Karma ? Retour de bâton ? Pour s’aider à se remettre en question, les hommes ont toujours préféré penser que les malheurs arrivaient à ceux qui d’une manière ou d’une autre l’avaient mérité. Bien sûr cette théorie perd tout fondement si un nouveau-né meurt ou bien qu’un enfant est atteint d’une grave maladie, car forcément leurs antécédents ne peuvent pas justifier un tel malheur. Alors certains ont trouvé des alternatives, dans certaines croyances on subit ce que l’on a fait subir aux autres dans une vie antérieur. Seulement malgré tout cette théorie reste fondée sur le fait qu’une chose supérieure à tous manipule les fils et prend les décisions pour chacun, pour certains il est effrayant et donc les croyants vont bien se comporter pour éviter son courroux et pour d’autres il est amour et les croyants vont bien se comporter par mimétisme. Car le but de tout ça, karma et compagnie, c’est de faire en sorte que les gens se comportent bien, ne soient pas méchants pour qu’il ne leur arrive aucune méchanceté, ce serait une espèce de justice transcendantale. Certains diront que ce n’est aucune bénéfique puisqu’au contraire cela encouragerait certaines personnes à continuer dans la voie du mal, puisque tant que rien ne leur est arrivé c’est que ce ne doit pas être si mal que ça et cela inviterait les « faibles », ceux qui subissent à ne rien faire, à patienter, attendre que justice divine soit faite que cela soit dans leur vie ou au-delà… Ainsi ils passeront une existence de soumission dans l’espoir d’une vie ensuite qui n’a jamais été justifiée. Mais malgré tout la règle du karma reste une constante, tu as fait quelque chose de mal, quelque chose de mal va t’arriver ou bien tu as été bonne, une bonne chose va t’arriver. C’est un réconfort pour chacun, surtout dans le monde des shinobis de se dire que même si les institutions sont bancales, quelqu’un rendra justice. Le renard à Konoha ? Dans tous les cas et comme partout, ce sentiment est présent au village caché par les feuilles. Alors lorsqu’on aperçoit la pauvre Mogura ensevelit dans le sable du Coliséum jusqu’au cou on se dit qu’elle a dû être sacrément méchante.

Cette réflexion sur le karma a pris racine dans son esprit il y a approximativement une heure lorsqu’elle s’est retrouvée dans cette inconfortable position. Elle était venue au Colisée car il s’agissait d’un lieu magnifique mais surtout parce que tout le terrain était recouvert d’une couche de sable sur de la bonne terre, en gros un terrain d’entraînement parfait pour le doton. Seulement l’entrée y était interdite puisque l’édifice était énormément demandé le soir pour des évènements et des cérémonies et donc la journée il devait y être préparé. C’est pour ça que c’est tôt dans la matinée que la jeune fille avait décidé de s’y rendre. Etait-ce l’interdiction d’entrer qui était la cause de ce retour de bâton ? Ignorer les interdits était mal mais peut-être que ça ne valait quand même de lui faire subir une telle humiliation. Oui parce que la justice se doit d’être un tantinet équitable et donc la peine doit être égale à l’acte qui en est la cause. Enfin du moins dans certains cas. Difficile pour quelqu’un qui a assassiné plusieurs personnes de « seulement » recevoir la peine de mort tellement la faute est grande. Mais si jamais c’était le cas, tous les shinobis seraient décédés ce qui serait fortement embêtant pour le fonctionnement des villages. Enfin bref, retournons à nos moutons, il y a à peu près deux heures donc la jeune fille s’était rendu discrètement au sein de l’arène pour s’exercer, après tout le terrain n’avait pas encore été nettoyé de la veille et il le serait de toute manière, ce n’était donc pas vraiment un acte vandale. Elle avait commencé par pratiquer des techniques de bases mais après une heure et quelques à enchainer les techniques, c’est le chakra qui en prend un coup, or, elle avait beaucoup de mal à s’en rendre compte et elle avait tendance à l’utiliser jusqu’à épuisement. Ce qui l’avait mis dans une position pareille c’était tout simplement l’utilisation de la disparition souterraine, technique qu’elle maîtrisait à merveille mais son manque de chakra l’avait… arrêté en chemin. Ainsi elle se retrouvait bloquée dans cette position, à cramer au soleil en plein milieu d’une arène, sans ressources de chakra et elle serait bientôt visitée par tout un groupe de fonctionnaires qui n’hésiteraient pas à la dénoncer pour son infraction et cela risquait de lui causer des soucis vraiment indésirables en cette période. D’autant plus qu’elle avait rendez-vous dans l’après-midi avec son équipe pour une nouvelle mission.

« Le saaable est chaud… le sooleil est... bôooo… Je suiis immooondeuuu ! Mais je gaaarde maa digniitéééééyyyyy, et le ciiiiel est violeeeyyyy ♪ Oh yes ça rime ! » Après une heure d’attente, elle avait commencé à perdre la boule, d’une voix presque inaudible et tremblante elle s’était mise à chanter, elle inventait des paroles qui n’avaient aucun sens et une fois la chanson terminée, en craquage complet elle se mise à sangloter. Rester incapable lui était insupportable. Avec le soleil qui lui tapait sur la tête, d’autant plus que la fin de la matinée approchait et que le soleil était donc haut dans le ciel, et la déshydratation qui commençait à l’attaquer, elle se sentait brulante, sa vision était troublée et les larmes qui coulaient sur ses joues lui faisaient plus de mal que de bien. Pour le coup elle se promit de pratiquer son contrôle du chakra pour ne jamais arriver à sec au cours d’une mission, c’était vraiment insoutenable. La seule chose qui pouvait la sortir de là et lui éviter les réprimandes qu’elle allait devoir subir c’était un miracle et avec les premiers ouvriers qui arriveraient à midi, le miracle avait plutôt intérêt à se presser. Elle renonçait à s’endormir mais au fur et à mesure que le temps passait, elle sentait ses paupières s’alourdir, peut-être aussi dû à tout le sable qui s’était incrusté dans ses yeux, mais elle plongeait de plus en plus dans un état de somnolence important.

L'ennui est une maladie, généralement assez contagieuse. Même lorsque l'on s'en débarrasse, elle revient au galop. Raki devait être une des rares personnes immunisées contre cette maladie. Son seul ennui était de ne jamais en avoir l'occasion. Son emploi du temps était surchargé et tellement condensé qu'il ne pouvait même pas faire en une journée le quart de ce qu'il avait prévu en une heure. Pour deux raisons. La première étant que c'était déjà physiquement impossible. La seconde qu'il s’émerveillait sans cesse devant des résultats pratiquement insignifiant. Enfin, c'était lui dans toute sa splendeur, une curiosité vorace, et une fascination pour les connaissances en tout genre.

Aujourd'hui cependant, c'était différent. Il ne devait rien faire. Juste marcher loin et lentement. Il s'était même fait attacher les mains dans le dos par quelqu'un pour éviter de faire quoi que ce soit avec. Bien sûr, ce n'était pas de son propre chef. En vérité, il s'en serait bien passé. Sa première réaction avait été de vouloir lire en tournant les pages avec ses pieds, mais cela s'avérait contraignant et peu pratique. En plus, son mal de tête ne s'arrangeait pas. A l'hôpital, son supérieur l'avait à nouveau condamné à ne rien faire pendant une journée. Cela n'avait rien de particulièrement drôle. Tout ça ne serait jamais arrivé s'il n'avait pas eu une horrible migraine. Les autres en étaient arrivés à la conclusion que son cerveau faisait une surchauffe. L'interdiction venait logiquement dans la continuité. Ils avaient bien essayé de le ligoter à un lit, mais quand il avait commencé à faire des calculs à voix hautes en utilisant le bouton d'appel des urgences, ses collègues avaient abandonné. Cependant, la restriction restait à peu près la même. Ne rien faire qui puisse nécessiter trop d'activité cérébrale.

Du repos. On lui avait laissé une liste des choses à faire, car la liste des choses à ne pas faire s'avérait impossible à établir. Les autres l'avaient compris lorsque Raki s'était mis à faire circuler son chakra dans ses cheveux, en essayant de le faire un peu un, pour voir s'il pouvait coller au mur avec. On ne lui avait donc laissé que deux choses : dormir et marcher. Rien d'autre. Et même si Raki était assez confiant pour ce qui était de savoir si quelqu'un le poursuivait, il hésitait à rompre la promesse. Ce serait facile de la rompre, mais on lui avait promis dix paquets de sucettes aux saveurs exotiques en récompense. Évidemment, dit comme ça, Raki ne pouvait pas refuser. On l'avait même laissé en prendre une avant de partir.

