[Mission de rang B] Un mariage sanglant. Duexième partie. (PV: Jisetsu Sei)

Partie 1

Résumé rapide: les deux chûnins se sont rencontrés aux alentours de l'un des ports de l'île centrale du pays de l'Eau. Après quelques brefs échanges sur leurs atouts, les deux jeunes hommes s'étaient simplement montré patient pour ce long voyage.

Des cris... Mais sans panique... Des cris normaux en quelque sorte. Des cris d'hommes s'affairant à amarrer un navire d'une taille respectable. Ce fut dans cette ambiance pressée que les yeux du Kirijin s'ouvrirent d'un coup net. Il se leva rapidement et se prépara à descendre. La faim lui torpillait l'estomac et le souvenir de la tempête de l'avant-veille lui trottait encore dans la tête. Ses anciens voyages à bord d'une embarcation s'étaient montrés moins tumultueux mais il était en vie et arrivé sur la terre ferme.

Kiru: * Enfin terminé... Et dire qu'on va faire la même chose au retour... Quelle galère. *

D'un pas énergique tout de même, il quitta le bateau sans demander son reste. Il était habillé à peu près de la même façon qu'au départ et portait toujours sa lame dans son dos, à la main, un sac à dos qui contenait armes, accessoires ninjas et vêtements, après tout, la durée de cette mission était encore indéterminée.
L'endroit était plein de monde, c'était un port assez grand où de nombreux navires y était accosté. A la faible lueur du soleil, on pouvait comprendre que le matin venait d'arriver et la tempréature ambiante, alors presque à son minimum avait lourdement frappé l'habitué des zones froides et humides. Le petit monde du Pays du Feu s'affairait à leur commerce quotidien, le port ressemblait à une grand-place avec tout ce qu'il fallait: boutiques, restaurant, cafés... L'estomac de Kiru était ravi mais il n'irait pas se faire plaisir tant qu'il ne retrouvait pas son collègue.

Malgré ses quelques minutes de réveil, ce fut d'un regard vif que le jeune chûnin du village caché de la Brume recherchait son coéquipier, le fameux Jisetsu, qui avait une personnalité intéressante du point de vue du sabreur. Il sentait qu'il allait l'apprécier à l'avenir même si sa première impression n'avait pas été la bonne.

▬ Hmmm... celui-ci !

Avec une énergie insoupçonnée, le Kirijin désigna l'un des trois gobelets en porcelaine lui faisant face sur une caisse en bois, qui vraisemblablement avait été malmenée. C'est sur cette table-basse improvisée qu'un vieux fou défiait les étrangers amarrant à ce port, à un jeu vieux comme le monde. L'un des verres dissimulait une petit bille maligne, habilement trimballée d'une timbale à une autre par cet ancien qui fumait docilement son kiseru. Bien qu'il n'avait pas l'air farouche, il fallait s'en méfier : près de ses sous, il avait la réputation, selon les mômes du coin attirés par l'audace de Sei, de ne se réveiller qu'a l'appel de l'argent. Sans un mot, il jouait de ses godets comme d'un instrument, avec précision et minutie.

Lorsque le "jeune homme à la cigarette" lui désigna l'un de ses saints Graal, il le souleva de ses longs doigts osseux, échappant un rictus à peine audible lorsque aux yeux de tous, il apparut que le Jisetsu avait perdu. Ce dernier tapa son genoux avec frustration, tandis que les gamins formant une ronde autour des deux duellistes s’étonnaient bruyamment.

▬ Dis-moi, jeune étranger. T'y es bien sûr d'avoir la main heureuse aujourd'hui ? J'voudrai pas t'ruiner, même si à ce train là, j'y donne pas cher de ta peau...
▬ T'en fais pas papy, la prochaine c'est la bonne, et c'est toi qui devra mettre la clé sous la porte !

Sans en dire plus, il fit signe au doyen de recommencer, lequel s’exécuta avec un sourire en coin. A ce moment, Sei transforma son regard insondable en une paire de pièces dorées. Le Kinnegan. Son astuce peu orthodoxe lui permit de faire appel à ses dons de shinobis du clan Jisetsu pour décrypter les mouvements de ce vieillard un peu trop confiant. Cette fois, Sei savait parfaitement vu où se trouvait la bille. Contrairement à ce qu'il croyait, son vis-à-vis ne trichait pas, et cachait derrière ses mains ridées, une dextérité rare. C'est avec une arrogance incroyable qu'il souleva le gobelet en question, dévoilant ce qui était presque devenu une perle tant la valeur de la mise avait grimpé au fil des manches.

