Kira est un errant, c’est-à-dire un aventurier qui vagabonde à travers la terre sans réel but. C’est un électron libre erratique qui n’adhère à aucun groupe, un « Rônin ». Son récent passage à Ame no Kuni, également surnommé le pays fumant, est le résultat de sa décision à suivre le gré du vent. Une semaine, il peut se diriger vers l’ouest. L’autre, il suit le nord magnétique. Prédire les mouvements d’un tel voyageur est difficile puisqu’il n’y a aucun itinéraire préétabli. C’est encore plus pénible d’anticiper le chemin de l’élémentaire puisqu’il se fait discret en raison de son pouvoir ainsi que de son passé.

Toutefois, ces derniers jours, son parcours semble se dessiner sur une carte. En général, le neveu du Démon se balade à gauche et à droite dans les lieux qu’il visite. C’est ça le plaisir de l’aventure : la liberté d’explorer. Cette fois, son passage au pays de la pluie fut plutôt court. L’on pourrait croire que le climat peu favorable au tourisme est en cause de cette visite hâtive, mais il n’en est rien. Si l’on trace son trajet au marqueur sur une mappemonde du territoire d’Ame, l’on peut remarquer que le Seiei a atteint la ville de Kougyou avant de passer à la capitale de la contrée, Shoukou, puis repartit vers la frontière à l’ouest. Tout ça en une ligne plutôt droite. Bien que sa vitesse de déplacement reste bien lente, ce qui indique que le concerné n’est point pressé, ce comportement reste anormal pour un vagabond de sa trempe. Il n’y a qu’une seule hypothèse : quelque chose semble avoir attiré son attention.

Destination Tori no Kuni, nommé également la nation des piafs. Ce n’est point une moquerie, c’est inscrit dans le nom même puis le maillon fort de la communauté est un clan se rapprochant beaucoup de ces poulets qui volent dans les cieux. Dieu merci, la température et l’environnement de ce pays se portent bien mieux que ceux de leur voisin de l’est. Adieu les averses éternelles, bonjour au soleil et au ciel bleu ! Au revoir le commerce et les industries, bienvenue aux champs, aux clairières et aux marécages ! De la modernité à la faune. D’un extrême à un autre simplement en traversant une frontière uniquement érigée sur une carte. Le monde agit bizarrement, il faut dire.

Ceci dit, le parcours du Gogyou ne changea pas. Il passa également en ligne droite au travers de la faune spectaculaire du pays pour atteindre la ville situé à l’ouest du territoire, soit Akisahi, la capitale de Tori. Enfin, suite à un long périple, l’assimilateur peut déposer des bagages et prendre un peu de repos. Mais pourquoi Akisahi, précisément ? Pourquoi une ville austère envers les étrangers - du moins, tout est beau si vous n'agissez pas comme un ennemi. La vérité est que la capitale n’est pas le réel objectif du brun. Il ne s’agit que de sa base temporaire le temps d’établir un plan. Malheureusement, un peu de recul est nécessaire pour réaliser ce qu’il souhaite atteindre.

Deux jours passèrent. Si quelqu’un observait ses mouvements, ils noteraient que Kira passe la majorité de son temps à agir en touriste. Comme un bon voyageur, il gambade ici et là. Il entre dans les restaurants et les boutiques, il visite les attraits touristiques de la capitale… Mais bordel, qu’est-ce qu’il fout ? Pour les plus observateurs, l’on peut voir que le vagabond a en fait une mine pensive. Qu’est-ce qui le mijote à ce point ?

Arrivé dans un café, le jeune homme prit place seul sur une table et commanda, eh bien, un café, sans grande surprise. C’est le midi. Les clients affamés affluent à l’intérieur comme des brebis égarées. Tranquille dans son coin, son index frôlait le contour de la tasse, faisant d’innombrables cercles uniquement par pur ennui. Le Rônin soupira. Décidément, ce qu’il prévoit ne sera point une partie de plaisir. En toute franchise, il n’y a clairement aucun moyen d’y parvenir sans créer un peu de bruit. S’il réussit – lorsqu’il réussira, les dires se propageront… Dans tous les cas, le voilà bloqué face à un mur. Et comme l’a dit si bien dit le dénommé Goren qu’il a rencontré à Ame, il n’est pas question de faire demi-tour parce qu’un mur se dresse devant lui. Seulement, les circonstances sont plus complexes et rendent la situation délicate. Ça ne sera pas aussi facile qu’il le croyait initialement.

