Un petit « clinc », ce doux bruit des sabres qui s’emboitaient correctement dans leur fourreau respectif. Notre dresseur de licornes allait partir au combat. Quelle en était la raison ? En tant que samurai, en tant que ronin, il a perpétuellement été traqué par ses anciens frères de Tetsu, par les Tokugawa, par des chasseurs de têtes, des shinobis, d’anciens employeurs, etc. Il avait continuellement vécu en tant que proie, mais une proie qui n’était guère aussi douce qu’un agneau. Cette proie était aussi une bête féroce, capable des pires vices, d’infliger les pires tortures avant de finalement donner la mort à ce chasseur qui ne s’attendait bien évidemment pas à ce que les rôles s’inversent. Continuellement, il scrutait l’horizon à la recherche d’une aura spéciale, d’une aura qu’il ne connaissait guère, d’une aura puissante, ou simplement d’une menaçante et maléfique. L’avantage de vivre parmi les shinobis, c’était qu’aucun ne savait ou ne pouvait masquer son aura. C’est ainsi qu’il découvrit celle s’approchant dangereusement du village de la brume. Yadokai allait donc effectuer sa part du contrat qu’il avait engagé avec Michiki. Protéger la brume.

Alors qu’il partait en direction de cette aura, une première explosion retentit aux portes, confirmant simplement que l’aura décelée par le chasseur de tête n’était pas amicale. Plusieurs autres aura firent alors leur apparition près de la première puissante aura avant de finalement s’insinuer au sein même de Kiri. Conscient qu’il ne pourrait pas tous les poursuivre, il décidait de faire confiance en ses « compagnons » de la brume. Lui continuait de se diriger vers les portes, vers l’aura la plus puissante, la première qu’il avait décelée. Ce devait forcément être le chef de ce groupe. Il allait donc à sa rencontre. Connaissez-vous le meilleur moyen de mettre l’adversaire en déroute ? Priver le groupe de leur chef. Lorsque Yadokai ferait rouler sa tête aux pieds des autres, nul doute qu’ils plieraient l’échine pour se rendre. Mais encore fallait-il le battre.

Quelques minutes plus tard, marchant sur l’axe principal de Kiri, Yadokai se dirigeait lentement vers l’endroit où se trouvait cette fameuse aura, découvrant alors la personne qui se trouvait là, debout. Sans la jauger ayant fort confiance en ses capacités, il se contentait alors de placer sa main droite sur le manche de son fourreau avant de retirer lentement la lame de celui-ci, se délectant alors de ce doux bruit métallique du sabre contre le fourreau. Une telle jouissance dans un si petit son. En affichant un grand sourire satisfait, Yadokai levait alors son sabre en pointant de sa lame son adversaire du jour avant de lancer une… punchline !

« Ma petite Josiane, je vais faire à ta gueule ce que Justin à fait à la musique d’aujourd’hui. Dieu que ça va être moche »

Encore et encore de la provocation. Mais il ne pouvait s’en empêcher, le chevaucheur de licorne était comme ça, un véritable comique dans l’âme, et pas que.. Mais malgré tout, il faisait tout de même attention, il allait combattre un homme qui était assez fou, ou assez puissant pour attaquer avec une poignée d’hommes tout un village, même aussi blessé et faible que l’est l’actuelle Kiri. Il jaugeait son adversaire soudainement, se rendant compte qu’il ne s’agissait pas là de sa simple personne, mais de la protection d’un village entier. Mais ce qui lui importait vraiment, était le regard du Mizukage. Rien d’autre.

Spoiler:

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Encore une autre journée de surveillance sur les remparts de Kiri. Accompagnée de Kasumi, une jeune Genin de 12 ans aux facultés sensorielles bien spéciales, nous nous promenions sur les remparts Ouest du Village. La petite qui m'accompagnait - car oui, elle faisait bien une tête de moins que moi - venait d'un clan possédant des affinités avec les araignées. À divers endroits stratégiques, mon équipière tissait des toiles de chakra sur la structure. Ainsi, elle pouvait être avertie de tout mouvement suspect qui devait se produire. Bien franchement, je doutais sincèrement de l'efficacité de cette technique pour empêcher un envahisseur de pénétrer au village, mais qui sait : après que toutes les protections érigées soient détournées, il existait au moins une infime chance qu'une personne mal intentionnée baisse sa garde et pose le pied sur l'un de ses fils. Ce jour-là, cette petite Kasumi serait une héroïne.

En tout cas, ce ne serait pas aujourd'hui.

Pendant que j'accompagnais la petite fille et m'assurait de son bien-être - bien franchement la seule chose à laquelle je pouvais être utile au vu de mes capacités nulles en sensorialité - mon ventre se mit à gronder. J'avais faim, terriblement faim. De plus, Kasumi me semblait légèrement fatiguée au vu de la quantité de chakra qu'elle avait utilisé. Il était temps de faire une pause bien méritée. Un dernier regard jeté au travers du brouillard un peu plus dense qu'à l'habitude et nous étions assises, prêtes à manger en silence, telle était notre habitude.

BROOOUUMM

Instinctivement, je me jetai sur Kasumi pour la protéger du danger. Fort heureusement, l'explosion n'était pas si proche de nous, et seule une petite vague de gravats me percutèrent. Une fois le silence revenu et la poussière repoussée par le vent, et aussi persuadée qu'il n'y aurait pas de seconde explosion, je me relevai en aidant la petite à son tour, tout en m'assurant qu'elle n'avait aucune blessure. Il nous suffit d'un regard entendu pour nous diriger vers les remparts fumants à la course. Et c'est là qu'on les vit : La dizaine d'ombres filant à toute vitesse vers le centre du Village. Un seul s'était détaché des autres pour se diriger vers la porte.

« Vite, va avertir le Mizukage... COURS ! »  avais-je crié à la fin pour sortir Kasumi de sa torpeur, visiblement effrayée par cette infiltration. Je la regardai détaler comme un lapin avant de me mettre à suivre l'intrus solitaire.

Ce qu'il allait vite le bougre ! J'avais peine et misère à le suivre. Était-ce une bonne idée de le prendre en chasse ? La facilité avec laquelle il était entré, l'explosion surprise et la vitesse à laquelle il allait, ce ne devait pas être un simple petit brigand. Ce devait probablement être un ninja aussi, avec un niveau grandement supérieur au mien. J'espérais secrètement ne pas avoir à l'affronter seule, il allait me mettre hors service d'un claquement de doigts, voir même me tuer s'il lui prenait l'envie. Non, la seule chose que je pouvais faire, c'était d'apporter mon soutien. Mais pour apporter mon soutien, il fallait que quelqu'un l'arrête, bon sang ! Sautant sur les toits, ma vision se mit à s'éclaircir alors que le brouillard allait en diminuant. Était-ce l'un de leurs petits tours à ce groupuscule ? Sans doute, et cela ne me plu pas du tout. Ils avaient réussi à nous prendre à notre propre jeu.

Enfin, un shinobi du village s'interposa, lame en main, prêt en découdre avec l'ennemi. Satisfaite, je restai légèrement en retrait, observant le combat qui allait survenir, non sans scanner la zone et m'assurer qu'il n'y avait pas de civil à proximité. La dernière chose qu'il fallait, c'était des dommages collatéraux.

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Ce n’était pas le premier rapport qui lui parvenait depuis la première explosion et les premiers signes d’alerte. Il n’avait d’ailleurs pas fallu attendre longtemps pour que le Mizukage mette en place un plan de riposte. Certains de ses hommes étaient venus jusqu’au palais pour l’avertir. Comme si les détonations n’avaient pas suffi à donner l’alerte. Il avait cependant remercié chacun d’eux d’un bref mot car l’heure n’était pas non plus à se soucier de la communication et de l’encouragement des troupes. Kiri essuyait une attaque. La première depuis sa reconstruction et ce lourd passé qu’elle traînait rendait la tâche plus délicate. Elle était même capitale pour le nouveau Kage en poste.

Ses actions et la finalité de cette offensive marquerait un tournant dans sa politique et sur la vision que les habitants auraient de lui. L’occasion peut-être d’inverser la tendance sur la personne à qui allait leur fidélité. Resserrant les poings sur sa table, il avait assez attendu pour rester cloitré ici à distribuer les ordres. L’essentiel des renseignements venait de tomber. Il y avait trois groupes dispersés dans le village à des endroits stratégiques. Leurs niveaux avaient été évalués et des troupes étaient déjà sur place. Mais le plus dangereux de tous semblait se trouver aux portes. Et malgré le signalement de la présence du samouraï Yadokai sur les lieux, Michiki ne pouvait permettre au guerrier en latex rouge de lui voler la vedette. Alors qu’un énième agent administratif faisait irruption dans le bureau pour se renseigner sur les démarches à suivre, il retrouva une pièce vide aux fenêtres grandes ouvertes.

Les sauts du Mizukage l’amenèrent en quelques temps aux portes du village. Il vit en contrebas le petit monde s’affairant à ce qui semblait être l’initiateur de cette attaque. Un homme qui déclara obéir au souhait de sa Majesté. Ses mots furent accueillis d’un léger nuage de poussière s’élevant du sol alors que venait d’atterrir l’Ombre de l’Eau. Mais l’individu avait déjà foncé en direction du samouraï pour lui porter un coup que Yadokai contra sans grande difficulté. La rapidité de son déplacement indiquait donc un utilisateur de Taïjutsu. Prenant les précautions nécessaires, Michiki n’attendit pas qu’il réalise sa présence pour balancer des politesses. Il userait de celles des Kirijins.

Le sol se fissura sous la formation de lianes boueuses qui vinrent attraper l’individu avant qu’il ne s’éclipse une nouvelle fois. Ceci étant fait, et contenant sa rage de voir un inconscient s’attaquer à son œuvre, il s’exprima enfin. Sa voix sonnait aussi froidement que l’acier sortant du fourreau et son ton témoignait de son implacable volonté à écraser l’opposant. Malgré le fait que l’ouverture de ses sens l’avait alerté d’un détail. Une information capitale à vrai dire.

- Il y a bien d’autres moyens de quémander audience auprès de moi « Majesté ». Ce titre salit votre nom quand on en connaît l’ancien porteur. Si vous avanciez dans la lumière…plutôt que de vous précipiter dans l’ombre de la Mort.

D'un rapide coup d'oeil, je pus vérifier qu'il n'y avait aucun civil à découvert dans les environs. Ceux-ci avaient eu la brillante idée de fuir loin, voir de se cacher. La seconde option n'était pas des plus intéressantes : Si le shinobi infiltré ne semblait pas vouloir s'en prendre aux simples habitants, rien ne garantissait que personne ne se retrouverait blessé. Lors de combats importants, les bâtiments en prenaient pour leur rhume, et rien n'était plus fréquent qu'un toit effondré ou un mur affaissé. Le matériel pouvait se remplacer; une vie humaine plus difficilement.

De ma cachette, je vis les trois gardes se jeter sans réfléchir sur l'adversaire pour se faire violemment mettre à terre, assommés. Sans toutefois les tuer, notais-je mentalement. Il n'était pas venu ici pour mettre à mort tout ceux qui se dresseraient contre lui, mais semblait chercher quelqu'un. Était-ce ce shinobi en rouge venu le confronter? Peut-être, puisqu'un petit échange de paroles creuses se solda par une menace de mort de celui qui se proclamait serviteur de « Sa Majesté». libérant son chakra, il fit une charge impressionnante vers celui qui était venu en renfort, qui contra cette attaque sans trop de difficulté. Mais soudainement, l'autre débloqua une nouvelle dose de chakra pour projeter le Kirijin vers le mur. Peut-être serait-il allé en finir avec lui, mais c'tait sans compter l'apparition de gigantesques lianes de terre qui vinrent entourer l'homme encapuchonné. Une voix grave résonna tout autour et mon sang ne fit qu'un tour.

Le mizukage en personne était venu défendre son village.

C'était peut-être là le signal qu'il me fallait pour déguerpir. Si l'homme le plus puissant de Kiri s'était lui-même déplacé pour contrer la menace, c'est que celle-ci devait être prise au sérieux. J'en avais moi-même eu la preuve visuelle, avec les trois garde par terre et l'autre shinobi qui avait été projeté vers le mur. C'était son compter cette explosion de force qui fit éclater les lianes de terre du Mizukage comme si elles n'avaient été que de la petite brindille. Ce fût assez effrayant pour que j'aie un petit mouvement de recul. Je me devais de m'enfuir, immédiatement. Si quelqu'un pouvait se libérer d'une technique aussi puissantes sans bouger le petit doigt, c'est que ma vie était en danger.

Pourtant, je n'en fis rien.

Au contraire, une profonde colère gronda à l'intérieur de moi. Ainsi, ce Majesté, ou peu importe son nom, aurait été responsable de la destruction de mon village bien aimé ? Non seulement se vantait-il de ce fait, mais en plus il envoyait ses sbires s'assurer que Kiri ne se reconstruise pas? C'était suffisant pour me redonner tout mon courage. Ma vie et mes rêves s'étaient effondrés en même temps que ces lieux. Tout ce que j'avais souhaité s'était envolé en poussière. Si j'était devenue kunoichi, ce n'était pas pour reconstruire la Brume Sanglante, c'était aussi pour la protéger. Et la protéger, c'était aussi risquer de mourir.

