Le Lutin et le Luthier [On]

Année six – Hiver – Au marcassin agité.

Je suis bloqué.
C'est triste à dire mais je vais devoir rester ici la soirée entière. Pour cause, aucun navire en partance pour Mizu no Kuni ne quitte le port ce soir. Si seulement j'avais fini cette mission quelques heures plus tôt, j'aurais pu attraper un rafiot et rentrer directement au bercail mais cela n'a pas été possible. Voyez-vous, il y a eu quelques complications, rien de bien grave je vous rassure mais le travail se devant d'être bien fait, je suis resté un peu plus longtemps que prévu et voilà où j'en suis désormais. Sillonnant les environs, je cherche un endroit où passer la nuit. Ce n'est qu'après quelques heures de marche et plusieurs demandes auprès des passants que je trouve mon bonheur : une auberge appelée le marcassin agité. De l'extérieur l'établissement inspire confiance. Ça n'a pas l'air d'être un trou à rat en tout cas bien que le nom du bâtiment laisse penser le contraire. « Marcassin agité »... Je ne sais pas où le propriétaire est allé chercher un nom pareil mais c'est spécial, peu vendeur mais original je dois l'avouer.

J'entre et l'endroit me paraît bien sympathique. En ces nuits froides il y a pas mal de monde à table, de personnes seules ou accompagnées prenant une chambre et un repas. En ce qui me concerne, je n'ai pas envie de me fondre dans la masse ni même de rester avec ces gens que je ne connais pas, je prends donc une place près de la cheminée, à l'écart des autres groupes. Un serveur ne tarde pas à arriver et prend ma commande. Ce que je souhaite ? Du lait pardi. Je ne prendrai ni repas, ni saké ni quoi que ce soit de ce genre. Je n'ai pas faim, je souhaite juste rafraîchir ma gorge sèche et froide avec du lait bien chaud. Je patiente encore un instant, le temps que le serveur me livre ma commande. Ceci fait, je place ma chaise de sorte à faire face à la cheminée puis sirote tranquillement mon verre. Je vais sûrement pieuter ici ce soir alors plus tard dans la soirée, je ne devrais pas oublier d'aller prendre une chambre sans quoi je risque de passer la nuit dehors, dans le froid. Après avoir bu une gorgée de lait, j'entends un bruit dehors.

Il semblerait que quelqu'un soit entré. C'est tout naturellement et par pure curiosité que je me retourne afin de voir de qui il s'agit. De là où je suis je ne distingue pas ses traits mais juste une silhouette. À priori c'est un garçon comme un autre. Je me gratte la tête, me retourne puis patiente. On s'ennuie un peu ici mais il est hors de question que j'aille m'adonner aux jeux dans les salles prévues à cet effet. Je pense qu'après avoir fini mon verre, j'irai directement me coucher. Je n'ai pas spécialement envie d'écouter encore longtemps les histoires des hommes derrière moi. Je n'ai toujours pas terminé mon verre mais j'appelle le serveur afin que ce dernier me donne l'addition. Une fois arrivé, je lui explique le pourquoi du comment, lui passe quelques pièces et me retourne. Le garçon que j'ai aperçu tout à l'heure semble arriver vers moi. Que me veut-il ? Je n'en ai aucune idée. Je vais bien voir ça dans les minutes qui suivent.

Le pays de la pluie avait bien changé. En mieux, bien entendu.

Depuis le coup d'état et la libération des Sabakyos aux géôles du pays de la pluie, j'avais l'impression que le territoire s'était modernisé, ouvert au commerce. C'était peut-être une illusion, je n'avais jamais été très terre-à-terre et je panais rarement quoi que ce soit à ces délires géopolitiques, mais mon feeling me disait que tout allait pour le mieux depuis que les shinobis d'ici possédaient la liberté de vagabonder dans leur pays, et de se diriger vers Konoha pour ceux qui le souhaitaient.

