Cela fait… Quelques jours que le petit sauvageon est en déplacement. Ne pas avoir sa présence autour de moi est étrange, c’est comme s’il manquait un morceau du village – je le fréquente décidément beaucoup trop. Souriant discrètement à moi-même, je m’installe calmement sur le toit de l’hôpital de Kumo après avoir eu une entrevue avec ce médecin amorphe concernant la santé de ma mère. Cette garce est bien déterminée à rester en vie pendant un moment encore si je dois le croire, comme quoi il faudra que j’abrège sa vie moi-même lorsqu’elle ne me sera plus utile. Je claque ma langue contre mon palais, consciente quelque part qu’Otoke est revenu à Kumo – je lui ai laissé un petit mot sur le fait qu’il puisse me chercher sur les toits, et je m’allonge calmement en me languissant au soleil le temps qu’il arrive. D’un geste délicat, je corrige mes cheveux en replaçant une mèche bleutée en arrière, fière de la féminité que je ressens dans ce mouvement : à force de m’exercer et de fréquenter les gens, je commence à être de mieux en mieux capable de les imiter correctement. Il faudrait vraiment qu’il essaye, avec son masque de malheur.

Pourquoi nous voir en dehors de tout combat, de tout entraînement, de tout service ? Je pourrais avancer une multitude de raisons, de mensonges – c’est juste que lui et moi, nous nous connaissons de trop. Un petit sourire sur les lèvres, je vois son aigle survoler au-dessus de moi, certainement de façon préméditée. A quoi il joue ? Je m’en contre-fiche. Je suis une Chûnin en mission pour le village et je compte la mener à terme, aujourd’hui, ami ou non, il n’est qu’un échelon de plus à gravir vers des résultats. Oui, il n’est pas allé à Suna, mais qu’importe – si je me limitais aux informations que les gens ont pu recueillir là-bas, je serais condamnée à ne voir que ce que Konoha et Suna ont voulu nous montrer. Les gens de notre grade possèdent des missions à l’extérieur du village, et la probabilité qu’il ait rencontré celui que je recherche lors d’une d’elle n’est pas nulle – surtout que je le connais assez pour savoir qu’il est un senseur exceptionnel. M’étirant langoureusement devant le ciel de l’été, je sais qu’il arrivera bientôt. Peu importe les informations qu’il possède, elles seront intéressantes pour la simple raison qu’elles viennent de lui – il n’est pas comme ces idiots qui déblatèrent des infinités, il a un esprit critique. Je soupire délicatement lorsqu’une ombre recouvre mon visage. Je ne l’ai même pas entendu arriver ce petit rat.

HRP:

J’étais rentré au village depuis peu, mon séjour au pays du Soleil ayant été assez réduit par l’inhospitalité de ses habitants. Je m’attendais à rester tranquillement chez moi pour la journée, peut-être une partie de chasse avec Karyuudo pour me détendre, mais en rentrant chez moi, je fus surpris par la présence d’une petite note, indiquant que Hak me cherchait. Je ne l’avais pas revu depuis mon départ. Cela ne remontait pas à très longtemps, mais il s’était passé beaucoup de chose depuis lors. Comme elle n’était pas partie à Suna, je me doutais qu’il ne lui fût rien arrivé, mais du coup, je me demandais pourquoi elle me convoquait ainsi.

Je lui faisais confiance sur le fait de ne pas me faire perdre mon temps inutilement, alors je n’avais pas d’autre choix que d’accepter son invitation. Si elle se trouvait sur les toits de Kumo, alors, il n’allait pas être difficile de la retrouver.

- Karyuudo, je dois te laisser, Hak a besoin de moi apparement.

- Tu parles, c’est encore pour l’un de vos entraînement particulier !

Ne relevant même pas la remarque, je déposai rapidement mes affaires de voyage dans mon appartement et partis en direction du centre du village. J’aurais pu utiliser ma sensorialité pour la retrouver, mais Karyuudo s’en chargea pour moi. Sa volonté de surveiller le moindre de mes faits et gestes le poussait à m’aider même lorsque ce n’était pas son intention. Comme il se plaça rapidement au dessus de Hak, en sachant que c’était ma destination, il me suffit de le suivre pour la retrouver aisément.

Je le trouvai alors, allongée au soleil sur le toit d’un bâtiment, se prélassant au Soleil. Ce n’était pas courant d’être en mesure de la voir aussi sereine, même si j’avais noté que son comportement en ma présence tendait à être de plus en plus naturel. C’était un peu logique, puisqu’elle me connaissait bien mieux que la plupart des autres Kumojin, mais c’était quelque peu agréable également.