Un mouvement l’arracha de sa rêverie. Kira leva son regard d’émeraude, dévisageant cet insolent osant se tirer une bûche à la même table que lui sans lui implorer son accord.

Mon gars, on ne t’a jamais appris à demander avant de prendre place à la table d’autrui ?

Qu’est-ce que cette petite bouse aux cheveux blancs croit faire ? Enfin, je dis petite, mais il s’agit d’un adolescent. Probablement. Quoi qu’il en soit, son explication est mieux d’être superbe. Ce serait dommage d’électrifier la salle uniquement à cause d’une bourde de la part du jeune. Kira n’est pas sous son meilleur jour. Un embarras pèse sur sa conscience.

Voilà bien longtemps que le jeune garçon n’avait pas eu un but précis pour la journée. Depuis un moment, ses préoccupations se tournaient plutôt sur le contenu de son prochain repas, ou alors quel temps il fera le lendemain pour savoir s’il pouvait dormir à la belle étoile ou non. Des préoccupations banales, qu’on ne retrouve pas généralement chez les shinobis de son niveau. Mais que voulez-vous… Hiko errait sans but, et sa vie était devenue d’une tristesse sans nom. Refusant le système imposé par les villages shinobis, il avait décidé de fuir ses responsabilités et errait désormais de pays en pays… A la recherche de petits boulots lui permettant de se payer de quoi survivre… Et quelques confiseries.

Mais depuis quelques jours, sa situation avait changé. Sa rencontre avec un dénommé Nikkou avait radicalement changé sa vision de son futur proche. Grâce à la discussion qu’il avait eue avec ce dernier, il avait finalement pu voir une lueur d’espoir dans cet horizon si sombre. L’idée de savoir que quelqu’un d’autre pense comme lui l’avait rassuré, et surtout remotivé. Et ce fut pourquoi il s’embarqua dans ce voyage qui leur permettrait de rendre la liberté au Yuukan, et surtout de mettre à mal les trois minis empires créés par les shinobis les plus avides, et les plus fous.

Mais Rome ne s’était pas construite en un jour, et il fallait d’abord trouver des personnes ayant les capacités de les aider dans leurs desseins. Hiko avait affirmé à Nikkou qu’il était capable de retrouver n’importe qui… Et ce fut donc sa première mission. Mais il le savait, cela servirait surtout à l’Otsutsuki (chiant ton nom.) de tester le jeune garçon. Étant conscient de ce petit test, il s’était alors vraiment investi dans cette traque… Afin de retrouver un garçon connu sous le nom de Seiei Kira…

***

Ses pas le menèrent tout d’abord à Ame no kuni, pays où sa cible avait été vue pour la première fois. Hiko était conscient que ces informations dataient un petit peu, mais il n’avait pas le choix. Il fallait bien commencer quelque part. Il se dirigea tout d’abord vers Kougyou où sa cible aurait été aperçue quelques jours auparavant. À partir de là, le jeune garçon commença son travail d’enquête tout en allant interroger les différents commerçants, il changea régulièrement d’apparence. Il ne fallait pas éveiller les soupçons.

Après quelques heures d’intenses recherches, le jeune Sairyo avait obtenu l’information que Kira s’était dirigé vers l’Ouest… Il semblait voyager à allure modérée, et il serait donc facile de gagner du terrain. On l’avait signalé dans de nombreux lieux touristiques, il ne semblait donc pas pressé par quoi que ce soit. C’était la chance d’Hiko, il se devait de le retrouver rapidement, avant que ce dernier ne force l’allure. Tout en progressant dans ses recherches, le jeune garçon aux cheveux de neige entendit alors parler d’altercations entre une organisation louche locale et sa cible. Apparemment, il aurait fait du grabuge en compagnie d’un autre homme. À en croire les rumeurs, il aurait alors ensuite pris la route vers l’Ouest…

- Direction Tori no kuni donc…

Finies les grandes agglomérations, et bonjour la cambrousse. Dans un sens, c’était plus facile pour traquer quelqu’un car il laisserait plus de traces et surtout… Il serait plus facilement identifiable par les locaux. Car oui, Kira semblait se comporter comme un touriste… Il y avait donc de fortes chances qu’il ne passe pas inaperçu lors de ses voyages.

