Mission:

Les deux dernières phrases me firent froid dans le dos. J'avais le sentiment que c'était une mauvaise journée qui s'annonçait pour aujourd'hui. Cette mission qui pouvait paraitre simple aux premiers abords risquait de devenir un véritable cauchemar.

À vrai dire, pour un premier travail en équipe avec mes deux coéquipières, j'aurais espéré quelque chose de plus simple et de moins dangereux, afin de faire tranquillement connaissance. Cependant, il fallait croire que tout le monde ne partageait pas cette façon de penser, certains considéraient que faire face au danger était le meilleur moyen pour apprendre à se connaître.

Je lisais derrière ces mots une volonté de nous faire travailler en équipe, de créer une harmonie au sein de notre groupe, d'apprendre à nous connaître non pas par des paroles, mais par des actes lorsque nos vies étaient en périls. Je devinais qu'ils espéraient faire naître un lien d'amitié au cours de cette mission à la façon des guerres et des batailles.

Néanmoins, c'était bien beau, mais si le danger se révélait bien réel, il était fort probable que je parte le premier en courant et peu importe l'esprit d'équipe, il fallait au moins un survivant pour les rapporter les faits au village. Bien que si un tel scénario se produisait, j'étais également certain de mourir en rentrant par la main de mon chef, condamné pour traîtrise à ses camarades.. Je finis par pousser un soupire désespéré.

Je pourrais refuser la mission, mais je n'avais pas tellement le choix car je devais faire face à mon quotidien du petit soldat au service de son village et effectuer les tâches qui m'étaient données. Le danger était devenu un élément de tous les jours, je commençais à être habitué, même si intérieurement je continuais de pleurer les larmes de mon corps et de prier chaque instant pour ma survie. J'espérais que cette dernière phrase n'était qu'une mauvaise blague, ce n'était qu'une pauvre mission de rang C après tout.

Au moins, j'étais bien content que notre professeur n'était pas avec nous pour ce travail. S'il restait dans son bureau, il ne saura pas plus que ce qui sera inscrit dans le rapport, ce qui me rassurait déjà. C'était une pression en moins sur mes épaules. Étrangement, j'avais encore plus peur de lui que de n'importe quelle autre créature vivante. S'il venait avec nous, je ne serais pas tranquille tout le long par peur de faire une erreur ou un pas maladroit.

J'enfilai mes deux bottes, m'apprêtant à quitter la maison vêtu de mon uniforme de travail ainsi que mon équipement. Cependant, je me fis interpeller par ma mère qui me passa un panier repas. Je n'avais pas particulièrement faim, mais elle tenait à ce que je les emporte avec moi. Devant son insistance, je ne pu refuser, me retrouvant avec deux boulettes de riz fourrées au pruneau dans ma seconde sacoche.

Je fus le deuxième arrivé au centre de formation là où on était supposé se trouver. Ayame était déjà présente en train de méditer, chose qui semblait être une habitude pour elle. Je n'osais pas tellement la déranger, mais il fallut bien puisque la dernière membre ne tarda pas à arriver pile à l'heure pour débuter la mission.

« Bonjour, Takagami Ayame, Seki Naoko. » Saluai-je calmement.

Derrière mon visage impassible, je sentais la petite larme me monter à l'œil devant cet enthousiasme innocent presque enfantin de la jeune femme. N'avait-elle pas peur du danger ? Avait-elle au moins conscience du danger ? Bien que cette mission était gradée d'un rang mineur, elle restait une mission à risques pour des personnes encore inexpérimentées comme nous. Une absence de sérieux et un manque d'attention pourraient nous conduire à notre perte, mais l'une de nous trois ne semblait pas connaître la règle fondamentale de la prudence.

Je l'observais d'un regard légèrement dépité. Intérieurement, je me jurais en cet instant de m'enfuir définitivement en courant au moment où cette femme inconsciente s'enfoncera dans un fossé par inadvertance. Si elle voulait tomber, elle pouvait le faire seule, j'espérais seulement qu'elle ne m'entraîne pas dans sa chute. J'étais encore trop jeune pour perdre la vie dans une mission. Cette femme pouvait paraître immature, mais elle avait quatre de plus que moi, elle pouvait bien mourir avant moi..