Alors que le petit comité s’exaltait et que le Jisetsu bondi sur ce paquet de fric à l'odeur alléchante - comme quoi ,l'argent en a bien une - l'ancien ne l'entendait pas de cet oreille. Ses yeux jusque là clos s'ouvrirent pour se parer d'un regard féroce, et il tira de sous ses frusques, un cimeterre à la lame rouillée, tout en attrapant la main de notre jeune ami.

▬ Sale petit escroc ! T'y as triché j'en suis sûr ! Tu tente de m'voler ?! Et ici, sais t'y c'que l'on fait aux voleurs ?!!

Sans attendre de connaître la réponse à cette question, Sei forma un mudra avec sa main restante, et disparu dans un nuage de fumée blanche. L'instant d'après, le vieil homme fendait le vide de son épée rubigineuse.

A travers le foule, Sei regagna rapidement leur bateau, qui avait accosté depuis plusieurs heures déjà. Ils avaient d'ailleurs bien faillit ne pas arriver, mais ça, c'était une autre histoire. Afin de profiter au mieux des lieux, Sei avait pris soin de ne pas réveiller Kiru. Sans doute ce dernier voudrait-il foncer jusqu'au prochain point de chute de leur mission une fois à peine debout. Après un ou deux regards par dessus son épaule pour vérifier qu'aucun vieux fou armé ne le poursuivait, le Jisetsu retrouva son camarade juste devant le navire. L'air de rien, il s'alluma une clope, et rejoignit son collègue.

▬ Yo ! Bien dormi? Tu dois avoir la dalle, on va casser une graine ?

Puis, sans vraiment prendre la peine de savoir si le sabreur avait réellement faim, il mis sa main sur son épaule, pour lui chuchoter à l'oreille, en zieutant les alentours.

▬ Si un taré, genre p'tit papy à l'air bien gentillet, ou alors une catin borgne à la tignasse rose... ou les deux, se pointent et te parlent de moi, fais comme si tu m'connaissais pas...

Mieux vallait ne pas savoir tout ce qu'il avait trouvé le temps de faire en l'espace de quelques heures ici. Comme si tout cela était normal, il joignit ses mains et les posa sur sa nuque, prenant quelques pas d'avance.

▬ Alors, on s'le fait, ce casse dalle ?

Le regard vide de Sei s'illumina lorsque son comparse se proposa de payer l'addition. Il faut dire que son escapade au stand du vieux cinglé lui avait coûté les deux tiers de ses maigres économies. Sans plus attendre, le Jisetsu parcourra rapidement la carte des lieux, avant de se tourner vers la serveuse.

▬ Moi j'vais prendre... euh... ouais ben, un bol de riz, pis avec du tonkatsu... et une soupe miso.

Et alors que la demoiselle tournait sobrement les talons, le kirijin l’attrapa par le poignet, pour lui lancer un regard plus sérieux que jamais. Apparemment, ce qu'il avait a lui dire relevait de la plus haute importance.

▬ Et surtout... une bouteille de saké !

Puis, libérant la jeune femme de son emprise - assez flippante - il se tourna vers Kiru, écrasant tristement le mégot d'une nouvelle cigarette en fin de vie dans la petite coupole couleur brique réservée à cet effet.

▬ Sympa d'payer pour les copains mec.

Il ne fallut pas longtemps à leur nouvelle amie pour apporter la commande dans son intégralité, bien qu'elle insista particulièrement en posant la bouteille d'alcool de riz sur la table, sentant sans doute le regard pesant de Sei sur elle. Elle s’éclipsa rapidement, jetant un coup d’œil par dessus son épaule pour prévoir toute offensive de son client. Ce dernier ne pris pas la peine de louer Buddha, ou une quelconque divinité lui permettant d'avoir une assiette pleine malgré son nombre assez impressionnant d'ardoises dans les différents commerces du continent, avant d'engouffrer d'une seule bouchée la moitié de son repas. Et tandis que le saké descendait à vue d’œil, et qu'il en servait poliment au sabreur, celui-ci décida d'évoquer le passé.

Que Sei faisait-il avant d'être un shinobi de Kiri ? A dire vrai, ce n'est pas ce qui le travaillait le plus : a cette époque, c'était un petit branleur qui passait son temps dans les jupes de son clan, un sale mioche froussard et binoclard. Il savait réciter les douze volumes des parchemins L'Histoire du Monde ou redessiner chaque constellation sans se tromper d'un demi-milimètre, mais il n'était pas foutu de magner un kunai, ou de tirer sur une clope sans crapoter. Cette reflexion, qu'il ne s'était faite qu'a lui-même, amena une conclusion pour le moins malvenue au milieu de la conversation amicale de Kiru.

▬ J'étais une tapette.

Puis, plus parce qu'il appréciait son compagnon que parce qu'il se rendait compte que sa réponse était implicite, il poursuivit, la bouche pleine.

