Je revenais de l'est de Suna aux côtés de Lenka, nous avions pour objectif de vérifier trois avants-postes de nos propres yeux. Les Kawaguchi n'étant pas à Suna, on vérifiait l'efficacité de nos infrastructures. En cas d'attaque, il était impératif de pouvoir compter sur les senseurs Yamada et Kawaguchi ; Une scission s'était aussi créée entre Kaze et Suna, j’espérai qu'elle n'altère que très peu les capacités des manieurs de sable. Une fois à la Voie Illusionnée, je remplis quelques papiers demandés à l'accueil avant de rejoindre le centre-ville, toujours accompagné de mon bras-droit Saibogu Lenka. Il s'arrêta soudainement pour contempler un bar à strip-tease.. était-il sérieux ? Il osait arrêter notre marche pour cela ? Décidément, il était vraiment incorrigible. Tandis qu'il essayait de regarder à travers un petit trou situé à la fenêtre, je continuai ma marche l'abandonnant à son plaisir. Le connaissant, il n'allait sûrement pas se rendre compte de mon départ. Une seule femme pouvait le changer en canard. Pour ma part, cela ne m'intéressait guère. J'avais bien mieux à faire qu'à déambuler dans ces établissements miteux après tout.

Je traversai une rue marchande où des étals étaient présents à droite à gauche, une fois le marché dépassé je pus voir un nouveau restaurant. L'enseigne était plutôt traditionnelle et l'établissement me semblait correct, je pénétrai à l'intérieur pour voir quelques personnes en train de prendre un goûter. Mon entrée se fit entendre puisqu'une cloche était collée à la porte du restaurant. Un homme vint à ma rencontre, je me présentai et discutai brièvement des spécialités qu'il pouvait offrir. Une fois terminé, j'observai le lieu quelques secondes avant de repérer une table éloignée de toutes. J'esquissai un sourire avant de prononcer quelques mots.

«  Je souhaite cette table au fond, pour demain soir et au nom de Yunitto. On sera trois seulement. Est-ce possible ? »

Dis-je d'un air très sérieux avant d'obtenir une réponse positive. J’acquiesçai d'un signe de la tête avant de quitter le bâtiment pour notifier mes élèves de l'invitation. En effet, je souhaitais les inviter au restaurant pour discuter. À vrai dire, je voulais connaître leur avis sur la situation actuelle, la guerre et le Kakumeigun. Aussi voulais-je connaître leurs ambitions, du temps était passé et sûrement aspiraient-ils à de grandes choses ? J'avais l'opportunité de les voir au quartier général mais ce n'était pas la même chose, l'ordre professionnel prenait souvent le dessus. Demain soir, ça allait être beaucoup plus informel. Je rentrai alors à mon domicile pour me reposer, demain je n'avais pas grand chose à faire si ce n'est lire quelques rapports et valider des missions. Ce n'était pas très plaisant mais cela représentait une partie de ma charge et je devais faire en sorte de l'accomplir du mieux possible. Rentré à mon domicile, celui où j'avais vécu pendant bien des années, je pris le temps de réchauffer un peu de nourriture.

Cette nourriture m'avait été déposé par une voisine, une Toshiro elle aussi qui avait été fidèle à ma famille pendant bien des années. Elle disposait des clefs de mon domicile et pouvait vaquer à sa guise, je la remerciais de temps en temps en ramenant chez elle des souvenirs du monde entiers. Je discutais aussi et restais à ses côtés pour lui porter compagnie. Ses petits-enfants se trouvaient être à l'académie, je les voyais de temps en temps courir dans notre quartier. Après le repas, je me plaçai à ma fenêtre pour observer mon jardin. Un tas d'idées germèrent alors dans ma tête, je pensais à Kaze, je pensais à Suna, je pensais à Yamuro... Jusqu'à que je sentis la fraîcheur du désert en pleine nuit, je m'étais laissé emporté par mes pensées jusqu'à même ne pas voir le temps passer.

Je décidai alors de prendre ma toilette avant de rejoindre ma couche. Le lendemain, comme attendu je n'avais pas grand chose à faire. Le soir arriva très vite et je pus rejoindre le restaurant, j'étais légèrement en retard puisqu'un membre des Toshiro avait eu besoin d'obtenir mon avis sur un sujet précis. Une fois devant l'établissement, je poussai la porte pour saluer la personne nous accueillant. Je lui fis part de la réservation avant de rejoindre la table où Ruri et Kazushi étaient déjà assis. J'abaissai légèrement le haut de mon corps afin de les saluer avec respect.