« Ah, Doux Jésus, j'ignore quelles sont les attentes de nos supérieurs, mais ils n'auront rien d'autre que les restes de nos dépouilles dévorées par ces créatures vivant dans ces grottes sombres. » Murmurais-je dans ma tête.

En réalité, je ne détestais pas Naoko. Ma nature calme et patient me permettait d'ignorer facilement toute son énergie débordante, mais je ne savais pas comment m'adapter à elle. Lançant un regard en direction de la dernière membre, j'avais le sentiment que la nécromancienne était finalement la plus rationnelle des deux. Malgré ses penchants pour les connaissances lugubres, elle était amicale et sérieuse. Grattant l'arrière du crâne tout en réfléchissant avec calme, je finis par me tourner vers la sortie du centre de formation.

« Bon, commençons par nous rendre vers ces fameuses grottes. Nous pouvons discuter de notre plan d'action sur le chemin plutôt que de rester ici. »

C'était également une excuse pour prendre notre temps en marchant et ne pas courir pour arriver essoufflés devant la grotte. Poussant un soupire, je repris la parole avec le regard dirigé devant, songeant à un plan le moins risqué possible.

« Je pense qu'avant d'aller nous aventurer dans ces grottes, nous devrions aller demander les rapports des premières explorations effectuées par les chercheurs avant nous. Ensuite, il va falloir vérifier l'équipement. Pour ma part, je peux invoquer une chaîne, des projectiles et du feu pour éclairer le chemin. Naoko, tu es une membre du clan Seki, tu peux matérialiser ton chakra en élément solide, ton pouvoir sera utile si jamais on tombe dans un manque d'outil.

Maintenant, il nous faudrait encore un moyen de communication si jamais on se perd de vue et un moyen de localisation. Allons récupérer ce qu'il nous manque à l'entrée du village, la surveillance des frontières devrait bien avoir des dispositifs de communication à nous prêter et c'est sur notre chemin, on devrait pouvoir leur emprunter trois exemplaires dans le cadre de la mission. »

Contrairement à Naoko qui n'avait à peine pris connaissance de la mission, Ayame s'était déjà renseignée sur l'escouade d'exploration envoyée sur les lieux avant nous. Je pris la petite pile de feuilles agrafées entre elles pour analyser rapidement les grandes lignes comportant les informations principales du rapport.

« Les grottes se situent sur le côté Ouest du village cachées derrière les montagnes rocheuses de Morie. L'entrée est extrêmement étroite. La hauteur ne dépasse pas un mètre, et elle s'enfonce très profondément sous terre dans la montagne. Les estimations s'élèvent à plus de 1000 mètres.

Il va falloir entrer en rampant tout en prenant garde là où nous posons les mains, car certaines parois sont apparemment plus fines que d'autres laissant supposer à des cavités naturelles sous le sol, mais c'est sans confirmation.

L'équipe d'exploration n'a pas pu aller très loin à cause du chemin qui se sépare en cinq, il est donc fort probable que l'intérieur soit un véritable labyrinthe sans issue. Et le plus inquiétant, reste les traces de pas découvert sur le sol, faisant croire à une créature féroce avec des griffes acérées. » Dis-je en montrant la photo.

À la fin de ma lecture, je rangeai ces précieux documents dans ma sacoche avec mon ordre de mission. J'ignorai encore comment nous allons nous y prendre, mais si nous ne faisions pas attention, nous risquions de nous perdre au milieu de ces chemins sans fin. Il ne restera plus que des vieux os quand l'escouade de secours nous viendra en aide. Cette pensée me glaçait le sang, mais mon attention revint vite sur Ayame lorsqu'elle nous présenta sa belle réserve de nourriture.

C'était une réserve en effet assez impressionnante, si on la combinait avec celle de Naoko, on avait de quoi survivre pendant une semaine. Une petite goutte de sueur perla sur mon front. Je ne savais pas s'il s'agissait de l'optimisme ou du pessimisme. Dans un sens, nous étions parés à tout, mais dans un autre sens, elles prévoyaient déjà de rester coincé une semaine dans cette grotte. Poussant un soupire, je m'efforçai à voir le bon côté des choses.

