Daiki enfilait l’habit traditionnel d’Hokage. Le chapeau n’était vraiment pas pratique. Ça vous empêchait de voir le ciel devant vous. Ce qui est plutôt contraignant. Encore plus en combat. Mais fort heureusement il n’aurait pas besoin de cet attirail lors de ces affrontements. Il se regarda dans le miroir qui avait été amené pour l’occasion. Il se trouvait dans le bureau officiel de l’Hokage. Un gros travail de rangement et de mise au clair avait été entrepris afin de permettre au Godaime de s’organiser et de prévoir son travail de la manière qu’il lui plaisait. Il avait pour simple documents sur son bureau les papiers que Suguato lui avait confiés et où il lui expliquait en détail tout ce qu’il avait récolté comme informations depuis qu’il avait accédé à son poste de Yondaime Hokage. Des informations primordiales, ou du moins intéressantes, dont il ne perdrait pas une miette et dont il se servirait à bon escient pour parvenir à son objectif. Mais pour l’heure il devait laisser la paperasse et les écrits pour se plonger dans le monde cruel de l’oral et des mots. Sa fonction et les évènements actuels le forçaient à prononcer un discours devant les citoyens de Konoha.

Alors qu’il terminait d’ajuster les derniers détails de sa tenue et de vérifier que tout était parfait, un membre de l’ANBU vint le chercher. Certainement un ancien camarade de guerre. Mais avec le masque difficile à dire. Les motifs sur l’objet blanc étaient méconnus pour l’Hayashi qui dû se contenter d’un simple :

Il est l’heure Godaime.

Du temps où j’étais un des tiens on m’appelait le Renard pourtant ! dit-il avec un sourire.

La remarque n’arracha pas la moindre réaction. En même temps quand on est masqué, on est bizarrement très inexpressif. Le type resta là à fixer son supérieur sans dire un mot avant de quitter l’embrasure de la porte et disparaître derrière la porte. Comment rendre quelqu’un ridicule en quelques secondes ! Leçon en un tome par…un inconnu. Non sans un sourire, Daiki observa son reflet une dernière fois. Il ne se reconnaissait pas dans ses frusques. Le long manteau blanc ainsi que le chapeau rouge où était dessiné le symbole du feu, qui était l’élément représentatif de son pays natal et qu’il maîtrisait également. Mais ça c’était plus pour le style histoire de dire. En tout cas, il ne se trouvait pas à son aise. Mais il devrait faire semblant pour montrer une image forte à ses soldats ainsi qu’aux citoyens qu’il défendait. Konoha était pour lui une grande famille qu’il se devait de protéger et de défendre au prix de sa vie. C’était là son principal objectif et sa raison de vivre. Drôle quand on se dit que sa raison de vivre pouvait le mener à sa mort.

Plus ou moins satisfait de son apparence, il quitta ce qui serait dorénavant son bureau. Il sortit dans le couloir pour rejoindre l’escalier qui le mènerait jusqu’au toit du palais. De son palais. Il avait vraiment du mal à s’y faire décidemment. Mais bon ça allait certainement venir avec le temps. Il gravit les marches une à une pour arriver à l’air libre. L’air était légèrement froid et quelques feuilles étaient venues se répandre sur le toit du palais où deux hommes encapuchonnés attendaient l’Hayashi. L’un était un utilisateur de l’Onkyôton afin de permettre à Daiki de s’exprimer clairement et distinctement pour toute la foule réunie en bas. Et il avait un niveau égalable à celui d’un membre des forces spéciales en collaboration avec son collègue dont la mission était de protéger leur nouveau supérieur. Daiki s’avança donc jusqu’au bord de l’édifice pour que tous puisse contempler la nouvelle figure représentative du village. La foule grouillante qui discutait en bas apaisa son bruit incessant de conversation en voyant arriver le fameux Hayashi qui serait supposé être le successeur de Suguato.

Daiki fut impressionné par cette foule. Il n’en attendait pas autant. Il ne s’était pas rendu compte de l’ampleur de son public. Il n’avait pas intérêt à les décevoir. Pas de pressions inutiles déjà. Il se racla la gorge inutilement sachant que sa voix serait amplifiée par une technique d’Onkyôton. Il stressait un peu et mis un très léger moment avant de se mettre finalement à parler. Son accompagnateur sonique avait activé sa technique pile au moment où il commença à entrouvrir ses lèvres pour tenir son discours à l’assemblée qui le regardait :

Konohajins, c’est à moi qu’incombe la désagréable tache de vous apprendre la triste nouvelle. Le Yondaime Hokage a disparu suite à son combat contre la nécromancienne. Il n’a laissé aucune trace de lui. Sa disparition est une cruelle perte pour nous tous mais nous ne devons pas perdre de vue l’avenir de notre village. Ses dernières recommandations m’étaient adressées et me chargeaient de prendre sa place pour revêtir le rôle de Godaime Hokage. En tant que loyal défenseur de la cause de notre village, je remplirais cette fonction jusqu’à ce que mon dernier souffle de vie ne quitte mon être pour laisser mon âme au repos éternel.

Il laissa un moment pour laisser à chacun le temps de digérer la nouvelle. Ça pouvait s’annoncer difficile pour certains et il ne s’attendait pas à faire l’unanimité. Il ne leur demandait pas de l’acclamer. Il avait juste besoin qu’ils lui fassent assez confiance pour le laisser agir et lui donner l’occasion de prouver sa valeur. Sa tâche, il ne la prendrait pas à la légère et la mènerait à bien jusqu’au bout. Beaucoup d’affaires et de difficultés l’attendaient mais il était impatient. Impatient d’en découdre et de montrer qu’il n’était pas un Kage nommé parce qu’il s’était trouvé au bon endroit au bon moment. Une fois qu’il eut laissé un temps, il reprit la parole :

Shiaijin Suguato aura toujours sa place à Konoha. Peu importe où il se trouve, son travail ne sera pas oublié. Il a su porter Konoha comme le village le méritait et j’en ferais de même. Dans les prochains jours, je convierais les éléments importants du village de venir me rencontrer. Nous avons beaucoup à faire. pour l’heure, je convie les civils à fêter la victoire de nos valeureux soldats. Un banquet sera organisé ici-même ce soir pour fêter la fin d’une ère. La fin de Makka est l’essentiel même si d’autres obstacles nous attendent selon moi. Mais laissons ceci au futur et profitons du présent pour acclamer les véritables héros de notre nation. Ovationnez ces hommes et ces femmes vous ayant défendus au prix de leur vie et qui reviennent victorieux. Que vos applaudissements soient à la hauteur de l’exploit qu’ils viennent de mener. Et que Konoha prospère encore longtemps pour voir naître de nouvelles générations de héros ! Et pour ceux n’ayant pas eu l’occasion de combattre à Hai no kuni, remercions vous pour avoir défendu le village ici-même où le danger aurait pu surgir à n’importe quel moment. Applaudissez Konohajins et habitants de ce village. Applaudissez nos héros !

Ce furent-là ces derniers mots qu’il s’était mis à scander pour qu’ils raisonnent pendant encore un moment. Après ce discours, il se recula un peu après avoir ôté son chapeau pour le lever vers le ciel en guise de victoire. Intérieurement, il pensait aux pertes occasionnées par cette bataille et il leur rendait également hommage par ce geste. Une fois en route vers l’escalier, il était escorté par ces gardes du corps qui ne le lâchèrent qu’une fois à son bureau où on le laissa se mettre à son aise. Il commença par retirer ses vêtements de cérémonie et les déposa sur un meuble prévu à cet effet. Il garda juste le chapeau qu’il aimait bien tout compte fait. Il le déposa sur un coin du bureau placé devant une grande baie vitrée offrant une vue privilégiée du village et de la foule encore en bas. Des personnes s’affairaient déjà à placer des tables pour le banquet du soir et terminaient les préparatifs alors que Daiki fixait la vue que lui octroyait sa fenêtre. Il soupira devant ce paysage qu’il chérissait tant et il resta là à contempler son village.