«  Je m'excuse pour le retard, j'ai été retenu par un Toshiro. Ah, vous m'avez attendu pour commander. » Dis-je en voyant la table vide. «  Merci. »

Je pris place face à eux et regardai autour de moi. En effet, nous étions plutôt bien isolés et c'était sûrement plus agréable pour discuter.

«  Alors comment allez-vous ? Vous travaillez sur quoi en ce moment ? Et n'hésitez pas à vous prendre ce qui vous plaît ce soir, c'est Suna qui paye. »

Je leur fis un petit sourire avant de regarder la carte.

Tss, quelle journée ennuyante. Il n'était pas encore midi et pourtant je n'avais qu'une seule envie : me recoucher, puis dormir jusqu'au lendemain. Aucune distraction n'était prévue pour la journée, rien au programme. Juste l'ennui lourd et oppressant qui englobait ma chambre. Je n'avais pas envie d'aller m'entraîner ou d'aller voir ce qu'il se passait à la Confrérie. Mes Marionnettes étaient impeccables. J'avais déjà lu tous les livres de la maison au moins trois fois. J'étais là, étendue sur mon lit, les bras écartés, fixant le plafond. D'ailleurs, je savais exactement combien de dalles de bois le composaient. Je les comptais depuis que j'en étais capable.

Le silence - que j'aimais tant d'habitude - me semblait lui aussi oppressant aujourd'hui. Tout le monde dans cette maison était mort, ou quoi ? Si c'était le cas, j'aurais pu chasser l'ennui : prévenir les proches, organiser les cérémonies et enterrements... Sur ces pensées morbides, je roulais sur le côté. Il me fallait trouver une occupation. Je pourrais peut-être créer des petites marionnettes, les revendre et reverser l'argent aux refuges ou à l'orphelinat de Suna. Ou alors, apprendre à cuisiner. Mais je n'avais vraiment pas envie de bouger.

Oui, se rendormir semblait finalement la meilleure solution. Mais il y avait un "mais". J'avais rendez-vous ce soir avec Kazushi et Ogami. Notre chef d'équipe nous invitait au restaurant. Pourquoi se donner tant de peine, d'ailleurs ? C'était certainement pour nous parler de la guerre, des missions, qu'il faudrait être fort, et ainsi de suite, l'habituelle rengaine. Un simple ordre de mission aurait suffi. Cela faisait des mois que nous nous voyions seulement pour les réunions strictes et froides du Kakumeigun. Chacun faisait sa vie de son côté. Je ne savais plus si nous étions encore une équipe.

Ou alors, Ogami allait nous annoncer qu'il allait se marier, et que pour pouvoir se consacrer à sa nouvelle famille, il laissait tout tomber : le poste de Bras-Droit, le Kakumeigun, l'équipe. Hé bien, tant mieux pour lui ! Je me débrouillerais seule ! J'avais conscience que je réagissais comme une enfant. Enfin, que je pensais à réagir comme une petite fille, car toute cette situation existait seulement dans ma tête. Si c'était vraiment la raison de cette rencontre, je lui transmettrais mes félicitations, et je proposerais une liste de prénoms pour ses futurs enfants. Ah, et il me faudrait trouver une tenue pour leur mariage, si j'y étais invitée bien entendu.

À l'heure du rendez-vous, je poussais la porte du restaurant, pour y trouver Kazushi, comme je m'y attendais. C'était souvent comme ça : le Ketsueki en avance, moi pile à l'heure, et le Toshiro en dernier. Je saluais Kazushi en souriant et en posant ma main sur la sienne, seulement pour quelques secondes. Cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas vus en dehors du Kakumeigun également. Nous avions eu rendez-vous dans un restaurant comme celui-ci, il y a plus d'un an maintenant.

Ogami fit son apparition, tout en s'excusant. Une Toshiro ? Il avait donc choisis sa future femme dans son clan. Bah, tant que ce n'était pas une de ses cousines, il n'y avait pas de problème. Le seul problème ici, c'était que je ne voyais pas de cartons d'invitation. Nous, ses élèves, n'étions pas invités ? C'était vexant. Ou peut-être, c'était bien pour nous parler de la guerre avec Konoha...

