Prologue :

La voilà sa première mission. Le bureau des missions avait décidé qu’il était temps pour le jeune Seki de se lancer dans toute la dimension que requerrait son statut de shinobi de Kumo. Il avait été convoqué aux premières heures de la journée dans le bureau du Kage. Son bras droit l’avait accueilli dans le bureau des missions pour le briefer sur celle qui lui était destinée. Pour sa première, le shinobi avait reçu une mission de rang C. Pourquoi ne lui avait-on pas donné d’abord des missions de rang D comme on faisait habituellement avec les Genin fraichement promus ? Ca, le jeune Seki ne le saurait jamais. Néanmoins cela augurait soit d’un effectif ninja réduit soit d’une politique de formation poussant les shinobis à se surpasser. Zennosuke penchait fortement sur la première hypothèse tandis que le bras droit du Kage lui demandait est-ce qu’il se sentait prêt à se coltiner d’entrée une mission de rang C. Le jeune Seki n’en savait rien en réalité, mais machinalement il répondit oui. Son supérieur hiérarchique se mit alors à lui expliquer la situation. Une affaire floue liée aux bois nuageux de Kumo qui, pour une raison inconnue, commençaient à ne plus être nuageux du tout. Zennosuke était mandaté pour aller enquêter et si possible régler la situation.

En sortant du bureau du second, Zennosuke se demandait ce qui lui faudrait pour mener à bien cette mission. Un petit tour à l’armurerie du village lui permis de s’armer un minimum. Il s’acheta des essentiellement des kunais et shurikens ainsi que quelques notes explosives. C’était suffisant pensait-il pour faire face à certaines situations. Ses poings et son ninja-tô lui serviraient pour le reste. Côté techniques, il n’était pas encore au point, il le savait bien. Il lui manquait encore beaucoup d’expérience sur ce plan-là. A peine trente minutes après son entrevue avec le bras droit du Kage, Zennosuke se rendit dans le Bois nuageux. Il lui fallut une journée et demie de voyage pour arriver sur les lieux. Sa première halte fut le bourg le plus proche des lieux. Il y arriva alors que le soleil entamait déjà sa course vers l’ouest. Il devait être dans les alentours de 18 heures.



Acte I : le Bourg à l’orée des bois


A l’orée de bois, le shinobi rencontra un petit attroupement. Une quinzaine de personnes qui étaient regroupées là à échanger sur le phénomène. Il était clair que les Bois nuageux perdaient de leur spécificité. C’était bien visible pour ceux qui avaient l’habitude de s’y rendre. La brume qui couvait toute l’étendue de cette petite forêt se dissipait à vue d’œil. Zennosuke y était venu une vingtaine de fois depuis qu’il avait élu domicile à Kumo. Les premières fois, il avait été impressionné par la densité de la brume en ces lieux. Pénétrer dans ces bois sans un guide revenait à entrer dans un labyrinthe. Ni plus, ni moins. Un sentier sinueux zigzaguait dans la brume et menait au cœur de l’inconnu, dans les profondeurs des bois. Une fois engagé à l’intérieur, on n’y voyait pas à plus de vingt mètres en temps normal. Il était impossible de voir le ciel, et ce, de jour comme de nuit. De fait il faisait toujours sombre et la végétation y était dense, les animaux sauvages, dangereux et nombreux… Vous vous en doutez bien, ces lieux avaient la particularité d’être un repère de brigands. L’endroit idéal pour eux. Le seul dans Kaminari no Kuni où ils pouvaient vivre un minimum tranquille, à l’abri des ninjas de Kumo qui assuraient la police dans le pays. C’était de là que partaient toutes les expéditions de pillage et c’était là que retournaient tous les objets volés dans les contrées voisines avant d’être dispatchés un peu partout dans Kaminari no Kuni.