Aujourd'hui était un jour spécial pour Konoha. Un nouveau Hokage allait rentrer en fonction. Pour Raito cette annonce était quelque peu particulière puisque le nouvel Hokage faisait parti de son clan. Clan avec qui il entretenait de relations plutôt distantes. L'Hayashi n'avait jamais vu auparavant ce Daiki puisqu'il n'était pas là durant les quatre dernières années, et d'après ce qu'avait compris le genin, le Renard, comme il aimait se faire appeler, avait lui aussi vécu en exil pendant un an. Le garçon au chakra rouge se demandait alors comment était cet homme. Etait-il imbu de sa personne ? Etait-il protecteur ? Bienveillant ? Beaucoup de questions qui ne trouvaient pas de réponses, du moins pour le moment. Les habitants de Konoha apprendraient bien à connaître le nouveau dirigeant au cours de son mandat. Raito s'habilla comme à son habitude, avec sa veste pourtant le symbole des Senju, son bandeau frontal frontal puis il sortit. En marchant, il remarqua que les rues étaient bondées. Aucun doute n'était possible, le village entier était dehors pour fêter l'investiture de l'Hayashi. Pendant un moment, Raito se demanda quelles relations entretiendrait-il avec lui ? Y aurait-il un lien familial qui s'installerait entre les deux hommes du clan, ou au contraire, est-ce que Daiki chercherait-il à installer un fossé entre les deux. Là aussi seul le temps permettrait d'apporter les réponses à ces questions. Bientôt, Raito arriva devant le palais de l'Hokage. La place était déjà noire de monde. Le genin dut jouer du coude, pousser, s'engueuler même, mais finalement il réussit à arriver à la première rangée. Il voulait pouvoir observer son cousin. Le voir lui permettrait déjà de se faire une idée sur le personnage. L'attente commença à se faire longue, puis finalement, le nouvel Hokage fit son apparition. Les applaudissements furent d'abord timides, il y eut beaucoup de discussions. Mais les applaudissements s'intensifièrent. L'Hokage calma l'assemblée d'un geste de la main, et il entama un discours. Il commença son discours sur la disparition de l'ancien Hokage. Il était vrai que cela ne devait pas être facile pour lui, Daiki pouvait apparaître comme un profiteur. Mais il semblait néanmoins sincère, et cela plut à Raito car il ne supportait pas tous ces dirigeants démagogues. Ainsi, il n'avait pas choisi d'être Hokage, mais c'est lui qui fut choisi. Cela montrait déjà la valeur de cet homme. Une phrase toucha particulièrement Raito, celle où il dit qu'il défendrait le village jusqu'à son dernier souffle. Le genin espérait que c'était vrai. Lui-même avait prononcé cette phrase en arrivant au village. L'Hokage termina son discours sur le retour des héros de Konoha. Son discours se termina sur un tonnerre d'applaudissement, Raito applaudissait également mais d'un air absent. Il ne pouvait détacher son regard de l'Hayashi. Et il crut même pendant un bref moment que leurs regards s'étaient croisés. Mais avec tout ce bruit, et tous les mouvements autour de lui, le garçon au chakra rouge avait peut-être rêvé... Le habitants du village commencèrent à fêter l'investiture de Daiki. Aujourd'hui était un jour de fête, et non un jour de doute. On jugerai l'Hokage plus tard, on le jugerai sur ses actions. Mais Raito n'arrivait pas à sortir cet homme de sa tête, il voulait parler avec lui, de tout et de rien. Il voulait partager des choses sur le clan Hayashi, il voulait savoir s'il savait des choses à propos de ses parents.

- Ce Daiki semble intéressant, dit-il en marchant. Je vais demander audience auprès de lui, et puis on verra bien s'il voudra me recevoir.

Après quelques minutes de marche, il arriva à l'intérieure du palais. Il s'adressa à un responsable de la sécurité.

- Dîtes à Daiki que son cousin veut le voir. Il ne me connait pas, mais ne vous inquiétez pas je ne lui veux aucun mal, comme vous pouvez le voir je suis un ninja du village, dit-il en montrant son bandeau. Dîtes lui que j'aimerais parler de notre famille. S'il accepte de me recevoir, il n'aura qu'à envoyer quelqu'un. Je vais profiter en attendant de la fête qui se déroule en son honneur.

Raito s'en alla profiter de la fête, et des filles.

Raki retroussa calmement ses manches. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas assisté à un long et ennuyeux discours des autorités. Après tout, cela devait faire moins d'une semaine ! Décidément, le jeune homme allait devenir tributaire à ce genre de petites cérémonies bien sympathiques. Rien que d'y penser, il songeait à plusieurs méthodes de suicide très commune, se couper les veines, se pendre, sauter du haut d'un bâtiment de plusieurs étages. La méthode qui lui semblait la plus sûre pour arriver à en finir restait néanmoins de tenter de tuer celui qui l’ennuierait ce jour-là. Hayashi Daiki, illustre inconnu qui ne méritait même pas de parasiter les tympans du jeune homme, allait tenir un discours qui n'aurait probablement aucun intérêt à ses yeux. Chacun aurait sa corvée, Daiki devrait faire sa petite tirade en parlant devant tous les habitants, dont la moitié devait attendre un faux-pas de sa part. Et Raki lui n'avait d'autre choix que d'écouter. Certes, cela pouvait avoir un maigre intérêt. Les mots qu'il emploierait donnerait des indices sur sa personnalité, et si l'on pouvait lui faire confiance. A moins que ce ne soit un homme intelligent, qui soit suffisamment doué pour jouer sur les mots et se mettre aisément les habitants dans la poche.