Je n'étais pas assez puissante toutefois pour faire face à cet adversaire de taille. À voir sa force, il ne lui suffirait d'un coup pour m'envoyer moi aussi vers d'autres cieux. Toutefois, j'avais des capacités exceptionnelles de par mon sang. Si je pouvais seulement distraire suffisamment cet ennemi pour que le Kage puisse en profiter et lui porter un coup fatal, j'aurais réussi ma nouvelle mission.

Composant les mudras associés, je fis apparaitre des plaques de glace tout autour de l'homme encapuchonné. Les pluies torrentielles et interminables de Kiri faisaient en sorte que le sol se retrouvait toujours humide, sinon couvert de larges flaques d'eau. Avec toute cette glace autour de lui, le serviteur de sa majesté risquait de glisser et de s'effondrer sur le sol s'il faisait une nouvelle charge vers le Kage.

Enfin, je me cachai à nouveau, derrière une cheminée, hors de la vue de l'envahisseur. Le tout n'avais duré que quelques secondes, et j'espérais au plus profond de moi que cet envahisseur avait été trop occupé par son attaque vers le Kage pour réaliser ma présence et la technique que j'avais utilisée.

D’un simple mouvement, celui qui avait eu le culot d’attaquer le village se retrouva libéré de son emprise. Encore heureux d’ailleurs car le Shinda aurait été déçu de voir l’affrontement s’arrêter ici. De la part de celui qui avait semé ce grabuge dans son village, il s’attendait au moins à ça. Voilà de quoi le changer de ses obligations. Un petit contretemps qui annonçait un divertissement pas piqué des hannetons.

Après quelques propos plus désireux de provoquer la colère du Fossoyeur qu’autre chose, le protagoniste se retrouva piégé dans une aire de glace. Les sens alertes du Mizukage lui signalaient un chakra non loin de la scène sûrement à l’origine de ce jutsu qui allait empêcher leur ami maître du Taïjutsu de se risquer à une charge. Une idée très bien trouvée. Le Rokudaime se félicita de la présence d’esprit de ce shinobi dont le niveau devait s’apparenter à celui d’un Genin. Une très bonne adéquation entre le terrain et les ressources de quelqu’un de ce grade. N’ayant aucun visuel avec cette personne, il ne pouvait pas l’appuyer directement. Que ce Kirijin reste à sa place pour l’instant. Car le Fossoyeur ne comptait pas laisser cet individu se prétendre assez important pour attaquer l’endroit impunément.

Une offensive également représentée par la brusque arrivée d’un projectile basique. Cependant sa vitesse anormale laissait envisager qu’il n’était pas le fruit d’un simple lancer. Par conséquent un mur de boue vint s’ériger entre le nécromancien et le kunaï projeté à grande vitesse. Heureusement que le Fossoyeur avait gardé ses sens en alerte sinon la rapidité de l’arme blanche aurait pu le prendre de cours. Une telle puissance avait été insufflé dans ce lancer que le mur, bien que solide, fut détruit à l’impact. Il semblait avoir décidé de la jouer sérieusement. Pourquoi pas après tout.

Un élément alerta également le Mizukage. Malgré l’urgence et la détresse de cette situation, certains civils étaient restés en retrait et surveillaient la scène. Ce n’était pas tous les jours qu’on pouvait assister à un combat sérieux engageant le Kage. Une occasion d’assister à une démonstration de son pouvoir. Tout comme ce dernier y vit une autre occasion. Bien plus subtile mais non moins redoutable pour la suite des évènements. Une première pierre à l’édifice le plus important qu’il s’était fixé jusque-là.

Il n’avait pas bougé et c’est bras croisés qu’il observa son interlocuteur, le regard aussi froid que les plaques ornant le sol. Son timbre de voix témoignait une nouvelle fois de sa détermination :

- Vous pourrez retourner très aimablement mes hommages mortuaires à sa « Majesté » si elle préfère ce titre-ci. Pour autant vous me voyez dans l’obligation de refuser son offre tout à fait charmante. Si, si je vous assure ! ironisa-t-il.

Il fit un pas vers sa cible, ne s’aventurant pas pour autant sur la patinoire improvisée qui les séparait. Les bras de nouveau bien positionnés de chaque côté du buste, il continua son discours :

- Il n’y aura plus de…ça sur ces terres. Le Destin a voulu mettre cet archipel au défi de se redresser. Ce que nous faisons aujourd’hui. Je n’ai pas accompli tout ça pour voir le premier clampin rappliqué de sa contrée paumée pour espérer ébranler le village qui m’a vu naître. Car il n’est peut-être pas à l’identique de celui que j’ai connu mais il reste l’emblème de ma patrie et de ma détermination. Si j’ai fait serment de protéger ce lieu d’une nouvelle attaque, alors ce sera certainement au prix de mon cadavre. Mais il ne sera que le premier caillou d’un chemin tracé pour les générations à venir qui s’érigeront face à quelconque oppresseur. C’est ainsi que Kiri a survécu malgré sa destruction. Jamais nous ne nous sommes éteints. Nous attendions simplement de renaître avec notre foyer. Son absence n’a en rien entaché notre motivation. C’est à ce prix que nous nous sommes battus et que nous avons été victorieux. Des Furyous à l’origine du désastre aux Kirijins, qui reste-t-il aujourd’hui ? demanda Michiki non sans une certaine touche d’ironie.

Il ne se fit pas attendre pour avoir une réponse. A peine ces quelques mots proférés, il enchaîna sur une chaîne de mudras qui eut pour effet de faire apparaître une meute de loups à ses côtés. Les canidés cadavériques s’élancèrent rapidement sur leur cible. Leurs pattes aux coussinets encore intactes leur permirent d’évoluer sans trop de problème, gagnant même une certaine célérité dans leur charge. Leur destination était naturellement l’homme face à eux et l’explosion résultant de l’impact n’allait pas manquer d’affaiblir l’ennemi. Même si là n’était pas la priorité absolue au vu du colis que transportaient les cadavres animaliers. Puis se préparant à une contre-attaque imminente, le Shinda préféra prendre du recul sur la scénette. Les sceaux de ses omoplates s’activèrent pour laisser place à d’immenses ailes qui le hissèrent en hauteur pour orchestrer les opérations depuis les cieux. La Taupe changeait de milieu pour l’heure même si elle gardait un contrôle certain sur son élément de prédilection en contrebas.

L’adversaire se révéla comme attendu plein de ressources ingénieuses pour s’épargner les intempéries des loups zombies. Ils furent tous avalés par la puissante mâchoire du dragon de glace qui disparut suite à cette contre-offensive spectaculaire. Quelques gouttes du liquide nauséabond furent projetées au sol mais aucune d’elles n’atteignit la cible. Une triste finalité. Il aurait été très amusant de constater les effets du poison sur cet homme.

Mais l’amusement devrait attendre alors que deux volatiles glacés foncèrent sur le nécromancien volant. Sans la moindre surprise, il leva ses deux paumes marquées toutes deux d’un sceau qu’il activa. A peine furent-ils à proximité que les hérons furent aspirés dans les sceaux qui émirent une faible lumière avant de s’éteindre. En temps normal, le Shinda ne se serait pas privé de retourner à son agresseur l’attaque qu’il avait fomentée. Une forme d’ironie qu’il se plaisait à exercer en situation. Mais il préféra là une autre approche bien différente. Les ailes cadavériques dans son dos vinrent projeter des débris composés d’où surgirent quatre silhouettes. Des cadavres aux orbites vides, marqués d’un étrange tatouage tout autour. Ils s’étaient dispersés sur la zone de manière aléatoire et étaient apparus de manière inattendue sur l’aire de combat. Ils entouraient leur cible et levèrent chacun les deux bras en direction de ses camarades les plus proches.

De là où il se tenait, le Mizukage put admirer sa technique à l’œuvre. Les quatre cadavres formaient les angles d’un carré dont l’opposant était le centre. Dans cette nouvelle aire décrite, une gangrène semblait gagner le cœur même de la Terre. Une destruction progressive de toute cellule vivante à l’intérieur. La dégénérescence des cellules en action, elle pouvait venir à bout de n’importe quoi. Il faudrait cette fois plus que quelques créations de glace pour se débarrasser de la marée noire qui se répandait au sol avec une rapidité déconcertante.

Et depuis les airs, un sourire illumina le visage du Fossoyeur.

