Ordre de mission:

Dès que je me levai ce matin-là, je sus aussitôt que quelque chose avait changé. Je ne pouvais pas encore dire quoi, mais je sentais qu’il y avait un truc de différent dans l’appartement. Encore un peu endormi, je me mis à parcourir mon appartement de fond en comble, à la recherche de ce qui pouvait bien créer cette atmosphère si différente dans la maison. Tout y passa : le salon, la cuisine, la chambre, même la salle de bain. Et pourtant, aussi minutieusement que je cherchais, je n’arrivais toujours pas à mettre le doigt dessus. Depuis le temps que j’étais là-dessus, et le vacarme que je faisais, Aka s’était levé à son tour et me regardait d’un drôle d’œil. C’était presque comme s’il… s’il me dévisageait! Je m’arrêtai en plein milieu de ce que j’étais en train de faire et me tournai vers mon ninken.

- Qu’est-ce qu’il y a? Pourquoi tu me regarde comme ça?

Le ton n’était pas défiant, mais je sentais qu’il savait quelque chose que je ne savais pas. C’était dans la lueur dans le fond de ses yeux, si on passait le fait qu’il me dévisageait. On aurait dit qu’il connaissait la réponse, soit l’origine de ce changement, mais qu’il ne voulait pas me le dire. Le vaurien! C’est alors que je compris et commençai à me passer les mains sur le corps, à la recherche d’un objet ou de quelque chose. C’était cela qu’Aka avait voulu me dire; le changement n’était pas dans l’appartement, mais bien sur moi! Ou plus spécifiquement, en moi, puisque à peine l’avais-je réalisé que je sus ce qui avait changé. J’ignorais comment ni pourquoi, mais il n’y avait qu’une chose qui pouvait provoquer ce genre de changement. Me précipitant dans la salle de bain, je claquai la porte derrière moi et la verrouillai. Cela avait mon secret pendant plusieurs années, pas même Akamori ne l’avait su – enfin je crois – et ce n’était pas maintenant que j’allais me trahir. Baissant mon pantalon, je me dépêchai d’enlever le bandage que j’avais sur la cuisse, jusqu’à ce qu’on voit la peau. Ce que je vis alors m’emplis de joie : la marque qui autrefois irradiait d’une lueur noire était maintenant qu’une simple cicatrice, fine mais tout de même apparente. Je replaçai donc mon bandage, puis sorti de la salle de bain, un large sourire au visage.

Pratiquement au même instant, on cogna à ma porte. Me dépêchant d’aller ouvrir, je fus particulièrement emballé lorsqu’on me convoqua à une mission. Pas que j’aimais particulièrement les missions, mais la nouvelle que j’avais eu rendrait probablement tout plus agréable pour les prochains jours, ou au moins la journée. Je me préparai rapidement puis pris la direction du palais où les briefings de missions de faisaient. Saluant joyeusement tous ceux que je rencontrais, quitte à recevoir quelques regards étranges, ce ne fut qu’une fois à l’intérieur que je repris mon sérieux. J’allais vers la salle qu’on m’indiqua et patientai quelques minutes pour mon coéquipier. Ce dernier arriva à peine quelques minutes après moi, mais quand je me retournai pour voir de qui il s’agissait je ne le reconnus pas. Pourtant, nous n’avions pas l’air d’avoir une grande différence d’âge. Enfin bref, ces questions viendraient plus tard, pour l’instant je me concentrai sur la mission. Près de Yu no Kuni, une de nos pays limitrophes au Nord, certains villages semblaient faire l’objet de raids où leur grenier ressortait incendié. Ça serait notre boulot de découvrir qui était l’origine de ces attaques et de les ramener à la justice. N’ayant aucune question supplémentaire, on nous donna congé afin de faire les préparatifs nécessaires.

- Inuzuka Takeo, Jônin de la Feuille, et voici mon compagnon Akamori, dis-je en tendant ma main. Une poignée de main plus tard, les présentations étaient faites et je poursuivis. Je suggère que nous partions de la Porte Nord, on se retrouva là-bas dans une quinzaine de minutes, c’est bon?

J’ignorais s’il avait l’habitude de faire des missions, mais pour ma part j’y étais plutôt habitué alors je savais que cela ne me prendrait pas autant de temps préparer mes choses. Sauf que je ne voulais pas non plus le presser, c’était un plan pour qu’il oublie quelque et je ne voulais surtout pas être la cause de son oubli. Enfin bref, le moment du rendez-vous entendu, nous partîmes chacun de notre bord pour faire nos bagages. Comme je l’avais pensé, cela me pris un peu plus de cinq minutes afin de rassembler toutes mes choses : kunai, shurikens, rations et même une corde depuis l’examen jônin l’automne passé; j’avais réalisé que cela pouvait toujours être pratique. J’allai ensuite en direction de la Porte Nord, où j’attendis mon compagnon. Lorsqu’il arriverait, nous nous mettrions aussitôt en chemin.

Ainsi, le jeune shinobi avec qui je ferais ma mission s’appelait Shinichi, du clan Hayate. Je n’avais jamais entendu parler de cette famille, mais après il y avait beaucoup de choses que je ne connaissais pas encore à propos de ma ville, même après cinq ans. Il préférait cependant qu’on l’appelle tout simplement Shine. Tant mieux, c’était plus court et, pour être honnête, je m’imaginais très bien m’enfourcher dans ma langue à chaque fois que je dirais son nom; nous allions donc aller pour Shine. Je lui proposai de se rejoindre aux portes dans une quinzaine de minutes, question de rassembler tout ce qui nous serait nécessaire, ce à quoi il acquiesça. Une dizaine de minutes plus tard et j’étais aux portes, Akamori couché à mes pieds, pour attendre mon coéquipier.

Ce dernier ne mit pas long à arriver – à peine quelques minutes après moi – et se dirigea aussitôt vers nous lorsqu’il nous repéra à travers la foule qui s’amassait aux portes. Civils, marchands, même gardes des Remparts, j’aurais très bien pu passer pour l’un d’eux sauf que je n’étais pas de service aujourd’hui. Enfin, pas pour ça puisque j’avais une mission à accomplir. S’arrêtant à côté de moi, ce dernier me demanda si on y allait ou si on attendait quelqu’un d’autre. Pourquoi attendrions-nous quelqu’un d’autre? Si jamais nous avions eu un accompagnateur, ou un collègue, nous aurions été mis au courant au briefing. Je réalisai alors que le jeune homme à côté de moi n’avait pas la même expérience que moi; je profitai donc de ce petit instant pour lui apprendre.

- Non, ça ne sera que nous deux… euh nous trois, désolé. Si jamais il avait été question de rejoindre quelqu’un, on aurait été mis au courant lors de notre briefing. C’est un moment crucial où il est important de soutirer le plus d’informations possibles; n’hésites pas à poser des questions avant de quitter, mieux vaut avoir plus d’informations que nécessaire que pas assez. Je m’arrêtai, réalisant que je n’arrêtais pas de parler depuis tantôt. Enfin, sur ce, allons-y. Et dépêchons-nous, je veux éclaircir cette histoire au plus vite.

Après cela, nous traversâmes les immenses portes du village et entamâmes notre voyage. Alors que nous prenions directement la direction du Nord-Ouest, là où se trouvait Yu no Kuni, nous commençâmes à discuter de tout et de rien. À travers notre discussion et quelques questions qui pouvaient paraître anodines, j'essayai d'en apprendre un peu plus sur lui. Qui il était, comment il agissait, se comportait avec les autres et en face du danger, quel genre de combattant était-il, etc. Si j'étais pour faire une mission avec lui, je voulais au moins le connaître un peu. Qui sait si le genre d'informations qu'on échangeait en ce moment serait ce qui nous sauverait la mise plus tard? En même temps, j'étais aussi curieux d'en apprendre plus sur Shinichi, j'étais après tout quelqu'un de très sociable et qui adorait faire de nouvelles amitiés.

Lors du briefing, on nous avait fourni une carte avec un point pour chaque village qui avait été frappé par les incendies, je l’étudierais plus en détail un peu plus tard. L’occasion ne se présenta que le soir, quand nous nous arrêtâmes dans une auberge pour la nuit. Personnellement, je n’avais rien contre dormir à la belle étoile, j’y étais plus qu’habitué, mais je voulais être dans la meilleure condition possible pour demain, lorsque nous arriverions aux villages, et cela voulait dire d’avoir le meilleur sommeil possible. Je ne sais pas pour vous, mais j’avais préféré mettre mes chances dans l’auberge que dans une branche d’arbre ou le sol d’une grotte. Qui plus est, je n’étais pas sûr que mon compagnon de mission ne soit aussi à l’aise que moi avec le grand extérieur, je ne voulais pas prendre de chances. Après un bon repas, gracieuseté de l’aubergiste, je sortis la carte de mon paquetage et l’étendit devant moi. Tour à tour, j’observais les petites croix faites sur la carte, indiquant les différents villages touchés. C’est alors que cela me sauta au visage.

- Shine-kun, viens voir ça, dis-je à mon collègue, sans detacher mes yeux de la carte. Je continuai lorsque je sentis sa présence à mes côtés. Nous avons là tous les villages qui ont été frappés par les mystérieux incendies que nous allons enquêter. Du doigt, je pointai un après l’autre tous les villages marqués d’une croix puis ralenti mon mouvement pour aller déposer mon doigt sur le seul village sur la carte qui n’était pas marqué d’une croix. Sauf lui. De tous les villages dans les environs, c’est le seul qui n’ait pas encore été victime des flammes. Est-ce la prochaine victime? Ou encore est-ce de là que tout commence? Je l’ignore, mais une chose que je sais c’est que ça sera sans l’ombre d’un doute notre destination de demain. Bon, cette journée de voyage m’a vraiment éreinté, je m’en vais dans ma chambre. Cela faisait longtemps que j'avais fait autant de distance en une journée. Allez, à demain, Shine-kun.

Je roulai la carte pour la remettre de nouveau dans mon petit sac puis me levai pour prendre la direction de l’étage supérieur, là où se trouvaient les chambres. J’entrai dans celle que l’aubergiste m’avait donnée puis me glissai dans mon lit. Ce que j’avais dit à Shine-kun n’était pas faux, cela faisait longtemps que j’avais eu à faire autant de chemin en une journée. Merde, cela faisait longtemps que j’avais fait une mission point. Je m’endormis rapidement et me réveillai tôt le lendemain, énergisé. En attendant Shine-kun, je descendis et pris mon déjeuner. Ce dernier descendit peu après moi et nous fûmes de nouveau en route rapidement, en direction du fameux village intact.

Je me levai tôt quand le matin arriva, descendant dans un hall pratiquement vide. Moi-même j’étais surpris par mon réveil, alors que le soleil venait tout juste de se pointer. J’étais plus du genre à faire la grasse matinée, à prendre son temps dans son lit et de ne pas se presser. Cependant, pour une raison que je ne pouvais m’expliquer, je ne me sentais pas comme cela aujourd’hui. Avais-je peur qu’une attaque avait eu lieu sur le dernier village pendant la nuit et que nous arriverions à un village en cendres? Comme je l’ai dit, je ne pouvais me l’expliquer peu importe le nombre d’hypothèses et de suppositions que je faisais. Je préférai donc reléguer ces pensées pour le chemin qui restait à faire et me concentrer sur ce qui allait venir sous peu : le déjeuner. Vu l’heure matinale à laquelle je m’étais levé, j’eu droit à un repas des plus copieux. Des œufs, de la viande et même des petites patates rôties. Comme quoi l’avenir appartenait à ceux qui se levaient tôt.

Je terminai mon assiette lorsque des pas dans l’escalier me firent tourner la tête et je reconnu mon compagnon, Shinichi-kun. Je le saluai de la main alors qu’il venait s’asseoir à côté de moi et prenait un repas un peu plus léger. Nous discutâmes de tout et de rien pendant le repas, ne nous pressant pas. Après tout, si nous ne nous préparions pas comme il le fallait nous pouvions compromettre la mission et être bien préparé passait aussi par avoir l’estomac bien rempli. Enfin, c’était ce que je pensais et comme j’avais un peu pris les commandes de cette mission, je pouvais bien me permettre de faire ça. De toute façon, Shine-kun ne refuserait sûrement pas un peu plus de temps pour manger. Quand nous eûmes tous deux terminés nos assiettes, nous allâmes chercher rapidement nos effets et, après avoir payé l’aubergiste une dernière fois pour le repas du matin, nous nous dirigeâmes vers le village que nous avions décidé d’aller voir la veille, le seul mystérieusement épargné par les flammes.