Les recherches du manieur de gomme l’avaient mené jusqu’à la Capitale du pays des oiseaux. Il avait vingt-quatre heures de retard sur sa cible, mais lorsqu’il arriva il la trouva facilement. Il était maintenant temps de l’observer un petit peu pour mieux comprendre comment il fonctionnait. Cette journée à l’observer fut l’une des moins passionnantes depuis ces derniers temps, Kira n’avait aucun comportement particulier. S’il n’avait pas perçu une énorme source de chakra en lui, Hiko se serait sûrement dit que l’illuminé s’était trompé de cible. Mais bon… C’était sa mission, et Hiko décida qu’il était temps pour aller tester et attirer l’attention du Seiei.

S’asseyant à sa table, l’enfant aux cheveux blancs le regardait avec un large sourire sur le visage. Cela sembla irriter sa cible qui lui fit une réflexion comme quoi il pouvait au moins demander avec de prendre place. Préférant ne pas répondre à sa remarque, Hiko l’analysa de près. Il voulait essayer de savoir ce qui se passait dans cette petite tête d’abruti qui était assis en face de lui.

- Ne t’énerves pas comme ça mon bon ami. Je voulais avoir une petite discussion avec toi. Ça ne te dérange pas j’espère ?

Le petit sourire affiché sur son visage, Hiko appela la serveuse et commanda un chocolat chaud. Il croisa les bras et s’affala plus profondément sur sa chaise. Regardant les yeux émeraude de son interlocuteur, il attendit encore quelques secondes avant de reprendre la parole.

- Que penses-tu du système shinobi actuel ? Pourquoi un shinobi de ton niveau n’a-t-il pas rejoint l’une des trois plus grandes puissances mondiales ?

Que la partie commence !

Eh bien, ce petit connard a un sale culot. Lorsque le Seiei lui demanda s’il connaît ne serait-ce qu’un minimum de l’étiquette de la politesse – ce qui est plutôt ironique dans le cas de Kira, c’est littéralement l’hôpital qui se fout de la charité – le jouvenceau rétorqua d’un grand sourire qu’il est inutile de s’énerver tout en appelant notre héros « son bon ami ». User de jolies mots afin d’adoucir l’animal n’est clairement pas une tactique qui allait fonctionner. Au contraire, lorsque le bonhomme annonça qu’il souhaitait uniquement engager une discussion, et bien…

Oui, ça me dérange.

À vrai dire, la question de l’adolescent était probablement théorique. Mais il fallait établir des barrières de suite et faire comprendre à l’étranger que sa présence n’est point souhaitée. Néanmoins, la garçon à la crinière opaline ne se fît guère prier et demanda à la serveuse qu’elle lui apporte un chocolat chaud. Décidément, l’élémentaire n’est pas débarrassé de ce morpion de sitôt. Dommage que gifler un mineur est considéré comme un acte criminel. Ça l’aurait été un plaisir pour le brun de lui donner une correction.

Désormais confortablement installé sur sa chaise, le hérisson blanc croisa les bras et laissa un blanc perdurer. Maintenant méfiant de ce personnage, l’apatride jaugea cet insolent. Est-ce qu’il est simplement idiot ou bien a-t-il un objectif précis ? Vu son approche, les indices indiquent qu’il est ici pour une raison particulière. Et Kira semble être cette raison.

Généralement, les gens effectuant ce type d’approche tourne largement autour du pot, comme pour amener la conversation dans une direction précise ou bien afin d’arracher le plus d’information possible pour que le tout tourne en leur faveur. Toutefois, le jeune tapa le vif du sujet, tel que l’on prépare un steak bien cuit – j’ai mangé du steak ce midi. Une question plutôt inusitée : qu’est-ce que l’assimilateur pense du système Shinobi et pourquoi n’est-il pas au service de l’une des trois grandes nations ?

Ce que j’en pense ?

Depuis un moment déjà, son index parcourait le contour de sa tasse, sans fin. Cette fois, il stoppa cette mimique inutile et maintint le regard de cet inconnu. Il attendit un instant avant de répondre franchement à ce dernier.

Ce que je pense, c’est que tu sembles savoir qui je suis. Tu sembles avoir parcouru un long chemin pour m’avoir localisé. Tout ce trouble pour me poser cette question. Me voilà ici, sachant que quelqu’un me traque délibérément pour une raison que j’ignore. Je n’apprécie pas ma situation particulièrement. Et j’ai mes raisons d’être méfiant…

Doucement, les doigts de sa main droite agrippèrent le manche d’un couteau à beurre. Rien de bien dangereux en soi. Le Gogyou souleva l’ustensile, le rendant bien visible à son opposant et l’inspecta. Puis, l’espace d’un instant, un arc électrique parcouru la lame. Tout bon Shinobi sait que la foudre est souvent utilisée pour affûter la lame de n’importe quelle arme. Ce couteau inoffensif peut rapidement devenir un outil monstrueux, apte de scinder la roche comme du beurre. Tentative d’intimidation ? Pas tellement. Juste lui montrer que, si ça tourne au vinaigre, le neveu du Démon n'hésitera pas à employer la force.

