Absurde, totalement étranger à toute personne rationnelle. Que faisait Ikiru pliée en deux à tendre l’oreille pour espérer capter des bribes de phrases ? Comment cela faisait-il que son pied soit au niveau de son oreille et que son bras soit collé le long de la paroi rocheuse ?
Pour comprendre cela, il faudrait revenir au matin des évènements. Quand elle reçut son ordre de mission, elle en resta sidérée. A-t-on idée de foutre un médecin aussi talentueux qu’elle en mission d’infiltration ? Il faut croire que oui. Le chûnin qui lui expliquait sa tâche lui disait même que ce serait une chance pour elle d’acquérir une bonne expérience.
Bien sûr, cela ne va jamais sans risquer de perdre la vie. On n’avait rien sans rien. Et en l’occurrence, il s’agissait d’approcher tout un réseau de dangereux criminels implantés directement dans le village. Des types qui n’avaient pas froid aux yeux. Une terrible engeance.
Et eux voulaient qu’elle y aille seule, qu’elle rapporte l’information ou qu’elle meure en essayant, même si personne ne le lui disait. Alors, elle y alla, la peur au ventre. Même si en général, elle n’avait pas peur d’aller en mission, cette fois-ci elle ne sentait pas à l’aise. Et ce, parce qu’en général, elle s’arrangeait pour ne pas s’exposer seule au danger.
Puis, finalement, elle se rassura un peu. Après tout, elle serait prudente et ne traînerait pas trop. Elle n’utiliserait pas son chakra et ferait de son mieux pour se dissimuler afin de ne pas alerter une sentinelle et elle trouverait bien une niche où surprendre une ou deux informations utiles. Qu’ils ne s’attendent pas à ce qu’elle fasse de l’excès de zèle !
Quand elle approcha du bâtiment en question, elle trouva quatre hommes qui jouaient aux cartes devant l’entrée principale, l’unique qui soit visible. C’était un bâtiment en tôle, assez grand pour faire entrepôt. Si on ne lui avait pas dit qu’elle trouverait ses ennemis ici, elle ne s’en serait jamais doutée. Il n’était évidemment pas question de leur foncer sur la gueule. La seule astuce que l’on lui avait confiée était la présence d’un conduit dissimulé près des poubelles. Ces dernières avaient une senteur de pourriture, mais Ikiru tint bon. Elle était peu sensible aux mauvaises odeurs vu son métier.
Elle s’introduisit donc, non sans mal dans les tunnels étriqués et crapahuta aléatoirement en suivant tant bien que mal les consignes données. Ce qu’on avait oublié de préciser était que le diamètre de ces conduits était si étroit qu’on pouvait à peine y loger une gamine de cinq ans. La jeune fille suait abondamment pour progresser. Comme elle avait pris la sage décision de ne pas utiliser son chakra, elle devait avancer à force de contorsions.
Enfin, elle arriva à se porter à hauteur d’une discussion animée. Elle ne voyait pas qui parlait, mais le sujet semblait croustillant.
« J’ai reçu des informations selon lesquels Kumogakure prépare une offensive contre notre quartier général. Toutes les autres cellules ont été contactées en renfort. On a reçu la confirmation des autres. Nous allons nous retrouver à quinze kilomètres au nord-est du quartier général, ici. »
Ikiru entendit un bout de bois en cogner un autre. Probablement une carte. Néanmoins, elle ne pouvait voir ça plus en détail.
« Le rendez-vous est fixé dans trois jours au crépuscule. Donc, on a peu de temps pour rassembler le matos et les gars. Je veux de l’efficacité, mais surtout, de la discrétion. »