Zennosuke s’approcha du groupe et entreprit donc d’échanger avec les badauds sur place. Peut-être pourrait-il tirer quelques informations intéressantes d’eux. Il avança droit sur le groupe. A sa vue, le cercle de badaud s’ouvrit naturellement pour progressivement l’entourer. Rien de dangereux ou de douteux. Pour les villageois, c’était juste un ninja de Kumo qui apparaissait enfin sur les lieux, un signe que le Raikage s’intéressait encore à leur sort. Le shinobi était leur espoir, il tirerait assurément au clair la situation. Ces bois étaient brumeux depuis la nuit des temps. Quand bien même il regorgeait que bandits qui venaient mener des pillages dans leurs villages de temps à autres, ils le préféraient ainsi, il le voulaient nuageux. Peut-être par superstition ? Qui sait ? Les villageois se mirent à lui poser tout un tas de question sur son grade, est-ce qu’il avait d’autres collègues dans le coin et encore d’autres questions. En réalité, ils voulaient juste apaiser leurs soucis, se rassurer. Zennosuke l’avait bien compris. Et il leur mentit allègrement. Oui il est jounin. Oui il avait des collègues dans le coin. Très bientôt le RaiKage enverrait des escouades dans le coin nettoyer la zone des pillards. Ce n’est qu’après avoir satisfait leur curiosité qu’il put tirer quelques informations d’eux en retour.

S’adressant à eux, le shinobi commença son enquête. Au bout de cinq minutes, il recueilli des informations assez intéressantes. On lui avait rapporté que cela faisait maintenant trois jours que la brume se dissipait progressivement. Un vieux qui était réputé pour être le somnambule du coin avait affirmé que la veille, alors qu’il déambulait aux alentours de trois heures de la nuit pour prendre de l’air frais après quelques heures d’insomnies, il avait vu de vives lumières rouge sang provenir de l’intérieur des bois. C’était quelque chose d’assez irréaliste qu’il n’avait pas vu se produire de toute sa vie ! Zennosuke le jaugea subrepticement tandis que le vieil homme répondait aux sarcasmes d’un de ses petits-fils. Le bonhomme devait avoir au bas mot 80 ans. Il disait avoir vécu toute sa vie dans le coin. C’est dire de l’étrangeté de la chose. Tout autour de lui, sa révélation avait déclenché de petits sarcasmes ci et là qui commençaient réellement à devenir lourds. On tentait de le tourner en bourrique sans avoir égard pour son âge avancé. Ah la jeunesse ! Zennosuke, lui pourtant, lui accorda du crédit, lorsque leurs yeux se croisèrent tandis que le vieil homme cherchait un soutien dans l’assistance. Le shinobi d’un signe de tête entendu l’amena à poursuivre ses déclarations. La suite ne fut pas plus intéressante que le bout d’information qu’il avait pu recueillir au début. C’est ensuite peu après un autre homme qui se mit à parler d’une malédiction : du fait que le lac majeur à l’intérieur des bois était en train de se tarir par la faute d’une négligence mystique des villageois. Et c’était cet asséchement qui avait causé ce phénomène. Ce point aussi Zennosuke le nota en se disant que, quoique farfelu, il pouvait s’avérer intéressant. Et que l'information était à vérifier de toutes façons. D'une manière ou d'une autre. C’étaient les dernières informations potables qu’il put recueillir.

Il était à présent 19 heures 30 environ lorsque le shinobi prit fin, de manières quelque peu forcée, à son entretien avec le groupe de villageois. Il allait faire nuit dans quelques instants. Il n’y avait pas de temps à perdre. Il est clair qu’il sera délicat de suivre la moindre piste dans les bois lorsqu’il fera nuit ; et ce, quand bien même la brume aurait perdu de son épaisseur. Il fallait bien se lancer pour pouvoir espérer élucider ce mystère. Le plus tôt serait le mieux. Le ninja s’élança alors sans plus tarder.

Acte II : Mystère et boule de gomme


Après une quinzaine de minutes de course à allure moyenne à travers la végétation toujours dense, le shinobi se senti préoccupé par une chose à mesure qu’il s’enfonçait dans le cœur des Bois Nuageux. Cette chose se voulait insistante dans son esprit. C'était un truc, une idée, un sentiment, il ne savait trop. Mais la chose était la présente. Quelque chose clochait. Était-ce lui le problème ? Ou ces lieux ? Était-ce l’étrangeté de la mission qu’on lui avait demandé d’accomplir ou autre chose ? Il ne saurait le dire… Le vent soufflait à ses oreilles tandis qu’il augmentait l’allure instinctivement. Il courrait, ou plutôt voltigeait à travers les arbres en sillonnant le sentier à quelques mètres de lui. Il le tenait bien en visuel. Ce sentier lui permettrait à la fois de retrouver son chemin de retour et d’aller droit au cœur des lieux. C'est subitement que la « chose » qui le préoccupait depuis tout ce temps s’empara de son être entier. C’est par ses narines, en humant l’air ambiant alors qu’il poursuivait sa route en s'enfonçant dans le cœur de la végétation, qu’il comprit quel était le réel problème.

