Au premier coup contre sa porte, Rin s’arracha au début de sommeil qui commençait à le gagner. Pour qu’on vienne jusqu’ici quérir de lui, l’urgence devait être grande et la réalité n’échappa guère à ses hypothèses lorsqu’il eut de justesse le temps de reculer pour ne pas être percuter par l’inconnu. Ecoutant tout ce qui lui était dit, le médecin faisait déjà fuser les hypothèses et prises en charges possibles dans son esprit, mais son cœur cessa de battre durant une fraction de seconde lorsque le visage de l’homme mal en point lui a été révélé. Kimimaro… Il soupira un bon coup, commençant à s’approcher et regarder l’état de son ami le plus cher. Qu’il soit dans un tel état… Pourquoi ? Rin secoua rapidement sa tête pour se vider l’esprit. Non. Maintenant plus que jamais, il devait garder son sang-froid. Maintenant, plus que jamais, il devait faire la preuve de qui il était, de ce qu’il était – et il ne s’agissait guère à ses yeux de grande médecine ou de responsabilités à l’hôpital en tant que directeur, non. Il était un ami sur lequel on pouvait compter, et de toutes les personnes qui auraient pu ne pas survivre malgré ses soins… Kimimaro ne pouvait pas finir dans ce pool. Il se le refusait. D’une main, il prit la liste des toxines présentes dans le fameux sceau, l’un des secrets les plus intime de ce clan. Pourtant aujourd’hui, ils le révélaient sans la moindre hésitation, et c’était un soulagement immense pour le docteur.

« Votre vaccin n’a que faire sur lui, hélas. Je connais son fonctionnement pour avoir suivi son développement à l’époque et… Ce n’est pas grave. Je ne crains pas vos toxines. »

Il avait avancé sur ses travaux, ses recherches. Le terme de Riba Yell, sa patiente, approchait de plus en plus rapidement et il ne pouvait se fier à de simples spéculations. Son sceau devait fonctionner, comme cette autre fois où… Il secoua la tête une fois de plus, posant ses mains sur son ami. L’immortalité, qu’il avait tant détesté, s’avérait utile aujourd’hui pour le service à autrui. A peine eut-il posé sa main sur son ami qu’il senti l’amas de tout ce qui faisait d’un Sabakyo un membre de ce clan se déverser en son corps par le simple contact de sueur contre peau.

« Des marbrures. Une cyanose des lèvres et des doigts. Un pouls filant et un pli cutané… »

Sur la nuque du médecin, le sceau en forme de papillon commençait à prendre une couleur rouge sang et s’étendre, progressivement. Le sceau de la survie. S’il était un amas de Chakra scellé pour lutter contre une mort surprise, il luttait également contre les grands mots du corps du médecin, lui permettant d’arrêter vieillissement à souhait, ainsi que toute maladie. Seul son Chakra… Seul son Chakra en pâtissait. Rapidement, Rin composa quelques mudras, les parties découvertes de son corps se recouvrant peu à peu dans ce qui lui permettait de prendre des risques inconsidérés pour un succès certain. Tout au plus, perdrait-il connaissance et nécessiterait-il des soins à l’hôpital, mais il devait le stabiliser, le sauver… D’une main, il commença un sceau diagnostique pour étayer l’état de choc donc faisait preuve son ami, car il n’y avait d’autre définition pour ce qui lui arrivait. De l’autre, il apposa sa main contre la civière pour faire apparaître le nécessaire pour une perfusion de bon calibre et des solutions permettant de restaurer une volémie efficace.

« Vous, allez à l’hôpital. Prévenez-les de la situation pendant que je le stabilise, car je ne sais pas combien de temps ma défense me fera durer ! »

Puis, il commença à marmonner devant l’étendue des dégâts. C’était… C’était tellement plus qu’un choc septique.

« Votre sceau… Il est adapté pour être tolérer par des organismes humains n’est-ce pas ? Il… Son histocompatibilité est différente à cause de son appartenance au clan Gekei. Vous avez raison, il lutte. Mais c’est plus que ce que je voudrais que ce soit. Son corps lutte contre le sceau, et également contre soi-même, cherchant à détruire les cellules qui l’ont accepté. »

L’équilibre, la balance, l’homéostasie et l’apoptose. Tout semblait se faire et se défaire tellement rapidement… la moindre intervention extérieure risquait d’être plus délétère encore, mais sans cette perfusion, il sera mort dans quelques heures. Dire qu’il n’avait guère le loisir d’utiliser un antibiotique efficace devant le spectre trop complexe de l’agent pathogène… Rin soupira et, relâchant son ami pour profiter d’un court répit, il plaça la perfusion d’un geste expert.

« Je ne peux pas le soigner conventionnellement… C’est la phase d’acceptation et d’assimilation qui est juste trop bruyante. Pour le moment, je vais stabiliser les lésions à son corps et faire tendre la balance délicatement, nous verrons ce qu’il en est. »

Et sans hésiter, il composa ses signes et l’entièreté de la pièce fut recouverte de sceaux interminables. Une longue nuit… C’était certain.

Vous avez déjà connu cette notion d’épuisement physique qui vous amène à avoir les épaules endolories, le dos en compote et des jambes flageolantes ? Non parce que moi, c’est exactement ce qui m’arrive actuellement. La nuit avait bien commencé et je venais à peine de rentrer chez moi. Je ne cherchai même pas à me laver, ou à ranger mes affaires, je jetai tout sur le fauteuil et allai m’enfouir au fond de mes draps. Ils attendront, demain, avant de me voir arriver. De toute façon je fais ce que je veux, c’est moi qui décide. Et toc.

Je m’étais endormie en environ douze centièmes de secondes, et j’avais dormi environ une heure et demi quand on tambourina à ma porte. Ouvrant des yeux où les veines avaient décidé d’exploser parce que bon, avoir huit heures de sommeil en trois jours c’est pas ce qu’il y a de mieux pour la santé, je me dirigeai vers la porte sans prendre le temps de me rhabiller, prête à tuer à mains nues la personne qui ose me tirer d’un sommeil que j’ai mérité. Déception quand je vis que l’homme était masqué : ayant la flemme de me rappeler de toutes les personnes cachées sous ces masques, je retins ma pulsion meurtrière, posant ma tête contre la porte et mimant une moue pleureuse.

- Quoi ?

L’ANBU s’inclina légèrement pour me saluer – me voilà donc de nouveau en pleine forme, hein, les gages de respect protocolaires c’est tellement fait pour maintenir en vie les nobles qui les reçoivent – et prit la parole rapidement.

- Hokage-Sama, nous avons une urgence médicale ! Nous avons amené le patient chez Akimichi Rin-Sama.

Léger blanc. Petit malaise. Mes yeux n’étaient pas en train de le fusiller, non, ils étaient en train de lui ouvrir délicatement son crâne au couteau à beurre, puis d’y intégrer délicatement un mixeur pour faire de la bouillie de cette noisette qui lui servait de cerveau, puis de lui faire manger. Fermant les yeux d’une manière désespérée, je m’évertuai à rester le plus calme possible lorsque j’y répondis, même si l’agacement et le cynisme transpiraient de chacun des mots que je prononçais.

- Et alors ? J’suis pas médecin à l’hôpital, je crois.
- Hokage-Sama, sauf votre respect, il s’agit de Kimimaro.

Je soupirai, mimant le sanglot en tapant ma tête contre ma porte. Ok, peut-être que le fait qu’un des Douze Ninjas Gardiens – les DNG – était en urgence à Konoha était un prétexte raisonnable pour me réveiller. Fermant la porte après avoir vaguement bredouillé un remerciement, j’enfilai ma veste de Kage, attachai mes cheveux que je n’avais pas le temps de traiter aujourd’hui, et me dirigeai vers le domicile de Rin.

- Je ne peux pas le soigner conventionnellement… C’est la phase d’acceptation et d’assimilation qui est juste trop bruyante. Pour le moment, je vais stabiliser les lésions à son corps et faire tendre la balance délicatement, nous verrons ce qu’il en est.
- Non en vrai les seules choses trop bruyantes, c’est vous au beau milieu de la nuit.

Sans doute de très mauvaise humeur – ou bien plus que je n’aurais dû l’être, surtout envers Rin – je m’approchai du Gekei qui était effectivement mal en point. De mémoire, on venait de lui apposer le sceau pour acquérir les pouvoirs des Sabakyô. Visiblement, c’était raté.

- Vous me faites un rapide résumé du diagnostic que vous avez pu avoir avant mon arrivée ?

Ecoutant d’une oreille Rin, je posai ma main sur l’épaule de Kimimaro. Rin comptait faire en sorte que ses lésions soient stabilisées. Ca, je pouvais m’en occuper rapidement. Quelques insectes sortirent de ma manche et se posèrent sur la peau du ninja gardien avant d’y pénétrer.

- J’ignore combien de temps son corps sera soulagé après ça, mais théoriquement ses cellules seront plus résistantes et plus à même de différer leurs destructions. Je peux continuer à le stabiliser assez facilement… Si vous voulez faire des examens rapides complémentaires sans avoir peur qu’il ne flanche pendant ceux-là, allez-y.

Spoiler:

Rin s’arrêta quelques fractions de seconde en entendant la remarque qui lui était adressée avec tant de véhémence. Dame Mizuki en personne… Ils étaient vraiment allés la chercher visiblement, et le médecin ne pouvait que s’imaginer que ce n’était pas forcément l’endroit où elle s’attendait être à cette heure de la nuit – il se priva pourtant de remarques inutiles, acceptant sa présence d’un léger hochement de tête, trop occupé à soigner et user de ses sceaux pour tout bonnement arrêter et offrir les révérences nécessaires.

« Hokage-sama… J’aurais aimé que la situation soit claire. Il est partiellement en choc septique suite à la mise en place de la Marque, mais de surcroît son système immunitaire lutte contre au moins un des éléments de la marque et provoque une destruction massive des cellules de son corps qui ont réussi à assimiler la charge infectieuse. »

La réponse de la jeune femme arracha un léger sourire – ou était-ce le désespoir – à l’Akimichi. Si elle arrivait à le stabiliser de cette façon, alors il pourrait faire un diagnostic un peu plus poussé et c’est dans ce sourire qu’il composa à nouveau quelques mudras avant de poser ses deux mains cette fois, directement au niveau du sceau, lançant d’un simple geste de la tête qu’on pose la liste des contenus devant lui. Sur son corps, le rouge pulsait plus et plus encore, dessinant un presque tatouage sur l’intégralité de ce dernier – à l’instar de tant d’autres utilisateurs du Fuinjutsu qu’il connaissait. Ce n’était pas un coup simple à assumer pour lui, surtout qu’il suffisait à l’Aburame que ses insectes détruisent tout ce qui pouvait lui donner d’infection afin de la préserver, rendant la chose tellement moins voyante… Mais probablement que les effets n’étaient pas les mêmes également. Note à soi-même : Demander à avoir accès à quelques-uns des traités médicaux des Aburame pour comprendre le fonctionnement de leur symbiose.

« C’est… »

Il ouvrit les yeux, pensant enfin avoir trouvé quelque chose par le biais de ses examens, mais était-ce suffisant ? Le surplus énorme d’informations contradictoires que retrouvait son sceau était tellement dérangeant et puissant à la fois que c’en donnait un vertige presque franc contre lequel il s’entêtait de lutter. Tel un nouvel univers en pleine création – telle la ruche organisée de novo par la reine des abeilles. Faire le tri entre ce qui devrait et ce qui ne devrait pas, dans ce contexte, était-on ne peut plus compliquer et nécessitait un effort considérable mais progressivement, Rin arrivait à faire la part des choses. Il cligna des yeux à trois reprises, changeant sa méthode et analysant un à un les éléments contenus dans le sceau dans le corps de son ami à la recherche de ceux qui étaient néfastes.

« Je l’ai ! »

Il décolla rapidement ses deux mains, dans un espoir de pouvoir recouvrer un peu de forces. Il l’avait. Il l’avait trouvé…

« Les virus dans votre sceau… »

Il releva la tête, croisant le regard de Dame Mizuki.

« Il y a un virus, le Lymphotrophique T Humain, dans son corps. C’est lui qui déclenche cette réaction, sur un croisement entre le Chakra, ses capacités naturelles à induire des lymphomes et leucémies dans le corps humain, et une probable analogie avec un virus félin qui doit avoir un effet proche de notre virus d’immunodéficience humaine. »

Il sembla hésiter un instant, puis replaça ses deux mains sur le corps de son chaton, les sceaux de la pièce revenant enfin en utilité sur son contact. Il n’avait pas la précision, là, sur place, de soigner ou éliminer seulement ce virus par le biais de son Chakra, et si cela pouvait sembler dérisoire… Il soupira.

