- Woooh …

« Woah », une expression extrêmement adaptée pour la bâtisse qui se dressait devant elle : le Kenkyuujo. La jeune Kawaguchi était à l’entrée même du fameux laboratoire des Saibogu mais n’osait pas avancer davantage, tantôt intimidée, tantôt perdue dans sa contemplation du lieu. Cependant, pouvait-on réellement lui en vouloir ?

Elle n’avait jamais vu de telles infrastructures modernes, et ces dernières juraient complètement avec le décor extérieur des plus arides et « nus ». En effet, hormis une succession de bâtiment tantôt en sable, tantôt en pierre aux couleurs dorés, et quelques bouts de bois ici et là, il n’y avait guère d’éléments extrêmement « sophistiqués » ou sortant de « l’ordinaire ».

« C’est cela qu’il faudrait installer dans tout Suna ! Quoique, avec la chaleur, est-ce que cela tiendrait bien longtemps ? Cela nécessite-t-il beaucoup d’entretien… ?Oh, quelle est ce bouton ? » se demanda-t-elle en regardant un des boutons sur un mur. Cependant avant de pouvoir en déchiffrer quoi que ce soit, quelqu’un se dirigea en hâte vers elle pour l’éloigner du curieux appareil.

- C’est une alarme mademoiselle. Vous risquez de déclencher une mauvaise alerte, finit par dire l’inconnu avec deux de tensions. Je suis sûre de ne pas vous avoir vu ici plus tôt, en quoi puis-je vous aider ?
- Oh… Euh. Je recherche… Notsuu s’il vous plaît.

Pour réponse, la personne opta pour un « jargon » inconnu de Tsukiko. Il y avait une histoire de chiffres, de chemins et de box, de salles expérimentales et ainsi de suite. Elle ne se contentait que d’hocher la tête stupidement, les yeux dans le vague.

- Ou alors je peux l’appeler, finit par dire l’inconnu.
- Eh bien … non. C’est bon. J’ai compris ! Merci pour les indications.

Il était hors de question qu’elle quitte aussi rapidement ce fameux laboratoire. Elle voulait découvrir un tantinet, et commençait déjà à s’aventurer dans un premier couloir. Tout d’abord, elle eut droit aux classiques murs gris qui abritaient chacun un secret dont elle n’avait pas accès à moins d’ouvrir la porte. Ensuite, elle tomba dans un couloir dont les murs étaient davantage des vitres. Cette fois-ci elle voyait ce qui se passait, et ses yeux brillaient tantôt, ou se fermaient tantôt.

Malheureusement, sa découverte des lieux ne dura guère longtemps car déjà deux Saibogu lui barrèrent la route en lui indiquant que tel ou tel lieu n’était pas accessible aux « civils » ou « non-initiés » en raison du danger dus aux produits utilisés.

Gentiment, ils la trainèrent à l’accueil et c’est à contre cœur qu’elle accepta qu’on fasse appel à ce cher Notsuu. Elle n’avait soudainement plus l’esprit pour enquêter sur Shukaku, bien trop intéressée par le Kenkyuujo et ses nombreux mystères. Peut-être que le Saibogu aux cheveux argentés pourrait lui servir de guide ?

« J’en doute … il semble accro au travail » conclut-elle en soupirant, se rappelant de la réaction du jeune homme lorsqu’elle l’avait accidentellement bousculé. Certes, elle n’était pas très forte, mais elle avait une bonne mémoire. Elle retenait autant les détails inutiles qu’utiles, et réussissait à faire une fixette sur la moindre petite chose.

Spoiler:

Finalement le jeune homme aux cheveux argentés se présenta à l’accueil, signa un registre et la guider à travers le dédale des couloirs jusqu’à son atelier personnel. Tsukiko écoutait à peine ses excuses, bien trop préoccupée par cet environnement nouveau et si opposé à celui qu’elle avait l’habitude de côtoyer. En temps ordinaire, elle se sentirait mal d’être dans un lieu aussi « dépourvu » de sable mais sa curiosité effaçait tout malaise ou «insécurité ».

Lorsqu’ils entrèrent dans l’atelier du Saibogu, les yeux de Tsukiko brillèrent de plus belles, tantôt d’admiration, tantôt de surprise. Il y avait d’étranges modèles ici et là, mélangés pêle-mêle ou isolés dans un petit coin. Pendant que Notsuu fouillait dans son bureau, elle s’approchait d’un petit modèle aux formes indéfinies et à la fonction tout aussi inconnue. Elle jeta un second coup d’œil sur un autre « projet », et elle était bien plus perdue.

Sa surprise laissait place à l’incompréhension, et ses yeux ne brillaient plus mais virevoltaient d’un point à un autre, cherchant un repère « familier », un objet « connu ».

- Voilà, c'est tout ce que j'ai sur la bête, avec toutes les autres infos, mais je ne les ai pas ici.

