N'y a-t'il plus lugubre sensation que d'entendre le bruit de bottes lourdes marteler un sol poisseux, alors que la silhouette responsable de ce bruit de succion écoeurant se dessine vaguement au travers d'un voile gris, tout juste éclairé par les lueurs argentées d'une demi-lune se diffusant dans le rideau brumeux éternel des îles de l'Est.

Au travers des branchages d'arbres minces, mais nombreux, une flamme solitaire brille à l'horizon, se dressant dans la nuit tel un véritable phare pour toutes âmes qui vive. Sur le chemin menant à la source de chaleur, rapaces et proie jouent au jeu de la survie. Un hiboux déploie ses ailes, tout en silence, et fonce sur un mulot un peu trop curieux...et les serres du premier s'enfoncent sous son ventre couleur taupe. Prisonnier des lames acérés de son ennemi, il ne pourra même pas avoir la chance de voir le paysage s'envolé autour de lui tant l'oiseau de proie est affamé. Non...plaquant simplement le petit rongeur au sol, battant des ailes pour amortir son atterrissage un peu trop précipité, l'emplumé redresse la tête et plonge son regard vers le seul spectateur de la scène.

Assis à quelques mètres seulement de ce chef d'oeuvre visuel de la nature, un homme siffle une comptine. Son seul oeil d'un brun noisette reste immobile, complètement absorbé par le jaune clair de ceux du hiboux qui fait maintenant entendre son chant discernable entre tous, à la fois doux, mystérieux et terrifiant. Mais...son chant ne sera que de courte durée car alors que l'homme éloigne de ses lèvres un étrange bâton à l'embout large et arrondis et que son visage se perd dans un nuage couleur purée de pois...il plonge son bec dans la chaire tendre et chaude de sa récompense. Spectacle totalement fascinant...qu'est ce moment où la vie est sauvagement arrachée à une créature afin d'en renforcer une autre.

La nature était, est et restera toujours cruelle. Un règne où les forts subsistent en arrachant tout aux plus faibles.

Et ça...Howard l'avait comprit dès ses premiers jours sur le Prince Harry's Burden, le navire de son défunt mentor dont il était devenu capitaine avant de le perdre dans sa dernière aventure. Celle qui l'avait mené sur ces terres étranges...au delà du plus grand océan du monde connu. Cependant, sa présence ici l'avait mené sur le chemin qu'il espérait tant trouvé et ce, depuis plusieurs années. Le chemin de l'immortalité se pavait maintenant devant lui...à un rythme lent certes...mais il était là. Chacun de ses pas le rapprochait de son désir le plus profond qu'était celui de ne plus craindre les limites du temps et ainsi lui donner la force nécessaire de conquérir les océans du monde. D'ailleurs...s'il était dans ce marécage à fumer sa pipe, c'est qu'il y attendait LA personne qui pourrait lui fournir les outils nécessaire à la réalisation de son rêve.

Oh...certes...les outils ne vous apportaient pas directement la solution et il fallait se doter de patience et d'acharnement si l'on voulait, avec eux, construire quelque chose qui traverserait les âges et les générations. Deux caractéristiques que possédait le capitaine d'ailleurs. Et la patience...c'est exactement ce dont il faisait preuve en ce moment en attendant Zassou...celle qui chuchotait aux morts...et qui commandait aux diables.

Le croissant de Lune est haut dans le ciel, baignant le monde de ses éclats d'argents ternis par la brume environnante. Une nuit comme Zassou les aimaient.
« La mauvaise herbe » comme la surnommait certains, se délectait d'un tel tableau morbide qu'elle pourrait contempler des heures durant.

Ce soir ne faisait pas exception si ce n'était que sa transe salvatrice auprès des morts ne se ferait cette fois-ci pas seule. Elle percevait l'écho de son âme... L'âme de l'enfant perdu. Celui qu'elle s'était plu a renommé « Fukitsu ». Cet homme ignorait encore le malheur qu'il apporterait dans son sillage... Elle l'avait rêvé, les morts lui en avait parlé et les Onis savouraient d'avance l'idée de se repaître de son âme dans son entièreté.

S'avançant d'un pas nonchalant presque désarticulé vers lui, les pieds nus marquant son chemin sur le sol boueux et parfois poisseux des marécages, elle fixait un point qu'elle seule parvenait à voir, un sourire s'esquissant sur sa peau craquelée Teintée de bleue.
Le silence était d'or, seul le cliquettement de ses bracelets ésotérique s'entrechoquant parvenaient à le rompre.

S'engouffrant dans la forêt, elle fini par le rejoindre, lui qui était assis, contemplant le spectacle de bataille entre la vie et la mort. Son goût semblait s'y prononcer davantage... En voilà une nouvelle intéressante. Zassou se délecta de cette vision, passant sa langue presque serpentine sur ses lèvres avec appétence tout en s'approchant dans son dos.

« La mort l'emporte toujours sur la vie une fois qu'elle est prise entre ses tenailles... »

Ses mains décharnées et griffues de manière grossières se posèrent sur les épaules du navigateur tout en lui susurrant ces mots au creux de son oreille avec un sourire affiché et belliqueux. Elle vint ensuite lui subtiliser sa pipe et tira dessus, recrachant la fumée se mêlant au voile brumeux déjà diffus dans les marécages.

« L'enfant ne me semble plus si perdu... »

Faisant le tour pour lui faire face tout en lui rendant son dû, la Mamoru diaboliste ne se départit aucunement de son sourire, bien au contraire.

« Les morts parlent, mon beau et je dois dire... que ma carcasse est plutôt ravie de te revoir... »

Cette voix...jamais il ne l'oublierait.

Si elle paraissait cassée, faible et malade aux oreilles de n'importe qui, ce n'était pas ainsi que l'entendait le quarantenaires et il avait bien raison car Zassou n'était rien de ce qu'elle paraissait être. Ne faisant que fermer les paupières de son oeil gauche, il huma l'air pour bien saisir le parfum âcre de la sorcière qui lui avait volé une partie de son coeur il y avait de cela quelques mois déjà. Sa peau craquée sentait légèrement le souffre, camouflé par de multiples fragrances qui venaient probablement des fleurs et plantes en tout genre qu'elle faisait sécher, bouillir ou broyée du matin au soir afin de préparer les concoctions dont elle seule connaissait les propriétés. C'était donc un douce odeur sucré qu'elle dégageait d'abord...avec un fond de souffre puissant qui vous assaillait ensuite les narines. Mais, le marin n'en avait que faire. Pour lui, c'était ce qu'ELLE était. Une représentation vivante de la dualité, de l'opposition entre le bien et le mal, la vie et la mort, la beauté et la laideur...et c'était ce qui l'avait toujours attiré vers elle. Ce qui prouvait, en bout de ligne, que la voix fragile de la shamane ne sonnait pas à ses oreilles comme elle sonnait à celles de n'importe qui...puisque...il n'était pas n'importe qui.

Toujours l'oeil fermé, il laissa la sorcière passer ses griffes noires sur son épaule, sentant la caresse d'une diablesse aimante...aussi étrange et contradictoire pouvait-il être. Lorsqu'il posa finalement son regard sur celle qui subtilisait tranquillement sa pipe, il s'attarda quelque peu sur sa peau couleur moisissure, en affichant un sourire aussi pourri sur ses lèvres et autant était-il peu attirant par les apparences, qu'il dégageait ce charisme indéniable malgré tout...comme elle.

Elle qui, sous ses traits reptiliens et monstrueux, au delà de sa voix cassée et ce parfum démoniaque de souffre qu'elle dégageait...avait probablement dû être une magnifique jeune femme avant de n'être emportée par ses sombres desseins et la maladie de la teinte, comme les Mamoru l'appelait. Une fleur, une orchidée solitaire et unique au travers d'un champs entier de simples pissenlits. Et non...elle ne s'était pas fanée...ooh non. Elle s'était simplement abreuvé du poison qu'est la mort au lieu de le laisser couler dans ses veines. Elle en a bu...goutte à goutte...en se basant sur un vieux dicton qui disait "ce qui nous tue pas rend plus fort"...et ô diables qu'elle eut raison car aujourd'hui, elle était devenue cette magnifique orchidée noire...à la fois laide, mais belle. Unique en son genre...comme elle l'avait toujours été.

Ses paroles étaient biens choisis. Celui qui dirait qu'elle n'avait aucun charisme ne serait qu'un fou de plus sur terre. Comme Howard, elle avait été formé dans le plus intéressant des moules: celui qui forgeait des âmes aussi profonde que les abysses...et non seulement une grande forme extérieur sans contenu. À cela, le capitaine ne fit que se pencher tranquillement vers l'avant afin de reprendre son accessoire fumant et le ramener à ses lèvres, mais, avant qu'il ne les referment entièrement sur le bois de sa pipe, il répondit à sa très chère.

