Cela faisait des semaines ou peut-être même plus qu'Ether se trouvait à Suna.
Bien qu'elle faisait des voyages entre le village et le campement de son clan pour les nouvelles, elle restait principalement au sein de la cité. Depuis que sa tribu avait été officiellement reconnue comme une tribu du vent, celle-ci remplissait les promesses faites au Chambellan. La plupart des membres avaient repris la marche, se déplaçant à travers tout Kaze pour s'assurer de la sécurité des citoyens, de leur bonne santé, etc... Toujours bien sûr ils retournaient aux montagnes pour tous se retrouver. Quant à la Gogyou, elle s'était rendue au village caché du sable pour non seulement revoir des ami(e)s – Ema en grande partie faut se l'avouer – mais également pour observer la vie en son sein. Comment vivaient ce changement de régent les villageois, est-ce que l'ambiance et le moral était au beau fixe, ce coup d'état avait-il provoqué un malaise ambiant, un mal-être quelconque ou une insécurité profonde ? En toute franchise, il semblait que non. Et ce n'était pas faute de chercher ! Étant naturellement sociable au détriment de ceux qu'elle abordait à tout va, elle parvenait toujours à entrer en contact avec un habitant même quand celui-ci ne le désirait pas. Les jours défilant, elle continuait son « enquête ». Malgré le fait qu'elle n'avait jamais rencontré le régent Toshigro Ô'gras-mie en personne – elle savait à peine à quoi il ressemblait - elle n'avait absolument rien décelé de particulier à son sujet via les sunajins. Il semblait réellement attaché au bien-être de son peuple et de son pays. Le peu de choses qu'elle avait pu découvrir hormis ça, était qu'il était assez... Comment dire. Dépourvu d'expressions faciales démontrant une quelconque joie peut-être ? Limite froid apparemment. Oh, ça devait être intéressant à observer ça encore ! Un peu comme Kuzushi de la bibliothèque ! Il y avait décidément des êtres humains fascinants dans le coin. Cependant, lorsqu'elle avait rendu visite à Ema, elle avait cru ressentir une certaine animosité à l'égard de ce Toshigro, comme si elle lui en voulait pour quelque chose. Probablement en rapport avec l'absence de Kibo. Les humains n'aimaient pas qu'on le leur prenne quelque chose, en l'occurrence, leurs responsabilités ou leur trône, qu'importe. Ils étaient très possessifs et matérialistes, une caractéristique particulièrement intéressante.

Même si elle ne perdait pas de vue l'objectif de s'assurer du véritable bonheur de tous dans le village, elle restait fidèle à elle-même. Chaque jour, elle se promenait, s'amusait, jouait avec de parfaits inconnus dans des restaurants aux cartes – elle gagnait toujours, comma d'habitude – lisait à la bibliothèque ou sinon aidait les gens dans la rue, les commerçants en échange de rien d'autre qu'un sourire sur leur visage. Elle portait les caissons de marchandise, rangeait les fournitures sur les étalages qu'elle connaissait à présent par cœur, puis une fois assurée que tout allait pour le mieux, elle s'éloignait en sautillant sans demander son reste. Mais la jeune femme souhaitait également aider le village sur une plus grande échelle, se rendre utile. Et bien, pourquoi ne pas aller demander une mission tiens ? Pas une mission d'assassinat ou quoi que ce soit allant à l'encontre de ses préceptes pacifiques hein bien sûr, mais une simple tâche d'utilité publique. Oh ça c'est une bonne idée ! Gaiement, elle gambada jusqu'à la place prévue à cet effet, puis se rendit au comptoir avec un immense sourire sur le visage.

« Bonjouuuuuur ! Il fait beau aujourd'hui, c't'une belle journée, v'trouvez pas ? J'pourrais avoir une mission s'vouplaît ? C'pour l'bien public, j'voudrais aider ! »

La femme leva à peine les yeux de son calepin, trop occupée à colorier tous les O de son formulaire.

« Bonjour. Pour le bien public vous dites ? Je pourrais bien vous faire balayer la place principale en prévoyance de futurs défilés, mais étant donné que nous sommes en plein désert, vous comprendrez que cela n'a pas le moindre intérêt, mh ? »
« Aha ha, oui c'est vrai ! », rit-elle joyeusement, ce qui exaspéra légèrement la dame qui poussa un soupir avant de reprendre.
« J'ai peut-être quelque chose pour vous. Alors attendez... Non c'est pas celle là... Oui voilà, ça là. Personne ne veut la faire et je comprends bien pourquoi d'ailleurs... », murmura-t-elle pour elle-même, mais c'était sans compter la très bonne faculté d'audition de la nomade, et puis le vent est son ami n'oublions pas.
« Personne veut l'faire ? Alors j'veux l'faire ! On va pas laisser ces personnes com'ça ! », dit-elle pleine de bonne volonté, surprenant la femme au passage.
« D'accord, d'accord ! Autant de joie de bon matin... ça me donne des boutons. Avant de vous donner l'ordre de mission, pourriez-vous me montrer votre bandeau ? »
« Mon bandeau ? »
« Aaah, les genins... », soupira-t-elle d'un ton las, « Votre bandeau de kunoïchi, sans ça, pas d'ordre de mission. Ou il vous faut un accompagnateur attestant de votre grade. On ne donne pas des missions à n'importe qui ! »
« Euh, j'en ai pas ? »
« Pas de bandeau, pas de mission ! Allez, du vent ! Assez perdu de temps. »
« Hi hi, du vent. Vous n'croyez pas si bien dire ! »

Et elle s'éloigna en rigolant.
Zut c'est vrai, elle n'était pas sunajin mais seulement kazejin, ce qui était à ses yeux bien suffisant, mais pas pour cette femme. Pourquoi faut-il forcément avoir besoin d'une autorisation pour aider des gens ? Ça n'a pas de sens. Pour autant, Ether se mit à réfléchir à comment détourner le système. Observant autour d'elle, elle remarqua un jeune garçon non loin qui semblait bien parti pour faire une mission lui aussi. Il discutait avec un homme à un autre comptoir. Profitant du fait que la dame reprenait son coloriage, elle sautilla jusqu'au sunajin et atterrit dans son dos dès lors qu'il montra son bandeau pour obtenir l'ordre de mission. Avec son immense sourire habituel, elle attrapa le garçon par les épaules, comme si elle le connaissait. Ether et les normes sociales, elle connaît pas.

