Une très belle journée s’annonçait. Un joli soleil donnait une somptueuse couleur au village, et une chaleur supportable. Gin se réveilla lentement, très lentement, comme à son habitude. Il n’avait rien aujourd’hui. Ce que j’entends pas « rien », ce sont bien sur les ordres de missions qui atterrissaient chez lui de plus en plus fréquemment. Il allait pouvoir souffler un petit peu dans sa vie de Genin et prendre du temps pour lui, quoique, il en prenait déjà suffisamment au sortir de son lit. Cette matinée, il ne savait pas réellement à quoi la consacrer. Bizarrement, il aurait pu passer quelques heures encore dans les bras de Morphée mais il avait essayé de s’intégrer une routine qui ferait qu’il se lèverait tous les jours à cette heure-ci. Tu parles… Dans deux jours il laissera tomber et récupèrera son habitude. Les résolutions et lui, c’est une histoire bien spéciale. Il se prépara lentement, passant une longue demi-heure sous sa douche, savourant un petit-déjeuner qui allait lui tenir l’estomac pendant quelques heures et il finit par s’enfuir de son appartement, prenant bien soin de fermer derrière lui. Ah, les journées d’été. Il adorait ça. Où est-ce qu’il allait aller ? Il n’avait pas d’idée concrète. Il allait surement se balader, rien de plus, ou peut-être s’entraîner aux terrains près du palais ? Oh c’était une bonne idée, il avait besoin d’entraînement, son niveau actuel l’empêchait d’avoir un quelconque impact dans ce village, en d’autres termes, il ne servait à rien.

Il prit tout son temps car rien ne le pressait, il ne s’attendait à rien, aucune mission à lui assigner, aucun service à rendre, rien, il traçait sa route, les yeux rivés de droite à gauche, saluant les passant qu’il connaissait, car oui, cinq ans à Kiri, vous en connaissez des gens. Il arriva sur les lieux. Ses pupilles se placèrent à présent sur le Palais qui se tenait près de lui, palais qu’il avait visité il n’y a pas très longtemps de ça en compagnie de Yuka et de la pseudo-femme, Jaden, afin de rencontrer le Mizukage. Ouais, le Mizukage. Il n’était pas si impressionnant que ça finalement, l’Hasegawa s’attendait à mieux, quelqu’un d’un peu plus mature, mais non. Au lieu de ça, cette réunion a vite tourné en bataille de nourriture où les trois Genins ne se sont pas gênés et se sont entretués. Oui, un épisode à voir, des gamins comme ça, on n’en voit plus beaucoup. Il attrapa son arme et s’exerça à la manier correctement, car le blond, quelques fois, perdait le contrôle de son arme et donc elle lui échappait de ses mains et ça avait tendance à rompre toute crédibilité et l’adversaire ne le prenait plus trop au sérieux. Même sur un truc aussi basique que ça, il lui fallait encore de l’entraînement. Il se mit donc à faire glisser l’arme entre ses doigts, la faisant circuler de plus en plus rapidement puis il la rangea. Il devait encore exploiter les capacités de cet objet, car il avait beau maîtriser quelques techniques, il en voulait d’autres, et ce n’était pas tout seul qu’il allait apprendre, il fallait quelqu’un de compétent pour l’assister, mais il n’y avait personne, mis à part son senseï, occupé aujourd’hui. Tant pis. Après une bonne heure d’entraînement, il rangea ses affaires et se mit en route ailleurs. Il voulait visiter les échoppes et peut-être ajouter quelques gadgets à son inventaire.

« Bonjour. »

Lança-t-il en s’adressant au vendeur lorsqu’il mit le pied à l’intérieur de la boutique. Le paradis du shinobi lambda. Oui, c’est surement ici que tous les Genins viennent se réapprovisionner en matière d’équipement. Lui n’en possédait pas tellement, à part quelques shurikens, des kunaïs, quelques senbons et des parchemins, il n’avait rien de bien intéressant. Il lui fallait des choses plus originales. Oh, des bombes fumigènes, ça c’est intéressant, mais en même temps tellement tactique. Gin n’aimait pas tellement ça, la tactique, ce n’était pas le type qui irait jusqu’à établir un plan dans un combat. Enfin, il peut le faire aisément, il est très intelligent et a une vision des choses très intéressante, mais il est flemmard. Et c’est surement ça qui va l’empêcher d’atteindre des grades plus élevés.