*Le bois a perdu de son humidité* pensa-t-il alors qu’une deuxième bouffée d’air sec pénétrait ses poumons. Le shinobi s’arrêta net sur le coup et descendit au sol. Il plaqua sa main sur la terre et l'y enfonça pour relever son niveau d'humidité. Il avait vu juste. Le sol autrefois plutôt mouillé était à présent dur comme le roc. A peine avait-il relevé la tête qu’une flèche siffla à quelques centimètres de son cou, à l’endroit exact où se trouvait sa tête une seconde avant ! N’eût été la chance il aurait fini empalé comme un vulgaire rat ! La vie lui avait accordé une chance, il ne fallait surtout pas la gâcher ! Le shinobi, alors que la flèche finissait de se ficher dans des fougères à quelques mètres plus loin, se releva à une très grande vitesse. Il n’y avait pas besoin d’être expert en balistique pour savoir d’où venait la flèche qui lui était destinée. Et c’est vers cette direction que le shinobi fila instinctivement en zigzaguant à travers les arbres et en contournant légèrement l’angle du tireur par la gauche. Il espérait pouvoir l’atteindre avant qu'il n’ait le temps de filer. Alors qu’il fonçait ainsi, une, puis deux, puis trois flèches vinrent siffler tour à tour, en l'intervalle de trois secondes, à ses côtés dans les airs sur son flanc gauche. Les choses se corsaient. Au rythme où allaient les choses, il semblait qu’il y avait plusieurs archers dont au moins deux sur sa gauche et un à sa droite à deux heures. Le Genin ne dévia en rien de sa course et continua à zigzaguer vers sa cible : le premier archer. Il ne mit plus longtemps à le débusquer. Le malheureux avait pris l’option de la fuite, ou plutôt de jouer au chat et à la souris en se cachant dans un bosquet. Oui c’était astucieux, mais il avait eu le malheur de s’y engouffrer à l’instant même où le jeune Seki arrivait sur les lieux. Deux shurikens bien lancés par ce dernier vinrent se ficher dans son mollet gauche tandis qu’un hurlement déchirait la nuit et qu’il s’écroulait au pied d’un arbre de grande taille tout juste à côté. Le jeune Seki risquait gros à cet instant précis. Il venait tout juste de s’arrêter sur une grosse branche d’un arbre feuillu et se donnait cinq secondes de réflexion. A cet instant précis, il était indéniable que son « prédateur », devenue sa « proie » savait qu’il était proche de lui mais ne connaissait pas sa position exacte. Restait à savoir est-ce que les autres, eux, avaient pu le voir ou encore est-ce qu’il n’y avait personne d’autre dans les environs immédiats. L’équation était grande et la majeur d’erreur faible.

Les réactions apeurées de sa « proie » lui firent prendre immédiatement sa décision. Sa « proie », parlons-en, était un homme âgé d’une quarantaine d’année. Il avait l’air rustre avec un barbe mal rasée, une physionomie plutôt puissante avec de larges épaules et des mains grandes et fortes. Il devait mesurer dans le mètre quatre-vingt pour plus de quatre-vingt-dix kilos. Mais il avait peur, car il se savait traqué par un ninja. Un ninja qu’il avait tenté d’assassiner et qu’il avait, malheureusement pour lui, manqué. Ses yeux furtivement cherchaient le Genin dans le dédale d’arbres en face de lui. Il perdait visiblement son temps. La densité de la végétation l’empêchait d’arriver à ses fins. Il avait commis une erreur qu’il risquait de payer au prix fort.