En tant qu'initiateur du projet qui avait finalement abouti à cette alliance, je ressentais régulièrement le devoir d'aller directement sur place, prendre contact avec les shinobis qui avaient choisi de rester dans l'enceinte du pays. Après tout, l'alliance entre nos pays ne signifiait pas juste l'acceptation de la population shinobi d'Ame sur le territoire Konohajin ; les Sabakyos et leurs confrères veillaient sur nous, il fallait bien que nous leur rendions la pareille d'une façon ou d'une autre. Voilà pourquoi j'étais à Ame : pour vérifier que tout allait bien.

Et tout allait bien. On affrontait l'hiver comme on pouvait, et on en supportait la pluie froide, qui ne se changeait en neige que de façon assez occasionnelle. La saison n'en était pas moins rude. J'avais une amie Sabakyo dans une ville du pays, Miho, une fille avec qui j'entretenais un contact épistolaire relativement régulier depuis sa libération. On échangeait des infos, et elle m'offrait le toit quand j'étais de passage. Ça restait très formel avec ces gens-là ; je n'avais pas particulièrement peur de leurs dons, c'était eux qui en avaient peur. Peur de ne pas les contrôler. Donc même si j'avais voulu avoir une relation plus profonde avec elle, je ne suis pas sûr qu'elle aurait été open pour ça.

A chaque virée en pays Amejin, je passais par le marcassin agité sur le chemin du retour. Là où tout avait commencé, là où Sabakyo Shiro avait croisé ma route et celle de Maïka, et où le plan de libération de son peuple avait vu le jour. Je m'étais habitué à cet endroit, cette grande baraque au milieu de nul part qui accueillait tout le monde.

J'en poussai la porte ; le regard curieux de quelques clients me fit comprendre qu'il me fallait la refermer derrière moi rapidement, histoire de ne pas faire rentrer trop d'air froid. J'enlevai mon poncho et l'accrochai sur une patère, avant de m'approcher du bar.

- Salut Zaki. Un thé au miel, s'teuple.

C'est en m'accoudant au comptoir que je l'ai remarqué, près de la cheminée. Avec son verre de lait chaud. Bouarf, avec mon thé au miel, je passais pas moins pour une tata que lui, après tout. Ce qui piqua mon attention, c'était ses cheveux bleus et ses petites oreilles pointues. Pendant un instant, je m'étais dit qu'un Sennin comme Kitase Schinichi ne passerait pas inaperçu dans un lieu comme ça... et puis je me suis rappelé qu'aux dernières nouvelles, j'en étais un aussi, et que tout le monde m'ignorait royalement. J'ai donc décidé de tenter ma chance.

Mon thé servi, je m'en saisis et m'approchai de la cheminée à mon tour, pour me poser à côté de l'individu. Soufflant sur mon breuvage brûlant, j'observais son visage. Sa tronche ressemblait quand même sacrément à ce qu'on racontait sur lui... si on excluait les sources qui parlent d'une chèvre asiatique, bien entendu.

- Kitase Schinichi ?

Voilà. Si ça n'était pas lui, j'allais passer pour un gros naze, tant pis. Au point où j'en étais avec mon thé...
Sans attendre sa réponse, je pris une gorgée, et lui tendis ensuite une main réchauffée par la tasse.

- Appelez-moi On'.

Je vois le garçon s'avancer et remarque qu'il s'agit d'On', un jeune homme que je connais de nom. Comme tout shinobis qui se respectent, j'ai eu quelques échos le concernant. Ce serait un Konohajin doté d'aptitudes au combat très clairement supérieures à la moyenne. De plus, la rumeur dit qu'il aurait beaucoup œuvré pour la paix et la disparition de Makka, la reine des flammes. Il aurait d'ailleurs été aux côtés du Régent de l'époque, l'actuel Mizukage Yoru, lors du combat final contre cette dernière. Je ne sais pas ce que vous en pensez mais cela fait beaucoup pour un seul homme. Rien d'étonnant du coup à ce qu'il soit connu malgré son jeune âge. Quoiqu'il en soit, le shinobi de la feuille m'aborde et crois me reconnaître. Je sens au ton de sa voix qu'il est hésitant. Suis-je bien la personne qu'il croit voir ? Et bien oui et je vais le lui faire savoir.

« C'est moi oui. »

Il me demande ensuite de l'appeler par son prénom, ou du moins par le diminutif de ce dernier – de mémoire, il ne s'appelle pas réellement On' –, ce à quoi j'acquiesce d'un mouvement de tête. Je regarde autour de moi et ne remarque personne. À priori, sennin ou pas, on a la belle vie ici puisque aucun riverain ne vient nous importuner. La seule personne ayant eu la brillante idée de venir me voir est un shinobi. Au passage, je me demande bien pourquoi ce garçon m'a abordé. Il a peut-être des choses à me demander ? Peut-être bien oui. De mémoire, la dernière fois que j'ai causé avec un Konohajin dans un bar, c'était avec Nikkou et cela s'était bien passé alors je ne pense rien avoir à craindre du Myakudou. Par curiosité et avant de parler de choses un tantinet sérieuse, je baisse la tête de sorte à voir le contenu du verre de mon interlocuteur. Au vue de la couleur et de la texture du bidule, je dirai qu'il s'agit d'un thé ou d'une boisson de ce genre. Burk ; cette boisson est infâme et indigne d'un vrai mâle. Certes je suis mal placé pour parler avec mon verre de lait à la main mais qu'importe.

« Alors, quoi de neuf dans notre bon vieux monde shinobi ? »

Je suppose qu'il est venu me parler de ça, de ce qu'il se passe à Kiri, au pays de l'eau et dans le monde shinobi en général. Ce sont des sujets classiques pour des sennins mais il faut bien passer par là. Vous savez, les échanges d'informations etc, ça peut être sympathique. Bien que, de par notre position privilégiée, nous ayons de nombreux informateurs chacun il est toujours intéressant d'échanger avec autrui. Au moins cela nous permet de nous assurer de certaines choses, comme par exemple de vérifier la véracité de certaines affirmations ou rumeurs.

« Les nouvelles sont bonnes à Konoha au moins ? En tout cas, à Kiri elles le sont. »

Comme beaucoup de gens le savent, nous conquérons de nouveaux territoires, diffusons nos savoirs et notre culture, nous n'avons donc pas à nous en faire. De plus, à ce que je sache, il n'y aucune grande menace qui pèse sur nous actuellement. On peut donc vivre tranquille et dormir de nos deux yeux – sauf Yoru qui lui, dans tous les cas, ne dort que d'un œil. Il y a bien quelques menaces et deux ou trois choses qui peuvent nous tracasser mais pour l'instant, je dois être l'un des seuls au courant. À moins qu'il le sache lui aussi ? C'est possible. Je peux peut-être profiter de notre discussion pour voir s'il est au jus. Bien sûr, je dois faire en sorte de ne rien dire de trop important, ou de ne pas vendre la mèche dans l'éventualité où il ne sait rien. Bref, c'est sur cette pensée que je reprends mon verre et bois une petite gorgée du breuvage. Désormais mon verre est à moitié plein. Ou à moitié vide, cela dépend du point de vue.

Pas très bavard, le lutin. Enfin, il semblait avoir un goût prononcé pour les banalités. Et le lait, mais ça c'était une autre histoire... quelque part il avait bien raison, c'était plein de calcium, très bon pour les os. Une habitude prise chez un collègue du clan Kaguya, peut-être ?

En tout cas, la confirmation de son identité m'avait soulagé. Certes, j'avais tendance à reconnaître les gens que je ne connaissais que peu au son de leur voix, mais quand je ne la connaissais pas, j'en étais réduit à faire appel au médiocre physionomiste qui était en moi. Aussi, je prenais soin d'enregistrer soigneusement ses petites phrases pour ne plus jamais oublier la voix de cette légende vivante.

Les sujets qu'il abordait pouvaient facilement faire tourner la conversation au vinaigre si je m'y prenais comme un pied. Heureusement, j'étais un monstre de diplomatie.

« Ravi de l'apprendre. Je dirais qu'elles sont bonnes chez nous également. Enfin, à quelques détails près... »

Je pris une gorgée de thé pour hydrater ma gorge après ce long monologue... Il fallait bien choisir ses mots pour être sûr de ne pas s'attirer les foudres du lutin.

