Je suis heureuse d’apprendre que toi et les tiens vous portiez bien malgré ces événements qui en ont emporté plus d’un. Cependant, d’après Mizuki, ton combat fut rude et l’issue bien trop incertaine. Cela n’aurait pas dû arriver et je ne peux m’empêcher de me sentir responsable en quelque sorte. Tu as toujours été d’un naturel … délicat, et j’ai tâché à quelques reprises de t’apprendre à devenir plus fort du temps où tu n’étais que mon élève. Cependant mon manque de temps à l’époque t’a probablement fait te contenter de ton seul niveau actuel, et pour cela je m’en excuse.
Malgré tout, j’espère que cette probabilité que tu ne revois jamais ton fils nouveau-né aura eu l’effet d’un coup de fouet, et te poussera à dépasser tes limites actuelles. Deviens plus fort. Vis. Protège ce qui t’est cher. Tu en es capable Kihran, et tes capacités actuelles ne reflètent en rien ces talents encore enfouis en toi. Je serai peut-être amenée à passer par Nami prochainement, j’espère que d’ici là, tu auras de quoi me prouver que j’ai tort et que tu fais tout en ton pouvoir pour devenir plus fort pour ton pays, ton village, ton clan et surtout ta famille.
Mais ces remontrances n’étaient pas l’objet principal de ma lettre. Je tenais également à t’informer que je comptais déserter dans les prochains jours de mon poste de Daimyô de Hi no Kuni. Comme déjà expliqué à Mizuki, je n’en ai pas l’étoffe. J’avais souhaité assumer ce poids pour unir le monde seigneurial et le monde ninja au sein de notre nation. Et maintenant que ce pont a été rebâti, mes obligations en tant que kunoichi n’ont fait que me rattraper. Bien trop de fois déjà j’ai dû rester sur la touche de par ma position, n’ai pas su toujours vous protéger et ai vu trop d’innocents mourir. Les carnages de Rokubi et Kyûbi auront été la goutte de trop.
Sache donc que j’ai décidé de traquer ces entités divines et colossales que sont les Bijuus. Je ne serai pas seule rassures-toi. Comme l’a si bien formulé mon futur partenaire : le temps de la cohabitation semble enfin révolu. Nous ne pouvons pas vivre avec le risque quotidien qu’une telle menace pourrait refaire surface. Jusqu’ici le statu quo était maintenu en quelque sorte, les Bijuus n’étaient que légendes adorées et vénérées des peuplades. Mais il semblerait qu’un homme s’est mis en tête de lâcher ces engeances sur le monde tel que nous le connaissons. Je ne sais plus si tu as déjà lu ou entendu son nom : Jiseyama. L’un des porteurs de gènes créés par les Senju. Ce même homme qui a déchaîné sa haine lors de l’Examen Chûnin et a corrompu Kibo, insufflant cette guerre entre Hi et Kaze.
Depuis son coup d’éclat à Taiyô je me suis fait une promesse : celle de le tuer de mes propres mains. Mais j’ai conscience que je ne pourrai pas le faire seule. Non car je doute de mes capacités martiales, mais car je ne sais que trop peu de choses sur lui, et n’ai qu’une seule réelle piste pour commencer : toi. En tant que descendant du clan Hayashi (et nouveau chef, toutes mes félicitations) et donc des Senju, j’espérais que tu pourrais m’aider à remonter les secrets les plus obscurs de tes ancêtres afin de me fournir le plus d’informations possibles sur cet homme, sur ses capacités, sur ses limites. J’ai conscience que la tâche que j’aimerais te confier est l’équivalent de la recherche d’une aiguille dans une botte de foin, mais je me doute que tu saisis l’importance de ma requête… Tout comme tu dois réaliser le risque que je te demande de prendre pour toi et ta famille.
Quand tu sauras quoi me répondre, contentes-toi d’allumer deux bâtonnets d’encens : un de santal et l’autre de patchouli. Un clone viendra chercher ta réponse pour garder ce sujet secret. N’en parles à personne dans tous les cas, il ne faut pas qu’il l’apprenne…
Affectueusement,
Miko
PS : Pour revenir sur tes entraînements, il serait bon que tu organises davantage de formations. Cette nuit nous a tous surpris. Il ne faudrait pas que cela se reproduise. PPS : Passe le bonjour de ma part à ta future femme et ton fils. PPPS : J’essaierai d’être là pour le mariage. Mais il faudra oublier mon invitation au Palais…
Ce fut sa belle petite secrétaire blonde qui vint amener la lettre au bureau du Directeur. Il faisait sombre, la paperasse s’accumulait avec tout le déménagement et l’extension du complexe Académique. Alors qu’il était en train de lire un document, la femme déposa la lettre sur le coin de son bureau.
