Le ciel couvert augurait une journée ordinaire pour les habitants de Kiri. Et l’un d’eux serpentait entre les arbres de la forêt de la Brume. Michiki avait été réveillé de bonne heure par un messager du Mizukage. On lui demandait d’aller s’assurer du bon déroulement d’une mission qui avait lieu là-bas. Il y avait des Genins face à des Nukenins. On tenait à être sûr qu’ils ne risquaient rien. Le nécromancien était donc envoyer là-bas pour contrôler le travail, intervenir en cas de besoin et surtout ramener les corps. Le Kirijin s’en faisait plus pour les déserteurs que pour les Genins de son village en fait ! On lui avait précisé où se déroulait l’affrontement qui avait déjà commencé. Il s’y rendait d’un pas mesuré. Le devoir lui imposait d’y être vite mais il en avait décidé autrement. Il fumait une cigarette tranquillement. C’était nouveau. Depuis une enquête personnelle à Suna sur l’homme qu’il recherchait, il avait pris cette manie. Il ne voulait pas se donner un genre. Les gens qui fumaient pour « faire genre » étaient des moins que rien selon lui. Il avait fait ce choix car, étant un grand rêveur, les volutes de fumée focalisaient ses rêveries et lui permettaient de réfléchir sereinement. C’était néanmoins occasionnel. Il ne tenait pas à devenir indépendant.

Enfin, les bruits du combat percèrent la voûte émeraude des arbres pour lui parvenir. Quelques cris d’agonie également. Michiki ne put réprimer un certain ricanement. Il regarda derrière lui pour vérifier qu’il ne manquait personne. En effet, il n’était pas seul. Trois personnes recouvertes d’un manteau qui les dissimulait entièrement suivaient ses pas. Il avait pris cette disposition pour éviter de choquer les jeunes Genins. Il était rare de croiser quelqu’un qui ne soit pas sous le choc de voir la grande spécialité de Michiki. Au moins là, il était impossible de dire ce qui se cachait sous le manteau ! Que ce soit humain ou même hybride, les pièces de tissu laissaient planer un mystère sur l’identité de ceux qui les portaient. Il les avait fait venir pour avoir de la main d’œuvre afin de s’occuper des victimes. Il leur fit signe de s’arrêter là. Il les appellerait quand il en aurait besoin.

Il continua le chemin tout seul. Quelques mètres suffirent pour arriver sur les lieux de l’affrontement. Trois jeunes gens se tenaient encore debout. Le reste était à terre. L’un d’eux se rendit compte de la présence du Jônin. Il vint à lui pour se présenter. Un jeune homme qui semblait très bien. Des propos respectueux et une présentation formelle. Le genre de choses qu’aimait Michiki. Il n’avait rien contre les extravagants mais un peu de formalité ne faisait pas de mal dans ce métier sanguinaire. Le nécromancien tira une dernière bouffée de tabac avant d’écraser le reste par terre. Il se présenta à son tour :

-Shinda Michiki, Jônin de Kiri.

Il fit un rapide tour du champ de bataille après ça. Le Genin qui s’était présenté comme étant membre du clan de son maître lui avait posé une question. Il la laissait de côté pour le moment. Il observa chaque corps attentivement. Il n’y avait là que des cadavres. Quel travail efficace. De dignes représentants de Kiri. Néanmoins, il remarqua que certains étaient morts différemment. La majeure partie de ceux qui gisaient là s’était retrouvés avec la gorge tranchée. Michiki se doutait de qui était l’auteur. Le Samui et le médecin qui étaient là n’en semblaient pas capables. Déjà ils restaient silencieux face à l’examen du nécromancien. S’ils savaient quel rapport ce dernier entretenait avec la mort, ils seraient livides ! Michiki était admiratif du travail accompli. Il tenait à s’entretenir avec l’auteur de cette…œuvre d’art. Il préféra cependant s’amuser un peu de la situation. Il revint face aux trois jeunes gens et prit un air des plus sérieux. Puis, sans prévenir, il se mit à tonner d’une voix où il faisait semblant de contenir une grande colère :

-Que l’auteur de cette boucherie reste là ! Les autres vous pouvez nous laisser. Et n’essayez pas de la jouer travail d’équipe en restant soudés je m’en contrefous. Si vous restez tous les trois même si vous n’êtes pas impliqué dans ce carnage, je vous saque tous les trois, est-ce clair ?

