Il est cinq heures du matin ♫
Lorsque je m'éveille enfin. ♪
D'abord le petit déjeuner, ♫
Lait, Captaine Ukulélé. ♪
Pour ma survie c'est essentielle, ♫
Autant que mon armure corporelle. ♪
Me voilà sur le pied de guerre, ♫
Aussi beau qu'un militaire, ♪
Prêt à retrouver les employés ♫
Du Palais du Hokage. ♪
Avec la paperasse à ranger ♫
Avec toutes les affaires à traiter. ♪

Cette mélodie accompagnait chaque matin Natsuki lorsqu'il se rendait sur son lieu de travail. Elle le suivait systématiquement, sans qu'il sache d'où elle venait, ou pourquoi. Il n'en avait jamais abordé le sujet avec qui que ce soit non plus, pas plus qu'il ne la chantonnait sur la route qui le menait à son poste d'Assistant du Hokage. Ainsi, le seul moyen d'être au courant était de se brancher sur son esprit au pare-feu inviolable – prétendait le panneau du même type que '' attention chien méchant '' qu'affichaient sur leur portail ceux qui n'en avaient aucun.

Avec près d'une décennie d'insomnie à son actif, maintenant qu'il allait mieux, Natsuki avait l'air frais en toutes circonstances, et ce même aux aurores. Ainsi, lorsque Leika arriva dans son bureau, il était tout à fait présentable.

« Bonjour à toi. Oui, j'essaie de faire comme si. Je vois que tu as déjà tout préparé. De mon côté, je lui ai libéré son planning de sept heures à sept heures trente du matin, comme convenu. Par contre, je ne saurai pas te dire si notre Hokage est '' déjà '' là, ou si elle est '' encore '' là. Nous serons vite fixés, nous allons y aller de suite. Tu veux que je t'aide à porter du matériel peut-être ? Viens, donne-moi les croissants et le chocolat. »

Natsuki avait toujours une main serviable à offrir à son prochain.

« Tu te sens prête ? Ne t'inquiète pas, cela va aller, elle ne va pas te manger toute crue : elle ne se nourrit que de ce qu'elle a d'abord tué, et elle est trop faible pour chasser tout ce qui est plus massif qu'elle en ce moment. »

Détendre un peu Leika ne pouvait que lui faire du bien, même s'il savait que c'était totalement inefficace. Ils prirent donc le chemin du bureau de Mizuki, qui était juste à côté – Mizuki qui les attendait sûrement, vu qu'elle avait très probablement mit des micros-espions partout dans le bureau de son Assistant.

Il frappa à trois reprises sur la porte, puis entra après un délais respectable de cinq secondes.

« Bonjour Hokage. Bien dormi/travaillez cette nuit ? Installe-toi Leika. Hokage, vous vous souvenez de l'étudiante en médecine dont je vous avait parlé, celle qui faisait son mémoire sur le burn out et ses conséquences sur la santé à terme ? Et bien c'est elle. Et elle vous a choisi comme sujet, vu que vous travaillez près de vingt-six heures par jour et ne mangez de sain presque que ce que je vous prépare. »

Il prit appuie sur le bureau de ses deux mains, et se pencha avec une expression aussi sévère que sérieuse vers Mizuki à qui il murmura quelque chose qu'elle seule pu entendre.

« ... »

Puis il se fendit d'un sourire, qu'il souligna d'un clin d'oeil avant de se reculer.

« Nous t'écoutons Leika. »

Le réveil sonne à 6H00, comme quasiment tous les matins, sauf week-end et jours fériés.
Je me lève à 6H45, comme quasiment tous les matins, sauf week-end et jours fériés. L’avantage de ce genre de rythme, c’est qu’on est obligé de se dépêcher le matin. Attachant mes cheveux tout en marchant vers la salle de bain, je me douchai rapidement, en sortit tout aussi rapidement en chantonnant – l’assurance d’une journée réussie – et m’habillai d’un jean et d’un haut bleu. Un regard vers la fenêtre : le soleil brillait déjà fort malgré l’heure matinale, mais l’ouverture de cette dernière me permit de me rendre compte qu’il faisait un peu frais tout de même. Enfilant un manteau noir m’arrivant aux genoux que je laissai ouvert, une écharpe blanche pendant et des lunettes de soleil, je sortis dans la rue : direction le palais.