- Salut Ayano !

Je ne l’appelais que très rarement de cette façon, parce qu’elle n’appréciait pas vraiment ce prénom et que si nous n’étions pas aussi proche, elle m’aurait sans doute tuer rien que pour cela. Cependant, elle m’empêchait de me reposer tranquillement chez moi, alors je me permettais quelques libertés également. Je m’assis alors à côté d’elle, profitant ainsi également du Soleil d’été.

- Que puis-je faire pour toi aujourd’hui ?

Je grimace ouvertement, montrant mes côtés les plus laids, à l’appellation que le petit sauvageon utilise sur moi. C’est bon – on a baisé ensemble une fois et il se croit tout permis ? Inspirant profondément, je cherche à me calmer sans trop de succès. Mais merde quoi. Ayano n’existe pas. N’existe plus. Je l’ai tuée. Massacrée. Détruite. Combien ? Combien de temps ? Papa… Combien de temps vais-je rester là ? S’il te plait… Ne me laisse pas ! PAPA ! NON ! Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Suis-je si faible que ça ? Pourquoi ne m’aimes-tu pas… Papa… Je réajuste ma position au soleil d’un mouvement sec pour faire fuir ces pensées ignobles. Ce connard ne m’a jamais aimé et j’ai la nausée rien qu’à penser que j’ai pu penser autrement de lui un jour. J’étais vraiment conne. Du regard, je suis Otoke alors qu’il s’assoit à côté de moi et, instinctivement presque, je viens approcher ma main de son corps avant de me rendre compte de ce que je fais et de m’arrêter brusquement. C’est… Tellement différent de ce que je suis d’habitude, alors que j’étais persuadée jusqu’à peu que rien n’avait changé entre nous après cette nuit. Est-ce ce laps de temps passé sans se voir ? Je lui adresse un petit sourire parfait pour cacher toutes ces idées qui me traversent.

« J’espère que ta mission à l’étranger s’est bien passée. Tu me racontes ? »

Le ton est enjoué, décontracté – il ne laisse en rien présager que c’est ma curiosité maladive que je fais courir pour sucer toutes les informations intéressantes qu’il puisse avoir. Il doit bien s’en douter – ce n’est pas une raison pour perdre ce masque que j’ai mis tant de temps à forger. Comment aborder la question sur ses connaissances de ninjas étrangers ? Question stupide : je n’ai qu’à lui demander directement, je ne pense pas qu’il cherche à me mentir ou me perturber avec de fausses données. Il n’est pas assez fourbe pour ça : le petit rat n’est qu’un chasseur, tandis que je suis une vipère empoisonnée. C’est certainement la raison pour laquelle j’aime tant rester en sa présence, j’ai moins d’apparences à conserver et je peux me permettre d’être directe – quelque chose me dit que, où que j’aille, il serait prêt à me suivre.

« Moi, pendant ce temps… J’ai été une vilaine fille. Je ne serais pas étonnée de m’être attiré quelques problèmes, ou alors ça ne saura tarder. J’imagine que tu as mieux à faire mais… Pourrais-tu garder un œil sur moi ? Je ne dis jamais non à un combat, mais je m’amuse beaucoup trop pour risquer ma vie de façon stupide. »

Le sourire plus qu’explicite que je lui adresse à la fin de ma phrase n’a pas deux sens possibles – c’est une invitation à jouer avec moi.

Si le fait que je l’appelai par son ancien prénom eut une réaction négative de sa part, le reste de la conversation fut beaucoup plus léger. Nous n’avions toujours pas discuté de ce qu’il s’était passé la dernière fois que nous nous étions vu, mais même moi, j’étais capable de me rendre compte que quelque chose avait changé depuis.

Hak me demanda alors comment c’était déroulé ma mission à l’étranger. C’était inhabituel de sa part, même si je savais qu’elle tenait à moi, je savais également qu’elle n’était pas du genre à poser ce genre de question, de tomber dans ce genre de banalités futiles. Les raisons pouvaient malheureusement être nombreuses et comme cela ne m’intéressait pas tant que ça, je me contentai de lui répondre brièvement.

- Je suis parti avec Kadoria Koüga, le chef de clan, vers le fameux pays du Soleil. On est d’abord tombé face à un mur, littéralement. Un mur géant fait toute la frontière du pays et dès qu’on le traverse, on perd toute capacité à utiliser son chakra. On a aussi rencontré un membre du clan Jisetsu, venu récupérer son arme, mais voyant que ses méthodes violentes ne fonctionnaient pas, il s’est suicidé. Puis, on nous a gentiment demandé de partir.

