Tetsu no kuni.

Montagnes de Tetsu:

Dans ce coin du pays, la montagne avait ici ce quelque chose d'agressif qu'il n'y avait pas ou peu dans le pourtant vaste pays du feu. Les sommets étaient des aiguilles menaçantes, et les crêtes étaient rarement propices à la marche. Seuls les alpinistes confirmés pouvaient prétendre à traverser de tels massifs. Même les shinobis bien entraînés, malgré leurs tours de passe-passe pour adhérer aux parois abruptes, pouvaient être trahis par les dimensions gigantesques des barrières rocheuses. C'était d'une beauté inquiétante.

Onpu n'avait pas ce problème, car il voyageait à dos de chauve-souris. Néanmoins, il était obligé d'alterner entre Monad et Aaron pour que chacun aie le temps de se reposer. Monad avait beau se plaindre quand elle était invoquée en plein jour, c'était elle qui supportait le mieux le vol diurne. Aaron avait moins de patience, et en général le luthier attendait le crépuscule pour le sortir.

La traversée de ce massif était nécessaire pour arriver dans la profondeur du pays du fer, là où il pourrait trouver les samurais, l'objectif étant de s'assurer que Kumo avait tenté la conquête du pays uniquement dans une optique de renforcement de la défense, et non pour faire concurrence à la brume sanglante. Le jônin et Aaron se reposaient sur le bord d'une sorte de sentier -difficile de parler de sentier- en regardant le soleil abattre ses rayons roses sur la façade grisâtre qu'ils allaient devoir survoler. Le seul danger qui aurait pu entrer en ligne de compte aurait été d'ordre météorologique, mais pas un nuage ne se profilait. Aaron était plus résistant que Monad, il supporterait mieux la haute altitude. Cela dit, une pause ne faisait pas de mal. Le luthier s'enfilait quelques fruits secs alors que son animal se régalait de la carcasse d'un rat mort.

Au loin, des aigles. Leurs chants étaient à l'image du paysage: fier, imposant et sobre. L'un d'entre eux était immense... à bien regarder, il ne semblait pas faire partie du groupe, il planait de façon rectiligne comme pour se diriger vers un endroit précis. Mais en l'observant avec un peu plus d'attention, On' crut halluciner. Il y avait une silhouette sur le dos de l'aigle. Il ferma les yeux, et envoya une légère onde de chakra pour confirmer.

Non seulement la trace énergétique qui lui revint était gigantesque, mais elle lui paraissait étrangement familière. Pas d'hésitation permise.

-Aaron, on bouge.
-J'ai pas fini, lui répondit-il sèchement de sa voix rauque en lui tendant son rat à moitié déchiqueté.
-Finis-le en vol, il faut qu'on suive cet aigle.

Aaron grogna des jurons en ultrasons, et se laissa enfourcher avant de déployer ses ailes monstrueuses et de se lancer à la poursuite du volatile. Celui-ci allait vite, il serait difficile de le rejoindre. Peut-être que Mùm en serait capable... On' enchaîna trois mudras et la fit sortir. Véloce, la minuscule chauve-souris de la taille d'un gros papillon capta les ordres du senseur et partit en direction de l'aigle. Elle le rattraperait en un rien de temps; si c'était bien Masao Nikkou, le simple fait de voir la chauve-souris le rejoindre et l'accompagner en faisant des tours autour de lui devrait lui faire comprendre qu'Onpu était dans les parages. A l'époque où il gérait le village, il avait déjà eu l'occasion de recevoir quelques messages du mélomane par chiroptères, notamment à la fin de la guerre pour sonner l'arrêt des combats.

Ce n'était pas le meilleur endroit pour papoter, mais ils devraient s'en accommoder. Au pire, ils pourraient faire leur traversée ensemble.

Aaron: