Cette nuit, l’argent coulait à flots au casino, les machines laissaient entendre les leviers grincer et les roulettes défiler, les cartes distribuées avec le petit frottement du papier venaient également se joindre au tout, sans oublier les dés et les boules défilant sur les plateaux de jeu. Heureusement, une jolie bande de marchands s’était arrêtée et avait tout perdu contre la maison dans divers jeux de cartes et de dés, au grand plaisir du propriétaire qui du haut de son balcon, assis à son bureau derrière une vitre teinter, gardait un œil sur son petit paradis. Bien sûr, avoir une bonne courbe de croissance était intéressant aux yeux d’un homme d’affaires, mais c’était également pour le plaisir du jeu que cet endroit existait.

Tout en se relevant après avoir passé une bonne partie de la soirée à calculer les chiffres d’affaires du mois, Daichi appuya sur un petit bouton rouge.

- Ouhouhou, Marta, dit moi ma chérie, tu connais un endroit encore ouvert qui mérite le détour dans le coin ? Je meurs de faim ! J’ai envie de nouveauté ce soir !

- Bien sûr patron ! Vous savez ce petit resto tout mignon, l’arrêt au porc ?

- Ouhouhou, oui, j’en ai entendu parler… L’arrêt au porc, spécialisé dans les côtelettes c’est sa ?

- … et bien, ils ont tout rénové et désormais c’est le septième ciel, littéralement ! hahaha ! Mais, dépêcher vous, je crois qu’il ferme d’ici une dizaine de minutes ! Vous n’avez pas une seconde à perdre sinon c’est les nouilles sur la deuxième rue, ils sont ouverts jusqu’aux petites heures dans le quartier des bars.

- Ouhouhou, parfait ! Merci Marta, tu t’occupes de tout fermer ?

- Daichi, nous sommes ouverts en permanence… c’est même vous qui avez fait cette règle… Dois-je vous le répéter chaque soir ?...

- Ouhouhou, tu sais se que je veux dire, aller à demain !

Clic.

Tout heureux d’avoir un endroit où aller, le patron prit son veston du soir et dévala les marches quatre à quatre comme s’il n’avait pas mangé depuis des années. Saluant au passage les gros joueurs, il finit par se rendre jusqu’à la ruelle où il pue voir les lumières de son établissement éclairer le reste de la rue. S’il ne se trompait pas, le septième ciel n’était pas trop loin, mais pas de temps à perdre, tout en envoyant son veston sur son dos, retenu par un seul doigt comme l’aurait fait un parrain de la mafia, l’homme en costume chargea ses pieds de chakra avant d’entamer une course folle jusqu’à sa destination.

Deux minutes plus tard, il ouvrait la porte de l’établissement richement décoré, c’était sympa comme place.

Un membre du personnel vint à sa rencontre, lui expliquant qu’ils allaient bientôt fermer.

- Ouhouhou, ne t’inquiète pas mon ami, je compte bien vous dédommager, vois-tu, j’ai extrêmement faim et n’ai entendu que de bon commentaire de votre part, alors je vais aller m’asseoir à cette table là-bas, apporte-moi la spécialité et si le patron des lieux est encore ici, envoie-moi-le veut-tu ! Ce serait très apprécié !

Dit-il en agitant les mains comme un magicien jusqu’à faire apparaître une tonne de billets, une liasse de billets si grosse qu’elle n’entrait pas dans une poche ordinaire pour la donner au petit commis.

Sans demander son reste, l’homme à la visière s’installa à table tout en dévisageant les lieux comme l’aurait fait un enfant, tout exciter de voir ce qu’on allait lui servir.

« Natsuki, un client vient d'arriver, et il souhaiterait vous voir. »

Natsuki, qui descendait les escaliers menant à son bureau pour rentrer chez lui comme tout le monde s'apprêtait à le faire, s'arrêta à hauteur de l'employé aux poches curieusement rebondi qui l'avait interpelé.

« Si c'est pour un soucis ou pour faire une éloge, c'est à Reiji qu'il faut s'adresser. » répondit-il.
« Je ne crois pas que ce soit pour cela. Il a suggéré un gros pourboire pour pouvoir s'adresser à vous. »

A cette mention, le visage de Natsuki changea, ses traits affichant une expression où se mêlait la contrariété et la déception.