C’était à peu près tout ce qu’il y avait à dire sur cette mission. Je n’avais pas vraiment compris pourquoi nous n’avions pas insisté, mais ce pays ne m’intéressait pas vraiment et je n’avais pas l’intention d’insister pour m’y rendre.

Hak prononça alors quelques phrases étranges. Elle m’annonça qu’elle ne s’était pas comportée correctement et qu’elle pouvait avoir des problèmes à cause de cela. Elle me demanda alors de garder un oeil sur elle. Je voyais bien qu’à la légèreté de sa voix, elle ne courait pas un réel danger. Je trouvais surtout étrange sa demande d’aide, cela ne lui ressemblait pas. Après tout, il était possible que cette nuit-là ait changée son comportement à mon égard.

Je posai alors ma main sur le sommet de sa tête délicatement, comme je le faisais avec Karyuudo quand je voulais le rassurer. Je n’avais aucune idée de la façon dont elle pouvait l’interpréter, mais j’espérais qu’elle comprît pourquoi je le faisais.

- Ne t’inquiète pas, personne à Kumo n’est en mesure de se mettre en travers de notre chemin. Et puis, même si c’était le cas, ce n’est pas comme si j’étais capable de t’abandonner.

Je n’avais pas le même ton qu’elle et je le savais. Je me doutais bien que ce n’était pas vraiment ce qu’elle s’attendait à entendre, mais c’était tout ce que j’avais trouvé à dire.

J’écoute calmement son récit, souriant délicatement à la notion de la connaissance que j’ai de lui – je ne savais que trop bien que lui demander de but en blanc était la meilleure méthode, et j’ai eu raison. A quel point sommes-nous proches en réalité ? Je pense qu’il n’y a plus de frontière logique de quelque façon que ce soit, et je me surprends de plus en plus régulièrement à penser à lui. Voilà que je deviens une petite faible prête à se soumettre et l’implorer – je me dégoute. Sa réponse est brève mais concrète, et il m’affirme par la même n’avoir rencontré aucun ninja étranger sinon les habitants du Pays du Soleil, et ce Jisetsu qui s’est suicidé. Quel con – un ninja mort ne parle pas beaucoup, et perd le précieux de sa position en tant que source d’information. Je ne peux cependant qu’imaginer la frustration du petit sauvageon quant à l’impossibilité d’utiliser son Chakra. Il devait se sentir aussi nu que moi face à un adversaire brisant toutes mes illusions, ou lorsque nous… J’inspire profondément.

Sa main sur ma tête me conforte dans ma position de soumise à lui, et ça me donne une nausée tellement violente que, instinctivement, je l’attrape dans ma main, prête à lui adresser une remarque cinglante. Je ne suis pas sa petite pute ou son petit animal, et je ne m’attends pas à ce qu’il me traite ainsi. Je lui ai demandé de l’aide, et seulement de l’aide, parce que je m’aventurais dans un terrain dangereux. Je cligne des yeux, sa main toujours dans la mienne – pourquoi ne l’ai-je pas lâchée ? Son œil se trouble quelque peu devant ma réaction, et une vague de tendresse m’envahit. C’est officiel, je deviens conne. Alor qu’il me répond, je porte sa main à mon visage et y dépose un chaste baisé avant de la reposer, calmement, sur mon épaule. Dire que si c’était quelqu’un d’autre qui faisait ça devant mes yeux…

« Merci beaucoup… »

Je susurre à peine ces mots, mais je sais qu’il m’entend. Croisant son regard, je lui adresse un sourire – je ne sais plus s’il est factice ou sincère à ce stade – et entreprends de continuer ma petite mission pour le Régent. Je n’ai pas besoin de lui mentir car je lui fais confiance.

« C'est confidentiel, mais le Rokudaime a été assassiné selon le Régent. Il m’a chargé de mener une enquête interne au village quant à l’identité éventuelle des coupables. Comme je sais que tu voyages beaucoup, je me suis dite que peut-être en aurais-tu certaines ? Je suis laissée avec presque rien, mais j’ai réussi à obtenir quelques informations bien intéressantes ! »

Je me reconnais tout de suite plus, le ton presque neutre, enjoué sur la fin et le regard hagard, comme si le je mettais au défi de me remplir du maximum d’informations qu’il avait. Le sourire que j’affiche, provoquant et quelque peu arrogant sur la fin, ne lui signifie que trop bien qu’il s’agit là d’un échange dans le cadre d’une discussion amicale, et non pas d’un interrogatoire.