Comme à son habitude, Ruri ne dit un mot et ne répondit pas à ma question. Je préférai de loin cela puisque Kazushi lui, me rétorquait à une question par une autre question qui de plus était similaire à la première-.. C'était un peu troublant, il était sûrement tellement content de nous revoir qu'il s'en était emmêlé les pinceaux. Enfin, j'étais aussi heureux de les revoir dans un autre cadre que celui du Kakumeigun. De plus je n'étais pas souvent au bureau puisque je jonglais entre le Palais du Conseil Souverain et le quartier général du Kakumeigun. Le Ketsueki avait qualifié ce rendez-vous de « convocation », personnellement je ne le voyais pas comme ça. J'avais beau ne pas être spécialement être attiré pour les sorties « entre amis », il n'en était pas moins qu'au vu du cadre je qualifiais plus cette soirée d'informelle. Je fis un simple signe de la tête pour tout de même répondre à mon interlocuteur puisque c'était réciproque. En même temps, j'avais pris soin de regarder la carte du restaurant. Rien d'extraordinaire et c'était bien pour cela que j'appréciais ces établissements, cela me rappelait ma cuisine, simple et appréciable.

Pendant que je scrutais la carte, j'entendis mon élève buveur de sang faire comme une blague. J'esquissai un bref sourire avant de me concentrer à nouveau sur ce que je faisais auparavant. Une fois terminé, je fermai le dépliant et le posai sur la table.

«  Non je ne suis pas enceinte et non ce n'est pas une convocation. Voyons cela comme une simple soirée où on peut se livrer plus facilement que d'habitude. Ça vous convient ? »

Je marquai une pause de quelques secondes en sentant une présence à ma droite ; C'était l’œuvre d'une serveuse qui venait à notre table pour sûrement récupérer nos commandes. La table avait beau être éloignée et dans un coin isolé, elle nous avait rejoint très rapidement. La damoiselle était rousse et d'un teint très pâle, elle nous fit un grand sourire avant de nous proposer le plat du jour pour ensuite attendre nos réponses. Pour ma part, j'étais d'avis d'accéder à sa requête et de prendre le plus du jour.

« Pour moi ça sera un plat du jour et on verra plus tard pour le dessert. Et vous, qu'est-ce que vous voulez ? »

Dis-je en faisant un signe de la tête à mes élèves. J'attendis alors quelques instants pour qu'ils passent commande et repris la discussion là où elle en était.

«  Enfin tout de même, je souhaitais savoir où vous en êtes aussi bien professionnellement qu'au sein des vôtres. Je sais que te concernant Kazushi, c'est un peu compliqué avec les Ketsueki. Déjà le nombre est un problème et je sais que tu es de nature bien différent des autres. As-tu noué des liens quelconques avec eux ? Depuis plus d'un an, votre nombre a drastiquement baissé mais il reste quelques membres au sein du village. »

Les Ketsueki avaient suivi Yami après tout, il restait encore quelques descendants du clan mais étant dispersés, ils ne représentaient pas vraiment l'esprit d'un clan. Je savais aussi que Kazushi était loin d'être un buveur de sang avide de pouvoir, prêt à sacrifier les siens pour n'en obtenir qu'un peu ; J'avais entièrement confiance en lui et en son jugement. Sa survie pourrait être une bonne chose pour le futur du village. Mon attention se porta alors sur Ruri, normalement elle serait passée avant son partenaire mais au vu de son mutisme, je préférai qu'elle passe à la fin. Je connaissais un petit peu l'organisation des manieurs de pantins, non seulement j'en avais rencontré quelques uns au court de ma carrière mais j'avais aussi étudié quelque peu leurs traditions et la structure de cette entité représentant un pilier de notre village.

«  Et toi Ruri, comment ça avance au sein de ton clan ? Tu as fait du bon travail et avec ta promotion, ton entrée au Kakumeigun je ne doute pas que tu prennes une place plus importante chez les Marionnettistes de Suna ; Est-ce que je me trompe ? »

Assurément non, elle disposait des qualités nécessaires pour pouvoir être mieux placée. Son mutisme restait un problème et qui pourrait la freiner dans sa progression mais ça ce n'était pas de mon ressort. Elle m'avait expliqué brièvement son choix et je le respectais.

