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Fraîchement débarqué dans ce qu'on pouvait appeler l'antre du village, le jeune nouveau shinobis, Jisetsu Tsuko, allait être entraîné pour réagir à toutes les situations. Placé sous surveillance constante, il était en compagnie d'une dizaine d'autres garçons et filles. Il n'avait pas le droit de parler, ni même de bouger sans autorisation. La fatigue était déjà présente sur leurs visages alors qu'aucun exercice n'avait commencé. La plupart de ces enfants n'avaient que très peu dormis, choqué d'apprendre leur nouvelle vie et surtout apeuré de n'avoir aucun autre choix.

J'étais là, parmi eux. On m'avait enlevé ma famille, mes amis et mes champs pour faire de moi un shinobis. Mes jambes tremblaient, mes bras grelottaient et mes yeux semblaient bloqués. J'étais complètement terrifiés par l'idée de voir débarquer nos supérieurs, des hommes qui nous enlevaient pour ensuite nous entraîner contre notre gré, je ne comprenais pas pourquoi j'étais ici. J'étais juste un fermier, un garçon parmi tant d'autre. Je ne voulais pas faire autre chose, je voulais qu'on me ramène chez moi. La réalité était bien différente et c'est au moment où l'un de nos futurs supérieurs entra dans la pièce que je compris que mon destin avait changé cette nuit là.

Il était grand, des épaules carrés, une longue chevelure noire avec comme principal signe distinctifs, un symbole sur son torse. Il était imposant de part sa carrure mais aussi via l'aura qu'il dégageait. Il faisait partie de ce genre d'homme qui, une fois dans une pièce, vous glaçait le sang d'un simple regard. Nous, nous étions déjà terrifiés, mais sa présence amplifia ce sentiment et j'entendais déjà un garçon pleurer à chaude larme juste à côté de moi. Son discours pris le dessus quelques secondes après.

« Vous êtes à présent au service du pays, oubliez ce que vous étiez hier, je vais vous dire ce que vous êtes aujourd'hui. Des shinobis prêts à mourir pour votre village, voilà ce que vous êtes et si jamais vous n'en êtes pas sûr, venez me le demander, je m'arrangerais pour que vous compreniez bien. Pour la suite, je vais laisser la parole à votre professeur, écoutez le et soyez sérieux si vous ne voulez pas finir dans les différentes eaux glacés du pays. »

Un autre homme apparut dans notre champ de vision, il était trop loin précédemment pour le percevoir clairement. Comme sortie de l'obscurité, il semblait tout aussi stricte que l'autre, même si on pouvait lire sur son visage une certaine folie. Il continuait le discours de son supérieur mais avec des mots bien plus lourds à entendre.

« Vous êtes mes pions, quand je vous donne un ordre vous l'exécutez. Oubliez tout ce que vous avez appris jusqu'à maintenant et laissez moi vous éduquer comme de vrai shinobis. Vos familles sont mortes et vos maisons brûlé, donc ça ne sert à rien de pleurer sur votre sort. Si vous voulez survivre, apprenez à vous battre, à analyser et à comprendre ce qu'est le monde. Dehors c'est la guerre, c'est une population faible qui a besoin de gens comme nous pour les protéger. Vous n'êtes plus là pour jouer ou discuter, vous êtes là pour apprendre et vous avez intérêt à apprendre vite hahaha !! »