Malgré toutes ses tentatives de motivation, Raki n'arrivait décidément pas à trouver ne serait-ce qu'une infime once de curiosité à l'égard de l'homme. Cela l'embêtait. Il avait commencé à se vêtir correctement, préparant soigneusement son bandeau, et toutes ses autres affaires de ninja. Toutefois, cela l'irritait de se présenter correctement. Il fallait bien avouer que cela revenait à reconnaître quelqu'un que de faire des efforts pour cette personne. Changeant de direction, il décida de revoir sa tenue pour quelque chose de beaucoup plus déplacé pour cette occasion. Il troqua la veste, le bandeau, et tout le reste pour des habits légers, correspondant plus à un civile qu'à un ninja. Son bandeau resterait également chez lui, il ne fallait pas abuser non plus. Tout semblait vouloir l'irriter ce jour-là, consciemment, il savait déjà que faire tant d'efforts pour se montrer tout juste présentable était déjà accorder de l'importance au discours qui serait prononcé. Par contre, à part lui, personne n'en aurait vent.

Se pressant puisqu'il était déjà en retard, Raki passa par les murs pour éviter la foule. Cela l'amusait de gaspiller inutilement son chakra. Rien que passer par cet endroit peu commun accélérerait de manière conséquente sa procession vers le palais. Ainsi, il se contenta de marcher. On ne pouvait pas trop lui en demander.

Toujours sur son mur, Raki s'accroupit. Les mains jointes, les coudes posés sur ses genoux, il patienta. Lui-même ne savait exactement ce qu'il attendait. Peut-être l'inspiration pour une nouvelle expérience... sur les poisons. Oui, une tentative d'assassinat lui semblait être une excellente idée. Les poisons et leurs effets, il voulait les tester, et quel meilleur cobaye que celui qui lui donnait cette merveilleuse idée ?

« Le Yondaime Hokage a disparu suite à son combat contre la nécromancienne. »

Dès les premières phrases, Raki dut ouvrir les yeux. Jusque-là clos pour mieux s'imaginer tout ce qu'il allait pouvoir faire subir à l'orateur, son regard se posa sur la personne qui parlait. Évidemment, un nouvel Hokage. Si l'ancien disparaissait ou décédait, il serait remplacé. Ainsi, ils avaient la chance de voir une nouvelle personne recevoir ce titre. Il ne valait visiblement pas grand chose, en à peu près cinq ans, cinq personnes. Ce titre était donné à court terme. Cela ne voulait dire qu'une chose, dans l'année, cet homme décéderait. Et après tout, cela ne dérangeait pas Raki, il ne l'aimait pas. Le désormais Godaime savait comment convaincre les gens de se rallier à lui. Il prétendait avoir été recommandé et vouloir se sacrifier pour le village, mais finalement rien de tout cela ne serait jamais vérifiable. Avec un peu de chance, c'était lui qui avait fait disparaître le précédent Hokage.

Au fond de lui le ninja n'y croyait pas. L'orateur semblait sincère, mais cela lui retirait un peu ses idées d'expériences qu'il n'avait pas encore abandonnées. Après tout, si l'on mettait la bonne personne à la bonne position, on pouvait obtenir des miracles. Cet homme pouvait-il provoquer des miracles dans ce village ? Personne ne le saurait avant un moment. Raki connaissait la réponse, ou plutôt, il intuitait la réponse. Le Godaime pouvait provoquer des miracles, cependant il ne les créerait en aucun cas. Un homme seul ne peut rien faire, il lui faut trouver ceux prêt à élever sa voix.

Bientôt, la foule commença à se dissiper, et la perte d'attention de l'auditoire rappela le jeune homme à la réalité. Plus personne ne se trouvait sur le toit, et un banquet commençait à être installé. Renonçant à chercher la petite bête pour l'instant, Raki décida d'aller aider à installer. Bien sûr, il se contenterait d'installer, le poison serait réservé à quelqu'un d'autre.

