages cachés de la brune ne passaient pas bien avec son mentor. Soit, elle ferait donc moins subtil à l’avenir. Pour commencer, elle corrigeait les informations qui s’étaient erronées, et cela bien sûr quand ce dernier avait fini de parler.

-Moi aussi j’aurais trois choses à te dire à ce sujet.

Trois pour trois, échange équivalent, la brune était adepte de ce principe. Elle levait un doigt, le même que le premier qu’il avait levé et là encore, le message se faisait indirect…

-Tu dis « choisi », l’exactitude est  que je n’ai fait qu’appliquer une idée de thème. Tu parles alors de provocation quel intérêt ai-je là ? Et je suis une femme qui ne va que dans la direction de ce dernier.

Donc la question, n’était pas qui elle avait  choisi, mais pourquoi elle avait appliqué cette idée de choix. Là encore, puisqu’il ne s’arrêtait qu’à la surface des choses, la brune en ferait autant. Elle levait le doigt suivant.

-L’étrangeté se résume parfois à une invitation, c’est moi-même qui lui avait donné rendez-vous ici quatre jours avant et cela dans le but de lui montrer cette fameuse statue, car si elle était placée, c’était pour que tu la vois. Tu parles de perte de temps, mais une simple sortie t’as fait gagner son pesant d’or en un instant… Par ailleurs, qui à part nous a profité du spectacle ?

Mais là encore elle se taisait concernant l’autre aspect, celui de la déception de Kioshi face à sa tentative veine de manipulation et le cadeau riche qu’il offrait, ce qui était à son goût tout de même le comble pour celui qui avait tant rager de le voir arriver au pouvoir. Le dernier doigt se levait  et le Kage avait pu les suivre depuis le reflet de sa disciple sur la baie vitrée.

-Sache que je ne mens jamais et que la vérité ne m’a jamais effrayée, quelque qu’elle soit. Quant à la nouvelle convocation, soit, mon temps n’étant pas aussi précieux que le tien ou celui du village, je peux bien le perdre, bien quand général je préfère passer directement que par des tiers.

Depuis il n’avait pas dit un mot et chacun leur tour il semblait jouer un monologue qui ne voulait pas se faire couper pour se s’en faire bien comprendre et les derniers mots étaient biens dans cette optique, visiblement, dans leur relation maître-élève un détail clochait aux yeux de la brune.

-Maintenant je vais disposer si tu n’as rien d’autre à me dire. Cependant avant, vois-tu, je profite que nous ne soyons que nous  deux si tu permets, au risque d’outre passer ma place, permets moi aussi une leçon pour ta part. Connaitre ceux qui nous entourent est aussi vois-tu un grand gain de temps.  Je ne crains, ni mort, ni châtiment et le pire c’est un mot bien vaste qui me fait sourire, car vois-tu dans ce dernier j’ai toujours tendance à ne voir que le bon qui en sort.  Car pour moi une vie sans passion et matière à vivre, c’est être déjà mort. Soit, être utilisée quel qu’en  soit la raison et la façon ne me gêne en rien, sur l’échiquier je ne suis qu’un pion, mais si tous ont le même statut sur la plaque, certains peuvent faire un déplacement qui certes peut paraitre insignifiant si on ne regarde pas assez loin, assez bien. Pourquoi tu m’as pris dans ta team si tu ne connais ni mes qualités, ni mes défauts ? Je n’ai jamais aimé la figuration, je suis désolée. Libre à toi de ne pas aimer et de sanctionner ou de rééduquer, car soyons clair je ne vais pas changer de façon d’être, ni m’arrêter parce que tu fais planer une épée de Damocles  sur ma tête  avec des mots directs ou non. Je ne te cherche pas du tort, je suis aussi rajoutée que toi à cette citée, mais ma place ici est totalement insignifiante contrairement à toi. On se méfie du loup dans la forêt, mais jamais du tique, pourtant ces petites bêtes n’ont pas leur pareille pour s’accrocher là où il ne faut pas.

Et non, le tempérament de la brune était tel qu’il préférait encore être sur une sellette que dans une ombre pour se cacher d’un danger, ce n’était pas là provocation, simplement qu’il avait un temps pour les courbettes et un autre pour les mises au point et soit, qu’il se fâche ou cherche à mieux comprendre, voir s’en foute complétement là n’était pas la question.  C’était dit, qu’importe la suite.

L’effort fut vain et la perche qu’elle lui tendait, il lui rejetait en pleine face, mais sans violence, du moins selon les critères de la demoiselle, oh ça va, elle avait connu pire. Et face à sa réaction seul un long soupir rejoignait la suite de son mentor, il n’avait en définitif rien compris et loin de la fâcher, une soudaine envie de sourire lui venait, une qu’elle ne s’en allait pas exprimer, tandis que d’un simple geste il la conduisait vers un tiers, encore…Décidément, ni l’imagé, ni les messages cachés n’étaient son fort et dans tout ça ce qui amusait la kunoichi ? Sa réaction. Lui de son noble niveau, de son grand rang ne voulait pas écouter les mots qu’il ne jugeait pas à la hauteur de sa position, quel humble personnage voyez-vous…  Qu’il soit Kage ou mendiant, les mots qu’elle emploierait avec lui seraient toujours les mêmes et si sa susceptibilité le poussait à les réprimer, là n’était pas sa faute, que les choses soient claires, pour la brune tous les hommes sont égaux. Soit, tant pis pour lui s’il n’avait pas compris que le tique s’était attaché à une bête le guettant à lui dans l’ombre et non, qu’il lui déplaisait ou pas, elle n’allait lui vendre le blond, ce n’était pas dans sa nature.

-Quel que soit le rang, je ne parle qu’à l’homme de face de moi, pas à son titre, mais si soit, tu te préfères à tout réduire à ça. Cela me conviendra très bien. Cependant, on ramène plutôt souvent les tique à la maison tu sais après les visites en forêt.

C’était, pour sûr, le mot de la fin et là encore, Hana se disait que l’effort était totalement vain la subtilité de ses propos faisaient que peu de joueurs savaient s’y laisser prendre. Qu’importe, avec philosophie soudainement elle en concluait avec légèreté qu’elle se voyait offrir des vacances à ne rien faire. Perplexes, les subordonnés exécutaient l’ordre et la belle se laissait faire, pour cause, elle n’en avait que faire et bien qu’ils se voulaient hors de cette histoire, la curiosité poussait l’un d’entre eux à poser la question…

-Mais qu’as-tu fait au juste ?

Ce à quoi la brune ne répondait que par un sourire tandis qu’on la débarrassait de son superflu, pour cause, ici ses affaires allaient être restreintes et la nostalgie de la liberté ne lui pinçait pas le cœur, par non, c’était ses cheveux qui se faisaient tirailler pour ôter la fleur, en vain. Plus une épingle, ni une attache sur la tête, mais la chose tenait encore, comment ?  Disons que c’était un secret bien gardé par la belle qui ne pouvait résoudre les surveillants qu’à un choix : la couper.  Et tandis que les pétales éclataient tout autour sous cet effet, ce ne fut que là que la belle se mettait à déchanter, quoi que, certes la fleur n’avait plus de pétale ni de cœur pour montrer ses belles couleurs et son parfum, mais ses racines elles, étaient toujours bien ancrer dans son crâne, pas de chance, elle finirait par repousser… Enfin si cela en était une en fait, car cette minuscule cellule sombre n’offrait guère de gaiété, soit, il était alors là un bon moment dans sa vie pour se mettre à méditer non… ?