Vous voilà rentré à Kiri. Le voyage ne fut pas boulversé par le temps, ni par d'éventuels bateaux pirates. Vous savez ce qui est arrivé à Jaden. Il ne vous reste plus qu'à prévenir le Sandaïme de votre découverte.

ORDRE DE POST:

- Yuuki Setsuna
- Ryuzoji Yoru

Cette histoire devenait de plus en plus loufoque pour notre Épéiste. Cet éventail de puissance, spéculant qu’il possède une capacité au tout haut point similaire aux sabres de puissance des spadassins de la brume sanglante, devait bien avoir quelque chose de spécial pour envoûter la Koken au point de laisser derrière elle sa patrie sans le moindre avertissement. Par spécial, notre glauque héros entend par là un petit avantage qui en faisait une frénésie chez la Chûnin. Dans sa lettre, le ton employé par la sabreuse démontrait toute la détermination qu’elle éprouvait pour mettre la main sur le fameux objet. Toujours sur ses gardes, les renseignements parfaitement assimilés et imprégner dans son cortex, le Yuuki avait néanmoins de la difficulté à garder un summum de concentration et de réfléchir à toute cette fiction. Les possibilités étaient si nombreuses qu’il en supposait une dizaine, voire une centaine pour chaque théorie générée, acceptée ou refusée. L’étreinte de sa main sur la poignée de son sabre d’un noir de jais métallique se resserrait davantage que les hypothèses germaient dans son esprit. Or, la voix féminine reprit la parole, retentissant en un écho dans la vallée cendrée mais comme une lame dans l’âme pour le scarifié.

Mystérieuse inconnue possédant des compétences non négligeables dans la matière de la sensorialité, au point de repérer le clone qui était dans une forêt déchue à quelques kilomètres. En outre, elle semblait connaître exactement la raison de la venue de Setsuna sur ce territoire. Cette pensée fut confirmée par la suite des propos de l’individu ; elle mentionna le nom de sa cible et lui affirma d’avoir « vu » sa mort. Ne pouvant délier la vérité du mensonge sans l’aide d’une technique de perception de type sensorielle, difficile de dire si ce que certifie la femme est une exactitude. S’arrêtant dans sa démarche, il adossa sa vertèbre dorsale sur le mur de la falaise, sans toutefois faillir dans sa garde. Comme il l’avait médité, Jaden n’était plus au sein des frontières de l’ancien territoire de la déesse des flammes. Le pays de la foudre donc… Sur un timbre froid, la voix annonça un trait important sur la physiologie de l’assassin : il est borgne… Ah ouais, combien de borgnes il y a sur SnH, Genius ?! Bref. Les sons se turent, laissant place à une étrange quiétude. Lâchant l’emprise de son sabre et sa garde, le Stigmate resta une minute immobile. Elle était partie…

***

Une journée pluvieuse s’abat sur le pays de l’eau en ce début de saison printanière dans le cycle universel. Le voyage du retour se passa dans la sérénité absolue ainsi que le songe. Ce sera un rapport délicat, pensa amèrement le jouvenceau aux prunelles vaironnes. Il est certain que la troisième ombre de l’eau a placé beaucoup d’espoir en le Jônin de la brume pour ramener le macchabé de sa disciple au bercail. Il ne revient pas exactement les mains vides au village, mais avec ce récit tiré par les cheveux, le Lutin métamorphosé a le léger pressentiment qu’il va se faire taper sur les doigts une fois à l’intérieur du bureau de son supérieur hiérarchique. Encapuchonné, vêtu de son habit de voyage qui le protégeant de la multitude de gouttelettes chutant lourdement de la voûte céleste grisée par les immense nimbus, le sabreur d’élite se dirige actuellement vers le palais du Mizukage pour y délivrer son rapport verbal au principal concerné de cette mission. Il pénétra à l’intérieur de l’infrastructure et atteignit le dernier étage, là où réside le bureau du Sandaime. Avant de cogner à la porte trois fois, il abaissa la capuche de son manteau et attendit le signal pour pénétrer dans la pièce. Sa présence ne voulait qu’une chose pour le Lutin Fou : la mission est complétée. Or, il ne sera certainement pas heureux d’entendre le résultat.