« Et depuis quand cela donne-t-il du pouvoir sur le personnel ici ? » lâcha-t-il d'un ton chargé de reproches.

Il consulta sa montre. L'heure de fermeture du restaurant au rez-de-chaussé était proche, au point qu'elle ne se comptait plus qu'en minutes.

« Bon. Vous allez transmettre de continuer comme d'habitude. L'équipe de salle termine son service en levant les chaises, gardez le passage de la serpillière pour les postes du matin demain. La cuisine pourra aussi partir quand elle aura terminé ce qu'elle a à faire. Je m'occupe du dernier client, et assurerai la fermeture du restaurant. »

Un quart d'heure plus tard, Natsuki se présenta à la table de l'homme qui le demandait, une assiette dans chaque main.

« J'ai cru comprendre que vous souhaitiez me rencontrer. Je suis Natsuki,le propriétaire du Septième Ciel. »

Il déposa la commande à l'attention de son singulier client devant ce dernier – épaule d'agneau au gingembre sur lit de riz - , ainsi que l'autre assiette en face, où il prit place lui-même.

« Il m'arrive occasionnellement de dîner assez tard... » enchaina-t-il sans attendre de réponse. « ...auquel cas je profite des cuisines encore chaudes en fin de service pour me préparer quelque chose. Toutefois, j'évite au possible de m'imposer à mes employés : c'est pourquoi je me charge toujours moi-même du travail en excédant que je cause, afin qu'ils puissent tous rentrer aux heures convenues par leurs contrats. Que ce soit la cuisine, la vaisselle, ou la fermeture de la boutique. C'est un peu sinistre de manger seul dans une grande salle vide et silencieuse, mais l'on s'y fait. »

Il n'y avait en effet plus que eux dans l’établissement, tous les autres employés ayant fini leur service.

« Cependant, je suis persuadé que ce n'est pas cet attrait de la tranquillité et de la solitude qui vous a poussé à venir ici à une heure aussi tardive, pas plus que votre désir de tromper le silence de l'immensité en payant plus que de raison l'un de mes employés pour qu'il fasse venir le propriétaire. Si vous m'expliquiez donc la raison derrière tout ceci, Monsieur... ? »

D'aspect général, Natsuki apparaissait comme sympathique, bien que son regard circonspect s'efforçait de déterminer qui il avait en face de lui. L'homme portait un masque des plus étranges, au point qu'il n'arrivait pas déterminer si c'était un simple accessoire, ou si ce dernier était capable de beaucoup plus, comme tirer des laser ou détecter la chaleur. Il était toutefois à peu près certain que la visière émettrait une lueur s'il éteignait la lumière.

De la même manière, la façon qu'il avait de bouger et se tenir n'échappa pas à Natsuki, qui avait fréquenté plus d'un soldat dans sa vie : assurément, l'individu savait se battre.

À l’arrivée du fameux Nara tatoué du village, Daichi se releva, laissant paraitre ses bonnes manières tout en courbant légèrement la tête en signe de politesse. Il n’était tout de même pas pour lui serrer la main lors qu’il apportait si fidèlement deux cloches d’argent garnies d’un festin ! Puis, il reprit sa place tout en déboutonnant ses boutons de manchette à l’effigie de la feuille pour remonter plus facilement ses manches.

Selon ce qu’il démontrait vis-à-vis de ses agissements, cet homme fonctionnait selon les règles du milieu. S’était toutes qu’une chose de s’occuper de tout l’endroit seul, pour éviter les heures supplémentaires à son personnel, mais du coin de l’œil, l’homme à la visière en déduisit que se n’était pas l’une des petites magouilles d’un propriétaire avare, mais plutôt celle d’un plus… attentionnées envers son équipe. Il avait même remarqué l’argent et cela fit sourire l’homme au costume.

- De toute évidence, rien ne vous échappe ! Vous avez un œil de lynx l’ami !

Gloussa-t-il en ravalant ses ouhouhou habituels. Après tout, cet homme était une pièce de puzzle qui n’allait pas dans n’importe quel moule, il ne fallait donc pas le prendre pour un idiot, il n’était pas ici pour avoir l’air d’un clown.

- Kinzoku Daichi, pour vous servir ! Je suis dans les affaires moi aussi, mais je joue plus avec l’Argent que les mets raffinés si vous voyer se que je veux dire.

