Nous traversions depuis lors les plaines verdoyante de Kawa plongée dans la clameur nocturne. Partie depuis quelques minutes, nous finîmes par retrouver notre homme. Ce dernier arpentait seule cette immense plaine en empruntant la direction qui le mènerait jusqu'à la frontière du pays avant de rejoindre Kaze. Nous arrivâmes jusqu'à lui sans faire preuve de la moindre discrétion. Ma moto ainsi que les hurlements de son moteur, n'étaient pas spécifiquement prévu pour les approches furtives. Aussi misais-je sur son seul atout, à savoir la vitesse. Nous filâmes devant lui avant de lui barrer la route dans un sublime dérapage. Mes lunettes de soleils étaient posées sur mon nez tandis que, derrière, mes paupières demeuraient closes. Ma sensorialité remplaçait sans mal mon unique œil valide. En somme c'était comme si je voyais sans vraiment voir.

-Bonsoir Isnajh. Il semblerait que vous nous ayez cachés à toutes deux biens des choses. Comment se porte le Nidaime ? Je vous aurai volontiers demandé de lui passer le bonjour de ma part, malheureusement nous n'irez plus loin.

A ses mots je dégainai les armes rangées dans mes holsters avant de les faire tournoyer dans mes mains. Ces paroles n'étaient là que pour meubler. J'étais parfaitement consciente qu'il ne se rendrait pas sans broncher. Si nous voulions le libérer de l'influence d'Aare il nous faudrait commencé par le maîtriser afin de le libérer de cette fameuse technique de contrôle mental. En somme, que ce soit pour notre intérêt, ou pour le sien, nous n'avions d'autre choix que de nous en prendre à lui. Il s'agissait de la meilleur chose à faire dans le cas présent. Le reste pouvait attendre. Je ne connaissais pas vraiment les capacités combatives du Ketsueki en dehors de celle que je pouvais deviner, mais je me doutai qu'il n'irait pas chercher l'affrontement direct, préférant certainement fuir dans l'espoir de rapidement retrouver son soit-disant maître afin que ce dernier ne le torture... Et après je me demandai comment il était possible de rester saine d'esprit en étant confrontée à autant de dégénérés.

-Je présume que vous n'allez pas accepter de nous suivre gentiment. Dans ce cas n'en gardez pas rancune...

A ces mots je tournais la capsule en demi-sphère attachée à mon poignet. Le sceau libéré se répandit sur tout mon corps, marquant ma peau de moult et nombreuses inscriptions. Dans le même temps je malaxai mon chakra d'Akuma de sorte à me rendre sensible à la moindre vibration dans l'air. Le monde m'apparaissait désormais plus intensément qu'à l'accoutumé. Il s'agissait d'une petite assurance dans l'éventualité où notre homme décidait de passer à l'offensive.

-Nous faisons cela pour votre bien.

Je me plaçai alors en avant par rapport à Yami, tenant notre homme en joug avec les deux canons de mes armes pointés dans sa direction.

Après quelques temps de route, je finissais par apercevoir une silhouette au loin : nul doute qu'il s'agissait de lui. Notre arrivée n'était pas des plus discrète et peut-être tenterait-il de se soustraire à notre vision mais son camouflage ne pourrait jamais perturber les sens développés d'Oniri pas plus de ceux de mes kuchiyoses...

Oniri engageait la conversation après lui avoir barré la route, lui expliquant qu'il n'irait pas plus loin car nous ne le laisserions pas rejoindre Aare. Elle dégaina ses armes alors que je me mordais le pouce, appliquant mon sang au sol pour invoquer deux de mes félidés : Hotep et Aastet. Mon regard ne trahissait aucune compassion à l'égard du Ketsueki en face de moi, bien loin du tableau d'il y avait cela quelques heures plus tôt. J'étais résignée et savais que c'était là la meilleure chose à faire alors je m'y pliais sans sourciller et me bataillerais avec inflexibilité car il en allait de sa survie. Il n'était pas question que je commette l'erreur de Kioshi en adoucissant mon jugement de part l'affection que j'éprouvais pour le Ketsueki, tout comme je l'avais appris à Ogami.
Nous allions l'aider mais pour cela nous devions le maîtriser.

La Saibogu recouvrait son corps d’innombrables sceaux, se préparant à lancer l'offensive tandis que mes kuchiyoses et moi même nous tenions près également. Positionnée en retrait d'Oniri, je m'apprêtais à répliquer s'il tentait quoi que ce soit bien que le connaissant j'imaginais qu'il ne voudrait pas aller à l'affrontement et préférerait fuir plutôt que d'avoir à nous blesser. Jusqu'où pensait-il pouvoir nous échapper ? Il était dans notre ligne de mire et n'en sortirait pas avant d'avoir été maîtrisé.