• Mes respects, Seigneur Mizukage. Je reviens à l’instant même du pays de la cendre…

Face au bureau, droit comme un pic, les pieds au niveau des épaules et les mains derrière son bassin, il poursuivit en plongeant ses profondes perles bicolores dans l’unique œil céruléen de son patron. Le timbre employé par le bretteur n’était nul autre que neutre et clair pour que le Ryuzôji assimile bien les informations qu’allait dévoiler Setsuna.

• Je suis revenu au village, malheureusement, avec les mains quasiment vide. Comme je m'y attendais, Jaden ne semble plus être sur les terres d'Hai no Kuni. Ce que j’entends par « quasiment », c’est cela. Fouillant dans la poche arrière de son jean, il en sortir un parchemin et le déposa sur le bureau de l’ombre. Le déroulant et mimant un demi-mudra, un mince nuage de fumé apparu avant de se dissipe dans l’air environnante, pour laisser place à un bout de papier que le Yuuki remit à son supérieur pour qu’il le lit. Je n’ai pas encore déchiffré cette histoire d’éventail de puissance, mais en contrepartie, je peux affirmer que le dénommé Shuji dont la lettre fait mention est certainement Kadoria Shuji, un déserteur de Kumo. Nos forces ont fait une rencontre avec cet homme lors de l’affrontement au pays de la cascade.

Il reprit le parchemin et le rangea dans sa poche initiale.

• Or, ce n’est pas le plus inquiétant. J’ai investigué les deux lieux indiqués dans le document que vous m’avez offert avant mon départ. Une fois arrivé à la vallée cendrée, une voix féminine que je n’ai pu identifier m’a abordée, énonçant même mon allégeance à Kiri. Tout laisse porte croire que c’est une personne de type sensorielle de haut niveau puisque je n’ai pas senti sa présence et elle a pu détecter l’un de mes clones à des kilomètres de la vallée. Cette inconnue affirmait par la suite d’avoir « vu »… la mort de Koken Jaden, sur les terres de Kaminari no Kuni, possiblement en quête de l’éventail qui lui était une obsession. En addition, elle a même précisée que son assassin n’est nul autre qu’un Shinobi borgne… J’ignore si elle est de mèche avec cette histoire. J’ignore même comment cette femme sait tout cela. Après ces dires, elle disparut sans laisser de traces, tout comme elle est apparue.

La voix ne pouvait être Koken Jaden. De un, Setsuna l’a déjà rencontré par le passé et connait le timbre de sa voix. En second, la sabreuse ne possède aucune capacité dans le domaine de la perception sensorielle. Pourtant, la femme a facilement devinée son appartenance à la brume sanglante…

La seule piste valable n’est autre que ce Shuji.

Inquiétant mystère. Non, plutôt une énigme, séquelle d’une enquête infructueuse, peu utile. La mission n’avait donné que quelques pistes, dont deux plus embrouillées qu’une autre. L’étrange apparition de cette femme aux puissants dons de sensorialité et la brève description du soupçonné assassin de la supposée défunte Koken Jaden ne seront pas suffisant pour tenter une recherche adéquat. Le Lutin Psychasthénique semble aussi être du même avis que le second Épéiste, une conclusion pourtant évidente : Kadoria Shuji, ancien membre du village des nuages, sera chassé jusqu’à ce que la brume sanglante trouve les réponses convenant à ses intérêts. Bien évidemment, rien ne garantit la trouvaille de la Chûnin, voire même d’informations supplémentaires ; nous ne savons pas si le manipulateur inné de la force gravitationnelle pourra conduire les unités de traque sur d’autres pistes, davantage ou moins efficace.

Le message de sa très chère et tendre disciple en main, seul objet tangible rapporté par l’escrimeur lors de cette escapade, le jouvenceau constata un maigre titillement de la part de son patron lorsqu’il énonça le possible décès de la manieuse de la claymore de foudre. Pourtant, une pièce du puzzle donnée par une parfaite inconnue ne peut être un renseignement fiable. Le Fou devait bien savoir que dans le pire des cas, cette information, en plus de celle d’un trait d’apparence sur le meurtrier, cette femme ne fait que mener en bateau nos forces. Et dans le pire des pires des situations qui peut retentir, cela peut-être également le prélude d’une nouvelle guerre entre la nation de la foudre et celle de l’eau. L’amour que peut ressentir un père à l’égard de sa fille peut engendrer bien des conséquences… Au vu des circonstances, Setsuna ne pouvait cependant trier les pistes comme il le ferait avec des données. Ces trois renseignements sont presque tous sur la même longueur d’onde : nul ne connait l’exacte position de ce Shuji, cette voix ou bien ce borgne. En outre, les forces de la brume ne connaissent pas l’identité de ces deux derniers mentionnés. Il ne reste plus qu’avec incertitude la dernière position connue par la sabreuse ; Kaminari no Kuni.