« Au moins, j'imagine que l'on ne risque pas de mourir de faim, mais encore faut-il essayer de ne pas mourir dévoré par les bêtes.. En espérant qu'elles ne seront pas attirées par la nourriture.. »

Intérieurement, j'avais légèrement l'impression d'aller là-bas pour camper, ce sentiment était accru par l'enthousiasme de la petite blonde qui semblait incroyablement excitée lorsqu'elle nous présenta à son tour toutes ses provisions. J'aimerais être comme elle par moment. Malheureusement, je ne voyais devant moi qu'un sombre chemin.

« Pour ma part, je ne possède que deux onigiri. Je.. N'avais pas tellement prévu de rester longtemps dans cette grotte, HaHa ! Mais ne sait-on jamais, ce n'est pas si mal les grandes réserves.. Sur ce, si nous ne manquons plus de rien, nous pouvons y aller. »

Notre petite troupe entama sans précipitation le chemin vers la sortie du village. Devant les remparts, je profitai de la présence du garde pour demander un dispositif de communication. L'outil se présentait comme une petite radio qui s'attachait autour du cou reliée à l'oreille par un écouteur. Puis, nous poursuivîmes la route vers les grottes.

À l'instant où la jeune femme interrompit notre avancée, je crus qu'un éboulement allait se produire devant nous. Brusquement, je bondis en arrière tout en venant placer mes mains devant mon visage comme pour me protéger. Cependant, après un instant de silence, lorsque je rouvris les yeux, je me rendis compte que tout était calme et silencieux. C'était seulement le bruit de l'eau qui tombait goutte à goutte sur la roche.

Passant une main sur mon front, je m'essuyai ma sueur et je repris mon calme. Intérieurement, j'étais en train de stresser avec le cœur qui battait à toute allure en marchant derrière Ayame. Chaque pas, chaque geste, chaque mot, résonnait en moi comme une sonnette d'alarme au danger. Je n'étais pas serein, j'étais complètement crispé en la voyant taper sur chaque petit rocher.

Inspirant, expirant, calmement, j'essayai de rester de sang-froid, mais son air sérieux ne m'aidait pas à me détendre. Finalement, j'avais peut-être une légère préférence pour la bonne humeur en toutes circonstances de Naoko. Si elle avait été là, l'atmosphère serait beaucoup plus détendue, bien que si elle avait été là, le danger serait également beaucoup plus grand. Poussant un soupire, nous continuâmes d'avancer tout en suivant les ordres d'Ayame avec nos trois lampes dirigées devant elle pour éclairer son passage.

Les bruits suspects se multipliaient à mesure que l'on s'enfonçait dans la grotte, nous nous arrêtions à chaque pas que nous faisions. Cependant, rien ne se produisait et les sons étranges continuaient à résonner comme si le danger était plus loin. Mon visage était devenu tout bleu à cause de la peur, mais la sombre luminosité de la grotte empêchait de voir.

Après une quinzaine de minutes de marche, le seul chemin qui nous avait guidés jusque-là se divisa en trois routes différentes. C'était l'entrée du labyrinthe comme indiqué sur la carte. Les chercheurs qui étaient passés avant nous, s'étaient retrouvés bloqués à cet endroit. Les bruits inconnus se faisaient de plus en plus fort de l'autre côté.

« Rassurant.. HaHa.. J'imagine que c'est la première épreuve. Quel chemin allez-vous choisir ? Devrions-nous prendre une route au hasard et continuer à trois ? Ou devrions-nous nous séparer en trois pour prendre chacun une route différente ? Je pense, le mieux serait de rester ensemble par prudence. Si l'un d'entre nous tombe nez à nez face une créature dangereuse, les deux autres pourront lui venir en aide. Et si l'un d'entre nous se tord la cheville, l'un pourra le surveiller pendant que l'autre ira chercher du secours.