▬ 'allais 'a et là a'ec 'on 'lan... il avala bruyamment ce qu'il mastiquait non moins discrètement deux secondes plus tôt. On allait d'un endroit à l'autre pour étudier des endroits bizarres. Faut croire qu'on avait rien d'autre à foutre que du triturer un carré de terre avec une pince et un gant en caoutchouc. C'tait relou, mais à l'époque j'aimais bien.

Et alors que, par principe, Sei allait retourner la question de son interlocuteur à celui-là même (juste après avoir finit de boire le restant de saké au goulot, peu distingué donc) son teint vira au vert lorsque Kiru lui avoua que le vieux timbré était là. Comment ce grand-père pouvait-il dépenser autant d’énergie à trouver un honnête joueur de la trempe du Jisetsu. Le chûnin se para d'une nouvelle clope, qu'il coinça entre ses lèvres. Aussitôt, une lame rouillée vint se planter violemment dans la petite table qu'ils occupaient, laquelle n'y résista pas, arrachant un sursaut au kirijin. Celui-ci se releva, faisant face à son destin.

▬ Vieil homme... on se connaît? Je ne crois pas. J'accepte de pardonner ton geste un peu brutal, en le mettant sur le compte de ton âge avancé...

Ou pas.

▬ T'y crois p'tet' qu'j'ai la caboche qui fonctionne mal, p'tit escroc ?! J't'y reconnais bien, voleur ! Donne moi ta main !
▬ Que dirais-tu d'une clope, et on est quitte..? Kiru !!

Lançant sa cigarette vers l'ancien, qui n'eut pas le temps d'y comprendre grand chose, Sei bondi vers son collègue, fuyant les lieux en l'attrapant par le bras. La seconde suivante, une explosion juste assez faible pour remettre les idées en place à ce vieillard sénile, mais pas assez forte pour endommager le restaurant, fit œuvre de trace du passage des deux shinobis de Kiri. C'était lâche, grossier, et même pas excusable par le saké que Sei s'était enfilé.

Au moins, ils étaient débarrassés du papy.
Le devoir les attendait.

Encore une escapade qui vaudrait à Sei d'être interdit de séjour dans les parages. Même s'il avait appréhendé les blâmes de son camarade, celui-ci s'était montré amusé par la chose. Le Jisetsu rendit son sourire au sabreur, tout en se disant qu'il avait sans doute épuisé son crédit de bêtises : retard, gueule de bois, triche, explosion dans un restau'... peut-être allait-il falloir se calmer. D'autant que depuis leur départ, les deux shinobis n'avaient pas vraiment fait avancer la mission. C'était décidé, Sei allait se tenir tranquille.

Parole d'homme(?).

▬ Mais... MERDE ! J'ai oublié de racheter des clopes !!

Finalement, le binôme avait trouvé sur la route un petit artisan. Un vieil homme, ce qui lui valu la méfiance du chûnin, prêt à toutes les éventualités concernant le troisième âge. Ce brave homme confectionnait des cigarettes (qui étaient loin d'être dégeu), cultivait ses propres aliments, vendait de la viande séchée. La caravane qu'il trimballait ne payait pas de mine, mais elle avait pris des allures de caverne d'Ali Baba pour les deux kirijins, dont le départ "précipité" du port les avait privé de provisions. La route jusqu’à Ta no Kuni n'avait rien d'une partie de plaisir : il leur avait fallut traverser le pays du Feu, et donc passer plusieurs jours dans une forêt sombre et démesurée. Ils longeaient désormais les étendues désertiques et les rizières de cette petite nation, pas très accueillante. Le soleil capricieux venait de temps à autre harceler leurs yeux gonflés par l'habitude de la pénombre des futaies de Hi no Kuni.

Étrangement, Sei s'était tenu relativement tranquille, a l'exception de quelques bravades avec des bandits de grand chemin, des avances douteuses faites à une des gardes frontières de la nation du feu, et une ou deux rixes avec quelque animal sauvage ayant croisé son regard. Les conversations avec son camarade étaient chaleureuses, et la cohabitation ne semblait pas trop dure - enfin ça, il faudra le demander à Kiru. D'ailleurs, chacun avait un rôle bien défini : le bretteur choisissait le trajet, planchait sur des plans d'opération, et étudiait le dossier du mieux qu'il pouvait pour optimiser le temps. Sei quand à lui... Oublions ça.

▬ Bon. Nous voilà a un carrefour. Si on évite les péquenots de paysans qui ont des services à nous demander, les brigands bourrés qui veulent s'attaquer à leurs hallucinations (dont nous faisons parti) et la pègre locale dont se revendiquait ce sale mioche qui m'a piqué ma bourse, on devrait y être d'ici une heure... nan ?