« Hé mais t'étais là toi ! C'bon t'as pris la mission ? », dit-elle gaiement avant d'ajouter à l'encontre du gars à son bureau, « V'pouvez mett' mon nom ? C'est Hashimoto Ether, merciiii ! »

L'homme acquiesça sans trop à comprendre.
De toute façon, c'était une mission pour genins, rien d'important au premier abord, signa les deux noms et leur tendit l'ordre que la jeune femme attrapa direct pour regarder l'intitulé.

« Dans z'une bourgade au bord d'la côte non loin d'Aketana, une légende subsiste com'quoi un esprit hante l'oasis du coin. Ils z'y croient tell'ment qu'ils deviennent gênants, prê... Prêchant la fin du monde dans la capitale. Allez vérifier histoire qu'ils la bouclent. Wéééé, ça a l'air cool comme truc, on va s'amuser ! Viens on y va, j'sais où c'est ! »

Elle l'attrapa par l'avant-bras et se mit à courir avec lui à travers le dédale de rues, jusqu'à arriver non loin de la Voie Illusionnée, à côté d'une écurie.

« T'veux qu'on prenne un chameau, un ch'val ou on y va à pied ? Ah sinon, j'm'appelle Ether ! Désolée d'avoir fait com' si j'te connaissais. Mais la dame d'à côté, elle voulait pas m'donner d'mission parc'que j'ai pas d'bandeau. Et com' toi oui, voilààà ! Puis à deux, c'plus sympa non ? », chantonna-t-elle avec un enthousiasme irréel.

Spoiler:

Y'avait pas à dire, le sunajin avait de la voix !
Depuis qu'elle s'était littéralement incrustée dans sa conversation, il sortait quelques mots de temps en temps avec vigueur. Hé hé, lui arracher le bras, il est marrant ! Mais il est vrai qu'à part rire, elle n'avait pas répondu. Lorsqu'il put s'exprimer sans qu'Ether ne le coupe, il se présenta comme Van. Van ? Original comme prénom, un peu comme une vanne. A part si ça se disait Ven comme Vent ? Toujours aussi vive, la jeune femme répondit dès lors qu'il eut terminé avec son histoire de pieds.

« Van ? C'marrant com' prénom ça ! Ça s'dit Van comme une caravane ou Ven comme régent ? C'gentil d'me souhaiter la bienvenue, j'aime beaucoup Suna ! », elle lui secoua vigoureusement la main pour rendre officiel les présentations avant de pencher légèrement la tête sur le côté, « T'aime bien les pieds ? Moi aussi, c'bien pour marcher ! », ajouta-t-elle joyeusement avant de reprendre tout aussi vite, « J'sais pas, j'ai fait qu'deux missions et c'tait pas les miennes, j'aidais seul'ment. », conclut-elle en souriant encore et toujours.

Bien entendu, l'élémentaire n'avait absolument pas perçu le double-sens qu'aurait pu avoir les phrases du garçon. Après tout, étant donné que celle-ci n'avait reçue aucune éducation ou un quelconque briefing à ce sujet. Pour autant, elle s'en portait très bien hein ! Bon, aller jusqu'à Aketana à pieds, ça serait cool mais assez long tout de même. Le chameau restait la meilleure idée. Bien qu'ils en avaient quasiment pas, il y en avait toujours un dans un coin. Alors qu'elle commençait à se diriger vers les écuries pour en emprunter un, le garçon lui demanda s'il était possible que la prochaine fois qu'elle voulait lui monter dessus, qu'elle le prévienne et qu'il en ferait de même. Toute guillerette et consciente que ses manières différaient des sédentaires, elle acquiesça avec joie avant d'ajouter naïvement ;

« D'accord, j'te préviendrais ! Mais toi, t'as pas b'soin d'me prévenir avant d'me monter d'ssus, ça m'dérange pas du tout ! »

Tout cela en souriant constamment.
Quand je vous dis que les doubles-sens, elle ne les saisit absolument pas hein.
Le garçon sembla gêné de ses propres mots et commença à avancer avant de s'arrêter net, sa mémoire faisant soudainement défaut. En quoi était-ce gênant de se monter dessus ? C'est sympa, non ? C'est une preuve de camaraderie ! Ou alors pas dans leur culture ? … Encore un truc qu'elle découvrait sur les humains. Décidément, elle en apprenait tous les jours, c'est amusant ! Riant aux éclats en le voyant tout déboussolé, elle lui fit un rapide résumé.

« T'es drôle toi ! C'est vers Aketana, t'y es jamais allé ? C'plutôt sympa, un village très vivant et d'supers bons pêcheurs ! Ils disent qu'y'a un esprit dans l'oasis. Et qu'vu qu'ils aiment pas ça apparemment, bah ils doivent sûr'ment trop'en parler. Mais j'comprends pas trop qu'Suna veuille qu'ils arrêtent. Après tout, les esprits sont partout autour de nous. »

Elle haussa les épaules et s'engouffra dans l'écurie en faisant signe à Van de l'attendre dehors. Pas besoin d'être deux pour récupérer un chameau hé ! Elle revint un peu plus d'une minute plus tard, tenant par une corde l'animal à deux bosses. Alors qu'il y avait à l'origine deux selles, la jeune femme les ôta toutes les deux, ne laissant que deux tapis sur chacune des bosses. Une petite caresse et elle incita la créature à avancer.

« Allez, on y va ! », dit-elle avec son éternel sourire.

Après les formalités de sortie, ils s'éloignèrent légèrement et la Gogyou fit doucement se coucher le chameau pour qu'ils puissent tous les deux monter. D'un bond léger, elle s'installa habilement et en toute délicatesse sur l'une des bosses de ma monture.

« Si t'as b'soin d'aide, n'hésite pas ! Et si t'arrive pas à t'tenir sur la bosse, accroche-toi à moi ! »

Et ils débutèrent leur voyage vers le village côtier.
Le soleil était haut dans le ciel, la chaleur ambiante n'était aucunement étouffante mais contribuait à rendre la promenade agréable. Ils en avaient pour quelques heures à traverser le désert, donc autant en profiter pour faire quelque peu connaissance avant de s'embarquer dans la mission à proprement dit ?

« ça fait longtemps qu't'es ninja ? C'sympa ? Oh, et si t'as un p'tit creux, j'ai des fruits séchés qu'ma mère a fait ! Ils sont là-d'dans, donc sers-toi quand tu veux ! »

Elle désigna son écharpe de hanches.
Les friandises se trouvaient dans un petit sachet en kraft. Recouverts d'une fine pellicule de poudre acidulée à base de plantes et réduits en miettes, le goût des fruits n'était en aucun altéré mais au contraire renforcé par cette poudre.

Van la caravane était très sympathique.
Certes pas très bavard, mais pour autant fort agréable !
Le garçon ne semblait pas à l'aise sur un chameau. Étrange, c'est pourtant très facile à conduire ces bêtes-là. Elle repensa à ce que le ninja lui avait fait remarquer plus tôt, comme quoi il y avait certaines choses à ne pas dire aux hommes en particulier. Pourquoi ? Se monter dessus sous-entendait quelque chose d'autre à part tout simplement se monter dessus les uns et les autres ? Mh. Non, elle ne voyait absolument pas ce qu'il voulait dire. Lors de leur première nuit dans le désert, elle lui poserait la question, histoire de comprendre. Peut-être qu'elle apprendrait davantage de choses sur les façons de faire des Normaux ? Ah, plus on est de fous, plus on rit ! Il se tenait à elle fermement, comme s'il craignait de tomber à chaque seconde de la monture. La jeune femme eut un petit rire amusé, cela avait le mérite de la divertir davantage.
Il tirait certes sur ses vêtements tant il semblait s'attendre à une potentielle chute de sa part, mais Ether n'en était pas très dérangée, cela restait du simple tissu. Tant qu'il ne les déchirait pas, tout irait pour le mieux. Les recoudre lui prendrait du temps et elle n'avait pas les tissus nécessaires pour une telle confection artisanale. Le voyage se déroulait sans réel obstacle et une conversation entre les deux jeunes gens put s'installer. Le Sunajin s'excusa de s'accrocher à ce point, comme quoi il ne tenait pas droit sur ce machin. D'un simple signe de la main suivi d'un sourire, elle lui fit comprendre qu'il n'y avait aucun souci. Il ne désira pas manger, préférant attendre le prochain arrêt. Ah parce qu'il voulait faire une pause à un moment ? 'Sont bizarres ces humains.

« Une pause ? J'sais pas trop... Faut avancer quand même. Bah dès qu'tu t'sens pas bien, on s'arrêt'ra alors ! Dès qu't'as faim, tu m'le dis hein! Et j'ai d'l'... »

Et alors qu'elle allait probablement se remettre à parler, Van lâcha un juron, ravi de pouvoir enfin parler. Ah ? Elle parlait trop ? Zut ! C'est vrai qu'on lui disait souvent qu'elle était trop vivace, limite fatigante. Jamais respirer, elle ? … Elle se retint de pouffer, faisant de son mieux pour l'écouter, pour une fois. Ether, pas gentille, chut ! La demoiselle se tut, observant l'horizon tout en assimilant les nouvelles données délivrées à son encontre. Il était apparemment shinobi depuis qu'il était né. Il n'avait donc pas eu le choix à bien l'écouter, mais n'avait pas non plus songé à remettre en question cette situation. C'était triste. La nomade apprit qu'il était un Kawaguchi, la fameuse maîtrise du sable. Ne pas pouvoir choisir son destin, voilà une chose qu'elle avait du mal à comprendre. Chacun est maître de sa vie, non ?
Il affirma qu'elle ne semblait pas venir de Suna et s'enquit de ses origines. Il ajouta également qu'elle ne semblait pas comprendre comment fonctionnait les gens dits Normaux, ce qui n'était pas totalement faux. Elle avait beau les observer depuis des années, elle ne saisissait pas forcément la signification de leur comportement si complexe, ainsi que certains termes. Continuant sur sa lancée, il lui fit remarquer qu'elle était adorable - donc sympa, c'est ça hein ? - mais « chelou ». Chelou ? Ça veut dire quoi ça ? Alors qu'elle s'apprêtait à reprendre son flot usuel de paroles, il termina sur une phrase qui la fit exploser de rire. Il voulait discuter avec les gens, ne pas les taper. AHA, il est vraiment très TRES drôle celui-là ! Après s'être bien marrée, elle s'essuya une larme au coin de l'oeil et répondit joyeusement à ses questions.

« Houla, t'as pas d'souci à t'faire, j'viens d'une tribu pacifique ! J'vis dans l'désert, vers les montagnes. J'me bats pas. J'sais qu'j'peux êt' bizarre, mais j'fais d'mon mieux pour comprendre les gens. Vous êtes si fascinants ! Tant d'manières, d'façon d'parler, tant d'mots. Mais... ça veut dire quoi l'mot Chelou d'ailleurs ? J'comprends pas... », elle réfléchit encore quelques dixièmes de secondes avant de reprendre aussi vite, « Le voyage va êt' un peu long ouais. Quelques jours sûr'ment. Aketana n'est pas à côté ! Mais t'inquiète, y'a c'qui faut pour dormir dans l'sac derrière l'chameau, puis j'ai d'l'eau pour toi aussi. Sinon, y'a les cactus quand t'as soif et les insectes pour la nourriture. J'te ferais du scorpion grillé ! Alors t'es un Kawaguchi et z'êtes shinobi dès vot' naissance ? Z'avez pas l'choix donc ? Et maint'nant, t'as jamais pensé à d'venir aut' chose ? Et... Ah pardon, j'parle trop encore j'crois. Désolée. J't'écoute ! », conclut-elle en souriant.

