M’accroupissant, je tendis le doigt, ce dernier se rapprochant de plus en plus du petit être qui vaquait à ses occupations sur l’une des feuilles du petit arbuste. Les Aburame avaient d’ores et déjà référencié toutes sortes d’insectes vivant au pays du feu, mais il n’était pas rare d’en voir apparaître de nouvelles, et cette espèce-ci je n’avais pas en mémoire de l’avoir déjà vue. Une coccinelle noire et non rouge. Etait-ce un spécimen unique et différent de son espèce ou bien différait-il de celle-ci ? La coccinelle, quittant sa feuille, rejoignit mon doigt et entama son ascension, me permettant de mieux l’observer. Me redressant lentement, je n’avais pas le mérite de connaître l’entièreté de notre encyclopédie entomologique par cœur, mais savais reconnaître quand un insecte éveillait ma curiosité. Revenant sur ma terrasse de bois où j’avais laissé inconsciemment mon thé refroidir, j’étais partie pour chercher quelque chose où emprisonner l’insecte, souhaitant le garder en vie le temps de vérifier qu’il avait été référencié. Mais alors que je revenais sur mes pas, un bruit d’explosion retentit dans mon dos, faisant s’envoler l’insecte. Mais ceci n’était plus ma priorité.

Deux secondes plus tôt impassible et calme, je me précipitai chez moi, passant en coup de vent, ressortant alors que j’étais encore en train d’enfiler mon pull, me précipitant non pas sur place mais vers les remparts au cas où le village serait attaqué, je reçu la visite mentale d’Iji pendant mon trajet m’avertissant que la prison avait sauté et que tous les prisonniers s’enfuyaient. Nul doute les ANBUs avaient été envoyés déjà à leur poursuite. Arrivant à l’une des portes de Konoha, un ANBU m’interpella, visiblement occupé à gérer les siens et les ninjas de Konoha alentours. S’assurant de laisser une défense et transmettant des ordres qui devaient être ceux du Kage , il mit son petit groupe de quatre en branle dont je faisais partie malgré moi. Que pouvais-je bien faire d’autre au final ? Je ne savais pas où étais Onpu et traquer des prisonniers par moi-même n’était pas de mon ressort même si j’avais une bonne connaissance de la forêt alentours.

« Restez sur vos gardes, plusieurs prisonniers se sont enfuis. D’autres groupes ont été envoyés dans d’autres directions, il faut couvrir le plus de zone possible, rattraper ceux qui se sont déjà enfuis en espérant que les troupes au village réussiront à contenir le reste. »

L’ANBU qui venait de parler semblait avoir autorité sur l’autre, la troisième personne de notre groupe étant un Jonin que j’avais rencontré plus d’une fois. Un Hyuuga de son état. J’espérais que ses yeux sauraient nous guider. Ne parlant pas davantage, nous nous concentrions sur la poursuite des parias qui avaient remplis les geôles de Konoha jusqu’à présent. Un mot de l’Hyuuga et notre groupe se sépara en deux. Me retrouvant avec l’ANBU qui avait parlé, celui-ci, sûrement un senseur également m’avertit que nous avions encore à nous séparer. M’indiquant de continuer tout droit, je me retrouvais alors seule, débouchant dans un petit espace qui n’était plus sous le couvert des arbres, face à moi un chemin escarpé et de nombreux points d’eau dans lesquels se déversaient de nombreuses cascades, petites comme grandes, donnant à ce lieu un aspect sauvage et frais, qui, si la situation avait été toute autre, m’aurait fait bonne impression. Les bassins devaient s’évacuer de manière souterraine, et l’eau découler d’un point d’eau plus haut dans les hauteurs, sur un plateau ou directement des montagnes.

Et maintenant ? Relâchant autour de moi une grande salve d’insectes de sorte qu’ils se répartissent tout autour et m’informent sur le chemin à emprunter ou la présence d’inconnus, je montais sur la cime d’un arbre bordant cet endroit, sur le qui-vive comme toujours lorsqu’il s’agissait de la sécurité du village. Je devinais au loin la position du village au vu de la légère fumée qui s’en dégageait encore. Un insecte revenant, je le laissais se poser sur mon doigt attendant qu’il me délivre son message.

Quelqu’un. Tout près d’après mes insectes. M’élançant à travers les branchages pour redescendre, je suivais les indications de mes insectes, apprenant au fur et à mesure qu’il y avait apparemment d’autres personnes dans les environs. Cela se présentait mal, je ne m’étais pas attendue à recevoir tant de réponses positives, moi qui pensais n’avoir à poursuivre uniquement qu’une seule personne tout au plus, je n’aurais pas pu me douter que l’ANBU senseur m’avait mené vers tout un groupe. Il n’en avait en tout cas pas fait mention. Peut-être les présences alentours étaient celles de mes compagnons initiaux qui avaient poursuivi eux aussi leurs fugitifs ? Arrivant sur place, je dus m’avouer grandement surprise, je ne m’y étais pas attendue. Absolument pas. Un enfant.

