Le terrain d’entraînement, une fois de plus. A ce rythme de destruction et réparation de ce dernier lorsque Rin jouait de ses capacités claniques, il serait peut-être plus rapide de le privatiser de façon intégrale afin de régler toute sorte de problèmes et autres désagréments pouvant arriver dans la foulée – surtout qu’avec un élément potentiellement compliqué de par son comportement qu’il fallait encadrer de façon un petit peu plus proche… Non pas pour le surveiller, bien évidemment, mais le comportement plus que téméraire du Chûnin et son approche particulière ayant posé les indications si particulières de sa promotion… C’était une histoire particulière. C’était en quelques sortes la décision du Médecin que d’encadrer le jeune homme, quitte à exposer aux répercussions de ses actes. Il ne voulait que lui montrer que l’on pouvait rester efficace tout en gardant un côté humain, se rappelant amèrement les moments où il l’avait perdu…

Lorsque le Yamanaka arriva sur le terrain d’entraînement et l’appela « maître » une fois de plus, Rin lui adressa un doux sourire à travers sa cigarette avant de l’éteindre d’un geste sec.

« Bonjour oui… Il faudra que l’on trouve une autre appellation que maître, c’est vraiment désagréable à entendre vous savez ? »

Il hésita un court instant.

« Appelez-moi seulement Rin et je vous appellerai par votre prénom également. Qu’en dites-vous ? Je ne suis pas particulièrement à cheval sur les marques de respect à mon égard, surtout dans le contexte d’équipe dans lequel nous nous trouvons. Il y aura une dynamique plus saine si nous ne passons pas notre temps à nous interroger sur comment nous appeler mutuellement. »

Une fois cette question réglée, l’Akimichi inspira doucement et jeta un regard au vide environnant le terrain d’entraînement. Il se faisait doucement tard, mais ses journées et son emploi du temps permettaient difficilement de faire mieux.

« J’ai été quelque peu long dernièrement, mais … Je pense pouvoir m’arranger pour avoir une sorte de créneau fixe avec vous, quelques soirs par semaine. Qu’en diriez-vous ? Mais passons ce détail. J’aimerai en apprendre plus sur votre style de combat, vos préférences, d’éventuelles lacunes que vous auriez trouvées de vous-même ou que l’on s’efforcera de trouver ensemble. J’ose croire qu’il n’y a pas de solution miracle et que le meilleur programme d’entraînement est un programme adapter aux besoins, mais j’ai besoin de les connaître. J’ai lu les rapports parlant de vous, certes, mais j’aimerai… Un point de vue plus personnel. »

Calmement, le Jônin écouta les réponses de son élève, cherchant à prendre les notes nécessaires au sein de sa tête pour s’adapter au mieux à ses besoins. Rester derrière pour éviter les dégâts et manipuler le monde entier à l’aide de ses illusions puis terminer ce qu’il reste au corps à corps. Il y avait une vague notion de cruauté dans cette réponse à l’entendre telle quelle, mais il lui fallait en faire fi. C’était un style de combat… Typique pour ainsi dire du clan Yamanaka, et l’Akimichi en savait quelque chose pour avoir fréquenté l’une d’entre eux durant de longues périodes. Dire qu’elle refusait toujours de lui adresser la parole de façon concrète depuis ce temps… Il soupira calmement à ce souvenir avant de se tourner vers Shigo.

« Nous avons des approches extrêmement différentes à ce que je vois. Je mise plus sur une défense absolue et le soutien de mes co-équipiers par divers effets néfastes appliqués sur l’ennemi. Même si je reste capable de développer la puissance nécessaire à me débrouiller seul. »

Il s’arrêta sur le léger sous-entendu lancé au Chûnin, lançant un regard discret au terrain nouvellement restauré. Oui. L’avoir pour exclusivité serait une bonne idée.

« Ce que je comprends de votre approche, personnellement, c’est que vous restez vulnérable. Face à une attaque qu’il vous serait impossible d’esquiver vous n’avez guère de défense, sinon prier que vos illusions fonctionnent pour piéger l’ennemi avant que le coup fatal ne vous soit porté. C’est aussi ça que j’ai cherché à voir la dernière fois, en plus de vous impressionner d’une façon un peu… Brutale. Que l’on vous prenne de vitesse au moment opportun ou que l’on comprenne l’art de vos combines afin de les contrer… Ou pire. Que des ennemis se synchronisent entre vous face à une illusion trop bruyante et s’efforcent de se libérer mutuellement… »

Il s’arrêta un instant pour réfléchir, ne voulant guère prononcer de trop sévères paroles – il était néanmoins nécessaire de faire comprendre au jeune homme dans quel contexte il évoluait aujourd’hui. Rin savait que ça ne serait pas sympathique à entendre. Mais ça l’était encore moins pour lui d’aller jusqu’à le dire : il ne voulait seulement pas qu’il reste le moindre flou dans son analyse.

« Face à de l’expérience ou de l’organisation, vous êtes sans mesure. Littéralement. Maintenant, ce n’est que mon analyse et je peux comprendre que vous ne soyez pas en mesure d’être entièrement d’accord avec celle-ci Shigo, mais néanmoins… J’ai deux propositions à vous faire. Nous pourrions aller vers quelque chose vous permettant de surprendre vos adversaires d’un point de vue offensif ou défensif. Blesser ou survivre. Je ne jugerai pas votre choix. »

Un sourire discret et quelque peu fade de plus.

