Chevauchant ma moto, j’engloutissais les kilomètres à vive allure, quittant les chaudes lumières de capital au profit de la fraîcheur nocturne de la nuit. Le béton laissa progressivement place à une nature vidée de toute couleur. Je ne profitai en rien du trajet, me contentant de rester focalisée sur mon objectifs, à savoir Yami dont je ressentai de plus en plus distinctement le chakra au fil de mon avancée. Filant vers le croissant lunaire, mon excursion prit fin lorsque j'arrivais à la lisière d'un fleuve. Entre temps j'avais retrouver mon apparence originelle, celle de Oniri et non de Red.

A partir de cet instant ma vision nocturne prit aussitôt le relais sur mon sixième sens alors que mon unique œil valide voyait son iris se fendre à la vertical. Elle était bel et bien là comme dans un rêve, bien que je craignais que ce dernier ne se transforme en cauchemar. J'étais partagée entre la joie et la consternation de la retrouvée. Pour ainsi dire j'aurai tout de même préférée que cette scène n'arrive jamais où qu'elle ait lieu le plus tardivement possible. C'était trop tôt. Cet imbécile d'Isnajh avait tout fait foirer.

-Je peux savoir ce que tu fais-ici ? Dis-je ton neutre tout en descendant de ma moto.

Simple rhétorique doublé d'un manque d'entrée en matière, je n'étais pas, mais alors vraiment pas d'humeur. Quelque part je lui en voulais de m'aimer en ces temps. Parce que cet attachement l'avait conduit à faire exactement ce que j'aurais fait à sa place. A savoir prendre le risque de la retrouver au détriment de toute notion de priorité. Seulement cela ne l'excusai en rien pour ce qu'elle avait fait.

-Tu ne devrais pas être-là. Suna est au plus mal. Kaze a besoin de toi, Kioshi comme tous les autres. Ce n'est vraiment pas le moment pour manquer à ton devoir...

Mes paroles pouvaient paraître vide de sens quand on réalisait que j'avais, à première vue, également délaissé le village au profit de mes investigations personnelles. Hors ce n'était pas le cas. J'étais partie pour mieux servir Kaze à ma façon tandis que ce qui l'avait poussé à partir elle n'était autre que l'égoïsme. Parvenue à sa hauteur je croisai le bras, autoritaire, campant alors sur ma position avec la ferme intention de la renvoyer d'où elle venait.

-Comme tu le vois je vais bien. Et maintenant qu'est-ce que tu comptes faire ? Me ramener de force à Suna ou me laisser partir de mon côté ? Dans tous les cas tu vas rapidement rebrousser chemin.

Il y eu un temps mort. Nous nous défiâmes mutuellement du regard. Je savais qu'elle ne tenterait rien contre-moi. Elle avait toujours été de mon côté. Tout du moins au sens large du terme. Hors dans le pire des cas, quand bien-même je fus malade et qu'elle me demeurait encore et toujours supérieur, je savais qu'elle n'était pas suffisamment forte pour réussir à me capturer. Malgré-tout, j'espérai sincèrement que nous n'aurions pas à en arriver-là. Après quelques secondes d'attentes passées à écouter sa réponse je m'en allais, soupirant, pour me laisser choir contre un rocher. Retombant assise les genoux pliés vers le ciel, je passai une main fugace dans ma chevelure désordonnée. Plus le temps passait et plus j'éprouvai de difficulté à supporter le poids de la fatigue et les derniers événements n'aidaient à alléger ce fardeau.

-Mis à part cela. Comment vont les autres ? Ogami, Kioshi, Kibo et Tsu... Je me coupais dans mon élan. Est-ce que je m'inquiétai pour elle ? Disons plutôt que je préoccupai de son devenir.-Quelles sont les nouvelles ? Comment se porte Suna et Kaze ? Il semblerait que j'ai loupé pas mal de choses ces dernières semaines. Apparemment nous avons un nouveau Daimyo. J'espère que celui-ci se montrera plus compétent que le dernier.

Non pas que je doutai des réels qualités d'Isagoji Dastan, mais il m'avait avant tout montré sa réelle capacité à ne prendre aucune décision notamment lorsque je lui avais demandé son aide. On pouvait y voir là le reflet de ces quatorze dernières années à gouverner. Cela avait en outre consolidé ma volonté de me détacher du système politique de Kaze. S'il l'on ne pouvait compter sur Kioshi pour remplir son rôle de Kage ni sur Dastan pour endosser celui de seigneur, à moins de fomenter une révolution il n'y avait pas mille autre solution pour rectifier la situation. Dépourvue de leur soutien, j'avais fais le choix d'agir par moi-même, quitte à être traquée par ceux que je cherchais à défendre par tous les moyens.