Comme je me l’étais promis, à peine quelques kilomètre d’effectuer mes pensées sombres revinrent m’assaillir. Que ferais-je si nous arrivions trop tard? Aurions-nous dû continuer notre route même dans le noir, quitte à arriver plus tôt au village? Non, je devais arrêter de penser ainsi. Premièrement, si un feu s’était déclenché dans les alentours, soit nous en aurions entendu soit nous le verrions d’ici. Et il n’y avait aucun nuage noir dans le ciel bleu du matin. Deuxièmement, se reposer à l’auberge avait été la meilleure solution, nous avions eu une bonne nuit de sommeil, de bons repas et j’avais eu l’occasion de jeter un œil à la carte. C’était comme ça que nous avions trouvé notre destination. Si nous n’avions pas arrêté, je n’aurais même pas remarqué qu’un seul village semblait immunisé au feu.

Nous arrivâmes au fameux village dans les environs de midi, je voyais le soleil plombait directement au-dessus de nos têtes. Dès les premiers pas dans le village, je sus immédiatement que l’on pouvait écarter l’hypothèse du village complice qui m’avait frôlé l’esprit à l’auberge hier. En effet, ne n’avions pas fait trois pas que je sentis aussitôt les regards de tous les villageois se braquer sur nous, la méfiance palpable autour de nous et laissant une odeur âcre dans mes narines. Ces villageois avaient les nerfs à fleur de peau, pas de doute là-dessus. Préférant ne pas les affronter ouvertement en plein milieu de leur village j’intimai à mon collègue de rester calme et de continuer à marcher.

- Surtout, ne les regarde pas dans les yeux. Déjà qu’ils se méfient de nous, il ne suffirait que d’un contact visuel pour qu’ils considèrent cela comme une provocation. S’il y en a des plus audacieux qui veulent nous barrer la route, Aka s’occupera d’eux. Pour l’instant, allons voir le chef du village, j’ai comme l’impression que c’est la seule personne qui pourra nous aider.

J’avais chuchoté le tout à l’intention de l’Hayate afin que seul lui puisse m’entendre. Gardant mon regard fixe devant, sans détourner le moindre regard vers les villageois. Heureusement, la seule vue de mon ninken suffit à les garder à distance, puisque personne ne vint nous déranger jusqu’à ce que nous arrivions devant une grande maison que je ne pouvais que deviner être celle du chef du village. Avançant jusqu’à la porte, je cognai trois coups clairs et puissant, attendant ne serait-ce qu’un instant entre chaque coup pour être certain qu’on les entende. Au début, rien ne se passa, puis j’entendis des pieds glisser sur le sol de l’autre côté de la porte et celle-ci s’ouvrit devant une dame âgée qui, en nous voyant, écarquilla aussitôt les yeux.

- Non, pitié, nous venons tout juste de–

- N’ayez pas peur, obaasan, nous ne sommes pas là pour s’en prendre à vos récoltes. Nous voulons simplement parler avec le chef du village, l’interrompis-je avant qu’elle ne finisse de parler.

De toute façon, je savais ce qu’elle allait dire avant même qu’elle ne finisse de parler. Alors c’était ainsi… On passait de village en village, quémandant les contenus des greniers et si la quantité n’était pas suffisante, non seulement tout était pris, mais le grenier était passé au feu. Enfin, c’était comment je voyais les choses, mais seul le chef du village pourrait nous éclairer sur la véritable situation. Maintenant qu’elle connaissait nos intentions – enfin qu’elle savait que nous ne venions pas pour brûler leur village comme tous ceux autour – elle s’écarta et nous fit signe d’entrer dans la demeure. Je vis alors derrière obaasan un long couloir, menant sûrement au maître des lieux. Tandis que j’entrais et passais à côté d’elle, je vis qu’elle était encore surprise de nous voir là, mais cette fois-ci dans ses yeux je ne lisais pas la crainte, mais… l’espoir?

HRP:

Laissant la vieille dame derrière moi, j’entrai dans la maison du maire et vit aussitôt un contraste flagrant avec le restant du village. Alors que dans le village régnait une atmosphère de misère, de pauvreté et de méfiance, tout ici était synonyme d’opulence. Je n’avais qu’à regarder le plancher, fait avec du bois de très bonne qualité et qui était assez ciré pour que la lumière s’y reflète, ou encore les tapisseries qui étaient dignes d’un daimyo. Rapidement, la situation se faisait de plus en plus claire et je n’avais même pas besoin de parler. Il suffisait de porter attention à ses alentours et la plupart de nos questions trouvaient automatiquement une réponse. J’aurais dû m’en apercevoir dès que j’avais vu la maison, qui détonnait avec le restant du village dès qu’on posait nos yeux dessus. Toutefois, malgré les découvertes que je faisais, je me gardais une certaine réserve puisqu’il était facile de duper quelqu’un avec des apparences. Je devrais rencontrer le maire pour être certain de ce qui se passait dans ce village miraculeusement épargné par les bandits.

Je marchai en tête de file le long de l’interminable couloir, qui avait paru beaucoup moins long de l’extérieur, avec Aka juste derrière moi, suivi par Shine-kun et la vieille dame à la fin de la file. Pourquoi nous suivait-elle? Avait-elle à faire dans la salle au bout? N’était-ce pas un simple salon? Laissant mes questions sans réponse, j’avançai jusqu’à ce que finalement j’entre dans l’unique salle que j’avais vu de l’établissement, n’ayant été accueilli que par des portes fermées sur mon chemin. Encore une fois, je fus ébahi par la luxure qui émanait de cette salle. Le gros tapi épais, la grosse chaise rembourrée, le haut plafond… Enfin, je n’entrerai pas trop dans les détails, ceux-ci ne sont pas importants. L’homme qui était assis dans la chaise, par contre, l’était beaucoup plus. Dès que mes yeux se posèrent sur lui, je fus aussitôt écoeuré par l’odeur qu’il dégageait. Des vapeurs de suffisance et d’arrogance sous un parfum de mépris, c’était bien là les personnes de la pire espèce. Je n’en parlerais pas immédiatement à Shine-kun, mais il était évident que je le mettrais au courant dans que nous serions sortis d’ici. Pour l’instant, je savais mieux que d’immédiatement l’attaquer. Valait mieux commencer par essayer de soutirer le plus d’informations possible.