*Quitte à mourir, mieux vaut mourir en brave !* se dit le jeune Seki comme pour se donner du courage. Oui il avait peur. Il y avait de quoi tout de même pour un néo shinobi qui était envoyé seul dans les Bois Nuageux, enfin dans ce qu’il en restait. Les lieux étaient sombres, surtout à cause de la nuit qui couvrait l’endroit, et il était seul contre au moins trois ennemis. Il pouvait y en avoir d’autres, il n’en savait absolument rien. Son inexpérience du terrain accroissait encore plus sa crainte. Seul le challenge de la situation pouvait lui donner assez d’orgueil et de courage pour le pousser à aller de l’avant. C’est en plongeant son regard dans celui de sa « proie » une dernière fois qu’il surgit telle un fauve de sa cachette pour fondre sur le malotru. Ce dernier hurla de peur en voyant arriver le shinobi à une vitesse que jamais il n’égalerait. Non pas que Zennosuke ait une vitesse hors du commun, mais plutôt parce qu’entre la vitesse d’un simple mortel et celle d’un shinobi, il n’y avait pas matière à polémiquer. La situation était cocasse. Le puissant homme apeuré face au jeune Genin hurlait déjà sa peur en réclamant clémence de la part du shinobi tout en levant vers lui des bras, qui pris séparément, faisaient deux fois celles du premier cité.

Le shinobi sortit son ninja-tô de son fourreau, attaché sur son dos. Rapidement il plaça son arme sur la gorge de son agresseur. L’arc et le carquois de flèches sur son dos en attestait. Le Genin lui somma de lui donner immédiatement des informations pour le moins cruciales, pour lui en tous cas.

Combien étaient-ils dans le rayon de cent mètres ? L'homme en pleurnichant lui répondait automatique qu’ils étaient six.
Combien d’archers ? L’homme en tremblant répondit quatre.

Il était inutile dans l’immédiat de soutirer plus d’information de ce dernier. Les autres avaient eu le temps de se rapprocher des lieux, le Genin l’entendait bien. Les hurlements du gros gaillard les avaient sûrement alerté. Il devait s’en débarrasser et s’occuper des cinq autres qui l’accompagnaient. Le shinobi utilisa le pommeau de son ninja-tô pour assommer l’homme en lui assénant un coup sec dans la nuque. Puis, il retira ses deux shurikens du mollet de ce dernier avant de grimper à l’arbre en dessous duquel il se trouvait. C’était simple, il allait attendre patiemment que les cinq autres viennent à lui. Il les entendait et les savait proche. A peine s’étaient-il caché à sur une branche bien feuillue qu’arrivèrent, les uns après les autres, les cinq « collègues » de l’homme qu’il venait d’assommer. Trois autres archers apparurent leurs arcs bandés, prêts à tirer. Ils avançaient vers leur « ami » en protégeant leurs arrières mutuellement. Puis apparurent deux autres hommes armés d’épées. Ils étaient tous prêt au combat, leurs armes, prêtes à être utilisées. Ils échangèrent à voix basse, avant que l’un d’eux ne se saisisse de l’homme à terre pour le porter sur le dos. Et tous les six, s’enfoncèrent dans les bois. Ils étaient toujours prêts pour combat, mais à présent ils étaient désavantagés. Que croyaient-ils ? Que le shinobi était parti ? Laissant leur ami inconscient ? Quel ninja aurait agi de la sorte ? Ils manquaient sérieusement de jugeote pour penser ainsi.

Zennosuke les suivit de loin en faisant le minimum de bruits. Sa course l’avait éloigné de la route qu’il ne voyait plus et il se sentait s’enfoncer vers le cœur des bois via un chemin inhabituel qu’il ne connaissait pas. Les hommes au sol s’étaient relayés après une dizaine de minutes de marche. L’homme était lourd et le chemin qu’ils avaient emprunté difficile. Ils allaient marcher encore une dizaine de minutes encore au minimum s’ils s’étaient relayés. C’est prévisible. Néanmoins, plus ils s’enfonçaient vers le cœur des bois, plus la végétation devenait moins dense, plus espacée. C'était le contraire qui devait se produire. L’air de plus en plus sec avait certainement eu des effets sur la brume qui avait perdu de son épaisseur. Au stade où ils se trouvaient on ne pouvait d’ailleurs même plus parler de brume. Il n’en était rien, il n’y en avait plus à vrai dire. Au loin une vive lumière rouge sang émanait d’une sorte de clairière et une colline semblait s’y déplacer. Le vieux villageois avait vu juste. Il incombait au Genin de prendre ses précautions s’il ne voulait pas se faire prendre à présent car au moindre écart, les archers encore vigilants détecteraient sa présence.

Les six hommes marchèrent encore une quinzaine de minutes avant de faire halte devant un petit cours d’eau. Là ils réveillèrent l’homme que le Genin avait assommé avant de lui rincer sa blessure et de lui faire un bandage. Ils avaient échangé avec lui sur ce qui s’était passé lorsque le shinobi s’était approché de lui et de la raison pour laquelle il avait hurlé. De sa position Zennosuke n’avait pas pu tout saisir de la discussion, mais il avait compris la situation en se basant sur les regards méfiants que jetaient les archers de toutes parts ainsi que sur les gesticulations mesurées de l’homme qu’il avait assommé. Après s’être accordés cinq minutes de plus, le six hommes avaient pénétré dans une grotte non loin de là. C’est à ce moment que le Genin se mit à regretter ce qu’il avait fait jusqu’ici. A six malgré leurs arcs, il aurait pu leur tomber dessus, les neutraliser et espérer tirer encore plus d’information d’eux. Mais là, c’était mort ! Il aurait pu tuer les cinq et laisser l’un vivant. Enfin c’est ce qu’auraient fait d’autres shinobis à sa place, mais lui n’avait encore eu à se confronter à la mort, à la donner. Secrètement, il redoutait l’instant où il aurait à le faire. Les choses se corsaient. Si c’était un piège, c’était rondement bien joué de leur part et à la fois risqué pour eux. S’ils étaient entrés dans un trou à rat, et que le ninja s’y introduisait à son tour les choses allaient être terribles. Terribles pour tout le monde. Que faire ? S’introduire dans la grotte le mettrait à découvert au moment même où il y entrerait. S’ils lui avaient tendu une embuscade, il était foutu ou quasiment… Il fallait agir. Cela faisait maintenant cinq bonnes minutes que les hommes s’étaient introduits dans la grotte. Il fallait faire un choix et vite. Si cet endroit avait une autre issue, ils pouvaient être loin à l’heure qu’il est. Un coup d’œil au loin lui fit remarquer les lumières vives rouge-sang et la colline qui se déplaçait. C’était tentant, mais quelque chose en lui lui disait que s’il ne suivait pas les six hommes, il lui manquerait un truc. Quelque chose d'important...

Acte III : Dans la vie il faut savoir faire des choix

Dans la vie, tout était question de choix. Le Genin se donna deux minutes supplémentaires de réflexion et pénétra à son tour dans la grotte. Il surgit de sa cachette à nouveau et entra dans la grotte en zigzaguant avec toute la vitesse dont il était capable. Rien, nul ne l’avait attaqué et il était à présent à l’entrée de la grotte. Un long tunnel s’engouffrait dans les entrailles de la terre en partant de l’entrée. Les traces de pas sur le sable mouillé du sol, contrastant avec celui du dehors, indiquait la présence d’eau à l’intérieur. Et il semblait que les lieux étaient habités. Le Genin silencieusement s’engouffra à l’intérieur de la grotte. Aucun bruit, si ce n’est un silence assourdissant bourdonnant à ses oreilles. Ce silence et son cœur battant la chamade dans sa poitrine et faisant écho dans ses oreilles étaient les seuls bruits qui lui furent donnés d’entendre alors qu’il s’enfonçait depuis près de cinq minutes pas à pas dans la grotte. Il faisait sombre, de plus en plus. Le Genin s’avançait en tatonant dans le noir. Ce n’était pas prudent c’est sûr, ça sentait l’embrouille à plein nez, c’est évident ! Mais le Genin s’était engagé, il ne pouvait rebrousser chemin. Il se tenait prêt à mesure qu’il avançait dans le noir.

C’est alors que subitement, une fulgurante douleur s’empara de son corps. Sur le coup, il poussa un terrible hurlement tandis qu’il s’écroulait sur le sol. Il n'avait pas entendu le claquement sec qui allait de pair avec le mal ressenti. De sa vie jamais il n’avait éprouvé une telle douleur. Ses nerfs en étaient à vifs et le moindre mouvement de son pied gauche lui faisait éprouver une douleur indescriptible. Les lumières s’allumèrent tout autour de lui tandis que des hommes, armés jusqu’aux dents, s’approchaient de lui. Échec de la mission. Comme un minable il avait perdu à sa première mission ! Sa vision était devenue trouble tandis qu’il quittait l’état d’obscurité à celle de luminosité totale. Son regard longea son corps jusqu’à sa jambe gauche pour lui permettre de comprendre ce qui lui causait cette douleur. Il put constater qu’elle était prise dans une grosse et lourde mâchoire de fer. Un piège à loup ! Quelle honte ! Des hommes s’étaient réunis autour de lui rapidement. Un arc se banda au-dessus de sa tête et derrière l'arc, un sourire narquois. Un des six lui montrait l’instrument qui allait causer sa perte. Et l’homme tira !

(...) Trois secondes s'étaient écoulés. Un instant qui lui avait paru durer une éternité. Bizarrement durant ce laps de temps, il n'avait plus rien ressenti, aucune douleur. C'est celle-ci qui, revenant progressivement, le poussa à "revenir sur terre".

Zennosuke rouvrit les yeux. Il était toujours au même endroit. Toujours entouré d’une quinzaine d’hommes armés et de l’archer qui le regardait hébété et regardait tour à tour un homme couché à terre dans un interminable va et vient de la tête. L’homme à terre gisait dans son sang, la flèche lui avait transpercé l’abdomen et était allé blesser un autre derrière lui. Ses ennemis n'avaient pas saisi ce qui s'était passé, mais lui s'était fait une idée. C’était son pouvoir héréditaire, celui qui l’avait protégé il y a 9 ans de cela qui s’était manifesté instinctivement, à nouveau. Le jeune Seki avait appris à présent à générer ce pouvoir spontanément de lui-même. Mais aujourd’hui, le phénomène qui s’était déroulé plusieurs années plutôt était réapparu. Son corps avait réagi seul et l’avait protégé grâce à son pouvoir héréditaire. Ses adversaires eux ne pouvaient le comprendre. Et pour sûr que cette incompréhension allait générer de la peur. Trouvant les forces d’il ne savait où le Genin tenta de profiter de la situation et du rapport de force inversé. Enfin, c'est ce qu'il croyait. Il lança des menaces à l’encontre du groupe :

« Vous avez intérêt à m’enlever ses fers de vous-mêmes autrement je peux vous assurer que vous allez le regretter. » Il l’avait dit de manière claire, sans ambigüités. Ses yeux fixaient l’archer qui un instant avant avait souhaité sa mort. Les hommes autour de lui hésitèrent. Le Genin fit mine de se lever, l’assemblée recula. C’est alors que l’homme qu’il avait assommé quelques temps plus tôt se manifesta parvint au premier rang et entreprit de lui retirer ses fers. De la gratitude et de la peur se mêlaient dans son regard qu’il avait furtivement échangé avec le Genin. Zennosuke compris sur l'instant, instinctivement, qu’il pourrait s’en faire un allié. Une fois libéré, le Genin se releva en s’appuyant sur le mur. Il ne devait pas montrer trop de signe de faiblesse bien que sa jambe semblait cassée et que le sang avait imbibé sa tunique tellement il avait coulé. Il n’y avait à présent que le bluff qui pouvait le tirer d’affaire. Jouer sur les peurs des uns et des autres pour tirer son épingle du jeu. Il était prêt à tout à présent car sa vie était en jeu. Les hommes en face de lui également avaient peur, mais aucun n’avait reculé. Leurs regards étaient toujours menaçants et pleins de reproches envers leur compagnon qui venait de le libérer des mâchoires de fer. Un moment de tension s’installa entre lui et le groupe pendant une dizaine de secondes qui lui parurent interminables. Les regards se durcissaient de part et d’autres. Ils n’osaient pas attaquer mais ils en avaient envie c’était palpable. Et c’est le plus téméraire d’entre eux, en première ligne qui déclencha les hostilités. Il tenta un coup de pied sur la blessure du Genin, que ce dernier évita sur un déplacement de côté qui lui sembla si douloureux qu’il crût expirer sur le coup. Sa vie se jouait actuellement ! Et il fallait rester éveillé et surtout, il fallait réagir ! De grosses gouttes de sueurs perlaient sur son front tandis qu’il sortait rapidement son ninja-tô et en donnait un coup sur sa droite en direction de son agresseur. le coup était parti machinalement. Il était sec et il rentra dans la chair de ce dernier comme dans du beurre. Le Genin n’y prêta pas attention, trop préoccupé qu’il était par ce qui suivait. Les autres avaient réagi. Certains bandaient leurs arcs en sa direction tandis que le Genin de sa main gauche venait de distribuer des shurikens à la petite foule qui s’était massée devant lui. Les petits engins de la mort firent leur lot de victimes. Des gars du premier rang. Cinq tombèrent d’un coup blessés ou morts en devenir selon l'endroit où s'étaient fichés les objets métalliques. Il en restait moins d’une dizaine que le Shinobi dû attaquer séance tenante. Il sauta littéralement sur le plus proche en hurlant, plus de douleur qu’autre chose, pour d’un coup écarter l’arme qui le protégeait et d’un autre lui planter son ninja-tô dans la poitrine. Les flèches avaient sifflé dans son dos tandis qu’il avait bondit sur le bonhomme le plus près de lui. combien de temps allait durer le carnage ? C’était la question qu’il se posait lorsqu’une voix raisonna dans la grotte.