Ainsi, une petite balade avait commencé. Parfois les gens le regardaient bizarrement, il faut dire que de face, on ne voyait pas que ses mains étaient liées, mais de dos, on se demandait vraiment ce qui se passait. Peut-être un fou échappé de l'asile ? Ils n'avaient peut-être pas tout à fait tort.

Malgré le fait que a sucette n'en soit pas encore au trois-quart, Raki ressentait déjà une légère dépendance. Bientôt, il serait en manque, même s'il lui en restait plein en bouche. Quelle ironie. Au hasard de sa petite balade, Raki s'approchait du Colisée. Il n'y avait pas grand chose à faire, il n'avait rien. Pas d'argent, pas de papier. Une sucette et des habits. Au moins, il avait déjà ça. Dans un élan de nostalgie, il voulut entrer pour jeter un coup d'oeil, et se remémorer quelques bons souvenirs. A moins que ce ne soit interdit : balade et dodo. Bon, personne ne saurait qu'il avait eu un petit moment d'égarement.

A petits pas, il entra, appréciant l'ombre dans laquelle il se trouvait. Il faisait un peu chaud. Raki s’apprêtait à se perdre dans ses pensées en fixant le terrain sableux tout en restait au frais quand quelque chose attira son attention. Plusieurs fois, il cligna des yeux pour s'assurer qu'il ne rêvait pas. Lentement il s'approcha, jusqu'à arriver proche de cette étrange chose qui traînait par terre. Un animal poilu. Non, une tête ? Raki le réalisa quand il l'entendit parler, et en arrivant face à elle.

« Le saaable est chaud… le sooleil est... bôooo… Je suiis immooondeuuu ! Mais je gaaarde maa digniitéééééyyyyy, et le ciiiiel est violeeeyyyy ♪ Oh yes ça rime ! »

La tête était en plein soleil, et vu les alentours, depuis un bon moment. Si elle parlait, au moins elle était en vie. Perplexe, le jeune homme se demandait quoi faire. En fait il ne se demandait rien, rien du tout ! Il n'avait pas le droit de réfléchir. Il ne fallait surtout pas céder à la tentation, et rester bien tranquille. S'il tenait, des sucettes l'attendaient !

Oh et tant pis. Il pouvait pas laisser cette tête là. Quel genre d'homme ferait une chose aussi cruelle ? Abandonnant toute tentative de résistance, Raki se laissa tomber sur le côté. Il était juste derrière la jolie tête, mais s'en moquait de sa position. Après tout, elle délirait et il lui tournait le dos. Son opinion n'avait pas grande importance.

Premièrement, il fallait absolument avoir les mains devant. Il aurait du mal à faire quoi que ce soit sinon. Il passa donc ses jambes dans le trou créé par ses bras. La vaches, ça tirait ! Il sentait même que ses poignets allaient casser. Enfin, en quelques secondes il avait forcé suffisamment pour se libérer, même si cela l'avait bien écorché, et qu'il avait cru d'être déboîté une épaule.

Les mains un peu plus libre, il ne savait pas vraiment par quoi commencer. Déjà s'assurer qu'elle soit à l'ombre serait un bon début. Accroupi devant elle, Raki utilisait son corps pour faire de l'ombre. Il fallait se dépêcher avant que lui aussi finisse grillé comme une saucisse. Au vu du visage, ce ne serait pas joli joli.

« C'est mieux comme ça, non ? »

Un sourire aux lèvres, Raki continuait inutilement de déconnecter son cerveau. Ainsi, la première idée qui lui vînt fut de tirer sur cette grosse boule rouge. Comme une mauvaise herbe, il fallait la déraciner. Bien sûr, il se retînt. Déjà parce que ce serait difficile en extrapolant la taille d'après la tête, mais parce que cela demanderait beaucoup d'effort. Non, la solution le plus simple serait sans aucun doute de l'aider à sortir ses bras de là. Avec deux bras de plus, ce serait sans doute plus facile.

Toutefois, chaque chose en son temps. Pour l'instant, il n'aimait pas trop voir ce visage roussi. Son premier travail consista donc à s'occuper de brûlures dues au Soleil. Après il la dégagerait, et ensuite s'il avait encore la force, il s'occuperait de son petites écorchures aux poignets.

Spoiler:

Elle sentait son visage rougir de plus en plus, bien sûr pas par timidité ça ce n’est pas son genre mais tout simplement parce que sa peau brûlait au soleil. Elle était en train de penser à quel point sa peau allait se mettre à peler ensuite, à quel point elle allait être ridicule devant ses deux équipières, comme pour s’enfoncer dans son stéréotype cette peau rouge leur fera sûrement croire qu’elle était restée trop longtemps au soleil dans l’optique de bronzer, pourtant Moira aimait sa peau toute blanche et si nette. Dorénavant ce serait terminé, bonjour peaux mortes, pelures, pus et compagnie ! Quel affreux futur l’attendait ! Et dire qu’elle devrait sûrement cacher son si beau visage ! Et si jamais elle mourrait ici ! Oh mon dieu ! Quelle mine affreuse elle aurait pour son enterrement ! Et c’est ce visage dont les personnes présentes se rappelleraient ensuite ! Mais quelle horreur, il lui fallait absolument trouver une solution. Dans son désespoir, elle tenta à nouveau de chanter mais de bouger son visage la faisait trop souffrir, ouvrir la bouche n’était plus une option. Peut-être était-ce un message de ce soi-disant karma pour lui dire d’arrêter de chanter… ou en l’occurrence aussi de bouger. Ou peut-être parce qu’elle donnait trop d’importance à son physique, ça c’était carrément plus que probable.

Et là elle entendit comme un boom et soudain de l’ombre. Elle aperçut quelque chose effondré devant elle, peut-être une intervention divine salvatrice ? Mais qu’importe car cette chose lui offrait de l’ombre. Dans le doute, elle s’imaginait qu’il s’agissait d’un dieu ! C’était magnifique, elle pouvait enfin entrouvrir les yeux sans avoir trop mal bien que mouvoir son visage la faisait toujours autant souffrir. Elle fit de son mieux pour le faire. « Merci ô grand renaaard. » Bien qu’elle aurait bien improvisé une petite chansonnette, elle se rappela des éventuelles raisons pour lesquelles tout ça lui était arrivé. Sa vision était toujours floue le temps que ses yeux s’adaptent mais elle voyait la chose se tortillait dans tous les sens, c’était bizarre. Pas le genre de truc qu’un simple humain ferait. Voyant le corps en question se redresser sous forme humaine, elle voyait en ça une réincarnation d’un dieu et tous ces gigotements n’étaient autres que le processus de métamorphose ! Lorsque son visage s’approcha, elle remarqua qu’elle avait en face d’elle un visage des plus banals. C’est en ça que tu t’es incarnée dieu renard ? T’aurais pu… » Elle gémissait de douleur à chaque fois qu’elle bougeait ses lèvres mais elle tenait absolument à terminer sa phrase. « T’aurais pu… erf… choisir mieux… » Oui elle divaguait complètement. Elle cessa de regarder le jeune homme et laissa retomber sa tête face contre terre parce que cela lui faisait trop mal de lever les yeux. Or, laisser tomber son visage en feu sur un sable tout aussi chaud n’avait rien de futé et elle cria à nouveau tout en redressant son visage. Elle sentait que le jeune homme faisait de son mieux pour lui faire de l’ombre et il s’apprêtait à soigner ses brûlures au visage. C’est impressionnant qu’elle fut aussi sensible à la chaleur du soleil mais elle avait l’habitude de beaucoup beaucoup préserver sa peau blanche. Elle couvrait son corps outre-mesure ou bien se couvrait d’une crème coutant assez chair pour se protéger du soleil et surtout s’hydratait en permanence. Il la soigna tant bien que mal ce qui par moment la fit plus souffrir qu’autre chose. Le moindre contact avec sa peau était infernal, cela entraînait l’écoulement de larmes et les larmes étaient en contact avec sa peau et c’était un cercle sans fin… Cependant cela prit fin, au bout d’un moment lorsqu’il eut fini de la soigner, il avait surtout énormément soulagé la douleur. En tout cas elle allait mieux bien que les dégâts sur son cerveau semblaient irréversibles… Enfin elle était sacrément atteinte quoi.

« Si je suis là c’est que j’ai fait quelque chose de mal, mais si vous êtes là c’est que j’ai fait quelque chose de bien… Je ne comprends pas, j’ai fait quelque chose qu’était bien et mal ou bien tu veux juste voir mon visage bruler… le chaos dans le monde… la mort… snif… la mort des bébés taupes ! » Elle se mit à pleurer toutes les larmes de son corps sans vraiment trop savoir pourquoi puis cessa brutalement au bout de quelques secondes. « J’aimerai bien pouvoir me déplacer… vous pouvez me sortir de là ? Je peux vous chanter une chanson si vous voulez pour vous encouragez ? Je vous offrirai votre poids en or si vous me délivrez. » Elle se mit à glousser. « C’était une blaaaague ! hi hi hi… Il fait chaud ici, vous auriez pas un peu d’eau j’ai soif. »

Franchement, c'était censé être sans effort et reposant, et voilà qu'il grillait au Soleil face à une tête. Décidément le monde avait un drôle d'humour. Il fallait savoir, soit on voulait qu'il se repose, soit qu'il travaille ! Mais faire les deux à la fois, non ! Raki désespérait. Bon, ce n'était pas si inhumain et désagréable. Il avait juste un peu chaud, même s'il allait griller en restant comme ça. Les soins du visage passaient avant le reste. Il savait combien les douleurs au visage était insupportable. Un des zones du corps qu'on avait bien du mal à faire oublier à son cerveau.

« Merci ô grand renaaard. C’est en ça que tu t’es incarnée dieu renard ? T’aurais pu… T’aurais pu… erf… choisir mieux… »

Raki ignorait s'il fallait bien le prendre ou pas. L'hypothèse qu'il l'abandonnât à son sort n'était pas non plus à exclure puisqu'elle se moquait ouvertement de lui. Bon, elle délirait légèrement, et alors ? Elle disait quand même qu'il ne ressemblait pas à grand chose. Le jeune homme n'était pas un Apollon, mais se faire dire qu'on pouvait trouver mieux de cette manière, c'était excessivement vexant. Et dire qu'il avait renoncé à ses sucettes aux goûts exotiques pour cette langue de vipère. Si le Soleil ne lui avait pas cogné assez fort sur la tête, lui-même s'en serait bien chargé !

Ravalant son orgueil, Raki commença à dégager cette grosse boule poilue. C'était loin d'être facile. Déjà, les mains liées, ce n'était pas pratique du tout. Cela le condamnait à faire un unique mouvement, et le sable était brûlant. Lui aussi allait finir par délirer. Finir bien et vite. N'ayant rien pour creuser ou pour la tirer, il allait devoir avoir recours à des méthodes bien plus drastiques pour se débarrasser de tout ça. L'inconvénient principal était que s'il y avait une tête, c'est parce qu'un corps l’accompagnait. Autant dire que cela pouvait subir quelques dommages.

« Si je suis là c’est que j’ai fait quelque chose de mal, mais si vous êtes là c’est que j’ai fait quelque chose de bien… Je ne comprends pas, j’ai fait quelque chose qu’était bien et mal ou bien tu veux juste voir mon visage bruler… le chaos dans le monde… la mort… snif… la mort des bébés taupes ! »

C'était difficile de comprendre ce qu'elle essayait de dire. Raki ne savait même pas si sa présence était désirée ou pas finalement. En fait il ne savait rien. Elle voulait peut-être rester dans ce trou toute seule après tout. Elle y était bien rentrée d'une manière ou d'une autre. Le Soleil tapait vraiment fort. Cela faisait un quart d'heure qu'il se trouvait là, et il sentait déjà sa nuque le brûler.

« J’aimerai bien pouvoir me déplacer… vous pouvez me sortir de là ? Je peux vous chanter une chanson si vous voulez pour vous encouragez ? Je vous offrirai votre poids en or si vous me délivrez. C’était une blaaaague ! hi hi hi… Il fait chaud ici, vous auriez pas un peu d’eau j’ai soif. »

De l'eau ? Elle en avait certainement besoin. Et lui, il devait trouver une idée pour la sortir rapidement de là. Bon, il y avait de l'eau toute proche, mais il n'avait rien pour la prendre. La manière la plus simple de l'hydrater semblait donc de déplacer la tête jusque là-bas. Et pourquoi pas l'y noyer. Après tout, elle semblait excessivement désagréable, peut-être était-ce simplement du au Soleil, mais bon, cela n'avait pas vraiment d'importance. Ce serait sa bonne action de la journée.

Bon, il ne voyait qu'une solution pour éviter de se fatiguer plus que ça. Il allait tout faire sauter. Tant pis s'il y avait quelques dommage collatéraux. Personne ne saurait vu que cette fille était en plein délire. Raki plaqua ses mains sur le sol, à environ deux mètres de la tête. Il allait simplement placer une marque qui exploserait, et ce serait fini. Enfin, peut-être plusieurs. Tout dépendrait de la puissance de l'explosion. Il préférait se placer assez loin et se répéter, plutôt que de risquer qu'elle se prenne une explosion dans la figure. En précaution supplémentaire, Raki s'allongea devant la tête. Il valait mieux éviter de l'énuquer.

Après quelques secondes, l'explosion retentit, et il la sentit dans son dos. Plutôt bien d'ailleurs, un peu trop. Il s'était à coup sûr brûlé avec celle-là. Et ça faisait mal évidemment. Enfin, il glissa légèrement, puis un peu plus. Le sable glissait en arrière, et lui avec. Bon, cette femme était déjà un peu plus libéré, mais le sable brûlant dans son dos n'était pas des plus agréable. Seulement, il préférait éviter de provoquer une explosion pour se libérer de ses liens. A une distance pareil, il pouvait même se retrouver manchot. Ce serait assez stupide de sa part. Tant que la blessure n'était pas mortelle, il pouvait se soigner de toute façon. D'ici à ce qu'il n'utilise pas tout son chakra avant.

Se redressant tant bien que mal, Raki dégagea le reste du corps. C'était bien plus facile maintenant, et quelques instants plus tard, le haut du corps était dégagé. Putain ce qu'elle était chiante celle-là !

Plus le temps passait et plus l’ombre était bénéfique à la jeune fille, elle redevenait normal petit à petit… ou du moins elle parlait moins ce qui était déjà mieux. Elle n’arrivait juste pas à réaliser la situation dans laquelle elle était, elle ne sentait plus vraiment son corps sauf quelques fourmillements de temps en temps. Elle regardait un peu partout autour d’elle et plus elle bougeait sa tête plus le sable glissait lui laissant ainsi plus de liberté. Elle se rappelait progressivement ce qui s’était passé et sa démence passagère se transformait petit à petit en gros mal de crâne, raison de plus pour ne plus ouvrir la bouche.

Par contre elle ne se rappelait pas du tout s’être entraînée avec le jeune homme qui avait l’air pensif juste devant elle, mais il lui faisait de l’ombre alors elle n’allait pas se plaindre, il était allongé devant elle comme s’il attendait quelque chose. Elle fermait ses yeux pour reposer son visage. Elle aurait bien fait un petit somme mais bien qu’elle soit crevée de son entraînement elle sentait qu’elle avait repris des forces. Elle esquissa même un petit sourire oubliant l’ennui dans lequel elle s’était enfoncée. Elle jeta un coup d’œil au soleil et il était bien haut dans le ciel, pas sûr qu’il soit midi mais en tout cas l’heure fatidique approchait. Peut-être que d’ici là elle aurait regagné assez de chakra pour se dégager, enfin faudrait-il qu’elle puisse sentir ses membres au moins.

Elle regarda plus attentivement le jeune homme qui semblait craindre quelque chose qui allait se produire, elle était sûre de n’avoir jamais vu son visage mais elle remarqua qu’il était blessé au niveau des mains. Il n’avait pas l’air méchant mais la manière qu’il avait de regarder Moïra laissait entendre qu’il ne la portait pas dans son cœur. Elle se remémora ce qu’elle lui avait dit et faut dire qu’elle avait manqué de tact. Mais elle avait ce putain de mal de crâne qui l’empêchait de réfléchir correctement.