Je saluai sur la route les mêmes personnes que tous les matins, adressant de grands sourires de solidarité à ceux qui, comme moi, se levaient le matin pour aller travailler – tout le village, ou presque, finalement, puisque c’était la vie, après tout – m’arrêtant comme tous les matins à un magasin vendant des thés glacés à la mangue extraordinaires.

- Je vous fais crédit, Hokage-Sama ?
- Comme tous les matins, Mitsuhiko !

Lui adressant un clin d’œil qu’il put distinguer au travers de mes lunettes, je repris direction du palais qui se dessinait sous mes yeux. Il faudrait vraiment que je pense à m’acquitter de ma dette, depuis le temps où il m’épargne le devoir de payer, le pauvre… Sirotant mon thé à la paille dans le grand gobelet, je fus, comme tous les matins, chaleureusement accueillies par le personnel administratif du palais, à deux doigts du lancer de sous-vêtements – ok j’abuse légèrement, c’est juste un placement de rêves que je viens de faire (et cette phrase n’a pas trop de sens mais bon, vous-même vous savez).

Mettant mes lunettes de soleil en diadème pour retenir mes cheveux, je venais à peine de fermer la porte du bureau derrière moi qu’on frappa. Encore habillée, je fis entrer mon bras droit et son élève – et future femme si on en croit les ragots de mon élève à moi.

- Heu… Oui j’ai bien dormi. J’ai rêvé de banque, c’était étrange, mais bon. C’est toujours mieux que ces rêves étranges que je fais parfois et où je suis une blonde un peu perchée qui se complaît dans le cynisme et qui enseigne à des gosses de sept ans.

Mimant un pseudo-geste de dégoût, j’écoutai ce que Natsuki avait à me dire de si bon matin, enlevant mon écharpe et mon manteau en me dirigeant vers mon fauteuil. Depuis quelques temps maintenant, le Nara arrivait presque tous les jours avant moi et était déjà au travail quand moi je me mettais à peine à ouvrir les dossiers du jour. Ah oui, cette histoire-là. Il se pencha vers moi pour me murmurer quelques mots et j’acquiesçai.

- Oh… Oh ! Je vois.

Je m’assis lentement sur mon fauteuil, regardant l’Hayashi dans les yeux, posant mes deux bras sur mon bureau, retroussant légèrement les lèvres.

- Oui, on t’écoute, Leika !

Les cartes étaient dans les mains de Leika désormais. Natsuki avait préparé le terrain du mieux qu'il le pouvait, mais maintenant, c'était à son étudiante de carburer à plein régime durant l'entretien si elle voulait parvenir à quelque chose, autant pour Mizuki que pour elle-même. De fait, à part suivre l'affaire un peu en retrait, il n'avait dès lors plus vraiment sa place ici. Sauf peut-être travailler. Car l'entretien médical avait beau se passer dans le bureau du Hokage – sa résidence principale pour ainsi dire - pour mettre cette dernière en confiance, cela n'en restait pas moins son bureau. Et au bureau, il y avait du travail à abattre.

Natsuki tira donc sa chaise un peu à part, et commença. Et comme chaque jour, cela débutait par une note de frais qu'envoyait le vendeur de thé glacé situé non loin de l'Académie. Ce n'était pas bien élevé, mais mit bout à bout au fil des jours, la somme chiffrait plutôt pas mal. Il se demandait bien de quel fonctionnaire dépendant des finances du Palais situé à proximité de l'école Shinobi cela pouvait-il être l’œuvre. Et à bien y réfléchir, s'il devait l'imputer sur quelqu'un, le plus logique serait d'admettre que c'est la faute de Kihran. Mais bon, pour ce tout ce qu'il assurait comme services auprès de Konoha comme directeur, Natsuki pouvait bien fermer les yeux là-dessus – surtout s'il on y ajoutait le service que lui avait rendu le Hayashi en œuvrant pour la pièce maîtresse de son restaurant. Il passa à l'affaire suivante.

Mais avant, il releva les yeux, et observa comment se déroulait l'entretien de Leika et Mizuki qu'il suivait d'une oreille distraite.

A priori, pour le moment, cela se passait plutôt bien alors que Leika achevait l'introduction. Mais dans le fond, que pouvait-il bien se passer d'inquiétant ? Mizuki n'était pas un monstre non plus, peu l'importe l'image qu'elle essayait de donner – tout au plus, elle était une fauve protectrice de ses petits. Donc au pire, cette initiative, elle pouvait mal le prendre, de façon bestiale à la rigueur pour le faire savoir, mais cela se limitera à des mots sans conséquence pour le lendemain. Et au mieux, elle comprendra que l'on ne pensait pas du tout à mal pour elle, bien au contraire – même si avoir autrui qui pense à bien n'empêchait pas que cela tape sur le système.