Même si la radio nous permet de communiquer entre nous, il suffit que l'un d'entre nous la casse par inadvertance, fis-je tout en jetant un regard furtif vers la blonde, pour que les deux autres le perdent définitivement de vue. Le temps de sortir nous-même pour aller chercher de l'aide pour le sauver, il sera peut-être mort avec seulement de vieux os laissés derrière congelés dans un bloc de glace.

Je pense que le mieux serait de rester tous ensemble. Mh, à moins que l'une d'entre vous ne sache utiliser un clonage d'ombre ou même élémentaire..? Quoiqu'il en soit, peu importe le chemin que nous allons choisir, il nous faut marquer un repère si nous ne voulons pas nous perdre à l'intérieur de cette galerie. Sinon, nous serions coincés tous les trois ensemble.. »

Je retirai ma manche vers le haut pour invoquer depuis mon avant-bras une longue chaîne de métal ornée de quelques gravures. Je vins planter une des deux pointes sur une paroi de l'entrée et l'autre bout, je le gardais enroulé autour de mon bras. Lorsque j'eus fini, je jetai un regard à mes deux coéquipières pour demander avec sérieux leur choix.

« Que faisons-nous ? Ensemble ou séparément ? »

« Lorsque je disais repère, je pensais plutôt utiliser ma chaîne comme une corde. Si jamais l'on vient à se perdre dans la galerie souterraine ou si jamais l'on vient à tomber dans un gouffre, nous pourrons retrouver notre chemin sans difficulté. Et c'est toujours plus rassurant d'avoir une chaîne qui nous relie à l'entrée. »

Calmement, je tournai mon regard en direction de Naoko.

« Celles qui ont peur d'être tête en l'air, elles peuvent s'agripper à la chaîne. Elle est suffisamment solide pour nous permettre de nous accrocher dessus à plusieurs. Surtout que la route de devant semble encore plus sombre, le risque de se perdre va devenir encore plus important. Si l'une se retrouve séparée des deux autres par inadvertance, elle risque de se faire dévorer par le monstre qui vit dans ces grottes.. Et qui sait si les deux autres parviendront à la sauver à temps..

Enfin, nous allons pouvoir entrer ensemble. Laquelle choisissez-vous par parmi ces trois entrées ? Droite ? Gauche ? Milieu ? Il est fort probable qu'elles soient toutes reliées entre elles, si tel est le cas n'importe laquelle fera l'affaire. Prenons celle de droite. Ayame, tu continues de marcher en tête ? Si tout est bon, allons-y.. » Terminais-je voix basse.

Sur ces dernières paroles, je m'engouffrai dans ce sombre tunnel menant vers le cœur de la grotte. Au premier pied posé à l'intérieur, tout était devenu beaucoup plus calme, mais le bruit étrange persistait de plus en plus fort. L'inquiétude montait au sein de la petite escouade. Ni Ayame, ni Naoko, ne devinait l'origine de ce son. Pourtant, nous continuions à avancer avec prudence, bravant le danger qui nous attendait devant. Même si, derrière cette image héroïque, j'étais en train de trembler comme une feuille.

« Naoko, je ne te fais pas confiance, laisse moi me placer en fin de file pour protéger les arrières pendant que Ayame surveille les devants. Quoique.. Va plutôt à l'arrière, il sera plus facile pour toi de t'agripper à la chaîne si jamais tu te perds à cause du noir et il sera également plus rassurant pour moi de savoir que tu nous suis bien.. »

Cependant, brusquement, un craquement résonna dans le tunnel nous figeant instantanément sur place. Nous commençâmes à nous observer mutuellement avec le regard plein de questionnements. Je ravalai ma salive avant de reprendre la parole en chuchotant à voix basse.

« Vous.. Pensez qu'il s'agit de quoi ? Soit c'est la roche qui craque sous nos pieds à cause de notre poids, soit c'est l'approche de la créature qui vit dans ces grottes.. Je repense à ce que tu as dis tout à l'heure Ayame. Si cette créature n'est pas un monstre, alors soit elle est en train de sauter sur la roche, soit elle est entrain de donner des coups de pioches dans les parois, car ces craquements deviennent de plus en plus fort et ce n'est pas une petite créature qui peut provoquer un tel vacarme. Surtout que.. Le sol commence à se fissurer.. !