Howard-

Oooh et moi donc... Regarde toi! Médusante méduse...sirène des terres et fleur des enfers. Je serais fou de dire que ce n'est pas un plaisir de te revoir.


Véritables éloges qui se terminèrent par le son distinctif de ses dents qui claquaient le tuyau en bois de son instrument, puis d'une grande inspiration qui lui gonfla le coffre. Un simple clin d'oeil dirigé ensuite vers la dame noire qui disparue momentanément dans le nuage fumant de son souffle. Puis, il reprit la discussion en détournant le regard, replongeant son attention sur le duo animal qui s'envolait maintenant dans les branchages d'un grand chêne mort, où le prédateur termina de dévorer son mulot.

La mort avait belle et bien triomphée, éternelle qu'elle était, grande dominatrice du cycle de la vie. Pensées qui eurent comme effet de ramener Howard à ses intentions les plus chères: en apprendre encore plus sur ce qui venait après celle-ci, car...la mort n'était qu'une action, qu'un mouvement...qui menait l'être sur un autre chemin. Un chemin qu'il tenterait bien d'exploiter pour arriver à ses fins.

Howard-

Et parlant de la mort...toi qui est le plus beau de ses corbeaux, dit moi...

...dit moi ce que l'on y trouve après qu'elle nous aie étreint de son ultime baisé! J'en ai eu un bref aperçu déjà, grâce à toi...mais ce n'est pas assez Zassou. Je ne veux pas que la voir, je veux la sentir, la prendre...la dominer...pour la transcender et m'approprier ce qu'elle offre une fois qu'on la traversée.


Car "Fukitsu", comme elle l'avait appelé lors de leur première rencontre, ne se contentait jamais que de "voir". Ses ambitions dépassaient largement celles d'un simple homme et "la mauvaise herbe" elle même ne pouvait prédire totalement ce qui arriverait si un tel pouvoir que celui des Mamoru ferait...s'il tombait entre les mains d'un individus tel que lui. Un homme aussi gourmand qu'un loup, aussi curieux qu'un enfant et aussi malin qu'un diable. Aux dernières nouvelles...le dernier homme aussi vorace à avoir eut ce pouvoir...avait ouvert un passage entre le Jigoku et le Hairo...damnant le passages des morts à tout jamais aux assauts des Onis et de leur appétit sans fin. Menant à la création des diaboliste dont elle était aujourd'hui la matriarche. Certes...Howard n'était pas aussi puissant que le premier diaboliste le fut...mais...il apprenait vite...très vite...

PNJ : Mamoru Zassou

Il y a bien longtemps déjà que « la mauvaise herbe » à renié les battements chaleureux de son cœur pour en faire offrande aux Onis. Sa vie n'est plus qu'un parfait mélange avec la mort : cette dernière ayant même tendance à grignoter les infimes parties restantes de son opposée dans la carcasse putride la Diaboliste.

Pourtant, Zassou aimait entendre les paroles du navigateur : des éloges comme elle n'en entendait plus souvent. Cela ne témoignait que d'une chose : aussi corrompue était son âme, rongée jusqu'à l'os par sa volonté de communier avec les démons pour s'enquérir de leur puissance, elle disposait toujours d'une soif de reconnaissance : ou peut être était-ce pour abreuver son ego … ?

Si son sourire s'était manifesté sur ces compliments, il redoubla d'intensité alors que l'homme témoignait son souhait de côtoyer une nouvelle fois l'étreinte glaciale et ténébreuse du Purgatoire.

« Je connais et comprends cette impatience qui te ronge Fukitsu. Sa caresse est plus froide que la mer martelée par le climat hivernal. Bien plus lugubre que le plus terrible de tes cauchemars. Et pourtant... Elle est si douce... »

La shaman s'étreigna elle même de ses bras faméliques, les yeux clos tout en laissant s'échapper un profond soupir d'extase à cette simple idée.

« Son absence me pesait comme un manque viscéral ! C'est bien pour cela que j'ai troqué ma misérable existence contre sa présence constante, à mes côtés... Me laissant la chérir, la sentir, la dominer comme tu l'espères désormais à ton tour... »

Elle dévoila ses dents jaunies tout en avisant son protégé.

« Pourtant... Elle n'aime pas les insolents. Tu devras d'abord la dompter ! Mais avant toute chose... tu dois apprendre à la comprendre... »

La mauvaise herbe s'approcha d'un pas chancelant vers celui qu'elle jugeait digne de recevoir cet héritage et retira le fumoir de sa bouche d'un geste lent avant de se pencher vers lui pour laisser sa langue serpentine retrouver la sienne.