« Arrêtez ! C’en est assez ! » L’homme qu’avait épargné Zennosuke s’interposait à nouveau. Les six autres encore valides s’arrêtèrent net. Leurs narines frémissaient de rage, mais ils se savaient vaincus ou du moins le croyaient. Ce n'était que la crainte de ne pas avoir une chance de survivre qui pouvait les pousser à continuer le combat. Un shinobi contre une quinzaine de brigands et la moitié des quinze était à terre gisant au sol mort ou souffrant de leurs blessures. Il y avait quatre qui avaient déjà expiré et un qui semblait sur le point de rejoindre les quatre autres. C'en était assez, il est vrai. Heureusement d'ailleurs, Zennosuke ne pouvait en faire plus. Les nerfs sur ses tempes battaient à lui rompre le cerveau. Il risquait de s’évanouir d’un moment à l’autre.

L’homme qui avait fait cesser ces inutiles combats répondait au nom de Ly. C’était ainsi que ses camarades l’avaient appelé alors qu’il demanda au Genin ce qu’il leur voulait et qu’il lâchait progressivement des infos. Était-ce la jeune fille qui l’intéressait ? Ou était-il venu pour la bête ? Les idées du Genin se remettaient en place tandis que Ly avouait, sans le savoir des choses que le jeune Seki n’aurait même pas imaginé. Il venait d’affirmer qu’il en savait énormément sur ce qui intéressait le shinobi. Décidément ! L’idiotie de ce Ly était sans commune mesure ! Une aubaine pour Zennosuke !

« Je suis venu pour la jeune fille en effet. Et vous avez intérêt à me la livrer et me dire tout ce que vous savez sur la bête. D’autres ninjas de Kumo sont dans les parages. Dîtes vous bien que tôt ou tard ils me trouveront et c’en sera terminé pour vous. Ils sont bien plus terribles que moi… » Avait-il ajouté pour les intimider davantage. Puis il se tut et les observa. La balle était dans leur camp. Ly le jaugea rapidement à nouveau et demanda à l’un des archers d’aller lui ramener la fille. Pendant ce temps, il accepta de coopérer.

« Tu comprends, nous, ce n’est que l’argent qui nous intéresse. Nous en avons besoin pour nourrir nos familles. » Il fit une pause, regarda ses copains qui soulevaient les blessés et leur portaient assistance, puis il continua :

« Ryu va nous tuer si nous libérons la fille, nous voulons que tu nous promettes de nous laisser partir libre sans que tes gars ne nous traquent. » Zennosuke acquiesça de la tête pour lui demander de poursuivre. « La fille est liée à la bête depuis son plus jeune âge. C’est elle seule qui sait l’apaiser et l’appeler. Nous l’avons capturé vers les montagnes Kaminari no Kuni lorsque nous avons su ce dont elle était capable, au cours d’un sac dans un village, quelque part là-bas. Notre chef Ryu voulait vendre la bête et pourquoi pas la fille à quelques nukenins à prix d’or. Il nous fallait une cachette et nous n’avions d’autres endroits que le Bois Nuageux pour cacher la bête et l'enchainer jusqu'à que l'ont trouve un acheteur… » Il allait poursuivre, lorsque Zennosuke le coupa.

« Quelle est cette bête dont tu parles ? » Il prononça ces mots en grimaçant. La douleur était très forte et il continuait de suer à grosses gouttes. L’archer revint avec la « fille » dont il parlait quelques instants auparavant. Elle était belle évidemment. Les cheveux bruns et longs. Un beau visage, pâle mais fier avec des sourcils épais. La jeune fille était gracieuse dans son maintien et sa démarche. Elle semblait en pleine forme et c’est d’ailleurs elle, qui, fixant de ses yeux noirs Zennosuke, répondit à sa question.