Jours tristes, jours étranges. Jours d'automne.

Les choses n'avaient pas un goût de renouveau, pour le coup. Le luthier de Konoha n'était sans doute pas le seul à être touché davantage par la disparition de Suguato plutôt que par la nomination de son successeur. Cela ne faisait qu'ajouter une ligne à la longue liste des choses qu'il n'avait pas pu contrôler pendant cette foutue guerre. L'arbre de Konoha n'était pas de ceux qui pliaient le tronc au moindre coup de vent, mais cela ne voulait pas dire qu'il refleurissait aussitôt après. Sous ses airs de digne successeur et son discours rempli d'espoir, Hayashi Daiki n'apportait que des mauvaises nouvelles. Les feuilles n'allaient pas tarder à roussir, ce n'était qu'une question de temps.

Dans la foule, Maïka était à côté d'Onpu. C'était la deuxième fois qu'il la voyait depuis son retour de l'île de la Cendre. Contre toute attente, la première basée sur un échange assez stérile et dénué de bons sentiments, principalement parce que c'était elle qui lui avait annoncé que Suguato s'était fait la malle. Cette fois, c'était différent: ils devaient laisser leur professionnalisme respectif de côté pour se fondre dans la masse, en bons citoyens de la feuille.

On' observa le successeur. Il ne pouvait pas voir ses beaux yeux jaunes de là où il était, mais il pouvait clairement entendre son coeur battre rapidement. Shinobi de talent ou pas, il n'avait clairement pas l'habitude de s'exprimer ainsi en public.

Il sentit soudain une intrusion télépathique en lui. Ce n'était nulle autre que son amie à sa droite.

*Première impression?*

*Je dirais... correcte. Et toi?*

*Je vais pas te mentir, il m'a l'air un peu simplet.*

On' étouffa un rictus. Quelque part, il était vraiment heureux de la revoir. Elle reprit leur dialogue silencieux:

*Franchement, y'a pas photo, Suguato était mille fois plus mature que ce blondinet. Regarde sa gueule, il fait tellement niais, on dirait toi.*

*Je comprends ta frustration, continua à penser Onpu, sans prêter la moindre attention à cette agression gentillette, mais il est un peu tôt pour avoir un jugement aussi acide. Et puis, il faut voir le bon côté des choses: les gens seront sans doute satisfaits de revoir un Hayashi au devant de la scène politique. Cela leur permettra de couper les ponts avec l'ère de "Suguato le mec louche"... Je suis sûr que les nostalgiques de Miyu sont aux anges.*

*Les nostalgiques du conseil, tu veux dire.*

Elle n'avait pas tort. Ils échangèrent un regard, comprenant qu'il faudrait inévitablement intervenir et rencontrer cet homme au plus vite pour lui parler, de la Racine comme du reste.


*Je vais aller le briefer cet après-midi. Tu m'accompagnes?*

*Grave.*

Maïka n'avait pas changé, elle possédait toujours ce côté "grande soeur" qui avait tendance à agacer Onpu. Le fait qu'elle tenait à venir avec lui pouvait très bien être interprété comme un manque de confiance en ses capacités de diplomatie. Mais l'expérience avait montré qu'ils faisaient un bon duo dans ce genre d'exercice, et qu'ils savaient se compléter l'un l'autre, donc il ne le prit mal outre mesure.

Voilà qui s'ajoutait à l'emploi du temps de la Racine, chargé comme jamais. Il fallait également qu'Onpu trouve un moment pour dire un mot à Iji, même s'il se doutait que Maïka et Miko avaient déjà combiné leurs efforts pour lui flanquer la correction du siècle, l'une dans le rôle de la moralisatrice et l'autre dans celui de la torgnole humaine. De son côté, On' se sentait tenu de lui demander des détails sur ce qu'il s'était passé, car le Yamanaka s'était trouvé aux premières loges quand le vrai corps du Yondaime avait quitté le village. Suguato avait de la valeur pour le luthier, celui-ci savait qu'il était parti pour une raison. Sans doute avait-il été propulsé par sa névrose, après ce combat épique contre la plus légendaire des nécromanciennes... impossible de savoir ce qui avait pu se tramer dans sa drôle de tête.