« Merci, bonne journée ! »

Voilà, ses achats étaient à présent terminés. Qu’avait-il ajouté à son choix d’équipement ? Oh, des bombes fumigènes. Oui il fallait tout de même qu’il utilise de son cerveau pour faire la différence dans les combats. C’est très contradictoire à son attitude, mais il allait tout de même essayer. Il retourna donc dans les terrains d’entraînement qu’il avait cotoyé un petit peu avant. Il allait passer un petit peu plus de temps ici, il le fallait. Quelques autres shinobis trainaient un petit peu plus loin. Il s’en moquait.

« Bon… C’est parti. »

Non. Il avait vu quelqu’un s’échapper par une fenêtre depuis le Palais du Mizukage. Oh, c’était intéressant. Il rangea son sabre et se dirigea vers l’édifice, essayant de suivre l’individu qu’il avait vu se rattraper d’un saut de plusieurs étages. Quelqu’un se tenait là, à fumer une cigarette contre un mur, capuchonné. Qui cela pouvait être ? Il ne distinguait pas cette personne, le bâtiment cachait le soleil et les glissaient dans l’ombre. Que disait-il ? Que Gin n’arrivait pas à comprendre la situation et qu’il cherchait à l’acheter avec un simple apprentissage d’une technique ? D’accord. Marché conclu. Et puis de toute évidence, ça fera toujours une occupation au Genin qui pensait que sa journée allait être d’un ennui absolu. Il souria aux yeux de la personne qu’il finit par reconnaître et qui n’était rien de plus que le régent de Kiri, le type qui était chargé de s’occuper du village pendant l’absence du Mizukage.

« Je comprends pas que tu viens de sauter de ton propre Palais pour te fumer une p’tite cigarette ? C’est dur d’être régent de Kiri, hein, faut pas sécher par contre, ça c’est pas sympa. Oh, tu veux me corrompre avec une technique ? Nan mais tu rig… D’accord, je suis d’accord, et puis après tout, je n’ai rien vu, rien entendu, hein. »

Le travail d’un dirigeant était si compliqué que ça ? Gin pensait que oui. Mais il allait profiter de la situation à son avantage, comment pouvait-il être autrement ?

L’homme qui se tenait près de lui, il le connaissait. Enfin, la hiérarchie de ce village a fait qu’il ne peut pas être un inconnu aux yeux des habitants, faire partie de l’élite de ce Pays peut vous donner une certaine renommée, une réputation qui fait que personne ne vous oublie et ancre votre nom dans leur mémoire. En revanche, le manieur d’épée ne voyait pas le borgne assez souvent, puis qui dit haut grade dit toujours un statut occupé et on vous confie souvent des tâches tantôt ingrates, tantôt jouissives. Jouissives dans le sens où on vous attribut souvent des missions et elles se montrent particulièrement intéressante. L’Hasegawa en avait remplie plusieurs dernièrement et ça n’était pas réellement ce à quoi il s’attendait. Mais son grade semblait l’en empêcher. Il ne pouvait pas viser plus haut que ce qu’on lui offrait. Là n’était pas le problème. Le réel souci était que sa progression n’était pas en phase ascendante mais elle tendait à stagner et donc le kirijin avait ce sentiment de faiblesse au fin fond de lui et que son utilité dans ce pays pouvait être remise en question. Être genin à son âge n’était pas dérangeant selon lui, beaucoup de shinobis de ce grade-là possèdent un niveau bien plus supérieur et donc ils s’en tiennent juste à leurs capacités plutôt qu’à la valeur hiérarchique qu’on leur attribue. Il fallait qu’il acquière toutes choses qui permettraient de le faire progresser et donc cette situation lui convenait parfaitement.