- Bonjours à vous, honorable maire, commençai-je en m’inclinant légèrement, immédiatement suivi par mes deux compagnons. Je me présente, Inuzuka Takeo, et voici mon fidèle compagnon Akamori ainsi que mon coéquipier Hayate Shinichi. Nous vous remercions pour nous avoir accordé votre attention aussi rapidement.

Je me tus, laissant place aux formalités d’usage. Si nous voulions avoir cet homme dans notre poche, il nous suffisait simplement de le flatter dans le sens du poil. Ils étaient tous comme cela.

- Bonjours à vous tous, et bienvenue dans ma demeure, celle d’Akechi Masahide. Comment puis-je vous être utile, jeunes hommes?

- Nous venons de la part de Konoha, qui a eu vent des récentes attaques de brigands dans les environs ces derniers temps. En fait, il serait plus précis de dire incendies…

- Ah oui… quelle tragédie… Mais je ne vois pas en quoi ces attaques sont reliés à votre présence ici…

Ce fut imperceptible, cela ne dura qu’une fraction de secondes, mais je vis tout de même le léger tic dans son œil gauche. Je sentais également que les hormones qu’il dégageait commençait à changer, prenant des odeurs un peu plus craintives.

- C’est très simple, Akechi-sama, Hayate-kun et moi-même avons été assigné à ces terribles incidents et nous avons remarqué que seul votre village n’a pas encore été victime des flammes des brigands…

Il devait sûrement la sentir, mais de la sueur commençait à perler son front et il commençait à perdre des couleurs. Toute trace d’arrogance avait disparu, laissant place maintenant à la peur et le doute.

- Mais… mais… il y a une raison parfaitement logique… commença-t-il à balbutier. Je ne voulais pas vous en parler, je leur ai promis de ne pas en parler, mais on dirait que je n’ai plus le choix… Ce sont ces maudits brigands nous demandent une "taxe" de protection contre le pays de Yu no Kuni, qui nous avons entendu dire est très mouvementé. Mais nous le savons, ce sont d’eux-même qu’ils nous protègent; nous l’avons vu avec les autres villages qui n’ont pas eu assez pour payer la "taxe"…

Il prit des airs d’homme désespéré, au bord des larmes, et pendant quelques secondes je crus vraiment voir un homme au bord de la crise nerfs, enfoncé jusqu’au menton dans une situation dont il ne pouvait plus sortir. Puis, je me mis à me fier de nouveau à mon nez au lieu de mes yeux et senti aussitôt qu’il nous mentait en pleine face. J’ignorais quelle partie était fausse – parce que les meilleurs menteurs incluaient toujours une petite partie de vérité dans leurs mensonges – mais j’étais convaincu qu’il ne nous disait pas tout. Nous restâmes tous en silence, tandis que je faisais mine d’étudier mentalement les nouvelles informations que le maire nous avait donné. Puis, je repris la parole comme si j’en étais venu à une décision.

- Alors, en tant qu’envoyé du village caché de la Feuille, il est en notre devoir de mettre un terme à ces activités pour les moins barbares. Nous veillerons sur votre village jusqu’à ce qu’ils reviennent pour leur "taxe" et nous leur réserverons une petite surprise.

Les traits de l’homme se détendirent aussitôt, se pensant hors de soupçons. Qu’il pense cela, jusqu’à ce qu’il soit démasqué. Il y avait quelque chose de louche dans toute cette histoire, il fallait simplement que j’aille un peu plus de temps pour découvrir quoi.

- Très bien, je vous remercie de tout mon cœur, au nom de tout mon village. Veuillez excuser leur comportement lors de votre arrivée, vous comprendrez que les visiteurs ne sont pas très bienvenue ces temps-ci. Il nous offrit un maigre sourire et poursuivit. Tout le temps que durera votre entreprise, vous séjournerez ici-même, chez moi. Quelqu’un s’occupera de prendre vos affaires et de le amenez dans vos chambres respectives.

Immédiatement, je m’inclinai devant le maire, reconnaissant de son hospitalité. Des bonnes entrèrent ensuite dans la salle et se dirigèrent vers nous, s’emparant du peu de choses que nous avions apportés avec nous avant de disparaître d’où elles étaient venus.

- Je vous remercie infiniment, Akechi-sama. Si vous le permettez, nous allons faire un petit tour dans le village, la journée est encore jeune après tout.

Je m’inclinai une dernière fois devant le maire puis tournai les talons et quittai ce qui m’avait tout l’air d’une salle du trône. Je me dépêchai de traverser le couloir avant de me retrouver de nouveau dans la rue, Shine-kun derrière moi. Dès que la porte fut refermée et que nous fûmes à une assez bonne distance de la maison, je me retournai brusquement vers mon coéquipier.

- Peu importe ce que tu as entendu dans cette salle, saches que cet homme n’est pas honnête. Ne te fies pas à ce qu’il a dit, je suis prêt à mettre ma main au feu qu’il y a quelque chose qu’il ne nous a pas dit. Je jetai un regard autour de nous, m’assurant que personne n’était intéressé par notre conversation ou encore qu’on ne pouvait pas nous entendre. Je n’ai aucune façon d’en être certain, mais je suspecte le maire lui-même d’être impliqué dans toute cette histoire. Écoutes-moi avant de prendre cet air, Shine-kun, et tu verras que ça fait du sens. Regarde les maisons autour de toi, puis observe celle du maire. Tu ne vois pas quelque chose de… contrastant? Le village est sur le point de devenir un village fantôme alors que le maire semble vivre dans un palais. Et, comme par magie, son village est le seul épargné par les brigands. Comment est-ce qu’un village dans un si piètre état serait capable de payer une "taxe" que tous les autres villages dans les alentours n’ont pas réussis à payer? Il va falloir que nous enquêtions là-dessus pendant notre séjour, ça c’est certain. Bon, nous avons encore beaucoup de temps devant, que devrions-nous faire? Est-ce qu’on s’essaie avec les villageois ou bien on pourrait aller jeter un coup d’œil à leur récolte, peut-être trouverions-nous des indices?