« Vous n'êtes pas sans savoir que vous faites partie des derniers à avoir vu Shiajin Suguato. Enfin, peu de discontinuités ont suivi sa disparition, son successeur s'en sort comme un chef. C'est un chef, d'ailleurs. Ha ha. »

Attention, humour vaseux. Peut-être qu'il était friand de ce genre de pseudo-calembours, peut-être pas. Peu importait, après tout.

« Cependant, on parle aussi d'un massacre en forêt. La plupart des victimes seraient décapitées, voire simplement privées de leur visage. Ce n'est pas la première fois qu'on entend ce genre de légende, mais je pense qu'il y a quand même de quoi s'inquiéter. »

Évidemment qu'il y avait de quoi s'inquiéter, je ne lui avais pas dis tout ce que je savais en tant que Racineux sur le sujet. C'était le loyal jônin de Konoha qui parlait.
Je me retins d'aborder le sujet des projets de conquête de la brume sanglante. Ça serait peut-être pour plus tard, quand nous aurions sympathisé davantage. Et puis, peut-être qu'il n'était pas le plus au fait de toute ces histoires, après tout il avait cédé son titre de Mizukage à un autre lutin, celui qui avait eu le privilège de sceller l'âme de Makka en personne.

Selon les dires d'On', les nouvelles sont bonnes chez lui aussi, à quelques détails près. Quelque chose me dit que c'est justement de ces fameux détails que nous allons parler prochainement. En effet, il est bien plus instructif de parler des choses qui vont mal que des choses qui vont bien. Je me saisis du verre, le porte à mes lèvres puis bois. Ledit récipient est vide au trois quart quand le shinobi de la feuille me parle de Suguato, l'ancien Hokage. Semble-t-il que j'étais l'un des derniers à l'avoir vu en vie lors de la bataille finale contre Makka. Je ne sais pas pourquoi il me demande ça, peut-être veut-il de moi que je lui donne des détails concernant sa disparition et donc, son hypothétique décès. Si c'est le cas et si c'est bel et bien ce qu'il attend de notre conversation alors je serais dans le regret de l'informer que je ne sais rien de plus que lui. Masamune, Suguato et moi avons affronté Irana, l'avons vaincu – en supposant que l'on puisse appeler ça une victoire – puis de là, nous sommes chacun rentrés chez nous après avoir vu vous-savez-quoi. Ça s'arrête là, je ne sais rien de plus. Est-il bien rentré à Konoha ? S'est-il fait intercepté en cours de route ? Seul dieu le sait. Pour ne pas rendre la conversation trop lourde, mon interlocuteur poursuit avec une petite blague qui, disons le honnêtement, n'a rien de bien drôle. Avant de reprendre la parole, je laisse On' poursuivre et il en vient à me parler d'un fait dont je n'avais pas connaissance. Toujours d'après lui, il y aurait eu des meurtres en forêt et ceux-là auraient été perpétrés d'une manière bien originale.

« Désolé mais je ne suis au courant de rien de tout ça. À propos de Suguato, il avait quelques blessures mais rien de bien méchant. Lorsque je l'ai quitté, il était largement capable de rentrer au village seul. Je suppose qu'il n'est pas revenu à Konoha, c'est ça ? »

Si c'est le cas, cela veut dire qu'il n'a pas eu le temps d'informer les membres de son village de la nouvelle « menace » qui pèse sur nous. Mais j'y pense ; cette histoire de meurtres en forêt a sûrement un rapport avec l'homme mystérieux, non ? C'est une possibilité que je ne dois pas écarter.

« Pour les massacres en forêt, vous avez parlé de légende … »

Les mythes et moi, ça fait deux. Si ça se trouve, l'entité capable de voler les visages des autres n'est autre qu'un Uchiwa et ainsi, cela voudrait dire que l'homme que j'ai vu lors de mon combat contre Irana est la cause de ces crimes. Si tel est le cas, je dois peut-être informer On' de ce que je sais car il semble évident qu'il n'est pas au courant.