«  En tout cas je suis plutôt content de voir que vous avez bien progressé. Continuez comme ça et votre avenir n'en sera que meilleur. »

Apparemment, mon coéquipier s'était fait la même idée que moi. Je n'avais pas imaginé qu'Ogami lui-même puisse être enceinte, car, anatomiquement parlant, c'était impossible pour lui de se retrouver dans cette situation. À moins que j'ignore certaines choses sur la nature biologique de notre sensei ? Ce n'était pas inimaginable, après tout. Le Toshiro avait des traits fins. Peut-être avait-il décidé que nous nous connaissions depuis assez longtemps pour nous révéler son lourd secret : qu'il était en réalité une femme ?

Si Ogami était une femme et qu'il était enceinte, cela voulait logiquement dire qu'il/elle avait fait des choses avec un homme. Je ne savais pas si les sunajins étaient assez ouverts d'esprit pour accepter ce genre de choses. Mais il ne pourrait pas cacher sa grossesse très longtemps, ces choses-là finissent toujours par se savoir. Mais attendez... Pourquoi Kazushi savait ça ? Se pourrait-il qu'il se soit lassé de m'attendre et qu'il se soit tourné... vers les hommes ?!

Soudain, Ogami se mit à rire avant de répondre négativement à la question de Kazushi. Oh, c'était juste une blague. Pourtant, quelque chose de chaud coulait de mon nez, et en vérifiant, je vis que c'était du sang. Avoir imaginé la scène entre Kazushi et Ogami m'avait fait saigner du nez ! Je me précipitais sur le menu qui m'était destiné pour me cacher derrière. Je me voyais mal leur expliquer la raison de ce saignement.

La serveuse était là pour prendre nos commandes, et comme j'étais trop occupée à me cacher et arrêter le saignement de mon nez, je n'avais pas eu le temps de regarder le menu. J'aurais pu tout aussi bien faire une technique de camouflage, là, en plein milieu du restaurant, mais cela aurait paru encore plus suspect. Alors, je lui fis signe que je prenais comme mon sensei, un plat du jour. En espérant que ce ne soit pas un foie de cheval cru ou des poulpes encore vivants.

Avec toute cette confusion dans ma tête, je remarquais que je n'avais répondu à aucune des questions que m'avait adressé mon sensei. Qu'est-ce qu'il avait dit déjà ? Zut, je ne savais plus. Il avait peut-être demandé si on s'était fait des amis au Kakumeigun, ou ce qu'on pensait de sa nouvelle tenue ? Et là, comme si Dieu m'avait entendue, le Toshiro reposa sa question. Pendant que Kazushi répondait et que j'écoutais d'une oreille, j'écrivis mon premier bulletin de réponse de la soirée.

« Hé bien oui, j'essaye de m'investir au maximum au sein de la Confrérie... Mais je ne suis pas très haut gradée. Peut-être que mon mutisme fait de nouveau barrière. »

Je ne pouvais pas lui dire que j'avais déjà pensé à répéter les secrets du Kakumeigun au Souffleur pour m'acheter une meilleure place dans la Confrérie. Puis de toute façon, je ne l'avais pas fait. Je ne comptais que sur mes capacités, même si je savais que mon nom aidait un peu. Mon but à long terme était de prendre la succession de Nigure Shinda. Après tout, ce n'était pas logique que ce soit un Chikamatsu qui dirige les Marionnettistes ?

Une barrière ? En effet, je pensais pareillement. Son mutisme se trouvait déjà être un problème en tant que genin, c'était un fait... plus elle allait avancer dans la hiérarchie et plus ce mutisme serait une gène. De plus ce n'était pas un handicap au sens propre, c'était un choix qu'elle avait fait, une voie qu'elle avait suivi. Pourquoi ? À vrai dire je n'en savais rien et n'avais que dire sur ça, je souhaitais seulement qu'elle puisse continuer à s'épanouir. Dans le futur, un choix devra être fait et sans ce choix, elle ne pourrait plus avancer. L'observant quelques instants dans les yeux, elle se doutait sûrement de ma réponse. Si mon élève souhaitait s'élever dans sa confrérie, elle le pouvait mais devait faire des sacrifices. Quant à moi, je pouvais la guider de façon à qu'elle puisse obtenir l'objet de sa convoitise mais comme dit je ne pouvais que la guider. C'était à elle de faire son choix. Mon autre élève lui avait fini de commander, je décidai alors de prendre la parole avec sur mon visage l'expression sérieuse habituelle.