Il n'en avait pas la moindre idée, mais puisqu'il fallait montrer de l'initiative, autant le faire a fond. Les choses sérieuses allaient pouvoir commencer.

Oh putain.

Oh putain de putain de... Ce que Sei avait pris pour une petite promenade de santé teintée de scène de ménage était en fait une véritable croisade. Par trois fois, Kiru avait faillit finir haché menu, rien qu'en se présentant aux portes de ce qui ressemblait plus à une forteresse qu'un manoir nait du caprice d'une petite bourgeoise. Doucement, le chûnin réalisait les risques de son boulot. Finit les vieux schnocks qui piquent des sacs et les chats perdus en ville ! Mais, même ça, ça n'était pas suffisant pour ébranler le placide de sa gueule d'ange. Extérieurement, c'était zen, posé, genre Buddha. Intérieurement, c'était genre : putain de putain de..!

Après avoir manqué d'embroché son équipier, un autre vieillard, armé cette fois-ci d'une lance, les conduisit à leur cliente. C'est quoi ce délire avec les viocks? Sei n'avait jamais eut un très bon feeling avec eux - d'ailleurs, il n'avait jamais vraiment eut un bon feeling avec personne - mais là c'était pire que tout. Qui avait osé prétendre que Mizu no Kuni était un coin dangereux? Mais le binôme n'était pas au bout de ses surprises : la commanditaire de leur mission, elle aussi, était vieille. Enfin, un peu moins qu'elle n'y paraissait, mais c'était déjà trop ! Elle se baladait avec bien le double de son poids en bijoux, et scintillait comme une boule à facette. Méfiant, Sei s'approcha d'elle, puisque Kiru le plaçait devant le fait accompli. C'était au Jisetsu de faire la conversation. Et il n'étaient pas là pour parler météo.

Progressant à pas de loup, sous les regards ébahis des trois personnages. Il était grotesque, et ça ne semblait pas faire rire la bonne femme. Ses yeux qui avait déjà vu un peu moins d'un demi siècle de bêtises, semblaient imperméables à celle du chûnin. Et pourtant, c'était une bêtise de poids. De marbre, elle attrapa la cigarette coincée dans la bouche de son vis-à-vis, avec une vélocité que l'on ne pouvait lui soupçonner. Son regard inanimé se perdit dans celui, niais, du jeune Jisetsu.

▬ On ne fume pas chez moi, jeune homme !

Oh putain !

▬ C'est quoi ces conneries ?
▬ Je vous retourne la question ? Qu'est-ce que deux gosses comme vous font sous mon toit ? N'osez pas me dire que c'est vous que Kiri m’envoie pour résoudre mon problème.

Oh putain.

▬ J... non.

Elle-même parut étonnée de cette réponse. Encore une fois, Sei n'avait pas réfléchi, et n'avait pas su quoi rétorquer a cette vieille pot si bavarde. Elle semblait les prendre pour des amateurs - et elle avait en partie raison. Se reprenant, le Jisetsu se tourna vers son équipier, lui adressant un clin d’œil censé vouloir dire "j'ai la situation bien en main !". Kiru devait sans doute être consterné, ou perplexe. Ou les deux.

▬ Enfin si. Nous sommes ici pour vous... euh... "résoudre votre problème". Le problème avec votre mari. Tout ça quoi.
▬ Vous vous payez ma tête ?
▬ Absolument. Pas. On aurais besoin d'informations, savoir... les trucs a propos de votre mari. Genre euh... il est armé?

Elle se tourna, complètement perdue, vers Kiru, avant d'accorder un nouveau regard à Sei, en lui souriant de façon rassurante.

▬ Non, bien sûr que non...

Le Jisetsu paru soulagé (enfin je crois). Le visage de la vieille femme se referma aussitôt.

▬ Mais la demi-douzaine de mercenaires qu'il a engagé, ça, c'est une autre paire de manche.

Oh putain !

▬ Ah oui, en effet. J'pense qu'ils sont armés, mais sait-on jamais !
▬ Arrêtez votre cirque, et demerdez-vous pour me ramener la tête de mon mari sans quoi je me débrouille pour que votre minable carrière soit définitivement inexistante. Fanfaronner c'est bien beau, mais allez-vous faire ce pour quoi je vous ai payé? Sinon, je m'en irais voir la concurrence, j'ai le choix, entre Konoha et Kumo.
▬ Kumo c'est sympa, mais Konoha, on en reviens, je vous le déconseille, c'est des branqu...

Excédée, elle poussa le garçon avec son index fragile, appuyant chacun de ses mots avec un coup de son doigt sur le torse du kirijin.

