Cette mission avait son importance. La guerre entre le pays du vent et le pays du feu ne tarderait pas à faire plus de dégât que leur pays n'avait déjà supporté, et ça, c'était intolérable. On l'avait convoqué, et cela lui plaisait de pouvoir se rendre un tantinet utile. Il pouvait parcourir de long en large le pays du vent ou du bois, peu lui importait. C'était plus fort que lui.

Ainsi, tout sourire et aux premières lueurs de l'aube, le jeune Kawaguchi enfila ses habits blancs et noua sa longue tignasse platine en chignon très serré. Il n'allait probablement pas devoir se battre, la missive indiquait qu'il fallait juste trouver et convaincre une personne. Mais, ne savait-on jamais. Et puis, il faisait toujours un peu plus sérieux ainsi.
Son bandeau, Amano l'attacha avec beaucoup de précaution. Il ne devait en aucun cas le perdre, et même si souvent, il le tournait, pour que personne ne voit l'insigne de son pays, il le chérissait tellement, pour ce que ça représentait, comme devoir et comme honneur, qu'il ne le quitterait pour rien au monde, lui qui n'avait pas de réelle attache dans un village.
Il vérifia son attirail, comptant minutieusement chaque arme, calculant ce qu'il avait de bandage propre et de même pour sa ficelle.

Comme à son habitude, il était un peu trop juste en équipement, mais bon, il se débrouillait à chaque fois et savait tirer sa force de son environnement, après tout, être né Kawaguchi dans un vaste étendu désertique ne pouvait pas être considéré autrement que comme un incommensurable avantage. Levant ses yeux bleus pâles vers la fenêtre de l'auberge, il en sortit avec une démarche assurée, prenant garde à ne pas réveiller les quelques dormeurs.

Sa peau pâle faisait souvent tourner les regards sur lui, surtout avec son accoutrement, mais il était fier, et sa démarche, sa posture, le laissait toujours comprendre. Et puis, ressembler à un fantôme pouvait lui permettre de faire de bonnes blagues. Amano tentait toujours de tout bien prendre, mais avait toujours eu du mal à laisser les autres rires lorsqu'il manquait d'équilibre sur le sol. Pourtant, il était pieds nus pour pallier son manque d'attention, mais ça ne lui servait pas souvent.

Pas à pas, il arriva à la porte de Suna, impressionnant édifice, même après ces nombreuses années à la passer, il ne se lassait pas de l'admirer.
Un sourire posé sur son visage, le genin leva les yeux au ciel. L'heure du rendez-vous approchait à grands pas. Il allait bientôt entendre les voix de ses partenaires. Il était sûr de ne connaître aucun des deux. Qu'à cela ne tienne, plus on faisait de rencontres intéressantes, plus la vie serait amusante.

Lorsqu'il se retourna pour faire face à la porte, il manqua de tomber en arrière à la vue qui s'offrait à lui. Il n'était pas physionomiste, mais là, quelque chose lui disait qu'il fallait faire attention à sa manière d'être. Cette étrange prestance, cet aura particulière qui entourait toujours les personnes de haut rang, il avait l'impression de faire face à quelqu'un comme ça. Il fit un petit signe de salutation et effaça son sourire.

Une, puis deux et enfin la dernière seconde à la fin de sa remontrance arriva. Bien évidemment qu'il connaissait le respect, mais il n'allait quand même pas lui dire qu'il ne l'avait pas reconnu, ce n'était pas digne d'un ninja, encore moins avec la renommée de son clan. Faiblement, parce qu'il avait passablement horreur des courbettes, Amano s'inclina, montrant au Kage qu'il avait comprit sa position par rapport à lui, et peut-être plus encore.
Non, le Kawaguchi n'avait pas d'obligation envers le Kazekage, mais il respectait sa puissance, ses connaissances et sa volonté de protéger le pays, du moins, espérait-il qu'il soit ainsi. Qui pouvait se vanter de connaître les réels desseins d'un homme après tout ?

Le troisième homme arriva. Il semblait banal, comme lui pouvait l'être au bout du compte. Lui aussi eu droit à une petite remarque de la part du Kage du vent.
Serrant son poing au dernier lieu connu de leur cible, un sifflement passa les lèvres du genin aux cheveux d'argent. Le Mont Kaze n'était pas la porte à côté du village caché du sable. Cela va sans dire que le voyage ne sera pas un simple aller-retour de plaisance et qu'ils ne termineraient pas cette mission en une journée, bien au contraire.

Ce qui troubla un peu Amano fut de ne pas entendre son camarade simple ninja. Il n'avait rien répondu, pas même souffler un bonjour. Il y avait certes bien plus important que ce petit détail, mais s'il voulait pouvoir être efficace, quelque soit la situation, Amano avait ce besoin de faire le point sur les voix de ses partenaires.
Il faillit prendre la parole, mais sous le regard intense de leur aîné, le platine préféra taire ses questions pour l'heure. Puis, comme pour appuyer les mots de Yamuro, il se retourna, attendit qu'ils soient à peu près à la même hauteur et emboîta le pas.

Toujours pieds nus, le genin réfléchit. Appréhender un type qu'on ne connaissait pas n'était pas la partie la plus difficile. Le convaincre de venir avec eux le serait un peu plus.

Bien, quel était le terme exact pour s'adresser au Kazekage déjà ? Les yeux bleus pâles semblaient lointains, si bien que plusieurs fois dans leur avancé, il tressaillit, manqua de tomber pendant une fraction de seconde mais suffisamment visible pour un œil avertit. Amano avait retrouvé.

- Maître Kazekage, savons-nous quoi que ce soit d'autre sur notre homme qui pourrait nous être utile pour éviter les sujets fâcheux si nous voulons le récupérer ?

Il avait mis quelques bonnes minutes intérieurement pour construire sa phrase et ne pas faire un impair dans sa formulation. Ce n'était pas le genre d'homme à aimer parler aux autres de cette manière, mais il y avait des usages qu'il était bon de se rappeler.

Tout en restant attentif a leur environnement, Amano se détendit un peu, venant même jusqu'à sourire, le regard posé de temps à autre sur ce ninja dont il ne savait rien et dont il n'avait pas retenu le prénom. Peu après les explications, ou non, du Kazekage, le Kawaguchi adressa quelques mots à Yamashita.

- Moi c'est Amano et quoi qu'il arrive, compte sur moi.

Ce n'était pas pour faire le fier ou se pâmer devant Yamuro, mais juste pour lui dire qu'il l'aiderait et laisser sous-entendre au Kage qu'il ne resterait pas les bras croisés, même si un combat devait venir. Affichant un immense sourire jusqu'aux oreilles, le platine tendit l'oreille. Il aimerait que tout se passe sans encombre. Ils étaient chez eux, dans leur pays, pensait-il sans connaître l'histoire de Yamashita, alors à moins de rencontrer des intrus ou la personne qu'ils cherchaient, tout devrait aller comme sur des roulettes.

Inconsciemment, Amano comptait son nombre d'armes, estimait ce qu'il lui restait de bande et de câble. Il pouvait soigner une grosse blessure, pas plus. Pour l'eau et les vivres, il avait de quoi voir venir.
Le Soleil taperait sans doute dur ce jour et le sable leur rappellerait où ils se trouvaient. Il aimait tellement cette sensation de suffocation, la morsure du sable chaud sur sa peau qui ne lui laissait pas de séquelle pour autant.

Il serra le poing, ayant hâte de voir cet homme que désirait recruter leur pays pour mener la guerre à bien.

