- HRP:
Je termine cette mission sans Eiko, mais en faisant agir son perso de la manière dont nous avions convenu par mp, avec l'accord du staff. Ses paroles sont en vert clair. J'étais genin à l'époque, et c'était mon sensei. Je pense avoir respecté son caractère.
Le rôle du senseur était de truffer le terrain de petits objets métalliques dans lesquels il insufflait son chakra, pour en faire de petits micros. Cela lui permettrait de garder un contrôle auditif sur une grande partie du terrain. Le crépuscule approchait, et Onpu semait ses makibishis sur la plaine, tout autour du village. Il serait difficile de contrôler toutes les zones en même temps, mais cela lui permettrait au moins d'avoir quelques repères dans les environs du village de Nataï.
Après avoir fait la périphérie du village, le genin entreprit de placer d'autres makibishis dans le centre du village, en particulier dans les endroits douteux. Il se mit en quête des ruelles les plus obscures de la bourgade.
L'une d'entre elles était particulièrement glauque et sinueuse. Onpu s'y engagea à tâtons. Un bruit provenait du bout de la rue. Il se faufila discrètement... des cris d'hommes, des cris d'horreurs. Quelqu'un se faisait maltraiter. Une autre voix...
Hein ???
Celle d'Eiko ?!
Inutile de se cacher davantage. Il se précipita vers son sensei, qui était en train de torturer sans la moindre arrière-pensée un inconnu du village. Ou alors... non, pas du tout un inconnu, en fin de compte. Il avait le teint blanchâtre de Gano. Eiko le tenait contre le mur, en le prenant par le col, et en pointant un pic de bois contre sa pomme d'adam.
Onpu ne comprit pas tout de suite ce qui se passait, et commença par blâmer son « crétin de sensei ».
-Qu'est-ce qui tourne pas rond chez toi, bon sang ?-Ah, t'es là toi ? Ce type fait partie des hyènes.Voilà une sacrée surprise. Il regarda l'accusé... sous la menace, il ne semblait pas prétendre le contraire : son visage déconfit et son absence de réponse constituaient un aveu. Mais trop remonté contre Gazon, Onpu n'était toujours pas convaincu. Il lui demanda des preuves.
-La voilà ta preuve, lui dit-il en lui montrant le sac à macchabée derrière lui, contre un mur de la ruelle.
Je te présente le véritable Gano, du moins ce qu'il en reste.
Quand on veut voler l'identité de quelqu'un, on évite de planquer son cadavre dans un placard, hein ducon ? Fit-il à son prisonnier.
On' restait dubitatif.
-Comment tu as su que c'était bien lui ?-Je n'en étais pas sûr. C'est ce guignol qui a finit par l'avouer, ahaha.Tout cela commençait bien... ils avaient été roulés dés le début. Mais Eiko n'avait pas été dupe, et son sadisme apparent s'était même révélé étonnamment vital !
-Mais pourquoi ? Il nous a pourtant donné toutes les infos qu'on voulait... p'tain, j'y comprends rien.-Tsss... t'en tiens une couche, vraiment. On a été bernés, c'est pas ce village qu'ils attaquent ce soir, mais un autre, à l'autre bout de la plaine.
J'espère que tu t'es pas trop emmerdé à sécuriser le terrain, c'était inutile.-Quoi ?? … mais c'est terrible ! Le... le soleil est déjà sur le point de se coucher, c'est foutu !-Pas si on s'y prend correctement. C'est pour ça que je n'ai pas encore tué cet abruti, reprit-il en pointant de nouveau sa pointe de bois contre la gorge du mercenaire.
-Combien êtes-vous ?-Vingt-troiiiis, répondit-il lâchement, dans une complainte.
-Armés ?-Très peu, à peines quelques poignards, mais surtout des torches... je vous l'ai dit, c'est le feu qui effraie les villageois !!-OK, parfait tout ça... redis-nous une dernière fois le nom du village que vous attaquiez ce soir ?-Yokoni...-C'est très aimable, merci pour ta coopération.Puis Eiko eut un mouvement brusque, et tandis que le mercenaire poussait un ultime gémissement, Onpu ferma les yeux. L'homme venait de se faire embrocher par le pique de bois... le genin se retourna. Son regard échoua sur le macchabée de Gano ; prit entre deux tragédies, il faillit vomir.