Comme il le voulait, il se retrouva seul avec le Gekei. Il le regarda à travers le verre violet de ses lunettes. Le Gekei portait lui aussi des lunettes. De longs cheveux grisâtres. Des détails sans importance. Michiki claqua des doigts et ses trois « subordonnés » qui attendaient derrière vinrent à sa rencontre. D’un simple geste de la main, il désigna les cadavres à terre. Les trois encapuchonnés se dirigèrent vers les corps et commencèrent à placer un rouleau à côté de chaque corps. Puis ils s’agenouillèrent près du cadavre le plus proche d’eux et ils restèrent ainsi sans bouger. Le nécromancien n’avait pas lâché son interlocuteur du regard. L’étrange manœuvre de ses sous-fifres ne l’intéressait guère puisque c’était lui qui avait donné cet ordre un peu plus tôt. Il était plus intéressé par le jeune garçon qui lui faisait face. Il reprit une voix normale et lui demanda :

-C’est donc toi qui a causé tout ça ? dit-il en désignant les corps jonchés sur le sol.

Il resta immobile, face à lui, pour attendre sa réponse. Il la connaissait déjà mais il tenait à être sûr de quelque chose. Il voulait voir quelle personne lui faisait face. Sa réponse l’aiderait à se faire une petite idée.

Suite à la question de Michiki, le Gekei interrogé émis un petit rire en s’approchant du nécromancien. Il répondit du tac-au-tac. Ses actions, son comportement, le timbre de sa voix…Il était fier. Fier du travail qu’il venait d’accomplir. Fier de ses capacités qui étaient très intéressantes pour un Genin. Cette fierté, il la défendait. Le fait d’avoir affaire à un plus haut gradé ne l’intimidait pas pour autant. Il rappelait un autre Gekei que Michiki connaissait bien. Il n’était pas dupe en plus le petit ! Après avoir confirmé qu’il était l’auteur de cette œuvre qu’admirait Michiki, il demanda à ce dernier d’expliquer pourquoi il avait feint la colère pour connaître le responsable de ses meurtres. Il était sûr de lui et ne rendait de compte qu’à lui-même. Envolé le respect dont il avait fait preuve en se présentant. Mais Michiki s’en moquait. Il l’aimait bien. Contrairement à ses camarades qui l’avaient laissés tomber et qui avaient obéis aveuglément à ses ordres, il avait défendu son œuvre et il n’avait pas flanché en se répandant en excuses ou autres marques de faiblesse. Le nécromancien ne pouvait que féliciter un tel aplomb. Se rendant bien compte qu’il n’avait pas affaire aux derniers des imbéciles, il commença à se dire qu’il n’avait plus besoin de tester ses réactions. Il répondit posément à sa question :

-Je voulais voir un peu ton sentiment vis-à-vis de ce travail. Ta maîtrise de la lame n’a d’égal que celle de ta personne. Je connais peu de gens capable de trancher une gorge et de s’en montrer fier par la suite. Les rares qui y arrivent, je les aime bien. Tu es très talentueux. J’ignore qui t’a formé mais il est, ou était, certainement redoutable. Des shinobis comme toi sont l’avenir de Kiri.

Il avait prononcé ses mots en se dirigeant vers les corps allongés au sol. Il se plaça devant un des premiers rouleaux vierges posés à terre. D’un simple toucher, le morceau de papier fut recouvert d’un cercle, bardé d’inscriptions. Il plaça ensuite sa main droite devant le visage et le corps qui se trouvait aux côtés du parchemin disparut dans un nuage de fumée. Il replia ensuite le parchemin qu’il rangea à sa ceinture. Il répéta l’opération pour chaque corps, interrompant parfois ses gestes pour continuer de s’adresser au Gekei. Quand il eut fini sa tâche, il venait de terminer de parler. Les trois personnes encapuchonnées étaient restés immobiles depuis qu’elles s’étaient agenouillées. D’un mouvement synchronisé, elles se relevèrent en même temps et se rangèrent derrière leur maître. Le Jônin revint devant le jeune garçon qui avait semé si facilement la mort.