L'horizon devenait moins clair au fur et à mesure que le soleil déclinait.
Si la jeune femme voulait faire du scorpion ce soir, il allait falloir s'arrêter bientôt pour les chasser. Quelques insectes supplémentaires ne seraient pas non plus de refus, puis au passage, elle cueillerait quelques figues de Barbarie et des Pitaya, des fruits se trouvant sur les cactus. Cela donnerait une saveur tout autre au repas, et les figues pourraient faire office de dessert ! Le chameau continuait sa route sans se plaindre. Après tout, ces bêtes étaient faites pour la vie dans le désert, rien ne pouvait les déranger.

Van lui apprit un nouveau mot dans le langage courant, « Chelou », signifiant donc bizarre, étrange ou bien encore anormal. Donc tout à l'heure, lorsqu'il disait qu'elle était sympa mais chelou, ça voulait dire qu'elle était gentille mais bizarre ? Oh ! Oh, je vois... Mh, il fallait vraiment qu'elle s'améliore vis-à-vis du comportement qu'elle avait avec les gens autre que ceux de sa tribu. C'était pas faute d'essayer ! En présence du Chambellan lors de leur régularisation, elle était parvenue à adopter un langage correct et une attitude respectueuse. Mais c'était parce qu'elle savait que l'avenir de son peuple était en jeu. La Gogyou avait des responsabilités depuis son obtention du rang de Première, elle serait celle qui représenterait son clan lorsque l'Ancien lui céderait sa place, espérons-le dans longtemps, car elle était loin d'être prête. Le sunajin ne comprenait pas en quoi les Normaux qu'ils étaient, s'avéraient être fascinants à ses yeux, comme quoi, tout ce qui était nouveau était forcément fascinant en sa qualité de nouveauté justement. Ether n'était pas tout à fait d'accord à ce sujet. Elle voyait des humains depuis un bout de temps à présent, et elle ne s'en lassait toujours pas. À vrai dire, la blonde était l'une de ces personnes à ne jamais se lasser de rien. Mais elle pouvait comprendre que chacun puisse avoir une opinion divergeant de la sienne. L'élémentaire eut un petit rire lorsqu'il raconta son infructueuse rencontre avec un scorpion. L'on ne pouvait pas être bon en tout !
Van ne semblait pas se plaindre de sa condition de shinobi, au contraire. Il disait être bien trop faible et dépourvu de grade pour être envoyé là où se trouvait le danger. Manquait-il de confiance en ses propres capacités ou n'avait-il cure de ses fonctions ? Il acceptait sa vie sans pour autant en faire trop. Intéressant. C'est comme s'il se contentait de se laisser porter par les événements. Une façon comme une autre de vivre sa vie ! « Je fais ce que l'on me dit de faire », ce genre de pensée pouvait s'avérer dangereux pour la morale et ses propres convictions, et elle espérait pour lui que face à un ordre cruel, il saurait désobéir. Après tout, elle avait perdu beaucoup des siens suite à des gens qui ne faisaient que ce qu'on leur avait « ordonné ». Changeant de sujet, il lui demanda la raison de sa présence à Suna.

« J'suis venue voir une amie ! Puis j'profite du séjour pour aller à la bibliothèque, voir d'nouvelles têtes et aller au marché aussi ! J'ramènerais des trucs pour l'clan. J'aime bien Suna. J'voulais êt' sûre qu'ça allait mieux d'puis l'examen. J'étais là lors d'l'attaque et j'ai aidé à r'construire la Voie Illusionnée, donc j'ai vu les dégâts. C'bien que ça r'prenne vie ! », elle vérifia la position du soleil dans le ciel avant de reprendre, « Si ta vie d'shinobi t'plaît, tant mieux ! Mais n'obéis pas aveuglément à c'qui n'te paraît pas juste hein. », dit-elle en souriant doucement.

Tu as des pouvoirs et tu les mets au service du clan. Dans un sens, il n'avait pas tort. Pour autant, ceux de sa tribu possédant des capacités ne s'en servait pas pour l'offensive. Non, plutôt pour les tâches quotidiennes ou pour faciliter la vie de tout un chacun. Mais ce serait mentir que de dire que jamais ils ne les avaient utilisés pour se défendre lorsqu'ils étaient en danger. Fort heureusement, cela ne s'était plus reproduit depuis une bonne dizaine d'années, depuis la traversée meurtrière du Pays du Feu plus précisément. De douloureux souvenirs remontèrent à la surface, et Ether les chassa bien vite de son esprit en commençant à fredonner une petite mélodie de chez elle, à la sonorité orientale. Le chameau continua tranquillement son chemin, blatérant de temps à autre pour exprimer son intérêt pour l'étendue de sable qui s'étendait à perte de vue (en vrai, on s'en fout).
La demoiselle n'avait absolument pas réagit au fait que le garçon ait installé, plus tôt, son menton sur son épaule. Vous l'aurez compris, elle était de base tactile, le contact faisait parti de sa nature. Ce qu'il faut savoir avant de poursuivre est que la nomade n'a reçu aucune éducation sexuelle, pas la moindre. Elle ne sait pas ce que c'est, n'a pas la moindre idée de ce qu'est une zone érogène, en bref, l'ignorance totale. La première fois qu'elle a vu un pénis, elle a cru que c'était un serpent puis ensuite une sangsue, et a ensuite essayé de l'arracher. Le pauvre s'en souvient encore... Et même maintenant, elle voit pas l'utilité de la chose, tout comme elle a un trou et puis c'est tout. Son père, surprotecteur de fou, n'a pas souhaité la briefer, de crainte qu'elle ne souhaite expérimenter. Puis bon, papa poule oblige, la première personne qui approche sa fille, il le/la démonte. Estimez-vous heureux qu'il ne soit pas là. Avec ces quelques informations, vous ne vous étonnerez donc pas qu'elle ne réagisse encore moins à la main baladeuse du garçon entre ses jambes ? Cela ne dura point longtemps, mais pour autant, ce fut comme si rien ne s'était passé selon elle, limite c'était lui gratter la cuisse. Elle ne fit aucune pause dans sa chansonnette, au contraire ! C'est pourquoi elle s'étonna des excuses du sunajin.