Soudainement elle entendit une explosion. « ON NOUS ATTAQUE ! A COUVERT !!!! » Ce sont les premiers qui lui vinrent à l’esprit. Elle regarda le jeune homme qui crispa le visage, il avait dû être touché, elle ne comprenait pas grand-chose mais commençait à s’inquiéter pour lui. Le jeune homme laissa glisser son corps et effectivement lorsqu’elle aperçut son dos elle réalisa que l’explosion l’avait touché, mais elle en comprit l’intérêt lorsque son corps commença à se dégager du sable, ou plutôt le sable dégageait. Tout le haut de son corps était libre. Elle avait les bras terriblement engourdi mais si elle signait un jutsu elle pourrait se sortir de là et aider le jeune homme qui venait d’encaisser un coup pour elle.

Avant même qu’elle ne puisse débuter son jutsu le jeune homme continua à la déterrer du sol. Bon tant qu’à faire elle n’allait pas utiliser son chakra si quelqu’un le faisait pour elle… Une fois libérée, elle prit une grande inspiration et se dirigea vers une fontaine présente dans le colisée, elle avait la gorge trop sèche pour parler correctement et le fait qu’elle vienne de gueuler comme une dératée n’arrangeait rien. Nul doute que le fait qu’elle s’en aille sans dire mot allait mal passer mais bon. Une fois réhydratée elle retourna vers le jeune homme qui avait l’air d’avoir sacrément encaissé pour elle.

« Merci beaucoup ! Je m’appelle Moira et je suis vraiment désolée que tu aies dû subir tout ça pour moi. Je ne serai pas vraiment capable de te soigner mais je peux t’accompagner quelque part où quelqu’un s’occupera de toi. » Elle regarda les marques sur ses mains et celle sur son dos et ce n’était pas beau à voir. Cependant elle n’était pas gênée plus que ça, un peu comme si ce sauvetage lui était dû mais ça ne l’empêchait pas de le remercier. « Quand tu seras rétabli, on pourra aller manger quelque part et je t’invite ! Tu m’as vraiment sauvé la mise ! Par contre faut qu’on se casse d’ici et vite… On n’a pas vraiment le droit d’y être. » Elle l’accompagna premièrement à la fontaine pour qu’il puisse boire à son tour, il avait l’air d’avoir passé un bon moment sous se soleil tapant lui aussi.

Elle en profita pour s’hydrater à nouveau, elle passa toute sa tête sous l’écoulement d’eau pendant trente bonnes secondes. « Je vais avoir les cheveux tellement secs après ça, va falloir que je repasse chez la coiffeuse pour un soin. Et dire que j’y suis allé il y a trois jours… » Elle regarda les cheveux du jeune homme, lui n’avait pas l’air de faire beaucoup de soins. « On pourra y aller ensemble aussi si tu veux, je te l’offre aussi. »

Raki la dégageait. Comment diable s'était-t-elle fourré dans ce trou ? Complètement délirante, il avait droit à tout ce jour là. Le destin luttait pour lui faire comprendre que non, il ne devait pas se reposer. Cela amenait encore plus de catastrophe sinon. Cette femme en était une belle d'ailleurs. On pouvait difficilement trouver meilleur exemple. Question Karma, aucun d'eux ne semblait assurer. Il n'avait plus qu'à espérer que cette bonne action lui permettrait de redorer son blason. Il venait quand même de se prendre sa propre technique. Si cela avait été possible, Raki n'aurait pas hésité à y aller doucement, mais les mains liées, c'était impossible.

Cette fille lui semblait totalement antipathique. Aucune considération pour les autres, juste pour sa petite personne. Si seulement c'était du au Soleil, mais non, elle se portait comme un charme et s'occupait d'elle-même. Rien que pour le plaisir, Raki aurait du la laisser dans son trou et soigner ses poignets avant de l'aider. Enfin, qu'elle aille boire toute seule, il fallait au moins ça pour qu'elle retrouve complètement ses esprits.

Pendant que Madame buvait, le médecin entreprenait de s'occuper de ses mains. Il avait mal au dos aussi, et la blessure était probablement un peu plus grave que celle de ses poignets. Toutefois, cela lui semblait moins urgent. Aucune de ses éraflures ou légères brûlures ne mettraient sa vie en danger.

« Merci beaucoup ! Je m’appelle Moira et je suis vraiment désolée que tu aies dû subir tout ça pour moi. Je ne serai pas vraiment capable de te soigner mais je peux t’accompagner quelque part où quelqu’un s’occupera de toi. »

La jeune femme se présentait et le remerciait. Bon, une légère politesse, mais très légère. Elle se moquait éperdument de lui, de son nom de son existence toute entière. Tout lui semblait normal dans la situation actuelle. Enfin, il sentait déjà la différence au niveau de ses liens. La douleur disparaissait.

« Quand tu seras rétabli, on pourra aller manger quelque part et je t’invite ! Tu m’as vraiment sauvé la mise ! Par contre faut qu’on se casse d’ici et vite… On n’a pas vraiment le droit d’y être. »

Sincèrement, le seul remerciement réel qu'il voulait était son camion de sucette. Elle le lui devait puisqu'elle le lui faisait perdre. Ah ! Et qu'elle le détache aussi, ce serait pas mal pour se soigner le dos. Il n'avait vraiment pas besoin que quelqu'un s'occupe de lui. Ou peut-être un peu. Sa migraine le lançait encore régulièrement.

Moira avait l'air plutôt pressée, il s'en moquait lui de se faire disputer parce que l'accès n'était pas autorisé. Il n'avait rien fait ! Enfin, mis à part un trou, mais pour aider quelqu'un. La jeune femme l'aida à aller jusqu'à la fontaine pour se désaltérer. Oh ? Elle pensait finalement à lui comme autre chose qu'un bouclier et une pelle ? Franchement, Raki ne savait pas quelle opinion garder d'elle. Gentille ou méchante ? Aucun des d'eux. Égocentrique à coup sûr. Bof, cela ne le gênait pas plus que ça. Il supportait assez facilement les autres avec un peu d'efforts. Elle n'y ferait pas exception. Par contre les autres avaient souvent un peu de mal à avoir sur quel pied danser avec lui. Il leur en aurait fallu en troisième pour pouvoir danser sa danse.

« Je vais avoir les cheveux tellement secs après ça, va falloir que je repasse chez la coiffeuse pour un soin. Et dire que j’y suis allé il y a trois jours… On pourra y aller ensemble aussi si tu veux, je te l’offre aussi. »

Raki ne voulait pas répondre depuis le début à une quelconque remarque. Il les écoutait d'une oreille neutre, comme s'il espionnait une conversation dans la rue sans grand intérêt. Il avait mal au dos, mais il ne l'aurait pas mis sous l'eau. En plus l'explosion avait du ruiner ses vêtements. Du sable devait se trouver au milieu de la brûlure. C'était impossible de savoir la tête de la blessure. Il aurait pu saigner en abondance que cela n'aurait rien changé à sa situation.

La superficialité se heurtait visiblement à la spiritualité. Leurs personnalités étaient diamétralement opposée, ce qui par chance n'entraînerait pas de collision. Raki subirait simplement toutes les remarques déplaisantes et les sous-entendus aiguisé qu'elle lui lancerait.

Ses mains ne lui faisait plus du tout mal. Les plaies s'étaient refermées, et rien ne laissait deviner qu'il avait fait quelques acrobaties. Rien ? Ah, non, son dos. Il se le rappela assez douloureusement en se penchant pour prendre de l'eau dans ses mains, nettoyer le peu de sang qui restait et boire. Il voyait difficilement comment se libérer tout seul. Encore une chose qui devait s'ajouter à sa liste : trouver toutes les techniques pour se libérer lorsque l'on est séquestré. Enfin, pour le moment, il devait vraiment réfléchir le moins possible, sa migraine ne ferait qu'empirer sinon.

« Est-ce que... vous pourriez me libérer madame ? »

Son ton était hésitant, surtout avant de prononcer le « vous ». Comment devait-il s'adresser à elle ? Les formalités semblaient mieux lui convenir, cela lui donnerait l'impression d'être encore plus précieuse. Enfin, il interprétait peut-être mal certaines réactions, mais peu importait. Pour l'instant, il voulait retrouver la liberté.

Avec un peu de malchance, elle prendrait mal le madame, et l'enverrait chier. Enfin, il fallait essayer de se rattraper un peu au cas où.

