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Et là il explosa de rire. Mais pas un petit rire sympathique qu’on a lors d’une situation plutôt cocasse. Non là c’était un réel fou-rire. Bruyant, long, puissant, à s’en tenir le ventre pour encaisser la contraction des abdos. Qu’est-ce qui lui prend ? Qu’est-ce que j’ai pu dire pour provoquer une telle réaction ? A l’intérieur je sentais que l’autre se moquait aussi. Est-ce que c’est vraiment de la moquerie ?
Fronçant les sourcils commençait à me demander si je ne devais pas le prendre mal, s’il se foutait bien ouvertement de ma tronche ou si ce n’est qu’une impression. Et lorsqu’enfin le konohajin reprit un comportement socialement correct, ce fut pour sortir que j’allais effectivement réussir à le tuer … Ah qu’il aille se faire voir ! En plus il s’amusait à résumer mes propos de la façon la plus risible possible, insistant sur le fait que ma position ne me permettait pas d’imposer la moindre condition, ou que mon raisonnement était puéril … Ouais va te faire foutre mec ! Et c’est uniquement parce que je sais que tu pourrais me détruire en quelques secondes que je reste extérieurement très calme et que je ne te montre pas le moindre doigt d’honneur.

« Je m'appelle Kentarô Miura. » Répondit-il ensuite après s’être assis en tailleur. « Kentarô Miura '' Gekei '' pour certains, mais le clan d'origine ne me reconnaît pas comme tel. Je ne suis en effet pas un hybride pur sang : je fais partie de la première génération dont l'esprit de l'animal totem a été '' implanté '' bien après la naissance. Enfin, la première génération de survivants au processus. »

Un Gekei ? L’esprit animal implanté ce serait dont faisait allusion le démon, disant qu’il était déjà posséder ?
Non humaine, cet homme porte en lui un esprit semblable au mien. Aucun rapport avec une créature de la nature.
Ah … Bon, du coup ça ne m’avance pas plus, mais je connais au moins son nom, on avance. Il attrapa cependant le morceau de viande que je lui tendais tout à l’heure, après sa moquerie aux airs de véritable insulte, et le balança par-dessus son épaule. Petit merdeux, si tu n’en voulais pas, je l’aurais mangé ! Mais merde quoi, pourquoi il agit comme un véritable connard maintenant ? Tss quelle imbécile je fais, d’avoir pu croire une seconde qu’une amitié aurait pu naitre. C’était évident maintenant, avec tous ses pics verbaux qu’il continue de balancer, en même temps que rappeler qu’il est là pour m’aider à maitriser cette monstruosité en moi, et pas autre chose.

« Je suis comme je suis. » Lui lançai-je alors en me levant. « Et j’en ai rien à cirer que vous me trouviez naïve ou puérile ! Vous vous croyez certainement mieux pour je ne sais quelle raison d’ailleurs, bah très bien ! Aller vous faire voir. Clairement, aller vous faire foutre ! Votre aide aurait été très précieuse, mais de toute évidence c’est plus sympa de se moquer et de regarder les autres se faire piétiner ! Bah continuez, après tout c’est que Konoha sait faire de mieux. » Un regard sur la viande encore sur le feu, puis un autre sur le ninja. « Merci pour le repas et bonne journée monsieur le Gekei. »

Tournant les talons, j’entrepris de m’éloigner, réalisant tout de même une anticipation discrètement, au cas où. Hors de question que je reçoive de l’aide d’un type qui n’est même pas capable de se retenir de … de … putain de merde. C’est moi qui me foutais la honte là, en agissant comme ça. Cacher ses émotions, réfléchir avant d’agir, le genre de truc qu’on est sensé apprendre et maitriser pour survivre dans ce monde de dingue. Et c’est exactement ce que je ne sais pas faire. Red avait déjà soulignée cette faiblesse, ce problème de comportement et ce qui expliquait que j’avais sans arrêt autant de mal à me faire prendre au sérieux. Tss saloperie. Putain con de merde de saloperie de chiotte !
Un petit caillou à côté de mon pied eut droit à un soudain vol plané sur des centaines de mètres, le chakra en renfort et mes compétences en taïjutsu y étant pour quelque chose. Bon aller, et on se maitrise. On souffle, et on y retourne.
Non humaine, tu n’as pas besoin de lui, ensemble nous pouvons déjà accomplir d’immenses choses. Le monde peut t’appartenir.
Mais j’en ai rien à foutre du monde moi, je veux juste que tu sortes de mon corps.
Tu le regretteras, cet homme est dangereux.
L’avenir nous le dira. Je fis volte-face et retournai voir le ninja. Le regard mixant dédain et lassitude posé sur lui.

« Bon, fallait que ça sorte. Je vous prierais cependant, à l’avenir, d’éviter de me charrier, d’éviter les moqueries. J’ai bien compris que toute forme d’amitié serait illusoire. Puéril même, comme vous le dites si bien, alors restons-en au sujet principal et sans forme de familiarité. Quels sont vos conseils pour me débarrasser de ce démon, ou au mieux le garder au calme sans que vous ne soyez à côté ? »

Milly, contrairement à Natsuki, n'était pas d'humeur à rire. Pour elle qui avait prit avec légèreté sa situation jusqu'à maintenant – probablement essentiellement parce qu'elle ne la réalisait pas encore tout à fait -, son pic de colère fut soudain, et surprenant. Son départ aussi. Avec un sourire effacé, le Nara tatoué la regarda s'éloigner, visiblement, leur entretien était terminé. Pouvait-il la laisser partir ainsi dans son état ? La question ne se posait pas, il n'avait pas de pouvoir de décision là-dessus : Milly savait à quoi elle s'engageait, il l'avait avertit.

Toutefois, alors qu'il se levait lui-même et époussetait ses vêtements, la Kaguya se décida à revenir vers lui, bien que son regard et son attitude laissaient très clairement voir que c'était presque contrainte et forcée qu'elle lui faisait à nouveau face. Une preuve de plus que les rapports qu'il avait eu l'occasion de voir à son sujet ne mentaient pas : elle avait le sang particulièrement chaud, et était prompte à réagir au quart de tour, guidée par l'émotion du moment plutôt que par la froide logique détachée. Un hôte de choix pour un lézard, pour ainsi dire.

« De là à dire que je me moquais, c'est peut-être aller au-delà de mon intention... » répondit-il en croisant les bras. « ... mais vous avez raison sur plusieurs points. Notamment sur les faits où nous ne sommes guère là pour nous amuser, et que je me suis autorisé avec vous bien plus que ce que j'aurai dû me le permettre. »

Les fragments restants de son sourire achevèrent de disparaître, et son visage se ferma, revenant à ce qu'il avait été à leur tout début, quand il l'avait arraché hors de la crevasse.

« Nous ne sommes pas des amis, et j'ai eu tort de me laisser adoucir par votre naïveté et votre spontanéité attachante. Merci du rappel. Voici donc mon conseil : vous ne parviendrez probablement pas à assurer un contrôle permanent dessus. Peu ont réussi avant vous sans assistance, et ce n'est pas dit que vous pourrez davantage avec la mienne. Alors écoutez bien ceci. Lorsque vous serez noyée par sa volonté, que vous vous retrouverez reléguée au rang de simple spectateur dans votre propre corps, que le sang et le chaos de ceux que vous aimez pleuvra autour de vous, oubliez l'idée de lutter contre. Vous vous épuiserez inutilement, et vous en tant qu'unité disparaîtrez, tout simplement, pour n'être plus qu'une enveloppe de chair à la merci d'un autre. Vous devrez vous concentrer sur une seule pensée, une seule idée fixe, n'avoir plus qu'un seul objectif : exister. Un torrent d'horreur vous ballotera alors que vous ne serez plus qu'une misérable flammèche sous un orage. Vous devrez tout faire pour ne pas sombrer, et attendre le moment de frapper à votre tour pour reprendre la main. Apprenez à repérer les premiers signes, et isolez-vous. Ou négociez, puisque votre salamandre semble douée de bien plus de raison que d'autres aux désirs plus impulsifs. »

Décroisant ses bras, il posa ses mains sur ses hanches, puis adressa un dernier regard à Milly.