Ce pseudo-chantage avait été plutôt facile. Il n’avait même pas eu besoin d’utiliser ce moyen par ailleurs. Le borgne savait que le Genin était capable de le dénoncer et de le rendre aux mains de sa secrétaire, mais là n’était que du bluff. En effet, il n’aurait jamais fait ça, son respect pour les haut-gradés du village l’en empêche. Il se doutait que son travail devait être des plus ennuyants quand il concerne l’administration. Le fait est qu’il allait profiter de ce cadeau pour acquérir une nouvelle technique à son faible inventaire de jutsus. Lui devait en avoir un plus important, il pouvait s’en servir comme monnaie d’échange et donc faire taire les potentiels témoins, c’était plutôt… pratique. L’Hasegawa déposa ses pupilles sur le régent, le scrutant de haut en bas. Il n’avait jamais eu l’occasion de le voir de si près. Finalement il ne s’attendait pas à un homme de cette taille. Il aurait plus vu quelqu’un de plus grand, plus imposant, à la musculature plus développée, mais il n’en était rien. Il s’avérait qu’il était plus petit que le blond, de quelques centimètres, ce qui l’étonnait beaucoup. Les attentes du shinobi n’étaient pas là, il pensait bien évidemment que le Régent de Kiri était quelqu’un d’assez majestueux, olympien, avec un corps très bien bâti, très travaillé et qui résulterait des années d’expériences que l’homme offrait à ce métier, mais il fut surprit de découvrir que non. Mais dans ce monde, la dernière chose à faire est de se fier aux apparences. C’est une énorme erreur que de faire ça car à défaut de ne pas être quelqu’un à la carrure royale, il serait capable écraser notre ami en quelques secondes, sans avoir besoin d’utiliser ses poings. Il ne vous faut sous-estimer personne dans ce monde, et Gin adoptait ce comportement.

Il se mit donc à suivre le haut-gradé qui allait lui apprendre ladite technique. Celui-ci cherchait à se cacher de la foule, ce qui était normal. Après avoir zigzagué dans plusieurs ruelles, avec le régent qui utilisait l’Hasegawa comme un bouclier pour ne pas être aperçu, ils arrivèrent donc au terrain d’entraînement qu’ils allaient utiliser pour travailler. Un rocher attira l’attention du régent et il observa celui-ci exécuter le jutsu qu’il allait acquérir. Une sorte de jet d’eau qu’il propulsait depuis sa bouche. Cela avait pour but de créer un puissant impact sur la roche. Un jutsu à mi-distance donc. Intéressant. Il fallait maintenant que l’intéressé transforme cela en un joli rayon de foudre. Il aurait pu prendre le temps de s’exercer afin de faire sortir l’élément par sa cavité buccale, mais il préférait opter pour un autre endroit donc il avait plus l’habitude : tout simplement la main. L’élément que Gin possédait, dans la plupart de ses jutsus, s’expulsait depuis ses pattes. Il trouvait ça légèrement plus simple et il n’allait pas s’amuser à concentrer son chakra à un autre endroit, cela lui nécessiterait beaucoup plus d’apprentissage, donc beaucoup plus de temps.

« Ah, je vois. Je ne pense pas qu’employer cette technique par cette voie soit une bonne idée, je n’ai jamais réussi à exercer mon chakra à cet endroit. Hmm ? Ah. Mes excuses. Gin, Hasegawa Gin. Je suis un Sabreur de ce village et cette épée possède une excellente maîtrise du Kinton, bien que je ne sache pas la maîtriser correctement. Quant à toi, je sais qui tu es, inutile de dévoiler ton identité. »

L’explication perturba un petit peu le ninja qui n’aimait pas tellement le côté théorique de l’apprentissage en général. Il se plaça devant un rocher, cette fois-ci intacte, et il débuta. Il devait simplement concentrer son chakra en un point, exercer les deux forces annoncées par son supérieur. Il ferma les yeux, fit affluer l’énergie dans son corps et en soutira une bonne partie qu’il glissa dans ses bras. D’un mouvement sec, il avança son bras et un léger éclair s’échappa de sa main, pas plus fin qu’un centimètre de rayon, ne faisant presque aucun effet sur la roche si ce n’est que d’y laisser une moindre trace. Oui, ce n’était pas aussi simple que ça semblait l’être.

« Apparemment, je suis peut-être un petit peu trop confiant. C’est plus compliqué que ça en a l’air. »