Aux yeux du sombre spadassin, ce n’était plus son problème désormais. Il avait décliné son rapport à son client et avait fait part des conclusions que cela l’avait mené, conclusions que semblait accepter le borgne démentiel. Toujours dans une position militaire, quoi qu’aisé, l’hétérochromique n’attendait plus que le feu vert de son supérieur hiérarchique. Néanmoins, cette rencontre ne semble pas être encore arrivée à son terme de sitôt. Son seul œil valide plongé dans les profondes prunelles de jade et de braise de notre protagoniste, l’aire atmosphérique changea d’un coup. Curieusement, l’Épéiste Noir devina facilement où cette discussion se prolongerai. Les gouttelettes tombant des cieux se fracassaient sur la baie vitrée au dos du Pourpre, offrant une vue globale sur son village. Son regard et son timbre était froid, alors que le faciès du guerrier argenté était vide de ressentit ainsi qu’au plus profond de son regard. Un psychologue expérimenté ne saurait trouver une faille dans le masque. Masque ? Non, la nature même du Yuuki.

Comme prédit, une soudaine transition du sujet fut, sans plus s’attarder sur la mission, pourtant plus précieux du point de vue de la fine-lame de Kiri. Le discours de l’homme reconnu comme étant le plus puissant Shinobi au sein du pays était similaire à une leçon que les adultes apprenaient à un enfant. La morale. Ce que demandait le Ryuzôji était une justification ou bien des propos qui sauraient atténuer la sentence qui attend notre héros dans un futur proche. Il ne pouvait discerner si ce rabat sur les oreilles était acquitté par une quelconque émotion, son subordonné n’ayant trouvé rien de bien intéressant sur les terres du pays de la cendre. Cherchant les mots appropriés à utiliser, un intrus s’incrusta dans la pièce en utilisant le Shunshin. L’individu avait un genou posé sur le sol, la tête inclinée au maximum vers le bas et détenait un sabre sur son dos. Malgré cette soudaine apparition, la chimère ne tiqua pas, n’effectuant guère le moindre geste. Pour qu’un Épéiste fasse un truc du genre, c’est que c’était très important.

• Sandaime Mizukage, mes plus sincères excuses pour ce dérangement. Nidaime Kenshi, nous avons trouvé plus amples informations sur le dénommé Shuji, comme vous l’avez demandé aux Longs Tunnels lors de votre arrivé : nos forces l’ont aperçu lors de la bataille sur le territoire de la cascade. L’éventail dont vous nous avez briefés est actuellement entre les mains de Samui Kyôji qui l’a vaincu ce jour-là, mais non capturé.
  

Un instant de silence pour permettre au chef d’assimiler ses informations avant que le soldat fasse un signe de la main pour que le quidam dispose de la même façon dont il est apparu. Jusqu’à ce jour, l’objet de puissance était en la possession du Kadoria, preuve que la Koken a échouée dans sa quête de vengeance. Inutile de revenir sur cela, il n’y a plus rien à débattre là-dessus, le cyclope devait déjà penser à convoquer le membre de la grande famille des manipulateurs de la glace ou autre. Son ton monotone retentit dans les tympans des deux protagonistes présents dans le bureau.

• Betsuni.
  

Simple mot, une seule et unique parole. Dans l’avis de notre personnage à la crinière opaline, avec ou sans équipiers, le résultat de la mission aurait été la même : la découverte et la rencontre auraient toujours été d'actualité. Pire, le sabreur d’élite aurait dû séparer son équipe, qui est de chiffre pair, pour inspecter les deux lieux mentionnés dans le dossier. Débattre son point de vue avec celui de son supérieur serait une absolue perte de temps. Il aimerait bien répliquer qu’au nombre de missions suicides on l’avait envoyé en cavalier seul et qu’en connaissant la personnalité de son soldat, cela était clairement prévisible. Non, il ne voulait pas en débattre. Il acceptera sans broncher le jugement qu'il l'attend. Il resta debout, en position parfaitement militaire, les mains derrière son bassin, noyé dans le mutisme après cette banale déclaration.