Assis sur le rebord de mon balcon je contemplais encore une fois cette douceur incroyable, légère, fine et pourtant si fragile. Pourquoi apportait-elle avec elle le froid et la joie en même temps ? Pour ma part je n'étais pas heureux, je n'étais ni triste d'ailleurs, je n'étais rien, je restais indifférent face au monde, face aux gens, face aux événements.. Pourquoi avais-je été fait ainsi ? Comme une simple machine à ne savoir que tuer... Étais-je donc un simple objet qu'on avait utilisé pour faire les guerres ou se défendre ? C'est bien à cause de ces pensées que j'ai prit moi-même mes décisions et ai mit faim aux vies de mes deux parents.

Avais-je le moindre scrupule pour cet acte ? Loin de là est la vérité, ils m'avaient apprit bon nombre de techniques, m'avaient offert mes deux épées que je chéris le plus au monde, Elucidator et Dark Repulser. Pourquoi avais-je fait cela ? Était-ce un moyen pour me libérer ou en avais-je juste besoin pour le faire comprendre qu'on ne m'utilise point comme ça ? Même si je leur devais une reconnaissance eux me devaient le respect parental. Alors non, je ne ressens rien à ce sujet, juste de petits souvenirs qui ne s'effaceront point. Je n'ai pas à douter de moi ni avoir peur, il n'y a qu'en moi et moi seul en qui je peux avoir une confiance absolue.

Je ne suis pas narcissique, loin de-là est la vérité, je suis juste moi, une personne indifférente à toute action possible, tout mouvement ou sentiments. J'ai été élevé pour ne pas ressentir les choses, juste pour attaquer.. Pourtant au fond de moi, je commence petit à petit à me dire que je devrai commencer à découvrir d'autres choses, de nouveaux endroits, de nouveaux gens.. Et c'est d'ailleurs pour cela que je sors de chez moi à l'instant présent, en prenant soin de fermer la porte. Je ne suis pas vraiment contrarié à l'idée d'être seul, à force et au fil du temps je commence à en avoir l'habitude, malheureusement.

Une journée donnée pour essayer de m'entraîner et découvrir de nouvelles personnes car c'est en combattant que l'on voit la valeur de la personne, et delà je pourrai me fixer une petite idée, même petite soit-elle je pourrai l'avoir et me dire si oui ou non je veux m'approcher d'elle. Enchaînant donc les ruelles, j'arrive enfin dans la grande galerie marchande, ornée de décorations de noël et de personnes voulant acheter quelques choses, des présents, des cadeaux ou d'autres chose encore plus inutile. Avons-nous besoin de ces babioles pour vivre ? Bien sûr que non, il faut juste se battre dans un monde de haine comme celui-ci, nous sommes tous, ou presque, destiné à devoir affronté ce que nous redoutons, alors préparons-nous au lieu de nous attarder sur des choses aussi futiles que celles-ci.

Faisant ensuite les premiers pas vers le terrain d'entraînement je regardais encore une fois à droite puis à gauche pour regarder les ninjas combattre, nous sommes aux alentours des 12h et j'ai bien évidement préparé à manger. D'ailleurs je vais sûrement allez me manger quelque chose en m'asseyant sur cette branche d'arbres. Je remarquais par la suite que de nombreux Aspirants Ninja étaient avec leur senseï, s'entraînant à lancer des kunaïs, shurikens, enfin les bases si puis-je dire. Et moi, j'étais seul sur cette branche d'arbre avec mon sac, attendant la venue de quelqu'un.

Parfois le destin décide de tout mettre en travers de votre chemin alors déplacez ces obstacles pour continuez d'avancer.

L’examen chûnin approchait à grands pas. Bien plus grands que je ne le voudrais. J’avais fait mes recherches, j’avais questionné les autres shinobis, et il s’avérait que la concurrence allait être élevée à cet examen, et je savais que même si certains des ninjas se présentant étaient d’anciennes connaissances, voire des amis, ce genre d’évènement ne laisse aucune place à la pitié et aux mercis. Il fallait être la meilleure, et se battre jusqu’au bout, peu importe l’adversaire en face de nous. Ne jamais se rendre, toujours se battre.