Je reculai en arrière pour tenter d'éviter cette zone sensible, mais à défaut de calmer le terrain, les tremblements s'aggravèrent ! Le sol brisa sous nos pieds. Le toit s'écroula sur nos épaules. Instinctivement, j'attrapai la main d'Ayame à l'avant de la file pour ne pas la perdre de vue, pensant à cet instant que Naoko était sans doute accrochée à la chaîne. Cependant, les roches du plafond tombèrent sur mon poignet et me firent lâcher prise.

« AYAME !!!! »

Criant à pleins poumons, j'essayais de lui tendre la main, mais ma voix se perdait dans le vide. Plus aucun support ne nous soutenait, nous étions tous en train de tomber, nous éloignant peu à peu les uns des autres.

Je pouvais entendre Ayame crier mon nom, mais impossible de la voir dans ce noir. Pendant une fraction de seconde, j'avais l'impression de revivre un épisode du passé, comme si c'était la deuxième fois que j'assistais à un tel évènement, comme si c'était la deuxième fois que je lâchais sa main, comme si c'était la deuxième fois que je la perdais. Pourtant, je ne l'avais rencontré qu'en début de semaine. Mais à cet instant, je ressentis une profonde douleur me pincer au cœur.

« Tss... Naoko, utilise la chaîne pour remonter vers la sortie. Je vais aller chercher Ayame, si les choses se passent mal, viens nous aider ! »

Je balançai mes jambes en arrière pour me projeter dans la direction de sa voix. Je descendais dans le vide tout en restant fermement accroché à la chaîne pour ne pas perdre l'entrée. Cependant, mon geste trop brusque provoqua un nouvel éboulement. Une grosse pierre vint se heurter en plein dans ma tête, me faisant perdre lentement connaissance.

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Lorsque je rouvris les yeux, je vis un plafond entièrement sombre au-dessus de ma tête et je ressentais une douleur atroce qui me perçait l'arrière crâne. Peut-être étais-je en train de dormir ? Peut-être étais-je en train de mourir ? Je n'avais aucune idée de ma situation, j'étais trop assommé. Je ne savais même plus qui j'étais. Je ne savais même plus ce que je faisais.

Il me fallut plusieurs minutes avant de retrouver tous mes esprits et me rendre compte de mon idiotie, mais il étai trop tard. Je ne savais même pas pourquoi j'avais agi de la sorte, Ayame n'était qu'une simple coéquipière. Je n'avais aucune raison de sauter dans le vide allant jusqu'à risquer ma propre vie pour la sauver. Il m'aurait simplement suffi de rédiger trois pages de rapport en plus pour justifier sa mort. Elle était une kunoichi, elle devait se tenir prête à mourir pour une mission.

Seulement, pour raison inconnue, un sentiment plus fort que moi m'avait poussé à sauter dans le gouffre pour la rejoindre. Je me sentais bien stupide . Je demeurai un long moment immobile avant de finalement me redresser par terre. Je ne pouvais pas rester sans rien faire, je devais me ressaisir avant de finir par moisir dans ce noir.

J'essayai de retrouver ma lampe torche, mais lorsque ma main se posa dessus, je sentis l'ampoule complètement brisée. J'essayai alors de tirer sur ma chaîne pour voir où se trouvait la sortie, mais je ne sentis aucune résistance, une preuve que cette dernière s'était brisée. J'essayai alors de me relever sur mes deux jambes, mais je sentis un poids immense peser sur mon pied gauche accompagné d'une douleur terrible à ma cheville.

Poussant un soupire, je me laissai tomber par terre. J'avais presque envie de rire à ma situation. J'avais le sentiment d'avoir commis la pire erreur de ma vie. Je ne voyais rien, je n'avais rien et je me trouvais séparé de mes coéquipières. J'avais tenté de sauter dans sa direction, mais je n'avais aucune idée de sa position.