«  En effet c'est une barrière Ruri, à un moment donné il va falloir faire un choix. C'est handicapant alors que tu détiens la capacité de communiquer avec les autres mais je ne vais pas te juger. Tu choisiras en connaissance de causes, n'est-ce pas ? »

Cette fois-ci, j'ôtai le sérieux de mon visage afin de faire un sourire à la Chikamatsu. Ensuite, j'écoutai mon autre élève le Ketsueki. Il me racontait qu'il avait réalisé quelques missions, rien d'étonnant. Par contre entendre qu'il réalisait des entraînements, ça ça m'intéressait. Il devait se maintenir en forme et repousser ses limites, à une période de ma vie je me tuais à l'entraînement et passais mes soirées au complexe sportif. Si j'avais pu transmettre ça à Kazushi, c'était une bonne chose à mon avis. Il avait changé de sujet, passant à quelque chose de bien plus complexe : les Ketsueki. Ceux-ci avaient été longtemps traités comme des moins que rien dans le village, j'étais d'avis que ça devait changer. De plus comme ceux qui étaient restés au village se trouvaient être des modérés d'après Kazushi, ça ne pouvait qu'être un avantage. Kazushi était ambitieux, je ne pouvais qu'apprécier ce trait. Je répondis à ses paroles avec le même sourire que j'avais pu faire auparavant à sa partenaire.

«  C'est une très bonne idée Kazushi, je suis content de voir que tu prends ce genre d'initiative. Tu sais dans le passé, une personne a tenté de faire comme toi. C'était Yami et elle était en bonne voie pour redorer le blason de sa famille, malheureusement ça s'est terminé autrement. » Le regard vide, je baissai les yeux et laissai quelques secondes de blanc avant de reprendre la parole. « Peut-être est-ce que tu pourrais changer cela ? J'aspire aussi à l'unification, je t'aiderai volontiers dans cette voie. »

Mon monologue étant terminé, c'était maintenant à mon tour de m'exprimer. J'avais réfléchi quelques heures auparavant, je me demandais si c'était une bonne chose d'annoncer à mes élèves ce que je prévoyais. Je me demandais si les mêler à ça c'était une bonne chose. Dans le meilleur des cas, Suna allait renaître et dans le pire des cas nous allions nous faire écraser, emprisonner. C'était une variable à prendre en compte, pouvais-je être égoïste et demander à mes deux seuls élèves de se joindre à moi dans cette tâche. À mon humble avis, je devais seulement leur laisser faire le choix de me suivre ou non ; Dans le cas d'une réponse négative, je n'avais encore rien prévu. Je pouvais être radical de temps en temps mais il s'agissait de mon équipe. Yunitto voulait dire unité dans le sens où un jour elle allait permettre à Suna de s'unir. Kazushi tentait déjà de le faire avec les Ketsueki, l'équipe suivait la bonne voie. Les plats commençaient à arriver et quelques instants plus tard, nous étions tous servi et pouvions enfin déguster.

La serveuse s'étant éloignée, je pouvais maintenant parler et ce de façon discrète à mes élèves. Posant mes baguettes, je pris l'air le plus sérieux possible avant de me lancer.

«  Je vais vous parler de quelque chose de très dangereux et de confidentiel...Pour tout vous dire j'ai décidé de démettre de ses fonctions le Kazekage actuel. Bien sûr, je ne peux le faire seul et j'ai donc déjà rallié des troupes à moi. En plus de cela, nous avons bien sûr le soutient de la capitale. Cette guerre a commencé sur des actes insignifiants, nous avons été longtemps des amis de Konoha et malheureusement ça n'a pas pesé sur la balance. Le Kazekage actuel est celui qui a tout déclenché donc on ne peut en vouloir à nos anciens amis de la feuille. La seule possibilité à l'heure actuelle pour arranger les choses est d'exiler Yamuro, bien sûr ça n'arrangera pas tout, nous devons en être conscient. Mais ça sera un pas en avant, un pas en direction de la renaissance. Ma seule question maintenant est la suivante... »

Je marquai une pause de quelques secondes, les laissant assimiler ce que je venais de dire. Ce n'était sûrement pas facile à entendre, ils ne s'y attendaient sûrement pas.

«  Marcherez vous à mes côtés? »

Ils avaient à prendre une décision et une seule, la suite dépendrait de leurs réponses.