Choisissant d’ignorer la remarque quelque peu acerbe et laissée en suspens par le Yamanaka, Rin se contenta de lui adresser un grand sourire en l’entendant choisir la survie à la mort. S’il était tout à fait capable de jouer de la chose et correspondre à son étudiant, il était quelque peu rassuré intérieurement de ce choix, bien qu’il ne laissât rien transparaître. Quelque part, cela créait une sorte de lien technique entre les deux ninjas, les capacités de l’Akimichi tant en médecine qu’ailleurs l’orientant beaucoup plus sur un versant défensif également. Cependant, le Chûnin n’avait guère de quoi se protéger de façon convenable sinon son corps et son esprit : il n’était pas réellement issu du clan le plus à même de combattre au corps à corps, bien que la combinaison d’un Taijutsu développé avec les ruses Yamanaka… Un léger frisson traversa le dos du médecin.

« C’est votre choix. Il faudra l’assumer maintenant cependant. Je ne pense pas vous apprendre grand-chose en vous disant que vous n’avez pas la résistance physique naturelle d’un Akimichi, ni les capacités héréditaires nécessaire à bien d’autres choses – du moins à votre niveau. Aussi, je vous invite à considérer vos options. »

Il autorisa un léger silence à planer pendant quelques secondes afin que son élève comprenne où il voulait exactement en venir. C’était aussi partie intégrale de l’adaptation de l’entraînement à ce dernier : le pousser à réfléchir et trouver, de soi-même, les différentes opportunités exploitables. S’il devait s’installer confortablement et attendre que Rin lui apporte tout… Ce ne serait que contre-productif. Réaliser de soi-même les failles de ses idées, les critiquer, les commenter avec quelqu’un d’extérieur qui puisse apporter un regard sincère et différent sur la chose... C’était un peu comme une réunion de concertation entre différents médecins vis-à-vis d’un patient compliqué. Malgré un contexte bien différent.

« En désaccord avec tout ce que je viens de dire, vous possédez également des talents exploitables pour une défense, Shigo. Et quelque chose me dit que vous le savez tout aussi bien que moi – se défendre n’est pas équivalent à encaisser une technique sans séquelle. Même s’il m’est étrange de le dire car… J’avoue être quelque peu téméraire par moments, sachant qu’en cas de mauvaises surprises je suis capable de me soigner. »

Et quelque chose lui laissait entendre, également, que le Chûnin ne comptait pas spécialement s’orienter dans les arts médicaux pour les années à venir – bien que ç’aurait été une thérapeutique intéressante pour ses problèmes de socialisation.

L’Akimichi s’empêcha de grimacer lorsque le Yamanaka évoqua avec tant de facilité et de douceur, comme s’il s’agissait de quelque de purement naturel, l’option de prendre possession d’un corps différent afin de survivre de cette façon. C’était quelque chose de réalisable si l’on s’en tenait à la pure approche pragmatique des capacités de son clan, et quelques recherches et anciens dossiers prouvaient que non seulement c’était possible, mais déjà fait – combien même pour le médecin cela rimait avec une vie de misère, assumant d’être quelqu’un d’autre en plus de soi-même. Soupirant calmement afin de ne trop y penser, il écouta la suite du raisonnement du Chûnin. Quelque chose était frappant dans son discours, même s’il s’agissait d’une révélation qui ne plaisait guère à Rin – l’essentiel sur lequel il se concentra fut la proposition de technique fournie par le jeune homme.

« Non, je ne vous laisserai pas prendre le corps de qui que ce soit, d’autant plus de personnes malades ou mourantes à l’hôpital, afin de survivre de cette façon. Qui plus est, si elles sont déjà à la frontière de la mort, c’est autant leur corps que leur esprit, donc je doute que vous n’y trouviez l’usage macabre dont vous parlez. Mais c’est là un sujet pour une discussion différente, combien même je suis prêt à débattre de la question avec vous. »

Il parlait des autres clans de Konoha comme s’il s’agissait d’ennemis potentiels, une réalisation qui faisait presque froid dans le dos. L’allégeance du jeune homme était-elle vraiment celle qu’il laissait croire ? Une analyse si militaire des capacités des autres clan n’avait rien de bon en règle générale, et c’est à contrecoeur que l’Akimichi décida de ne rien relever. Ce serait le sujet d’une autre discussion. Une de plus. Une de trop.

« En effet, c’est deux des possibilités que vous avez. Tout comme il vous serait peut-être possible de lire l’esprit de votre a dversaire pour connaître avec exactitude sa frappe afin de trouver un contre approprié. Les possibilités des Yamanaka sont immenses, et je sais que vous en êtes conscient. Rien que l’astuce que vous avez utilisé la dernière fois… Il n’est qu’à vous de choisir quelle technique vous préférez entraîner. Et nous pourrons commencer, vous contre moi, comme la dernière fois. Qu’en dites-vous ? »

La discussion avait bien suffisamment duré, il était nécessaire de voire l'application pratique de la chose désormais.