Les techniques relatives à mon clan seraient inutiles contre lui puisqu'il en faisait lui même parti mais j'avais plus d'une corde à mon arc. Il était temps de mettre un terme à la folie meurtrière du Nidaime : plus jamais il ne ferait de mal à l'un des miens, je m'en faisais le serment.

« Laisse nous te rendre ta liberté. Ne crains pas la vie, fais la te craindre. »

Il m'avait dit avoir peur de vivre mais c'était Aare qui l'avait conditionné ainsi. Je connaissais le point sensible de l'aliéné. Lui aussi possédait l'éternité mais il demeurait seul. Il n'avait dans son entourage que des pions qui lui servaient à atteindre des objectifs mais qui ne lui accordait qu'une attention illusoire car ils y étaient contraints. Aucun d'entre eux ne lui apporterait la moindre considération s'ils étaient libre de leurs pensées et actions. C'était lorsque je lui avais révélée cette implacable vérité qu'il avait perdu son sang froid et m'avait laissé croupir dans une illusion des plus affreuses dont je n'étais pas en mesure de me sortir seule. Cette même illusion qui m'avait donné des cauchemars et des sueurs nocturnes des mois durant. Cela n'avait pas changé pour lui : il était toujours aussi seul.

« Fais honneur à ton nom. »

Isnajh était un Ketsueki et le voir ramper de la sorte me débecquetait tout en m'affligeant. Il était temps que cela cesse et qu'il retrouve son assurance, libre de ses convictions et de ses choix sans personne pour les lui dicter ni le forcer en respect si ce n'était Jashin lui même.

Spoiler:

-Vous avez simplement aidé à sa désertion. Malheureusement en aucun cas elle n'aurait pu retourner à Suna que ce soit ou non à cause de vous. Alors cessez donc de vous morfondre.

Le voici qui se plaçait à présent au rang de victime et ce n'était pas si limite nous devions le remercier pour tous ceci, le tout avec quelques excuses en prime.

-Attendez... Vous allez me faire croire que Sir.Isagoji a été assez stupide pour élire le vieux en tant qu'ambassadeur ? Avec un tel passif ?

J'adressai un haussement de sourcil à Yami de derrière mes lunettes. En tant normal je ne l'aurai pas cru, mais après ce déluge d'inepties sans nom je commençai à me dire que tout était possible ce soir. Enfin, cela ne remettait en rien nos prévisions. Il s'agissait d'un problème de plus qu'il me faudrait régler ultérieurement. En attendant nous devions nous concentrer sur la capture d'Isnajh et ce quoi qu'il en coûte. Aussi ne fus-je guère étonnée de le voir disparaître après quelques paroles toutes faites. Comme prévu il cherchait à éviter l'affrontement même si je ne m'attendais pas à ce qu'il use de ce genre de... talent... Visiblement le Ketsueki était devenu totalement indétectable, même pour moi, ce qui était assez surprenant. Je n'aurais jamais cru l'avoir sous-estimé sur ce plan là. Toujours fut-il que sa réaction m'exaspéra, et je ne me privais pas pour lâcher un léger soupir ainsi que quelque paroles dans la foulée.

-Décidément vous traînez trop avec le Nidaime, voici que vous vous mettez également à parler comme un vieux...

Je laissai le silence retomber durant une seconde, attendant une réponse qui, je le savais, ne viendrai jamais.

-Yami... Tu te souviens de notre dernier entraînement... Celui dans la désert...

Je lui adressai un regard attendu, et sans plus attendre j'effectuai un saut qui me propulsa dans les airs sur plusieurs mètres. Tournoyant sur moi-même je me retrouvais la tête en bas, les bras tendus. Je n'eus qu'à presser sur les gâchettes de mes armes à feu pour libérer une gigantesque torrent de balles qui se déploya au-dessus de la zone en spirale et éclipsant le ciel le temps d'une poignée de seconde. Yami m'avait suivit dans la foulée, élancée dans une splendide valse au claire de lune. L'air se déforma tout autour d'elle avant qu'elle ne vienne projeter le tout sur mes projectiles leur conférant une violente impulsion qui les envoya mitrailler le sol en une pluie dévastatrice. Cette dernière rasa toute la végétation environnante en même temps qu'elle soulev un épais nuage de poussière.

-Il n'y a que les personnes asservis par le destins pour proférer de telle parole Isnajh. Cependant soyez rassurer...