« S’il a accepté qu’on lui pose cette marque… C’est qu’il devait le vouloir. Mizuki-Dono, pensez-vous être capable avec vos insectes de supprimer ce virus des cellules de son corps ? Mes soins… Mes soins risquent de supprimer le sceau sur son corps maintenant qu’il a reçu le vaccin de surcroît. Je n’ai pas envie qu’il retente ou retourne à cette phase alors… S’il vous plait. Je m’occuperai de la suite car à priori il n’y a vraiment que ça qui cause cet orage interne. »

Je connaissais Kimimaro depuis un petit moment maintenant – et je ne dis pas ça juste parce qu’on l’a décidé récemment, hein, je m’invente pas un passé et fur et à mesure des évènements. Je ne l’ai jamais connu violent ou méchant, et pourtant, l’espace de quelques secondes, je ne reconnus pas le regard du ninja gardien. Je me doutais que l’intrusion d’un insecte devait être assez peu agréable, mais tout de même. Il me sauta littéralement à la gorge. Le fait qu’un de mes hommes se précipita en moins de temps qu’il ne faut pour le dire me rendait joyeuse tout comme ça me décevait. D’un côté, mes shinobis m’étaient assez dévoués pour se soucier de moi à ce point ; de l’autre, une tierce personne a dû me protéger d’un autre de mes hommes que j’essayais de soigner. Aaaah, cruel dilemme qu’est ma vie.

J’époussetai mon cou et remis ma veste droite

- Calme-toi quand même, minou.

Bref, mes insectes faisaient le job, pendant que l’Akimichi faisait tout un tas de… trucs. C’est à ça qu’on reconnait un Eisennin d’un médecin de fortune comme moi. Je soigne des trucs, il guérit des malades. C’est pour ça, entre autre, que c’est lui le chef de l’hôpital et que moi je me contente de donner des ordres et de déléguer. En plus il utilisait tout un tas de jolis mots, alors que moi je me contentai de trucs genre « malade », « mal », « aïe » et « ah putain j’ai vomi mes intestins hier ». Mais Lymphotropique du capricorne T, là, j’avoue restée coi (et oui, du coup pour faire genre je suis bonne dans quelque chose, j’utilise des expressions datant de quand Paris parlait encore allemand).

- Ouais, ouais, pas de soucis.

Ne te démonte pas, Mizu, t’as raison ma belle. Faisant sortir quelques insectes de mes manches, ils s’insufflèrent dans les différents orifices de Kimimaro – oui c’est dégueulasse, vivez ma vie d’Aburame – et disparurent. Gardant mes mains imbibées de chakra au-dessus d’eux pour garder un contrôle optimal de mes bêbêtes, je les sentais se disperser dans tout son corps, s’arrêtant à quelques endroits pour échantillonner et sécréter leur venin visant à détruire le fameux virus dont il parlait. J’ignorai ce dont il parlait exactement, mais j’avais compris les bases de son raisonnement. Mes parasites pourront agir comme ils l’avaient fait lors de l’opération de Miko : trouver la source du mal et en générer un antidote.

Pourtant, le virus semblait se camoufler : les soins que Rin apportait calmaient le virus, qui se dissimulait et n’était plus accessible par mes parasites ; à la limite, les nano-insectes de Miko pouvaient l’atteindre, mais pas les miens. Je soupirai.

- Faites ce que vous avez à faire. Vos actions stimuleront le virus et aggraveront son état, mais je ne pourrais purger son organisme qu’à ce moment-là. Actuellement, on n’avance pas, et je ne pourrais rien faire si le virus ne se montre pas.

Enlevant ma veste pour être plus libre de mes mouvements, de nouveaux insectes pénétrèrent dans l’organisme du Gekei. Aggraver son état me permettra de le soigner intérieurement ; mais en attendant, son état allait effectivement s’aggraver. Alors, autant prendre le plus de précautions possibles pour ne pas qu’il flanche. Tout ça pour maîtriser du gaz, au fait, au cas où vous l’aurez oublié.

D’un mouvement de tête, le médecin acquiesça. S’il cherchait à se contenter du minimum, il était possible que dans la finesse de la chose le minimum soit déjà trop et choisissant cette option, il s’éloigna brièvement du Gekei laissant le virus ainsi que l’infection exploser. Seule sa main restait présente sur son ami, cherchant tant bien que mal à percevoir un pouls qui s’éteignait progressivement à l’arrêt des soins. Un collapsus, maintenant ? Rin soupira et retroussa ses manches avant de regarder fixement la perfusion. Il restait encore un peu de solution, mais il lui fallait plus. Progressivement, l’effet d’hyperréactivité immune commencerait à libérer des cellules en maturation dans le sang de Kimimaro afin de chercher plus d’efficacité encore, et ceci signerait une leucémie aigüe induite au Chakra. Ou dans un langage plus commun, une mort certaine.