-Par ailleurs, j'ai du mal à croire que Kioshi t'ai laissé quitter Suna pour partir à ma recherche. Tu t'es enfuis c'est ça ?

S'il te plaît réponds-moi non.

-Et ce Isnajh...Ma gorge se noua au moment d'énoncer ce nom. L'amertume sans doute. Tu le connais d'où ? Je te conseillerai de ne pas trop traîner avec lui. Il est... comment dire... Il n'est pas tout seul dans sa tête.

A ces mots je fis ondoyer la flamme de mon briquet dans l'air jusqu'à atteindre la cigarette coincée entre mes lèvres. Les braises à son extrémités ne manquèrent pas de se détacher de l'obscurité tandis que je laissai échapper quelques volutes de fumée.

Il était tout de même parti. J'étais comme dénuée de toute expression, perdue dans mes pensées et pourtant une unique chose parvenait à me sortir de ma torpeur : elle se rapprochait de moi ! Elle m'avait repéré ! Malgré ma joie sous-jacente je ne pouvais m'empêcher de me demander si c'était journée défilé et si elle aussi allait m'annoncer qu'elle m'abandonnait comme si j'avais besoin d'un nouveau coup de poignard.

Je ne laissais rien transparaître comme à mon habitude, l'accueillant avec un grand sourire alors que sa silhouette se dessinait et que je pouvais observer son œil reptilien dans la pénombre. Elle me demandait ce que je faisais là et je savais pertinemment que je n'avais pas besoin d'y répondre. Bien évidemment qu'elle en connaissait la réponse.

« Et toi qu'as-tu fais ? Tu as profité du chaos dans lequel baignait Suna pour fuir et commencer à monter ton projet. »

J'étais partie pour la retrouver. Je n'aurais pas eu à le faire si elle n'était pas partie.

« Tu le savais de toute manière. Que je viendrais te rejoindre. »

Bien sûr qu'elle le savait. Elle avait agit en prenant ce paramètre en compte. Oniri ne laissait jamais rein au hasard dans ses plans minutieusement calculés. Même en le sachant cela ne l'avait pas empêcher de partir.
Sa posture indiquait qu'elle allait effectivement me faire des remontrances et je ne l'écoutais qu'à moitié. J'étais suffisamment grande pour faire mes propres choix non ?!

Elle allait bien comme elle le soulignait et c'était tant mieux même si je savais que cela n'était pas totalement la vérité. Je la connaissais suffisamment pour savoir que les apparences étaient trompeuses avec elle et que contrairement a ce qu'elle affirmait ou laissait paraître son henka akuma devait encore l'empêcher de dormir et de recevoir le repos salvateur dont son organisme avait besoin... Combien de temps pensait-elle tenir comme ça ?

« Ce que je compte faire ? Eh bien rester avec toi. Quoi d'autre ? Tu sais très bien qu'il m'est impossible de retourner a Suna pour l'instant où bien on m'interrogera sur ton compte et tes projets. Je n'ai pas envie de te trahir mais la torture pour me faire parler n'est pas vraiment dans les options que je souhaiterais sélectionner. »

Après une lutte de regard elle soupira et se posait sur un rocher. Abandonnait-elle ? Si rapidement ? Cela ne lui ressemblait pas vraiment mais sans doute avait-elle déjà pensé à cela aussi. En soit ce n'était pas vraiment une surprise.
Je m'approchais d'elle, l'observant malgré la pénombre pour tenter de voir la souffrance qu'elle cachait derrière son masque d'indifférence.

« Ogami, Kioshi vont bien je les perçois à travers nos liens mais je ressens le désarroi de Kioshi ce qui ne rend pas les choses faciles... Kibo allait bien au moment où je l'ai vu pour la dernière fois lors du discours de Kioshi lors de la cessation des attentats. Quand à Tsu... aucune nouvelle je ne sais pas. Le désert est son élément, je suis certaine qu'elle s'en est sortie indemne elle aussi. »

Bien que j'éprouvais une certaine amertume à l'encontre de la cheffe des Kawaguchi après ses accusations publiques j'espérais tout de même qu'elle était sauve. Je ne souhaitais pas la mort de ceux pour qui j'avais pu éprouver un jour une sympathie du moins pas lorsque ce n'était pas donné de ma main...