Une bonne chose donc que Leika souligne bien l'intérêt de sa manœuvre, afin que Mizuki accepte d'y prendre part, et peut-être qu'ainsi, à terme, la Hokage finisse par alléger sa charge de travail ne serait-ce qu'en déléguant un peu plus. Car bien qu'il ne l'affirmait ni haut ni fort – donc pas du tout -, Natsuki ne pouvait mieux décrire Mizuki qu'en les termes '' tête de mule ''. Quoi que... ce n'était pas tout à fait exacte, car elle n'en avait pas que le caractère, mais aussi la capacité de charge : ce n'était pas pour rien que Natsuki insistait pour qu'elle cesse de vouloir tant faire tout par elle-même. En bel étalon tout en muscles qu'il était, il ne manquait pas de rappeler que lui aussi était parfaitement apte à recevoir sa charge quotidienne, quoi qu'elle lui en dise : avant que l'on se dise que le cheval doit souffrir, il y a de la marge. Un peu étrange, comme métaphore, maintenant qu'il y pensait...

Jouant du stylo entre ses doigts, Natsuki fronça soudainement les sourcils. Il venait de se rappeler qu'aussi louables que soit les intentions de Leika, il y avait un symptôme qu'elle devait évoquer avec tact, et qu'il avait oublié de lui en parler. Et elle finira forcément par l'aborder... Autant Mizuki était assez ouverte d'esprit sur tout, autant les troubles mnésiques résultant d'un manque grave de sommeil n'était absolument pas propice à la plaisanterie. Peut-être parce que dans son accès de sénilité, sa tante Miko avait subit une lourde perte de mémoire concernant toutes ses connaissances médicales – remplacées par des connaissances en arcanes Jijetsu -, et que du coup, en fière médecin compétente qu'elle était, Mizuki craignait d'être frappée par le même mal ?

L'un dans l'autre, Natsuki avait eu l'indélicatesse de faire une plaisanterie là-dessus un jour, il n'en fera plus jamais une deuxième...

J’haussai les sourcils, lançant un regard accusateur envers mon bras droit qui s’affairait dans son coin. Il était complètement déraillé ou… ? Les dossiers médicaux sont des dossiers privés, accessibles que et uniquement par les médecins. Le mien, qui plus est, n’était accessible que par les médecins agréés. J’ai aucune confiance en l’Hayashi, et elle n’est même pas médecin. Aussi étudiante soit-elle, elle est ce que son titre dit qu’elle est : une étudiante. Il lui a fallu un temps incroyable pour devenir ninja, j’estime à deux fois plus le temps qu’il lui faudra pour devenir médecin.

- Tu as réussi à quoi ?

Me levant et prenant le dossier des mains de Leika, je le parcourus rapidement. Oh, ce dossier-là. Effectivement, il n’était pas à jour. Léger sourire : je le rendis à l’Hayashi en m’appuyant sur le bureau, laissant la néo-médecin faire ses… trucs. Natsuki était vraiment incroyable.

- Ouais, le mettre à jour… Enfin cela dit les eisennins n’ont pas besoin de connaître ma taille, mon poids ou la couleur de ma culotte pour me soigner. Deux-trois mûdras, du chakra et pouf, je me retrouve comme neuve, prête à me remettre en selle.

Enfin je dis ça, mais je n’ai jamais fait de cheval de ma vie. Enfin si, une fois, et j’ai failli tomber du cheval. Les chevaux ne m’aiment pas, et je leur rends bien. Sincèrement, hein, ça a une mâchoire tellement proéminente qu’on a toujours l’impression qu’ils sont à deux doigts de vous mordre un bout de quelque chose. C’est malsain. Puis de nos jours, on va plus vite en sautant de branche en branche tels des ninjas super rapides qu’en exploitant ses pauvres bêtes qu’on fait souffrir. Enfin Leika s’en rendra compte si elle va au bout de son diagnostic, mais moi et mes gros jambonneaux on donnerait du fil à retordre à ces pauvres bêtes. Non sincèrement c’est pas cool. Je préfère largement leur envoyer un insecte dans le cerveau qui les parasite et les oblige à faire ce que je veux, quand je veux, où je veux. C’est bien plus humain.