La réalité se déforma.

Plus aucun hululement ne venait perturber la constance de ce monde dénué de toute sonorité. Zassou se recula pour lui laisser apprécier la vue du Hairo. Le monde était en tout point similaire mais différait également complètement...
Ici, les couleurs n'existaient pas. Seule une teinte grisâtre subsistait, enveloppant les lieux et ceux qui s'y trouvaient dans un linceul un brin oppressant pour les non initiés.
Le ciel, recouvert de cumulus, ne permettait plus un semblant de guidance par son astre dorénavant inexistant. Il n'y avait nul notion de temps ou d'espace : tout semblait infini...

Se penser seuls aurait toutefois été une grossière erreur... Les âmes errantes, en attente de jugement, étaient nombreuses, soucieuses de leur sort alors que des Onis parvenaient à se faufiler jusqu'ici depuis le Jigoku. Mais cela, tout bon manipulateur des âmes et de la mort le savait...

« N'est-ce pas splendide ?
… Observes...
… Apprends...
… Domines... »

Alors même qu'elle parlait, elle modelait son illusion pour approcher plusieurs âmes de leur duo, laissant les pernicieuses tourner autour du pirate jusqu'à le recouvrir et l'envahir.

Le sentirait-il ce frisson qui s'engouffrait dans tout son être ? Ou bien la transposition conjointe de toutes ces existences se mêlant à la sienne, visibles à travers le regard de son unique œil ?
Et de la mort, si envoûtante et tentatrice qui chercherait à l'attirer dans ses bras pour qu'il y trouve le repos éternel ? …

Quelle surprise était-ce que de se faire arracher son tube à tabac aussi audacieusement...et par une femme en plus.

Après avoir raconter à quel point elle ne regrettait pas avoir choisis la mort comme comparse de fin de vie et qu'elle eut soudainement enlacer son propre corps de ses petits bras de femme, quoique écailleux en surface et à certains endroits, la shamane plongeait maintenant ses lèvres ardentes comme la braise sur celles du marin qui, tout sourire, ne resta pas de marbre à un tel mouvement. Bien que sachant exactement ce qui l'attendait, il empoigna simplement le visage de Zassou de ses deux mains, refermant ses doigts puissant derrière sa nuque, et laissa glisser sa langue contre celle de l'oracle des Onis. La langue serpentine de cette dernière fit le tour de la sienne et soudain...le monde entier fut changé.

L'écorce des arbres était couleur de charbon. Leurs feuilles s'étaient évanouies. Les hululement du hiboux avaient cessés, et l'animal avait disparut...même le ciel s'était rempli d'une nape terne et opaque et de gros nuages bombés. Des nuages qui semblaient les couper du reste de l'univers, les plongeant dans un cycle sans jour ni nuit...prisonniers de l'éternité. Et, tranquillement, apparurent les résidents de ce monde: Les esprits.

Apparaissant d'abord comme de simple silhouettes translucides, leurs formes se dessinèrent de plus en plus. Ce qui semblaient être de vague nuage aux formes humanoïdes devinrent bientôt des spectres qui avançaient tous dans une seule et même direction. Leurs visages restaient difficiles à identifier, mais ils étaient bien humain...ou du moins...ce qu'il en restait d'humains. Et, alors que celle qui avait renoncée à son humanité continuait de vanter la beauté de son monde, avec raison, quelques-uns de ces fantômes dévièrent de leur trajectoire initiale. Comme attirés par le pirate, ils tournèrent autour de lui, offrant comme spectacle une danse aux allures tribales très violente...et calme à la fois vu l'absence de bruit. Les sens du barbu étaient confus et rapidement, un haut le coeur le prit de force lorsque les esprits se rapprochèrent d'un seul coup afin de bondir en lui. Non pas sur lui...mais bel et bien *en* lui.

Reculant de quelques pas, comme poussé par une force extérieur, le pirate resta néanmoins debout, combattant le mouvement étranger dans son corps. Un immense frisson parcourait son échine. Les poils sur ses bras, sous sa redingote, se dressèrent pendant que ses deux mains vinrent appliquer une pression sur son estomac. Si la diaboliste riait, le marin avait bien l'air trop dérangé pour s'en occuper, voir même l'entendre. Ses paupières, écartées au maximum et laissant voir sa pupille bien ronde et dilatée, le prouvaient bien.