Comme d’habitude, en cas de réunion comme celle-ci, je me débrouillais toujours pour avoir une place de choix. La dernière fois, c’était sur la branche d’un arbre. Ca avait plutôt bien marché, et j’avais entendu tout ce qu’il s’était dit. À cause de ma petite taille, les foules étaient mon pire ennemi. Si je m’étais mélangé à eux, nul doute que quelqu’un m’aurait déjà écrasé. Enfin, je ne cache pas que, dans l’histoire, ce n’était pas moi qui aurais souffert d’être en bas. Que quelqu’un vienne m’écraser, je l’attends de pied ferme. Il finira juste brûlé vif, et la faute va encore me retomber dessus. De toute façon, c’est toujours de ma faute. Je l’ai bien compris depuis le temps qu’on me le dit, où que j’arrive à ce constat.

Ce coup-ci, je n’ai pas changé de stratégie. Assis sur la branche feuillue d’un arbre, j’écoutais notre nouveau Hokage parler. Oui, nous avions un nouveau chef… Encore. C’était le… Cinquième ? Oui, ça doit être dans ces eaux-là. Mais ce n’est pas tant ce chiffre qui m’inquiétait, c’était plutôt le cas de son prédécesseur. Shiaijin Suguato. Mystérieusement disparu suite au combat face à la nécromancienne qui était l’alliée de Makka… Cette femme, j’y ai eu affaire indirectement lors de notre dernière bataille. À ce que j’ai compris, c’était cette Irana qui a dressé contre nous l’abomination. J’en gardais un très mauvais souvenir, surtout avec ce qu’il s’est passé à la fin. Ce qu’elle a osé faire m’était resté au travers de la gorge. Je ne l’avais pas digéré. En plus de cela, elle était impliquée dans la disparition de notre Hokage… Je ne lui pardonnerais jamais. Suguato était un homme bien énigmatique, que j’aurais aimé connaître plus. Autant dire que, à mes yeux, il ne faisait pas l’unanimité. Faut dire qu’il était spécial, ça c’est sûr. Mais pour moi, il forçait l’admiration, c’était un Hokage respectable et compétent. Sous ses ordres, le village de Konoha a resplendit, cet honneur lui revenait.

Mais tout ça, c’était fini. Fini. C’était dur à admettre, mais il n’était plus parmi nous. J’ignore ce qu’il en ait de lui, les informations dont on vient de nous faire part étaient très floues… Il a disparu, sans ne laisser aucune trace. C’est tout ce qu’on sait. Maintenant, un nouveau règne allait s’instaurer au village caché de la feuille, avec ce Hayashi Daiki à la tête. Hmm… J’étais sceptique, comme à chaque fois. Ce n’était pas contre lui, mais le changement était brutal. À première vue en tout cas, il n’avait absolument rien en commun avec Suguato. Vraiment rien. Ce personnage se différenciait bien trop de lui. Je ne cache pas que c’est une situation qui ne me convient pas. Bon nombre de personnes ici devaient être affectées de la même manière que moi, malgré tout. J’attendais de voir ce dont il est capable, si ce nouveau Hokage méritait de l’être.

Néanmoins, dans son discours, je sentais qu’il s’impliquait dans l’avenir du village, et que ces paroles étaient sincères. Bien évidemment, je suis bien loin d’être un détecteur de mensonge très perfectionné, je laisse la place à On’ pour ça. Il est clairement plus qualifié que moi dans ce domaine. Dans son discours, il évoqua plusieurs sujets, tout aussi intéressant les uns que les autres. J’imagine déjà Nai survoltée à l’idée de faire un banquet. En soi, c’était loin d’être une mauvaise idée, on l’a bien mérité après tout. Même si nous n’avions pas tous réussi notre mission, l’ère de Makka avait pris fin, et nous étions, pour la plupart, revenus entiers. En ce qui me concerne, je ne considère pas la mission qu’on m’a confiée comme étant réussie, mais bon. Va pour le banquet.

Cependant, dans ses paroles, il y a un sujet qu’il n’a pas évoqué : Suna. La situation entre nos deux villages devenait de plus en plus compliquée, tellement que j’en avais perdu le fil. Qu’en était-il de notre « alliance » ? Et surtout, quand est-ce que Kenzaku reviendra ? Je ne me languissais que d’une chose : qu’il revienne. Cette situation durait depuis bien trop longtemps… Cela faisait plusieurs mois, voire plus d’un an qu’il était à Suna. Il était temps qu’il quitte ses responsabilités, Suguato me l’a promis. Il m’a promis que cela prendra bientôt fin. Même disparu, je sais qu’il aimerait tenir sa promesse. Il faudra que j’en sache plus à l’occasion, que j’aille à la rencontre de ce Hayashi, qui, suite à son discours, a laissé s'installer une ovation comme il l'avait demandé. Ils applaudissaient leurs héros, mais aussi lui. En ce qui me concerne, je ne fis rien.

