Dans le ciel azuré, l’astre diurne entamait peu à peu son ascension du firmament, et tel une flèche tirée par un fantassin, il suivait depuis des heures une trajectoire rectiligne, dont le but serait le zenith de cette empyrée parsemée de quelques cirrus alpestres. Muni de rien d’autre qu’un surin japonais, appelé plus communément kunaï, je fendais la route depuis des heures. J’aurai certes pu utiliser ma téléportation, mais la place où je me dirigeais était très certainement sous protection plus ou moins importante, et mon apparition soudaine aurait très certainement alarmé les senseurs aux alentours. Et puis, les couleurs chatoyantes mais néanmoins contrastées étaient si plaisantes à l’œil que je me décidais à troquer mon bon vieux Shunshin contre un déplacement plus... Typique.

Je considérai la tâche confiée avec un certain sérieux, et une appréhension non négligeable. J’étais envoyé sous-ordres des grandes instances Kirjins en tant que diplomate vers un territoire qui ploierait sûrement sous la domination Kirijinne. Taki no Kuni, pays des Mamorus, manipulateurs de chimères en tout genre. Esprits, feux follets, démons, selon les dirigeants, les possibilités permises avec ce pouvoir génétique étaient si importantes que la brume sanglante devait étendre sa dextre de fer sur le territoire, bientôt.

Néanmoins, c’est ce que j’en pensais. La vérité, ou du moins celle qui m’avait été confiée, était toute autre. Kiri, voyant en moi certainement des dons d’orateurs, ainsi que des marques de noblesse, m’avait envoyé en tant que représentant des forces pour essayer de convaincre une partie des Mamorus de ne pas s’opposer à la brume. Peut être étais-ce une sorte de carte blanche, peut être une sorte d’indécision, mais le Kirigakure était resté très vague sur le but de cette audience, et m’avait demandé d’en faire de même. Je devais tout simplement voir avec une partie des contrôleurs d’esprits un certain accord. Une sorte de modalité entre le conquérant et le conquis, pour ainsi faciliter quelque peu l’accord et l’entente entre Kiri et les Mamorus, car la brume ne voulait pas imposer une dictature stalinienne totale –quoique-, de plus, les deux partis en sortiraient gagnants ; Kiri aura moins de mal à conquérir les terres, et les démonistes pourront demander un certain laxisme de l’unité Kirijinne sous-certains aspects. Enfin, cette partie, je la laissais à Yoru et ses condisciples. Moi je devais juste causer.

Un trajet plus ou moins long, j’arrivais enfin à destination. Ledit groupe que je devais rencontrer devait déjà être prévenu de mon arrivée, d’une façon ou d’une autre. Le groupuscule m’accueillit dans une pièce, une sorte de maison, qui servirait momentanément de parloir. Assis en tailleur, revêtu de mon kimono, je pris finalement la parole :

• Bonsoir, Mamorus. Merci de m’avoir accueilli ici et d’entendre ce que j’ai à dire. Tout d’abord, je suis ici pour parler de tout ce qui pourrait toucher de près ou de loin à l’entente entre vous, et nous. « Nous », je parle ici de Kiri. Car je ne vais pas y aller par quatre chemins, le Kirgakure convoite ce territoire. Vous pouvez vous mettre en colère, voir même m’attaquer, mais vous y serez perdants. Je ne veux pas abuser de votre hospitalité, mais je ne veux pas non plus discuter de ce qui a été décidé, mais plutôt de ce qui peut encore l’être. Je vous demande, vous, présents ici, de passer une sorte d’accord, une sorte de pacte entre le conquis et le conquérant, de quoi équilibrer et améliorer les ententes entre les deux camps, puisque, vraisemblablement, nous n’arriverons pas à vous rallier tous par la diplomatie, nous le ferons pour une partie d’entre vous. Ou du moins, nous essayerons.