Epuisé, littéralement écroulé au sol. C’était l’état dans lequel se trouvait le jeune Hayashi. Il avait le front à terre au milieu du colisée de Konoha, après un combat contre un gamin de son clan, un jeune prodige paraissait-il. Il était très bon certes, et pas bien vieux en prime. Katsuo , lui, se sentait plus nul que jamais. Mis à l’écart car il était incapable de maitriser le Mokuton comme tous les autres, il s’était entrainé seul, avec son Katon comme seule arme. Il avait tant travaillé, il y avait mis tant d’énergie, tant de temps, pour simplement avoir l’impression d’être au moins aussi bon qu’un gamin. En réalité, il n’était même pas assez bon pour réussir les tests afin d’obtenir son bandeau. Toute l’assurance qu’il avait en arrivant c’était volatilisée après avoir perdu. Et maintenant au sol, c’était sa dignité qui suivait son espoir. La seule question qu’il se posait, c’était pourquoi. Pourquoi lui ? Pourquoi ses efforts furent vains ? Pourquoi ne pouvait-il pas être un shinobi comme les autres, au moins ?

Sous les regards des spectateurs dans les gradins, lorsque les nuages de fumée embrumant l’arène se dissipèrent, Katsuo se releva, et les yeux rivés vers le sol, se dirigea vers la sortie, dépité. Même après plusieurs minutes, il ne s’en remettait toujours pas. Pas de douleur, non, mais psychologiquement. Il se senti si inférieur à ceux qu’ils croisaient, si faible. Pourtant, il avait montré de belles choses durant ce combat et ceux d’avant, mais la défaite l’emportait sur tout le reste. L’idée de déposer les armes et de vivre la vie paisible d’un civil lui était venue, et en quelques minutes avait accaparé son esprit. A quoi bon, lorsque l’on est mauvais, autant ne pas être un fardeau et se retirer. Plus aucune motivation, plus aucune ambition, plus aucun rêve, c’était un Katsuo déchiré et exténué qui traversait les interminables couloirs permettant de sortir du colisée.

Dehors, le temps était sublime, un soleil éblouissant et seulement quelques nuages décorant le ciel, mais toujours le regard vers le bas, le jeune Hayashi ne vit absolument rien de ce si beau paysage. Il venait de repenser, le dernier coup qu’il aurait dû prendre… il n’avait rien senti et étant resté immobile, il trouvait peu probable que son adversaire l’ai manqué, mais qu’importe, la fatigue de l’autre avait surement joué en sa faveur, mais le résultat restait le même.

Pendant plusieurs jours, afin de pouvoir réfléchir à son avenir, pouvoir analyser chaque détail qui lui ferait prendre sa décision finale, il retraversa chaque coin de Konoha par lequel il était passé durant sa vie de shinobi. Son terrain d’entrainement artisanal dans un coin de la forêt, l’échoppe où il achetait son équipement, le petit restaurant dans lequel il allait le soir… Jusqu’à faire le choix décisif. Il était alors prêt de l’endroit où il s’entrainait par le passé quand il aperçut une silhouette se dessiner et s’approcher de lui.

"Joli jardin secret, Katsuo... même pour un Hayashi incapable de faire pousser les plantes", lui déclara la silhouette en question, alors que la lumière se frayait enfin un chemin à travers les feuilles des arbres pour éclairer son visage.



Quelques jours plus tôt...

Que de divertissement, que de spectacle! La flore propulsée par le talent des hérétiers du clan Senju, face au feu, l'affinité favorite des déchus possesseurs du Sharingan. Un affrontement monstrueusement esthétique, riche en feu d'artifices, croissances végétales accélérées, et autres aberrations de la nature propre aux ninjutsus de tous genres. Pourtant le mélomane préférait garder les yeux fermés pendant cet ultime affrontement entre ces deux aspirants au titre de shinobi. Ses oreilles lui suffisaient pour en apprécier la dynamique, car dans le Colisée de Konoha, l'acoustique était d'une élégance rare. C'était aussi l'époque où Onpu s'initiait lentement mais sûrement à la sensorialité par le chakra, car son ouïe surdéveloppée ne lui suffisait plus.

Mais alors... de toutes les aberrations, celle-ci était de loin la plus étonnante. Au moment fatidique du coup de grâce, le jeune Hayashi Katsuo avait été victime d'un étrange miracle. Lors de l'impact... pas un son, pas le moindre bruit. Le poing de son adversaire avait traversé le torse d'un fantôme, un souvenir. Comme si le combat était déjà terminé. À cela s'ajoutait un dégagement d'énergie peu commun. Intrigué, il voulut alors ouvrir les yeux pour constater le phénomène, mais la poussière recouvrait le terrain.
Le mystère demeurait.
Déjà alors, On' avait une passion pour ce que ses facultés auditives et sensorielles ne lui permettaient pas de comprendre. Cette énigme excita ses réflexions pendant les jours qui suivirent, et berça ses nuits.

Avide d'aventure, il partit donc le trouver.



Et il le trouva.

Il s'adossa contre un arbre, croisant les bras et esquissant un léger sourire qui trahissait toute sa curiosité et son intérêt pour cet étudiant, qui était pourtant plus vieux que lui.

"On', pour te servir. Je suis Chûnin ici. Ta défaite au Colisée la semaine dernière m'a intrigué au plus haut point.
Je vais être direct, je viens pour te faire une offre de stage. Tu as clairement les qualités pour être Shinobi, et il y a en toi un potentiel qui ne demande qu'à être réveillé, quelque chose de fantômatique au fond de ton chakra, bien au delà de tes gènes de Hayashi. Quelque chose de plus... original. Et esthétique.

Le meilleur moyen pour faire jaillir ce potentiel, c'est de te mettre en situation. Je suis prêt à t'aider personnellement pour déployer tes talents et t'enseigner les miens, mais pour ça il va falloir qu'on disparaisse du village et qu'on sorte d'ici. Toi et moi versus Nature. Quand nous reviendrons, je ferai quelques magouilles, et tu seras enfin sacré genin de Konoha.
Ça pourra prendre quelques mois, il te faudra de la motive et beaucoup de patience. La patience, dit-on, est une fleur qui ne pousse pas dans tous les jardins, mais dans celui d'un Hayashi il ne devrait pas y avoir de problème."

Une petite pause. Il lui faudrait évidemment un peu de temps pour y réfléchir, mais le luthier tenait à voir sa réaction avant de s'éclipser discrètement.

"Si tu es intéressé, fais ton sac et pointes-toi demain à la porte Est de Konoha, aux aurores. L'aventure n'attend pas."

L’individu qui s’approchait, c’était un shinobi de Konoha. Il était à peine plus jeune que Katsuo mais dégageait déjà une certaine prestance et un chakra plutôt puissant. De plus, il n’était pas là par hasard, il cherchait le Hayashi. Il l’avait vu combattre dans le colisée et avait visiblement une remarque à lui faire part. Il avait l’expression de quelqu’un d’intrigué, d’intéressé aussi. Par le rouquin ? Pourquoi donc ? Son combat, il l’avait perdu, et sa vie de shinobi allait certainement s’arrêter ici même.

Le jeune inconnu s’approcha de Katsuo. Toujours plus curieux, il se présenta et exposa la raison pour laquelle il était là. Il avait bel et bien assisté à l’examen mais lui, il avait remarqué quelque chose de particulier. Il employa le terme « fantomatique », ce qui fit apparaitre un léger sourire en coin au Hayashi. Que voulait-il dire par là ? Pour le moment, la situation était floue, mais On’, puisque c’était son nom, continua à parler. Il proposa de partir faire un voyage formateur afin de déployer les compétences du rouquin. Sa motivation redonna un peu d’espoir à ce dernier, qui n’en avait plus une once.

« J’ai … »

Le Hayashi allait décliner l’invitation, puisqu’il était prêt à mettre fin à sa carrière si misérable de shinobi, mais alors qu’il allait prononcer ces quelques mots, il réalisa l’importance de l’opportunité qui s’offrait à lui. La chance de devenir un vrai shinobi, de s’entrainer dur et de faire ressurgir tout son potentiel, qui d’après On’ était intéressant. Il y avait matière à faire, c’était sûr. Finalement, il donna rendez-vous à Katsuo, le lendemain, aux aurores. Puis il s’éclipsa, laissant le jeune homme réfléchir, seul. Jusqu’à temps de prendre sa décision finale, la solitude le comblerait, il pourrait ainsi penser, imaginer et enfin choisir.

C’était en quelques sortes le genre de proposition qu’il était impossible de décliner. Mais il fallait de la motivation, il ne s’agissait pas de se rendre l’après-midi au terrain d’entrainement et de rentrer chez soi le soir. C’était l’aventure qui guettait les deux jeunes gens, avec un grand A ! Ils devraient sans cesse être sur leurs gardes, aux aguets. Ils devraient se débrouiller pour se nourrir, pour se trouver un abri. Mais si c’était la seule façon pour devenir shinobi, Katsuo était prêt pour un dernier essai.

Le lendemain, à peine la lueur du jour paraissait que déjà Katsuo arrivait face à la grande porte. La détermination l’avait de nouveau gagné, il n’abandonnerait pas, pas cette fois.

« Je suis prêt, On’ »

"En v'là une bonne nouvelle. Alors partons."

Et ils partirent. Le soleil levant piquait les yeux, mais au moins il indiquait clairement la direction à prendre. L'un des buts du voyage pour Onpu était d'apprendre à se servir le moins possible d'une carte et d'une boussole, de s'orienter à l’œil. C'était un objectif quelque peu présomptueux, mais il n'y avait rien à perdre.
Onpu avait fourré le nécessaire dans son sac, stockant le peu de vêtements qu'il avait prévu de porter dans un parchemin de sceaux. En terme de vivres, tout se ferait en situation; chasse, pêche... la totale. Enfin, il avait scellé une tente, juste en cas d'intempéries. Les talents de Mokuton de son nouvel apprenti se seraient révélés utiles, mais ils allaient devoir faire sans.

Leur voyage commença naturellement à travers les grandes et sombres forêts de cèdres qui entouraient Konoha de toute part. Cela dura bien quelques heures, le relief donnait un peu de piment à la traversée. On' entendait ça et là quelques bruits d'oiseaux reconnaissables, et même une fois, au loin, le trot de quelques cervidés. Il fut tenté d'initier d'entrée de jeu le jeune Katsuo à la sensorialité auditive, mais il s'agissait là de manipuler un chakra onkyôton qu'il n'était probablement pas capable de maîtriser. Pas pour le moment, du reste.

Quand le faible soleil d'hiver atteignit son point le plus haut, un cours d'eau s'offrit aux vagabonds en pleine forêt.



Spoiler:


C'était l'heure de la pêche. Le luthier fit un sourire à Katsuo en sortant son kunai.

"Premier éxo?"

D'un bond conséquent, il se propulsa en direction d'un arbre et se posa sur une branche au dessus du cours d'eau. Puis, laissant la gravité faire son travail, il laissa ses pieds glisser le long de la branche pour finalement se retrouver la tête en bas, pendu par les sandales via la technique du Kinobori. La rivière coulait en dessous de lui; s'il tombait, ça serait la tête la première. Il fit signe à Katsuo de le rejoindre, ça serait là une sorte de tour de chauffe pour le mettre en confiance. Cela ferait du bien à cet apprenti shinobi peu confiant de se rappeler qu'il maîtrisait les bases de cet art pour lequel il prétendait ne pas avoir le profil la veille.

"Il s'agit de manger ce midi. Cette rivière regorge de poisson. Si tu n'es pas un bon pêcheur, dans le doute, reviens toujours aux bases: le harpon. Mais bien utilisé, un kunai fera largement l'affaire.
L'eau est claire, mais voir la cible n'est parfois pas suffisant. Idéalement, il s'agirait de savoir qu'elle est là sans être obligé d'utiliser la vue. Pour l'heure, on va dire que les yeux sont l'outil principal, mais peu à peu il faudra apprendre à les fermer."

Il attendit d'être rejoint pour continuer.

"Tout être vivant possède une sorte de "chakra passif". Il est subtil et pas facile à dénicher, mais quand tu arriveras à le sentir, tu auras un joker qui t'aidera dans toutes les situations.
Le chakra d'un poisson n'est pas le plus simple à choper -ou alors il faut que ça soir un très gros poisson, Ha ha ha,- mais c'est un bon exercice d'introductionr. Repère un poisson à l'oeil, et essaie de ressentir son existence, au delà de sa présence visuelle. Ce n'est pas qu'une question de méditation, un peu d'ingéniosité t'aidera grandement dans ta tâche."

Il s'interrompit en voyant un gros spécimen se déplacer dans le torrent. Sec, anticipa la trajectoire du poisson et fit fuser son arme qui vint se loger droit dans sa nageoire. Aussitôt, il se laissa tomber en basculant pour tomber sur les pieds, attrapa sa proie et la plaça près de là où il avait laissé ses affaires.

Puis il releva la tête et fit un signe de la main à Katsuo, accompagné d'un sourire qui signifiait "à ton tour".