En même temps, je regardai le soleil au-dessus de nos têtes. À voir où il était, nous avions encore plusieurs heures avant que le soleil ne décide à se coucher. Qui plus est, l’été était la saison où le soleil restait debout le plus tard, cela nous laissait amplement le temps pour faire un tour du village la journée même de notre arrivée. Après cela, il nous faudra trouver une façon de piéger le maire et lui faire sortir les vers du nez.

Hrp:

Alors que je venais tout juste de partager mon hypothèse – qui se révélait plus être le fond de ma pensée – avec mon coéquipier, ce dernier abonda dans mon sens et apporta quelques autres détails qui m’avait échappé, mais qui ne faisait que jeter plus de doute sur l’implication du maire dans cette sombre histoire. S’il arrivait que j’apprenne qu’il abusait de tous ces villageois comme ça, j’espérais que Shine-kun et Aka seraient suffisants pour me retenir. Mais bon, ce n’était pas le temps de penser à des choses aussi noires, il fallait avant tout prouver qu’il était bel et bien impliqué. Pour être tout à fait honnête, ça me puait tellement au nez que j’étais presque certain que cela ne serait pas difficile à trouver, mais il fallait tout de même trouver des preuves avant d’agir contre qui que ce soit, encore plus un maire de village. Bien qu’il n’ait pas d’autorité réelle, ce genre d’affaire parviendrait sans nul doute jusqu’aux oreilles du daimyo, ce que je voulais éviter.

Après avoir écouté Shine-kun, je réfléchis quelques instants à sa proposition. Un déguisement était une bonne idée, mais serait plus dur à expliquer si nous nous faisions prendre. Après tout, le ninjutsu et l’art des illusions n’avaient jamais été mon fort; même s la transformation était une technique de base pour tout shinobi j’ignorais combien de temps j’allais être capable de garder ma concentration pour garder le jutsu actif. Non, à bien y penser, ce n’était pas la meilleure solution pour moi. Néanmoins, à voir sa vitesse de réaction ainsi que les observations qu’il faisait, j’étais d’avis qu’il était capable de se débrouiller seul. S’il se sentait à l’aise avec cette méthode qu’il y aille, cependant je voyais que nos forces n’étaient pas aux mêmes endroits et que je ne préférais user d’autres méthodes. Je devais avoir médité longuement sur la question puisque je sentis le regard de l’Hayate posé sur moi avec insistance. Pauvre Shine-kun! Il devait se ronger les sangs à me voir dans un tel mutisme.

- Tu sais quoi, voici ce qu’on va faire : on va séparer, glaner un peu d’information partout dans la ville. Pour être franc, ces trucs de transformation ça n’a jamais vraiment été mon fort; je risque plus de faire foirer ton plan en passant de raton-laveur à shinobi au mauvais moment. Vas donc d’un côté de la ville – ou mieux encore essaie d’infiltrer le palais du maire afin de le retrouver – alors que de mon côté je vais essayer de profiter du fait que le maire ne nous considère pas encore comme une menace pour aller innocemment chercher d’autres indices. En se retrouve en fin de journée au manoir pour le repas et on partagera nos découvertes pendant la soirée.

En disant cela je fis un large sourire et prit un air innocent et moqueur qui dissimulait que trop bien mes réelles intentions, soit la reconnaissance. J’allais profiter du fait que le maire nous laissait encore une totale liberté afin d’aller trouver des trucs que nous ne pourrons peut-être pas plus tard lorsqu’il réalisait qu’il est dans notre mire. Ce n’était pas ce qu’il avait désiré, mais à bien y penser c’était, je crois, la façon la plus rapide de récolter le plus d’information possible. Qui plus est, je sentais Shine-kun plus qu’apte à faire son enquête de son côté. Déjà le fait qu’il propose une telle idée sous-entendait qu’il avait sans doute déjà quelque chose derrière la tête. Après s’être dit au revoir, nous prîmes chacun notre chemin, à la chasse aux indices.

Mes premiers pas m’amenèrent non pas dans la demeure du maire, mais dans sa résidence autour, puisque c’était bien ainsi qu’on pouvait l’appeler. Tout dans le village était construit autour du palais, le surnom que j’avais donné à la maison du maire, ou du moins en fonction de celu-ci. Je m’approchai tranquillement près des écuries, qui servaient en même temps d’écurie personnel au maire et d’écurie pour les visiteurs, moyennant évidemment une modeste somme que j’allais l’apprenre. La conversation avec le garçon d’écurie fut… pénible, si j’avais juste un mot pour la décrire en général, mais au moins elle me permit d’en apprendre un peu plus sur le coin. Mon plan avait fonctionné à merveille, il ne s’était douté de rien et j’avais mis l’emphase sur le secret de la chose, ainsi ma petite investigation ne s’ébruiterait pas. Je continuai ensuite ma ronde dans tous les endroits qui entouraient le palais, je pus ainsi en apprendre beaucoup sur les allées et venues du maire ainsi que sur les invités qu’il recevait, que ce soit par la porte d’entrée ou une autre. Au fur et à mesure que j’écoutais mes témoins, l’idée commençait à se faire de plus en plus claire dans mon esprit. J’aurais beaucoup de choses à raconter à Shine-kun.

Arriva finalement le temps où je commençai à voir le ciel se teinter d’orange, d’ocre et de violet, annonçant éminemment la fin de la journée. Il était donc temps que je retourne au palais partager mes trouvailles avec mon coéquipier. Ce dernier nous attendait justement devant les portes, peut-être se refusait-il à entre là seul, qui sait? Je vins le rejoindre et lui fit une bonne poignée de main, puis nous fîmes notre chemin vers l’intérieur, où le maire en tant qu’hôte parfait nous attendait sûrement avec un repas exquis.

- Shine-kun! Content de te revoir. Alors, comment a été la chasse? Alors même que je prononçais ces mots, je m’arrêtai immédiatement. Non, ne me dis rien; remettons cela à plus tard.

Je terminais ma phrase et le couloir s’ouvrait sur la grande salle où il nous avait reçus, maintenant accommodée pour le repas du soir.