« ..Ayame ? Tu es là ? Tu es toujours vivante ? »

J'étais seul dans le noir. Poussant un soupire, j'attrapai un morceau de parchemin à moitié écrasé coincé entre ma veste et ma sacoche, puis par un simple mudra, je fis apparaître une petite flamme bleue dans la paume de ma main. L'intensité lumineuse était relativement faible, mais elle était suffisante pour discerner les silhouettes des multiples graviers qui m'entouraient.

Cependant, à ma grande surprise, lorsque je tournai ma tête à droite, je vis le corps d'Ayame étalé au sol comme un cadavre. Brusquement, je sursautai en arrière, mais le poids sur ma jambe s'écrasa sur mon os, me faisant étirer une grimace de douleur, comme pour me rappeler que je ne pouvais pas effectuer de mouvements brusques. Je pestai contre ce vulgaire rocher, avant de me tourner de nouveau en direction de ma coéquipière.

« Ayame ! Ayame.. Ayame..? Tu vas bien..? »

Cependant, aucune réponse ne vint à moi et elle était trop loin pour que je puisse l'atteindre avec main. Je devais songer à un moyen de me libérer de mon entrave pour pouvoir lui venir en aide. Lâchant un soupire, je finis par fermer mes paupières. Puis, concentrant mon chakra, je fis jaillir un oiseau de feu qui brûla tous les débris qui recouvraient mon corps. Une fois libéré, je pus me relever, mais la douleur restait présente sur ma jambe.

« Aïe.. On dirait que j'ai une légère entorse à ma cheville.. Tss, ce n'est pas le moment, il faut que j'aille voir Ayame. »

M'approchant de son corps, je vins tapoter sur son épaule comme pour tenter de la réveiller. Cependant, relevant les yeux vers ses jambes, je fus frappé par la quantité de sang qui découlait depuis ces rochers. Brusquement, je tombai en arrière et mon visage devint presque instantanément aussi pâle qu'un linge. Sans quitter l'horreur devant mes yeux, je couvris mon nez pour ne pas sentir l'odeur nauséabonde de cette substance.

« H-HaHa.. D-D-Du sang.. Pourquoi du sang, ici et maintenant, hein ? »

Intérieurement, je commençais à avoir un mauvais un pressentiment. Je devrais simplement m'en aller et la laisser mourir seule dans un coin. J'étais le seul témoin de sa mort, personne n'était présent dans les environs, personne ne pourrait m'en blâmer. Ce n'était pas une mauvaise idée. Calmement, je me relevai pour m'apprêter à la quitter. Seulement, un léger sentiment de regret commençait à faire battre mon cœur de plus en plus fort.

« Une mort sur la conscience.. Ahahaha... »

Pris dans un sentiment d'angoisse, je revins vers elle, puis je me mis à la secouer de toutes mes forces pour tenter de la réveiller de son sommeil.

« Ayame, Ayame, Ayame, Ayame ! Tu ne dois pas mourir ici. Tu ne dois pas mourir ici. Tu ne dois pas mourir ici, tu m'entends ?! Ouvre les yeux, Ayame ! Pour moi, fais le pour moi ! Sauve moi ! Je ne veux pas avoir une mort sur la conscience ! Rien que le simple fait d'imaginer ce mec découvrir la vérité, je.. AAAH !!! Je ne veux pas mourir de la main de cet homme. Je ne veux pas mourir dans une explosion. S'il te plaît, ne meurs pas ici ! Ne me fais pas ça ! Je ne veux pas accompagner ta tombe ! Réveille-toi, Ayame ! »

Je devais la sortir de là. Effectuant une série de mudra, je concentrai mon chakra dans mes mains pour repousser le rocher. En même temps que je découvris l'état de sa jambe, je lâchai un soupire de dégoût. Je commençais à sentir la nausée monter en moi. Ravalant ma salive, je fermai les yeux et je vins poser mon doigt sous son nez. Cependant, à mesure qu'elle respirait, son souffle devenait de plus en plus faible.

Étirant une horrible grimace répugnée devant ces images, je vins saisir un parchemin dans ma sacoche pour venir l'enrouler autour de la blessure afin d'arrêter l'hémorragie. Lâchant un soupire, une part de moi était sur le point de s'évanouir après avoir vu tout ce sang, mais il fallait encore sortir de cette grotte.