Cependant, le "vieux" bougre tenait bon. Refusant catégoriquement de céder à la panique, son air incertain se transforma peu à peu en un sourire maniaque. Ses jambes, tremblantes, reprenaient du poil de la bête jamais l'homme ne posa un genou au sol. Jamais, il ne s'abaissa devant le pouvoir des morts. Non, au lieu de cela, il lui riait en pleine face puis, soudain, il se mit à parler dans le vide. À personne en particulier...sauf à l'objet de son désir.

Howard-

HAHAHAHA!!! Alors...elle n'aime pas les insolents tu dis? Hahahaha! Eh bien elle devra s'y accoutumer car je ne changerai pas pour elle.

M'AS TU COMPRIS?!? HAHA!!! JAMAIS NE VIENDRA LE JOUR OÙ HOWARD...FUKITSU...GIBSON...VIENDRA A POSER LE GENOU DEVANT TOI.

Hehehe...tu es à moi...et tu deviendra MA catin.


Seulement...si les choses étaient aussi facile, n'importe qui pourrait prétendre à comprendre et s'approprier une telle puissance.

À peine avait-il eut terminé de jacasser qu'un haut le coeur le reprit à nouveau, suivis d'une intense douleur. Ses tripes semblaient se compresser de l'intérieur et sa cage thoracique elle, prendre de l'expansion. Serrant d'abord les dents, ses mains qui faisaient une pression constante sur son abdomen bougèrent jusqu'à sa gorge, où il tentait de s'étouffer lui-même...ou plutôt de bloquer l'accès à quelque chose. Ne pouvant retenir son cri plus longtemps, tant la souffrance lui semblait pratiquement insoutenable, le spectacle qui s'en suivit fut des plus horrible.

Ce n'était pas seulement un cri qui sortis de sa gorge, en remontant jusqu'au bout de sa langue...mais quelque chose d'aussi écoeurant qu'improbable. D'abord, des doigts translucides sortirent de sa bouche afin de s'agripper sur l'extérieur de ses lèvres et de ses joues. Ensuite, une plainte d'outre tombe s'échappa du gosier du malheureux pirate qui, cette fois-ci, semblait réellement prit de panique. Zassou n'y allait pas de main morte avec lui...et il comprenait maintenant que leur première rencontre n'avait été qu'un minuscule et bref aperçu de ce que le pouvoir des âmes avait à offrir. Du sang commença alors à couler de ses lèvres gercées et de son nez...mais il ne faiblissait pas.

Bientôt, la panique laissa place à l'acharnement et il referma la bouche sur les membres fantômatiques qui en sortaient...et qui s'évaporèrent suite à son claquement de dents. Un grognement d'effort lui échappa alors qu'il fléchissait les genoux, mais il resta néanmoins "debout"...

Il avait mal
Il rageait intérieurement
...il se demandait même s'il allait y rester.

...mais il tenait bon...ce gaillard...

La mort se saisissait de lui de toute part, s'immisçant dans sa carcasse, se mêlant à sa propre existence dont elle cherchait à s'emparer. Il était à sa merci, elle n'avait plus qu'à le cueillir... mais... le bougre ne ployait pas... Il ne flanchait pas sous ce baiser insidieux ! Pire, il en riait ! …
La présence des âmes tourmentées se raffermit, cherchant sournoisement et avec avidité le point faible du marin, exploitant la moindre faille qu'il laisserait apparaître.

Zassou elle, riait à gorge déployée : tant par amusement que pas fascination. Son beau pirate parvenait à tenir tête à la funeste entité et cherchait même à se l'approprier comme elle l'avait fait jadis avant lui. Pourtant, elle ne comptait pas s'en contenter... Ce n'était rien en comparaison de tout ce qu'il aurait à affronter et à dominer.
Sans attendre, elle axait l'expérience dans une toute autre direction, modelant au gré de ses envies pernicieuses le monde illusoire dans lequel ils se trouvaient.

Des mains venues d'ailleurs se hissèrent hors de la bouche de l'homme, se cramponnant à ses joues pour y parvenir, laissant entendre les complaintes horrifiques qu'il proférait sous l'affliction.
Cela était-il douloureux ? Bien sûr... La Mauvaise Herbe y veillait...

Et alors qu'il se tordit, prit de spasmes emplis de souffrances, il parvint à s'en extirper, claquant sa mâchoire pour balayer l'illusion, renvoyant sa peur avec stoïcisme. Etait-il prêt ? Zassou était loin d'en être certaine : les épreuves seraient longues et pernicieuses.
Une chose était sûre : personne n'en ressortait inchangé. Tous laissaient une part de leur âme lors de leur pèlerinage et perdaient une moitié d'eux même...

