Lorsque la missive de Tetsu no Kuni était arrivée et qu’on le lui avait signalé, Aomine s’était empressé de la lire. Finalement soulagé que ça ne soit rien de grave et surtout que ses deux shinobis envoyés là-bas ne soient pas concernés par un quelconque problème, il put se reconcentrer pour une seconde lecture. La mission semblait simple, même s’il faudrait forcément envoyer un gradé pour l’accomplir. Et ce n’était d’ailleurs pas une question de force physique, mais plutôt d’une force mentale.

Un des prisonniers de la ville de Douyari leur posait problème. Forcément, les Samouraïs n’étaient pas des fervents partisans des méthodes de torture, qui allaient probablement à l’encontre de leur code d’honneur ou de leur éthique. Et si le pouvoir en place pouvait compter sur des civils ou des shinobis d’autres horizons, faire appel à leur allié semblait justifié.

Le Régent avait donc décidé d’appeler Kamikaze, shinobi duquel il avait entendu de bonnes choses de la bouche de son Ministre moine. C’est donc face à un Kumojin qui méritait son grade de Jônin que le Bakushô se retrouva.

« Kamikaze, c’est une bonne chose que nous nous retrouvions enfin tous les deux. J’aurais voulu te parler avant de ce qu’il s’était passé à Ta, mais Hashiru s’en est chargé pour toi. »

Est-ce que ce Jônin avait l’étoffe du genre de ninja qui était nécessaire pour mener des interrogatoires sensibles, peut-être pas, après tout il était dans une sorte de « norme », même si Aomine considérait que chaque soldat était unique.

Mais qu’importe s’il était taillé pour la mission, il avait au moins le mérite d’être un gradé avec de la bouteille. Et c’était bien l’expérience qui allait l’aider dans une mission dont la difficulté ne pourrait être que mentale.

« J’ai une mission, de rang A, à te confier. Nos alliés les Samouraïs de Tetsu no Kuni ont un prisonnier qui leur pose problème, ils aimeraient que Kumo envoie un shinobis pour s’occuper de lui. Le but ne semble pas de le tuer, mais plutôt de lui tirer les vers du nez. Par tous les moyens, bien sûr. »

Toujours assis sur son fauteuil, sa main droite sembla chercher une chemise contenant deux ou trois feuilles, qu’il remit aussitôt à l’intéressé.

« Tu trouveras l’itinéraire le plus rapide jusqu’à Douyari. Tu pars demain à l’aube, tout est convenu et tu trouveras des gardes sur place. Des questions ? »

Si seulement il aurait pu communiquer facilement avec Otoke et Yui qui étaient sur place, mais non seulement c’était difficile, mais ils avaient déjà une mission à accomplir.

Une convocation dans le bureau de la plus haute autorité du village. Voilà ce qui attendait le kumojin. Le bonhomme ne se questionnait guère sur la raison de cette convocation. La seule chose qui lui venait en tête était son récent déplacement à Ta no Kuni. Là bas, Kamikaze avait tout de même affronté ou plutôt fait face à celui qui était certainement le plus grand shinobi à l’heure actuelle : le Patriarche. Une bonne semaine s’était écoulée depuis le retour du Jonin à Kumo. Une semaine pendant laquelle il avait pu récupérer de ses blessures. Pendant ce temps Hashiru avait pu gérer la question du corps de la Gouvernante de Yuki no Kuni et du shukaijin qui avait été ramené à demi mort au village. La monnaie d’échange. Le gage de la sincérité kumojin dans cette affaire; le gage de loyauté envers l’Empire. Il était probable que le Régent veuille connaître la version des faits de Kamikaze et pourquoi pas tenter un croisement d’informations. La chose était probable, d’autant plus que le Jonin n’avait plus eu de nouvelles du moine kumojin depuis leur retour sur les terres de la Foudre.

Arrivé aux portes du bureau du Kage, ou plutôt du Régent, Kamikaze se présenta à sa secrétaire. A chaque nouveau Kage sa secrétaire ou plutôt son homme de main. Ainsi vont les choses. Travailler avec quelqu’un de confiance est toujours préférable que d’œuvrer avec quelqu’un que le sort aurait mis sur notre route. Quoi qu’il en soit, Kamikaze, lui, était plutôt du genre à travailler seul. Son efficacité était maximisée dans ces conditions.

Le Jonin n’eut pas à attendre bien longtemps. Rapidement, il fut introduit auprès du Régent. Ce dernier semblait l’attendre. Le premier contact entre les deux hommes, depuis la nomination du Régent à ses nouvelles fonctions fut empreint d’un naturel et d’une spontanéité qui n’était pas pour déplaire au Jonin. Rapidement le Bakushô expliqua qu’il avait déjà reçu le rapport du moine Hashiru sur les événements de Ta no Kuni. Observant, sans en donner l’impression, les gestuelles, les moindres mimiques du Kage, le Kamikaze conclut en son for intérieur qu’Hashiru s’était bien gardé d’avancer l’élimination du shukaijin belliqueux. Aomine est un homme impulsif, qui sait quelle aurait été sa réaction s’il apprenait ce meurtre. Autant tout mettre sur le dos du Patriarche…

Rapidement le Bakushô expliqua les termes de la mission qu’il souhaitait confier au Jonin. Une simple mission rang A qui mènerait le Kamikaze dans le pays du Fer, là où les samouraïs règnent en maîtres. Au premier abord, il s’agissait d’une affaire d’interrogatoire à mettre en place. Les samouraïs n’étaient-ils pas aptes à s’en charger seuls ? Il allait sans dire que toute l’affaire n’était pas dite et cette mission en apparence de rang A cachait quelques surprises potentielles.

Le Jonin récupéra la chemise qu’on lui remit. Il l’ouvrit aussitôt. Elle contenait trois feuilles dont l’une contenait le profil de la personne à soumettre potentiellement à la question. Il lu en diagonale le contenu, puis remis en place les feuilles et referma la chemise sur elle-même.

_ Aucune Aomine Sama... Mais à mon retour, j’espère pouvoir m’entretenir avec vous à propos d'un sujet qui m’intéresse depuis peu. Mais aucune urgence pour le moment.

Il fit un signe de tête, et une légère inclinaison en signe de salut, puis attendit qu’on lui indique qu’il pouvait disposer.