« Inten... Quoi ? T'as fait tomber que'que chose ? », concluant que ce n'était pas le cas, elle reprit avec une naïveté impressionnante, défaisant légèrement son écharpe de hanche pour lui laisser apercevoir un sachet en kraft, « Là ! C'très bon, j'te jure ! Fruits séchés à la poudre d'insectes ! », elle laissa échapper un rire, « D'accord, j'te laisse l'chameau demain ! Tu verras, c'pas difficile. »

Il allait être temps de s'arrêter pour chasser.
Trottinant encore quelques minutes, la jeune femme finit par faire arrêter l'animal et atterrit avec légèreté sur le sable.

« BON ! On va s'arrêter là pour aujourd'hui. J'vais aller chercher l'repas, s'tu veux, tu peux nous faire un truc avec l'sable, une sorte de case ou j'sais pas. J'te laisse l'chameau, j'reviens. À tout d'suite ! »

Et elle tourna les talons, sachant pertinemment où aller grâce au vent.

La jeune femme profita de la solitude de sa chasse pour repenser à quelques-unes des paroles du garçon. Lorsqu'il avait prononcé le nom de Makka, elle n'avait pas réagit. Pourtant, cette personne, ou du moins ses actes, ne lui était en aucun cas inconnue. Une Gogyou de feu qui avait tout détruit sur son passage, villages comme leur réputation toute entière. Cela faisait des siècles que sa tribu faisait de son mieux, et à sa manière, de redorer le nom de leur clan, et celle-ci n'avait eu qu'à claquer des doigts pour réduire leur efforts à néant. Malgré cet « échec », ils ne perdaient pas espoir d'être un jour pleinement acceptés par tout un chacun. Ether était contente de voir que même si elle était une handicapée sociale, les gens ressentaient sa joie de vivre. Si cela allégeait leurs propres soucis, alors c'était parfait. Après tout, le plus important est d'être heureux, et pour cela, commencer par sourire est déjà un très bon début !
Van lui avait expliqué succinctement ce que signifiait « intentionnel », quelque chose de fait exprès. Ah ? Donc il avait fait exprès de faire quoi ? Prrrt, aucune idée. Ça ne devait sûrement pas être important. Lorsqu'il avait fait des compliments sur les fruits séchés, la demoiselle s'était contenté de sourire tout en ajoutant que c'était sa mère qui les avait faits. Bien entendu, elle avait accepté de lui montrer comment monter un chameau plus tard. Il était marrant ce garçon. Pas l'air du genre à se prendre la tête, mais genre pas du tout. Limite jamais. Ce n'était pas un mal en soi, au contraire ! Mais c'était bizarre vu que le clan Kawaguchi comme il l'avait dit paraissait être une communauté bien particulière. C'était pas de chez eux que venait le concierge de la Voie Illusionnée, comment il s'appelait déjà, Kira ? Ouais Kira ! Blond, visage hautain et regard méprisant. Très intéressant comme personnage, le genre d'humain qui devait avoir quelque chose à compenser. A observer au quotidien, ça devait être très instructif.

Concentrée à présent sur sa tâche, elle vérifia qu'elle s'était suffisamment éloignée du campement, dérobée à tous les regards, puis une fois assurée d'être totalement seule, elle se dématérialisa. Avant de chasser pour de bon, elle se laissa porter par le vent, virevolta au gré des souffles, histoire de se dégourdir un peu. Aaah, ça fait du bien quand même ! Wuuuuuhuuuu ! … Bon, au boulot ! Sinon le pauvre va mourir de faim là-bas. Profitant de son état invisible et naturel, elle put s'approcher de plusieurs scorpions et leur asséner une rapide lame de vent pour les mettre hors d'état de nuire. Elle s'excusa auprès d'eux pour leur avoir ôté la vie, avant de continuer son chemin à quelques mètres du sable. Si quelqu'un passait par-là, il aurait vu des scorpions morts voler. Rien de plus normal quoi ! Elle modula une sorte de petite cuvette de vent en constant mouvement, l'équivalent d'un filet attrape-papillon ou d'un bol, et fit plusieurs allers-retours pendant une bonne dizaine de minutes. Une fois assurée d'avoir assez d'insectes dans son « piège », elle tournoya à travers le désert, allant de cactus en cactus pour en récupérer leurs fruits. Son chargement commençait à être conséquent, suffisamment pour deux du moins. Normalement, la nomade avait de l'eau dans une gourde. Elle la remplirait auprès d'un cactus avant de partir demain. La chasse fut fructueuse, et Ether rentra donc au campement. Se matérialisant à nouveau, elle utilisa son écharpe autour de ses épaules comme d'un baluchon et se dirigea vers le feu qu'elle voyait au loin. Lorsqu'elle arriva enfin, elle déposa son paquet auprès du foyer.