« Et je peux vous offrir une glace si vous voulez... »

Moira se sentait vraiment généreuse, elle l’avait remercié, elle l’avait accompagné boire, elle lui proposer même un soin pour les cheveux et l’a invité à manger ! C’était définitivement super pour son karma. Il allait lui arriver des choses tellement superbes dans les prochains jours qu’elle en était folle de joie. D’un autre côté, ce jeune homme était un véritable ingrat ! Il n’avait vraiment pas l’air heureux d’être invité par une si jolie fille. Oh oui qu’est-ce qu’elle était jolie, même avec tout ce sable et le visage encore rouge elle était magnifique. Cela la fit sourire bien entendu. Surtout en se regardant comme ça.

Il s’approcha d’elle, ah ! Peut-être allait-il enfin accepter sa si sympathique invitation c’était la moindre des choses. Elle le vit arriver, les mains tendues vers la jeune femme. Elle venait de remarque qu’elles étaient ligotés. Encore un mec bizarre avec des gouts vestimentaires loufoques. Elle espérait qu’au moins il les libère lorsqu’ils seraient au restaurant. Si jamais les gens devaient les regarder avec insistance c’était pour profiter de la beauté de la jeune femme pas pour mater les mains liées d’un mec bizarre, qui en plus, si elle se rappelait bien de sa précédente conversation, c’était fait passé pour le dieu renard. Quel mec étrange.

Alors non seulement il se ligotait les mains mais en plus il était incapable de les défaire lui-même. Ou peut-être qu’il avait des amis aussi étranges que lui qui s’amusaient à se ligoter… Vraiment, y a certains ninjas qui sont tellement dans leur trip, qui veulent tellement dégager une image mémorable qu’ils se mettent à faire des trucs vraiment, VRAIMENT bizarre. Elle le regarda bizarrement. Bon après tout il avait été poli, incroyablement poli mais après tout, devait-elle s’étonner ? C’était tout simplement le respect qu’inspirait une si belle personne. Mais jusque-là à l’appeler Madame. Autant dire qu’elle est vieille. Elle fronça les sourcils… légèrement.

Finalement elle sortit un kunai pour le libérer et souffla gentiment sur ses mains, avant d’y faire un petit bisou. « Voilà, un bisous magique ! Comme ça en plus de m’appeler madame tu pourras m’appeler maman. » Elle tourna les talons pour montrer qu’elle était légèrement vexée. Mais ensuite il lui proposa de lui offrir une glace. C’était assez étrange de proposer d’offrir une glace après qu’on t’ait déjà proposé un repas. Mais ça devait partir d’un bon sentiment.

Elle se tourna vers lui et sourit à nous nouveau. « Pourquoi pas ! C’est vrai qu’il fait extrêmement chaud et puis je n’ai probablement pas le temps pour tout un repas, j’ai un rendez-vous avec mon équipe. J’ai beau ne pas me ligoter les mains toute seule, je suis ninja moi aussi. » Elle commença à marcher en direction du glacier le plus proche, ils auraient sûrement le temps de faire un peu connaissance. Non pas que le jeune homme ne l’intéresse plus que ça mais bon, on peut être surpris parfois. En parlant de faire connaissance. « Au fait je me suis présentée mais tu ne t’es pas présenté, c’est pas très poli. D’habitude ça ne me dérange pas, j’ai toujours le sentiment que les gens veulent me connaître pour pouvoir m’aborder tu sais ou juste m’admirer. Mais toi ça n’a pas l’air d’être le cas. Donc si on veut avoir une conversation saine et normale va peut-être falloir que je connaisse ton prénom. Oh et puis je t’autorise à me tutoyer tu sais dans ma famille on n’est pas très prétentieux tu sais on aime avoir des conversations normales avec les gens un peu plus simples et moins privilégiés. » Quel karma extraordinaire elle était en train de développer ! Elle était vraiment fière d’elle.

Décidément, par quel bout fallait-il prendre cette femme pour en obtenir quelque chose de décent ? Raki n'aurait su répondre. Il ne savait vraiment pas comment se comporter avec ce monstre d'égocentrisme. A côté d'elle, l'égocentrisme paraissait altruiste. Elle n'avait de considération que pour sa petite personne, et le monde lui devait tout le reste. Un personnalité bien détestable, qui devait lui coûter cher en relations humaines. Même Raki n'avait pas atteint ce stade. Il ne l'atteindrait probablement jamais. Les autres n'étaient pas une chose de laquelle il se souciait outre mesure, mais de là à les considérer comme des bousiers, non.

Lorsqu'il lui demanda de l'aide pour retirer ses liens, malgré toutes les politesses qu'il lui faisait, elle semblait mécontente. Certes, un peu flattée au début, mais rapidement irritée de se faire appeler « Madame ». Cela s'était tout de suite vu, son visage avait perdu de sa splendeur à l'entente du mot. Moira ne semblait pas apprécier ma consonance vieille de ce mot. Elle aurait préféré Mademoiselle, sans aucun doute.

Malgré son irritation, elle se comporta comme une personne de la haute société. Les remarques d'un petit paysans ne devait pas l'intéresser. Raki en souriait intérieurement. Avec un kunai, elle coupa les liens qui le maintenait à sa promesse. Adieu les sucettes exotiques, et bonjour la fille égocentrique. Décidément, elle aimait à se donner en spectacle. Il fallait que l'on la regarde et que l'on l'admire. Certes, on en trouvait des plus moches, mais de là à la trouver sublime, il y avait quelques étapes à ne pas sauter. Question beauté intérieure, elle avait beaucoup de travail ! Il eut droit à un bisou magique pour le soigner. Elle était tellement vexé par le madame qu'elle tentait de le cacher en ironisant un maman. Elle avait le droit d'être vexée et de montrer qu'elle l'était. Lui aussi aurait du l'être. Ses mains étaient tellement sales au goût de cette femme, qu'elle avait soufflé dessus avant d'y déposer son maléfice. D'accord, ses mains n'étaient plus très propres, après tout, il y avait un peu de sang, et beaucoup de sable. Forcément, il venait de la sortir de son trou !

« Pourquoi pas ! C’est vrai qu’il fait extrêmement chaud et puis je n’ai probablement pas le temps pour tout un repas, j’ai un rendez-vous avec mon équipe. J’ai beau ne pas me ligoter les mains toute seule, je suis ninja moi aussi. »

La glace était une proposition surtout visant à lui rappeler un peu la fraîcheur après tout ce temps passé au Soleil. Mais visiblement, il n'avait pas frappé assez fort pour faire un bon effet. A moins qu'il n'ait frappé tellement fort que son cerveau ait été déréglé. Elle acceptait au moins l'humble invitation d'un roturier. Devait-il en être flatté ou en désespérer ? Pour l'instant, nul ne pouvait le dire. Néanmoins, même si elle acceptait, cela restait assez distant. Elle semblait assez pressée d'arriver au glacier, pour se débarrasser de lui ou pour manger une glace ? Sincèrement, Raki aurait opté pour la première solution. Il ne l'intéressait pas le moins du monde. Même un nid de guêpe aurait été plus attrayant à ses yeux. Probablement par peur de se faire piquer.

« Au fait je me suis présentée mais tu ne t’es pas présenté, c’est pas très poli. D’habitude ça ne me dérange pas, j’ai toujours le sentiment que les gens veulent me connaître pour pouvoir m’aborder tu sais ou juste m’admirer. Mais toi ça n’a pas l’air d’être le cas. Donc si on veut avoir une conversation saine et normale va peut-être falloir que je connaisse ton prénom. Oh et puis je t’autorise à me tutoyer tu sais dans ma famille on n’est pas très prétentieux tu sais on aime avoir des conversations normales avec les gens un peu plus simples et moins privilégiés. »

Vrai, Raki n'avait pas jugé bon de se présenter. Il aurait eu l'impression de l'ennuyer avec des détails inutiles, et il ne voulait vraiment pas la froisser. L'effet inverse avait été obtenu, elle lui en voulait visiblement de ne pas avoir daigné se présenter. Elle partit donc dans un monologue sur elle et sa famille que le médecin se garda bien d'interrompre. Un faux pas lui vaudrait sans aucun doute un blâme de la jeune femme. Son avis n'avait pas tant d'importance que ça, mais elle semblait se donner tant de mal pour tenter en vain d'être supportable, qu'il ne voulait pas gâcher ses efforts. Dans tous les cas, elle était très douée pour dire des choses extrêmement vexante sur le ton le plus banal. A chaque fois qu'elle ouvrait la bouche, Raki se prenait une gifle. Il devait d'ailleurs avoir un petit côté masochiste, car cela ne le gênait pas. Elle pouvait le prendre d'aussi haut qu'elle voulait, il s'en moquait éperdument. Il n'avait jamais été le meilleur nul part, bien au contraire. Alors l'idée d'être inférieur ne lui faisait ni chaud ni froid.