Maintenant, avant que je te réponde, je crois qu’il y a une question plus importante à poser…

L'atmosphère devient lourde. La tension monte et devient palpable. La musique dans le background s’aggravait. Il cloua son regard sombre dans les yeux du morpion. Pour accentuer l’effet, le Seiei attendit encore un instant avant de déposer enfin sa carte maîtresse.

Seigneur, qu’est-ce qui se passe avec tes cheveux ? On dirait un porc-épic.

Tellement anti-climatique.

Oh, et t’es qui toi ?

Ouuuuuuh c'est qu'il a l'air content le petit Kira ! Pourtant Hiko était venu le voir en mode grand copain et tout, et là, il se fait limite renvoyer chier. Ça va c'est pas comme s'il faisait un truc important ou quelque chose dans le genre... Il prenait un café. Un putain de café ! Décidément, les jeunes d'aujourd'hui étaient vraiment susceptibles à souhait...

Bon après il fallait lui avouer, c'était un peu bizarre comme situation. Hiko savait qui il était, et lui... Eh bah il ignorait complètement l'identité du gamin aux cheveux blancs. De quoi être sur ses gardes en effet. Cette réaction arracha un sourire au Sairyo, s'il avait encore eu un RP fleur bleue où Kira et lui étaient devenus potes en deux secondes c'aurait été chiant à mourir... Il fallait l'avouer.

- Faut pas le prendre comme ça voyons ! Bon ok, je sais deux trois trucs sur toi Kira mais c'est justement pour ça que je suis venu. Si je n'étais pas venu, tu aurais pu louper quelque chose de très intéressant !

Le tout dit avec un grand sourire. Entre temps, la serveuse venait d'arriver avec son chocolat chaud. La tasse était fumante et Hiko se réjouit d'avance de pouvoir se délecter de cette boisson qu'il affectionnait tant. Et alors qu'il se brûlait littéralement la gorge avec le liquide encore bouillant, il vit Kira faire un tour de passe-passe avec son couteau à beurre.

Il implanta du chakra de type Raiton dans ce dernier et regarda Hiko dans les yeux avec une sorte d'envie de lui sortir "Si tu fais encore le malin, je te tue avec ce couteau à bout rond qui a l'air inoffensif mais qui ne l'est pas réellement au final car j'y ai mis du chakra électrique". Eh oui, une phrase bien longue dite seulement avec un regard. Ce mec avait vraiment un truc, les efforts d'Hiko ne seront donc pas vains.

Cependant, il reposa bien rapidement son arme du jour pour poser une question qui semblait lui tarauder l'esprit depuis qu'Hiko s'était assis. Et cette question, Hiko ne s'y attendait pas du tout ! Elle eu d'ailleurs pour effet de détendre un peu l'atmosphère entre les deux garçons, et Hiko renforça son sourire. Malgré ses airs bourrus de québécois, Kira était peut être sympa au final... enfin parfois quoi, pas trop souvent.

Alors que la situation était propice à l'amusement, Hiko créa un petit filin de gum partant de sa main droite qui vint s'accrocher au couteau à beurre qu'avait saisi Kira quelques secondes auparavant. Il l'attira alors vers lui jusque dans sa main et le regarda avec un air très sérieux...

- On ne critique pas mes cheveux… Sinon je t’étripe…

Lourd suspens…

- Ahahah, mais non je rigole ! Et j’m’appelle Hiko ! Un plaisir…

Quel petit bout en train ce Hiko, c’est pas possible ce qu’il nous fait rire ! Presque autant que ce bon vieux Kira ! Mais trêves de plaisanteries, Hiko reprit son sérieux et regarda Kira dans les yeux. Il avait posé une question, et malgré le fait que l’ambiance se soit légèrement détendue… Il attendait une réponse de la part du manieur de foudre.