▬ Vous allez me découper tout ce beau petit monde en rondelles, pigé?

Restait plus qu'a espérer que Kiru ne porte pas son sabre juste pour faire style et couper son pain.

▬ Bon alors, l'est où vot' mari?
▬ J'en sais rien.
▬ Ok, on repassera. Faites-nous signe quand vous pourrez justifier les quinze jours de galère qu'on vient d'se taper.
▬ Attendez. gronda-t-elle fermement. Le mieux pour vous, c'est d'attendre ici, chez moi, leur prochaine offensive, ensuite vous les questionnerez pour trouver mon con de mari. Jusque là, ils débarquaient à trois, et tentaient de m'intimider. La dernière fois, j'ai foutu un coup d'pelle à l'un d'entre eux - un p'tit blond efféminé - et ils ont finit par comprendre que je lâcherais pas le morceau. Alors la prochaine fois qu'il viendrons, ce sera pour me tuer.

Un silence pesant s'installa. Sei le rompis avec élégance.

▬ Z'auriez dut accepter leurs conditions, on en serait pas là.
▬ J'te paie pour des services, pas des conseils, l'avorton. Kosui, ici présent, va vous aider à trouver vos marques dans notre domaine. On ne sait pas dans combien de temps aura lieu l'attaque. Ça peut être ce soir comme dans un mois, alors.

Elle tourna les talons. Kiru voudrait peut-être la questionner sur d'éventuelles - de probables - choses oubliés par notre ami Sei, mais avant ça, une dernière interrogation le harcelait. Sobrement, il interpella son hôte, qui se retourna. La détermination pouvait se lire dans son regard de jeune crétin.

▬ J'peut fumer?
▬ Hors de question.

Oh putain !

Le constat était loin d'être cool. L'arrivée de trois mercenaires dont les deux ninjas ignoraient tout était imminente, l'infiltration ingénieuse proposée par Kiru allaient nécéssiter de s'habiller comme ce pingouin de Kosui, le binôme devrait partager le même lit... et Sei ne pouvait pas fumer. Les larmes lui montaient presque aux yeux, rien qu'a y penser. Alors quand son homologue ironisa la chose en implorant une force invisible de forcer le destin pour que l'assaut ait lieu au plus vite, Sei renchéri, avortant tout espoir pour le sabreur de se faire pardonner par le présent majordome.

▬ Ouais, qu'ils viennent vite, parce que là, c'relou...

Son visage - et son corps voûté aussi à vrai dire - semblait tiré sous le poids de tonnes entières. Sa léthargie en devenait presque contagieuse, pour autant, il n'eut pas la force de se laisser tomber sur ce matelas aux allures ô combien confortable. Pour lui, impossible de partager son lit avec son équipier. Non pas que Kiru n'avait rien d'attirant, mais un couac de taille était à noter : Kiru n'était pas une femme. Pour certains, cela pourra paraître obsolète, d'ailleurs depuis le début de la mission, rien n'avait fait ressentir cette terrible vérité. Aucune de leurs petites aventures n'avaient pris en compte le facteur sexe. A part peut-être que si Kiru avait été une femme à la poitrine généreuse, son décolleté aurait suffit à calmer ce vieux fou du port de Hi no Kuni.

Oubliant les quelques scènes burlesques qui se jouaient dans son esprit, où il imaginait son binôme avec des atouts féminins, Sei s'approcha nonchalamment de la gigantesque armoire couleur d'ébène qui le narguait de sa stature impressionnante. A côté, le Jisetsu paraissait-être un enfant, et après avoir grommelé quelques insultes à l'encontre de sa nouvelle amie, le chûnin ouvrit sa porte latérale. Vide. Où allaient-ils pouvoir trouvé de quoi s'habiller en pingouin, sans avoir besoin de faire un aller-retour jusqu'à la banquise la plus proche.

▬ On fait comment pour s'déguiser en Kosui ?

Tout en attendant une réponse du sabreur, Sei se mis en tête de paraître rusé - oui oui, difficile n'est-ce pas ? Après tout, cette vieille femme ne le verrait pas s'il s'en grillait une vite fait. Dégainant une de ses gourmandise au tabac, une voix qu'il commençait à un peu trop connaître, bien qu'un peu robotisée cette-fois, se fit entendre comme si Dieu lui-même intervenait. Si fort, que le Jisetsu eut un sursaut qui laissa sa cigarette finir sur le tapis.