«Kihran-sama, cela m’a l’air important. »
Murmure-t-elle avant de disparaître à nouveau de la pièce. L’Hayashi mit alors de côté les dossiers sur lesquels il travaillait avant de prendre le message entre ses mains. Il déroula délicatement la feuille épaisse avant de lire son contenu dans un long et lourd silence.
Le début correspondait tout à fait à l’Aburame. Toujours aussi dure, ne manquant jamais de mettre le doigt sur les faiblesses, le manque de force de chacun, tout en glissant quelques encouragements discrets. Et comme toujours, elle n’avait pas tort. Ses faiblesses avaient failli coûter la vie de milliers d’innocents. Il devait se ressaisir, ne jamais rester sur ses acquis, d'autant plus qu’ils portaient encore plus de responsabilités sur ses épaules désormais. Il y avait l’Académie, mais également son clan et surtout son foyer à protéger. Il hocha légèrement la tête, avant de passer à la suite.
Ses sourcils se froncèrent, ses doigts se crispèrent sur le papier. Il déglutit et poursuivit sa lecture. Ainsi son Daimyo, sa Senseï, son modèle, s’en allait poursuivre sa route en dehors de l’Autorité du feu. Il ne pouvait s’empêcher de ressentir un pincement au cœur face à cette nouvelle. Néanmoins, il était incapable de lui en vouloir. La menace était réelle, ils l’avaient tout bien remarqué suite aux récents événements.
Jiseyama, comment oublié ce nom ? Cet homme ? Il se souvenait encore de leur rencontre, aussi brève fut-elle. Une rencontre indirecte alors que le Raïkage était suspecté de trahison. Un Raïkage qui avait finalement sacrifié sa vie pour sauver la sienne. Le rouquin se souvenait encore de l’odeur de sa chair brûlée par les flammes. Enfin, la lettre prit une tournure plus surprenante : les Senju. Bien évidemment. Il était même étonnant que Konoha n’aie pas décidé de mettre en examen les membres de son clan lorsqu’il a été découvert que leurs ancêtres étaient mêlés à cette histoire. C’était un sujet délicat au sein du clan, et même Kihran allait avoir du mal à trouver des informations viables. Les risques étaient également présents, les traîtres jamais loin. Peut-être même que la recherche sur ses ancêtres les amènerait droit dans un piège. Qui sait ?
Finalement, l'Hayashi sortit une nouvelle feuille d’un de ses tiroirs et commença à la tacher d’encre.
Miko-sama,
C’est avec regret que j’apprends votre démission. Malgré les nombreuses critiques à votre égard lors de votre retour à Konoha, vous avez su gagner la confiance et l’admiration des villageois. Vous vous êtes comportée comme une Sensei, une Hokage et une Daimyo remarquable tout aux longs de ses années bouleversées par plusieurs tragédies. Votre départ laissera place à un vide dans le cœur de chaque habitant de la feuille, y compris le mien... J'aurai aimé également que vous puissiez voir notre fils grandir avec la volonté du feu.
Malgré tout, je ne tenterai pas de vous dissuader. Je sais que c’est un choix mûrement réfléchi et je me dois de le respecter. Aussi, peu importe où votre voyage vous mènera, sachez que vous bénéficierez toujours de mon soutien. À commencer par votre demande concernant mes ancêtres. Je ferai mon possible pour retrouver leurs traces et leur héritage.
Enfin, votre présence à notre mariage signifie beaucoup à mes yeux. Je souhaiterais que vous me fassiez l’honneur d’être mon témoin, aux côtés de ma mère. Toutefois, je comprendrai que vous ne puissiez y assister étant donné la situation actuelle.
En espérant pouvoir vous revoir avant votre départ,
Cordialement,
Hayashi Kihran
Il rangea alors sa plume, fit sécher l'encre, puis l'enroula avant d'allumer les deux encens. L'odeur se répandit rapidement jusqu'à faire finalement apparaître l'un des clones de sa senseï. D'un simple et unique sourire, il lui remit son message pour finalement la voir s'éloigner. Une nouvelle tempête se préparait dans l'ombre.