« Je suis partie depuis quelques temps déjà alors je n'ai pas de nouvelles hormis celles que Isnajh m'a donné un peu plus tôt... »

Le savait-elle ?

« J'ai demandé a Isnajh via un livre a sceau jumeau de me faire quitter Suna. Il a donc fait passer cela pour un enlèvement devant témoin mais il m'a avoué avoir demandé à son maître au préalable. Il n'a pas pu me dire directement de qui il s'agissait parce qu'il possède un sceau sur la langue comme tu le sais sans doute pour le contraindre au silence. Il m'a dit que son maître avait profité de cet enlèvement fictif pour faire chanter Kioshi qui a choisi de déserté Suna pour me retrouver... »

Je devais vraiment continuer ?

« Kioshi n'est plus Kazekage. Il a quitté ses fonctions pour me retrouver... alors même que je n'ai pas besoin d'être sauvée... »

Je sentais une boule se nouer dans ma gorge à mesure que j'expliquais la situation.

« Ce maître dont Isnajh n'a de cesse de parler... Il m'a dit qu'il a occupé les mêmes fonctions que Kioshi donc un ancien Kage et sûrement Kazekage... J'ai cherché qui pourrait bien m'en vouloir et Kyoshi Rei est mort en principe je ne vois donc qu'une seule autre personne tenant à son crochet des personnes avec un sceau à travers une sorte d'organisation... Le Nidaime Kazekage... Araakoa Aare... C'est lui qui a fait chanté Kioshi en prétextant qu'il me retenait pour le forcer à quitter son poste. Kioshi, poussé par ses sentiments m'a choisi au détriment de ses fonctions ! »

C'était complètement stupide ! Pour autant avais-je agis moi même avec une motivation si différente ? Une réaction en chaîne s'en était suivie depuis le départ d'Oniri.

« Isnajh a eu pour ordre de me tuer mais il n'a pas pu s'y résoudre. J'ai tenté de le convaincre de ne pas partir mais il l'a tout de même fait pour rejoindre Aare sous la contrainte. Il va sans doute être puni ! Tu sais bien tout comme moi de quoi ce vieux fou est capable ! Il a dû agir ainsi pour espérer prendre la place de Kioshi... Je ne sais pas ce qu'il en est depuis. »

Elle savait tout ce que je savais. Il me fallait encore répondre à ses autres questions avant de laisser la rage me submerger.

« J'ai demandé a Kioshi après les attaques de me laisser partir à ta recherche. Qu'il me l'ordonne comme une mission pour le Kakumeigun. Il m'a demandé des arguments, je lui ai dit que je savais où tu étais ou du moins que je te percevais à travers notre lien de sang et que je pouvais te retrouver mais je ne connais pas la limite de ce lien et que si tu t'éloignais peut-être ne t'aurais-je plus perçu du tout d'où l'urgence de la situation. Il n'a pas voulu me laisser faire et m'a demandé d'attendre une a deux semaines... Le lendemain matin avec l'aide d'Isnajh, j'étais partie. »

S'il avait accepté je n'aurais pas eu a partir de la sorte, la piste de l'enlèvement n'aurait jamais été exploité et Kioshi serait toujours à son poste ! Maudit karma ! Maudit Nidaime duquel je ne voulais plus entendre parler ! Voilà qu'il revenait pour causer du tord une fois de plus ! Comme la dernière fois où il m'avait attaqué au sein même de Suna dans mon manoir et abandonnée dans un genjutsu monstrueux qui m'avait fait des cauchemars pendant des mois ! Je le haïssais ! Il avait nuit à Kioshi et il continuait de nuire à Isnajh : deux êtres qui comptaient pour moi ! Je ne pouvais pas laisser ça impuni ! Il allait payer et enfin laisser pourrir sa carcasse six pieds sous terre !

Je serrais les poings et la mâchoire et donnais un coup dans le rocher pour extérioriser cette rage tandis qu'Oniri m'avait interrogé sur mon lien avec Isnajh avec des propos un peu trop virulent à mon goût.