En réponse aux menaces proliférées par l’élémentaire humanoïde – et à la question censée d’alléger l’atmosphère. En quelque sorte – le petit hérisson blanc cracha une drôle de substance sur le couteau à beurre que tenait le Seiei dans sa main. Bien que le jouvenceau imite son aîné en utilisant le même jeu d’acteur – est-ce réellement qu’un jeu d’acteur ? Pas vraiment, c’est simplement Kira qui agit comme Kira – ce dernier ignora complètement la blague afin d’analyser de plus près ce truc rosé qu’a régurgité l’inconnu. Arquant un sourcil, le brun appuya son index sur cette matière. Moelleux au touché et collant, par-dessus tout… De la gomme à mâcher ? Ce gamin avait-il du chewing-gum dans la bouche depuis tout ce temps ou bien possède-t-il le don de générer de la gomme comme n’importe quel Shinobi est capable de malaxer son chakra afin de matérialiser une boule de feu ? Bien que la possibilité soit impressionnante, la réalité est en fait décevante. Limite cocasse. Il n’y a absolument rien de classe dans ça et notre héros ne cacha guère son déplaisir lorsqu’il considéra les faits.

Bref. Après ce fameux « lourd suspens » qui n’en était point un puisque le poisson n’a pas mordu à l’hameçon, l’adolescent éclata de rire et déclina finalement son prénom : Hiko.

Le plaisir n’est pas réciproque, Hikouille le mâcheur de chewing-gum.

C’est désormais impossible de savoir si Kira rigole ou bien s’il est sérieux. Et ce fameux petit rictus qu’il esquisse ne rassure en rien l’une des deux possibilités. Putain, même le narrateur n’en sait rien ! Enfin, passons. Est-ce son vrai prénom ou bien un subterfuge afin de conserver son identité secrète ? La possibilité n’est pas à écarter. C’est tout à fait logique d’approcher un quelconque individu en faisant usage d’un artifice. Seuls les Shinobis ayant un sixième sens aiguisé peuvent déjouer ces escroqueries. Malheureusement, le Gogyou ne dispose pas d’un tel don. Le personnage face à lui pourrait très bien s’être fabriqué un nom de code, voire même une nouvelle apparence grâce à une métamorphose. Il ne le saura jamais. Il n’a aucun moyen de le savoir à moins de perturber son flux de chakra. Ce qui demande de l’attaquer ici et maintenant. Une option peu considérable, mais qu’il n’hésitera pas à employer si la rencontre tourne au vinaigre.

D’accord. Admettons que je prends l’appât.

Dit-il au bout d’un autre moment de silence. De son point de vue, il possède deux options : renvoyer le jeune ou bien répondre à son interrogation. La première optique est ennuyante, alors attaquons avec la seconde. Avant de poursuivre, Kira récompensa sa patience d’une gorgée de café, ce délicieux nectar obscur au goût amer. Il n’y a que de véritables vétérans qui prennent leur café noir. C’est ainsi que l’on note l’ardeur d’un homme !

Ce que je pense du système Shinobi, c’est ça ? Hm. Pas grand-chose. Contrairement à l’Empire, leurs actions ne semblent pas dommageables. Le monde est de nouveau stable. Certes, loin d’être parfait, mais mieux qu’auparavant. Voilà quelques années que la paix perdure grâce à ces villages. Du moins, pour le moment.

Une nouvelle gorgée pour soulager ces cordes vocales qui travaillent si hargneusement ! Il faut éviter d’avoir la gorge sèche, les enfants. Ceci dit, l’assimilateur n’a rien caché à son interlocuteur. C’est ce qu’il pense réellement. Toutefois, à noter que les mots à souligner dans ses propos est « pour le moment ». Il est vrai que les activités de Konoha, Iwa et Suna sont paisibles, mais rien ne garantit que cette tranquillité persiste éternellement.

Ensuite, pourquoi n’ai-je pas rejoins l’un des trois grands villages ? Pour une raison bien simple : je suis né nomade, je vais mourir nomade.

Le mode de vie sédentaire n’interpelle guère un aventurier plein de vie tel que Kira. Pour lui, il lui faut de la nouveauté à chaque jour. Rester coincer dans le même quartier pour plusieurs années ? Non merci, plutôt crever.

Les questions finalement répondues, le Seiei déposa sa tasse et joignit ses mains sur la table. Ses iris céladons maintenaient le regard azuré du dénommé Hiko. Puis, l’ombre d’un sourire apparu sur son faciès. Un sourire rieur.

Tu planifies quelque chose, sale gamin.

Avoir fait tout ce chemin pour poser ces questions précisément, ce n’est clairement pas pour parler uniquement de philosophie. Ce porc-épic a traqué le Seiei à travers le pays entier. Il a lui-même affirmé qu'il sait quelques trucs à son sujet. Et le voilà qu'il parle du système Shinobi, demandant l'opinion du concerné. Une méthode simple afin de le classer. Il faut être sot pour ne pas comprendre où ce jeune homme veut en venir.