L’occasion se présentait enfin à la jeune femme de se faire toute belle, elle qui avait entendu impatiemment de pouvoir déposer son bandeau shinobi pour faire une pause, la raison était toute trouvée : l’investiture du nouvel Hokage. En plus, toute la crème de Konoha y serait, même sa mère et son père qui seront sûrement escortés ou positionnés à un endroit préférentiel. Moïra ne voulait pas de ce traitement préférentiel, aujourd’hui elle voulait être une simple citoyenne de Konoha, se fondant dans la foule comme un énième mouton dans le troupeau. Et puis il y aurait sûrement plein de beaux jeunes hommes prêts à lui faire une place ou carrément la porter pour qu’elle voit mieux… okay, ça se serait carrément la honte, mais adviendra ce qui … adviendra. En pleine conversation avec son meilleur ami, le miroir, elle finit par se décider à prendre une jolie robe aux couleurs de l’automne, c’était un peu le thème, qu’elle enfila soigneusement et qu’elle accessoirisa avec plein de bidules sans grand intérêt. Toute fière d’elle, elle enroula quand même son bandeau autour du bras que sa manche dissimulait, on ne sait jamais, elle serait peut-être appelée à passer à l’action, et puis un ninja sans son bandeau c’est un peu comme une fille qu’a pas de cheveux…

Elle arriva rapidement devant la foule, elle voyait difficilement comment elle pourrait s’y frayer un chemin, pourtant si elle voulait espérer entendre ce que le nouvel Hokage dira, il lui fallait se rapprocher. Elle prit une grande inspiration et pénétra dans le troupeau à l’aide de plein de phrases toutes trouvées. « Excusez-moi, pardon, excusez-moi, je cherche mon petit frère, je m’inquiète, mon petit frère c’est bien ça, pas plus grand que ça, je l’ai vu se faufiler par là mais incapable de le trouver, si vous le voyez, oh bonjour vous, on se prendre un café plus tard *clin d’œil* » Elle finit par y arriver sans trop d’encombres, un joli sourire ouvrait bien des portes. Elle était juste en face de l’Hokage même si lui se trouverait à plusieurs mètres de hauteurs. Elle jeta un rapide coup d’œil et put voir que ses parents étaient drôlement bien placés et qu’elle aurait peut-être dû rester avec eux. Soudain, plus un bruit, l’Hokage entrait en scène et tout le monde ne regardait que lui, cherchant à déceler ses moindres traits physiques. Malgré la distance, le regard de Moïra restait bloquée sur ses yeux qui paraissaient être d’une couleur peu banale, elle tendit en suite l’oreille et écouta son petit discours.

Les gens avaient l’air satisfaits, elle ne l’était pas. Elle venait d’assister à un discours plat et sans saveur et on sentait que l’orateur n’était pas à son aise. De jolis paroles enroulées dans du sucre glace mais à part ça rien de concret, rien sur la situation réel du pays. C’est facile de se faire applaudir en parlant des héros du pays pour un homme qui n’a même pas participé à la guerre. Il ne méritait pas ces applaudissements selon la jeune femme, il n’avait rien prouvé et rien annoncé à part de belles paroles pour qu’on puisse savoir qui il est. Il mourrait pour le village ? C’est la devise des Hokages, du réchauffé. S’il voulait une salve d’applaudissement, il fallait qu’il agisse et Moïra comptait bien se tenir au courant et participer à ces projets. Hors de question qu’elle reste à l’écart comme elle avait pu l’être auparavant.

Malgré tout, ce nouvel Hokage était plus rassurant que l’ancien, même si elle ne l’avait pas applaudi, elle en attendait juste plus de lui, elle serait quand même là pour le servir évidemment. Elle espérait le rencontrer, ou profiter d’une rencontre avec ses parents pour s’incruster et apprendre plus sur le personnage. En attendant, c’était l’heure du banquet et Moïra ne laissait jamais sa part.