Ce mec était diabolique, même ce mot était trop gentil pour le décrire. Je ne devais pas l'écouter et chercher à tout prix un moyen pour s'enfuir, si des gens viennent jusqu'ici c'est qu'il existe une sortie, à moi de la découvrir pour échapper à ce futur massacre. Je n’eus pas le temps de tourner la tête que déjà on nous emmenait dans une autre salle, un lieu dédier au combat. Je ne m'étais jamais battu, j'étais plutôt du genre à lire qu'à me battre avec les cochons de la ferme. Par équipe de deux, nous devions essayer de frapper l'autre, une sorte de jeu pour eux qui nous regardait, un vrai supplice pour nous, enfant des champs qui ne souhaitons que rentrer. Mon adversaire du moment était le pleurnichard de tout à l'heure, les larmes avaient cessé de couler sur ces joues, mais la tristesse se lisait littéralement sur son visage. Il ne voulait pas se battre, ni contre moi, ni contre quelqu'un d'autre. Vous pensez bien que ce genre d'attitude n'était pas toléré au sein de camp. Notre superviseur s'approcha de lui et lui glissa quelques mots à l’oreille, sans comprendre ce qu'il lui avait dit, il ne fallut pas plus de quelques secondes à ce garçon pour me foncer dessus tête baissée.
L'homme rigolait et semblait joyeux d'avoir réussit à le motiver ainsi. Moi, j'étais complètement apeuré et tentait comme je le pouvais de me défendre. Je voyais clairement les gouttes tomber de ces yeux tout en essayant d'atteindre mon visage, il ne voulait pas se battre, mais on ne lui avait pas laissé le choix. C'est à ce moment précis que je décidais d'agir, à la fois pour ma vie mais aussi pour la sienne. Attrapant son bras, je l'envoyais contre le mur le plus proche pour tenter de le mettre hors combat. Pour arrêter ce massacre, je devais lui faire subir une défaite, voilà tout. Notre superviseur intervenu au même moment et m'envoya valser à l'autre bout de la pièce d'un simple mouvement de bras. Il attrapa mon adversaire par le bras et le traîna tel un boulet en dehors de la pièce. Je ne comprenais décidément rien à leur système, en réalité je compris un peu plus tard l'objectif premier de ce combat. Le garçon que je venais d'affronter et de vaincre s'appelait Nagari, je n’eus pas le temps d'apprendre à le connaître car seul le vainqueur restait en vie, le perdant était éliminé de leur jeu, le jeu de la vie.

On nous mettait dans des cellules la nuit, le seul moment de la journée assez calme pour espérer dormir. Une planche en bois en guise de lit me donnait des maux de dos horribles, partir après ça pour des entraînements toujours plus difficiles les uns que les autres, c'était un vrai cauchemar et je n'en voyais pas le bout. Nous étions à bout de force, autant physique que psychologique. Plusieurs exercices par jour avec des conditions mentales complexes, savoir si demain nous serions encore là ou bien si la mort serait venue nous chercher. Avoir devant vous, tous les jours, la faux sous la gorge sans savoir si elle va vous la trancher, c'était une situation plus que pesante.

La notion du temps s'effaçait petit à petit de mon esprit. Le jour, la nuit, des notions que je ne pouvais savoir vu que nous étions dans des sous sols où aucune lumière du jour ne pouvait pénétrer. J'y pensais longuement durant nos quelques heures de repos, tout ceci ne devait pas être légale sinon pourquoi le faire dans un tel endroit. Il ne voulait pas qu'on sache que le village de Kiri enlevait et entraînait des enfants pour en faire des soldats. La situation devait être extrêmement périlleuse pour en arriver à des actions de ce genre. Comme à chaque fois, j'essayais de questionner mon instructeur principal sur les raisons de notre venus ici, mais il se contentait toujours d'en dire le moins possible. Il n'était pas là pour discuter, mais bien pour nous torturer, nous rendre la vie impossible pour faire de nous des machines de guerre.

Les jours passaient et tous avaient l'air de se ressembler. Notre nombre diminuait sans que nous sachions pourquoi. La plupart pleuraient quand ils le pouvaient, d'autres semblaient avoir perdu l'envie de vivre et n'était là que pour survivre. J'avais l'espoir qu'on sortirait un jour de cet enfer, pourquoi nous former ainsi si c'était pour nous tuer à la tâche ? Derrière ce jeu, il y avait une vraie raison à notre entraînement et je ne devais pas me laisser abattre. Logiquement, une fois plus fort, on nous ferait sortir et à ce moment-là j'avais comme idée d'échapper à leur surveillance pour retourner à mon village. N'ayant que cela en tête, je me servais de mes souvenirs, de mes pensées pour garder l'espoir. Je revoyais mes parents dans les champs, leurs sourires, mes amis qui s'amusaient non loin de là. Tout cela était tellement net dans ma tête que ces différentes pensées devenaient petit à petit mon quotidien, mon rayon de soleil qui allait me permettre de garder la tête haute.