Et s'il était si doué, c’est qu’il savait appréhender la mort comme un simple fait et non comme un drame. Une idée germa dans l’esprit du nécromancien. Après tout, ce garçon s’était montré tellement habile, que ce soit dans le combat ou dans une joute oratoire, que Michiki pouvait se permettre de révéler sa spécialité. Sans prononcer un mot, il donna l’ordre à ses trois accompagnateurs de se découvrir. Les capuches se soulevèrent pour dévoiler un homme et deux femmes. Tous des cadavres réanimés par les soins du Jônin de la Brume. Deux étaient les parents du Kirijin, qu’il avait lui-même tué de plusieurs coups de scalpels en pleins visages. D’ailleurs, leurs figures restaient déformées par ses attaques ante mortem. Et la dernière était l’ancienne senseï du nécromancien, retrouvée morte il y a peu. Elle avait été décapitée par un homme que recherchait activement Michiki. Il avait récupéré le cadavre de cette dernière. On voyait encore sous son cou blanchâtre, la cicatrice du coup qu’on lui avait porté. Un gros fil noir permettait à la tête de tenir sur son support.

Généralement, face à cette vision, Michiki était tout de suite catalogué comme un dangereux malade. Un asocial complet qu’il aurait mieux fallu enfermer dans la plus sombres des geôles pour le restant de ses jours. Les Genins qui avaient entendus parler de lui évitaient tout contact avec ce type qu’il n’aurait préféré ne pas avoir comme senseï. Mais avec celui qui se tenait là, il ne doutait pas qu’il saurait rester fort face à de simples morts-vivants. Peut-être jugerait-il Michiki mais au moins il ne se comporterait pas comme un faible à tourner de l’œil, vomir ou autre idiotie qu’adoptait les faibles face aux techniques du nécromancien. Et comme pour relancer la discussion, en faisant totale abstraction de la nature des témoins, Michiki se remit à parler. Il ne faisait plus le gradé mécontent. Il était naturel et parlait normalement. Comme à n’importe qui qu’il appréciait. Et puis mieux valait entretenir de bons rapports avec ce garçon. Faisant partie du même clan que son maître, il n’était pas impossible qu’il se revoit un de ces jours pour une mission ou autre. Le nécromancien s’adressa donc au Genin dans ces termes :

-De tels talents avec une lame ne doivent pas être innés. Cela a dû demander beaucoup de temps pour atteindre ce niveau. Autodidacte ou aidé par un maître ?

Le fait de dévoiler la véritable nature des acolytes qui l’accompagnaient semblait avoir attisé la curiosité du Gekei qui posa des questions à leur propos. Il n’avait eu aucun mal à comprendre qu’il s’agissait de cadavres mais sa réaction dépassait les attentes de Michiki. La réaction du commun des mortels était d’afficher un air de dégoût profond et de fuir au plus vite. Parfois certains arrivaient à dissimuler le dégoût mais ils en revenaient toujours à la dernière phase, à savoir la fuite. Michiki s’était senti seul lors de ses débuts au village. Un Genin qui ressuscite les morts. Pas le profil type pour se faire des amis. Il comprenait ses réactions mais cela ne l’avait pas empêché de sentir un vide se former. Il avait très vite appris à ne plus faire attention à ses réactions. Et puis sa rencontre avec son maître avait grandement fait avancer les choses. Il avait gagné en confiance et maintenant de toute façon on ne venait plus l’importuner avec des détails pareils. Son rang avait permis de voir un peu plus clair dans les personnalités de chacun. Alors qu’on le rejetait en tant que Genin, on le respectait et on faisait semblant de s’intéresser à son art maintenant qu’il était Jônin. Mais le Genin avec qui il était se comportait différemment. Sa curiosité était sincère. Il devait ressentir une certaine gêne ou un sentiment dans le genre mais il arrivait à concevoir la nécromancie comme un art de se battre.