Silencieusement, c'est ainsi que le petit groupe de trois que constituait Yamuro, Yamashita et Amano avançait dans le désert chaud des terres du vent. Les yeux du Kawaguchi allaient de l'un à l'autre régulièrement, bien qu'il prêtait une grande attention à leur objectif, il ne pouvait s'empêcher de penser à eux, et tenter de percer leur intention.
Certes, Amano était loin, très loin même, d'être le meilleur observateur, mais il n'était pas plus stupide qu'un chacun. Plus le temps passait, plus le platine se demandait si leur cible n'avait pas déjà changé de place. Qui pourrait être assez idiot pour se terrer au même endroit longtemps ? Savait-il qu'il était chassé au moins ?

Ses questions qui demeuraient muettes tendirent les traits de visages du shinobi avant qu'il n'adresse quelques mots de soutiens à Yamashita, sûr que le Kazekage n'aurait nul besoin de protection, au contraire, ils pourraient bien le gêner.
La réponse qu'il reçu fut cinglante. Il s'attendait à tout sauf ça. Ainsi donc, son camarade ne se considérait pas comme membre du pays du vent.

- Alors je te prouverais le contraire.

Ajouta Amano avec assurance et douceur pour clore le sujet.
Puis leur route avait prit fin presque aussitôt, laissant la fraîcheur de la nuit tomber lentement sur le désert. C'est à ce moment que le Kawaguchi prit sa gourde et en bu une bonne gorgée avant de la rattacher avec soin à sa ceinture.
Un pas ou deux derrière le Kage, il sentit tout de même l'odeur désagréable de cette cigarette couchée dans le sable non loin d'eux. Sans s'en approcher, il fit rapidement quelques déductions internes mais opta pour la moins tangible. Sans doute leur cible se savait-elle poursuivit et avait décider de prendre la fuite ou leur tendre un piège.
Secouant brièvement son visage, Amano se tourna vers le Kazekage, comme attendant de voir ce qu'il pensait de la situation. Pourtant, malgré les apparences, le shinobi attendait surtout une réaction de son partenaire. Si le Kage était leur chef, Yamashita était bien son partenaire, son égal d'une certaine manière et c'est lui qui l'intéressait le plus.

Amano ne respectait le Kazekage que pour son statu, il ne le connaissait pas, et ne voulait reconnaître que le Daimyô. C'est donc l'esprit un peu absent que le Kawaguchi attendait la suite des opérations. Tout ce qu'il voulait : éviter un combat inutile.

Ses yeux dévièrent rapidement du Kazekage, comme s'il n'attendait plus réellement sa décision et cherchait à voir si ses pensées étaient ou non fondées. Amano ferma les yeux et se concentra autant qu'il le pouvait, mais rapidement, la voix du chef retentit et sortit le Kawaguchi de ses songes. Son regard se porta vers le sommet du Mont Kaze. L'ascension ne serait pas la partie la plus évident, et s'ils devaient se battre, ça serait encore plus délicat.
Son poing serré, le platine attendit les premiers pas de leur supérieur hiérarchique avant de pouvoir bouger à son tour. Pourquoi, il n'en était pas sûr lui même.

Un vent frais s'engouffra dans ses vêtements et un frisson le saisit. Chaleur et fraîcheur, tels étaient les atouts du désert du pays du vent. Un climat au combien difficile à apprivoiser pour qui n'est pas né ici.
La main du genin se posa instinctivement sur le bandeau du pays attaché solidement à sa ceinture avant qu'il ne sente la chaleur de celle du Kage sur son épaule une brève seconde.

Etonné, Amano l'observa s'avancer avant d'avoir un franc sourire accroché à son visage. Etait-ce une marque de confiance, un sceau quelconque ou une manière de leur dire qu'il ne les laisserait pas mourir ? Toujours est-il que cette simple action redonna l'envie au manieur de sable d'avancer, ce qu'il s'empressa de faire.

Comme s'il voulait, non seulement faire honneur à son clan, mais surtout, faire honneur à Kira, son maître, le platine tendait l'oreille. Rien ne lui paraissait suspect et pourtant quelque chose le tracassait. Tout ce calme, justement, n'était pas vraiment bon signe.
Pour marquer son appréhension, un voile de sable gris commença à se lever autour d'eux. Sur ses gardes, Amano se rapprocha de Yamashita pour défendre ce dernier si besoin s'en faisait sentir, mais sans non plus venir le coller, pour le laisser libre de tout mouvement. Il lui avait dit qu'il pouvait compter sur lui, qu'il ne l'abandonnerait pas, et il le ferait.
Jetant un coup d'oeil vers leur Kage pour s'assurer de sa position, et puisqu'à mesure où les secondes s'égrainaient la poudre grisonnante obstruait leur vue, il oublia de chercher à voir et écouta tout en exécutant les mudras pour son armure de sable, posa sa main gauche sur la sacoche dans son dos, prêt à sortir une arme mais ne tenta rien.

Le jeune Kawaguchi tenait plus que tout à réussir la mission et il ne devait ni en venir aux mains pour leur première rencontre, ni risquer de perdre l'un des membres de leur équipe et encore moins de blesser trop gravement l'individu qu'ils étaient venus appréhender.

Mais, il était prêt à sauter, à user de ses capacités pour sortir de ce nuage à tout moment, attendant seulement le dernier instant. Il aimait jouer avec la corde raide.

Observant le nuage augmenter en densité et probablement en largeur, Amano ne pouvait pas savoir ce qu'il se passait à côté, cette poussière provoquait presque comme un crépitement dans ses oreilles, pas une alarme comme quoi elle pouvait à tout moment exploser, mais comme les grains de sables qui se frottent entre eux. Laissant son attention sur son coéquipier puis sur son supérieur, et lorsqu'ils se mirent en position pour couvrir la zone, de leurs yeux, bien que le nuage ne le permettait pour ainsi dire pas, et de leurs autres sens, les paroles du Kazekage firent sourire le Kawaguchi.
Laissant un bref sourire apparaître sur son visage, le platine inspira calmement. Il ne se passait pas grand chose, et le fait de n'entendre rien d'autre que ce bruit parasite dont il connaissait parfaitement la sonorité maintenant ne l'enchantait guère.

De nouveau, le Kage parla. Lui ne pouvait rien faire, enfin, ce n'était pas avec des poings qu'il pourrait être capable de souffler un tel nuage. Il fallait mieux avancer prudemment.

- Pas dans mon éventail de technique... mais je suggère de ne pas rester là. Que se soit une attaque préparer ou une tentative de gagner du temps, si on ne quitte pas ce nuage, on ne le saura jamais. Je peux passer en premier... j'ai de la défense à revendre.

Son ton était plutôt calme, alors il se retourna vers ses deux camarades, et bien que sa raison lui aurait suggérer de prendre leur bras d'une main pour ne pas les perdre, il en resta là puis en se remémorant la route et les tours qu'il avait fait, se positionna face vers la suite l'ascension du Mont Kaze. Un pas après l'autre, s'assurant d'entendre ceux de ses compagnons d'aventure juste derrière lui, c'est prudent qu'il s'aventurait vers la sortie de ce nuage de cendre.
Ses yeux clos, pas un seul instant il ne le laissa voir, ne trébuchant sur aucun caillou sur son passage. Lorsque le crépitement à ses oreilles s'amenuisa, il tendit ses bras de part et d'autre avant de sortir le premier, ouvrant tout aussi vite ses yeux. Rien ne se profilait à l'horizon, pas même les prémices d'une attaque. Restant sur le qui-vive, Amano était paré à effectuer quelques mudras rapide pour faire apparaître son bouclier si besoin est.

- Il a filé !

Lança-t-il pour inviter les deux hommes à sortir à leur tour.

Il eu droit à une jolie remontrance de la part du Kazekage lorsqu'il le rejoignit. Certes, c'était un pari risqué, mais qu'il avait horreur de rester les bras croiser quand il pouvait faire quelque chose. On ne souhaite pas être ninja et vouloir défendre son clan en se cachant derrière plus fort que soi, bien au contraire. On lui avait apprit à aller au delà de ses limites, et il lui prouverait s'il le fallait, qu'il ne l'avait pas choisit pour rien.

- Loin de moi l'idée de vous porter préjudice et de mettre en doute vos ordres, mais je vois les choses juste différemment.

Sur ses paroles, le Kawaguchi inclina brièvement son visage et observa la suite de la route qu'ils devaient emprunter pour continuer de poursuivre leur homme. Laissant un regard sur ses compagnons, il attendit que leur aîné et supérieur fasse les nouveaux premiers pas pour se joindre à lui. Observant son armure du coin de l'oeil, elle n'avait rien, pas même une brèche et c'était un confort non négligeable pour lui.
Scrutant l'horizon, gardant un œil derrières aux, Amano devenait prudent, cherchant le moindre mouvement ou bruit suspect qui pourrait le mettre en alerte et indiquer la position de leur fuyard. Rien, il n'y avait tout bonnement rien et leur homme semblait avoir prit pas mal d'avance sur leur petit groupe. Néanmoins, c'était loin de le décourager. Quant on est chasseur, il faut savoir prendre son mal en patience et avancer silencieusement, jusqu'à fatiguer la cible pour enfin pouvoir lui tomber dessus. C'était un peu ce qu'ils faisaient pour l'heure.
La traque ne dura cependant pas bien longtemps. Lorsqu'ils furent au sommet du Mont Kaze, une silhouette se dessina devant eux en les regardant une cigarette aux coins des lèvres.

Un sourire distrait orna le visage du Kawaguchi qui vint se mettre à la gauche de leur Kazekage, prenant le temps d'observer la dégaine de l'homme devant eux qui, au delà de son essoufflement, paraissait agacé.
Serrant son poing, Amano allait pour lui poser une question, puis se ravisa. Comment pouvait-il lui demander de rejoindre leur rang, que pouvait-il lui donner en échange ? Qu'y gagnerait cet homme à se battre pour un pays dont il ne dépend pas réellement ?
Pensant à son maître, le platine sourit puis hocha la tête légèrement sans bouger de sa position.

- Vous n'êtes pas sans savoir les danger qui nous entourent depuis peu.

Amano sous-entendait bien évidemment la guerre contre Konoha à laquelle il savait qu'il prendrait part en levant haut et fort ses armes et la valeur de son clan.

- N'est-il pas temps de lever les armes contre nos réels ennemis ?

Il ne voulait pas l'attacher d'une manière ou d'une autre à Kaze ou Suna, il voulait lui faire comprendre ou croire qu'il serait libre et qu'il n'en ressortirait que gagnant à venir leur prêter main forte. Mais prendrait-il le risque de sa vie pour une cause qui ne le regarde pour ainsi dire pas ?
Amano s'arrêta là, il devait laisser le temps à cet homme de réfléchir à ses paroles et à celles que prononcerait sans doute Yamuro. Il n'était pas le mieux placer pour lui faire la morale, lui qui avait vue sa famille se faire décimer pour protéger leurs jeunes générations et qui avait été incapable d'être d'une quelconque aide ce jour là.
Maintenant il avait les armes, il avait le corps et l'esprit rompu pour cet avenir sombre qu'il ne voulait pas faire connaître aux jeunes enfants de Suna et plus encore, aux jeunes Kawaguchi. Laissant un sourire posté sur son visage, il patienta les secondes nécessaires à la suite de cette aventure, savoir si Deku comprendrait ou non le sens de ses paroles.