Rajouta l’homme à la visière tout en agrémentant le tout d’un geste de la main pour accentuer le côté théâtral de la chose. N’empêche, le tout avait des aromes qu’il enviait, si seulement il pouvait servir de tel plat dans son casino, tout le monde y resterait plus longtemps.

- De propriétaire à un autre, je dois avouer que vous avez l’œil juste, quant aux raisons qui m’ont apporté ici, elles sont plutôt variées, comme vos talents si je puis me permettre. Mais, excuser mes manières, ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre l’homme ayant combattu l’un des démons mythiques. Trêve de flatterie, j’avoue avoir été recommandé, on ne m’a dit que du bien de cet endroit si l’ont prend en compte la fine gueule qui m’y a envoyé, c’est que votre réputation n’est plus à faire.

Tout en prenant une pause agrémentée d’une gorgée d’eau, Daichi se permit d’insister son hôte à commencer à manger, après tout, il était ici pour ça au début… mais maintenant qu’il avait de la compagnie, s’était plus fort que lui…

- Je suis impressionné, vous avez remarqué d’un seul coup d’œil l’argent et ce n’est pas l’œil d’une personne dans le besoin que j’ai cru entrevoir derrière l’une de vos mèches rebelles. Voyer vous, je voulais voir quel genre d’homme vous étiez, ayant moi même une bonne quantité d’hommes sous la main, j’aime savoir que je ne suis pas le seul à bien traiter ceux qui dédie leurs temps pour moi. Bref, je voulais prendre un peu de votre temps, j’ai pu admirer les rénovations de cet établissement, mon Casino n’est qu’à quelques rues voyer vous. J’ai également pu voir quel genre d’homme vous êtes et pour l’instant, j’apprécie cette fin de soirée, alors j’espère que vous ne m’en voudrez pas trop !

Bien loin de lui l’idée de pouvoir payer pour acheter l’attention, l’argent n’était que distraction, ainsi il avait confirmé plusieurs points essentiels à ses petits questionnements personnels, puisque la réaction de l’employé en avait dit beaucoup et que celle du propriétaire également, il se sentait bien mieux. L’un n’était pas dans le besoin pour avoir hésité à le prendre et l’autre n’était pas jaloux de lui avoir laissé, bref, s’était complexe, mais Natsuki avait passé le test. Daichi détestait les employeurs qui profitaient de leurs subordonnées. Peut-être pourrait-il envisager une certaine alliance après tout. Les rumeurs courraient et tout le monde se demandait ce que cette petite tour allait abriter sur les étages plus haut.

Natsuki plissa les yeux. Beaucoup trop de gens citaient son affrontement contre Ichibi à son goût. Un combat qui n'en avait que le titre, et au cours duquel tout avait été joué dès le début : personne n'avait la moindre chance contre un Narrateur d'abord abonné absent puis soudainement pressé par le temps à cause de la trame scénaristique.

« Oui. » articula-t-il amèrement en filant sur le sujet suivant. « J'ai racheté et rénové l'établissement qui était laissé à l'abandon depuis bien trop longtemps. Un des chefs cuisiniers qui travaillaient ici à l'époque compte aussi dans les membres du personnel actuel. Cela a beaucoup aidé à la réputation au début, mais bien entendu, l'on ne peut pas se contenter de cela pour faire prospérer un restaurant. La réputation est une chose, la qualité du service en est une autre. Je ne vous apprends rien sur ce plan, bien entendu. »

Entre hommes d'affaires, ils se comprenaient. Surtout autour d'un plat.

« J'espère que le repas sera à votre convenance. Je sais que l'on vous l'a conseillé, mais ce n'est pas moi qui suis aux fourneaux pour les clients : je ne suis que le propriétaire. »

Cela ne l'empêchait pas d'avoir une solide expérience en cuisine : il avait grandit sous la tutelle de la Tante des Nara, laquelle l'avait mit dès son plus jeune âge à contribution pour la communauté d'enfants dont elle avait la charge d'éduquer en l'absence de leurs parents. Et c'était à la préparation des repas qu'il avait échoué – prit beaucoup de plaisir aussi.