-Reprends-toi, chochotte. On ne sait pas encore où c'est, Yokoni. Peut-être même qu'en courant comme tout à l'heure on y sera en moins de deux. La mission ne fait que commencer.-Si ça se trouve, ils auront déjà finit leur saccage, répondit Onpu, dégoûté.
-Rien à foutre, c'est hors de question qu'on passe une journée de plus à poireauter qu'ils se pointent dans un autre bled. On les choppe ce soir, on leur broute la face, et on rentre. C'est tout.C'est tout, pensa Onpu... Le voyage l'avait déjà fatigué, il se voyait mal refaire des kilomètres de course à travers champ pour ensuite se frotter à 23 hommes dangereux. Cela dit, il avait encore de l'adrénaline à revendre, et Eiko aussi. Celui-ci laissa son prisonnier embroché contre le mur de la ruelle en guise de souvenir pour le village, et fit signe à On' de le suivre.
Ils s'éloignèrent de la ruelle avant de dérouler une carte de Kusa et ses environs.
-Regarde, fit Eiko.
On est ici, et Yokoni est à une trentaine de kilomètres au Sud-Ouest. Malheureusement, il y a ces collines entre les deux, on ne pourra pas aller en ligne droite.-Tant pis. Les éviter nous forcerait à faire un gros détour. Si on veut vraiment arriver là-bas le plus vite possible, on a qu'à passer dessus. Au pire ça nous fera quoi, 20m de dénivelé à tout casser?-Ça marche. Partons.Et ils partirent.
♪♪♪
A peine avait-il prit ses marques dans le petit village de Nataï qu'il fallait déjà le laisser derrière. De nouveau en pleine course à travers les hautes herbes des landes de Kusa, les équipiers suivaient l'itinéraire qu'ils avaient établis alors que les derniers rayons rouges du soleil léchaient leurs visages suant. Onpu avait encore l'estomac noué, Gazon l'avait bien vu.
-T'es encore mal pour ça ? L'ordre de mission spécifiait clairement qu'il fallait les éliminer jusqu'au dernier.-Je sais... mais on aurait pu se contenter de le livrer aux autorités...-Les autorités pour l'instant c'est nous. Et ne discute pas les ordres de Konoha, ajouta-t-il avec son sourire vicieux.
-Tss... ça t'arrange bien, toi. Je savais que tu étais sadique, mais pas à ce point. Tu me répugnes.-Ha ha ha ! Réjouis-toi, c'est la dernière mission qu'on fait ensemble.Intrigué, On' lui demanda pourquoi. Pas de réponse. Il devait avoir des petites idées arrivistes derrière la tête. En tout cas, cette annonce n'était pas pour déplaire au genin ; Gazon avait beau être un allié redoutable, être à ses côtés était usant. La « team Eiko » n'aurait pas fait long feu.
Après une petite heure de course, le village de Yokoni leur apparut au détour d'une colline.
La fumée et les lueurs s'échappant du toit des maisons mêlée à l'obscurité d'une nuit déjà bien installée prêtait à la scène des allures de cataclysme. Le senseur tendit l'oreille. Des cris de femmes, d'enfants, de victimes, et parfois de fous furieux... Pour couronner le tout, un anneau de flamme se propageait autour du village, dans les cultures. Le saccage battait son plein, mais il n'était pas trop tard.
On' voulut demander à son sensei ce qui était prévu, mais alléché par le massacre qui lui tendait les bras, celui-ci avait triplé de vitesse. Abandonné, le genin s'arrêta quelques secondes, reprit son souffle. Eiko était une tête brûlée, mais il s'en sortirait. On', quant à lui, devrait faire preuve de prudence s'il agissait seul. Il glissa un kunai dans sa manche.