Le Kazekage avait parlé et surtout, il ne lui avait pas fait le moindre reproche, signe sans doute qu'il approuvait les premiers mots prononcés par le fils du désert. Pourtant, ce qu'il avait annoncé avait laissé un frisson parcourir le dos du genin. Il avait provoqué cette situation, alors tout été réellement fondé ? S'ils en étaient arrivés là c'était bel et bien par son fait.
Son poing se serra malgré lui et ses yeux touchèrent le sol. Il n'avait rien a ajouter, rien à redire, mais il lui en voulait amèrement. Lui était shinobi, lui avait choisit sa destinée auprès de ses parents, mais beaucoup subissaient toute cette tension, et beaucoup aimerait la tranquillité d'une paix, même éphémère.
Inspirant lentement Amano releva ses yeux sur l'homme en face d'eux et son attitude. Rien ne semblait le troubler, encore moins la déclaration du chef de Suna. Ce dernier d'ailleurs lui affirma qu'il cèderait à la moindre de ses demandes pour pouvoir avoir la chance de le compter dans ses rangs. Et s'il voulait sa tête, la lui donnerait-il ?

Alors qu'il voulu protester, que sa main commença à se lever, Deku fit sa proposition, à prendre ou à laisser. Il demander une équipe sous ses ordres, ce n'était pas rien, confier des gens à une personne que l'on connaissait à peine.
Néanmoins, Amano n'était pas celui qui pourrait lui dire oui ou non, il posa son regard sur l'horizon offert par la hauteur de leur position puis se pencha vers Yamuro en lui laissant entendre à voix basse :

- Confier des hommes à un homme comme lui n'est peut-être pas la meilleure des choses à faire, ou alors, pas des novices...

Il n'osait pas s'avancer et essuyer un refus par sa faute. Il n'était pas un haut représentant, il n'était qu'un débutant et la hiérarchie ne l'intéressait pas, du moins, pour le moment. Amano était un homme simple qui voulait juste progresser pour protéger les siens, mais un grand pouvoir implique de grandes responsabilités et il le comprendra à ses dépends.

Plantant ses yeux pâles sur leur interlocuteur, le blond souriait distraitement, comme s'il était absent. Après tout lui s'en fichait bien de cet homme, s'il venait tant mieux, s'il ne venait pas il redoublerait d'effort pour compenser son absence et promettait d'être un rempart efficace contre une attaque quelconque.

Il ne lui refusa rien mais posa tout de même quelques limites. Dans le fond de son esprit, il y vit comme un certain réconfort, comme s'il l'avait entendu le supplier de ne pas faire d'erreur. Après tout, s'il s'agissait d'un traître ? D'un espion ou quoi que se soit d'autre ? Si depuis le début il ne faisait que jouer avec eux ?

Alors que le chemin du retour était annoncé, il observa une dernière fois Deku. Il n'y avait rien à faire, cet homme ne lui inspirait rien, pas parce qu'il avait pris la fuite et avait tenté de leur faire peur avec son nuage de fumé, mais son regard avait quelque chose qui lui donnait l'envie d'être méfiant vis-à-vis de lui. Pour autant, Amano marcha d'un bon pas en suivant l'ombre du Kazekage. Il suivait toujours une ombre, celle de Kira, celle du Kage, peut-être une autre plus tard. Celle qu'il n'avait jamais réussis à approcher pour le moment ne se manifestait que dans ses rêves et lui laissait la désagréable impression d'être insignifiant dans ce monde et que personne ne le regretterait.

Mais Yamuro s'avança vers lui quand ils furent les pieds dans le désert. Il s'inquiétait pour lui ? Ou jouait-il simplement son rôle de Kage ? Qu'est-ce qu'il en avait à faire maintenant qu'il savait que c'était par son fait que des innocents risquaient de perdre tout ce à quoi ils tenaient ?
Ses poings se fermèrent mais ses bras restèrent le long de son corps.

- Je vais être franc avec vous Kazekage.

Fit-il en inclinant tout de même brièvement son visage.