« En ce qui vous concerne, vous me parliez d'être le propriétaire d'un casino situé à quelques rues d'ici. J'imagine donc que vous faites référence au Cochon Doré. Je n'ai encore jamais eu l'occasion d'y mettre les pieds. Je n'ai pas beaucoup d'attrait pour ce genre de jeux, voyez-vous, mais je sais que cela a du succès, et je songeais à proposer des machines à sous ici justement. Enfin, c'était avant d'apprendre que vous vous installiez à proximité. »

La concurrence n'était en général que bonne pour les clients, rarement pour les prestataires des services en question. Et à l'image des deux pharmacies l'une en face de l'autre qu'il y avait en bas de chez lui, si l'on voulait se lancer dans ce genre d'aventure, il fallait être capable de supplanter totalement le concurrent en proposant une gamme complètement au-dessus de ce qu'il a offrir, le tout à des prix similaires. Formulé autrement, c'était plutôt compliqué, en plus d'être coûteux et incertain.

« Si vous me racontiez un peu votre histoire, Daichi. Comment est-ce qu'un membre du clan Kinzoku a-t-il atterrit ici, à Konoha ? De mémoire, votre clan est très disparate, et contrairement à beaucoup d'autres, ne se centralise pas quelque part en particulier. L'on trouve autant de manieurs de métal au Pays du Feu qu'à celui du Vent ou de l'Eau. »

C'était souvent le cas avec les clans qui à l'époque de la formation des Villages Ninja avaient fait le choix de ne prendre le partie d'aucun. Certains restaient groupés, comme les Kaguya, alors que d'autres préféraient vivre ici et là, s'éparpillant là où l’existence leur paraissait être la mieux. Il fallait aussi dire que l'appellation des Kinzoku était relativement récente : avant le patch de mise à jour, l'on parlait simplement de ceux qui savaient créer et manier le métal, au même titre que le cristal ou la lave.

C'était un don avant d'être un trait commun.

Comme de vieux amis, les deux hommes mangèrent tranquillement en papotant, tournant autour de sujet parfois plus intéressant que d’autres.

- Oh ne vous inquiéter pas mon ami, la nourriture ici est exquise et j’en suis bien heureux ! Que vous n’en êtes que le propriétaire ne vous enlève rien, sans vous cet établissement ne serait pas se qu’il est et je suis certain que vous jouer les humbles, mais c’est une des qualités que j’affectionne, ce n’est pas parce qu’on a réussi dans la vie que nous devons nous croire supérieur, il ne suffit que d’un ninja pour détruire se que nous avons mis tant d’années à construire.

Puis le sujet tourna un peu, après avoir bavardé brièvement du restaurent, l’homme masqué descella peut-être un brin de curiosité chez son collègue, il semblerait que le tatoué n’ai jamais expérimenter une petite partie de quoi que se soit au niveau du jeu, s’était plutôt dommage, ou respectable, cela dépend du point de vue.

- C’est en effet bien dommage que vous n’ayez jamais visité mon établissement, mais voyer vous, j’ai du mal à me décider, est-ce que c’est bien ou mal. Voyer vous, certain y vont avec l’intention d’y gagner gros, de prendre leur retraite et de financer quelques petits projets, mais je n’ai pas créé cet endroit pour les dépouiller, certes je fais un profit et un bon, mais j’essaie de redistribuer ou bon me semble, comme à l’académie par exemple ! Dans tous les cas, si vous avez à y aller un jour, je vous déconseille les tables de joueur compulsif, éviter donc les roulettes ou les machines à sous, vous aurez beaucoup plus de plaisir à découvrir le monde des cartes par exemple. Du moins, moi c’est se que je préfère.

Finit-il par dire avant de repousser un peu son assiette vide pour créé un espace sur la table, laissant sortir de sa manche un paquet de cartes un peu spéciales, cinquante-deux cartes tout argenté, faite d’un métal à la fois résistant et parfaitement clair sur les numéraux inscrit ou gravé dessus.