Lentement, Sei se retourna vers un coin supérieur de la pièce, où une caméra elle aussi le narguait. Décidément, le mobilier se foutait vraiment de sa gueule ! Pas moyen de contourner la règle, et surtout pas le temps. S'il ne voulait pas crever en même temps que cette cinglée, il allait falloir mettre les bouchées doubles - entendez "atteindre une vitesse normale" dans le cas de Sei - pour le duo de Kiri. Avec lenteur, certes, mais avec entrain, le Jisetsu sorti dans le couloir, où Kosui semblait faire une ronde. Le chûnin pris alors un air emprunté, genre bourgeois parodié, pour s'adresser au pingouin.

▬ Il eussent été admirable que vous nous trouvâmes une ravissante petite tenue dont vous faites le chic.

Les yeux de Kosui s'écarquillèrent.

▬ Y a moyen d'être sapé comme vous pour les besoins de la mission ?

La majordome sembla un peu plus à l'aise avec cette formulation, et acquiesça d'un signe de tête, tout en tournant les talons, comme pour dire "j'm'en vais vous trouver ça". Dans un élan de génie - et cette fois, c'est sans jeu de mot - Sei le retint par l'épaule.

▬ Euh, qu'est-ce vous pouvez nous dire sur les types qui sont déjà venus ? Genre, ils se battent avec quoi comme armes ? Ils crachent du feu ? Ils pissent de électricité ?
▬ Hmm... rien d'aussi grotesque Jisetsu-dono. Cependant, Deux d'entre eux sont des frères jumeaux, et le troisième possède la faculté de devenir invisible.
▬ QUOI ?

Comment avaient-ils pu oublier de mentionner ce détail ?

▬ Mais c'est trop la classe...

Mais pas le temps de discutailler pour rien. En précipitation, le kirijin rejoignit son équipier. Les missions de rang B semblaient pleine d'imprévus. L'air sérieux du Jisetsu indiquait très clairement qu'il avait découvert quelque chose d'important. La tension grimpait, tandis que les deux shinobis se regardaient droit dans les yeux.

▬ Kosui... n'est pas un pingouin. Il ne comprends pas le langage des riches.

Puis, se rendant compte qu'il avait oublié une partie - importante - de ses révélations.

▬ Et je crois que cette fois, ils vont opérer de manière moins frontale. Le majordome m'a dit que l'un d'entre eux avait une excellente technique de camouflage. Pour intimider, faut toujours sortir l'artillerie lourde et en faire des tonnes, mais pour un assassinat... rien de plus simple que de ne pas être vu.

C'est alors qu'il se rendit compte que si tout cela s'avérait vrai, ils allaient sans doute devoir patienter aux côtés de la vieille sadique pour la protéger, le temps qu'il faudrait. Oh putain...

Le petit monde de Sei venait de s'écrouler. Le sanctuaire de ses rêves, havre sacré de la béatitude qu'il s'était construit, s'effondrait en même temps que son espoir de voir la vieille dame se faire exploser la tronche. Un instant, quand Kiru lui avait annoncé qu'ils devraient partager leurs appartements avec cette cinglée, on avait put lire dans les yeux du Jisetsu une profonde tristesse, et un désarroi qui ne peut-être traduit que par : pourquoi ? Pourquoi le destin s'acharnait-il. C'est vrai, certains avaient une vie cool, ils étaient épiciers, ou alors esclave... et lui ? Il se devait de coller aux miches affreuses de ce qu'il commençait à haïr le plus au monde. Une vieille. Un récit dantesque, qui ne faisait que commencer.

Le sabreur avait vite conclu que faire des informations que Sei avait récolté ça et là. Kosui continuait quand à lui de semer des troubles quand à son appartenance à l'espèce des alcidés, et pour boucler la boucle, le second chûnin de Kiri avait les boules. Glissant peu à peu dans la peau d'un personnage ressemblant étrangement au majordome coincé qui hantait ces lieux, le jeune Jisetsu se senti comme happé, à la manière d'un vortex lui ôtant toute dignité. Sa démarche devenait disgracieuse, son regard vitreux, et il avait froid.

Oui. Il se transformait lentement en pingouin...


Les assiettes volaient à travers l'immense chambre. Les tendances mégalos de cette vieille bourgeoise hautaine et cupide se voyaient comme le nez en plein milieu de la figure. Il suffisait de jeter un œil à cet endroit, feutré d'un rouge royal, accompagné d'un doré faussement discret. Le côté occidental de la chose était tel qu'on se demandait si l'on était au bon endroit. Ah euh oui, les assiettes volantes ? La cohabitation avec le Jisetsu s'avérait compliquée. Tout prétexte était bon pour le disputer, et pour lui, c'en était déjà trop. Claquant la porte derrière lui, il quitta la pièce, appelant son équipier d'un cri frustré. Le binôme avait décidé de garder à tour de rôle, la folle, et l'entrée. Si, comme Kiru l'avait prédit, les ennemis attaquaient à deux, il ne fallait pas se permettre d'en laisser un sans surveillance.