« J'suis revenue, et en entier ! », rit-elle. Généralement, c'était une blague qu'ils se faisaient entre Gogyou, mais ça n'avait pas la même signification avec un humain, puis elle ajouta, « J'ai tout c'qu'il faut pour l'repas. J'te prépare ça ! », avant de jeter un œil autour d'elle, satisfaite, « L'campement est parfait, merci ! »

Prête à préparer sa popote, elle récupéra dans l'un des sacs arrière du chameau, des bols en terre cuite pour servir de récipient. L'élémentaire prit quelques bestioles qu'elle embrocha sur des branches en guis de brochettes et les posa près du feu. Sortant de son écharpe plusieurs scorpions, elle se mit à les dépiauter, grignotant de temps en temps un morceau de carapace. Une fois complètement nus, elle sépara la chair en plusieurs morceaux avec ses doigts et les mit également sur des brochettes. Se servant d'une pierre plate qu'elle avait trouvé plus tôt comme plaque de travail, elle en utilisa une autre pour écraser une partie des insectes. Elle sépara le jus qui en sortit et le déposa dans un des bols en terre. Elle réduit ensuite en bouillie ceux qu'elle avait écrasés auparavant pour avoir une sorte de pâte qu'elle déposa dans ce même bol. Pendant ce temps, les insectes et les scorpions grillaient tranquillement au-dessus du feu. Alors que la Gogyou s'attelait à sa tâche avec beaucoup de soin, le sunajin se permit de lui poser quelques questions quant à son clan. Il s'intéressait tout particulièrement aux capacités du sien, comme quoi, il connaissait tous ceux de Suna et le sien, bah nada. Ses paroles ressemblaient énormément à celle du concierge Kira. Un autre point l'intriguait également ; ses cheveux blonds. Pas banal, ah ? Pourtant, elle en avait croisé, non ? Mh. Tout en continuant ses affaires, la demoiselle réfléchissait à quoi lui répondre. Sa tribu avait beau avoir été acceptée officiellement au sein du pays du vent, Ether conservait l'habitude que les siens avaient tous, ne pas dévoiler leur nature. Étant kazejin, l'élémentaire devrait pourtant pouvoir s'exprimer librement à ce sujet, mais non. Le Chambellan avait beau les avoir acceptés comme tels, il était difficile de connaître les réactions de notre interlocuteur. Elle choisit donc de garder quelques zones volontairement floues. Peut-être que lorsqu'elle se serait assurée des bonnes intentions du garçon, alors elle lui dirait. Il était temps de faire confiance aux gens.

« Nous sommes des nomades pacifiques et Hashimoto c'est not' nom ! J'aime à dire qu'nous sommes des citoyens du monde, comme chacun d'entre nous en fait. On a beaucoup voyagé à la r'cherche d'un pays qui nous persécut'rait pas. Aussi loin qu'remonte nos écrits, on a toujours marché. Puis on est arrivé ici. Ça fait d'puis plus d'10 ans qu'on est à Kaze maint'nant et personne d'chez nous n'est mort. », elle sourit doucement repensant brièvement à la traversée de Hi, « On est officiellement kazejin d'puis peu d'ailleurs, c'est bien hein ? On cherchait une maison, Kaze est la nôtre à présent. »

Ether découpa ensuite quelques pitayas en cubes avec une fine lame de vent, et mélangea le tout avec la mixture reposant dans le bol. Le reste des Pitaya fut déposé avec les figues de Barbarie pour le dessert.

« Pour mes ch'veux... J'ai vu plein d'blonds pourtant, non ? », dit-elle intriguée avant d'ajouter joyeusement, « En mêm'temps, avec ma mère qu'a les ch'veux blancs et mon père qui... Comment dire ? C'est jaune-orangé, un peu comme l'aurore du matin, flamboyant j'dirais ! Com' ses yeux un peu ! »

La jeune femme récupéra ensuite les brochettes, la chair de scorpion fut mise dans le bol, et les insectes furent réunis ensemble sur une feuille pour grignoter sur le pouce. La Gogyou mélangea le tout restant (insectes écrasés, jus, pitaya, scorpion) et sépara une partie dans un autre bol qu'elle tendit à Van. Ils s'installèrent au coin du feu.

« J'ai une p'tite affinité fûton comme t'as vu. Mais c'pas pour m'battre. J'sais pas faire ça, et j'en ai pas envie. », fit-elle en souriant gaiement, « BON, j'espère qu'ça t'plaira ! 'Ttention, c'est chaud hein ! Et on mange avec les doigts bien sûr ! Bon appétiiiiit ! »

Une « pitite » affinité fûton, comment c'était juste le plus gros ch'mytho de la terre ça !
Enfin, ce n'était pas vraiment un mensonge, non ? Elle avait effectivement une affinité hein, elle minimisait seulement la chose. Oui bon, elle ETAIT son affinité concrètement, mais est-ce réellement si important ? Nooooon ! … Bon allez, ça va refroidir hein

La jeune femme ne savait pas trop si sa tentative d'esquiver le sujet à propos de son clan s'était avérée fructueuse ou non, mais il ne chercha pas à creuser davantage, ce qui la soulagea d'un poids. Il paraissait presque compréhensif. Décidément, sa tribu n'aurait pas pu mieux tomber ; le pays de Kaze était presque parfait. Rien n'est intégralement blanc ou noir. Van lui fit comprendre que le pays du vent était à l'origine une contrée de nomades, que c'était probablement le cours naturel des choses d'accueillir des gens issus de ce mode de vie, dans leur culture, ce qui n'était peut-être pas faux. Le fait qu'il disait que son clan ait pu élever quelqu'un comme elle ne pouvait être mauvais lui fit grandement plaisir. Ça voulait dire qu'elle était une bonne personne ! Néanmoins, il restait réaliste ; avec les événements actuels, son clan ne resterait pas éternellement à l'abri des pertes. Ether le savait. Même si cela faisait des années qu'ils vivaient dans la paix et dans une relative sérénité, chacun des siens s'attendait à mourir un jour ou l'autre, demain comme dans dix ans. Pour autant, ils ne vivaient pas dans la crainte de disparaître de la surface de la terre, au contraire, ils acceptaient cette possibilité. À leurs yeux, mourir n'était pas une fin en soi, mais simplement une étape de la vie, et ceci était d'autant plus vrai pour les Gogyou. Ces derniers lorsqu'ils mourraient, retournaient à leur élément naturel et continuait de vivre à travers celui-ci. Et puis, lorsque vous passez la plupart de votre existence à être persécuté et haï pour ce que vous êtes, franchement, à un moment vous vous faites une raison hein. Le Kawaguchi avoua que s'il se faisait discret, c'était justement pour éviter le front dont les nouvelles rapportées étaient effrayantes. Shinobi de naissance... Il n'avait pas réellement choisi cette voie, il était né dedans et n'avait pas pensé à éventuel futur différent de celui qu'on avait tracé pour lui. Dans un sens, la blonde trouvait ça triste. Contrairement à elle, le garçon n'avait probablement aucun échappatoire et possibilité de reconversion. Un shinobi pouvait-il cesser d'en être un du jour au lendemain s'il le souhaitait, ou le restait-il à tout jamais ?