S'infiltrant discrètement dans le village mit à feu et à sang, il se fraya un chemin entre les maisons... à l'intérieur d'une d'entre elles, une femme criait. On' ouvrit la porte : la dame était par terre, un homme la ruait de coups de pieds. Ressentant le devoir d'agir vite, le genin se glissa derrière le mercenaire, et juste avant que celui ne se retourne, lui planta un kunai dans le mollet. Répugné par son propre acte, Onpu se dépêcha de lui coller son poing dans la figure avant de lui faire une nouvelle entaille dans l'autre jambe, et d'aider la femme à se relever avant de quitter la maison. Une fois dehors, un bruit gigantesque retentit, faisant fuir la femme... On' regarda dans la direction. Un arbre gigantesque grandissait à vue d'oeil. Au bout d'une branche, Eiko. Au bout des autres, des corps de mercenaires, empalés dessus... effroyablement efficace, le maître du bois s'en donnait à cœur joie, embrochant tout ceux qui s'opposaient à lui.
On' eut un frisson d'horreur. Au moins, cette zone était couverte, il pouvait se concentrer sur l'autre. Mais après avoir calmé un seul des agresseurs, il avait déjà la nausée... de toute manière, il n'avait pas le choix, un groupe de vandales l'approchaient. Ils étaient six, portaient tous des torches, et commençaient à l'encercler avec des sourires inquiétants. L'un d'eux s'avança vers lui, le plus gros de tous, sans doute le moins rapide également. On' fit une paire de bonds et se retrouva dans le dos de ce pachyderme, le kunai contre sa gorge, avant qu'il n'ait eu le temps de tourner la tête.
-Pas bouger ! Aboya-t-il sèchement aux cinq autres.
Ceux-ci commencèrent par rester immobile... mais leur sourire finit par s'intensifier, et certains se mirent même à ricaner. C'étaient des gaillards, Onpu avait les traits d'un enfant ; malgré le kunai, les mercenaires se sentaient en confiance, et recommençaient à s'avancer vers lui avec leur torches. Mal barré, vraiment très mal barré ! Il fallait les impressionner davantage.
Dans une tentative désespérée, Onpu cria. De toute sa force. Dans l'oreille de son otage. Relâchant du chakra, il utilisa sa technique du mégaphone pour booster l'amplitude de son cri, de manière à dépasser le seuil de douleur de l'oreille humaine... au dernier moment, il relâcha son otage et se boucha les oreilles. L'otage voulut faire de même, mais c'était trop tard pour lui : il plissa les yeux de douleur, ses oreilles se mirent à saigner. Le genin profita de cette ouverture pour le finir en l'assommant à coup d'anneau de kunai.
Il en restait 5 autour de lui, déstabilisés par l'onde gigantesque qu'ils venaient d'encaisser. Quelques mudras, du raiton cette fois... L'un des barbares se rua sur lui en criant. On' lui infligea sa technique, en lui envoyant droit dans la figure un arc électrique qui jaillit de sa paume. L'ennemi tomba à terre, sonné.
Les quatre qui restaient semblaient moins courageux, d'ailleurs deux d'entre eux prirent leurs jambes à leur cou. Il en restait deux autres, dont un qui s'apprêtait à le frapper avec sa torche. Sans réfléchir, le shinobi recommença ses mudras. Ses cheveux se dressèrent sur sa tête. BAM !!! Un nouvel éclair en plein torse. L'homme valsa en arrière et s'assomma contre un mur.
Le dernier...
Oh, le dernier. Il n'était pas comme les autres. Un gringalet. Après avoir vu comment Onpu s'en était tiré contre trois hommes à lui tout seul, la peur avait envahi son regard. Il trébucha en arrière, termina sur son postérieur. Aucune raison de l'épargner, du chakra...
-S'il vous plaît !! L'implora-t-il alors.
S'il vous plaît monsieur !!!Trop sensible, le genin s'arrêta dans sa technique. La compassion prit le dessus... il savait qu'il avait tort, qu'il fallait le sonner lui aussi, qu'il ne valait pas mieux que les autres. Des étincelles jaillissaient de sa paume, mais il ne pouvait se résoudre à frapper quelqu'un qui implorait son pardon. En plus, voilà qu'il était devenu un « monsieur », tout à coup.
La situation fut pourtant vite réglée. Dans un souffle, un pic de bois sortit de nul part et se logea dans la gorge du mercenaire, mettant ainsi fin à ses tourments. On' eut un mouvement de recul, un frisson. Eiko se présenta devant lui... trop de noms d'oiseaux lui vinrent à l'esprit pour qu'il puisse en choisir un pour son sensei, qui pouvait pourtant se vanter de faire son boulot correctement.