Bizarrement, Sei avait perdu à la courte paille, et c'était à lui de se coltiner madame la chieuse. Il vint se placer juste à côté de son camarade, la mine renfrognée.

▬ Euh... on échange ? J'm'occupe d'ici et toi tu va protéger l'autre tarée. C'est juste invivable.

Sans plus d'explication, il resta planté comme une statue. De toute façon, si le sabreur tenait un minimum à ce que la cliente reste en vie, et que donc la mission ne soit pas un échec, il accepterait les conditions de son collègue. Aujourd'hui, le temps était radieux, sûrement pas un jour d'assassinat. Maintenant qu'il était dehors, sur le palier de la gargantuesque porte du domaine, Sei sorti cette clope qu'il attendait depuis cinq jours. Il la coinça entre ses lèvres, frétillant d'avance, comme un gamin qui viens d'acheter son jouet favori. Puis il frotta son allumette, invoquant cette flamme qui, lentement, s'approcha de l'instant tant attend...

KABOOOOOOOOOM

Oh putain. Une explosion, et pas des moindres. Premier réflexe : finir d'allumer la cigarette. Aaaah, ça fait du bien... deuxième réflexe, repérer d'où viens la détonation. Heureusement - ou malheureusement - elle viens du mur d'enceinte. Apparemment, les convives ont enfin décidés à se montrer. Au milieu de cette fumée qui a rameuté toute la garde personnelle de la maîtresse des lieux, une silhouette s'avance, lentement. D'un œil désintéressé, Sei regarde le mercenaire s'extirper de son chef d’œuvre. Il a vraiment une sale gueule : ce doit être lui le blondinet efféminé dont parlait le vieille. Une énorme marque en pleine face témoignait du coup de pelle qu'elle lui avait mis. Pas mal.

Les quelques gardes, sachant à peine se servir du sabre en bois qu'ils arboraient, se tournèrent vers Sei, qui aux yeux du nouvel arrivant n'était ni plus ni moins qu'un majordome. Tous semblaient attendre qu'il jette sa clope en disant, avec classe, un truc du genre "Laissez. Je m'en occupe.". Entre deux lattes, ils pris le temps d'inscrire son nom dans l'histoire.

▬ Mec, ces types-là vont t'exploser ta gueule.

Le petit groupe paru à la fois paniqué et consterné. Cet enfoiré venait de provoquer leur adversaire, qui arqua un sourcil, souriant légèrement.

▬ Tu parle de ces types là ? J'en ai déjà envoyé au moins le double à la morgue. Honnêtement, venant d'un petit majordome qui aurait du détalé quand il en avait encore le temps, je trouve que ces mots sont mal choisis.
▬ Je ne suis pas un majordome. Je suis...

L'espoir regagna les rangs. Le ninja allait enfin se montrer.

▬ ... un pingouin.

Restait à espérer que Kiru s'en sorte mieux de son coté, avec notre ami l'homme invisible qui ne saurait tarder.

▬ Tu te moques de moi, c'est ça?

L’adversaire semblait au moins aussi affligé par les mots de Sei que ses propres alliés. Ce qui était le plus troublant, c'était la neutralité presque sérieuse avec laquelle il arrivait à raconter des énormités pareilles. C'en était presque fascinant. En plus de cela, loin de se repentir, il rendait son regard un peu plus insistant, comme pour dire "Eh oui, je suis bel et bien un pingouin, et je vous emmerde, motha fucka de c'que vous pensez". Le nukenin lui, dégageait quelque chose de très étrange : un mélange de narcissisme et de ridicule, comme un mauvais comédien qui en fait un peu trop. Mais malgré cette aura qui le rendait en tout point ridicule, restait néanmoins le vice et le sadisme visible dans le fond de ses yeux.

▬ Tu peut remettre ton bandeau frontal à ton bras : nous n'avons cessé de vous observer depuis votre arrivée. Dans une bataille, l'information est une pièce maîtresse. Et ce que nous avons conclu de notre petite enquête, c'est qu'on a absolument rien à craindre d'un imbécile de ton espèce.

Dévoilant une dentition un peu trop parfaite pour une pourriture de son espèce, il replaça une de ses mèches blonde, prenant une pose typique d'un style de taijutsu. Ainsi donc, sous ses faux airs de pimbêche, c'était un guerrier pur et dur ? Ça restait à vérifier. Dans un bruit sourd, l'inconnu entama une course effrénée, slalomant entre les gardes qui tombèrent comme des mouches sous chacun de ses coups. En quelques secondes, il se retrouva à la case départ, affichant un rictus qui tranchait avec les gémissement de douleurs de la dizaine d'homme rampant au sol. A première vu, il n'était ni très rapide, ni très fort. Était-ce un coup de bluff?