- Ça dépend : tu comptes faire quel genre d’examen ? Parce que si je dois me déshabiller, il fait pas hyper chaud et j’aimerais si possible éviter de finir frigorifiée. Je dois allumer le chauffage… ?

Tous mes examens médicaux étaient assurés par Rin, le directeur de l’hôpital, et il connaissait ma proportion à avoir froid. Alors ok, il me torturait après avec ses millions de questions, ses millions d’examens et ses millions de piqûres (non, non, je n’abuse pas, il est très soucieux de ma santé), mais au moins j’avais chaud. J’ai horreur des examens médicaux. C’est le genre de trucs qui finit toujours mal parce qu’on trouve toujours qui ne fonctionne pas bien et qui peut s’avérer être inquiétante. Une masse, une cicatrice, un taux trop élevé d’une substance obscure que tu ne connais que quand t’es médecin, trop de sourcils, pas assez… Sans déconner, je serais la première à danser sur la tombe de Rin quand il mourra : comme ça je deviendrais moi-même directrice de l’hôpital, et je supprimerais cette proportion qu’ont les gens à vouloir savoir comment je vais.

- Justement : à quoi bon ? Raison pour laquelle mes documents ne sont visiblement pas à jour. Et je ne vois pas de quelle autre blessure que « physique » je pourrais souffrir – ou en tout cas, de quelle blessure un eisennin ne pourrait pas me soigner juste en utilisant ses mains et son chakra vert de super héros.

Elle détailla ensuite les examens qu’elle comptait me faire. Ophtalmique, auditif, mensurations, poids, taille, sanguin, les os et les organes. Parce que ça doit sans doute faire dix ans que je vis avec la rate au mauvais endroit et que je le vis très bien, hein. Je souris légèrement lorsqu’elle me demanda si ça me convenait.

- Oui ça me convient, « Leika ». On a qu’à dire que mes dents vont bien, que l’analyse d’urine c’est pour les faibles, que neurologiquement tout va bien et que Benzaiten bénisse mon cœur.

Ton légèrement acerbe, accentuant le prénom, comme pour souligner l’ironie d’elle m’appelant par mon prénom en cette situation. L’apprentissage de la médecine allait encore prendre un peu de temps si elle oubliait la moitié des constantes à vérifier – la tension et les battements cardiaques étant des vérifications basiques. Enlevant ma veste, j’enchaînai avec mon haut et mon pantalon, me retrouvant en sous-vêtements dans ce bureau chaleureux où il faisait bon vivre grâce à la température augmentée. Natsuki était toujours présent dans le bureau évidemment, mais à son âge, et de ce que mes oisillons et mes rêves de blonde me disent, il en a vu d’autres. Puis j’avais une entière confiance en lui. Il était le seul à avoir accès au « dossier ». Puis si je le laissai rester pendant qu’elle me faisait son check-up incomplet, je pouvais assez avoir confiance en lui pour qu’il me voie en sous-vêtements – qui ne sont pas plus dénudés, au passage, que lorsqu’on est en maillot de bain.



A première vue, rien de bien particulier. Le ventre plat, un corps bien proportionné, aucune cicatrice visible à aucun endroit. Je mesurai donc à ce moment un mètre soixante-quinze, et je pesais… ah… 95 kilogrammes. Grand sourire.

- Je devrais faire attention à mon alimentation je crois…

Pourtant, rien ne montrait que j’étais en obésité morbide. Etrange. Bref. Elle continua son examen, examinant mes os et mes organes.

- Tu comptes aussi faire un examen psychologique ?

Je fis la moue, mimant la tristesse avec brio en retroussant ma lèvre inférieure vers le bas, comme une enfant de trois ans à qui on a refusé une sucette. Une fois qu’elle eut terminée de vérifier que tout était en ordre – en même temps je ne me fais pas toucher par mes adversaires, c’est tout le principe de mes techniques de lâche… Peu de chance que je finisse par intervertir mes poumons et mon colon (quoique j’ai toujours été fan de tetris, donc j’arrange mes organes comme je l’entends). M’asseyant, je lui tendis mon bras.