« Je sais qu'nous mourrons un jour ou l'autre, mais nous n'craignons pas la mort. Ce n'est qu'une étape d'la vie. », dit-elle doucement avant d'ajouter avec une grande sincérité, « Mais en avoir peur n'est pas une preuve d'lâcheté non plus ! Aimer la vie est c'qu'il y a d'plus normal. S'battre entre nous, c'est ça qu'est pas naturel. Ça n'a pas d'sens. »

L'histoire des cheveux semblait réellement perturber le sunajin.
A bien y penser, c'est vrai que les couleurs de cheveux restaient dans le noir, brun, parfois roux ou encore blond. Le blanc paraissait être une nuance réservée aux personnes âgées, ce que sa mère n'était définitivement pas. Vis-à-vis de son père, elle faillit répondre que c'était en partie dû à son affinité foudroyante, mais se retint.

« Classe ? Bah merci, c'gentil ! Non ça va, j'aime bien l'noir, c'est joli quand c'est sombre. Faroh a les ch'veux noirs aussi, c'cool ! Mais il a toujours son bandeau sur la tête qu'j'aime pas trop. », dit-elle en haussant les épaules.

Ils purent enfin débuter le repas, et bien que n'ayant pas besoin de manger pour survivre, la demoiselle savourait allègrement le dîner. Ça lui rappelait la maison et elle y ferait probablement un tour avant de repartir à Suna. Van semblait apprécier tout autant, si ce n'était plus. Il criait presque sa joie. Ravie que la cuisine de sa tribu lui plaise, l'élémentaire lui souriait joyeusement.

« Contente qu'ça t'plaise, et j'suis pas la meilleure cuisinière ! S'tu veux passer un jour au camp'ment pour goûter, on traîne dans les montagnes d'Kaze. », et c'est avec une grande naïveté qu'elle ajouta, « Le cul ? Les fesses, c'est ça ? Bah suffit d's'asseoir d'ssus et d'manger, ça t'fait les deux en même temps ! C'vrai qu'c'est pratique, mais j'préfère les yeux pour voir tout ce qui m'entoure. Quoiqu'avec l'vent, j'peux voir aussi donc bon. »

Ah, qu'elle était mignonne, brave petite...
Que dire à des gens qui croient aux esprits ? Et bien, que dans un sens, ils avaient raison ? Après tout, le monde entier était rempli d'esprits, dans les fleurs, les oiseaux, la pierre... Mais sa vision des esprits différaient probablement de celle des humains, alors elle vérifierait d'abord en quoi ils pensaient avoir affaire à un être spirituel, plutôt qu'à autre chose, et elle aviserait. On ne peut pas empêcher les gens de croire à quelque chose, c'est leur droit après tout, non ?

« On va voir d'quoi ils parlent d'abord. Parc'que les esprits sont partout, la pierre, l'oiseau, les fleurs. J'veux savoir c'qu'ils veulent dire par Esprit. Vous avez une vision différente d'la nôtre j'pense. », elle ne fut pas vexée de voir que Van ne croyait pas en toutes ces choses, elle pouvait comprendre, « C'est p'têtre quelqu'un qui s'amuse à leur faire peur. Les humains font des trucs bizarres à leurs semblables. », elle se mit à rire lorsqu'il parla de protéger ses arrières, « J'pas b'soin d'être protégée, mais d'accord, j'te laisse faire ! »

Elle récupéra les bols qu'elle nettoya un peu et rangea le tout dans la sacoche du chameau. La nomade lui flatta le crâne quelques secondes et revint s'asseoir auprès du feu. Elle ne dit rien un instant avant de finalement briser le silence à nouveau.

« Tu dis être né shinobi, mais si t'veux plus en être un, tu peux'pas juste partir ? Ou vous naissez et mourrez shinobi ? », elle jeta un œil au chameau et rajouta, « S'tu veux, j'te montre vite fait comment on monte un chameau, c'pas compliqué ! Ou j'te montrerais d'main matin. Comme tu veux ! »

Ether avait beau être naïve et innocente, elle n’était pas idiote pour autant.
Enfin… Pas tous le temps quoi. La jeune femme avait la sensation que son ignorance à propos de certaines choses avait plus ou moins « blessé » dans un sens son camarade shinobi. Le problème était qu’elle n’arrivait pas à savoir en quoi. La Gogyou n’avait volontairement pas soulevé la remarque comme quoi l’on aurait dit qu’elle parlait d’elle comme si elle n’était pas humaine. Parce que c’était vrai, elle n’en était pas une. Elle faisait de son mieux pour leur ressembler pourtant, mais il y en avait toujours quelques-uns pour lui rappeler qu’elle n’avait en commun avec eux, que l’aspect extérieur. Tant pis ! La nomade ne leur en voulait pas. Ils avaient raison, son clan n’était pas humain, mais cela ne rendait pas ses membres si différents de leurs comparses pour autant. Leur lien ? Et bien, chacun s’avérait être un être vivant, doué de sensibilité. Humains, éléments, esprits, créatures… Dès lors que le souffle de la vie est en eux, ils étaient tous les mêmes, unis dans la vie comme dans la mort.