L’écoutant me parler, je ne réagis pas tout d’abord, me contentant de le regarder à distance d’un masque froid derrière mes lunettes teintées. Un enfant ayant été pris en otage et emmené jusqu’ici ? Toujours muette j’analysais la situation avec le sang-froid propre aux membres de mon clan. Il se disait avoir été pris en otage. Me mettant dans la peau d’un potentiel prisonnier sans scrupule à prendre un gamin en otage, je me demandais pourquoi l’avoir gardé avec lui jusque-là ? Un otage était utilisable en pleine ville, mais à l’extérieur ? Un poids mort, sauf s’il avait dès le départ l’idée de s’en servir contre ses poursuivants. Armant mon bras vers lui d’un geste lent je m’adressais à lui.

« Ne bouge pas petit. »

Froide est inhospitalière comme à mon habitude en situation de crise, je n’eu pas honte de mon acte et ce que je comptais faire subir à cet enfant. Faisant sortir une nuée d’insectes des amples manches de mon manteau qui se dirigèrent rapidement vers l’enfant, avec pour but de le recouvrir entièrement, je leur ordonnais d’un mouvement du poignet de lui ôter rapidementtout possible vêtement qui aurait pu s’avérer porteur de parchemin explosif, étant préparée à leur ordonner de former un rempart entre le vêtement et le gamin. Pendant ce temps mes insectes recouvrant supposément le corps du marmot devraient chercher des parchemins explosifs pour être sûre que le gamin n’était pas piégé.

« A quoi ressemblait-il ? »

Impassible, j’espérais avoir correctement agi pour la vie du garçon comme pour la mienne, l’idée d’un piège humain mis en place à la va vite par le prisonnier étant quelque chose de plus qu’envisageable. Si le garçon n’était pas le prisonnier lui-même… J’en avais vu suffisamment jusqu’à maintenant pour ne plus être surprise de rien. Le monde ninja était un monde d’apparences et de faux-semblants. Ne restait plus qu’à voir, au moins devrais-je être fixée, il réagirait s'il n'était pas ce qu'il prétendait être, ou sinon il n'en ressortait qu'un peu plus perturbé, mais à chaque crise ses conséquences, celles-ci seraient réparables.

Regardant le gamin froncer les sourcils visiblement mécontent et loin d’être toujours apeuré, j’haussais un sourcil. Malin. Mais il aurait mieux fait de se camoufler en arbuste, rocher ou tout autre élément de décor inerte. Au moins de quoi me rassurer quant à la présence d’éventuels explosifs et à la mort inutile d’un enfant en bas âge. Le voyant se retransformer en ancien détenu et me regarder avec hargne avant de me lancer ce que je prenais pour des menaces, je libérais le bouchon de liège qui refermait l’un de mes longs tubes suspendus en bas de mon dos, ce dernier libérant une trentaine de guêpes tournant alors autour de moi librement dans un vrombissement incessant et inquiétant à quiconque leurs dards était adressée.

« Je ne pense pas. »

Mes bras se tendant devant moi comme s’il avait s’agit de lancer de shurikens, j’ordonnais à mes guêpes de se charger de lui alors que je les suivais en courant derrière, avalant une petite pilule élaborée par mes propres soins prise dans l’une des nombreuses poches de ma combinaison. Quelques mudras, mes mains recouvertes d’une légère pellicule de chakra, j’étais à sa hauteur. Visant les jambes et les articulations pour l’handicaper et réduire ses espérances de fuites pendant que mes frelons avaient déjà dus commencer à le piquer de toute part et à l’occuper, je plaçai quelques coups, frappes chirurgicales que j’espérais voir toucher leur cible, reculant légèrement en arrière comme fin de combinaison au cas où il se serait débarrassé de mes insectes entre temps et aurait eu l’envie de se débarrasser de la nouvelle menace qui s’était présentée à lui.

Jambes tendues, en garde, mes mains recouvertes de mes scalpels de chakra, il était peut-être peu naturel de voir un membre du clan Aburame combattre au corps à corps mais je ne pouvais me permettre de le laisser s'en aller, l'effet de surprise était vital, et j'appréhendais d'utiliser mes punaises kikai à nouveau au cas où il trouve un moyen de se débarrasser de ces dernières et de s'échapper à l'aider d'une technique dont je ne connaissais rien. Un impact direct était plus à même d'avoir raison de lui etj’étais déterminée à en finir avec lui rapidement et le ramener au village pour l’y voir enfermé à nouveau. Il avait été bien sot de penser pouvoir s’opposer au village et surtout penser pouvoir échapper à sa sentence. Il retournerait y moisir sous peu, en espérant que les autres aient également réussi à rattraper les fuyards restant. Il ne serait pas dit que Konoha se couvrirait de ridicule en laissant s’échapper ses propres captifs…