« Ah, Ayame ! Ta radio ! Où est ta radio ? Elle fonctionne toujours ? »

Tâtant autour de son cou, je finis par trouver quelque chose qui ressemblait vaguement. Sans perdre un instant, je tentai d'établir le contact avec Naoko. Cependant, le signal était mauvais. Puis, lançant un regard à la jeune femme, j'avais comme le sentiment qu'elle n'allait pas tenir longtemps avec un plâtre de pacotille comme le mien. Lâchant un soupire agacé, je mis la radio allumé autour de mon cou, puis j'attrapai le bras d'Ayame et je l'enroulai autour de moi pour la porter jusqu'à mon dos.

« T'es cruelle, pourquoi tu me fais ça, Ayame..! Je te maudis.. Moi qui pensais avoir touché le fond en tombant dans le trou de la grotte.. Finalement, j'aurais préféré être seul. En plus, tu as bouffé pleins de chips en venant ici, tu pèses sacrément lourd, Ayame.. » Grommelais-je dans ma barbe.

Il fallait dire que je n'avais pas beaucoup de muscles et ma jambe blessée continuait à me faire mal, sans compter l'odeur du sang qui me donnait envie de vomir. Doucement, je me mis à avancer à la recherche d'un meilleur réseau tout en épelant le nom de Naoko à chaque pas que je faisais. Était-ce une solution ? Je l'ignorais. Mais rester là où on était n'allait pas nous aider. Quitte à mourir dans cette grotte, il fallait tenter quelque chose.

« Ayame ? Ayame ! Réveilles-toi, Ayame ! C'est moi Yû ! Réveilles-toi ! »

Aussitôt, je posai la jeune femme sur le sol et je me mis à tapoter de nouveau son visage, essayant désespérément de la réveiller, essayant désespérément de m'accrocher à sa conscience, prononçant encore et encore son nom comme s'il s'agissait du seul lien qui la reliait à la réalité.

« Combien j'ai de doigts, hein ? Dis, tu vois ? Vois-tu combien de doigts j'ai ? Tu te rappelles de moi ? Tu sais ce qu'il passé ? »

J'ignorai si c'était la bonne chose à faire, j'ignorai si je n'étais pas en train d'empirer son état, mais j'avais le sentiment que si je ne faisais pas tout pour la maintenir éveiller, elle ne pourra plus jamais se réveiller de nouveau. C'était étrange comme sentiment. C'était comme si quelque chose de semblable s'était déjà produit par le passé.

Il y avait quelqu'un, une personne que j'essayais désespérément de rattraper de toutes mes forces, mais qui s'échappait de mes mains chaque fois que je l'atteignais. J'essayais de me remémorer son visage, mais c'était floué par le temps..

Soudain, un grand bruit résonna dans les environs, me faisant cesser tout mouvement. Calmement, avec un air craintif, je me mis à regarder tout autour de moi. C'était un bruit semblable au pas d'un géant qui annonçait comme la suite de cette malheureuse mission qui tournait en tragédie. Peu à peu, un sentiment d'angoisse s'empara de mon corps.

« J-J'avais presque oublié, tiens.. Nous ne sommes pas seuls dans cette grotte.. Enfin, pas « seul » au sens propre du terme.. Il y a encore un monstre soupçonné de vivre ici. »

En effet, notre mission consistait à venir découvrir la créature qui vivait dans les profondeurs de cette grotte.. Tout était silencieux, seule la radio continuait à bourdonner, refusant de capter le moindre signal. Lentement, des perles de sueurs se mirent à couler le long de mon visage. Pourquoi à un moment pareil ? Pourquoi maintenant ? Je me remis à secouer ma partenaire, la suppliant de toutes mes forces de se réveiller.

Pendant que je continuais mon rituel, des pas silencieux se rapprochaient peu à peu de moi. Seulement, trop concentré dans mes affaires, je n'entendis rien venir jusqu'à ce qu'une ombre se trace sur la paroi du mur par la lueur de la flamme Me retournant en arrière, je vis.. un monstre..?