Dis-je tout en me réceptionnant juste à côté de Yami. Sans attendre j'attrapai ensuite une dernière capsule en demi-sphère que je gardais fermement coincée dans ma paume. Mon attention quant-à-elle était entièrement rivée sur le Ketsueki.

-Nous allons vous rendre votre liberté.

Je devais rêver. Aare était devenu le conseiller du Daimyo ? Pardon ? De la Daimyo ?! Il avait pourtant bien l'air d'un homme lorsque je l'avais vu assisté à mon combat d'examen chuunin dans les tribunes en compagnie de Zanshi alors que Kioshi, que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam, avait été mon arbitre...

Isnajh clamait son désarroi face aux choses qu'il avait « commises » du fait de sa prise d'initiative sans se soumettre à la volonté d'un Dieu ou d'une personne qu'il considérait presque comme tel. Je m'apprêtais a répondre mais Oniri me devança en indiquant qu'il m'avait simplement aidé a déserté et que c'était de mon propre fait que j'étais désormais vue comme une Nukenin. J'acquiesçais. Il n'avait rien à ce reprocher sur ce point. Ce qui l'était en revanche c'était sa dévotion envers ce vieux fou de Aare et j'espérais vraiment que celle-ci résultait entièrement du sceau qui l'y contraignait. J'avais côtoyé un Isnajh bien différent, et lui même, pendant ce mois d'escapade contrairement à celui qui se tenait désormais devant moi. Il nous fallait le lui retirer pour lui octroyer sa liberté et ne plus laisser le Nidaime exercer son influence sur lui pour s'en servir comme l'une de ses marionnettes. Puisqu'il était seul au monde il n'avait pas d'autres choix que de s'inventer des « amis » dont il se servait en se donnant l'illusion pour lui même qu'il le faisait par estime pour lui alors que ce n'était nullement le cas. C'était a peu près cette image que je lui avais dépeinte de lui même le jour où il m'avait enfermé dans son illusion au sein même de Suna.

Son serviteur sortait alors une pelote de laine qui m'était familière à l'attention de Hotep qui en avait été tout heureux. Je ne tiquais pas, me faisant ni chaud ni froid. L'heure n'était pas à la nostalgie et mon félin le comprenait lui aussi après m'avoir successivement adressé un regard qu'il avait en premier lieu porté sur la laine comme si cela le démangeait d'y toucher.

« Tu as bien dit « la » Daimyo ? »

Qu'était-il advenu du dénommé Dastan ? Avait-il péri durant l'attaque sur Suna ? Pourquoi vouloir son remplacement dans le cas contraire ? Etait-il mêlé à l'affaire du Kaihô-sha prônant la Nation au détriment de ce qu'il considérait comme « l'Ordre » ?

« Tu es un homme de foi priant son Dieu et tu suis les ordres d'un être si misérable ? Tu n'es pas un esclave Isnajh. Tu ne lui appartiens pas. Seul ce sceau t'y contrains. Tu seras libre pour de bon une fois que nous te l'aurons ôté. »

Mais il disparaissait totalement de notre vision. Mes Kuchiyoses senseurs n'étaient pas non plus en mesure de percevoir sa présence signe qu'il était indéniablement le roi du camouflage... J'adressais un regard à Oniri qui me demandait si je me souvenais de notre dernier entraînement dans le désert... Cela remontait à bien longtemps. Notre dernière confrontation en ce lieu n'était pas vraiment ce que l'on pouvait considéré comme tel mais pour autant je voyais où elle voulait en venir. Elle devait évoqué l'une des nombreuses techniques que nous avions apprises ensemble et combinées à partir de nos propres capacités. Lorsque je la vis sauter en l'air je comprenais de laquelle il s'agissait. Il me fallait donc la rejoindre et créer une véritable bourrasque fuuton pour envoyer ses balles avec plus de vélocité et perforation encore. Un vrai tir de zone dont il avait peu de chance de réchappé. Puisque nous ne savions pas où le trouver autant bombarder sur un grand espace pour accroître nos chances de le toucher.

Dans la seconde suivant le début des hostilités de notre part, Hotep soufflait à son tour un puissant tourbillon fuuton qui décimait la zone tandis que Aastet se tenait prête à enfermer Isnajh dans une prison doton dès qu'il se manifesterait. J'espérais qu'il ne résisterait pas et qu'il lui restait un tant soit peu de volonté pour accepter l'idée de retirer ce qui entravait son existence... Aare m'avait fait du tord par le passé, il en avait fait à Kioshi et également à Isnajh : plus jamais quelqu'un qui m'était cher n'allait souffrir par sa faute ! J'en faisais le serment et m'en assurerais coûte que coûte !

Spoiler: