Mission:

Le pays rappelait des souvenirs peu glorieux à l’homme qui en foulait de nouveau la terre au pas de course. Même si les circonstances étaient radicalement différentes, il ne pouvait s’empêcher de repenser au jour qui avait marqué un tournant dans sa vie d’impérial. Le jeune Fuka traçait à travers les bois, le regard sérieux et l’esprit ailleurs pendant un bref instant. Puis il secoua la tête chassant ses histoires de criminels mettant les rizières à feu pour affaiblir l’Empire et surtout l’image du Patriarche achevant de sang-froid ses compagnons d’arme face aux envoyés Kumojins.

La mission était sérieuse pour le coup. Elle avait beau être de rang B, le Taichou serait sûrement confronté à un autre shinobi. Il fallait donc se préparer en toute circonstance à un comité d’accueil exceptionnel. Ce n’était donc pas en gardant la tête dans les nuages qu’il réussirait à retrouver cet objet tant convoité. Deux hauts dignitaires du pays qui se disputait une montre. Un bien matériel si futile pouvait amener deux hommes à engager des guerriers pour qu’ils se livrent un combat acharné, pouvant finir sur la mort de l’un des deux, dans le seul but de récupérer un bijou d’horlogerie.

Le côté ingrat de la vie d’un shinobi soupirait lentement Fuka. Samehada dans son dos s’indignait d’une tâche aussi morne. Il y avait beau avoir du combat en prévision, elle ne parvenait pas à se réjouir malgré cette idée :

- Il y a bien plus important à faire sur ces terres. Profitons-en pour en apprendre plus sur ces fichus moines et leur grand manitou !

- C’est bien la première fois que tu souhaiterais éviter un combat ! s’étonna le garçon.

- Aucun affrontement ne vaut la peine depuis ce type…

L’arme Peau-de-Requin était elle-même pensive sur leur précédent affrontement avec le dirigeant des moines de Maskine. Mais il fallait rester concentré. Pour Fuka c’était primordial. Encore si l’arme elle avait la tête ailleurs, ce n’était pas très grave puisqu’il pourrait quand même s’en servir. Toujours est-il que les précédents voyages ici avaient au moins permis au jeune homme de bénéficier d’un train d’avance et de renseignements supplémentaires. Il savait précisément où se rendre pour obtenir les informations qu’il souhaitait.

La ville où il se rendit abritait une auberge que peu de gens connaissaient. Peu de gens recommandables en tout cas. Le Taisa avait été confronté à certains d’entre eux lors de précédentes missions. Ce qui lui avais permis de se forger tout un réseau et qui lui ouvrit les portes de ce lieu sélect. A l’intérieur, une odeur rance de tabac de cigare crachait un épais nuage sur toutes les hauteurs de la pièce. Filles finement vêtues et alcools se retrouvaient ici en symbiose dans une ambiance à la fois grivoise et malsaine. Les plus grand pontes se réunissaient ici, profitant du bruit permanent pour régler leurs petits arrangements à l’abri d’oreilles indiscrètes.

Fuka savait déjà où se rendre. Il prit la direction du bar et vint alpaguer d’un regard celui qui se trouvait derrière. Il lui rendit des yeux mauvais lorsqu’il le reconnut. Ils se mirent sur le côté pour discuter à la limite de l’étendue du comptoir :

- Qu’est-ce tu viens foutre encore ici toi ? Ça t’a pas suffi le bordel de la dernière fois ?! Les impériaux ont rien à faire ici. T’as intérêt à déguerpir vite fait si tu veux pas que je dise à ces gars de te régler…

- Et toi si tu veux pas que je dise à l’Empire de faire fermer ton cloaque, tu vas commencer par boucler ton claque-merde, répondit sèchement le Taisa.

Son regard froid avait fait passer toute l’animosité qu’il avait à l’égard de celui qui lui faisait face. Un misérable poltron se cachant derrière ses clients importants mais incapable de soutenir un argument une fois isolé. Fuka savait comment s’y prendre avec lui maintenant. Il ne tarderait pas à le faire crouler sous les renseignements en le suppliant de quitter les lieux. Il déposa simplement sa missive entre eux deux et lui demanda d’en prendre connaissance d’un signe de tête. le bonhomme se saisit d’une paire de lunette dans une poche de sa veste sans manches avant de les ôter pour en revenir aux yeux grisâtres du bretteur :

- J’ai vaguement entendu parler de ça oui. Il paraît que c’est un ancien gars de Kusa qui aurait fait le coup. Un gars pas commode en plus, à faire peur.

- Plus que moi ?! répliqua ironiquement le Taichou.

Le barman lui adressa seulement une moue mimant un rire feint. Il continua sur sa lancée malgré la boutade qu’il ne souhaitait pas directement contredire non plus.

- On dit que le type en question se terre au Sud du temple des Maskine. Il privilégie de la pérennité entourant les lieux pour se planquer dans la flore quelque part. À ce qu’on dit, il aurait un butin permettant de racheter cinq fois tout le pays !

- Ce ne sont pas les rumeurs qui m’intéressent. Ce que tu m’as dit là me suffit déjà amplement.

Sans plus de politesse, il ramassa son papier et quitta l’enceinte de l’établissement. Son départ fut suivi de quelques mots inaudibles adressés à son attention de la part du gérant de l’établissement derrière son bar. Des gentillesses sûrement ! Une fois dehors, il se dirigea vers la sortie du village. Il avait un peu de route à faire et il ne fallait pas perdre de temps s’il ne voulait pas se faire damer le pion.