Sei lui, n'avait pas bougé d'un pouce, si ce n'est pour recracher une longue gerbe de fumée. Il paraissait un peu moins stupide qu'a l'accoutumé, et son air taciturne paraissait presque menaçant. Son sang-froid forçait le respect. Était-ce, là aussi, un coup de bluff? Les deux ennemis se regardaient les yeux dans les yeux, juste avant de croiser le fer. D'un geste fluide, le mercenaire lança alors un kunai dans une direction apparemment anodine, mais le Jisetsu tourna de l’œil lorsque d'un regard en coin il aperçu Kiru descendu jusqu'ici, et cible dudit projectile. Un instant, son placide imperméable fut déjoué par la crainte de voir son camarade touché. Fort heureusement, le sabreur disparu dans un nuage du fumée à l'impact. Un bunshin.

▬ Ton ami ferait mieux de s'occuper de son cas plutôt que de gaspiller son chakra. Il aura fort à faire de son côté.
▬ J'm'inquiète pas pour lui. Ton petit copain va se faire défoncer.
▬ Quel audace. Moi, je sais ce qu'il est capable de faire : j'en ai déjà fait les frais...
▬ Ta vie sexuelle ne regarde que toi mon grand.
▬ Tssss... enfoiré.
▬ J'ai horreur des vantards, encore plus quand ils ne sont bon qu'a piailler.

Piquée au vif, la jeune pucelle détala, prête à faire de Sei un homme mort, sur un sursaut d’orgueil. Ce type avait l'air doué pour les discours, mais c'était bien à peu prêt tout ce qu'il avait montré pour le moment. Éclater ces péquenots pour se rendre intéressant l'avait rendu encore plus risible. Prêt à recevoir l'assaut, le chûnin fut le premier étonné de constater à quel point le taijutsu de son vis-à-vis était faible. Pourtant, quelque chose d'invraisemblable se produisit. Alors que le kirijin avait parfaitement lu les mouvements de son antagoniste, le coup passa au travers de sa garde, l'envoyant valdinguer plus loin. Laissant une traînée de poussière derrière lui, Sei se releva, essuyant le coin de ses lèvres qui venait de recevoir la beigne.

Son rival lui souriait pleinement, le narguant en laissant son poing se balancer dans le vide, pour afficher clairement son aisance. Un coup de chance, rien de plus. Les deux combattants reprirent leurs positions précédentes, et se foncèrent dessus, sans aucune retenue. Comme tout à l'air, le Jisetsu, pourtant certains d'avoir esquivé l'assaut, parti faire un roulé boulé sur plusieurs mètres. Il y avait clairement un nimpo ou une astuce là-dessous. Ne décourageant pas, Sei, dont le costume de pingouin commençait à en pâtir, invita le nukenin à l'attaquer de nouveau, d'un geste de la main. Sans se faire prier, le blondinet chargea au pas de course, tandis que les pupilles du kirijin dévoilaient leur terrible secret. Grâce au Jokou, tout deviendrait plus clair. Et au dernier moment, alors que le coup était bel et bien évité, un troisième bras apparu de nulle part sur le corps du mercenaire. Grâce à sa technique héréditaire, Sei put attraper cet invité gênant au poignet, laissant son ennemi tomber des nus.

▬ Mec, tu sais qu'c'est grave d'avoir un troisième bras qui te pousse au milieu du bide?
▬ Ça ? railla-t-il alors qu'une deuxième tête lui apparaissait de la même façon que son cinquième membre. C'est Hotaru, mon frère jumeau... et un peu siamois aussi.

C'est alors carrément un second corps qui se détacha. Sei ne rêvait pas, il faisait bien désormais face à deux adversaires, en tout point communs.

▬ Et toi, cet œil, qu'est-ce que c'est ?
▬ Le kinnegan...
▬ Je vois, tu n'est pas si nul que tu veut bien le laisser penser.
▬ "Dans une bataille, l'information est une pièce maîtresse.". Pour ce qui est de la désinformation, c'est elle aussi une arme redoutable. Engager un combat quand l'ennemi n'est pas sur ses gardes, ça facilite toujours les choses.

Et contrairement à ce que bon nombre croyaient, de la ressource, Sei en avait. D'ailleurs, il avait d'ors et déjà trouvé un plan pour contré l'imprévu auquel il faisait face. Entamant son rituel habituel, il lâcha son mégot, se mourant dans sa bouche, puis forma un mudra accompagné du mot "Shien.". Nos trois amis allaient devoir apprendre à faire un peu plus connaissance, dans un nuage de fumée.

Mais après tout, l'amour est aveugle.