Mais pour pouvoir se battre, il en faut les moyens. Qu’importe que les idées et la conscience soient vivantes si les bras sont morts. Il fallait s’entraîner, et toujours persévérer. J’étais presque prête, et je sentais que je pouvais faire de grandes choses à cet examen. Je ne pense pas être favorite, je ne pense même pas être outsider. J’espère juste être la surprise, ce petit poucet qui monte et qui vient titiller les grosses pointures. Et je sais que je peux le faire, avec de l’entraînement, de l’intelligence et de la persévérance.

Noël arrivait à grands pas. Outre l’ambiance festive qui s’installait à Konoha, la météo nous rappelait chaque jour que le moment approchait. La neige ne recouvrait pas encore les toits des maisons, mais le froid qui mordait la peau était bel et bien déjà présent, apportant avec lui son lot d’obligations. Avec les évènements qui approchaient, je ne pouvais me permettre d’être malade. Alors, j’enfilai des vêtements chauds, ainsi qu’une écharpe et une cape épaisse avant de sortir.

J’avais décidé de ne rien prendre du tout, ce qui serait la pire des conditions pour l’examen chûnin. Je ne savais pas de quoi il allait être fait, alors autant se préparer au pire. J’avais élaboré toute une stratégie en cas de situation de ce genre, cela ne me faisait donc pas réellement peur. A vrai dire, ça m’arrangerait presque. La plupart des ninjas se battent à l’aide de ninjutsus directs et attaquent avec leurs kunaïs et leurs shurikens. Ce n’était pas mon cas. Ainsi, l’absence de kunaïs et de shurikens ne me gêneraient pas, alors qu’elles gêneraient l’adversaire.

Moi, je me battais avec un arc, et des flèches. Mon arc était un bel arc en chêne blanc – ou en tout cas, c’était l’arc que je n’ai pas pris aujourd’hui – et mes flèches étaient des flèches de saphir. Des flèches que je créais moi-même, à l’aide du pouvoir de mon clan. Le Shôton pouvait réellement être merveilleux si bien utilisé. Il pouvait surtout se révéler dévastateur.

Je descendais en direction des terrains d’entraînements, qui étaient rarement remplis à cette heure-là. A midi, les gens préféraient manger, puis tous venir s’entraîner en même temps. Seuls quelques ninjas avaient assez de présence d’esprit pour éviter la cohue du midi au centre-ville et l’amassement de monde aux terrains à partir de 14H.

J’installai une cible de fortune à plusieurs mètres de moi. Je me repositionnai, et commençai à m’entraîner. Sans arme, donc. A l’état brut, au plus naturel possible. Puis, je fis les signes nécessaires avec mes mains.

- Yumi Seikyuu

Technique d’invocation d’un arc. Assez simple et plutôt élémentaire, je ne fis donc aucun raté. Parfait. Si l’on venait à me supprimer mon arc, j’en aurai donc un autre pour me défendre. Moins performant, peut-être, mais je pense que ça peut suffire à faire de grandes choses.

- Ya Safaia

Presque aussitôt, ce fut une flèche magnifique en saphir qui fit son apparition. Je l’armai à mon arc, tendit la flèche, visai la cible à plusieurs mètres de moi, et lâchai. En plein dans le mille !

Quelques flocons arrivaient à se poser sur mon nez, me forçant à ouvrir les yeux. Oui en effet j'avais réussi à m'assoupir quelques instants en attendant quelque chose ou quelqu'un. Je suis tranquillement allongé sur la branche d'arbres, à travers les feuilles je peux contempler un ciel bleu qui s'offre entièrement à moi. Je levais alors ma main au ciel, voulant attraper je ne sais trop quoi, mais essayent d'aller le plus loin possible. Je fis bouger l'arbre et une petite feuille d'arbre tomba lentement arrivant sur mon épaule. Je n'avais aucune réaction à part la regarder, fragile comme la neige, tomber délicatement dans toute sa beauté hivernale.

Je l'enleva et la posa sur le buisson de la branche d'arbre d'où je me tenais. Fort heureusement je ne suis pas comme cela avec les humains, cela ne sert à rien d'être proche des autres, à part ralentir sa course, ralentir sa voie, son chemin, ses désirs. Je ne suis pas pour autant un « antisociale » je parle aux gens quand besoin est. Pour les marchands d'armes, mon forgeron ou encore pour demander des renseignements. Bien évidemment si j'ai une équipe, je communique avec celle-ci pour pouvoir collaborer. En pensant à cela, il faudrait que je pense à aller dans le Hall des Équipes pour savoir si une équipe Shinobi recrute. Avec un senseï je pourrai apprendre bien plus de choses et devenir plus puissant.