Michiki fut même étonné de voir que tous deux discutaient de sujets, que le commun des mortels auraient qualifiés de, morbides. Le Gekei souriait et rigolait parfois. Ceci était une simple discussion entre deux Kirijins. Mais pas n’importe lesquels. Ce qui faisait qu’ils arrivaient à avoir une telle discussion sans réel problème était que tous deux étaient des Kirijins dans l’âme. Des shinobis qui respectaient la politique de la Brume sanglante. Ne voulant pas faire languir son interlocuteur, Michiki formula une réponse à ses questions sur la nécromancie :

-Je les utilise pour diverses tâches à vrai dire. Mais la situation principale où je les utilise est en effet le combat. Se battre avec des cadavres offre l’avantage d’une supériorité en nombre, dans certains cas, et l’assurance qu’aucun d’eux n’en fera qu’à sa tête. Ils sont tous dévoués à mes moindres ordres. Et puis les lames ont beau les transpercer, leur état de cadavre leur permet d’être indifférents à la douleur. Je dois tout ça à celle au cou marqué par des fils là-bas. Fut un temps où elle occupait le rôle de mentor.

Le jeune Gekei remonta ses lunettes d’un geste et il commença un processus que le nécromancien ne connaissait que trop bien pour avoir vu Pô faire la même chose. Des écailles reptiliennes commencèrent à apparaître sur toute la surface de son corps, lui donnant l’apparence d’un homme-lézard. Un mini dinosaure en gros. Le jeune garçon se tourna vers Michiki. Son visage était orné d’un sourire dévoilant des dents pointues et d’un troisième œil. Le spectacle était magnifique. Michiki était jaloux d’une telle forme. Il avait appris dans son enfance que la race humaine ne valait pas grand-chose et que seuls les animaux étaient des êtres purs et sains. Quand il croisait un Gekei, il ne pouvait s’empêcher d’envier un tel pouvoir. Ce clan avait reçu la capacité de s’élever au-delà du rang d’être humain, faisant des membres de ce clan des supers prédateurs. Sous sa forme hybride, Masashi, car c’était ainsi qu’il s’était présenté un peu plus tôt, fit une réponse émouvante sur sa maîtrise de la lame. Cet enseignement lui venait de son paternel. Il ne voyait pas le kunaï comme une simple arme de jet comme n’importe quel autre shinobi. C’était un prolongement de lui-même. Michiki était fasciné par cette personnalité.

Il ne put s’empêcher de retenir un rire. Le fait que le Gekei mentionne son père avait rappelé au nécromancien qu’il n’avait pas présenté le sien. Cela augurait certainement un rire partagé avec le Gekei lorsqu’il s’expliquerait. Michiki s’approcha donc de ses cadavres. Maintenant que le Genin savait que celle au cou décapité était son ancienne senseï, il était convenable de présenter les autres.

-C’est marrant que tu parles de ton père car vois-tu, le mien est juste ici. Et voici ma mère.

Il les avait fait avancer d’un pas en les présentant chacun leur tour. Puis ils étaient retournés à leur place. Michiki s’amusait encore de ce trait d’esprit. Il savait que Masashi s’en amuserait ou que du moins il comprendrait cet humour. Le nécromancien admirait encore la forme animale du jeune garçon. Il maîtrisait bien cette capacité. Et puis, voulant faire preuve de civilité, il se dit qu’il pouvait lui aussi montrer un peu son art. Il ressortit l’un des rouleaux qu’il avait précédemment rangé à sa ceinture. Il le déplia au sol avant qu’une volute de fumée recouvre la scène. Le corps sans vie de l’un des brigands se trouvait entre les deux Kirijins. Michiki apposa sa main sur le crâne du cadavre, concentra un instant son chakra puis il le transmit en partie au corps inanimé. De la position couchée, le cadavre commença à se mouvoir naturellement pour se lever. Il fit face à celui qui l’avait assassiné avec tant de talent. Celui-là n’avait pas été assassiné par Masashi. Laissant là le cadavre réanimé, Michiki se recula d’un pas pour rejoindre ses cadavres. Puis il s’adressa au Gekei :

-Pardon de te demander ça mais…j’aimerais que tu me remontres en détail comment tu as procédé pour éliminer ces gars. Tu as là un parfait cobaye pas trop abîmé. C’est important c’est pour…le rapport.

Michiki mentait très mal mais il s’en fichait. Il n’avait eu le droit qu’aux traits achevés d’une œuvre d’art. Il voulait voir l’artiste en plein travail. Pour ajouter un peu de réalisme et donner le goût au Genin d’accepter sa demande, il ordonna au cadavre de se comporter comme quelqu’un se faisant attaqué. Une victime donnerait envie à ce chasseur né de démontrer ses talents. Et Michiki ne comptait pas en perdre une miette. Il se recula jusqu’à un tronc d’arbre, s’adossa dessus et observa attentivement la scène qui allait se dérouler sous ses yeux gourmands.

Il n’y avait pas à dire. Ce garçon avait de l’or entre les mains. Ou plutôt au bout de son arme. Il était de ceux en qui Michiki avait le plus de considération au village. Les shinobis s’imaginant pouvoir se battre pour un idéal de paix et être les serviteurs d’un Kiri pacifique n’avaient rien de Kirijins selon Michiki. Rien n’empêchait de vivre en paix mais cela devait passer par le sang et le combat. La Brume sanglante n’était pas née comme ça. Pour porter un surnom, il fallait qu’il y ait une raison. Se faire appeler le Ninja Sanguinaire ne conviendrait pas à un Konohajin par exemple ! Et puis ce genre de surnoms ne se trouvait qu’à Kiri de toute façon. Enfin bref, Michiki observait avec attention les attitudes du Gekei. Il avait toute la force de son maître et en même temps le même attrait que le nécromancien pour le combat. Un savant mélange de deux fiers shinobis de la Brume. Un tel élément serait à surveiller de près pour l’avenir. Il serait capable de grandes choses.

Les mots que prononça le jeune garçon ramenèrent le Jônin à la réalité. Il divaguait dans ses pensées. Masashi venait de lui dire qu’il comprenait mieux son intérêt sur son style de combat. Il avait également complimenté Michiki sur son étrange pouvoir, le qualifiant de « sympa ». Une réaction à laquelle il n’était vraiment pas habitué. Il en avait connu des réflexions face à la nécromancie mais celle-là était inédite. Cela renforçait tout le bien qu’il pensait du garçon. Puis le Gekei quitta sa forme animale. A son niveau actuel, cela devait être dur de maintenir la technique. Michiki le savait pour avoir combattu aux côtés de Pô. Il avait ensuite enchaîné avec son petit stratagème pour admirer le style de combat du Genin en situation. Après avoir fait relever le mort, il regarda intensément le Gekei. Ils avaient tous deux le regard planté dans celui de l’autre, passant ainsi à une autre forme de communication. Celle-ci était non verbale mais elle était beaucoup plus puissante que des mots.

Dans ce regard, Michiki vit toute la fierté que le garçon avait pour sa technique. Il y vit la souffrance qu’il avait accumulée pour en arriver là. Il ressentit les intenses entraînements subis pour en arriver là. Malgré le fait qu’une partie de ce talent était inné, il avait dû le travailler pour le perfectionner et en arriver là. Il en était de même pour le Jônin. Son contrôle des morts n’était pas venu tout seul. Il avait dû suivre les conseils d’un vieux sage sénile avant d’arriver à ressusciter un simple poulet. La demande de chakra avait accrue avec l’arrivée de ses propres parents dans les rangs de son « armée ». Les rangs avaient grossis encore avec l’arrivée de son ancienne senseï. Il ne pouvait utiliser de jutsu avec eux. N’étant pas des shinobis à la base, cela n’était pas important pour ses parents puisqu’ils les avaient à ses côtés uniquement pour le côté sentimental. Mais il aurait été intéressant d’avoir une maîtresse aussi perfectionnée dans le Dôton que l’était sa senseï. Malheureusement cela ne lui était pas accessible avec sa technique. Mais il palliait ce point avec une arme encore plus redoutable, son sens de la stratégie couplée avec son imagination. Une arme dont il aurait peut-être besoin plus tôt que prévu.