Après tout ce temps, mon sensei n'avait pas compris ma situation. Ça m'attristait un peu, mais je savais que c'était difficile à comprendre. Seule une personne ayant vécu la même chose pourrait savoir que ce n'était pas un choix. Croyait-il vraiment que je ne parlais pas volontairement ? Pour rigoler ? Je me sentais incomprise et rabaissée. Il me parlait sans cesse de ce "problème", sans pour autant n'avoir jamais rien tenté pour le résoudre.

« Je pense qu'il y a encore un malentendu, mais je ne t'en veux pas. On ne va pas gâcher la soirée avec ça. Changeons de sujet. »

J'étais soulagée que Kazushi soit à présent le centre de la conversation. J'avais entendu dire qu'il essayait de réunir les Ketsuekis restés à Suna. Cela pouvait être une bonne chose ; encore fallait-il qu'ils soient modérés, comme lui. Chose dont je doutais. Je ne voulais pas qu'il se laisse emporter et qu'il devienne comme Yami. J'y veillerais.

La serveuse arrivait avec nos plats. J'allais enfin découvrir ce que j'avais commandé. Lorsqu'elle posa l'assiette devant moi, je découvris avec soulagement que ce n'était pas du soja fermenté ou de la langue de boeuf. C'était un tartare de thon avec de l'avocat et du riz. Un de mes plats préférés ! Dieu avait entendu mes prières.

Alors que nous allions entamer le repas, Ogami pris la parole. « Je vais vous parler de quelque chose de très dangereux et de confidentiel... » Je reposais mes baguettes. « J'ai décidé de démettre de ses fonctions le Kazekage actuel. » J'étais surprise, mais en même temps pas. Je savais que c'était la meilleure chose à faire, tout le monde le savait.

Le Kazekage avait lancé la guerre contre Konoha en tentant d'assassiner Aburame Miko, pour des raisons... obscures, et la plupart non valables. Le bruit courait qu'il était devenu fou. J'étais d'accord, il ne pouvait plus assurer son poste. Mais je n'aurais pas pensé qu'Ogami passerait à l'acte. Même si ce n'était plus le cas, Yamuro avait été son maître, et aujourd'hui ils étaient certainement amis. Mais là était tout le devoir de shinobi : faire ce qu'il doit être fait, laisser les sentiments de côté.

Je connaissais les risques encourus si la tentative venait à échouer : cela ne changeait en rien ma décision. Regardant mon sensei dans les yeux, j'hochais la tête avec un air sérieux. Bien sûr, j'allais le suivre. Jusqu'à la mort s'il le fallait, si j'estimais que ses valeurs étaient justes.

Le repas prend la direction qu'il a prit toute la soirée. Il continue dans sa continuité monotone, Ogami nous félicitant ou nous encourageant, tout dépend le point de vue. Cela dit, j'écoutais ce que le Toshiro avait à nous dire. Cela reste notre senseï et cela malgré le fait que nous avons beaucoup progressé, Ruri et moi.

Lorsque je parlais des Ketsueki, j'ai pu voir la réaction de Ruri et j'ai tout de suite compris... Je lui dirais volontiers : ne t'inquiète pas, je saurais les museler. Mais pour l'instant, je ne les connais pas. Normalement aussi, ceux restés au village sont modérés, sinon ils auraient suivi Yami lors de son exil. Mais si je dis quelque chose, notre senseï comprendrait que nous nous voyons. Il n'est pas bête.

La serveuse arrivait avec un grand nombre de plat. Tous plus beaux les uns que les autres. Les deux autres avaient pris le menu du jour, un tartare de thon avec de l'avocat. Heureusement que je n'ai pas pris ça, je déteste l'avocat. Pour ma part, j'attaquais mes gyoza lorsqu'Ogami posa ses baguettes et pris un air sérieux. Profitant certainement d'être à l'écart de toute oreille malveillante. Un rapide regard à Ruri qui avait fait de même après, je posais moi aussi mes baguettes tout en finissant le gyoza que je venais d'enfourner dans ma bouche sans vraiment attendre les politesse de vigueur.

Le Toshiro nous parlait de Matsuno Yamuro. Il veut le destituer et l'exiler. Je suis totalement surpris par cette révélation, mais satisfait. Je considère moi aussi le Nanadaime comme l'inquisiteur de beaucoup de maux que nous subissons aujourd'hui et en premier lieu la guerre avec Konoha. Alors, quand Ogami nous demanda si nous étions de la partie, avec lui et d'autres voulant ceci, ma réponse ne se fit pas attendre.

"Bien sûr. Je suis avec toi."

J'attendais ensuite la réaction du Toshiro.