Cette situation ne lui convenait pas vraiment. Il était en train de soigner son dos en marchant, mais elle ne semblait pas disposée à partager sa douleur. En plus elle allait chez un vieux glacier complètement pourri. Bon, ce n'était pas si nul que ça, mais disons que les glaces en cônes, c'était un peu vieillot. Lui il voulait une énorme coupe avec quarante boules aux parfums exquis. Oui bon, quitte à la vexer, il fallait vraiment qu'il ait cette glace, après tout ça, il la méritait !

« Excusez-moi de ne pas m'être présenté, je ne voulais pas vous forcer à vous intéresser à moi. Je m'appelle Raki. »

Le jeune homme marqua une légère pause en passant devant la jeune femme pour lui barrer délicatement le chemin.

« Et si j'ose me permettre, je vais vous emmener ailleurs. »

Sans plus de cérémonie, Raki l'attrapa. Un bras sous les jambes, l'autre dans le dos, et hop, on court vers un endroit beaucoup plus accueillant. Cela prendra juste plus de temps à manger, mais si elle est si pressée que ça, elle prendrait deux boules et ça lui suffirait amplement à se rassasier.

Arrivant devant un petit restaurant, Raki la déposa par terre.

« Bonjour ! J'aimerai une coupe impératrice pour moi et... »

Raki se tourna vers son invitée, attendant qu'elle fasse son choix sur la liste affichée sur le mur.

Elle tentait tant bien que mal de se remémorer tout ce qui s’était passé et ce qui s’était dit tout à l’heure, peut-être avait-elle dit quelque chose de gênant puisque visiblement le jeune homme ne voulait pas desserrer ses fesses. Elle se rappelait vaguement l’avoir prévenu d’une explosion mais visiblement à voir son dos il n’avait pas été assez futé pour l’éviter. Elle se rappelle aussi qu’il lui avait dit qu’il voulait tuer les bébés taupes… Il avait sûrement voulu viser la corde sensible de la jeune fille, l’emblème de l’entreprise de sa famille étant une taupe, rien de bien surprenant qu’il se soit douté des affinités qui les liaient. Il lui avait dit qu’il était le dieu renard mais alors ça, ça peut passer sur la maladie et aussi il avait refusé qu’elle lui chante une chanson et ça c’était juste un manque terrible de bons goûts musicaux.

Peut-être pouvait-elle le lui montrait sur le chemin en chantant une petite chanson du pays du feu… « LooOorsqueeee leees feeeuilllesss tommbeeent à Kooonooohaaa, c’est l’AUTOMMMNE ! Et le villaaaage se dénuuuuude OH YEAAAH » Le fait est qu’elle ne chantait pas mal à l’origine mais lorsqu’il s’agissait de faire une démonstration à quelqu’un elle tentait les notes très hautes et très basses et ça ressemblait au cri du cochon qu’on égorge. Elle balança ses cheveux pour les remettre en place, ils fouettèrent au passage le visage du jeune homme. « J’adoore chanter ! Mon père enfile un casque à chaque fois que je chante, il dit que ça donne une meilleure résonnance, il adore m’écouter. »

Elle commençait à se demander si elle n’était pas en compagnie d’un fou, après tout il se prenait pour le dieu renard et avait les mains ligotés… Qu’une seule manière de le savoir. « Tu étais où avant de venir me chercher au terrain ? » Ah oui et il s’était présenté au fait mais ça l’avait ennuyé et elle avait oublié son prénom. Et aussi il les avait faits bifurquer mais elle s’en fichait puisqu’elle cherchait quelle chanson correspondrait le mieux à son timbre de voix. Elle ne s’en était pas rendu compte mais ils étaient arrivés en face d’un glacier qui proposait tout plein d’excellentes choses.

Il la déposa au sol… Il la déposa au sol ? Mais quand est-ce qu’il s’était mis à la porter de la sorte ? Elle pensait tellement à ses chansons qu’elle ne s’en était pas rendu compte. Et puis elle avait l’habitude de se faire porter un peu partout donc cela ne l’avait pas choqué quand ses pieds quittèrent le sol. Le soleil avait dû être assez violent tout de même… Bon et puis tant pis, ça lui aura évité de marcher et puis ça se trouve il lui a demandé mais comme à chaque fois qu’il ouvrait la bouche elle se contentait d’acquiescer d’un hochement de tête… Elle voyait que le jeune homme s’était tourné vers elle comme s’il attendait qu’elle commande. Il avait sûrement déjà commandé. « Euh… la même chose s’il vous plaît. »

Elle attrapa sa glace et alla s’installer à l’ombre d’un arbre, hors de question qu’elle prenne plus le soleil aujourd’hui. « Et donc tu t’appelles… euh tu es… ninja !? Tu as une équipe toi aussi ? Mon équipe est la meilleure de toutes. Tu es de quel grade d’ailleurs ? » Ça faisait suffisamment de question pour le moment. Elle se surprenait à se perdre dans les nuages comme rêveuse, ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas juste profité d’une glace comme ça. En même temps elle s’était juré de s’entraîner plus et de réduire les soins et le shopping… Bon à défaut d’avoir réduit la deuxième catégorie, elle avait vraiment augmenté son temps d’entraînement ce qui ne lui laissait plus le temps de profiter du temps. Et puis elle pensait, elle réfléchissait quand elle ne faisait rien et ça ne lui ferait pas de mal de le faire plus souvent. Toute cette journée lui parut soudainement insensée.

Cette vieille bique parlait trop, parlait mal, et chantant aussi bien qu'un pet. Raki songeait déjà à élaborer une magnifique technique pour sceller à jamais ces lèvres. Évidemment, cela aurait des conséquences, il faudrait trouver un moyen de la nourrir. Le nez était une solution envisageable mais limite. Le médecin se voyait mal essayer de lui enfoncer une carotte dans l'estomac en passant par le nez. Bien sûr, il y avait la purée, les tubes, et toutes sortes d'instruments complexes et inutiles. Où était le plaisir de manger si l'on n'avait pas l'aliment entier ?

Cette fille était tordue, et stupide. Et sa famille également. Son père ne pouvait tellement pas supporter sa voix qu'il se couvrait les oreilles, et elle ne semblait même pas comprendre pourquoi. Il n'y avait que deux choix : soit elle était aussi bête que ses pieds, soit elle avait une estime pour sa petite personne encore plus grande que le jeune homme ne l'avait imaginée. Bien entendu, l'un n'excluait pas l'autre. Chaque solution semblait plausible, et la combinaison des deux l'était plus encore.

« Tu étais où avant de venir me chercher au terrain ? »

Moira ne semblait guère s'intéresser à lui, bien au contraire. Qu'elle lui pose une question pareille cachait forcément quelque chose. Peut-être voulait-elle vérifier que ce n'était pas un criminel, après tout, il s'était amené comme une petite fleur au milieu de nul part, les mains attachées dans le dos. Évidemment, cela paraissait très suspect.

Toutefois, il se garda de répondre. Sa réponse devait être formulée correctement, et la penser un peu ne lui ferait pas de mal. Ce ne fut qu'une fois leurs glaces commandées qu'il se décida à répondre. Enfin, c'était lui qui avait commandé, elle s'était contentée de prendre la même chose, probablement n'avait-elle à nouveau pas écouté le moindre mot qui sortait de sa bouche. Voulait-elle vraiment une réponse, ou était-ce simplement pour la forme ?