« C'est tout ce que je peux vous dire. Je vous souhaite bonne chance pour l'avenir, et faites en sorte que si nous devions nous revoir, ce ne soit pas pour que je vienne réclamer la tête de votre clan, ou la votre. Au revoir. »

Sans autre forme de congé ni attendre de réponse, Natsuki se détourna d'elle et prit le chemin qui le ramenait vers le port. Il n'avait plus à faire ici, et il avait passé assez de temps comme cela sur l'Île de la Cendre. Surtout qu'il lui faudra un moment pour trouver un bateau lui permettant de partir d'ici...

Le ninja semblait tout aussi impassible que depuis cette rencontre, tout aussi détaché. Le genre de type qui plairait à Red, à n’en pas douter. Elle qui est toujours pragmatique, calculatrice, qui ne se laisse pas dominer par ses émotions et surtout qui réfléchit avant de parler. Oui moi je n’ai aucune chance de la conquérir, elle est bien trop distante. Je n’aime pas les gens distants, je n’aime pas les gens comme ce konohajin, qui restent stoïques en toute circonstance. A vrai dire c’est le genre de caractère qui m’insupporte le plus, après bien entendu celui qui te dénigre ouvertement.
Le Gekei reprit la parole mais dans un premier temps pour s’excuser, pour éclaircir ses précédentes paroles. J’ai été stupide de croire qu’on aurait pu être amis, de croire qu’une relation un peu plus poussée qu’un simple coup de main aurait pu naitre de tout ça. Seulement cette fois encore la réalité me rattrapait.
Bref je l’écoutai avec le plus grand calme possible, les bras croisés sur la poitrine. Hormis ses petits compliments sur ma naïveté et mon côté attachant, il me conseillait de ne pas lutter le moment venu où la salamandre réussirait à prendre le contrôle de mon corps. Mais plutôt d’utiliser la manière diplomatique, de faire un marché avec la créature, tout ça.

Sur le moment, je ne pus m’empêcher de me demander si ce n’était pas une autre forme de moquerie, et puis je me souvins de ce que j’avais ressentis en ne contrôlant plus mes mouvements, en n’étant plus aux commandes de ma propre existence. Il ne fallait pas lutter ? Mais, et si pendant que je négocie avec le démon, des personnes chères à mon cœur sont agressées, voir même tuées ? Il faudra que je ne lutte pas ? Punaise, pourvu que ça n’arrive pas, car je doute franchement être en mesure de garder mon calme à ce moment-là.
Gardons tout de même ce conseil dans un coin de notre matière grise. J’approuvai tout ceci d’un simple mouvement de tête et ajouta d’un ton faussement calme, après qu’il ait fait ses dernières salutations :

« Merci quand même pour votre aide, sans vous je n’y serais très probablement pas arrivée. Je vous souhaite également une bonne continuation, et si jamais on se revoit, ce serait bien que ce ne soit pas pour un affrontement, ça m’emmerderait de donner à Miko plus de raison encore de ne pas m’avoir à la bonne … Bye ! »

De mon côté je ferais mon possible pour maintenir mes Kaguya loin de Konoha, comme promis. Je le regardai s’éloigner progressivement, tandis que le vent se levait. Ce type est très fort, mieux vaut ne pas l’avoir comme ennemi, que ce soit maintenant ou dans plusieurs années. Je me figeai un moment, une douleur aiguë me reprenant au niveau des épaules. Arrête ça bordel ! Mon corps est à moi et je ne compte pas te le laisser. Par contre je n’ai pas le pouvoir de t’ôter de là, donc il va falloir qu’on s’entende. Si je te laisse vivre en moi, tu serais disposé à m’aider en retour ?
Tant que tu ne baisses pas ta garde, humaine …

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