- Au contraire, il est parfois bon de s’élever pour mieux admirer la défaite de son adversaire. Que sa dernière vision vers le ciel, tentant d’échapper misérablement à sa fin, soit obstruée par notre seule présence. Tu as foulé ce sol avec des intentions malhonnêtes. Ce sera ce même sol qui te rongera et te fera rejoindre les fantômes de cet archipel.

Le Dragon terminant son envol pour dévorer ce qu’il restait des loups cadavériques, les deux Hérons de Glace devaient apporter une conclusion à ce combat … . Leur destin fut cependant aussi virevoltant qu’éphémère, alors qu’ils furent tous deux happés dans une technique sans nom et sans visage, disparaissant dans le néant du sourire adverse. Fier de sa parade, le « Mizukage » devait être bien heureux de pouvoir contrer l’attaque ennemie tout en gardant sa position prédominante.

Était-ce si bien de se retrouver là haut ? A observer les évènements sans rien y changer ? Car l’homme se complaisait dans ses hauteurs, sans prendre en compte que si l’énergumène masqué se prenait à jouer, il pourrait se détourner d’un adversaire hautain pour tourner sa rage sur le reste du quartier ; et de là où il se trouvait, le Shinda ne pourrait probablement pas limiter les dégâts que cet Envoyé de « Sa Majesté » pouvait provoquer en quelques secondes. Inconscience ou folie du combat ? L’un va souvent avec l’autre.

Se décidant à appeler quatre alliés, le Premier Défenseur de Kiri déployait ses effectifs. Chose étrange, l’étranger ne s’était pas décidé à intervenir ! Il observait la manœuvre, étudiait la stratégie. L’encercler ? Si c’était avec de simples morts-vivants, la méthode ne serait pas suffisante pour le vaincre. Encore fallait-il voir de quoi ils étaient capables … .
Dans leur emplacement respectif, formant un losange, les quatre déchets humains activèrent une technique. Rapidement, toute chose vivante fut prise d’un tremblement violent avant de sombrer dans la mort. Végétal, animal, toute vie ; même le sol s’assombrit comme s’il perdait de sa vitalité ! C’était un maux sortant tout droit de la Boîte des dieux qui dévorait le Vivant, et escomptait bien mettre un terme à la puissance d’invasion.

Resté muet jusqu’à présent, un simple hochement de satisfaction sous ce capuchon épais … .

… Une technique redoutable … et intéressante ! Malheureusement …

L’homme tendit un bras. Un bras translucide, blanc comme la neige. Le tendant en direction de l’une des poupées de chaire et de mort, il attendit patiemment que la Mort vienne lui arracher ce membre si précieux. Un crépitement vint secouer sa peau … et pourtant, rien ne se produisit ! Aucune perte de vitalité, pas de changement de couleur, rien de tout cela !

~ Ce genre de technique ne fonctionne pas sur moi !

La voix venait de changer ! Et pour ceux qui le connaissaient, ou l’avaient déjà entendu, elle était désormais reconnaissable entre mille. Une voix aussi grave, aussi forte, répétée et entendue plusieurs lors de discours, de visites ou de déclarations officielles, ne pouvait passer aussi inaperçue.
Retirant d’un mouvement violent le capuchon qui avait dissimulé tout ce temps son identité, l’Empereur des Pays Neutres, Kakeshuou Samui, faisait son entrée sur scène, et mettait fin à cette mascarade d’attaque sur le Village Caché de la Brume. Portant d’abord un œil autour de lui, il reporta ensuite son attention sur celui qui dirigeait les lieux.

~ La plaisanterie n’a plus lieu d’être, maintenant ! Mes clones dans le centre-ville ont été neutralisés, et mes attaques ont cessé sans faire trop de dommages. Je suis globalement satisfait de ce que j’ai pu voir ! … à quelques exceptions de quelques erreurs et déceptions qu’il nous faudra revoir … .

Cette fois-ci, la remarque n’était pas faite sur le ton de l’humour. Très clairement, l’absence de hauts gradés dans l’interception d’une attaque – aussi isolée que violente – était on ne peut plus décevant ! Restait à espérer que le « Mizukage » saurait prendre les mesures adéquates pour pallier à ce genre de failles à l’avenir … .

~ Mon accompagnatrice, Orion, est non loin du Village, je la préviendrais qu’elle peut cesser avec ses marionnettes d’âmes. Quant à nous, Michiki Shinda, il est temps que nous discutions !

Deuxième étape de la Tournée Impériale : le Pays de l’Eau, avec le Village de Kiri !

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