HRP:

La chasse aux infos avait été très bonne et j’avais bien hâte de partager me découvertes avec le Genin qui m’avait accompagné. Malgré son grade, mon instinct me disait que j’avais bien fait de le laisser aller seul, non seulement parce que j’avais la conviction qu’il était plus malin que certains pouvaient le croire mais également parce que cela lui donnerait une expérience beaucoup plus concrète que s’il m’avait suivi tout l’après-midi. Ce ne fut que lorsque le soleil était en train de se coucher que je revins finalement à la résidence du maire et que je rejoignis Shine-kun. Je le saluai chaleureusement et m’enquis du résultat de ses recherches, avant de rapidement changer d’avis. Il était beaucoup plus sage tout se raconter une fois que nous serions certains de ne pas avoir d’oreilles indiscrètes. Au lieu, je l’invitai à rentrer et d’aller profiter du repas du maire. Il fallait bien qu’il y aille un avantage dans toute cette histoire!

Comme je le suspectai, le maire était tout aussi mielleux et affable avec nous, cachant très bien la pourriture qu’il était à l’intérieur. Aussi enrageant que cela pouvait être, je devais également jouer le jeu et être tout aussi courtois avec lui, le remerciant pour son hospitalité en même temps que le festin qu’il avait monté à notre honneur. De ce côté-là, je n’eus pas à feindre la joie que j’avais, même si cela ne me faisait pas oublier aux dépends de qui nous mangions aussi copieusement. Il y eut toutefois un moment pendant le repas où je manquai de m’étouffer, lorsque le maire se mit à discuter des incendies que nous étions venus investiguer et essaya de nous faire croire qu’il regrettait amèrement les pertes qui avaient été causés. Non mais quel culot, quand on savait qu’il était lié à ces événements. Bon d’accord, son implication dans tout cela était encore nébuleuse, mais elle était tout de même là et c’était assez pour moi. Ce n’était cependant pas le cas pour mes supérieurs sans aucun doute, c’était pourquoi nous devions rassembler le plus de preuves possibles et enlever tout doute possible. Le ventre plein, je remerciai une fois de plus le maire pour le généreux repas qu’il nous avait offert et lui demandai permission de me retirer dans mes quartiers. Un peu plus et je me croirais en train de parler à un daimyo… Il consentit à ma requête et, Shine-kun sur les talons, nous prîmes la directions des chambres qu’ils nous avaient offertes pour la durée de notre séjour.

- Urgh, ça m’écoeure toute cette hypocrisie, ne pus-je m’empêcher de lâcher une fois la porte fermée et certain qu’on ne nous écoutait pas. M’enfin, c’est un mal nécessaire j’imagine. J’ai plus que hâte de débusquer ce maire et faire en sorte que ce village arrête de souffrir. Allez, qu’as-tu trouvé?

J’étais impatient d’apprendre ce qu’il avait déniché comme information avec son stratagème – peut-être allais-je commencer à m’y mettre si c’était si efficace – mais avant qu’il ne dise quoi que ce soit ce dernier arpenta la chambre quelques instants avant de revenir. J’allais lui demander ce qu’il faisait quand je me rappelai qu’il maniait l’onkyôton, il devait donc s’être assuré de l’étanchéité des murs de notre chambre. Bon réflexe et bonne précaution, nous étions maintenant certains de ne pas se faire épier, même si on écoutait à notre porte. Il me révéla alors ce que son après-midi dans la peau d’un chat avait donné, mis à part les cajoleries qu’il avait reçu. Alors comme ça le maire avait des rencontres privés et parlait de butin. À ne pas douter, c’était la fameuse taxe qu’ils percevaient des villages avant de tout brûler. Je gardai l’information en tête, une de nos tâches serait de retrouver ce fameux butin si nous voulions avoir le plus de preuves contre lui. Je félicitai Shine-kun pour cette importante information et lui fit part de ce que j’avais trouvé de mon côté, soit une liste de gens étranges que les villageois avaient vus rôder dans le village. Un éclair de génie me passa alors à travers l’esprit.

- Dis-moi, Shine-kun, de quoi avaient-ils l’air, ces personnes pas nettes?

Je fis bien de poser cette question, car il s’avéra que les gens que j’avais dressé sur ma liste étaient les mêmes qui étaient présents à la réunion de cet après-midi. Quelle chance! Nous avions maintenant un nom et un visage sur ces individus au centre de l’embrouille. Pour ma part, il ne me manquait que leur odeur, mais cela ne saurait tarder. Plutôt satisfait de notre travail – nous avions quand même réussi à établir la complicité du maire du village avec les brigands après notre première journée dans le village – il nous fallait simplement trouver un plan d’action pour le lendemain. Je préférais largement penser à cela la veille alors que mon cerveau était encore actif que le lendemain matin quand il était dans un état beaucoup moins efficace.

- Pour demain, je propose que nous nous concentrions plus sur ledit butin et les récoltes du village. Il n’y a pas de doute, on va le mettre sous l’eau chaude dès demain matin maintenant que savons qu’il est impliqué, mais nous allons le faire mijoter toute la journée. Qu’en dis-tu?

Tout en lui demandant son avis, j’eu un sourire carnassier alors que je m’imaginais déjà la journée du lendemain. On allait le cuisiner, il n’y avait pas de doute là-dessus; il allait payer pour ce qu’il avait fait à son propre village. Alors qu’il était censé les protéger et agir pour leur bien, il faisait tout le contraire et profitait de leur travail pour se faire les poches. Il allait en baver, ce maire, vous pouvez en être certain. Il devait être loin de se douter que j’allais être l’instrument de sa défaite, mais cette dernière arrivait; j’allais y veiller.

Peu après avoir convenu d’un plan pour la journée du lendemain, Shine-kun partit se coucher et j’en profitai pour en faire de même. Qui savait ce que nous avions en réserve pour le restant de cette enquête, valait mieux prendre le plus de sommeil pendant que nous en avions encore le temps. Cette nuit-là, je fis un drôle de rêve mélangeant des chats faits de flammes qui me pourchassaient à travers une forêt d’arbres calcinés d’où pendaient des feuilles de cendres. Lorsque je me réveillai en sursaut au moment où ils avaient fini par me rattraper, je mis quelques secondes avant de réellement me situer et tentai de faire du sens de ce rêve sans succès. Certes, les chats venaient de l’idée qu’avait eu l’Hayate pendant la journée et les flammes étaient une très nette référence aux incendies que nous enquêtions, mais quoi faire de cette étrange forêt? Étant un rêve, rien ne faisait de sens – les feuilles encore sur les arbres calcinés en étaient la preuve – mais si c’était mon subconscient qui essayait de m’envoyer un message, un indice que je n’avais pas vu? Je dus m’assoupir à nouveau en essayant de décoder tout cela puisque je me réveillai de nouveau, cette fois-ci à la lumière du Soleil. Je regardai par la fenêtre et vis que le Soleil venait tout juste de se lever et qu’il était donc encore trop tôt pour faire quoi que ce soit. Cependant, il n’y avait plus une once de fatigue dans mon corps et je savais que je serais incapable de refermer l’œil, je décidai donc de laisser Shine-kun dormir encore un peu tout en me glissant silencieusement hors de la chambre pour aller faire un petit entraînement matinal.