« Il parle de Haru. C’est un Tatoo géant avec qui je me suis lié d’amitié depuis mes six ans. Ils l’ont capturé et Haru est en colère. » Le ton était sûr, aucune hésitation n’était perceptible. C’était vraisemblablement la seule qui soit apte à contrôler la bête un minimum. Le jeune Seki n’avait aucune idée de ce que pouvait être un tatoo. Il posa la question. Ly répondit. Il expliqua à quoi ressemblait la bête, sa taille et sa capacité à brûler tout ce qui l’entourait. C'était ce feu qui consumait la végétation et qui détruisait l'humidité des lieux. Et c'est à cause de cette perte d'humidité que le Bois Nuageux perdait de sa particularité. Le tatoo était à plus d’un kilomètre de la grotte. Attaché par de lourdes et grosses chaînes que les brigands avaient mis plusieurs mois à faire confectionner. Une centaine de gardes étaient à ses côtés lui prodiguant nourriture et boisson depuis trois jours et le tenant en respect ou tentant de le faire. Ryu était parti négocier sa prise avec des Nukenins. Bientôt il serait de retour... Il fallait que Kumo réagisse avant.




Épilogue


Tout s’était éclairci en moins de temps qu’il ne l’aurait cru. Son enquête était terminée. Enfin presque. Il ne pouvait s’en retournait à Kumo sans avoir vu la bête en question de ses yeux et sans avoir vu, senti de lui-même les dégâts qu’elle avait causé aux Bois Nuageux. Sur son ordre, et avec l’appui de Ly, ils répartirent les effectifs. Ly et lui-même s’en iraient voir la bête tandis que le reste de la troupe irait à la lisière des Bois non loin du petit bourg pour les y attendre dans un endroit qui n’éveillerait pas de soupçons de la part du reste des brigands cachés dans les bois. C’était un risque, mais dans la vie tout est question de choix. Zennosuke risquait de perdre la jeune fille Inuki si elle se faisait capturer à nouveau ou si les compagnons de Ly le trahissaient, mais d’un autre côté sa mission ne portait pas sur cette jeune fille. Elle n’était qu’un bonus qui permettrait d’organiser une autre mission pour les Kumojins. Il apparaissait clairement au Genin qu'une nouvelle serait lancée à la suite de celle-ci. Dans l'immédiat, le jeune homme tenait à terminer sa mission proprement.

On l’aida à se confectionner une attèle pour sa jambe et ensuite le groupe se scinda en deux à la sortie de la grotte. Les survivants du carnage ainsi que les gars valides partirent avec la fille en direction de la sortie tandis que Ly et Zennosuke s’enfonçaient au cœur de la forêt. Les deux derniers cités avaient conclu un accord. La protection de Kumo pour le petit groupe et leur famille en échange de la fille. Ils espéraient pouvoir se reconvertir et faire un travail digne au sein du village ninja. Zennosuke avait accepté. Bien entendu il n’avait aucun pouvoir de décision à Kumo, mais il lui fallait obtenir ce qu’il voulait. Il espérait juste que ses supérieurs ne se rabaisseraient pas au point de rompre ses engagements à lui. Il fallut trois bonnes heures au duo pour arriver, par des moyens détournés, assez près de la bête pour permettre à Kumojin de se faire une idée précise de la chose. Il avait fallu le double au duo pour atteindre l’entrée des bois et rejoindre le groupe. Le Kumojin était à bout de force, mais il lui fallait faire encore un effort surhumain. Il dû se « doper », pour ne pas dire se droguer, durant les deux jours de voyages qui le menèrent à Kumo. Ce n’est qu’une fois arrivé aux portes de la cité qu’il consentit à se laisser aller après avoir recommandé aux gardes de prendre soin de Inuki spécifiquement et du reste du groupe. Le coma s’empara de lui.

C’est deux jours après qu’il put se réveiller et rédiger à la hâte, sur son lit d’hôpital, son premier rapport de mission après s’être enquis de la situation d’Inuki et de Ly et de sa troupe. Ces derniers avaient été hébergés et traités comme de dignes hôtes. Les blessés avaient été pris en charge en attendant que Zennosuke donne ses explications. Ce qu’il fit au sein du rapport. Il espérait à présent que les autorités du village seraient assez conciliants pour lui pardonner son état de faiblesse et le temps qu’il avait mis à renseigner son rapport de mission.

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