« Il est un Ketsueki tu as oublié ?! Il m'a contacté pour que je l'aide à aller secourir certains des nôtres qui étaient vendus en esclaves. Il travaillait également au kakumeigun avec moi quand Kioshi le dirigeait encore. Voilà d'où je le connais. »

Je poursuivais avec un ton plein d’amertume :

« Je ne risque plus de traîner avec lui : il est parti ! Et je te demanderais de ne pas salir son nom ! J'ai passé plusieurs semaines en sa compagnie je pense le connaître bien mieux que toi. Il voue simplement un culte sans borne à Jashin tout en étant forcé d'agir pour Aare ! »

Je marquais une pause avant de reprendre, un regard des plus inflexibles planté dans le sien :

« Tu ne devrais pas cracher sur lui de la sorte ! Il a refusé l'ordre de l'autre fou pour épargner ma vie pour écoper de torture en connaissance de cause ! Il faut le sortir de ce bourbier plutôt oui !»

Oniri tirait alors nonchalamment sur sa cigarette comme perdue dans ses pensées.

« Je ne sais pas si l'Empire est toujours ta priorité mais si nous voulons protéger Suna et même Kaze il nous faudra aussi songer à éradiquer une bonne fois pour toute la menace que représente Aare... »

Parce que oui je comptais bien l'aider à protéger Suna à défaut de pouvoir y retourner et même si nous n'étions plus que des traîtresses aux yeux de ceux pour qui nous voulions œuvrer... J'avais grandi entre ses murs et certaines personnes auxquelles je tenais se trouvaient là bas. Il me fallait m'assurer de leur sécurité. Il n'était pas question de leur tourner le dos et d'agir à leur encontre.

Je me demandais comment la nouvelle s'était répandue et même si c'était le cas... Si j'avais su que Isnajh avait des relations auprès de cet être abject jamais je n'aurais sollicité son aide... Je n'avais aucune idée de son implication et de ce qu'il avait fait en profitant de ma décision... Je me sentais trahis et j'imaginais que Ogami ou Tetsui le seraient aussi s'ils l'apprenaient... Il me faudrait les contacter pour leur expliquer certaines choses s'ils n'étaient pas déjà au courant...

« Tu as besoin d'un médecin dans ton équipe de dégénérés. »

J'étais certaine qu'elle n'avait pas prévue d'agir seule, elle n'était pas assez aliénée pour ça.

« Je te l'ai déjà dit mais je peux soulager cette fatigue qui te pèse à travers des concoctions. Je ne dis pas que l'effet sera total avec ton organisme modifié mais cela devrait tout de même t'apaiser. »

Les environs étaient beaucoup plus riches en faune et en flore que notre pauvre désert stérile... Nul doute que j'allais pouvoir trouver les ressources nécessaires à certaines préparations sur ces terres.

Passé l'énervement initial, je me contentai d'écouter avec un certain détachement les paroles de Yami. C'était du grand n'importe quoi sur toute la ligne. Et les choses n'allaient pas à en s'arrangeant. Je me retrouvais obligée de composer avec ces nouveaux éléments, enfin pas totalement. Dans le fond tout ceci n'était pas de mon ressors. Je n'étais pas directement concernée par tout ceci. Quand bien-même Suna se retrouvait au courant de mon projet, détail que j'avais depuis longtemps anticipé, je savais que le village ne possédait pas les moyens matériels, humains et financier pour me traquer. Tout du moins pas dans l'immédiat. Pour avoir été conseillère pendant plus d'un an j'avais appris à connaître les forces et faiblesses de Suna ainsi que ses méthodes de traques. Malheureusement je ne pouvais en dire autant pour Yami, qui, elle, ne s'était jamais préparée à se retrouver dans la même situation.

Et je la voyais monter crescendo d'un palier de colère. Son poing s’abattit violemment sur un rocher qui se fissura sous la violence de l'impact. De mon côté je restai on ne peut plus calme. Arrivé à un certain stade les mauvaises nouvelles se noyaient entre-elles. Et s'énerver ne servait à rien. Si nous voulions nous en sortir il fallait savoir garder la tête froide.

Pour autant je ne me sentais pas coupable un seul instant. J'avais fait en sorte que Kaze n'ait jamais à souffrir de mon départ. Que le pays puisse se laver les mains de mes actes en s'ôtant toute responsabilité, mais je ne pouvais pas en dire autant de Kioshi et Yami qui s'étaient contentés d'agir sans réfléchir. Décidément ces deux là formaient la paire.

-Bravo ma chérie, tu t'es faites avoir sur toute la ligne... Dis-je en expulsant avec nonchalance un nuage de fumée d'entre mes lèvres.

Je savais que ma remarque aurait le dont de l'énerver, mais je tenais à ce que cela lui serve de leçon. J'avais moi aussi failli faire l'erreur d'accorder ma confiance à Isnajh, mais ma méfiance s'était révélée salutaire, à juste titre. Aussi me relevais-je lentement, m'étirant en arrière de manière à exposer ma cambrure au claire de lune. Je me massai ensuite la tempe. Une douleur lancinante commençait à me vriller le crâne. Trop d’événements, trop d'emmerdes survenaient en un temps réduit pour mon pauvre cerveau malade.

-Oui, c'est précisément cela le problème avec lui. Il vous un culte sans borne à Jashin et est obligé de travailler pour l'autre vieux pervers.

Décidément j'aurai espérée ne plus jamais entendre parler de lui. Ce dernier aurait mieux fait de rester dans son trou perdu à attendre que l'éternité lui fasse prendre la poussière, au moins aurions nous eux la paix. Cela en devenait pénible. La liste de personnes que je devais éliminer ne cessait de croître. Je craignais de ne pas avoir assez de toute une vie pour y rayer chaque nom. Et à côté de cela, je me retrouvais contrainte d’emmener Yami avec moi. Dans le fond elle avait bel et bien raison sur ce plan-là. Dès son retour à Suna elle se ferait immédiatement interroger au sujet de son soit-disant enlèvement. Le village n'aurait donc aucun mal à apprendre la vérité sur-elle. Sur ce qu'elle avait fait pour me retrouver, sans compter qu'elle finirait malgré-elle par dévoiler mes projets.

-Tu n'as jamais eu l'intention de retourner à Suna c'est cela ? Tu l'as fait pour-moi...

Je ne savais pas si je devais être touchée ou navrée par ce constat. Toujours fut-il qu'elle s'était sciemment condamnée à la désertion en quittant le village.

-On ne pourra plus jamais y retourner... Lâchais-je dans un dernier soupir.

J'étais parfaitement consciente de mes actes. J'avais décidé d'agir pour ma patrie en dehors des lois et était prête à en assumer les conséquences. Pour autant il n'était pas facile d'accepter le fait que l'on ne pourrait plus jamais rentrer chez soit.

-Enfin... Toutes mes félicitations tu es engagée dans ma folle entreprise.

Je ne pouvais nier que l'avoir à mes côtés serait un plus, tant sur le plan personnel que sur le plan tactique. Au moins cela m'ôterait l'impression d'être seule à lutter contre tous. D'autant plus que les problèmes auxquels je devais faire face semblaient se décupler de façon exponentielle. Hors avec tout ce remue méninge il était plus important que jamais de savoir classer ses priorités. Yami souhaitait que nous débarrassions d'Aare. Seulement ce n'était pas aussi simple. Pasr chance l'idée d'un plan germa dans mon esprit torturé. Si je ne pouvais combattre sur tous les fronts alors il ne me restait plus qu'à déléguer.

-On ne fera rien. Tout du moins pas pour le moment. Pas tant que l'on ne connaîtra les plans du vieux.

A ces mots j’éteignis ma cigarette avant de jeter le mégot qui se désintégra en plein vol. Suite à cela je fermais les yeux et plaçait brièvement mon index devant mes lèvres de sorte à intimer le silence à Yami. Sitôt ma perception sensorielle s'étendit sur toute la région à la recherche d'un certain individu. Plusieurs minutes s'écoulèrent avant que je ne parviennes à le retrouver à une vingtaine de kilomètre à l'Ouest. Le rattraper serait chose aisé avec ma moto.

-Bien à présent suis-moi. Nous allons retrouver Isnahj.

Je m'installai sur mon véhicule et l'invitai à prendre place derrière. Dans un rugissement de moteur nous filâmes à travers la nuit, qui, n'était en rien comparable à celle de Kaze. Le ciel se parsemait parfois de nuage, les odeurs n'étaient plus les mêmes, la tenue de route non plus. J'avais eux beau regarder les étoiles, mais elles aussi me semblaient différentes. J'accélérai progressivement notre allure, sans jamais pouvoir atteindre ma pointe de vitesse maximale. Le décor était beaucoup trop accidenté. Tandis que nous approchions, je ressentais de plus en plus distinctement la présence du Ketsueki.