Alors que j'allais partir dans la salle d'entraînement, je compris rapidement que quelque chose n'allait pas. Mon instructeur n'était pas là et l'homme en question m'emmena dans un endroit encore inconnu. Ouvrant l'une des portes en fer sur notre gauche, il me dit signe de rentrer et de m'asseoir. Deux chaises et une table en guise de décoration, un interrogatoire ? C'était plutôt à moi de les interroger et non l'inverse. Une fois assit j'attendis quelques minutes jusqu'à ce qu'un homme barbu ouvre la porte et prit place en face de moi. Je ne l'avais jamais vu. Lui, il ne me regardait pas en tant que personne mais en tant qu'objet, sculptant avec ces yeux mon visage.

«Tu es quelqu'un de spécial, tu as un talent que très peu de personnes ont en ce monde et nous pensons que c'est un gâchis que tu ne t'en serves pas. J'imagine que tu ne comprends pas vraiment de quoi je veux parler... T'es yeux Tsuko, ils ont quelque chose que les miens n'ont pas. J'ai beau avoir un jolie grade, de l'argent à ne plus savoir quoi en faire et des femmes dans mon lit tous les soirs, je ne pourrais jamais avoir ce que toi tu possèdes.

Le Kinnegan, c'est son nom, le nom de ton talent. S'il y a bien un endroit que tu dois protéger à l'avenir, ce sont t'es yeux, tu as compris. Ne laisse rien les approcher, c'est ton bien le plus précieux. Avec ce pouvoir que tu as en toi, tous les autres seront jaloux de toi et si tu arrives à le contrôler, tu auras une position bien plus importante que la mienne. Tout ce dont tu désires sera tient, il suffit juste que tu t'entraînes... Si tu savais tout ce que je sais, tu aurais sans doute peur de toi-même haha !! »

Pour dire vrai, je ne comprenais pas tout ce qu'il disait. Mes yeux ? Ils étaient normaux, ma vue était bonne et à ce que je sache, je n'avais aucun talent particulier. Je pris, pour la première fois, la parole pour essayer de mieux comprendre la situation.

« Mes yeux... Je ne comprends pas... Ils n'ont rien de spécial à ce que je sache... »

« Sombre idiot, tu es capable de grandes choses. Tu as un pouvoir qui pourrais te mener au rang suprême de Mizukage, si tu ne t'en rends pas compte rapidement, tu pourras dire adieu à ta vie. »

Il se leva et partie. C'était la première et dernière fois que je le voyais, il m'avait perturber l'esprit. J'imagine que cela faisait partie d'une technique de déconcentration pour me faire échouer, comme si quelque chose d'aussi banal pourrait me faire tomber. On vint me chercher et l'entraînement repris de plus belle avec dans un coin de ma tête, cette discussion... Inconsciemment je protégeais de plus en plus mes yeux, comme si mon esprit savait quelque chose que j'ignorais.

J'en apprenais de plus en plus sur mes capacités, ce don dont on m'avait parlé, je le sentais venir en moi à certains moments. N'étant pas encore sûr de ce qu'il s'agissait, je préférais écouter mes instructeurs me rabâcher encore et toujours la même chose, comme si un lavage de cerveau de la sorte pouvait marcher avec moi. Je voyais clairement une différence chez mes autres camarades, comme s'ils étaient devenu des machines. Dans les rares moments où l'on se croisait, j'essayais de leur parler mais sans résultat. Comme s'ils avaient perdu toute notion de sociabilité et n'était là que pour apprendre à se battre. Finalement ils avaient réussi à faire d'eux des pions et allaient pouvoir les manipuler à leurs guises. Est-ce que je devais faire semblant d'être comme eux pour qu'on me laisse tranquille ou bien continuer de leur imposer une certaine résistance et peut être recevoir des traitements psychologiques plus violent. Ma manière de raisonner me fut grandement utile à ce moment-là et c'est avec un talent de comédien que je me faisais passer petit à petit pour un garçon sans idée, sans joie ni tristesse, sans esprit...

Le temps passait sans que je ne puisse dire le nombre de jour que j'avais passé ici. Comme abandonné à mon triste sort, je commençais à développer des pensées plus complexes les unes que les autres, cherchant un moyen de me souvenir de manière plus importante de mon passé. Plus je m'exerçais et plus je pouvais clairement voir mes parents et les champs qui les entouraient. Plus qu'une pensée, j'avais l'impression de pouvoir les toucher, de pouvoir leur parler. C'est d'ailleurs la réaction que j'eus les premières fois, comprenant bien vite que rien ne pourrait les ramener. Malgré cela je continuais à les regarder dans mon esprit, n'essayant plus trop de comprendre pourquoi j'en étais capable. Grâce à quelques nouvelles conversations avec mes instructeurs, je compris que le talent que je possédais était plus puissant qu'une simple attaque. Un homme semblait très bien renseigné sur le sujet et m'expliquait avec précision ce dont j'étais capable de faire en théorie.

Contrôler l'espace-temps, voilà mon don. J'ai eu beaucoup de mal à admettre que ce pouvoir était mien, mais il pouvait expliquer plusieurs interrogations c'est pour ça que j'écoutais, pour une fois, avec attention. La possibilité de voir le passé était le premier stade du Kinnegan, voilà le nom qu'on lui donnait. Chaque objet, chaque personne possédait un passé et j'étais capable de le visualiser directement grâce à mes yeux. Même si cela pouvait paraître étrange au premier abord, cela expliquait mes sortes de visions quand j'étais dans ma cellule. Mes parents avaient l'air réel tout simplement car mon esprit me transmettait mon passé, la manière dont je les voyais s'affichait parfaitement dans ma tête. Il continuait à m'en dire plus, l'accélération du temps sur moi-même, l'arrêt minime du temps sur mon adversaire, des portails à travers l'espace pour aller d'un point à un autre... Tant de possibilité que d'imagination si on pouvait dire. L'homme semblait fasciner pour mon pouvoir, il ne s'arrêtait plus de parler et me fixais tel un affamé fixerait un gigot. Je me souviens encore de sa dernière phrase...

« La seule limite à ton pouvoir est celle que tu te fixeras toi-même. »

On pouvait interpréter cela de différentes façons, mais celle qui me vint en tête fut sûrement la meilleure. Si je voulais devenir fort, il suffisait que je ne cesse de progresser, que je ne cesse de croire en moi et rien en pourrait m'arrêter. Aucune limite, aucune barrière. La seule et véritable barrière qui pouvait m'arrêter était mon ignorance. Un homme qui ne sait pas ce qu'il peut faire, aura beau essayer, il sera un jour bloquer par son manque de connaissance. Je devais donc en apprendre plus sur le sujet, plus sur mon pouvoir pour permettre ainsi de le développer davantage. L'espace-temps était quelque chose de complètement flou pour moi, ne pouvant visualiser les différentes façons d'utiliser mon pouvoir, je me devais d'acquérir ce savoir. Pour cela, il m'était vitale de sortir de cette prison. S'évader, j'y avais déjà réfléchis mais je ne voyais aucune sortie visible. La seule possibilité était d'attendre que cet entraînement cesse, de me faire passer pour un pion et une fois dehors de sortir de tout cela. Réfléchissant à différentes manières de m'en sortir, les nuits devenaient longue et les obstacles nombreux...