- Je vous encourage à essayer avec moi ce soir si vous en avez le temps, une petite partie de Poker peut aisément aider à se changer les idées. Quant à vos projets, ils ne me dérangent pas, comme dit plus tôt, j’ai mon casino pour des buts dépassant l’enrichissement, alors un peu de concurrence ne fera pas de mal, mais si vous avez l’intention de ne faire qu’une petite pièce avec quelques machines à sous et deux trois tables, il me fera plaisir de vous offrir un partenariat, le Cochon-Doré pourrait devenir le cochon volant du septième ciel qui sais ! Dans tous les cas, voici vos deux cartes. Nous essayons ici de faire des paires, des suites et des couleurs, nous allons faire la première à découvert, voyer vous, vous avez ici, une dame de cœur et un roi de cœur, j’ai la même chose avec du trèfle. Si je tourne trois autres cartes au centre, nous pouvons voir que trois cœurs sont sortis, ainsi, vous avez la main mon amie, mais d’ordinaire je n’en sais rien et c’est là que nous devons décortiquer notre adversaire, lire dans ses moindres faits et gestes, ses expressions afin de voir s’il ment, ou bluff, ou possède vraiment du jeu.

La partie continua, doucement, le Nara connaissait peut-être déjà les règles, mais un petit rafraichissement n’était jamais de trop. Daichi le fit jouer doucement tout en continuant de lui répondre.

- Oh vous savez, pour ma famille c’est effectivement une histoire différente, je viens d’une petite famille de nomade, pas plus que ma mère mon père et mes frères et sœurs qui travail tous au casino ! Nous avons décidé de voir, ce qu’était l’un des grands villages, voyant plus l’arrivée d’une nation comme un grand marché pour nous, habituer de se promener d’une place à l’autre afin de vendre divers produits. Principalement des épices en fait, puis, alors que l’opportunité était bonne, que nous avions choisi de nous installer, mon père rejoignit nos ancêtres, laissant derrière lui une famille sans grand choix. Nous avons donc travaillé dur, pour pouvoir offrir à ma mère la petite maison proche d’un lac qu’elle a toujours voulu, quant aux autres, ils n’ont pas trop la fibre de l’entrepreneur, alors il s’occupe chacun de se qu’il préfère dans l’établissement, un au bar, une derrière les filles qui danse, l’autre à la sécurité et ainsi de suite.

Après une petite pause et la fin de la partie, Daichi reprit ses cartes tout en en gardant une dans les mains, une carte qu’il se permit de modeler à sa guise avec son chakra pour offrir un petit spectacle à son nouvel ami.

- Voyer vous, j’ai toujours eu deux ambitions dans la vie et désormais que l’une d’entre elles roule plutôt bien, je désire revenir dans le monde des Shinobis, faire une différence ! J’ai même une entrevue pour enseigner, Kihran souhaiterait bien que je donne des cours de maths à l’académie pour débuter, mais nous verrons bien. J’ai grand espoir sur l’avenir et la prochaine génération, mais je ne suis pas encore trop vieux pour m’oublier, je désire retourner sur le terrain au plus vite. Qu’en pensez-vous ? Le métal est bien souvent l’arme d’un Shinobi après tout.

« Pas forcément un shinobi, mais oui, il suffit de pas grand chose pour tout détruire. C'est pour cela que j'ai une bonne assurance. Un peu chère, certes, tout ceci ne reste jamais que du bois et du matériel : rien d'irremplaçable en somme. Sauf peut-être ceci. »

Natsuki désigna d'un mouvement de la main la maquette de deux mètres d'une pagode située au centre du restaurant.

« J'ai fais construire cette miniature en hommage au précédent propriétaire du restaurant. Elle représente l'établissement tel qu'il l'était avant que je n'en fasse les rénovations. Fidèle jusque dans les plus petites nuances de couleurs. Et l'air de rien, cela m'a prit plus de temps de la faire faire que de rénover la partie restaurant. J'en ai une autre similaire, mais pas identique, dans mon bureau. Elle a été faite à ma demande par un curieux Kumojin très doué avec l'argile, lorsque j'étais à Suna. Enfin, avant que l'on soit de nouveau en guerre avec eux en tout cas... »

La remarque d'après lui tira un sourire.