Alors le supplice se répéta inlassablement dans ce qui semblaient s'éterniser sur plusieurs heures. Plusieurs longes heures d'agonie. Il put voir la mort sous toute ses formes, tous ses aspects, sans répit. Et alors qu'une entité fantomatique le perforait d'une lame en plein thorax, avide et menaçante avant de disparaître en laissant l'homme chancelant, éreinté mais toujours debout, Zassou s'approcha de lui, prélevant de son pouce audacieux le sang qui perlait sur son menton avant de laisser sa langue bifide s'en enquérir, un large sourire sur ses lèvres nécrosées.

« La comprends-tu désormais ? ... »

Maintenant qu'il l'avait côtoyé sous toutes ses formes.

« Elle restera toujours insaisissable, que tu le veuilles ou non... Sa puissance n'est qu'un pacte auquel elle consent auprès de ceux qu'elle juge digne. Ne vas pas croire qu'elle t'appartiendras un jour : c'est toi qui sera à elle pour l'éternité... »

Et à quel prix ? Zassou y était dévouée corps et âme, usant des Onis pour faire régner sa loi sur le monde, sans prendre gares aux failles que cette pratique engendrait ni même à ses conséquences. La mort la berçait, veillant sur elle comme l'un de ses précieux enfants dont elle drainait la vie à petit feu. La diaboliste le savait et en jouissait ! Les forces obscures l'avait honoré de ce serment qu'elle n'hésitait pas à répandre et dont elle même trouvait satiété. Elle n'était plus une débutante : la mort ne la tolérait plus, elle la respectait.

La Mamoru soumettait le marin à une épreuve ultime afin de reconnaître sa valeur.
Une brèche se forma dans leur monde, laissant un Oni s'y faufiler, menaçant par ses imposantes cornes ainsi que sa taille et musculature impressionnante sous sa forme monstrueuse autant que difforme.

« Terrasse cet Oni. Renvoi le d'où il vient ! »

Plus que de simples minutes, ce sont des heures qui défilèrent dans le temps immuable qu'était celui de l'illusion dans laquelle il était prisonnier, à tenter de comprendre comment fonctionnait le pouvoir tant convoité des Mamoru, à savoir celui du contrôle des esprits défunts et des Onis. Pris au piège dans ce scénario fabriqué de toutes pièces par la sorcière des marais, le capitaine du Prince Harry's Burden tenait malgré tout sur ses deux jambes, encaissant les assauts mentales avec brio...quoiqu'avec toujours de plus en plus de difficulté. Son esprit s'affaiblissait, lui faisait maintenant défaut et ses membres chancelant lui prouvait une chose: son mental en avait rudement souffert.

Cependant, il eut soudainement l'effet que son esprit s'allégeait, qu'un énorme poid lui était enlevé des épaules et son regard s'ouvrit de nouveau sur le vrai monde, sur le feu qui crépitait encore au centre du marais, et sur la silhouette de sa "belle" shamane au teint grisâtre. Secouant tranquillement la tête, tentant de replacer ses idées après ce carnage spirituel qu'il venait de vivre, il porta néanmoins une oreille abstraite à ce que disait la maudite...qui vantait toujours la surpuissance de ce pouvoir qu'elle chérissait tant, au point d'en être devenue la matriarche des siens.

La vérité étant que "Fukitsu" ne serait jamais un simple esclave ou même sujet de cette force qu'était celle de la mort...celle des âmes. Du moins, il ne se considérerait jamais comme tel. S'il était prêt à accepter que le pouvoir était terrifiant et que la mort elle même dictait le sens de la vie au point d'en être la fin, il était cependant loin d'être celui qui se plierait à cette fatalité. Non, ses buts étaient on ne peut plus clair quant à son désir de façonner les âmes. Il voulait façonner la sienne en une ultime tentative d'atteindre l'immortalité. C'était surtout ça qu'il avait compris après cette torture intemporelle qu'il venait de subir: l'homme pouvait avoir un certain contrôle sur l'après-vie. Ce qui voulait dire que la mort n'était belle et bien pas la fin de tout, mais pouvait être le commencement d'une nouvelle vie...voir...la prolongation de cette dernière.

Ce fut donc avec un sourire de satisfaction que le pirate reprit sa pipe qui avait tombée par terre durant sa récente expérience. Essuyant l'embout, il la remit entre ses lèvres tout en cherchant un allume-feu dans ses poches...pendant que Zassou, elle, plaçait un parchemin devant elle en effectuant une longue série de Mudra. Arquant un sourcil, la réaction du chercheur de trésor aurait même pu être drôle si ce qui apparaissait devant lui n'était pas aussi effrayant. Car, alors qu'une brèche semblait s'ouvrir vers le monde des morts, et pour vrai cette fois-ci, ce fut plutôt une créature immonde qui en sortir.

Sa peau était rouge comme le sang, ses yeux oranges comme la braise et son physique grossier laissait néanmoins paraitre une musculature imposante. Si, rapidement, l'on pouvait voir sa silhouette comme "humaine", son visage quant à lui changeait la donne. Ses cornes et ses canines inférieurs, proéminentes, lui donnait un air mauvais, diabolique même. Était-ce donc cela...un Oni? Un esprit du mal dévoreur d'âmes humaines? Probablement oui...car le vide dans son regard et sa gueule béante qui s'ouvrait à la vu du quarantenaires semblaient dénoncer son propre manque d'humanité. Le cri qu'il poussa était essoufflé, comme s'il ne possédait même plus de voix propre à lui...le coupant entière de son ancienne nature vivante. Seul l'air s'échappait de ses poumons et de sa bouches...sans aucune intonation. Puis il chargea...

Howard-

...C'est quoi ça...


Une question qui fit bien ricaner l'invocatrice de cette créature infernale. N'ayant d'autre choix que de bouger, le pirate fit un bond vers l'arrière, laissant s'écraser l'énorme massue du monstre à l'endroit où il était. Heureusement, le oni bougeait lentement...ce qui lui avait permis de voir l'attaque avant même qu'il n'ait le temps de totalement l'exécuter. Une chose sur laquelle il ne pourrait cependant pas compter plus d'une fois. Le sombre esprit l'avait probablement et simplement prit pour un simple humain, et non un "Shinobi", mais maintenant qu'il savait que Howard bougeait un peu plus vite, il ne tarderait plus à faire de même.

Plaquant son pouce sur le dessus de sa canne de marche, Fukitsu déchira la surface de sa peau sur un petit clou qui en ressortait. Quelques gouttes de son sang en sortirent alors, lui permettant d'invoquer un allier qui l'aiderait à retenir la créature. Un calmar de plus de deux mètres de longueur, sans les tentacules, fit alors son apparition sur le sol boueux où ils se tenaient tous. Fouettant l'air de ses tentacules, il tenta de frapper l'ennemi, mais fut reçu par un coup de masse sur l'une d'elle, pendant que le corsaire reculait de deux pas, tout en projetant deux kunais vers l'avant.

Vif de réaction, et surtout en pleine capacité de sept autre tentacule, celle qui fut "assomée" par le coup se retira pendant que toutes les autres tentaient d'agripper le monstre. Le kalmar, bien que silencieux, adoptait un air colérique dans ses yeux pâles et globuleux, rivalisant avec la sale gueule du mauvais esprit qui se débattait contre l'étreinte du kuchyose. Néanmoins, sa force était titanesque et en bombant ses muscles, il réussissait à écarter la prise de la créature marine qui redoublait d'effort. C'est donc à ce moment que les deux Kunai lancés par le pirate explosèrent en un duo de nuage fumigène d'où sortirent deux autre tentacules plus imposant cette fois-ci. Plongeant sur chacun des bras du Oni, ils les écartaient pendant que le calmar s'occupait du bas du corps...se divisant la tâche pour plus d'efficacité.

Le corsaire se retourna ensuite vers l'ensorcelleuse...un sourcil arqué.

Howard-

Je comprends, mais il me faut plus que "comprendre" pour renvoyer ce démon d'où il vient. Montre moi comment tu fais pour le contrôler Zassou. C'est ça que je veux apprendre...

PNJ : Mamoru Zassou

Le marin avait dû croiser bon nombre de créatures toutes plus fascinantes les unes que les autres lors de sa vie composée de périples en mer et sur toute sorte de continent. Pourtant, son expression changea drastiquement à la vue du Oni qu'avait invoqué la shamane. Ce dernier ne perdit pas de temps pour charger Fukitsu, son impressionnante masse fonçant comme un bélier destructeur.

Zassou, elle, n'avait de cesse de s'égosiller devant le spectacle, conquise par sa manœuvre et la réaction écervelée de son protégé.
Le pirate n'eut toutefois pas grand mal à esquiver la ruade : si le Oni possédait une musculature des plus travaillées, elle lui faisait également perdre en fluidité. La lourde arme du Démon frappa le sol dans un écho sourd, le creusant d'un bon mètre tout en créant une fissure qui se prolongea loin, témoignant de la force colossale de l'entité venue d'un autre monde.