Ceci est un recrutement.

Apparemment, le plaisir n’était pas réciproque et le jeune Kira semblait apprécier particulièrement les blagues de mauvais goût. Hikouille, on ne lui avait jamais faite celle-là. À part sur un chan de très mauvaise qualité où le mal parler et monnaie courante, mais bon… Avec des abrutis pareils… Il n’y a plus grand espoir. Ce fut donc avec un petit sourire que l’enfant aux cheveux blancs accueillit la nouvelle blague vaseuse de son interlocuteur du jour.

Cependant, il avait réussi à franchir la première barrière que le Seiei avait érigé lors de leur début de conversation. C’était déjà un bon début. Il savait qu’il avait affaire à quelqu’un étant plutôt vulgaire, et sans doute très limité du point de vue mental… Mais bon, il fallait bien de tout pour faire un monde. Hiko fut surpris que le manieur de foudre ne réagisse pas plus et finisse par se calmer. Le poisson avait été ferré, il ne restait maintenant plus qu’à remonter soigneusement la ligne afin de pouvoir l’attraper dans les mailles du filet que l’Hizashi tentait d’étendre.

Première partie, il fallait savoir ce que pensait l’inconnu. Il affirma qu’il n’avait aucun préjugé contre les villages cachés à l’heure actuelle. Selon lui, ils représentaient un danger beaucoup moins important que n’avait pu l’être l’Empire que le despote Kakeshuou avait érigé. Cela fit sourire le jeune garçon. Son interlocuteur semblait beaucoup parler, il ne semblait pas aussi idiot qu’il voulait le laisser paraître… Et pourtant, il lui manquait un élément essentiel pour comprendre le vrai problème… La vue d’ensemble.

- Je com…

Mais Hiko n’eut pas le temps de finir sa phrase que son interlocuteur reprit la parole. Il donna sa version pour laquelle, selon lui, il n’avait jamais rejoint aucun village depuis la création de ces derniers. Il était un nomade, et il vivait comme un nomade… Et mourrait sûrement comme un nomade. Une drôle de façon de voir sa propre vie. Ce n’est pas parce que l’on naissait nomade qu’on était obligé de suivre ce chemin toute sa vie. Hiko était devenu une sorte de nomade depuis la fin de la guerre, vagabondant d’endroits en endroits. Mais c’était son choix, et c’était surtout parce qu’aucun des Villages Cachés ne représentait ce qu’il attendait d’un foyer. Il voulait des bases saines… Pour ne pas répéter les erreurs du passé.

Portant sa tasse à ses lèvres, le jeune garçon attendit que le Seiei ait une nouvelle fois fini de parler pour reprendre la parole et lui expliquer la situation. Il sourit aux derniers mots du manieur de foudre… Il n’était pas aussi bête qu’il ne le laissait paraître au premier regard il fallait croire. S’abreuvant d’une dernière gorgée, le manieur de gum regarda alors son interlocuteur dans les yeux et tenta d’être le plus direct possible.

- Je comprends ton point de vue, mais comme tu l’as dit… Il ne s’est encore rien passé, pour l’instant.

Hiko accentua bien sur ces deux derniers mots avant de reprendre la parole tout en s’adossant à sa chaise.

- Les villages cachés ne sont que des mini-Empires qui sont nés suite à la chute du despote Kakeshuou. Leur système reste le même, et leurs moeurs et leurs volontés n’ont pas changé. Il s’agit, ni plus ni moins, d’Empires miniatures dont certains se sont auto proclamés chefs. Mais je peux t’assurer que dans quelques mois, quelques années, leur soif de pouvoir et leur rivalité plongeront le monde dans une nouvelle grande guerre Shinobis…

On voyait toute la résignation du jeune garçon dans ses yeux qui n’avaient pas quitté ceux de son interlocuteur. Il voulait s’assurer que le mot passe correctement, et que Kira ne le prenne pas pour un simple fou. Non, il devait se rendre compte que l’enfant aux cheveux blancs, qui avait quand même 16 ans donc bon…, était tout à fait sérieux. Il continua alors son récit… Le tout, dans le seul but que Kira n’adhère à sa cause.

- J’ai participé à la Grande Guerre… J’ai vu mes compagnons haïr un Empire dont ils ont ensuite emprunté les caractéristiques en le renommant « Village Caché ». La folie des shinobis les pousse à faire de grandes choses… Bonnes certaines fois, mais surtout mauvaises.

Le meilleur allait venir.

- C’est donc pourquoi je suis ici. Je fais partie d’un groupe ayant décidé de priver ces Villages Cachés des puissances que le Yuukan pouvait offrir. Notre but est que l’homme reste à sa place, et n’essaie pas de s’ériger tel un Dieu comme peuvent le faire les Kage… Ou encore l’Empereur avant eux. Nous avons décidé de nous lever face à cette tyrannie en bandes organisées qui, peu à peu, détruit notre monde tel que nous le connaissons. Et pour cela, nous avons besoin de personnes de confiance, de gens sur qui compter.

Eh ouais mon pote, t’en es un.

- Alors je t’avoue que je ne comprends pas exactement pourquoi on aurait besoin de toi… Mais on m’a demandé de t’approcher. Cette aventure te sera utile si tu décides d’y participer, notre groupe à des moyens aussi bien financiers qu’informationnels. Mais avant de te faire une offre concrète… Qu’en penses-tu ?

Parce que là on était pas dans le concret peut être ?!

Ce petit chenapan a une idée bien précise en tête. C’est évident. Tous les indices pointent dans cette direction. On ne traque pas un individu à travers un pays entier uniquement pour parler d’idéologie – dans ce cas-là, envoie un message courriel. Non, il y a quelque chose de bien plus lourd qui se trame sous cette rencontre.

Suite à son monologue, le jeune Hiko affirma comprendre le point de vue de l’élémentaire de foudre. Cependant, il mit l’accent sur deux mots particuliers qu’a dit plus tôt notre protagoniste : « pour l’instant ». Car oui, les villages cachés, grands responsables de la chute d’un despote sans égal, sont perçus comme les héros de cette ère. C’est normal. Le système Shinobi, largement préférable au système impérial, a démantelé celui-ci. Depuis, le monde jouit d’une certaine quiétude depuis quatre maigres années. Et, à sa connaissance, ces nations n’ont pas encore fait le moindre faux pas. Du moins, comme s’entendent les deux personnages, ce n’est probablement qu’une question de temps. La possibilité est bien réelle.

S’ensuit ensuite un long discours de la part du hérisson blanc. À son tour, bien que Kira n’ait jamais demandé son opinion, il partagea son point de vue sur le sujet. Selon lui, ces trois bastions – la Feuille, le Sable et la Roche – ne sont que des Empires sous forme miniaturisé, soit une pâle copie. Bien que le tyran Samui Kakeshuou ait tombé, les mentalités restent les mêmes. Ce n’est qu’une question de mois ou d’années avant que Konoha, Iwa et Suna se lancent dans une politique de conquête, à la fois de territoire, de puissance et d’influence.

Voilà une opinion plutôt pessimiste. À vrai dire, le brun ne partage pas complètement son jugement. Mais, comme susmentionné, cela reste dans l’univers des possibilités. Et, si l’on juge le sérieux qui plane dans le regard céruléen du jouvenceau, il semble y croire fermement. A-t-il raison ? Seul l’avenir nous le dira. Le Seiei n’est pas le genre d’individu à trop anticiper. Si une problématique se présente, il se penchera sur le problème en temps et lieu.

Le mâcheur de gomme poursuivit son récit, révélant cette fois-ci son histoire personnelle. Cherche-t-il à amadouer sa proie par la pitié ? Cela ne fonctionnera pas. Depuis le début de ce monologue, Kira n’esquissa pas le moindre geste. Pas même un sourcil ou les paupières. Lui-même a participé à la grande guerre. Il est né dans la guerre. Dans ses souvenirs les plus lointains, il accompagnait le Démon sur le terrain et le voyait massacrer des malfrats. Son passé n’est pas unique. Bon nombre de gens ont vécu quelque chose de similaire.

Évidemment, le meilleur reste à venir. Car l’adolescent ne révèlerait pas une telle chose sur sa personne s’il n’avait pas un but derrière la tête. Il annonça finalement être membre d’un groupuscule cherchant à priver les trois villages cachés de cette fameuse quête, afin que leurs dirigeants ne deviennent pas des Empereurs à leur tour. Et là est la raison de la présence d’Hiko face à Kira : une invitation pour rejoindre ce dit groupe, supposément puissant et possédant toutes les ressources nécessaires. Il ne fallut qu’une seule seconde suite aux paroles du garçon pour que l’apatride rie aux éclats. À un tel point que l’attention des clients se tourna brièvement sur le duo.

Je pense que ton raisonnement est immature, mais logique.

Hiko semble porter une grande haine envers les villages cachés. En ce sens, son passé l’aveugle et il se laisse guider par ses émotions. D’un autre côté, ce qu’il dit est tout à fait probable puisque lui-même partage cette opinion. Qu’une nation devient si puissante et influente qu’elle abuse de ce pouvoir est dans l’éventail des probabilités. Dans les faits, cette « organisation » adopte le dicton « mieux vaut prévenir que guérir » en ne se basant que sur des spéculations.

Mais jusqu’à quel point sont-ils prêts à poursuivre cet idéal ?

Donc, tu n’es pas le chef ?

Une question purement rhétorique. Le garçon a lui-même dit qu’on lui a demandé d’approcher notre héros sans en savoir les raisons précisément. Il n’est qu’un pion sur un échiquier. Et Kira n’est pas intéressé de parler de philosophie avec un pion.

Tu sais quoi, j’aimerais m’adresser à ton boss directement. Ce sera plus clair, et surtout, plus formel. Seulement, avant de partir, j’ai un petit souci à régler. Qu’en dis-tu ? Si tu m’aides, on part le plus rapidement possible.

Dit-il avec un sourire espiègle. Il ne sait guère quoi penser de cette offre – du groupuscule en soi. Il pourrait très bien faire usage des ressources et des renseignements de ce groupe – du moins, si les bases sont bien établies. Mais pour l’heure, il y a une chose à régler. Et le dénommé Hiko semble posséder les habiletés nécessaires pour accomplir cette tâche sans qu’il ait besoin de se salir les mains. Il allait utiliser Hiko pour arriver à ses fins.

Kira semblait être réceptif aux affirmations du jeune garçon. Il semblait suivre de façon cohérente le raisonnement du jeune garçon aux cheveux blancs. Hiko lui exposait son mode de pensée, et son interlocuteur ne montrait rien. Ni excitation, ni surprise, ni lassitude... Rien. Hiko pouvait parler à un mur qu'il aurait sûrement plus de répondant qu'avec son interlocuteur actuel.

Mais cela ne l'arrêtait pas et il continuait d'exposer sa version de la situation. Ils semblaient partagés la même. Cela même si le Seiei se fendit d'un rire ironique à la fin du discours du jeune garçon manieur de gum. Hiko ne réagit pas, il ne s'attendait pas à une réaction classique de la part de cet homme. Il avait prouvé qu'il n'avait pas la langue dans sa poche et qu'il n'osait pas dire ce qui ne lui plaisait pas. Là, il annonça clairement que les propos du jeune médecin le faisaient rire. Cependant, la phrase qui sortit par la bouche à la suite vint confirmer que leurs modes de pensée n'étaient pas si éloignés.

Il trouvait Hiko immature... Si seulement il savait ce qu'il avait été dans une autre vie. Un enfant qui ne pensait qu'aux bonbons. Mais désormais c'était fini, il était un homme et le ferait savoir à quiconque le confondrait une nouvelle fois avec l'enfant qu'il était dans la précédente version de SnH.

Bref, gardant le silence, le jeune garçon laissa le manieur de foudre continuer à parler. On en apprenait plus sur les individus lorsqu'ils déliaient leur langue.

Le Seiei sembla alors montrer un certain intérêt à l'organisation que représentait aujourd'hui notre jeune héros macheur de chew wing-gum. Il fut surpris et amuse qu'Hiko ne soit pas le chef. Mais l'enfant, bien qu'encore jeune, perçut que cette question n'en était pas vraiment une. Il était impossible de croire qu'un garçon d'à peine seize ans puisse représenter un tel projet. Quoique...

Lui souriant, Hiko lui répondit alors tacitement. Non il n'était pas le chef, mais il était censé le représenter aujourd'hui afin de passer un message. La suite ? Ça ne le concernait pas vraiment pour parler franchement. Cependant, Kira sembla croire que l'enfant était la pour le ramener à son chef de gré ou de force. Grossière erreur.

- Je t'arrête tout de suite. Je m'en moque que tu arrives dans 10 jours ou une année à lui... Ma mission est aujourd'hui terminée, le message a été passé.

Que les choses soient bien claires.

Cependant, Kira argumenta et des négociations commencèrent entre les deux hommes. Le résultat de ces négociations ne fut pas bien difficile à comprendre... Au final Hiko accepta de l'aider. Mais pas gratuitement, un service contre un service... Voilà leur arrangement.

Et que Kira se rassure, Hiko avait une bonne mémoire.