Hayato était revenu de Konoha des étoiles pleins la tête. Le tournoi avait vraiment été magnifique. Un spectacle unique en son genre qu’il avait pris soin de graver dans sa mémoire. Le retour vers Suna s’était tout naturellement, car malgré toute la bonne volonté dont il avait fait preuve, cette verdure à perte de vue devenait vraiment angoissante. Il y avait un autre facteur qui influençait positivement son humeur : un an ! Cela faisait un an qu’il avait dix-sept ans, par conséquent, C’ ETAIT SON ANNIVERSAIRE ! Oui, dix-huit balais, enfin ! Hayato avait passé tout le trajet à imaginer comment il fêterait ça. Une grande soirée au Heaven’s Night, avec de la musique, à boire, à manger aussi, des amis, des gens du villages, des filles, bref tout un beau monde réunit pour un cocktail festif alléchant. Et puis, une année, coïncidait également avec la création de Suna ! Ah, que de bons souvenirs ! Enfin, dernière grande nouvelle, à peine était-il arrivé au village qu’Hayato avait été promu Chunin ! Demi joie, car cela signifiait également plus de responsabilités et moins de temps libre. Bref, cette nouvelle année allait commencer de manière explosive !

Une ombre se profilait pourtant à l’horizon. Elle s’appelait Araakoa Aare… Environ deux semaines s’étaient écoulées depuis la fin du tournoi et à Suna, beaucoup de choses avaient changé. Tout d’abord, il y avait eut ces rumeurs sur l’attaque du Kazekage sur le chemin du retour. Une bande de brigands, c’était ridicule… Hayato connaissait bien Kurogane Akio, puisqu’il était son senseï. Comme si de simples voyous auraient pu en venir à bout. Quoi qu’il en soit, le mystère avait ainsi plané pendant quelques jours avant que le Palais ne convie tous les habitants de Suna sur la Place principale pour un discours qui devaient leur apporter des réponses. La tension était à son comble et les gens continuaient de s’amasser en levant leur tête vers le balcon du Palais.
Et soudain, il apparut un homme âgé à la longue barbe blanche. Il venait avec des informations importantes et des révélations capitales. Ses premières paroles eurent l’effet d’une bombe, il se présenta comme Nidaime Kazekage !

*Qu’est-ce que ça veut dire ? Où est Akio-senseï ?*

Et la suite n’était pas meilleure. Cet homme venait ouvertement d’accuser Kurogane Akio, Shodaime Hokage, de n’être qu’un vulgaire espion au service de Makka. Comment osait-il proférer de telles accusations ? Akio-senseï était un homme très apprécié au village, les nombreuses menaces de morts et autres cris de rebellions qui fusaient vers ce nouveau Kazekage barbu en témoignaient. Hayato préferait écouter l’histoire jusqu’au bout avant de se faire une opinion. Il ne s’était jamais vraiment intéressé à la politique. Il avait conscience que Suna était loin d’avoir réussi dans ce domaine. Il y avait d’abord eut le Triumvirat, avec Kawaguchi Manzo, Karas et Kusanagi-senseï, puis Manzo avait disparu, laissant un certain Kawada Kamei le succéder. Celui-là même qui décida en même temps que les autres membres du Triumvirats lors de l’attaque de Makka, à l’issue de laquelle Akio-senseï avait été nommé Shodaime Kazekage… Et avec Araakoa, cela faisait six leaders pour le village du Sable. A croire que ce poste était maudit…

Hayato avait vraiment du mal à croire ce qu’il venait d’entendre. Il ne pouvait tout simplement pas croire que cet homme était mauvais. Et puis cette histoire ne collait pas, il y avait trop de zones d’ombres… Hayato allait pouvoir se prêter à un petit jeu qu’il avait maintenant l’habitude de pratiquer avec chaque nouveau dirigeant du village : pouvait-on lui faire confiance ?

- Ce sont des accusations graves que vous portez ! Akio-senseï était un grand shinobi et un homme fondamentalement bon. Il a sauvé de nombreuses vies après l’attaque de Makka ! De plus, s’il était réellement un espion à la solde de l’ennemi public numéro un, n’aurait-il pas été plus judicieux de le capturer vivant et de l’enfermer pour tenter de lui soutirer des informations ? Difficile de croire qu’une équipe d’experts ne soit pas capable de neutraliser une cible sans la tuer ! Je pense que commettre ce genre d’erreur à un tel stade est tout simplement impossible… Déclara-t-il a voix haute, d’un ton de défi, fixant les yeux du Nidaime comme s’il voulait percer son esprit

Le marionnettiste avait profité d’un moment de blanc pour prendre la parole. Il devait voir comment le Kazekage justifierait cela… Prenant à présent une pose théâtrale, il enchaîna.

- A vrai dire, tout cela nous mène à ce problème. Le Shodaime Kazekage aurait été mille fois plus utile vif que mort, j’en déduis donc que quelqu’un devait avoir ses raisons pour l’éliminer… Autre chose, si comme vous le prétendez, il avait caché une orbe dans l’Ergastule avec laquelle il communiquait avec Makka, pourquoi du jour au lendemain, le village aurait subitement détecté ce dispositif, alors qu’il était là depuis longtemps ?

Le retour au village avait été houleux. Les Toshihide s’étaient rendus chez eux pour se reposer un moment après le Grand Tournoi organisé à Konoha. Ils s’étaient ensuite rendu tous deux devant le Palais. Un endroit où s’était établi le Kazekage. Il y avait une certaine effervescence en ville. Des rumeurs courraient selon lesquelles le Shodaime avait été tué. Renzaburo ne s’intéressant pas plus que ça à la politique, il avait préféré laisser ses rumeurs aux ignorants qui s’en délectent et qui les font suivre. Mais les Sunajins avaient tous été conviés à se rendre sur la place devant le Palais. Personne ne semblait réellement savoir de quoi il retournait. Néanmoins les Toshihide s’y étaient rendus. Ils voulaient se tenir un minimum informés en cas de changement majeur.

Arriva face au bâtiment, un vieil homme à la longue barbe blanche. Renzaburo fut légèrement étonné. Il s’attendait à voir Kurogane Akio, le Shodaime Kasekage. Le vieux commença alors à parler. Et même si le marionnettiste n’y connaissait pas grand-chose sur l’organisation du village et de ses dirigeants, il n’aimait pas ce qu’il entendait. Cette histoire d’espion lui semblait assez énorme à avaler. D’où un Kage, personnage à l’importance prédominante, prendrait-il un poste aussi important dans le but d’espionner ? Un espion se trouvait tout aussi efficace, si ce n’est plus, en restant dans l’ombre. Un simple poste proche du Kazekage aurait été suffisant pour obtenir les mêmes informations et ne pas être soupçonné. Cette histoire était trop grosse. Elle ressemblait surtout à un complot planifié dont les commanditaires seraient inconnus. Une sorte de plan pour détrôner le Shodaime ?

Tandis que celui qui se présentait comme le Nidaime Kazekage parlait, Renzaburo observa l’assistance. La majeure partie des visages exprimaient la perplexité de chacun. Personne ne semblait croire à cette histoire et tous doutait de la parole du vieillard. En même temps il y avait de quoi ! Cet homme, jusque-là inconnu de tous, débarquait et professait des accusations graves contre un homme qui avait beaucoup apporté au village de Suna. D’autant que les raisons et les circonstances de la découverte du « poteau rose » étaient mystérieuses. Plus exactement, elles étaient très vagues. L’homme face à l’assistance faisait la promesse de recherches assidues. Mais c’était là la spécialité des politiciens. Faire des promesses au peuple pour l’apaiser. Renzaburo était prêt à parier sa marionnette Kobura que plus jamais il n’entendrait parler de ces circonstances si hasardeuses.

Une exclamation plus marqué que les autres attira son attention. Un jeune garçon aux cheveux bleus s’adressait au Nidaime. Qu’il était dur de l’appeler ainsi. Le jeune garçon ne devait pas être plus âgé que Renzaburo et son frère. Il doutait lui aussi de tout cela. Et ce garçon était d’autant plus touché que le Shodaime semblait être son maître. Renzaburo compatit à la tristesse que devait causer cette nouvelle auprès du garçon. Il ne tenait pas rester plus longtemps ici. Il en avait entendu assez.

Son opinion était peut-être un peu rapide mais il préférait s’y tenir que vivre avec des incertitudes qu’aurait insinuées un vieillard. Il souhaitait juste que le nouveau Kazekage remplacerait efficacement l’ancien. Il ne voulait pas entendre les mensonges d’un homme qui de toute façon n’apporterait aucune précision aux interrogations que tous pouvaient se poser. Il se retourna et se dirigea vers une rue menant à son domicile. Il ne regarda pas si son aîné le suivait. Si ce dernier préférait rester, libre à lui. En tout cas, pour Renzaburo, l’affaire était claire. Cette histoire était très douteuse et elle produirait des effets néfastes. Il espérait au fond de lui qu’il arriverait à trouver la vérité un de ces jours, mais ce n’était pas son objectif principal. Il tenait à se renforcer avec son frère. Mais qui sait ? Peut-être aurait-il l’occasion de replonger dans cette affaire et d’y avoir un rôle prépondérant. Pourquoi pas trouver la vérité lui-même. C’est sur ses pensées que le marionnettiste quitta la place principale où se préparait un débat plutôt animé

Un an. C'est le temps qui s'était écoulé depuis mon arrivée dans le village. L'air de rien, ça passe vite. Une putain d'année à servir ce pays, enfin ... servir est un grand mot. J'ai rien fait de spécial en fait, hormis des missions avec le Kakumeigun et participer à un tournoi complètement débile chez les paysans de la feuille. J'me suis bien fait chier en gros. Là n'est pas la question, un tas de choses se sont déroulées au sein d'une même année. Nous étions tellement nombreux à la création de ce village que c'en était jouissif. Seulement, cette grosse connasse de Makka a encore foutu son grain de sel là où il ne fallait pas en attaquant le village, détruisant bon nombre de familles, tuant bon nombre de membres du village dont les trois personnes les plus importantes : Karas, Kusanagi et Manzo. Trois grosses pertes d'un coup, ça fait mal. Nous étions peu à rester après cela mais de nouvelles recrues ont fait leurs apparitions, au plus grand bonheur de certains, au malheur d'autres. Personnellement, j'en ai rien à foutre mais depuis cet incident, le village a tout perdu. Il a tellement perdu de choses que j'le reconnais même plus. Et puis, il y a eu plusieurs personnes passant au pouvoir comme Kamei pour lequel j'ai dû me faire passer et que je n'ai jamais pu voir. Rajoutons le dernier Kazekage, celui en qui tout le monde avait confiance : Kurogane Akio. J'suis parti avec Kenji et lui pour le tournoi de Konoha et franchement, on ne s'attendait pas à cela. Lui un traître ? Ça m'étonnerait très franchement mais d'après certaines personnes, ça l'était. Au fond, ça m'est égal mais tous ces changements commençaient réellement à m'faire chier royalement.

Un rassemblement avait lieu sur la grand place du village. Depuis la création du village, plus aucun rassemblement de ce genre n'avait eu lieu. Après un an, je m'étais habitué à toutes les habitudes du village et j'peux dire que j'y étais bien, bordel. Ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé de me sentir aussi bien quelque part. Un année à servir le Kakumeigun, à vivre dans une communauté, à ne plus être seul et bien j'peux dire que ça change une personne. Il était temps que j'change de comportement et que j'devienne quelqu'un de responsable même si j'me suis jamais vu dans ce genre de rôle. Mais tous ces évènements commençaient réellement à m'obliger à le faire, j'étais un "vieux" du village. Ce rendez-vous sur la place n'était pas anodin, on allait surement nous annoncer quelque chose. Quelque chose d'important concernant la mort d'Akio, notre ancien Kaze. J'devais absolument m'y rendre pour voir si c'était vraiment vrai. Arrivé à destination, je pris place contre l'un des murs à proximité de la grande estrade où quelqu'un allait s'exprimer devant tout le village. Dans la foule, quelques visages connus pour ma part, celui d'Hayato le roux ou encore de Kenji, le chef du Kaku. D'ailleurs, il m'avait l'air en mauvais état depuis son retour du tournoi. Mais j'voulais pas trop être avec des gens que j'connaissais dans ce genre de situation, j'préfère être dans mon coin, à écouter les conneries que la dite personne allait nous dire.

Un papy prit place sur l'estrade et adressa la parole au peuple de Suna. Mais c'est qui ce mec, sérieux ? Aare .. Il faisait partie du village ? J'l'ai jamais vu une seule fois au sein de Suna et il apparaît comme ça. Pour couronner le tout, c'est lui qui remplace Akio au poste de Kazekage. Là, je serrai les dents et mes poings très fort pour ne pas péter un plomb en public, j'pouvais pas accepter qu'un inconnu puisse prendre la place d'un autre et diriger un village comme ça, sans prévenir personne. Il prétendait qu'Akio avait été tué lors d'un combat, qu'il était un infiltré à la solde de Makka. Fort possible, j'pouvais pas trop y croire mais d'un autre côté, j'ai jamais été réellement proche de lui donc j'peux pas donner mon avis sur le problème. Ensuite, plusieurs personnes intervinrent, dont le jeune Hayato, marionnettiste qui était là depuis pas mal de temps lui aussi. Et puis, une femme aux cheveux rouges ... Etonnant, j'sais pas d'où elle sort et se permet d'intervenir devant tout le monde alors qu'elle est, elle aussi, inconnue. Peut-être une nouvelle recrue ? Mes doutes se confirmèrent lorsque Kenji alla la trouver et lui toucha deux mots. Personne n'avait remarqué cette scène mais moi bien, j'lui en parlerai à ce blond qui recrute des gens sans même le dire !

Le vieil homme répondit au jeune Hayato d'une façon .. inappropriée. Cela ne fit qu'empirer mon état d'énervement qui était déjà bien entamé. Pour qui il se prend ? Putain, on l'connait pas et il vient faire le chef devant tout un peuple et répond de haut à des personnes qui lui posent simplement des questions. C'est tout à fait le genre de personne que j'ai envie de remettre en place directement, sans attendre une seconde. Bordel, ça me mettait en rogne, un comportement pareil avec les gens de son propre village. Enfoiré d'vieux, il a intérêt à surveiller ses propos parce que j'l'aurai à l'oeil à partir de maintenant. J'pouvais pas rester sans rien dire à toutes ces foutaises lancées dans le vent et son comportement de merde.

Hey, vieux débris ... J'sais pas qui tu es, j'sais pas d'où tu sors mais qui es-tu pour parler de cette façon aux personnes de Suna ? Aie un peu de respect pour eux. À ta place, j'ferai attention à c'que je dis parce que ça peut très mal tourner. Et puis, pourquoi le village devrait faire confiance à un papy que personne ne connait et n'a quasiment jamais vu ? Bordel ...

Première fois de ma vie que j'parlais calmement, sans trop insulter la personne à laquelle je m'adressais. Ce qui est sûr, c'est que mes poings n'étaient pas déserrés pour autant, au contraire. La colère montait en moi mais j'avais pu me contrôler comme je le pouvais. En tout cas, toute cette série d'évènements m'avait conforté dans mon idée : être contre ce connard de vieux à qui on a donné le titre de Kazakage.

Un bâillement. Un deuxième baillement. Puis un troisième. Tu t'ennuies, debout sur le toit de l'une des habitations du centre ville. Tu observes la grand place, dos aux vents, ta veste et tes cheveux pris dans les courants d'air. Tu machonne distraitement un chewing gum ayant perfu toute saveur, tout en écoutant les discours, protestations et autres élucubrations relativement peu utiles à ton goût...

Un nouveau Kage hein ? Il y avait eu Manzô, ton sauveur, puis, Akio, et maintenant, ce vieillard, Aare. Tu n'avais jamais fait ne serait-ce qu'avoir un semblant de confiance envers Akio, alors pourquoi respecterais et obéirais tu à ce vieil homme sorti de nulle part ? Pour toi, Manzô était, est et restera ton seul maître. Mais désormais, il est mort. Mais tu as toujours cette dette envers lui. Et cette dette, tu la contemple en ce moment même... Suna... Suna. Ce pays que tu avais aidé à fonder. Ce pays qui t'avais protégé. Mais et maintenant ? Maintenant, il n'y avait plus rien qui te rattachais à cet endroit. Ou du moins, plus grand chose... Peut être une seule et unique personne... Mais tu ne sais pas. Tu hésites.

Tu es devenu fort depuis que tu as quitté Kiri. Tu es devenu capable de te défendre seul. Tu es désormais capable de reprendre ton destin en main. Tu n'as plus besoin d'une quelconque protection extérieure. Mais à nouveau, tu ne sais pas. Dois tu choisir entre ton honneur et ton amour ? Dois tu réellement faire de tels choix ? Tu ne saurais le dire. Tout est un peu confus dans ta tête, et tu ne sais plus quoi penser. A Manzô, tu dois la vie. A Zanshi, tu dois l'amour. Tu réfléchis quelques instants, dans le vague. Tu comprends rapidement à qui tu dois le plus, mais faire un choix te déchire... Et pourtant. Et pourtant tu prend la parole. Tu hausses la voix.

Qui êtes vous donc pour prétendre poser la main sur le sceptre de Suna ? Croyez vous que vous pouvez ainsi prendre le contrôle de notre village ? Akio était un traître, mais qui dit que vous ne l'êtes pas ? Sunajins ! Ce village était notre utopie ! Nous autres, sous les ordres du prince du désert, Kawaguchi Manzô, nous avons bâti ce village ! Et voyez ce qu'il est devenu ! En si peu de temps, nous voici déjà à la merci des traîtres et des lâches ? Est-ce pour cela que nous autre, Kakumeigun originel, avons travaillé si dur ?

D'un geste de la main, tu jettes alors un kunaï aux pieds du nouveau "Kage". Un signe de non respect, de défi, de violence... Tu reprends alors une dernière fois la parole avant de disparaitre dans un nuage de fumée.

Je ne vous reconnais pas comme mon seigneur. Je ne vous reconnais pas comme mon maïtre. Vous n'êtes qu'un semblant de dirigeant, qui ne ferez pas long feu sur le trône du désert. Ce n'est pas encore un adieu. Vous me reverez très vite.