Fort de son incapacité à gérer le Oni dans ces conditions, le corsaire opta rapidement pour la venue d'un allié de taille. En effet, un calmar et pas des moindres, se présentait à son tour, fouettant l'air de ses tentacules pour se saisir du Démon en usant d'un stratagème ingénieux.

C'était ce moment là que choisissait Fukitsu pour converser avec l'invocatrice de cette force brute tout droit sorti des méandres du Jigoku. Des paroles qui amusèrent une fois de plus grandement la diaboliste.

« Très bien... »

Un sourire malsain et perfide se dessina sur son visage putride alors qu'elle malaxait son chakra de manière à ce que le Démon s'en nourrisse et s'extirpe de sa prison de tentacules. La faille étant saisie, il les sectionna avec sa massue, déployant une aura dont la puissance se révélait plus impressionnante encore que celle dont il disposait initialement.

La Mauvaise Herbe composa une nouvelle série de mudra tout en observant son serviteur en déclarant d'un ton solennel  :

« Ô envoyé des Enfers ! Déchaîne ta haine et ta fureur ! Répand la désolation sur ces terres et renvoi l'octopode d'où il vient ! »

Le Oni poussa un rugissement sourd et guttural avant de s'exécuter, brisant avec une facilité presque déconcertante le céphalopode qui ne tarda pas à disparaître. Toutefois, cet excès de rage ne parvenait pas à apaiser la frénésie du Démon qui réclamait son dû. Zassou le savait pertinemment et en avait profité pour invoquer des âmes errantes qu'elle lui offrait en sacrifice.

La créature écarlate se rua sur elles, les absorbants, les déchiquetant autant que cela lui était possible et sans la moindre forme de pitié. Il se repaîtrait d'elles avec une avidité bestiale qui ne calma pas pour autant ses ardeurs. Cela aussi, la shamane l'avait prédit mais puisqu'il n'y avait plus rien à lui mettre sous la dent ici, elle le révoqua, le renvoyant dans sa réalité. La diaboliste était suffisamment puissante pour y parvenir : c'était en partie de là d'où elle tenait sa renommée. Mais elle y laissait en contrepartie un fragment de sa propre âme comme à chaque fois qu'elle procédait ainsi. Ce qui était pour ainsi dire, presque toujours le cas...

De nouveaux seuls, autour du feu crépitant, Zassou esquissa un sourire énigmatique dévoilant sa dentition pourrie tout en lâchant un petit rire rauque.

« Satisfait le et le révoquer sera plus simple. Ne le fais pas et tu devras forcer son départ : comme je viens de le faire. Sache que si tu échoues... Tu ne seras plus jamais le même. Et si tu réussis... Tu ne le seras plus non plus... »

La diaboliste s'avança vers lui à pas feutrés, pataugeant de ses pieds nus dans la boue vers le foyer incandescent. Y faisant face, elle observa longuement les flammes dansantes au gré du vents de cette froide nuit, et le questionna, sans même se retourner.

« Penses-tu en être capable ? »

A ces mots, elle arracha une herbe en particulier de son collier et la jeta au feu avant d'en interpréter le résultat dans un grand sourire.

« Il semblerait bien que oui... »

Elle se rapprocha du marin, l'avisant avec un sourire plus intense encore que les précédents.

« Il est temps pour toi d'apprendre... »

Elle déroula un nouveau parchemin, vierge, qu'elle disposa à ses pieds avant de composer plusieurs signes incantatoires et cela plus lentement qu'a l'accoutumé pour que son protégé puisse les assimiler.
Une fois le rite accompli, une brèche s'ouvrit dans leur réalité, laissant des âmes errantes s'y perdre à défaut de traîner dans le Hairo.

« Tu dois ensuite te focaliser sur celle que tu veux faire tienne. »

Le corsaire devait savoir y faire...

Une nouvelle série de signe et la diaboliste déposa un sceau sur le sol qu'elle reproduisit sur le parchemin avant d'invoquer une chaîne fantomatique grâce à laquelle elle traîna avec habilité sa cible jusque sur le marquage.
L'âme disparue dans un râle plaintif tandis que les sceaux jumeaux s'illuminaient. Après quoi, Zassou alla le replier et le confia à Fukitsu. Il n'y avait pas besoin d'être un expert en fuinjutsu pour comprendre où l'entité résidait à présent.

« Vas-y … Emprisonne ta première cible défunte ! »

Dit-elle tout en lui confiant un nouveau parchemin