- J'avais entendu les « on-dit » quand à la véritable raison de cette guerre couvée. Mais je ne voulais pas y croire, pas croire que l'homme qui doit protéger son peuple le mette en danger. Nous ninjas avons choisi notre voie, nous savons que chaque jour notre devoir nous pousse à mettre notre vie en jeu, peu importe le résultat. Mais eux... tous ces gens... ils n'ont rien demandés et doivent vivre en paix. Quelques soient les querelles des uns ou des autres, ils n'ont rien à voir dans tout ça et...

Son regard toucha le sol, il avait parlé normalement, sans montrer de colère à l'égard de son Kage. Après tout, il avait peut-être ses raisons, mais le fait est qu'il a mis son pays en danger. Il l'a dit lui même, il a provoqué la colère de Konoha.

- Je vous en veux, pour tous ces innocents... Je vous respecterais toujours, mais je vous en voudrais aussi s'il y a des victimes hors des rangs shinobis.

Doucement le blond desserra ses poings et souffla lentement pour reprendre un semblant de consistance. Il détestait ce genre de situation, où on lui demandait de s'expliquer, de dire ce qui n'allait pas. Mais son devoir d'honnêteté l'obligeait à répondre.

Il n'attendait plus que ses arguments et son avis pourra réellement se faire. Etait-il celui qu'il espérait qu'il soit ou alors comme beaucoup, un fou qui ne désirait que la puissance et se fichait éperdument des pertes civiles. Des la première réplique, le ton fut donné et le cœur du genin s'allégea d'un poids. Yamuro était un homme de bien, il voulait y croire, comme il voulait croire qu'il y avait du bon dans Kira.
Le regard puis l'intonation du Kazekage ne laissèrent aucun doute planer. Il était franc à son tour avec lui et lui donner la solution qu'il voulait adopter. Eviter les pertes, civiles ou ninjas. Mais bon sang, les ninjas étaient ses soldats, les hommes et femmes qui s'étaient engagés dans cette voie savaient pertinemment que leur vie était à la disposition du Kage de leur pays ! Alors pourquoi vouloir éviter même leur mort ?

Tu es une arme inutile.
Sans détourner son regard de son chef, Amano écoutait encore ses mots jusqu'à qu'il n'y ai plus rien à dire. Il lui faisait une demande, une de celle qu'il n'accordait qu'une seule fois.
C'est en fermant les yeux une seconde sous les derniers mots que le blond esquissa un petit sourire et posa sa main, poing fermé, contre son cœur.

- Je vous fais confiance maître Kazekage. Je veux croire vos paroles plus sincères que les rumeurs qui courent. J'attendrais de voir pour juger, de voir si j'ai eu raison de vous faire confiance jusqu'au bout.

Un chef, ce n'était qu'un chef et pourtant, aux yeux du Kawaguchi, il avait un certain crédit. Non pas parce qu'il était le chef de Suna, mais bien parce qu'il avait joué franc jeu et n'avait tenté de duper personne. Cet homme, quoi qu'il fasse par la suite, il ne l'oublierait jamais.

Le pouvoir, la justice et les convictions. Qui avait la juste vision sur ces choses si importantes aux yeux d'un homme ?
Sur cet échange, Amano observa le sable devant eux, ils n'étaient plus très loin de Suna. Tout ce qu'espérait le fils du désert maintenant était que cet homme, Doku, ne fasse pas de vague et contente le Kazekage.
Ce fut sur un geste amical après le rapport écrit que les hommes se séparèrent, Amano avec la volonté de voir la paix arriver plutôt que la guerre.

Dans cette aventure, il n'avait pas eu l'impression d'avoir été utile à quoi que se soit, sauf peut-être faire office de dissuasion auprès de ceux qui auraient voulu attenter à la vie du Kazekage. Sinon, ce dernier aurait très bien pu tout seul se permettre de recruter ce ninja errant. Sa puissance était suffisante et dépassait de très loin la sienne.
Ruminant dans son coin sur sa faiblesse, il releva le poing vers la lune et sourit, se promettant de ne jamais abandonner et d'aller toujours de l'avant, plus fort, plus apte à défendre les siens d'une manière ou d'une autre.