Le Pays du Soleil était l’un des sujets que Aomine avait tenu à repousser le plus possible. Mais à présent que les élections pour le Conseil décisionnaire étaient quasiment terminées, il n’était plus concevable de ne pas avoir de rapport sur la situation. Et pour l’occasion, c’était à Hakushi Jio que le Régent allait commencer. C’était ce gamin qui aurait pu rejoindre son équipe lorsque le Rokudaime Raïkage était toujours en vie. Mais les choses avaient beaucoup changé.

« Salut Jio, comment tu vas bonhomme ? »

Si les deux shinobis s’étaient déjà rencontrés par le passé donc, leur rapport n’avait que peu changé. Si l’on pouvait les voir encore moins intimes qu’avant vu le nouveau statut de Régent que le Bakushô se devait d’honorer, le jeune Hakushi était toujours Genin, bien qu’il n’y ait rien d’extraordinaire à cela. Pour autant, sa mission à Taiyô no Kuni avait été une sorte de réussite. Qui savait à l’heure actuelle la distance qui séparait le jeune homme au grade de Chûnin ?

Dans tous les cas, le Colosse était satisfait de revoir ce petit visage familier. Et il avait hâte de voir si ce dernier avait progressé. Mais la raison principale de cette entrevue tournait bien entendu autour de Taiyô no Kuni. Et peut-être que le rapport qu’allait fournir le Genin allait montrer ses éventuels progrès.

« J’ai appris que t’étais parti en mission à ce fameux Pays du Soleil. On m’a fait un rapport bref et concis sur ça, et je t’avouerai que je l’ai lu en diagonale. Tu sais, la paperasse tout ça c’est pas mon délire. Je préfère quand, ‘fin tu vois, quand… »

Il ne savait pas trop comment formuler sa phrase, ce qui expliqua son hésitation sur le moment. Et lorsqu’il la trouva, il accompagna sa voix d’un petit geste de main.

« … y a un dialogue d’homme à homme. »

On lui avait parlé de celle qui dirigeait vraisemblablement la rébellion à Shimo no Kuni, mais là aussi il n’avait pas voulu en savoir davantage. La mission pour le Pays du Givre avait de toute façon débuté. Hakushi Jio n’était là que pour apporter précisions et sincérité sur un sujet qui avait été globalement digéré.

« Raconte-moi ce qu’il s’est passé là-bas. »

Derrière son bureau, le Colosse attendait désormais des explications plus précises sur la mission qui avait amené le petit Jio et ses deux coéquipières au pied de la fameuse grande muraille de bois de cette nouvelle nation. Y avait-il un lien avec le mouvement contestataire de la Nation d’ailleurs ? Probablement. Mais dans tous les cas, cela ne semblait pas être une priorité pour Kumo. Restait à voir si ce que le Hakushi avait à dire allait changer les choses…

Il en avait assez dit. Non, en réalité il en avait même fait des tonnes. Sa première partie sur le long trajet avait au moins duré cinq minutes. Le bonhomme n’avait apparemment pas fait d’efforts de maturité, mais ça ne se gagnait pas par miracle. Non, on devenait matures en grandissant ou suite à des expériences précises. Et il semblerait que le Pays du Soleil n’ait pu lui apporter ça, mais si sur la fin l’hésitation palpable du Hakushi semblait indiquer qu’il s’était passé quelque-chose. Comme le Régent se doutait que c’était lié à Yui, il n’en dit pas plus. Après tout, c’était bien le contenu du voyage, les informations sur Taiyô no Kuni et le portrait de la fameuse Kinzoku Oni qui importaient.

« Ca suffira, je te remercie. »

Le Régent s’accouda à son bureau. Son expression laissait l’idée qu’il était perplexe. Mais la question était de savoir à quel propos. Une réponse fut rapidement donnée par ce dernier, qui continua pour l’instant de se reposer sur sa main droite.

« Justement, l’arme que tu as ramenée, elle t’a été fabriquée par cette fameuse Kinzoku Oni. Mais s’il n’est plus possible d’utiliser son chakra dans ce foutu pays, comment se fait-il qu’elle ne se soit pas détruite d’elle-même ? »

Un raisonnement logique et valable dans les faits. Ce qui différenciait les Kinzoku de simples forgerons, c’était leur capacité de créer et manipuler le métal avec le chakra. En partant de ce principe, c’était établi que le chakra maintenait les créations de métal sous une certaine forme. Par exemple, si on ôtait le chakra d’une structure d’argile du Bakushô, il serait ensuite incapable de la faire exploser.

Ainsi, ce n’était pas la création de ces armes fournies par la Kinzoku qui était étrange, mais la capacité de ses créations à ne pas se désintégrer une fois entrées dans le Pays du Soleil. Mais il y avait une hypothèse.

« Elle est peut-être capable de réaliser un certain type de Ninjutsu propre à son clan, ou alors c’est lié à sa maîtrise pointue de son chakra. Dans les deux cas, ce n’était pas n’importe qui. Et ça tend à montrer que vous étiez bien accompagnés de la vraie Kinzoku Oni. »

Il relâcha son bras et s’intéressa à un document sur son bureau. C’était une sorte de petit formulaire qu’il s’empressa de signer, et il le plia avant de le donner au Genin.

« C’est une convocation que j’ai signée pour que tu ailles faire deux choses. Premièrement, fais un rapport écrit à l’accueil de ce qu’il s’est passé à Taiyô no Kuni. Et deuzio, va faire analyser ton arme de métal. A moins qu’elle ne représente un danger, elle te sera restituée sans souci. »

Alors qu’il allait lui demander s’il y avait autre chose dont le bonhomme voudrait parler, il se souvint d’une information manquante dans le dossier du Hakushi. Il rouvrit son dossier, et s’adonna à un peu de paperasse. Heureusement qu’il était là, il allait pouvoir lui poser la question directement.

« A l’époque je voulais pas d’un pleurnichard dans mon équipe, mais les temps ont changé et tu as muri. Et puis je suis Régent, alors je dois m’assurer que tu progresses au sein et pour Kumo. Alors, t’as un senseï en ce moment ? »