Elle releva aussitôt la tête et lança un coup d’œil à la figurine réduite de la bête. Voilà une forme qui lui était bien plus connue que ce pêle-mêle métallique sans queue ni tête. Elle s’approcha du bureau, prit les feuilles et tenta de comprendre tant bien que mal le schéma.

- J’ai également quelques petites informations. Par contre, je pense que cela vaut l’histoire de la théière. Certains anciens du clan Kawaguchi prétendent que Shukaku a une maîtrise parfaite du sable et qu’il aurait été … un ancien maître ou qu’il aurait offert un don au premier Kawaguchi. Enfin, conclut-elle en faisant les gros yeux, indiquant qu’elle n’y croyait pas pour un sous.

Elle finit par s’asseoir sur le bureau et abandonner les feuilles pour la figurine métallique. Elle l’observa un certain temps et fini par la déposer pour lancer un regard critique au jeune homme.

- Je peux en faire une plus grande si tu souhaites, mais il me faut une grosse quantité de sable avec moi … dit-elle, réfléchissant profondément. Il me faut du sable Notsuu ! Tout sera plus interactif, conclut-elle avec un clin d’œil, sautant pour poser ses deux petits pieds au sol.

Sans tarder, elle quitta l’atelier en se contentant seulement de dire à Notsuu de la suivre. Elle déambula dans les couloirs, déjà à l’aise. Elle pouvait paraître tête en l’air, ou encore être assez gringalette, elle avait tout de même une bonne mémoire. En un rien de temps, ils étaient à l’entrée du Kenkyuujo, les pieds dans le sable doré.

Elle inspira longuement et fit quelques signes très rapides, des signes qu’elle avait l’habitude de composer avec ses mains plusieurs fois dans la journée. Aussitôt, le sable environnant commençait à s’accumuler, à tournoyer et à former une forme. Au début, ce n’était qu’une petite boule de trois mètres mais au fur et à mesure, la forme se précisa et commença à adopter les traits du démon à une queue.

Loin de rester immobile, la chose bougea mais très lentement et tel un robot maladroit et coincé.

- Et voilà ! Maintenant, on peut imaginer ce que l’on veut et mieux visualiser. J’ai toujours du mal les dessins sur papiers et toutes ces choses. Il faut que je vois … concrètement. Mon objectif est de créer une belle technique de sunaton … la réplique ou non de Shukaku, je ne sais pas …. Mais … à creuser. Et toi Notsuu, pourquoi t’intéresser autant sur ce démon ? Nous sommes à Suna, à l’abri de tout oreille indiscret … donc si tu me disais maintenant ce que tu as en tête ?

Tsukiko était curieuse. Extrêmement. Un tantinet trop même.

Tsukiko n’aimait clairement pas les recherches et images abstraites. Elle avait besoin d’une présentation concrète, plus ou moins réactive et vivante.

- Déjà, réduis le, je pense qu'avec une moins grosse quantité de sable, tu seras surement plus précise dans ta reproduction et pour te répondre à ta question, à laquelle j'ai déjà répondu, il me semble, je m'intéresse au mythe, pure curiosité.

Cette phrase ne plaisait guère à la jeune demoiselle.

D’une, elle avait besoin d’une technique « massive » et non ridiculement petite. Sachant qu’un ninja avait une espérance de vie très courte, elle n’avait donc guère le temps de s’attarder sur de petits modèles. Ainsi son impatiente s’expliquait plus par instinct de survie : elle voulait mettre très rapidement toutes les chances de son côté pour survivre dans un champ de bataille ou sortir indemne d’une mission périlleuse.

De deux, elle n’était pas convaincue pour un sou par les paroles de Notsuu. Depuis quand un jeune ninja avait-il le temps de se consacrer à faire des recherches sur un démon et en faire des prototypes et schémas détaillés ? Elle-même avait une passion – ses sculptures de sable – mais ces dernières étaient soient faites expressément, soit elles finissaient par devenir des techniques. Et la sienne était une passion, et non une curiosité.

- Je vois, se contenta-t-elle de répondre en souriant bêtement. Ok ! J’attends ici ! se contenta-t-elle de répondre au jeune homme.

Le temps qu’il revienne, elle s’était déjà assise au pied de sa sculpture et profitait plus ou moins de la « fraîcheur » de l’ombre. Elle le vit poser la maquette au sol et entendit sa proposition. Cette dernière sonnait bien aux oreilles de la dame : de la pratique au lieu du blabla. Certains jours, il était bon de discuter … mais pas pour des techniques ninjas. Cependant, c’était son pur avis, un avis qui avait été forgé avec ses nombreux entraînements du clan. Dans ces derniers, on n’avait guère le temps de parler, si ce n’est cracher du sable chaud.

- Actionner un mécanisme … voyons voir !