Un petit jogging et quelques exercices d’assouplissements plus tard, mon corps autant que mon esprit était énergisé et je me sentais d’attaque pour ce qui nous attendait. Maintenant que nous savions hors de tout doute que l’instigateur de cette misère était le maire lui-même je voulais m’occuper de lui le plus rapidement possible et retourner la paix à ce village. Déjà quelques plans commençaient à se dessiner dans ma tête pour la suite des événements, mais je voulais tout de même avoir l’avis de mon coéquipier sur la chose. Bien sûr, j’étais plus haut gradé donc j’aurais très bien pu décider de faire à ma tête et laisser le Genin suivre dans mes pas, sauf que non seulement ce n’était pas mon genre, mais je ne voulais qu’il participe un peu à cette mission. Après tout, je ne serais pas toujours là à toutes ses missions pour prendre ses décisions, il fallait que j’aiguise son esprit pour lorsqu’il ne pourrait compter que sur lui-même. De retour dans notre chambre – gracieuseté du maire – j’eus la bonne surprise de voir Shine-kun sur ses pieds et prêt à commencer la journée. Excellent!

- Bon matin Shine-kun, j’espère que tu as bien dormi, commençai-je avant de rapidement entrer dans le vif du sujet. J’espère que tu es bien réveillé puisque notre première destination est capable d’en endormir plus d’un.

Je faisais bien sûr référence à la résidence du maire étant donné qu’avant toute chose nous devions reporter à ce dernier pour l’informer de nos avancées. Pour tous cela semblait être le maire qui se souciait de la sécurité de son village, mais je savais qu’en réalité il ne voulait simplement pas que nous avancions un peu trop dans notre enquête à son goût. Évidemment, nous n’avions pas le choix de jouer à notre tour la comédie afin d’éviter les soupçons, mais cela ne nous empêchera certainement pas de le mettre mal à l’aise. Il fallait néanmoins que je choisisse mes mots avec prudence puisque si je voulais qu’il sache que nous étions sur sa trace, je ne voulais pas qu’il se rende compte de l’étendue de nos connaissances. Nous ne voulions pas être dans sa mire après une journée ici et nous pouvions encore tirer un peu profit du statut que nous avions pour l’instant dans le village. Devant le maire, je m’inclinai respectueusement avant de le mettre au point sur ce que nous avions découverts la veille. Il garda un air impassible, enfin jusqu’à ce que je sorte mon appât du moins.

- Du peu d’informations que nous avions pu ramasser en une journée, il devient évident que ces bandits ont accès à une aide externe, quelqu’un à l’extérieur du groupe mais qui agit dans leur intérêt.

Il n’en avait pas fallu plus pour que l’odeur amère de la peur ne m’emplisse les narines. Je n’avais à peine suggérer l’idée d’un complice à ces brigands que le maire sentait l’étau se resserrer.

- V-vous voulez dire que…

- Je veux dire ce que j’ai dit. On dirait bien que quelqu’un aide ces monstres à perpétrer ces actes. J’ignore encore qui s’est et comment il fait pour les aider, mais je compte mettre toute mon énergie à le trouver. Déjà que nous avons une piste, je vous assure que cela ne saurait tarder.

- U-u-une piste…?

- Oui, Monsieur le Maire. Notre enquête préliminaire d’hier nous a permis de trouver ce que nous pensons être une piste vers le complice de ces brigands.

Je le voyais se tortiller sur son siège et dus me contrôler pour ne pas sourire devant le spectacle. Il faisait de son mieux pour garder un peu de contrôle, mais je voyais très bien que mes paroles avaient visés juste. L’odeur de la peur devenait si intense que j’en plissai imperceptiblement le nez – ce don pouvait parfois se révéler être une vraie malédiction – avant de poursuivre et que c’était ce sur quoi nous nous pencherions pendant la journée avant de prendre congé. En agissant rapidement et sans préavis nous réduisions les chances du maire de concocter un plan de contingence ou une embûche pour retarder notre enquête. Une fois sortis du manoir, nous prîmes aussitôt la direction du Nord, là où l’entrepôt était supposé être situé.

- Le pauvre, ça en était presque triste à voir. Dire qu’il n’a aucune idée de ce qui s’en vient… S’il ne s’était pas vendu plus tôt alors là il n’y a plus de doute.

Continuant notre chemin, je pensai à ce que ce nous trouverions là-bas. Selon ce que Shine-kun avait entendu le butin était caché dans une vieille cabane abandonnée. Je pouvais comprendre qu’une telle cachette réduisait les chances qu’on tombe inopinément dessus, mais d’un autre côté garder un endroit dans un tel état pour aucune raison valable ne tenait pas la route non plus. Enfin, ce n’était pas moi qui allais m’en plaindre puisque cela allait seulement faciliter notre tâche. Malheureusement, c’était parlé trop vite puisque rendus dans la partie Nord du village je constatai avec tristesse que toutes les cabanes et entrepôt du coin étaient tous dans le même état et ce n’était pas flambant neuf vous pouvez me croire. Bon, trouver cette cabane serait peut-être plus difficile que prévu. Je me tournai alors vers mon coéquipier avec l’espoir qu’il pourrait nous sortir de ce pépin.

- Dis-moi, est-ce qu’ils ont donnés plus de détails quant à leur cabane, ces bandits? Parce que pour être honnêtes elles ont l’air toutes aussi abandonnées les unes que les autres.

C’était lui qui avait été présent lors de la rencontre, peut-être avait-il entendu d’autres détails qui n’avaient pas parus importants lorsque nous avons partagés les informations, mais qui maintenant pouvaient peut-être nous aider à trouver la cabane que nous cherchions. Je me rappelai alors qu’il avait une affinité particulière avec le son et me demandai s’il ne pouvait pas essayer d’écouter à la recherche de bruits qui pourraient nous orienter vers l’une des cabanes. Je ne voulais pas nécessairement inspecter une cabane après l’autre – nous perdrions un temps fou – mais si nous n’avions pas d’autres options c’est ce que nous devrons faire. Espérons que Shine-kun puisse nous éviter cette corvée.