« On parle d'Uchiwa dans vos histoires d'hommes qui privent autrui de leur faciès ? »

Là, il doit sûrement me prendre pour un taré. Pourquoi je lui cause de membres de ce clan disparu hein ? Tout simplement car Suguato, Masamune et moi-même avions vu sur l'île de la Cendre un homme aux sharingans. À priori pour l'instant, je suis au courant et il est probable que Kumo le soit – il faudrait que je me renseigne et que je vois notamment si Masamune a pu livrer l'info avant de quitter son poste. Je me saisis de mon verre pour la dernière fois, le termine, le pose puis dis :

« Parce que je crois en avoir vu un sur l'île de la Cendre. »

Vous vous souvenez de ce que j'ai dit tout à l'heure ? Une fois mon verre finit, j'irai me coucher. Et bien finalement, je crois bien que je vais reprendre quelque chose à boire.

Sur le moment, le fait d'apprendre qu'un shinobi comme Shinichi était passé à côté de la disparition de Suguato m'en boucha un coin. C'était à croire que les pays voisins s'étaient habitués à voir Konoha changer de Kage comme de chemise – en supposant que les villages portait des chemises, ce qui pourrait paraître quelque peu déplacé.

Quand il me demanda si Suguato était revenu à Konoha, j'acquiesçai simplement. Pas la peine de le noyer dans les détails... En réalité, le yondaime était plus ou moins repassé par le village, puisqu'il avait repris le contrôle de son corps original dans sa cachette. Son Kinjutsu de l'amant des morts le rendait immortel sur le champ de bataille, mais réduisait considérablement sa mobilité. Enfin, il s'était débrouillé pour partir tout de même... Ce gars-là se faisait oublier du monde shinobi, mais moi, je n'étais pas près de l'oublier. Et lui, il n'était pas près de mourir.

J'allais me réfugier une nouvelle fois dans mon thé quand il me parla des Uchiwa. Comme tant d'autres personnes, le simple mot piqua ma curiosité. Haussant les sourcils et ouvrant grand les yeux, je focalisai mon attention sur la suite de son discours.

Lorsqu'il évoqua la possibilité qu'un membre de ce clan déchu soit encore en vie, je portai une main à mon front comme pour m'apprêter à m'arracher une mèche de cheveux. Outre l'océan d'anxiété que soulevait cette éventuelle menace, le souvenir de l'illusion morbide des sharingans dans les ruines de l'oeil à Kusa no kuni me hanta à nouveau. Même éteint, le clan avait réussi à me faire goûter la puissance démentielle de leur genjutsus, et le simple fait de savoir que l'un des leurs parcourait encore le continent me donnait des frissons. Je savais me défendre contre les genjutsus, mais pas contre les leurs. Pas contre eux.

Je le regardai à nouveau, dubitatif.

« C'est... c'est quoi ce délire ? »

Fatalement, je doutais de fiabilité de ma source. Shinichi avait peut-être déliré, mais le sérieux avec lequel il m'avait confié cette information semblait prouver qu'il y croyait dur comme fer. Evidemment, les deux autres témoins qui auraient pu apporter des informations complémentaires, Suguato et Masamune, avaient disparu de la circulation. J'avais donc le choix de me fier à ce Shinichi ou de le prendre pour un fou.
Or, je n'avais pas le cœur à prendre ce Sennin pour un fou.
Je me rappelai soudain qu'il m'avait posé une question.

« Euh... non, pas vraiment. En fait c'est la première fois que j'entends parler des Uchiwas depuis une plombe, donc a priori les deux rumeurs ne sont pas corrélées.
Mais... si ce que vous dites est vrai, alors votre village, le mien, tout le continent est dans un sacré merdier, non? »

Je posais ma tasse sur un meuble à proximité, décidé à finir mon thé plus tard. Regardant le sabreur avec insistance, je fronçai les sourcils pour souligner mon inquiétude.

« Quand est-ce que vous l'avez vu exactement? Avant ou après avoir éliminé la nécromancienne ? Il a dit quelque chose ? »

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