Le jeune Gekei n’avait pas l’air de vouloir lui montrer son talent. Du moins, une proie faisandée ne l’intéressait pas. Il refusa avec un certain tact en disant préférer « la chair fraîche ». Michiki sourit à pleines dents. Ce petit gars irait vraiment très loin. Le nécromancien resta donc sur ses gardes. Pour avoir observé l’ampleur de ce dont il était capable, il savait que ce garçon ne rigolait pas. Il voulait se battre dès maintenant. Perdre du temps en futilité serait inutile et fatal. Sans plus attendre donc, Michiki annula sa technique sur le corps du bandit réanimé plus tôt. Un membre de plus serait inutile dans son armée et lui ferait consommer inutilement du chakra. Il laissa là son corps au cas où. Si l’un de ses fidèles serviteurs se retrouvait dans l’incapacité de continuer, le nécromancien aurait encore de la chair à canon à sa disposition. Michiki ne perdait pas de vue son nouvel adversaire. Un moment d’inattention et s’en était fini de lui et de ses cadavres. Plus important dans tout ça, ne pas le laisser approcher. Il ne ferait pas le poids au corps-à-corps. Une simple exécution de mudras pour commencer. Il avait ce qu’il fallait pour éviter un affrontement direct trop néfaste pour lui. Une coulée de boue se forma autour de sa personne. Il avait donné l’ordre avant ça à ses cadavres de s’éloigner afin de rester à l’abri de cette gêne. Il ne serait pas embêté par des coups au corps-à-corps comme ça. Il jugea utile d’enchaîner tout de suite après. Il sortit un fumigène de sa poche. Puis il le balança négligemment aux pieds du Genin avec ses seuls mots :

-Tu ne manques pas d’air Gekei. Viens je t’attends.

Spoiler:

Le nuage de fumée ne s’avéra pas être un obstacle insurmontable pour le Gekei. Grâce à une technique tirée du répertoire Futon, les vapeurs empoisonnées furent dissipées rapidement. Une telle astuce n’était pas à envisager donc. Michiki ne quittait pas son adversaire des yeux. Il pouvait lire son excitation et sa détermination. Il n’allait pas le sous-estimer pour avoir vu de quoi il était capable. Il se devait de faire honneur à son rang. Il garda son esprit focalisé sur la suite des évènements afin d’être prêt à contrer ou à prévoir certaines des actions de son adversaire. Un exercice qu’il devrait peut-être revoir. Il ne vit rien arriver. Le Genin s’adressa à son supérieur et puis plus aucun son ne parvint aux tympans du Jônin. Rien d’autre à part un cri strident. Il l’identifia rapidement comme étant un Genjutsu. Ce gamin était donc un utilisateur d’illusions. Cela s’avèrerait être un combat intéressant. Michiki ne s’était jamais battu face à ce genre d’adversaire. Ce bruit assourdissant le perturba et dévia sa concentration. Il monta instinctivement les mains à ses oreilles et il perdit là une occasion de s’éviter une blessure.

Masashi n’avait pas lancé cette illusion pour rien. Profitant de la gêne occasionnée, il avait sauté pour donner un violent coup de pied en plein dans la tête du nécromancien. Le choc le fit reculer légèrement. Grâce à une pirouette, le Gekei revint à sa place initiale. La tête de côté, le Genin se mit à rire. Un caractère bien trempé. Le combat ne l’empêchait pas d’humilier un gradé avec un coup pareil. Il avait bien raison. L’honneur et le respect n’avait pas de place dans le combat selon Michiki. Ce qui compte c’est de mettre à mal l’adversaire. Même si cela implique les ruses les plus viles ou le fait de devoir attaquer dans le dos, le nécromancien n’avait aucun scrupule à user de ce genre de moyen pour gagner. Peu importe la façon, ce qui compte c’est le résultat. Là, le Gekei ne s’était pas enchaîné de notions inutiles comme le respect qu’il devait à un plus gradé que lui. Il avait mis tous ses talents en œuvre pour porter un coup. Il était du devoir du Jônin de ne pas se ridiculiser et de faire honneur à de tels actes.

Essuyant un filet de sang qui coulait de son nez, Michiki ricana. Ce petit gars était vraiment bien ! A peine essuyé, une autre traînée de liquide rouge vint remplacer la première. Un simple coup de langue débarrassa la commissure de ses lèvres de la goutte de sang. Un goût cuivré se déposa sur les papilles du Jônin avant de se répandre sur toute sa langue. Et comme si ce breuvage incongru avait des effets quelconques sur le moral du nécromancien, ce dernier se décida à répliquer. Une telle attaque l’étonnait. Il s’attendait à être témoin d’une démonstration de la lame meurtrière du Gekei. Se réservait-il pour plus tard ? Difficile à dire. En tout cas, il ne pouvait rester silencieux face à un tel assaut ! Il se servit de ce que lui avait dit précédemment le Gekei pour répondre :

-Je pense que ton style est plus savoureux qu’un simple coup de pied. Allez fais-moi voir ce qu’est véritablement ton style ! Il sera certainement plus savoureux que ça !

Sa phrase fut ponctuée d’une rapide exécution de mudras qui fit place à un projectile de terre. La boule de terre se dirigea droit sur le Genin. Ne perdant pas un instant, Michiki enchaîna avec une autre technique. Levant une main devant son visage, un épais brouillard recouvrit la zone. La visibilité était devenue très mauvaise. Seul le nécromancien pouvait s’y retrouver là-dedans. Il prit un scalpel à sa ceinture, ordonna à ses cadavres de s’avancer un peu devant l’ennemi tandis qu’il le contournait. Il se trouvait donc derrière lui. Il balança sans attendre l’arme blanche. Deux projectiles à gérer, de deux directions différentes, c’était déjà assez. Michiki ne tenait pas forcément à gagner. Il voulait voir de quel bois était fait le jeune homme. Il s’en doutait mais il tenait à voir ça de ses propres yeux. Il remonta donc ses lunettes sur son nez afin de ne pas perdre une miette de l’affrontement.

Spoiler:

Le jeune Masashi ne manquait pas de panache. Avant même que Michiki ne lui sorte son projectile terrestre, le Gekei lui avait fait un signe l’encourageant à venir se battre. Le nécromancien ne l’avait pas déçu. La boule de terre était arrivée en plein dans le ventre de son adversaire. Ce dernier devait faire un peu plus attention. Lui qui paraissait si talentueux. Le nécromancien voulait le voir tout donner et ne pas se retenir. Il voulait ressentir l’adrénaline du combat et sentir toute la hargne et la détermination du Gekei s’acharnant à l’attaquer. L’idée lui arracha un frisson qui lui parcourut l’échine jusqu’à la moelle épinière. Son adversaire devait lui aussi ressentir cette excitation et c’est ce qui devait expliquer son erreur d’inattention de tout à l’heure. Oui c’était la seule explication logique.

Alors qu’il avait créé un brouillard artificiel pour aveugler son opposant, il s’était placé derrière lui. Mais le bruit d’un tintement métallique lui indiqua que son scalpel n’avait pas atteint son but. Sur deux projectiles il y en avait au moins qui avait touché la cible après tout. Il suffisait juste de continuer de le harceler ainsi. Mais alors qu’il comptait réitérer un assaut de ce genre, la voix du Masashi retentit devant lui. Il lui expliqua qu’il était une bête. En effet il était Gekei et pouvait facilement se transformer en une sorte de lézard qui…

« Et merde… » pensa Michiki.

Sa passion des animaux lui rappela l’un des caractéristiques des reptiles : la sensorialité. Il n’eut pas le temps d’agir en conséquence que le Gekei lui prouva par les actes l’inutilité de son brouillard. En moins d’une seconde, le Jônin de la Brume dû gérer quelques projectiles qui arrivèrent sur lui. Il eut à peine quelques temps pour user d’une technique Dôton le recouvrant intégralement de plaques de terres et de roches. Les shurikens vinrent se planter dans la roche qui se trouvait devant son foie et Masashi surgit de la brume pour lui asséner un coup au flanc avant de s’éloigner à nouveau. La force du coup était impressionnante ! Malgré la résistance élevée de cette armure, la technique du Gekei avait créé une fente facilement exploitable pour se changer en trou béant au prochain assaut. Soit il prenait le risque de garder cette protection qui nécessitait du chakra, soit il l’annulait et relançait l’assaut de plus belle. Face à ce jeune garçon, il n’avait qu’un choix possible.