La chance était de mon côté puisqu’il s’avéra justement que Shine-kun avait réussi à glaner plus d’information de la part de bandits. Après quelques secondes insoutenables pendant lesquelles il sembla plongé dans ses souvenirs de la veille, il m’informa soudainement qu’ils avaient fait mention de dégâts d’eau dans la cave de l’entrepôt. Un sourire apparut sur mon visage, car je savais que je tenais-là une information de choix, qui allait grandement nous aider à localiser notre cible. Comme l’expliquait le jeune Hayate, des fuites d’eau dans une cave ne pouvaient que dire qu’ils se situaient à proximité d’un point d’eau quelconque et comme les chances de trouver un lac en plein milieu de ce village qui serait apparu d’un jour à l’autre, nous nous retranchions sur une rivière ou un ruisseau, si nous voulions garder des proportions raisonnables. Heureux de ma trouvaille et de la mémoire de mon compagnon, je m’empressai de le féliciter.

- Excellent! C’est exactement le genre de petit détail qui peut faire la différence. Il ne nous reste simplement qu’à trouver ce petit ruisseau.

Cela faisait du bien d’avoir quelque chose de concret au lieu d’avancer à l’aveuglette, un objectif précis et surtout une cible plus facilement reconnaissable. Pendant les minutes qui suivirent nous nous mîmes tous les trois à la recherche du fameux ruisseau qui devait forcément se trouver quelque part dans les environs. Après tout, ils n’étaient pas idiots au point de se contredire eux-mêmes dans leurs informations, si? À moins que cela ne soit une tactique pour nous mettre en déroute, ce qui impliquerait qu’ils étaient déjà au courant que nous étions sur leur piste – voire pire, qu’ils savaient que nous les écoutions! Je frissonnai à l’idée, mais me rassurai que les chances étaient assez mince pour que ce scénario catastrophe ne se réalise. Toutefois, force fut de constater que, de nouveau, nous nous retrouvions devant une embûche puisque après avoir traversé le quartier Nord, nous n’avions vu aucune trace du moindre ruisseau et mon nez corroborait nos trouvailles, ce qui n’était pas un bon signe dans ce cas-ci.

Je sus que nous étions vraiment dans de beaux draps quand je me rendis compte qu’en marchant nous étions revenus à notre point de départ. Exaspéré, je m’assis à même le sol sur le bord de la route et pris ma tête entre mes mains. Qu’est-ce qui nous échappait? Leur repaire était-il si bien caché? Ne serait-il pas peut-être au Nord du village au lieu de dans le Nord du village, le mettant alors à l’extérieur du village lui-même? Si c’était le cas, cela rendait nos chances de retrouver cette cabane beaucoup moins grandes. Je me mis à douter ce qu’avait entendu Shine-kun, me disant qu’à sa place j’aurais sûrement porté plus attention, mais je chassai aussitôt ses pensées sachant que c’était ma frustration qui pensait à ma place. C’était ingrat de ma part de mettre la faute de notre manque d’avancée sur lui alors que c’était moi qui étais supposé mené cette mission. Si cela se trouvait, c’était lui qui avait raison de se plaindre que nous courrions après la lune, mais il ne pipait mot. Lui qui excellait à la maîtrise du son, cela ne pouvait pas être qu’il avait mal entendu. Cela voulait forcément dire qu’il nous manquait un dernier élément. Comme si quelqu’un en haut avait suivi le cours de mes pensées, mon regard se mit au point et je me rendis compte que, pris dans mes pensées, je m’étais mis à fixer un puit que les habitants devaient utiliser pour se procurer leur eau. S’il y avait un puit là, c’est qu’il devait sûrement y avoir une source d’eau sous-terraine juste sous nos pied. Voilà la réponse à notre problème!

- Le puit! Shine-kun me lança un drôle de regard et je compris que je devais éclaircir ma pensée. Le puit, cela veut dire que l’eau se trouve en-dessous de nous depuis le début! C’est aussi pourquoi nous n’avons trouvé aucun ruisseau dans les environs. Allez, je sens que nous nous rapprochons!

Je me relevai d’un bond, ragaillardi par notre nouvel indice, je me rapprochai du puit pour en vérifier la profondeur. Je ne savais pas trop à quoi je m’attendais d’autre, mais je ne vis que du noir jusqu’à ne plus en voir le fond – ce qui n’était pas très profond – mais je pouvais tout de même sentir les effluves marines qui sortait du puit lorsque je penchai par-dessus. Ce n’est qu’en sentant ce mélange d’odeurs que je fus frapper par un point qui tempéra mes ardeurs : si nous avions affaire à un lac sous-terrain, cela voulait dire que notre cabane abandonnée pouvait se trouver n’importe où sur ce fameux lac dont nous ne connaissions pas les dimensions. Autant dire que nous étions revenus de nouveau à la case départ. Décidément, retrouver ces bandits était beaucoup plus difficile que je ne l’aurais cru. Rendu à ce point, il ne nous restait plus qu’à observer les cabanes les unes après les autres en cercles concentriques en partant du puit jusqu’à ce que nous trouvions notre cible.

- Bon, maintenant que nous avons établi notre point central, il est temps d’observer ces cabanes de plus près. Séparons-nous et jettes un coup d’œil sur les cabanes de ce côté du puit; Aka et moi s’occuperons de l’autre. Si jamais tu vois quelque chose qui pourrait trahir les fuites dont tu as parlé – des fissures, des petits trous, ce genre de choses – tu m’appelles. Allons-y.

Je restai quelques secondes afin de vérifier s’il n’avait pas quelque chose à rajouter puis pris la direction de la première cabane de mon côté du puit. J’espérais que la chance serait autant de mon côté qu’un peu plus tôt et que nous n’aurions pas trop à perdre de temps ici pour faire nos recherches. Mine de rien, la journée avançait tranquillement pas vite et je ne voulais que nous nous retrouvions à la fin de cette journée sans rien avoir pour titiller le maire. Il fallait que nous trouvions ce butin, il le fallait!