« Et donc tu t’appelles… euh tu es… ninja !? Tu as une équipe toi aussi ? Mon équipe est la meilleure de toutes. Tu es de quel grade d’ailleurs ? »

La jeune femme était partie se réfugier à l'ombre. Après avoir passé quelques temps au Soleil à griller comme un poisson sur la plage, Raki pouvait le comprendre. Lui aussi devait être rouge au niveau de la nuque, mais il ne pouvait évidemment pas le voir. En tous cas, elle confirmait ce que lui soupçonnait. Peu importait ce qu'il disait, ses paroles tombaient dans l'oreille d'une sourde. Oui il était ninja, oui il avait équipe, certainement la plus pourrie du village, et il était chûnin. Il ait pensé chacune des réponses, mais sincèrement, l'utilité de bouger ses lèvres et d'articuler chacun de ces stupides mots semblaient dérisoire.

Il remua avec sa petite cuillère le contenu de sa coupe, avant d'arracher un bout de chair gelé et de le mettre dans sa bouche. Lorsque la fraîcheur l'envahit, il put difficilement retenir une petite plainte de plaisir. Putain ce que cela lui semblait délicieux ! Du frais, non du froid ! Un délice après avoir passé tant de temps au Soleil, cela lui faisait tout oublier, et surtout sa résolution de ne pas répondre aux questions de la jeune femme.

« Je suis bien un ninja, Chûnin du village. J'ai une équipe, et si la tienne est la meilleure, elle n'est pas la meilleure du pire, ça c'est la mienne, et nous sommes imbattables. Sinon, je viens de l'hôpital, ils avaient essayé de m'attacher pour pas que je m'évade, mais ils ont fini par abandonner, et m'ont laissé sortir me balader à condition que j'ai les mains attachées. Apparemment je suis considéré comme extrêmement dangereux quand elles sont libres. »

Raki disait tout cela sur un ton neutre, il pensait à dangereux pour lui, et pas pour les autres, même si à la réflexion, il pouvait faire sauter le village entier par mégarde. Quelle drôle d'idée, il devrait essayer un jour, juste pour voir si ça marchait bien. Au moins cette fois il verrait si elle l'écoutait ou pas.

A l’ombre, une température agréable, en train de manger une excellente glace, sans ses antécédents matinaux et ce qui allait probablement se passait après, cette journée était parfaite… Oui en fait non, cet instant était génial et Moira tentait tant que possible de le rallonger un maximum. Et les bons moments il faut les partager, alors quoi de mieux que de le faire avec son sauveur, j’ai nommé … … ah bah non elle ne se rappelle plus de son nom. Mais ça ne lui a pas empêché de lui poser plein de questions pour les faire dialoguer un peu.

Parce que jusque-là leur dialogue était un peu sans saveur, avec des mots qu’on n’ose pas prononcer, des doutes et plein d’interrogations fondamentales. Donc c’en était fini, maintenant Moira allait lui demander ce qu’elle souhaitait savoir sans se soucier du qu’en dira-t-on et des antécédents bizarre du jeune homme, oui bon, n’importe qui dans un moment d’égarement peut se faire passer pour le dieu renard ? Non ? Et puis c’est vrai qu’il était particulièrement convaincant, du moins Moira n’y a vu que du feu.

En tout cas il avait vraiment l’air de l’apprécier sa glace, il en gémissait même de plaisir, Moira quant à elle, tentait de rester un petit peu distinguée… mais lorsqu’arriva un petit morceau croquant accompagné du fondant de la glace, elle ne put s’empêcher de gémir à son tour. Aaargggg … Même toutes ces boules ne me suffiront pas ! Elle en reprit une bouchée et continua ainsi tout en tendant l’oreille à ce que le shinobi avait à lui dire.

Lorsqu’il lui dit qu’il était chunin, elle eut un léger sursaut tellement elle était surprise. Décidemment Konoha est vraiment en dèche de ninjas pour recruter un dingue pareil ! Cependant elle sourit et acquiesça, même si on pouvait voir sur son visage que c’était d’une fausseté incroyable, elle préférait ça que de vraiment lui dire ce qu’elle pensait. Il avait lui aussi une équipe, qu’il disait imbattable, pas étonnant en même temps. Avec un dingue pareil dans tes rangs tu fais de ton mieux pour réussir l’exercice rapidement et rentrer chez toi au plus vite, c’est une sacré motivation mine de rien. D’ailleurs elle se demandait s’il en était le chef ou un des élèves, après tout, il était bien chunin.

Et là, le parfait petit instant se transforma en cauchemar. Le MONDE s’est écroulé autour de la jeune fille, l’apocalypse annonçait son arrivée. Moira ne put s’empêcher de s’éloigner de ce type dangereux. Il n’avait même pas l’air de se rendre compte de ce qu’il était en train de dire. Pourtant il n’avait pas l’air dangereux… Et si là tout de suite je t’attache les mains et je t’amène à l’hôpital, ce sera comme ramener un criminel ? Avec la gloire et tout qui va avec ?

Ça tombait bien parce qu’avec tout l’équipement qu’elle avait amené pour son entraînement, elle pourrait se charger de ça sans problème, et puis cette glace l’avait bien requinquée. Miko serait sûrement fière d’elle si elle apprenait qu’elle avait ramené un fou à l’hôpital. Peut-être n’était-il même pas ninja et qu’il s’imaginait tout ça ? Oh et puis je suis pressé donc dis-moi vite qu’on fasse ça en vitesse comme ça je serai pas en retard.

Un petit mouton se balançait dans les nuages. Ah non, c'était un nuage. Le Soleil devait vraiment taper fort, et surtout à l'ombre. Il avait l'impression de cuire. Alors il y avait plusieurs explications. Soit il avait déliré et était en train de rêve alors qu'il restait allongé au soleil. Oui, il se pouvait très bien que tout ceci ne soit qu'une pure hallucination. Mais d'un autre côté, il pouvait très bien s'être assis sur un volcan endormi, avec de la lave juste sous ses fesses. Cela semblait aussi très crédible, après tout, il ne prenait pas directement la lumière du jour sur lui, il était à l'ombre ! Un ombre pouvait-elle chauffer ? Bonne question. A priori, non, mais après tout, pourquoi pas ?

Passons, Raki se délectait. Après tout, il n'était pas venu prendre une délicieuse glace pour ne pas en profiter. L'autre était également bien plus lourde qu'il n'y paraissait. Il avait vraiment eu beaucoup de mal à cause d'elle. Coup de soleil, brûlures, écorchures, franchement si peu de reconnaissance pour tant de bonté. Raki ne courrait pas après les éloges, mais un peu de gentillesse à son égard n faisait pas de mal. Il avait l'impression d'être considéré comme un fou, ou un décor. Un décor, cela correspondait tout à fait. Quelqu'un dont elle ne daignait même pas retenir le nom. Son nom, peut-être devait-il le lui graver dans la peau afin d'être sûr qu'elle ne l'oublie pas. Oui, une brûlure indélébile, marquant à jamais son petit corps de princesse.

Une glace, que cela lui semblait rafraîchissant. Il n'avait vraiment aucun intérêt pour la personne qui l'accompagnait. Un cochon aurait probablement été de meilleure compagnie. Sa tête était vraiment lourde. La douleur venait lui passer un petit bonjour régulièrement. Le monde avait le tournis, à moins que ce ne soit lui. En tout cas, il valait mieux éviter de marcher dans cet état. En plus, il avait tout son temps. Ces glaces étaient délicieuses, il ne se retenait vraiment pas. Chaque bouchée était un délice pour son palet, et ses petits gémissements en étaient une preuve incontestable.

« Aaarggggh … Même toutes ces boules ne me suffiront pas ! »

Elle aussi. Décidément, ils devaient mettre quelque chose dans leurs boules qui poussaient les gens à se laisser aller. Cela ne ressemblait pas à cette fille coincée du cul et barge qu'il croyait avoir rencontré. Enfin, cela n'avait aucune importance. Le médecin était bien trop occupé pour s'attarder sur elle.

Cela ne le dérangea même pas lorsqu'elle prit son grade d'une manière hautaine. Le dédain s'inscrivait sur son visage comme de la merde au cul d'un buffle. Une immonde face hypocrite, un faux sourire, une fausse joie. Qui croyait-elle berné ainsi ? Elle devait bien savoir que cela se verrait sur son visage, pourquoi se donnait-elle la peine de mentir ? Moira n'avait rien de gracieux, ou même de noble. Non, ce n'était qu'une pauvre poupée cassée et jetée. Les petites filles n'en voulaient pas et la délaissaient, la traînant dans la boue.