Mon regard au final atterrit sur une fille, ni jeune ni âgée. Une fille simple aux cheveux blancs pur, d'un blanc vraiment magnifique et ravissant. Je l'observais, pourquoi le faisais-je ? Un sentiment assez particulier qu'on appelle l'intuition, si puis-je dire. Cette fille m'intrigue quelque peu et je veux savoir ce qu'elle vient faire ici, s'entraîner sûrement, mais je veux voir quelles capacités elle possède, peut-être maîtrise-t-elle un pouvoir qui m'est encore inconnu, cela pourrait élargir mon champ de connaissance. Je ne compte pas vraiment faire ami-ami avec cette personne, juste connaître ses intentions. Ce qu'elle fit aussitôt, un arc apparut devant elle, du Fuinjutsu ? Je n'en sais trop rien. Par la suite, sans flèches elle voulut en tirer une, je me moqua quelques secondes avant de voir qu'une flèche rouge sang apparut, ce n'était pas une flèche normale, je dirai à vu d'œil du Shôton, un Shôton spécialisé, comme le mien.

Alors, je bondis de mon arbre pour me rapprocher de la fille aux cheveux blancs, la flèche elle avait été positionnée au centre pile de la cible. Pas mal, j'aime plutôt la couleur du Shôton qu'elle possède. En général il représente les sentiments et émotions, et forme sa couleur à partir de cela. Mais je suppose qu'elle l'avait naturellement. Pour ma part, mon Shôton de base était rose, comme tout Shôton, et au fil des années et que ma haine envers mes parents grandissait celui-ci est devenu noir pur, un noir comme la nuit. Finalement étant à côté d'elle, s'en dire bonjour ou rien, je commença la conversation, sans rien lui demander d'ailleurs.

« Nice shot ! »

J'avais envie, moi aussi, de lui montrer mes pouvoirs, je tendis mes deux mains et un arc de cristal noir se forma, par la suite je me mis en position de tir à l'arc, au fur et à mesure que je bandais la corde de l'arc, une flèche de Shôton noir brillant avec le soleil se créait. Au final la flèche fini j'attendis une seconde et lâcha la corda, la flèche arriva à toute vitesse et percuta celle déjà plantée auparavant pour la faire briser en mille morceaux dans un bruit d'éclats des plus beau.

J’étais plutôt contente du tir que je venais de faire. De là où j’étais, je ne pouvais voir si j’étais parfaitement au centre, mais je savais qu’elle était dans la partie centrale de la cible. Je désarmai mon arc et le posai par terre, en entendant un jeune garçon s’approcher de moi. Il ne devait pas avoir plus de seize ans, avait les cheveux bruns et mi longs et semblait plutôt sûr de ces faits et de ces gestes. Ainsi, sans même me saluer, il me félicita pour mon tir et entreprit de tenter le même. Ce qui m’interpela en premier fut la façon qu’il eut de créer son arc : il utilisait visiblement le Shôton, tout comme moi. Mais là où je maîtrisais le saphir, son Shôton était visiblement spécialisé dans le diamant noir.

Il créa à son tour une flèche puis tira. Sa flèche vient se superposer sur la mienne, la faisant voler en éclat. Je plissai les yeux au moment où sa flèche atteignit le même endroit que moi, mais malgré ma frustration, je continuai à sourire. Je n’avais jamais entendu parler de d’autres archers résidant à Konoha. J’en avais fait ma marque de fabrique, j’ambitionnais qu’un jour, lorsque l’on parlera de Konoha, on se souvienne de celle qui appartenait au village et qui était une maîtresse dans le tir à l’arc. Mais visiblement, je n’étais pas la seule à me débrouiller. Mais était-ce un coup de chance, ou était-il réellement doué avec un arc ? Lui aussi, maître du Shôton, avait-il élevé sa maîtrise de l’arc en véritable art de combat ?

- Joli tir !

Je me dirigeai vers ma cible et en érigeai quatre autres, pour un total de cinq. Je retournai aux côtés du jeunes garçon, reprit mon arc et je créai cinq flèches de couleur bleu océan (Ou rouge sang, on sait pas trop =D ). Puis je bandai ma corde, et plaçai mon premier projectile. Je visai le centre de la cible du milieu, mais mon but était plus grand. Je plaçai mon arc de sorte à pouvoir tirer mes cinq flèches très rapidement après avoir tiré la première. Trois… Deux… Un…

La première flèche n’était même pas à mi-parcours que la deuxième était déjà partie. Sur la cible de gauche. Et ainsi de suite, jusqu’à la cinquième. Au final, la première flèche s’était logée au centre de la cible. La deuxième également. La troisième était assez loin du centre. La quatrième et la cinquième à quelques centimètres. Je serrai les dents mais gardai bonne figure.

- Hm, j’ai déjà fait mieux. Tu veux essayer ?

Je prononçai ces derniers mots sur un air de défi. Non, personne ne marcherait sur mes plates-bandes. Je levai le bras, la main en l’air, puis serrai le poing. Aussitôt, les cinq flèches de saphir éclatèrent en petits morceaux, laissant les cinq cibles libres à mon nouveau compagnon d’entraînement.

- Au fait, je m’appelle Krystal. Krystal Kamikoru.

Vas-y, fais mieux.

Je regardai alors la flèche bleu pure voler en éclat avec la mienne. Un très joli spectacle mêlant deux couleurs que tout oppose, n'est-ce pas étrange que moi, solitaire et antisociale dans l'art agresse une fille comme cela ? Avais-je été seul au point d'en venir à ce point-là ? Je n'en sais rien et je m'en fiche d'ailleurs.. Tout ce que je veux c'est devenir plus puissant, pas forcément plus connu mais surtout que l'on me craigne, qu'on ne veuille point se battre contre moi, j'aimerai devenir « Le tireur de la nuit » ou quelque chose dans le genre.. J'aimerai juste avoir des choses que je n'ai pas pu connaître quand j'étais petit à cause de mes deux parents, reposez surtout pas en paix et regardez ce que vous m'avez fait.

Enfin bref, la tireuse me félicita pour mon tir, j'avais bien évidemment fait de même vu qu'elle avait aussi mit dans le mille. Son Shôton était plutôt joli, je le redis car en général un Shôton différent veut dire beaucoup de choses dans l'histoire de quelqu'un, pourquoi avait-elle hérité de celui-ci ? Par groupe sanguin ? Histoire ? Ou comme moi par les sentiments ? Bien étrange ce fut-il je ne lui demanda pas, pas dans l'immédiat du moins. J'attendrai un peu de la connaître avant de lui poser cette question quelque peu indiscrète.

Par la suite elle renchaîna, cette fois avec cinq cibles différentes. Que faut-il faire ? Mettre à chaque fois la flèche en plein centre ou tirer les cinq flèches en même temps pour pouvoir toucher le milieu au même moment ? La réponse fut brève et rapide, elle commença à se mettre en position de tir à l'arc, la position faite pour tirer les flèches le plus rapidement possible, ce n'était en tout cas point une amatrice, elle s'y connaissait dans cette art millénaire qu'il est. Elle tira à une vitesse rapide ses cinq flèches, deux au centre, deux à côté mais pas loin, et une à l'opposé. C'était pas mal, si puis-je dire. Elle me proposa par la suite de moi-même essayer, en faisant magistralement exploser ses flèches dans un éclat dés plus beau, elle se présenta aussi, Krystal, Krystal Kamikoru, je retiendrais se nom.

« Je vais tenter ma chance. Pour ma part je m'appelle Kirigaya Kirito, enchanté. »

Alors, toujours avec mon arc à la main je me mis en position de tir à l'arc. Pas la position pour tirer le plus vite, non je n'avais pas besoin de tirer cinq flèches moi, une seule suffisait. La flèche noir pur réapparut, celle-ci était assez longue et sa tige était en dorsale, fait exprès pour ce que j'allais faire. Je visais la cible du milieu, fermant l'œil droit pour mieux me concentrer je lâcha la corde d'un geste simple et léger, la flèche partit rapidement et au milieu de son parcours elle se divisa en cinq flèches qui partirent chacune sur les autres cible. Au final je fis, trois en plein centre et deux bien à l'opposé, presque en dehors dirais-je. Je suis assez déçu de moi, mais bon, je suis bien ici pour progresser.

« J'ai besoin d'un bon entraînement, apparemment.. »

Je claqua des doigts et les flèches éclatèrent toutes dans un bruit singulier et résonant. Je souffla un peu et me frotta les cheveux en regardant le ciel.. Cela fait combien de temps que je n'ai pas utiliser un arc ? Un mois ? Deux ? Je m'en souviens plus très bien.. Mais le fait est là et bien réel, je me suis affaibli dans celui-ci.. J'ai une après-midi entière pour pouvoir m'entraîner.. Alors que je continuais de réfléchir mon ventre grogna, arg, j'avais faim, j'avais oublié que je n'avais rien mangé car Krystal avait attirée mon attention...

La première leçon que l’on apprend lorsque l’on devient archer, c’est la maîtrise de soi et de sa respiration. L’oxygène qui entre et sort de nos poumons est la principale cause du manquement aux cibles, car le mouvement de nos poumons et de notre cage thoracique entraîne un mouvement de nos membres dans une réaction en chaîne finissant par dévier notre flèche de la direction voulue initialement.

Vous savez ce que c’est, l’humiliation ? Cette impression de se faire totalement dominé par quelqu’un dans un domaine, cette impression que vous ne pourrez pas sortir la tête de l’eau sans devoir se confronter aux moqueries et autres quolibets. C’était à peu près le sentiment que je ressentais ici. Kirigaya Kirito, hein ? Je bouillonnais au fond de moi, fulminant de rage contre ce gamin qui, à deux reprises, m’avait fait comprendre que j’avais encore un long chemin à faire avant d’atteindre mon objectif. Mais pas question de lui donner cette satisfaction : alors, comme à mon habitude, je souris, en le félicitant de sa performance, et me disant impressionnée de sa technique.

A ma décharge, l’arc de fortune avec lequel je m’entraînais n’était pas mon arme principale. C’était d’ailleurs tout le but de cet exercice. De la même manière qu’un épéiste ne se bat pas pareil avec sa propre épée et celle d’un autre, on pouvait dire que c’était la même chose pour moi. La tension de la corde, le poids de l’objet, sa taille ou encore simplement le lien qui unit l’arme à son propriétaire, tout ça n’existait pas entre cet arc de fortune et le mien, que j’avais fait sculpter dans le bois d’un ancien chêne blanc, et qui regorgeait de puissance. L’adage dit souvent qu’un combattant et son arme se choisissent. Je crois pouvoir dire que c’était le cas entre moi et lui.

Mais cessons de trouver des excuses. Si je voulais réellement être l’archère numéro une du monde des Shinobis, si je voulais vraiment que la prononciation de mon nom n’évoque que des pluies de flèches et la terreur, je devais être divine avec n’importe quel arc, et légendaire avec le mien. Alors je ne me dégonflai pas. Ignorant les réclamations du ventre de mon compagnon d’entraînement, j’allai installer cinq nouvelles cibles. Pour sauver l’honneur, je devais au moins le battre sur dix cibles, ayant été égalité sur une seule et m’ayant battu sur cinq.

- J’ai une idée. Celui qui en met le plus au centre de ces cibles invite l’autre à déjeuner. Ça marche ?

Je me mis en position de tir, ne bandant aucune flèche. J’avais comme projet de lancer les dix en même temps, j’avais une technique pour. Mais je devais étudier le mouvement des dix en même temps, ce qui demandait un travail de concentration à la fois plus conséquent, mais plus facile également : j’avais espacé les cibles de manières équitables, ce qui fait que je ne devais régler qu’une fois l’écart séparant deux flèches pour que toutes les autres suivent et se dirigent également vers le centre des cibles. Cela ne me prit pas plus de quelques secondes. Puis, je lançai l’offensive.

- Juu Ya Safaia !

Les dix flèches fusèrent à la vitesse de l’éclair en direction des cibles, et arrivèrent toutes en même temps, enfoncées de plusieurs centimètres dans le bois des cibles. Résultats des course : une au centre, deux, trois… Puis sept au total. Les trois autres ne se trouvant qu’à quelques centimètres du milieu. Dommage, j'étais presque parvenue au sans-faute. Espérons juste que Kirito ne fasse pas mieux…

Quelle situation quand même bien étrange que de s'entraîner avec une illustre inconnue du nom de Krystal, non ? Je n'avais pas pour habitude d'agresser les gens de la sorte pour m'entraîner, loin de là figurez-vous. Souvent je préférais rester seul dans mon coin pour faire ce que je veux. Là, une certaine compétition se met petit à petit en jeu, même si je ne le faisais pas exprès je ne pouvais arrêter cela... Je voulais juste m'entraîner moi, et maintenant ce que je peux voir dans les yeux de Krystal c'est des flammes rouges qui bouillonnent en elle pour n'attendre qu'une seule chose, dévorer celui qui la dérange.

Bien évidemment ce n'est pas parce que s'est une fille, plus âgée que moi que je vais la laisser gagner. Non, non, non. Je ne suis pas de ce genre, ni galant, ni rien d'autre, je veux une victoire réelle et cuisante sur elle. Suis-je méchant d'avoir de telles pensées ? Et vous, êtes vous stupide de vous poser cette question ? Je fais encore ce que je veux, je suis né pour devenir plus fort, alors passer par des victoires ne me dérange pas le moins du monde, qui plus est surtout si une fille comme elle a la rage en perdant, quel plaisir exquis. Mais je n'ai pas de haine contre elle, elle a l'air plutôt gentille et sincère dans ses actes alors j'aimerai pouvoir mieux la connaître plus tard, et le combat est un moyen d'en apprendre sur la personne.

Elle se remet à installer le terrain d'entraînement, cette fois-ci dix cibles s'offrent littéralement à nous. Nous devons donc faire dix touchés dans le mille ? Cela va être extrêmement dur je pense, déjà qu'avec cinq cibles je ne suis pas arrivé à toutes les avoir, alors dix... En évaluant la situation et ma maîtrise de l'arc, je devrai en avoir sept en centre et trois à côté. D'ailleurs en remarquant cela, Krsytal fit le score que j'évaluais pour moi. Un très joli tir, je la félicita bien évidemment, j'aime beaucoup sa maîtrise et sa façon de créer les flèches. Moi aussi j'ai des techniques comme cela et d'ailleurs.. Pourquoi ne pas en faire une maintenant ? Vais-je passer pour le mec dangereux ? Roh, je m'en fiche.

Après que les flèches de ma coéquipière disparurent je me mis en position de tir à l'arc, toujours sans flèche bien évidemment. Cette fois-ci je réservai une petite surprise à Krystal, non pas pour l'impressionner ou autre, juste pour lui montrer de quoi je peux être capable avec un arc. J'examinais donc mes dix cibles, je vois, je vais devoirs tirer en courber pour que la flèche s'installe tranquillement. J'analysais ensuite les paramètres du vent, aucune brise ne venait me déranger, tout était parfait. Je ferma quelques secondes les yeux, puis les rouvrit toujours silencieusement. Puis à voix normale je commença à dire ce qui m'était nécessaire.

« Osse Naza Nöte Layssa Ahogah ! »

Une flèche apparut et directement je lâcha la corde, la flèche lancée se transforma rapidement, prit des formes, puis sortit des ailes immenses pour au final : un dragon de diamant noir s'élançait sur les dix cibles, en ouvrant ses ailes, celui-ci fonça en plein dans le mille et détruisit toutes les cibles en même temps, quel magnifique spectacle n'est-ce pas ? Moi j'aime bien, et de toute façon j'ai beaucoup trop faim pour continuer à m'entraîner, et elle m'a proposé qu'on aille manger ensemble, je paierais le repas s'il le faut.

« Bon ben voilà, c'est réglé, je vais payer le repas j'ai faim. As-tu une idée où nous pouvons aller? »

- Osse Naza Nöte Layssa Ahogah !

Je pointai les cibles du doigt, ouvrit la bouche, et inspirai pour dire quelque chose, mais me résignai. A la place, je baissai les bras et soupirai en signe de désarroi. C’était une façon plutôt radicale de toucher tous les centres de cible.

- Heu si tu voulais pas le faire, il suffisait de le dire, hein.

Toujours abasourdie par la violence de la technique soudaine sortie – ou en tout cas, la surprise causée par ce dragon était violente – je me demandai s’il n’avait pas fait ça juste pour monter qui était le plus fort. Une réaction de garçon, en somme… Oui, et de filles en fin de compte. Oui, je faisais la même chose il y a quelques secondes. Mais j’ai des buts, des principes et des projets. Je ne voulais pas que d’autres que moi soient de bons archers. Je ne voulais pas que Konoha soit le village des archers. Je voulais que Krystal soit l’archère de Konoha. Ce qui était totalement différent.

Mais à prendre du recul, j’aimais bien ce gars. Il n’avait pas froid aux yeux et semblait déjà intéressant à son âge. Puis, il était honnête : il ne considérait pas son dragon comme une réussite du pseudo-défi que je venais de lui lancer puisqu’il me proposa de payer son repas. Je remarquai qu’il avait apporté le sien, ce qui finit par me mettre légèrement mal à l’aise : au fond, je m’imposais.

- Tu as déjà apporté le tien, non ? Ça ne se fait pas vraiment de s’imposer. Disons que l’on a fait match nul, si tu le souhaites !

Je désirai tout de même en apprendre un peu plus sur ce jeune homme. Il me ressemblait en beaucoup de points : arc, shôton, nécessité de s’imposer. Il ne manquerait plus qu’il ait tué ses parents, et la boucle serait bouclée ! J’ignorais comment m’y prendre, puisque je venais presque de refuser sa proposition à dîner. Mais j’eu une idée.

- Puis, au sens strict du terme, tu en as touché dix, de centre de cible. Je n’ai jamais précisé que le centre devait être atteint par des flèches. Du coup, c’est moi qui t’invites. Je connais un restaurant sympa pas trop loin de chez moi, tu viens ?

Je fis disparaître mon arme, puis pris la direction de la sortie du terrain, pour m’engouffrer dans les quartiers résidentiels. L’argent que je possédais me permettait très largement de payer un repas pour deux au restaurant. En fait, je pouvais payer un repas pour deux au restaurant midi et soir toute ma vie qu’il m’en resterait encore pour racheter le village. Oui, ma famille était riche. Oui, je suis la dernière héritière connue. Oui, je suis riche.

On arriva rapidement au restaurant de mon choix. Mon préféré en fait. « A la feuille d'argent », un restaurant sans prétention dont les pâtisseries sont merveilleuses. Le personnel me salua – non, je ne viens pas souvent, comme vous pouvez le constater – et m’installa à ma table de prédilection : une table près d’une immense baie vitrée donnant une vue sur le parc et sa fontaine, et dont les arbres donnaient une protection contre le soleil.

- Vas-y, commande ce que tu veux, c’est moi qui régale.

Je me sentais alors un peu ridicule d'avoir fait cela... Être descendu pour pouvoir juste montrer de quoi j'étais capable à une illustre inconnue, faire une sorte de compétition avec celle-ci et surtout, en arrivé à ce point-là où j'utilise un de mes techniques pour essayer d'impressionner la personne, l'approche première n'est pas réellement réussi.. Je passe surtout pour un gamin prétentieux qui ne veut qu'une chose : montrer sa puissance. Je ne dis pas non-plus que je suis nul, loin de là même, mais je ne suis pas non-plus du genre à crier sur tous les toits combien je peux l'être. Et à cette raison, après que les cibles soient toutes détruire une à une, je m'excusa immédiatement envers Krystal, je n'aurais pas dû faire cela après tout, et c'était ma faute.

Je ne suis pas non-plus désolé au point de m'agenouiller devant elle, oh que non. Qui plus est, au final, nos compétences se ressemblent au plus haut point, non ? Par-là, je veux dire qu'elle maîtrise elle aussi le Shôton, que sa couleur soit aussi différente, bleu océan, un arc, des flèches... Tout cela est assez perturbant de se retrouver pratiquement avec son sosie féminin. Je dirai néanmoins que cela peut-être fort intéressant pour ma part, peut-être arriverai-je à apprendre certaines choses... On ne sait jamais, mais bien évidemment je dois aussi rester sur mes gardes car elle peut très bien réduire son niveau de chakra et être une criminelle de haut rang, après tout, l'impossible devient possible ces derniers temps.

Directement elle me proposa de payer d'elle-même le repas en raison qu'elle n'avait pas précisé ce qu'il fallait viser. Chercherait-elle à faire plus amples connaissances en se retrouvant face à un bon repas ? Encore et encore, je n'en sais rien, je ne suis pas dans sa tête. De toute façon, je suis encore assez puissant pour m'enfuir si cela est un piège alors il n'y a aucun problème. Bon, si je me retrouve contre Makka pour X ou Y raisons là, je serai fichu m'enfin bon, qui ne tente rien n'a rien après tout. C'est donc en hochant la tête que j'acquiesce sa proposition et, nous commençons à marcher en direction des rues marchandes.

Du monde, beaucoup beaucoup de monde. Un peu partout il fallait se faufiler entre les gens pour se frayer un chemin, quelle horreur ce moment-là. C'est donc après vingt petites ou grosses minutes que nous arrivons enfin devant un petit restaurant nommé « A la feuille d'argent », mange-t-on des minerais là-bas ? Je ne pense pas, je ne suis pas encore assez évoluer pour ingurgiter des cailloux. La décoration était belle, et le premier pas que je fis dans le restaurant se suivit par des salutations entre Krystal et une personne qui devait sûrement travailler dans ce restaurant. Une fois assis, elle me demanda directement ce que je voulais prendre vu qu'elle payait tout.

« Je vais prendre l'escalope de Saumon et sa sauce estragon, et pour toi ? »

- N'importe quoi d'autre qui ne vit pas dans l'eau...

J'avais en effet en horreur le poisson, les crustacés et autres fruits de mer : en bref, tout ce qui vivait dans l'eau. J'étais en revanche friande de tout ce qui est viande, rouge ou blanche peu importait. Et ce restaurant faisait les meilleurs pavés de bœuf au poivre que je connaissais. Quand la serveuse arriva, on discuta quelques instants. Elle s'appelait Ayumi, elle avait environ mon âge et avait rêvé de devenir Shinobi, mais la peur d'être blessée ou de ne pas réussir lui avait freiné ses ambitions. Elle travaillait du coup dans le restaurant familial, où je venais très souvent. Elle était devenue l'une de mes rares amies.

On finit par commander, son saumon pour Kirito et mon bœuf pour moi. Le restaurant n'étant pas très rempli – les principaux clients étant déjà repartis travailler – on nous apporta rapidement nos repas, que je ne mis pas longtemps à entamer, la faim me prenant au ventre depuis la fin de l'entraînement. Je ne parlai pas pendant un petit moment, dégustant ce met délicieux, puis finit par prendre la parole et ainsi briser le silence de la situation.

- Alors dis-moi, qu'est-ce qui t'as poussé à devenir un ninja?

Au vu de ses pouvoirs, j'en avais rapidement déduit que ce n'était pas un membre d'un clan important de Konoha, c'était donc soit qu'il appartenait à un clan mineur, comme moi, soit qu'il avait fait cela par choix. Dans les deux cas, la réponse m'intéressait. Je ne connaissais pas grand chose des clans de Konoha, un apport culturel ne pouvait m'être que bénéfique. Quant au choix, je me suis toujours demandée comment on pouvait se dire « je veux être un ninja » si l'on a pas été élevé dans cet optique.

J'entends par là que la vie de shinobi n'a rien de si passionnant, bien au contraire. On risque sa vie tous les jours, on se blesse, on s'épuise, on se bat... Et tout ça pour quoi ? Pour protéger un village et ses habitants. La cause pourrait être louable si, effectivement, l'effectif shinobi manquait, mais ce n'était pas le cas. Et il y avait des manières bien plus efficaces et bien moins dangereuses d'aider le village. Prenons l'exemple d'Ayumi : je trouve ce qu'elle fait beaucoup plus utile à la communauté que la plupart des missions que j'ai dû accomplir jusqu'à maintenant. Et même pour les plus évoluées, je reste persuadée que d'autres les auraient très bien réussies à ma place.

Je ne fais pas un complexe d'infériorité, bien au contraire. Je sais ce que je vaux, et je sais que je ne suis pas la plus mauvaise des ninjas, bien au contraire. J'ai besoin d'encore un peu d'expérience, un peu d'entraînement, mais je suis persuadée que tout ce que j'ai traversé, tout ce que j'ai subi et tout ce qui en a découlé fait de moi quelqu'un de plus forte que la majorité des shinobis. Je suis capable de grandes choses, je le sais, je le sens. Il faut juste me laisser ma chance...