Il annula sa technique. Les plaques de pierre s’écrasèrent au sol dans un bruit mat. Il réfléchit un instant à la stratégie qu’il devait adopter. Masashi était à quelques mètres devant lui et ses cadavres attendaient ses ordres. Il avait sa tactique. Il ordonna aux macchabés de se bouger. Ceux de ses parents. Ils se jetèrent vers la position que leur indiqua le nécromancien. Leurs déplacements firent pas mal de bruit et cela arrangeait Michiki qui aurait alors une ouverture pour envoyer un assaut assez puissant à son adversaire. Il préparait un dragon aqueux qu’il envoya directement sur le Gekei. Par quelle astuce allait s’en sortir le jeune Masashi cette fois ?

Spoiler:

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Le Gekei se comportait de manière digne. Il représentait à merveille toute la puissance de son clan que le nécromancien jalousait. Si seulement il avait pu avoir cette capacité de zoomorphie lui aussi…Il y aurait fort à parier que les dégâts seraient considérables si sa nécromancie se voyait complété par une transformation en animal. Mais pour l’heure, il ne pouvait que se contenter d’admirer ce spectacle dont il ne se lasserait jamais. Masashi commençait à se transformer. Il délaissa son apparence d’homme faillible pour endosser celle d’un super prédateur. Michiki observait attentivement sans en perdre une miette. Une fois transformé, l’homme-sphénodon se débarrassa assez facilement des cadavres envoyés par le nécromancien. Il en utilisa un pour se défendre du dragon d’eau envoyé par Michiki d’ailleurs. Astucieux. Irrespectueux quand on sait la valeur sentimentale qu’avait ce cadavre pour le Jônin mais astucieux quand même.

Les deux adversaires se faisaient maintenant face à face. Il n’y avait plus qu’eux sur le terrain. Aucun intervenant zombie ou vivant. Juste les deux Kirijins l’un contre l’autre. Masashi s’adressa au nécromancien en lui avouant que le combat n’avait que trop duré. Michiki sourit de toutes ses dents et lui répondit :

-Ne t’inquiète pas, il touche à sa fin.

Sans qu’il puisse avoir le temps d’en replacer une, le Gekei se prépara au combat. Pour la peine, Michiki en fit de même. Il vit son adversaire souffler du vent sur ses avant-bras. Une technique Fûton donc. Et pour qu’il la place sur ses bras, c’est qu’il prévoyait une approche au Taïjutsu. Pas de problème, Michiki avait ce qu’il fallait en rayon pour recevoir les adeptes du corps-à-corps. Il prépara donc sa technique qui ne nécessitait qu’une main. Il laissa son adversaire approcher et il fut surpris de la rapidité de ce dernier. Il manqua de le louper d’ailleurs. Le Gekei asséna deux coups bien placés. Sur les épaules. Cela empêchait la cible d’utiliser ses jutsus par la suite. Très malin.

D’un mouvement d’épaule lors du deuxième coup, Michiki pu limiter les dégâts. De toute façon, maintenant, son sceau était posé et il avait encore assez de chakra. Le Genin s’en sortait bien mais il ne pouvait pas faire grand-chose face à un Jônin des forces spéciales. Ce dernier souriait largement. Masashi se tenait face à lui de nouveau mais il ne devait pas comprendre cette réaction. Le nécromancien émit un léger rire qu’il expliqua rapidement :

-Comme je le disais, le combat est fini. Très bel enchaînement que tu as réalisé là vraiment. Seulement tu as loupé un léger détail dans le feu de l’action. Regarde plutôt ta poitrine.

Un sceau noir ornait le milieu de son torse. Il s’agissait d’une invention personnelle du nécromancien. Une alliance entre le Fûinjutsu et le Katon. Sur l’ordre de Michiki, le sceau embraserait la partie du corps où il était appliqué. Ainsi, si Masashi faisait une tentative de l’attaquer, cela serait voué à l’échec. Il était donc à la merci du nécromancien.

-Un pas, un geste et VLOUF ! Tu pars en flammes. Game over comme on dit.

Ce fut un beau combat mais le Jônin ne pouvait se permettre de laisser trop d’espoir à ce Genin talentueux sinon ce dernier ne progresserait pas.