-S'il travail pour le nidaime c'est que ce dernier le contraint certainement par une technique de contrôle mentale. Un sceau ou un genjutsu, voir les deux. Cela signifie qu'il ne sert à rien de le raisonner. Alors ne prend pas ce risque. On lui brise d'abord les deux jambes, puis on discute ensuite.

Évidemment c'était métaphorique, mais l'idée était-là. Le temps des palabres s'était tus à l'instant où nous avions désertés. A présent si nous voulions changer les choses, il nous faudrait agir en conséquence.

Le fait qu'Oniri souligne ma bêtise m'énervait d'autant plus. La mâchoire serrée et crispée je lui adressais un regard noir. Comme si je ne m'en étais pas rendue compte toute seule ! Ce n'était pas la peine d'enfoncer le couteau dans la plaie.

« Je serais partie pour te retrouver de toute façon avec l'aide de Isnajh ou pas. »

Mon erreur avait été d'attribuer ma confiance... Et après on se demandait pourquoi j'étais d'ordinaire si froide et si méfiante ! J'avais trouvé un Ketsueki me vouant un culte en me plaçant juste en dessous de son Dieu et voilà que sa fidélité était tombée en friche aussi rapidement qu'elle était venue ! Pour autant pouvais-je lui en vouloir ? Il semblait contrôlé et manipulé par son maître et cinglé de Nidaime !

« Évidement que je l'ai fait pour toi ! Pour quoi ou pour qui d'autre l'aurais-je fait ? Je sentais ta présence au loin à travers notre lien de sang et je n'avais aucune idée de si tu étais partie de toi même pour mettre à exécution ton projet en profitant du chaos du village pour t'éclipser ou si des membres de cette organisation terroriste t'avaient enlevé ! Et ce n'est pas que je n'ai jamais eu l'intention de retourner à Suna c'est que en l'état cela est impossible. »

J'étais considérée comme enlevée ou comme une déserteuse aux yeux de mon village. Comment pourrais-je y retourner ? J'avais beau en être parti mes intentions de vouloir le protéger et assurer la sécurité de ceux qui m'étaient chers là bas perduraient. J'allais agir en ce sens depuis l'extérieur, avec Oniri. Toutefois nous avions d'abord un problème à résoudre même si la Saibogu clamait que l'on ne pourrait rien faire contre Aare tant que l'on ne connaîtrait pas ses plans. Pourtant l'idée de la chose était simple à comprendre : trouver le moyen de grappiller du pouvoir et probablement redevenir Kazekage ou en tout cas chercher à accomplir de grandes choses : c'était là les ambitions du vieux fou qu'il était. Qui serait la prochaine victime de sa mégalomanie ?

« Je suis « engagée » alors ? Tu ne vas pas me laisser ici ? »

Elle aurait pu de part son énervement mais c'était bon de constater qu'elle me portait toujours considération en plus d'être certaine que la solitude ne me gagnerait pas tout de suite : j'avais du sursis.

Après quoi, Oniri déployait ses sens d'alien pour le repérer sur des kilomètres à la ronde... C'était vraiment pratique bien qu'assez étrange. Au moins toute son humanité n'avait pas encore disparu. Il lui fallut plusieurs minutes mais elle finit par le trouver et m'intimait de la suivre sur sa moto. Cela faisait bien longtemps que je n'étais pas montée sur cet appareil et à vrai dire je n'aimais pas vraiment avoir à le faire. Cela allait beaucoup trop vite et si cela amusait Oniri j'étais, pour ma part, obligée de m'accrocher à elle comme si ma vie en dépendait : ce qui était quelque peu le cas. Je n'osais pas imaginer les dégâts que causerait une chute à une pareille vitesse de pointe quant on savait que certaines personnes étaient capables de se broyer le squelette en tombant dans les escaliers jusqu'à en perdre leur rotule, et une partie de leur esprit par la même occasion.

Le décor défilait à vive allure autour de nous avec pour seule lumière la clarté lunaire et ses astres. Ma pilote évoquait la possibilité d'un contrôle mental qu'avait Aare sur Isnajh si bien qu'il n'était pas question de discuter avec lui pour le raisonner. J'avais d'ailleurs tenté de le faire mais en vain alors même si l'idée ne me plaisait pas vraiment j'acquiesçais. Après tout que serait une petite rouste pour le capturer et lui venir en aide alors qu'il avait accepté son sort en subissant sciemment des actes infâmes sous couvert d'une pseudo désobéissance ?