Aussitôt dit, aussitôt fait, une couche de sable recouvrit la bête. Tout d’abord, la couche était fine, puis elle s’alourdissait jusqu’à ce que fameux mécanisme s’actionne. Au départ, ce n’était qu’un bras qui bougeait puis un pied et puis au fur et à mesure il faisait un premier temps. Cependant très rapidement le mécanisme arrêta de bouger, enseveli sous le sable.

Tsukiko « repoussa » tout le sable pour refaire la même expérience, en dosant cette fois-ci correctement le sable pour que la maquette avance.

« Tsk … et il me dit que c’est juste par curiosité » pensa-t-elle, ne quittant pas pour autant ce petit sourire béat. Ce dernier était sans cesse sur son visage, au point que c’était une habitude. Elle riait et souriait dans toutes les situations … sauf les plus graves et les plus tristes évidemment « Je risque de ne servir que de moulin à sable mais maintenant, je suis vraiment curieuse de savoir ce qu’il compte faire… Comment l’obliger à se confier ? ».

Il fallait qu’elle trouve un petit moyen.

- Quelle serait l’étape suivante ? Je pense que ce qui manque à mes sculptures, c’est ce genre d’analyse. Je sens que tout cela va être instructif … Donc, la chose bougerait aussi vite que cela ? J’imaginais plutôt une bête immobile avec plus des attaques puissantes.

Que se passait-il donc ? Tsukiko remarquait la gêne soudaine de Notsuu ou encore cet air soudainement intéressé. Pour ce dernier, elle se doutait sincèrement qu’il admire une quelconque intelligence – il était un tantinet désagréable et assez hautain, peut-être un trait de caractère propre à ce clan de savant ? -, alors qu’avait-il trouvé de si intéressant en elle d’un coup, en quelque seconde ?

« Oulah… J’aime pas ça » fut sa pensée finale quand elle entendit le rire gêné ou encore les paroles « rabaissant » cette petite maquette. A ce rythme, il serait apte à prétendre que la sculpture grossière de Tsukiko n’était plus inutile mais utile et très développée.

Décidément elle n’appréciait pas. La dernière fois qu’un garçon s’était montré intéressé, c’était pour la tourner en bourrique ou se moquer désagréablement d’elle. Et une autre fois, c’était pour une raison encore plus dérisoire.

- A réfléchir, j’aurais dû mal à faire bouger une telle sculpture avec autant de rapidité pour la simple raison que le sable, aussi léger soit-il, reste tout de même une masse « lourde ». Cela exige pas mal d’énergie pour faire avancer une telle quantité, la modeler et j’en passe.

Plus le Saibogu lui expliquait le fonctionnement de sa maquette, et plus elle se rendait compte à quel point le Sunaton ne pourrait réaliser ce qu’elle souhaitait faire. Le sable pouvait être très traître et une fois que sa victime était prise dans SON sable, elle n’avait guère d’échappatoire. Ajoutons à cela que cette matière était insensible au feu, pouvait ralentir une masse rocheuse, absorber l’eau … Peut-être que le vent et l’éclair seraient ses points faibles mais elle n’en était guère certaine. Cependant, cela restait une arme lente et sournoise, une arme qui aimait prendre son temps pour bien protéger son propriétaire et bien piéger son ennemi.

Ce n’était pas la rapidité. La rapidité était une faiblesse du Sunaton précisément.
Enfin, elle n’avait pas une quantité impressionnante de chakra !

- Je t’envie là. Tu pourras faire bouger plus rapidement une telle … chose. Je devrais me contenter d’une imitation statique.

Elle continua encore à jouer avec la maquette, enregistrant chaque mouvement avec attention. Ensuite, elle refit encore quelque signe pour créer une maquette de taille équivalente.

- Une course ? proposa-t-elle au garçon aux cheveux blancs. On parie sur quoi ?

Son sourire resté sur ses lèvres mais intérieurement, elle se maudissait, elle se martelait, elle se fouettait. Cette dernière phrase était sortie d’elle-même, une phrase qu’elle prononçait et répétait inlassablement une grande majorité de ses soirées dans les bars lorsqu’elle cherchait des infos sur certains joueurs de carte ou lorsqu’elle jouait dans ces tables de jeux.

Une déformation professionnelle. Une très mauvaise déformation professionnelle.
Enfin, et surtout, elle ne pouvait pas tricher cette fois-ci et l’issue de la course était prévisible : lui gagnant, elle perdante. Même petit, son sable restait lent !

- Enfin … si tu veux. Façon de parler. Mais si tu veux …

Elle espérait qu’il dira « non ». Toujours est-il qu’elle était mal à l’aise. Mal à l’aise de se rendre compte qu’elle avait pris une très mauvaise habitude. Mal à l’aise à l’idée de perdre et de devoir quelque chose. Mal à l’aise d’ajouter du « malaise ».