« Vous vous demandez si c'est bien ou mal ? Amusant. Je serai plutôt d'avis de penser que la question n'est pas là. Tout le monde a connaissance des risques que l'on encourt dans un casino. Vous, vous proposez une prestation, rien d'autre : les clients ont leur libre arbitre. Ce serait comme si je m'inquiétais de proposer des plats de trop bonne qualité, de crainte que les consommateurs mangent en excès ici et deviennent obèses. Mais cela ayant été dit, je suis d'accord avec vous sur un point : il est essentiel de toujours se remettre en question, et de ne jamais considérer une certitude comme immuable. Surtout dans le métier de shinobi. Tout change si vite, que ce soit nos relations avec les autres Pays, nos ennemis, nos objectifs, et même nos propres convictions. Prendre le temps de faire le point occasionnellement, et de se demander quel est le réel sens de nos actes n'est jamais un mal. Cela permet de réaliser que l'on est toujours en accord avec soi-même, ou au contraire, de remarquer à quel point nous avons changé sans même nous en rendre compte. »

Le repas touchant à sa fin, Daichi proposa une partie de cartes pour initier Natsuki aux plaisirs des casinos. Cartes qui attirèrent son attention d'ailleurs, lorsqu'il eu les premières entre les mains. En plus de leur élégance, c'était surtout leur composition qui sortait du lot : le métal leur donnait une prise en main rigide, et plutôt déconcertante. Il eu droit ensuite à un cours sur le poker et sa version holdem. Quand il avait dit qu'il n'avait que très peu d'attrait pour les jeux d'argent, cela ne signifiait pas qu'il ignorait les règles des jeux qui s'y trouvaient – la formation shinobi imposant en définitif de savoir tout faire - , toutefois il laissa Daichi terminer ses explications sans commentaire. Ce dernier aimait son métier, cela se voyait, aussi il aurait été dommage de l'en priver. A plus forte raison qu'il y avait autre chose sur laquelle rebondir.

« Je garde à l'esprit votre proposition, Daichi, soyez en assuré. » annonça-t-il avec un sourire. « Elle sera considérée en temps et en heures. Mais pour le moment, avant de me lancer dans quoi que ce soit d'autre, je dois générer un peu plus de profit pour investir. J'ai tout juste fini de rembourser en un an mon prêt qui était prévu sur dix. Les choses sérieuses commencent donc maintenant pour moi. Et comme vous le mentionniez plus tôt, financer un projet dans un casino peut s'avérer très hasardeux. Je vais donc m'abstenir de la voie la plus rapide – et la plus risquée. »

Une succession de parties eurent donc lieu, au cours desquelles Daichi raconta une partie de son histoire à Natsuki. C'était très résumé, mais comme il avait prit le temps de lire le background de son invité, le Nara tatoué avait suffisamment d'élément en main pour comprendre les grandes lignes. Une discussion dont la finalité trouva écho dans les oreilles de Natsuki.

« De ce que j'en pense, c'est qu'un shinobi qui compte sur un morceau de métal pour s'en sortir à toutes les raisons de s'inquiéter. A plus forte raison s'il croit qu'avoir une épée le rend plus dangereux ou lui offre l'avantage sur un adversaire à mains nues. Une remarque qui ne s'applique pas aux créateurs d'acier que sont les Kinzoku, bien entendu. » précisa-t-il avec un sourire entendu.

Toute règle avait son exception.

« Toutefois, vous avez mon intérêt en plus de mon attention là. Parlez-moi donc de votre vision du monde shinobi, et ce qui vous pousse vraiment à vouloir reprendre les armes. Car désirer retourner sur le terrain et faire la différence, c'est une chose, mais faire la différence dans quoi ? Dans la guerre absurde qui se profile contre Suna ? Dans la prospérité du Pays du Feu ? Dans l'établissement d'une paix qui semble toujours nous échapper ? Dans l'éradication pur et simple de tout ce qui s'oppose à Konoha ? Chaque shinobi a sa vision du monde, de ses objectifs, et de la façon dont il doit servir son Village. Je suis bien curieux d'entendre la votre, Daichi. Si vous acceptez de m'en faire part, bien entendu. »

Les seuls que Natsuki forçait à lui répondre étaient en général dans une situation où ils avaient clairement conscience de la nécessité de parler.

« Car comme vous l'ignorez peut-être, je suis aussi à la tête d'une équipe shinobi, en plus du Septième Ciel. Aussi, en fonction de ce que vous pourrez me dire, et si cela vous intéresse, je serai éventuellement en mesure de vous aider à vous dérouiller un peu, et vous remettre dans le système comme il se doit. »

La soirée prenait décidément une tournure de plus en plus intéressante. Présenté d'abord comme un simple client extraverti, Daichi se révéla être une compagnie singulière et intéressante, autant dans son apparence que dans ses paroles.

Et quelque part, Natsuki restait convaincu que son invité n'avait pas encore abattu toutes ses cartes.

Comme dans chacun de ses écrits, le Nara tatoué démontrait une éloquence et une capacité d’adaptation phénoménale, tout coulait comme de l’eau alors que les mots entraient dans l’esprit du personnage. Daichi sourit à son tour tout en laissant les cartes des dernières parties revenir à lui comme par magie.

- Vous savez, beaucoup de ninjas ont une raison, beaucoup n’en ont pas, certaines de ses personnes seront même éblouies par leurs ambitions au point de ne plus voir les conséquences de leurs propres actes. Donc, un Shinobi possède plusieurs choix, comme dans un jeu de cartes, plusieurs de ses mêmes choix sont fort mis ensemble, nous parlons de paires d’alliance et ainsi de suite, mais parfois, nous devons faire des concessions pour nos rêves ultimes, pour ainsi gagner la partie finale. Je ne crois pas à la guerre en soi, se frapper sur la poire n’est que le moyen choisit par ceux n’ayant pas les mots assez fort, mais comme dans tout, se jeu se joue à l’une des tables les plus prisées, nous parlons ici de celle des Kages. Pourquoi est-ce que nous les écoutons ? Pourquoi notre nation est meilleure qu’une autre ? Nous n’y répondrons probablement jamais de manière… Honnête. Car en réalité, ce n’est que de l’égoïsme, nous avons tous assez de ressources pour survivre, mais certain en veulent plus, que se soit nous ou le voisin, mon but est d’un jour m’asseoir à la table des grands et d’utiliser mes compétences pour résoudre le tout, je crois dur comme fer qu’un échange équitable de ressources et d’alliance nous permettrait de vivre une belle vie dans l’abondance, mais encore… Il restera toujours certain extrémiste qui ne prenne pas le temps de s’asseoir, qui pense que de détruire une nation peut faire une différence alors que les réactions en chaine ne feront qu’une nouvelle génération plus enragée que la précédente.

Toujours en jouant avec ses cartes, Daichi s’enfonça dans sa banquette.

- Tout n’est qu’une roue sans fin, peut importe comment nous regardons cet univers, il y aurait toujours une entité contradictoire, mais j’aime à croire que c’est se qui rend les choses si intéressantes, je vise donc le sommet. Pourquoi ? Simplement, car je m’en crois capable. Ainsi je propulserais mon influence dans le pays, puis chez nos voisins, j’enlèverais des vies s’il le faut, puisque je suis fidèle à la nation que mes parents ont choisie pour nous accueillir, mais si un jour je prends les rênes, je placerai mon énergie à trouver les mauvaises herbes, simplement. Vous savez Natsuki, les gens comme vous et moi, nous savons que pour obtenir nos objectifs, nous allons devoir nous salir les mains, mais heureusement, vous faites partie de ceux qui ne prenne pas de raccourci. Vite fait bien fait n’a jamais fait bon ménage, ou du moins jamais longtemps.

Tout en se relevant, l’homme à la visière empila ses assiettes et se proposa pour les rapporter, plus par gentillesse, sachant que le Nara s’imposerait probablement.

- Alors, à votre offre je réponds d’un grand oui, j’avoue ne pas y avoir pensé, j’étais venu que pour le souper, mais j’accepte votre offre, retourner sur le terrain, voir du pays, tout ça me serait bénéfique de temps en temps.

Dans tout ce que disait Daiki, il y avait une part de réflexion certaine, mais aussi de fantaisie, ce qui ne manqua pas de tirer un sourire à Natsuki.

« Vous êtes plutôt du genre idéaliste que pessimiste, je me trompe ? » répondit-il. « Tout ce que vous dîtes est bien beau, mais c'est un discours dont j'ai déjà entendu l'idée général dans plus d'une bouche. Nous avons tous un jeu de cartes en mains, avec lequel il faut se débrouiller, et chacun s'imagine que son jeu s'enrichira en gagnant des places dans la hiérarchie. Chacun pense que le monde ira mieux avec lui à sa tête, et qu'il sera à même de régler les problèmes qui accablent l'existence au quotidien beaucoup plus efficacement que les actuels têtes de pont. »

Natsuki empêcha d'un geste son interlocuteur de se lever et d'emporter il ignorait où les assiettes et couverts.

« Quelque part, penser ceci revient à dire que Miko en son temps et Mizuki actuellement font mal leur travail. Que chaque dirigeant jusqu'à la venue des prétentieux n'était pas efficace à son poste. Comment est-ce seulement possible alors que les changements de Kage et autres sont relativement fréquents ? La vie est effectivement un jeu de carte Daichi, mais il ne suffit pas d'une bonne main et d'idées pour gagner : il faut aussi composer avec la donne sur la table. Une donne qui à l'image de notre partie reste cachée jusqu'à ce que l'on s'y assoit, et qu'il n'est plus possible de reculer. C'est beaucoup trop facile de définir la stratégie parfaite sans avoir conscience des contraintes réelles. »

A plus forte raison que la manière de Daichi à vouloir éradiquer ceux qui refusent de passer par la voie diplomatique n'est plus ni moins qu'une forme de guerre envers autrui, avec les mêmes problèmes, les mêmes inconvénients et les mêmes conséquences. Croyait-il que les dirigeants actuels recherchaient la guerre à tout prix, juste par plaisir d'en déclencher une de plus ? Kibõ au moins avait tenté de faire les choses proprement, en ciblant spécifiquement Miko. Cela avait échoué et sa tentative avait résulté sur le conflit actuel, mais l'on pouvait au moins lui saluer l'effort.

« Pour en revenir sur votre intégration au sein de mon équipe maintenant, je crains devoir reconsidérer ma proposition finalement. Car à l'image de ce projet que je nourrissais jusqu'à présent de poursuivre ce pan d'histoire en visitant votre casino en votre compagnie pas plus tard que ce soir, de récentes informations qui me sont parvenues ont complètement changé la donne. En effet, votre demande de reroll n'est pas passée inaperçue, et je dois avouer que j'ai depuis longtemps perdu le fil de vos multiples réincarnations. De Bakusho maquillé à Nara sourd pour adopter ensuite la forme d'un Kinzoku à demi-masqué pour ne citer que les trois dernières, cela fait beaucoup en très peu de temps. Alors je sais bien que mon équipe est connue pour avoir vu passer plus d'étudiants que n'importe quelle autre, et que la majorité d'entre eux ont disparut dans des conditions inconnues et mystérieuses, mais je ne tiens pas à faire une mauvaise presse de plus en scellant officiellement votre adhésion à Matsudaï 3.1 en sachant qu'à l'heure où j'écris ces lignes, vous n'exister probablement plus dans l'imagination de votre créateur autrement que sous la forme d'un souvenir. »

Il soupira, imaginant déjà sans mal les piques avec lesquelles Miko le bombardera.

« Vous comprendrez sans mal que bien que je prenne du plaisir à écrire cette histoire, elle a perdu une grande partie de sa saveur sitôt que j'ai apprit votre projet. Aussi je vous propose de nous arrêter là pour cette vie, et éventuellement de nous rencontrer dans votre prochaine, une fois que vous aurez dépasser quatre mois d'ancienneté. N'y voyez pas là une offense personnelle, simplement un sentiment de lassitude de ma part à force d'essuyer des scénarios relativement similaires, la différence tenant toutefois dans la mesure où au moins je sais à quoi m'en tenir avec vous avant de me retrouver devant le fait accomplit. Rien n'est pire que quand l'incertitude plane jusqu'au moment des dégroupages. »

Natsuki lui offrit une main à serrer.

« Afin de nous quitter bons amis, je vous propose tout de même de me céder à titre gratuit toutes les installations de votre casino, ainsi que votre secrétaire. Soyez assuré que j'en ferai bon usage, et que le moment venu, je m'assurerai personnellement que le Cochon d'Or connaisse une seconde vie digne de ce nom, à l'image de ce que fut jadis l'Arrêt au Porc. »

La proposition était un peu crue, mais n'importe comment, peu de gens s'intéressaient au devenir de leur ancien personnage. Ils suffisaient de voir les topic de reroll : '' X disparaît dans la nature. '' '' Y devient un pilier de bar. '' '' Z est empoisonné en mission. '' etc...

Et ce n'était pas comme si le monde manquait de PNJ...