-L'incendie ! finit-il par lui cracher à la figure.
Il y a un incendie dans les cultures autour du village ! T'aurais pu l'éteindre en un rien de temps avec ton suiton, mais non, il a fallu que tu t'amuses à embrocher des gens dont tu ne sais rien !!-Mieux valait éradiquer la vermine avant d'arrêter l'incendie. Tu vas voir, ça va être beaucoup plus tranquille maintenant.On' regarda autour de lui. Le feu brûlait toujours, mais les gens criaient moins. L'agitation était retombée. Eiko avait été un boucher, une bombe à lui tout seul. Au loin, l'arbre qu'il avait fait jaillir du sol possédait toujours ses fruits étranges : les cadavres des mercenaires qui pendaient au bout des branches.
-Il en reste ?Il ne répondit pas, baissa la tête. Oui il en restait, au moins deux, et il espérait qu'ils étaient déjà loin.
-Tu mens très mal. Où sont-ils ? Fais ton boulot, le senseur, rends-toi au moins un peu utile.La rage l'envahit... mais il ne voulait pas d'embrouilles avec Konoha. S'il venait à mal faire son travail, son village finirait par le savoir. Il plaça ses paumes au sol, pour utiliser sa technique d'écoute active, repéra la direction de deux sources sonores, des bruits de pas précipités. A contre-cœur, il indiqué cette direction à Eiko. Celui-ci sourit, et partit les rattraper sans le remercier, le laissant seul dans cette rue, au milieu des décombres flambantes et des regards plus ou moins discrets des villageois, terrorisés. Mais par quoi, exactement ? Les mercenaires, ou ceux qui les avaient éradiqués ?
Le poids de la culpabilité n'était pas supportable. Onpu, persuadé que les villageois allaient le maudire pour ne pas être arrivé plus tôt ou pour avoir semé encore plus de pagaille, se réfugia dans une ruelle. Il effectua un Henge, pour revêtir l'apparence d'un paysan dont il avait retenu les traits dans le village précédent afin de rester incognito, avant de rejoindre les cultures, histoire de donner un coup de main aux civils qui se mettaient en quatre pour éteindre les incendies. C'était tout ce qu'il pouvait faire pour le moment... pendant ce temps-là, Gazon devait mettre fin à la vie de ses deux dernières cibles, probablement en prenant tout son temps pour les faire souffrir.
♪♪♪
Tout s'était apaisé. Le feu avait cessé sa progression, les mercenaires étaient de l'histoire ancienne. Les villageois ne comprenaient pas trop ce qui s'était passé, et restaient sur leurs gardes, car l'attaque de ces barbares leur avait fait apparaître des guerriers plus monstrueux encore. Quant aux deux guerriers en question, ils étaient déjà loin. Après avoir établi un campement pour le reste de la nuit au milieu des hautes herbes de la plaine, ils savourèrent tant bien que mal leurs boules de riz gluant. Surtout Eiko.
-Franchement, comment tu peux avoir autant d'appétit après avoir fait des trucs pareils.-Cherche pas, c'est l'expérience.-Tu veux toujours pas me dire pourquoi c'était la dernière mission qu'on faisait ensemble ?-Pas tes oignons, le bleu. Tu devrais apprendre à te poser moins de question.-Mieux vaut s'en poser trop que pas assez. Et là, c'est mon expérience qui parle, termina-t-il en posant le bol qu'il s'était forcé à finir. Il se leva pour aller rejoindre son duvet.
-T'as vraiment pas fini d'en baver, toi... T'as jamais tué personne, pas vrai?-Pas tes oignons, le vert.Eiko n'offrit pour toute réponse qu'un « tss », avant de regagner lui aussi son sac de couchage.
Le lendemain matin, quand Onpu se réveilla, il remarqua qu'Eiko était parti sans lui. Un matinal. En courant vite, il pourrait peut-être le rattraper, mais il n'envisagea pas longtemps cette possibilité. Car cette mission lui avait fait prendre conscience du fossé qui les séparait.