- Et tu pourras le mettre à mon nom. Qu’est-ce que j’ai à craindre ? Qu’un autre étudiant vole mon dossier ? Je ne pense pas que ça court les rues…

Bien que Natsuki s'abstenait de participer à la discussion parce qu'il ne voulait pas mourir, Mizuki soulevait un débat intéressant, l'éternel '' comment est-ce que l'on soigne ? ''. Pour certains, il suffisait d'appliquer un peu de chakra vert venant des mains en faisant '' Wololo '', la solution à absolument tout, et en toutes circonstances. Pour d'autres, c'était un peu plus technique, et cela nécessitait plus de temps que l'emploi d'un simple soin de rang B sur une blessure estimée à un seuil de rang B – ce qui interdisait donc la guérison efficace en plein combat, mais restait pleinement utile avant et après les hostilités. Pour d'autres encore, qui ne se reposaient pas uniquement sur la solution du chakra vert pour mettre fin à tous les problèmes du monde, l'usage de connaissance médicales et d'apport de techniques mécaniques étaient indispensable à une bonne prise en soin d'un cas. La question était donc de savoir, qui avait raison ?

Pour Natsuki, la véritable interrogation était plutôt : était-ce vraiment important de savoir qui avait raison ? Dans cet univers fictif empreint de fantaisie, chacun était libre de vivre sa médecine comme il l'entendait, du moment qu'à la fin, le patient était guérit et satisfait. Lorsque l'on était capable de greffer des pupilles venant d'autrui, ou des bras mécaniques à partir de rien, l'on pouvait décemment affirmer qu'il n'y avait pas grand chose d'impossible ici, surtout dans le meilleur hôpital du continent.

Pour la journée piscine et sous-vêtements, personne ne sembla véritablement gênée de la situation. Natsuki continuait de travailler sur ses dossiers sans vraiment lever les yeux sur ce qu'il passait à l'image même de Leika qui poursuivait son examen sur le physique d'athlète du Hokage, tout comme cette dernière qui était heureuse tant qu'elle avait assez chaud. Il n'empêchait que voir le corps dénudé d'un Aburame était un spectacle rare, pour ce clan qui portait au moins sept épaisseurs de vêtements en permanence - un peu plus en hiver, parce qu'il fait froid, forcément. Et bien qu'il n'avait que le son, le Nara tatoué trouvait quelque part le monde injuste : Mizuki conservait un beau corps, musclé et compétitif, en restant le séant vissé sur son fauteuil à longueur de temps, alors que lui était de son côté obligé de se maintenir physiquement au top-niveau pour ne pas perdre en masse ou en aptitude. La rumeur voulait que c'était un pouvoir qu'accordaient les Sièges Kagaux, mais Natsuki n'échangerait pour rien au monde son fauteuil un peu bancal, si cela impliquait de récupérer les responsabilités de dirigeants qui allaient avec.

Il fini toutefois par lever les yeux quand même, non pas quand le poids de Mizuki fut annoncé, mais quand la balance annonça visiblement que l'essentiel se trouvait dans les muscles de la jeune femme. Discrètement, il fit alors pivoter son fauteuil pour leur tourner le dos, et releva le bas de son T-shirt pour observer ses abdominaux tatoués, avant de rejeter un coup d'oeil par-dessus son épaule sur Mizuki, dont le ventre comptait tout de même beaucoup moins de formes dessinées que le sien. Comment une petite souris comme elle, - une souris qui faisait presque sa taille, mais souris quand même – pouvait peser plus lourd que lui avec seulement du muscle ? Le soucis devait provenir de balance, qui n'était pas programmée pour détecter et interpréter les...

« Au niveau de votre régime alimentaire, si vous voulez conserver une telle masse musculaire, je vous conseille de garder un bon apport en protéine. Je pense que Natsuki pourra vous fournir tout ça ! »

Natsuki se figea au moment où cette phrase tomba, comme un couperet : s'il n'avait pas la parfaite maîtrise de son corps, il serait déjà rouge comme une pivoine. Il sentit comme un malaise se répandre dans la pièce et occuper tout son espace, alors qu'il pivota lentement sur son fauteuil, d'un seul bloc, pour faire face à Mizuki et Leika avec des yeux ronds. Son regard croisa celui de son Hokage, qui partagea son émois, puis il tomba sur l'oreille de Leika, laquelle ne semblait pas réaliser ce qu'elle venait de dire. Natsuki la dévisagea encore quelques instants, n'osa même pas revenir vers Mizuki, et refit pivoter lentement son fauteuil vers son bureau sans changer d'expression.

A un moment, il recommença à respirer, sans savoir depuis quand il s'était arrêté.

- Non, aucune douleur particulière à aucun endroit. Enfin si, aux pieds quand je marche trop, mais je suppose que ce n’est pas très pertinent. Et au ventre, une fois par mois, mais je suppose que c’est plutôt bon signe.

Je plissai les yeux, difficilement dissimulable à ce train-là vu que j’avais l’air bien trop asiatique pour un personnage de manga à l’heure de ce plissement. Grave musclée, dis donc. Après toute sa tirade sur mes muscles, elle me conseillait de me nourrir de protéines fournies par Natsuki. Léger blanc dans le bureau… Enfin, quand je dis blanc, c’est une métaphore, parce que… Enfin non, je ne vais pas tomber dans le vulgaire, je ne me le spermettrais pas. Me rhabillant et me rasseyant, ayant perdu toute expression d’amusement que je pouvais avoir. Même si, enfin, une question pertinente était soulevée.

- Je dors assez peu. Mais je pense que je souffre de troubles du sommeil, que je me suis auto-diagnostiquée. Je ne pense pas être insomniaque, puisque ça ne me dérange pas de dormir jusqu'à onze heures quand je dois être ici à 8h par exemple. Le problème c'est que je m'endors rarement avant 4h du matin, et que du coup je me lève aussi super tôt et j'ai perpétuellement une mine affreuse.

Et ma mère doit sans doute penser que je me drogue, du coup.

- C'est pour ça d’ailleurs que je cherche activement une solution à mon problème. Hypnose, infusions de verveine, RP de Satochi… Tout est bon pour m’endormir rapidement. Donc non, mes cycles de sommeil sont loin d’être parfaits, au contraire, puisque parfois je ne dors pas plus de deux heures par nuit en moyenne pendant une semaine qui inclut des nuits blanches. Mais il n’y a rien à faire pour ça, ce n’est pas une malade curable. Ce n’est même pas une maladie.

Je sortis un parchemin de mon tiroir.

- Bien, l’examen est terminé. Et pour moi, et pour toi également. Je vais très bien, ne t’en fais pas, et le dossier que tu vois là n’est effectivement pas à jour car mon dossier actualisé n’est pas accessible par tous. Je ne sais même pas si Natsuki sait où il est, même s’il pourrait, s’il le souhaitait, y avoir accès, puisqu’il a l’autorité pour diriger celui qui le garde.

Je commençais à écrire quelques mots, tout en parlant.

- Les examens sont quasiment complets, bien qu’il manque certaines analyses que tu aurais pensé à faire dans le cadre de l’hôpital, endroit où se passe généralement ce genre d’examens. Mais je pense ne pas être étrangère à ce problème, puisque j’aurais refusé d’aller ailleurs pour ce genre d’examens, qui m’ennuient profondément. Par contre, gros bémol, Leika : si tu veux devenir Eisennin, tu dois apprendre à ne pas soigner les shinobis comme tu soignes les civils. Et tu dois sans cesse remettre en question les données que tu as. 95 kilos, tu trouves ça normal ? Pour le physique que j’ai ? Musclée ou non, jamais je pèse cette masse.

Elle avait oublié une donnée importante dans l’équation.

- Et même si tu te voues à une vie de médecin classique, tu ne peux pas passer outre les spécificités des différents clans que tu seras amenée à soigner. On ne demande pas à un Inuzuka de virer son Ninken pendant les examens. On ne soigne pas une conjonctivite à un Hyûga comme à un Nara. On ne pèse pas un Aburame comme tous les autres parce que, Leika : son corps est une ruche. 95 kilos, c’est mon poids ET celui de mes insectes.

Rendant la feuille à Leika, je la signai du sceau de l’Hokage.

- Pense également à te souvenir que tu as la chance d’être kunoïchi. Utiliser un scalpel et une aiguille à recoudre, c’est marrant quelques jours, après on se rend vite compte que la médecine dite « traditionnelle » n’est pas aussi efficace.

Sur la feuille que je lui donnai, un bilan de compétences avait été fait pour son fameux rapport de fin d’étude. Une plus-value qu’elle pourra se permettre de mettre en annexe, attestant de ses capacités.

- Mis à part ça, c’était pertinent.

Léger sourire. Il lui fallait encore un peu de travail, mais… Elle était sur la bonne voie.