L’élémentaire sentit dans son discours, que le garçon était très résigné.
La demoiselle eut même l’étrange impression qu’il était presque fâché de ses questions. Un peu étonnée, elle l’écouta bien sagement, grignotant les figues de barbarie. C’était donc ça la vie de shinobi ; obéir, seulement obéir. Etait-ce sa vie à lui ? En quoi était-il curieux de penser que leurs pouvoirs pouvaient servir à autre chose qu’à semer la mort et la désolation ? Ils pouvaient apporter vie et bonheur, voilà à quoi ils devraient servir au lieu de servir pour des batailles idiotes. Les villages cachés n’étaient-ils donc ici que pour asseoir une servilité sur quiconque maîtrisait son chakra, étendre leur pouvoir sur les autres continents, se faire la guerre pour acquérir toujours plus de puissance ? Ether espérait toujours que cela pouvait changer, qu’un retour aux origines du monde était possible, mais si même leurs habitants ne cherchaient pas à rendre leur monde meilleur, que pouvait-elle faire ? Le choix n’était pas un droit, une évidence pour un ninja, au contraire, il n’existait tout simplement pas. A leur naissance, leur destin était déjà tout tracé et aucun d’entre eux ne cherchait à dévier de cette route sans surprise. Pourquoi se bornaient-ils tous à suivre une voie qu’on leur imposait ? Mais… Avec une mentalité pareille, est-ce que même si un différent choix de vie leur était possible, le prendrait-ils ? Conditionnés de la sorte, pas sûr. La Gogyou devait se rendre à l’évidence ; personne ne mettrait jamais du sien pour obtenir le droit d’avoir le choix. Et même si elle mourrait d’envie de leur faire prendre conscience que la vie était pleine de chemins tous aussi différents les uns que les autres, si chacun préférait suivre son tunnel sans fenêtre, soit. Mais elle refusait une telle existence pour son peuple. Ether ne voulut pas paraître davantage insultante envers le garçon et ne répondit qu’une seule phrase.

« Le pouvoir pour détruire, j’ai bien compris. », dit-elle très distinctement, sans abréviation, un sourire un peu éteint sur les lèvres.

Van choisit de se coucher, visiblement ennuyé par la conversation.
Mh, peut-être n’aurait-elle pas dû poser ces questions… Elle patienta quelques instants sans rien dire, raviva le feu pour la nuit et partit ensuite s’installer dans le lit de sable crée par le sunajin. Lorsqu’elle s’installa, elle fut surprise de découvrir que c’était tout chaud ! Hé hé, c’est coooool ! Elle se retourna plusieurs fois, un sourire idiot sur le visage – chaud, chaud, cacao ! - avant de s’installer face au ciel, les yeux grands ouverts.

« Merci pour l’p’tit lit, et bonne nuit ! »

Sauf qu’elle ne dormait pas. Manger, dormir, tout ça n’avait pas de réelle utilité pour l’élémentaire. Tant qu’elle se rechargeait en air/vent, elle récupérait des forces. Son père généralement courait ou faisait de l’exercice pour générer de l’électricité, et d’autres techniques inconnues, par exemple. Mais manger restait une délicieuse gourmandise. Hé, y’a pas à dire, bouffer, ça reste top ! Ether passa donc le plus clair de la nuit à regarder les étoiles, à écouter le désert et à se demander ce que faisait le clan en ce moment. Ce n’est qu’au petit matin, qu’elle finit par se lever pour préparer un frugal petit déjeuner à base de fruits qui restaient. Elle attendit bien sagement que son camarade se réveille pour l’apostropher joyeusement.

« Alors, bien dormi ? Y’a qu’ça pour l’ptit déj’, mais au pire, j’ai toujours des fruits séchés dans l’sac ! Tu m’dis quand t’es prêt pour la l’cçon d’chameau. T’vas voir, c’est hyyyyyper simple ! »

Le garçon semblait un peu dans les choux encore, mais la Gogyou ne lui laissait aucun répit. Malgré son sommeil totalement inexistant, Ether était constamment en mouvement, forcément joyeuse et bien réveillée. Après le petit-déjeuner, la jeune femme désirait apprendre à son camarade comment monter un chameau. Leur première « entrevue » à l’animal et au Kawaguchi fut comment dire… Pas franchement folichonne. Chacun se regardait dans le blanc de l’œil, le regard vitreux et morne. A se demander qui devait monter qui ! La monture mâchouillait en toute amitié, bavant sur le sable tout en toisant le gamin qui l’observait avec dégoût. Si la bête aurait pu parler, elle aurait probablement dit ; « Hé tu crois quoi le mioche ? Que t’es un top model aussi ? Moi au moins, mes poils sont lustrés, tché ! » ou alors « ça pourrait être toi qu’je mâche bébé… » En tout cas, le feeling passait pas forcément dans les deux sens. Finalement, le sunajin se dégonfla, souhaitant passer son tour. Aha, que tu crois mon petit ! Un sourire amusé sur les lèvres, Ether arriva dans son dos une fois toutes leurs affaires rangées, prêts au départ.

« Aaah non, non, non ! Tu voulais conduire hier ? Bah tu vas conduire ! Ou au moins essayer. Un p’tit effort ! »

Flattant la croupe du chameau, celui-ci se coucha de sorte à être davantage à leur hauteur.
Puis, sans prévenir, la demoiselle posa ses mains sur la taille de Van et le souleva – en s’aidant d’un peur d’air, j’avoue – pour le déposer sur l’animal. D’un bond, elle suivit et s’installa derrière lui. Depuis son dos, en passant entre les creux de ses bras, Ether lui posa les rênes entre les mains et héla quelques mots ressemblant vaguement à « Yip-yip ! », ce à quoi la créature répondit en se levant et en blatérant un coup. Puis il se mit à trottiner. La tête presque sur son épaule, l’élémentaire lui indiquant quelques instructions.

« Tu donnes un coup sur la droite, il y va, sur la gauche, il y va. Les deux en même temps, il ralentit. Plus sec, il s’arrête. YIP-YIP pour accélérer ou repartir. Rien d’compliqué j’te dis ! En avant ! », dit-elle joyeusement, avant d’ajouter, « C’est dans cette direction sinon hein. »

Puis elle observa en sifflotant le paysage désertique. Un court silence s’installa avant qu’elle ne le brise, pour changer hein.

« T’as jamais monté quoi’qu’ce soit ? Même pas un ch’val ? Z’apprenez pas à monter à l’Académie ? », demanda-t-elle avec curiosité et grand intérêt.