Quelque peu maladroitement, il composa quelques sceaux espérant pouvoir se rendre en quelques éclats de seconde à l’hôpital et revenir, juste de quoi récupérer quelques ressources potentiellement utiles. Hélas, son corps ne bougea pas – le sceau lui servant à se maintenir en vie ayant puisé de façon conséquente dans son Chakra. C’était… Rin inspira profondément avant de se rapprocher de son ami.

« C’est maintenant ou jamais. »

Croisant ses mains et les positionnant au niveau du sternum du félin, Rin exerça une pression, puis une autre, puis encore une et ainsi de suite, dans une succession rapide et experte permettant de maintenir un cœur battant et un flux sanguin suffisant pour que tout puisse arriver au cerveau. C’était encore le meilleur compromis entre faire quelque chose et laisser l’Hokage agir qu’il arrivait à trouver, combien même son endurance pâtissait rapidement devant la déplétion chakratique que connaissait son corps. Encore un peu. Encore un peu. Toujours plus. Il devait lutter. Il devait réussir. Qu’importe la fatigue. Qu’importe… Qu’importe tout. Dans la situation actuellement, sauver le Gekei était la seule obsession du médecin. La seule chose qui le faisait continuer. Il y croyait. Déployant un minime sceau, il continua de monitorer l’état de son ami. Le virus, s’il était présent dans les cellules du corps de Kimimaro, ne pouvait exercer son effet réel qu’à certains endroits. Où…

« Son thymus ! Il doit encore avoir un thymus… Cherchez là-bas. »

Si l’organe involuait avec l’âge, une persistance de ce dernier se trouvait encore par endroit, et compte-tenu de l’âge du Félin, le sien devait encore être présent. Petite chose proche du cœur, là où se trouvait les mains du médecin. Concentrant son monitorage dans l’endroit précis tout en maintenant son massage – qui a dit que seulement les femmes savaient faire plusieurs choses à la fois – Rin se concentra pour trouver la chose, avec un léger succès. L’organe était discrètement augmenté de volume pour ce qui pourrait être attendu, preuve d’une activité de tolérance immunitaire importante. C’est presque en se maudissant qu’il adressa un sourire vers le corps encore inerte de son ami. Il aurait pu y penser plus tôt… Levant rapidement la tête vers l’Aburame, il la regarda droit dans les yeux à la recherche d’une réaction qui permettrait de juger sa réussite ou son échec, en priant fortement pour le premier des deux. Celui-ci n’irait pas mourir entre ses bras. Pas un ami de plus.

Mais bien sûr, son thymus !!!
…
…
…
…

Alors pour toi, jeune lecteur ignorant tout de la médecine contemporaine, sache que le thymus (du grec θυμός, « excroissance charnue ») est un organe situé dans le médiastin antéro-supérieur et antéro-moyen. Il supporte la différenciation et la sélection des lymphocytes T1,2,3 et joue donc un rôle dans l'auto-immunité. Galien et les Grecs pensaient que l’esprit ou l’âme étaient localisés dans le thymus (qu’ils sont bêtes ces Grecs, alala). Son activité et sa taille sont maximales au cours de la puberté, avant d'involuer à l'âge adulte (oui, oui, « involuer » ; Microsoft considère ce mot comme une erreur mais en fait pas du tout). Le thymus joue un rôle très important dans la mise en place du système immunitaire chez l'enfant en assurant la maturation des lymphocytes T aussi appelés thymocytes. Histologiquement, c'est un organe lymphoïde épithélial. Il est entouré par une cloison conjonctive qui émet des travées délimitant des lobules. Chaque lobule possède une partie périphérique sombre, le cortex, et une partie centrale claire : la médulla.

Ah, ça vous en bouche un coin, hein ? Et tout ça de tête ! Enfin presque. Enfin en tout cas, personne n’a de preuve que j’ai pas fait ça de tête, chut. Bref, ce thymus donc, fort heureusement j’avais passé des semaines à étudier le corps humain ; si les spécificités hormonales et autres maladies m’échappaient quelque peu, je n’avais aucun mal à citer tous les organes et recoins du corps, et ce de tête. Je dirigeai donc mes insectes vers la désormais star du soir, le thymus, et leur ordonnais de détruire tout corps étranger et/ou agressif, à la demande de Rin.

- J’ai trouvé quelque chose dans le… thymus. Vous aviez raison.

La lutte fut acharnée, entre mon insecte et le virus. Un combat de titan comme on en a rarement vu sur Terre ou dans le Yuukan. Ils se firent face, se jaugèrent, se regardèrent ; le calme avant la tempête. Puis, l’insecte prit le parti d’attaquer le virus en premier, mais l’être microscopique s’y attendait. Se cachant dans des cellules du thymus (encore lui, même dans le combat du siècle il faut qu’il brille. On dirait Satochi putain), les insectes entreprirent une battue pour purifier chaque cellule de son corps étranger, une scène à rappeler les heures sombres de notre monde (sauf que là ce sont les insectes les gentils, promis). Puis, le face-à-face final. Qui ne dura pas si longtemps puisque mes parasites dévorèrent l’intrus en moins de temps qu’il faut pour le dire… Un boss final assez décevant rappelant une vague conquête à laquelle j’avais participé (une vague conquête, héhé, t’as compris Maurice ?). D’un geste, je verbe extraire au passé simple (minute culture : savez-vous que « extraire » est un verbe défectif ? C’est-à-dire que certaines de ses conjugaisons n’existent pas. C’est le cas de « extraire », par exemple, qui ne se conjugue pas au passé simple ou au subjonctif imparfait, mais d’autres verbes, plus étonnants, le sont également. Le verbe « clore », par exemple, ne se conjugue ni à l’imparfait, ni au passé simple et, plus étonnant encore, ne se conjugue pas à la première et deuxième personne du pluriel au présent de l’indicatif ! ALORS ON FAIT MOINS LE MALIN AVEC SON THYMUS HEIN) mes insectes (ouais, la phrase continue) du corps de Kimimaro.

- C’est bon, normalement. A vous de jouer.

Rin soupira de soulagement en entendant l’Hokage valider son hypothèse et régler le problème, s’assurant tant bien que mal du reste de forces restantes que Kimimaro arriva jusqu’à l’hôpital avant de s’endormir péniblement dans son propre bureau, trop exténué pour refaire le trajet afin de rentrer chez soi. Qu’importe, il ferait une rapide douche à l’hôpital le lendemain matin – d’une force sans précédents, le sommeil commença à gagner l’Akimichi. Si son sceau vital permettait de faire beaucoup avec son corps pour fuir une mort lente arrivant en dehors d’un contexte de combat, il n’en restait pas moins qu’il l’exténuait à une vitesse affolante et le rendait, globalement, plus fatigué pour les jours à venir. Le mécanisme de ce dernier était, de principe, particulier : se basant sur un recueil permanent de Chakra afin de le réutiliser pour maintenir en vie le porteur, il drainait les plus profondes ressources du médecin. Au point où il était même légitime de se demander si le sceau n’avait, à la longue, pas un effet inverse en accélérant la senescence cellulaire jusqu’à en tuer le porteur plus vite au final…

….

La nuit n’avait rien de son calme habituel qu’il connaissait à l’hôpital. Il n’avait pas l’inquiétude douce et familière d’être réveillé pour une urgence vitale. Il n’avait l’inquiétude de devoir agir en urgence pour sauver une vie… Non. Il n’avait que soi-même, ses pensées et les questions qui se posaient avec violence à son esprit. S’étirant péniblement et ressentant encore la fatigue de son sceau, Rin arriva tant bien que mal jusqu’aux portes de l’hôpital avant d’allumer sa cigarette et inspirer profondément. Kimimaro ne lui avait pas parlé de ce projet. Il ne lui avait rien dit, pas même ne serait-ce que prévenu. La distance de ses responsabilités était-elle tellement grande qu’il en arrivait à perdre contact avec l’une des personnes les plus proches de lui ? il secoua la tête – quelque part, c’était un coup dur pour le moral. Un coup… Compliqué même à accepter. Et pourtant, de tous les présents dans sa vie, c’est à lui que Kimimaro a demandé à faire appel en la moindre complication. Une ambivalence qu’il fallait… Comprendre.

Terminant sa cigarette rapidement et la jetant avec soin, Rin s’empressa de prendre la douche promise de bon matin puis grimpa rapidement les escaliers de l’hôpital jusqu’à arriver à la chambre du félin, un air rarement déterminé présent sur son visage.

« Kimimaro… Il faut qu’on parle… »

Mais le Gekei n’était déjà plus là, la fenêtre grand ouverte laissant comprendre qu’il avait fui… Il ne restait plus qu’à savoir si c’était l’Akimichi ou l’Hôpital que le fauve fuyait - mais pour le moment, il se contenta de régler le problème de sorte à ce qu'on ne le cherche pas, assurant l'hôpital qu'il s'occuperait du suivi et de la surveillance. Il avait assez de poids pour permettre cet écart.