Sans même accorder une once de colère à la jeune femme, il engloutit une nouvelle cuillerée de glace, la laissant fondre sur sa langue, gardant les morceaux de pistaches à croquer pour la fin. Sa douleur revient au niveau de ses tempes. Franchement, qui avait eu l'idée de lui faire un coup pareil, on l'avait forcément drogué !

« Et si là tout de suite je t’attache les mains et je t’amène à l’hôpital, ce sera comme ramener un criminel ? Avec la gloire et tout qui va avec ? »

L'attraper, lui ? Comme un criminel ? Moira devait plaisanter. Il n'était pas venu le jour où lui se ferait prendre par une fille. Non pas qu'il était sexiste ou quoi que ce soit, simplement qu'il pouvait facilement les faire fuir. A un homme, baver en regardant ses seins, ça ne pouvait pas marcher. Pour une fille en revanche, l'effet était généralement immédiat. En plus, elles se tenaient après à une bonne distance, afin d'éviter de laisser ce pervers les toucher. Bien sûr, Raki n'avait aucun intérêt pour ce genre de choses. Certes, les filles étaient jolies et tout, mais pas au point de vouloir les tripoter. Surtout une fille aussi difficile à supporter.

Elle voulait le ramener à l'hôpital pour avoir un peu de gloire ? Franchement, il en aurait bien éclaté de rire. Décidément, elle comprenait tout de travers. Elle semblait vraiment vouloir le ramener à l'hôpital. Comment refuser une proposition si gentiment faite ? Oui, il allait simplement se faire transporter là-bas, après tout, il l'avait porté jusqu'ici, pour elle ne lui rendrait pas la pareille ? Se redressant assez rapidement et faisant un bon en arrière, il se mit faussement en position de combat. Il n'avait aucune intention d'attaquer, juste de se faire assommer. Bon, perdre un combat contre elle serait peut-être plus difficile que ce à quoi il pensait, surtout si elle commençait à utiliser des attaques dangereuses, mais dans le pire des cas, il renoncerait.

« Oh et puis je suis pressée donc dis-moi vite qu’on fasse ça en vitesse comme ça je serai pas en retard. »

Si elle était si pressée, elle devrait au moins essayer de l'assommer rapidement. Pour s'assurer de cela, il fallait la provoquer un peu, histoire d'être un peu crédible.

« Tu veux me capturer ? Amène-toi alors, je vais te faire bouffer de la terre jusqu'à ce que tu t'étouffe. »

Le regard de la jeune femme se perdait facilement entre les jolis nuages dans le ciel, sa magnifique glace et l’énergumène installé à côté d’elle. Elle se voyait déjà être récompensée par l’Hokage lui-même pour avoir ramené un fou dans les locaux. En plus, il n’avait pas l’air bien agressif, bien que son regard qu’elle jugeait vide d’expression, laissait penser que ses réactions pouvaient être assez aléatoire. Elle regardait le ciel, c’était peut-être à cause du soleil qui lui avait trop tapé sur la tête, mais les nuages paraissaient la représenter, elle avec un équipement complet de Chunin. Quel magnifique vision, son sourire était large et s’agrandissait un peu plus à chaque fois qu’elle prenait une nouvelle bouchée de glace. Elle avait tellement chaud au visage par moment qu’elle hésitait presque à tartiner son visage de glace… Après elle aurait le même parfum et chaque fois qu’elle se lècherait les babines, ça lui rappellerait le goût exquis de ces desserts.

Elle se tourna finalement vers le shinobi qui s’apprêtait à lui répondre. Il la provoquait mais c’était étrange, Moira resta de marbre face à ses mots. Elle le regardait de haut en bas, repensait aux mots qu’il venait de prononcer et elle en avait presque pitié pour lui. Le jeune homme paraissait vouloir prendre des coups, comme s’il allait y prendre du plaisir. Hors de question pour la jeune femme de provoquer du plaisir à quelqu’un en le frappant. Et puis, au vue de sa ridicule provocation, il ne devait pas être bien dangereux. Après tout, il s’était bien fait passer pour le dieu renard pourquoi ne pas se faire passer pour un criminel ou un fou en fuite. Il y a des gens comme ça qui ont juste ce besoin de reconnaissance et puis pas étonnant qu’il ait voulu intimider la belle kunoichi, peut-être que c’était sa manière à lui de la draguer… et de lui avouer ses désirs masochistes.

Elle se mit à le regarder avec un regard à la foi attendri, une moue un peu dégoutée et une posture très hautaine. Elle posa sa main sur son épaule, lui sourit à nouveau et laissa échapper un petit soupir avant de prendre la parole.

Je suis désolé que tu n’aies trouvé d’autres moyens pour te faire reconnaître parmi tes paires. Aussi, je ne souhaite pas assouvir tes désirs pervers et puis c’est moi qui t’ait enlevé tes liens toute à l’heure, maintenant il me parait peu logique que je t’attache. Et merci pour l’adresse, ces glaces sont vraiment bonnes…

Elle fit quelques pas en arrière ensuite tout en continuant de lécher sa glace à intervalle régulier. Elle le considérait comme quelqu’un de fou, irresponsable et à tendance masochiste. Elle le salua de loin et finit par partir pour son entraînement. Sur le chemin du retour elle avait le sentiment affreux qu’il la suivait, décidemment ce jeune homme avait marqué l’esprit de Moira de par son tempérament dérangé, si jamais ils devaient se revoir, elle serait sur ses gardes, prête à parer ses éventuelles crises de folies.

La jeune femme rêvassait à côté de lui. Bien entendu, il ne s'en souciait pas, bien trop occupé à savourer sa glace, fondant tendrement dans sa bouche. Chaque bouchée était un supplice, car il savait pertinemment qu'à un moment, son stock serait épuisé, et qu'il faudrait arrêter d'en manger. Pourtant, c’était délicieux, il flottait à chaque fois sur un lit de neige, descendait une côte à une centaine de kilomètre par heure.

Le regard de son taxi s'emplit de dégoût. Elle aurait quand même pu faire mieux, car cela n'avait absolument aucun effet sur le jeune homme. Ce dernier se moquait éperdument de toutes les réactions de cette femme. Il n'avait pas plus envie de la connaître que cela. Quand il la regardait, il ne voyait aucune étoile briller. Juste une ombre, celle que les autres étoiles projetaient au sol. Décidément, cette personne ne méritait pas son intérêt. Sa générosité, oui. C'était un petit chat perdu dont on avait pitié, que l'on nourrissait et abreuvait. On lui donnait éventuellement un petit lit moelleux. Pitoyable.

La jeune femme posa délicatement une main sur son épaule. Un sourire se dessinait sur son visage de homard. Comment pouvait-elle se montrer aussi hautaine en pareille circonstance ? Elle avait sans doute un don. Comme lui. Excepté que le sien était beaucoup plus cher à ses yeux, et qu'il ne l'aurait échangé pour rien au monde.

« Je suis désolé que tu n’aies trouvé d’autres moyens pour te faire reconnaître parmi tes paires. Aussi, je ne souhaite pas assouvir tes désirs pervers et puis c’est moi qui t’ait enlevé tes liens toute à l’heure, maintenant il me parait peu logique que je t’attache. Et merci pour l’adresse, ces glaces sont vraiment bonnes… »

Une place parmi les siens, c'était une chose inutile. Certes cela n'avait rien de désagréable, mais après tout, la solitude ne lui était pas tout à fait inconnue. Elle ne le gênait plus, il avait appris à tellement se distraire que ce genre de choses n'avait même pas l'occasion de le toucher.

Moira le laissa seul, avec les nuages et le soleil. C'était amusant. Il venait de perdre son taxi pour l'hôpital, mais il s'en moquait. Cette personne était étrange, et peu intéressante a priori. Peut-être que si la situation avait été plus propice à une rencontre, tout se serait mieux passé.

Se redressant à son tour, Raki se dirigea vers le glacier. Il lui fallait quelque chose de frais avant de retourner à l'hôpital. Il se ferait disputer, taper sur les doigts, peu importait. Toute cette histoire l'avait épuisé. Rien que dormir semblait être un rêve tellement son corps se plaignait de ses gestes. Sans oublier sa tête qui se plaignait de ses pensées.

« Une autre glace s'il vous plaît. »

Sur le chemin du retour, il prenait de la glace bien froide sur son doigt avant de la mettre en bouche. Que pouvait-il bien inventer maintenant pour se distraire ?