Hak eut une réaction qui me surprit un peu, mais c’était habituel de sa part de me surprendre en permanence. C’était d’ailleurs en partie pour cela que je l’appréciais autant. Si j’étais toujours persuadé de n’avoir pas bien compris les paroles de la jeune femme, elle s’en était peut-être rendue compte et avait accepté mes paroles quand même. Quoi qu’il en fût, elle me remercia et c’était bien suffisant.

Elle me parla alors d’une mission que lui aurait donnée le régent. Hôritsu avait donc été assassiné et les coupables étaient encore inconnus. Si la nouvelle ne me surprit guère, Hak devait bien se douter que ce genre d’évènement ne m’intéressait absolument pas. Je n’avais jamais montré d’intérêt pour la vie politique de Kumo et ce n’était pas une mort ou une guerre qui allait changer cela. Elle me demanda alors si je n’avais pas des informations qui pouvaient l’aider dans ses recherches.

- Il est vrai que j’ai beaucoup voyagé avant de venir à Kumo, mais cela commence à remonter à pas mal de temps. Même si je l’avais déjà rencontré, je ne connaissais pas vraiment le sixième du nom et je suppose qu’en temps de guerre, comme ce fut le cas à Suna, il est assez difficile de trouver les responsables de chaque mort, surtout en cherchant à Kumo. Enfin, je suppose que tu dois avoir une restriction géographique dans tes recherches, il m’était arrivé la même chose l’année dernière, lorsque Hôritsu m’avait demandé de faire des recherches sur des Kumojins disparus.

Je ne comprenais vraiment pas les méthodes des dirigeants de ce village, si j’étais en mesure de partir quand je le désirais, j’avais toujours cette impression qu’ils désiraient que l’on reste bien gentiment à l’intérieur du village tout en étant efficace. Quel était l’intérêt d’être un shinobi si on s’arrêtait aux frontières de notre pays ?

- Tu devais bien te douter que je n’allais pas te donner un nom précis. J’ai rencontré beaucoup de personnes lors de mes voyages et si la plupart d’entre elles ont dues changer ou mourir, je m’en souviens d’un bon nombre. Si tu as des informations complémentaires, je pourrais peut-être t’être plus utile.

Ce que je disais était vrai, mais je savais que c’était peu probable que je fusse capable de l’aider. J’étais surtout curieux d’en savoir un peu plus.

Léger sourire en coin, je l’écoute calmement parler. Oui – c’est un détail qu’il m’est simple d’oublier étant donné le temps que je passe avec lui, mais Otoke a déjà énormément voyagé. Enormément vu. Croisé énormément de monde. Tournant mon visage vers, je m’empêche volontairement d’afficher un sourire trop prononcé. Détestable. Tout bonnement détestable. J’ai l’impression d’être une vulgaire pucelle. Une petite conne faible et dépendante, cherchant un homme pour la protéger dans sa vie merdique uniquement pour se convaincre qu’elle ne l’est pas. Je ne suis pas comme ça. Je refuse de penser que je suis comme ça. Haine. Haine. Haine. L’agitation grimpe en moi. Merde quoi. Rapidement, j’inspire un bon coup et croise son regard, imposant à contre-gré une plus grande neutralité à mon corps.

« Ah… Toi aussi tu as connu ce genre d’impasse. Comme quoi. »

Quelle pute je fais – j’ai été la première à me moquer de lui quand il m’a parlé de sa mission à l’époque, et voilà que je me retrouve dans la même situation et qu’il m’apporte son soutien. Je penche légèrement ma tête sur le côté, ne quittant pas son regard – enfin, si je peux appeler un unique œil libre d’un masque ainsi. Il était bien plus … Non. Putain non. Et puis quoi encore. Il m’a fait quelque chose. Cette nuit-là. C’est impossible autrement. Peut-être une maladie ? Je vais devoir aller voir Shigeru… Inspirant une fois de plus, je me force à me ressaisir – si mon corps ne trahit rien, mes silences risquent d’être perçus à la longue et je n’ai pas spécialement envie qu’il le sache.

« Je recherche un homme. Entre 1m70 et 1m80. Roux. Konohajin à priori, mais vu le merdier qu’était Suna d’après les dires des gens… Si jamais ça te dit quelque chose. D’ailleurs, en parlant de ta mission de recherche – tu ne m’a pas dit le fin mot de l’histoire je crois. Il y en a un au moins ? »

Mon sourire presque insolent ne laisse rien à présager du léger chagrin que je ressens pour lui. Petit sauvageon aime tellement aller à la chasse, et s’il n’y est pas allé c’est presque naturel qu’il n’a rien trouvé – ou qu’on lui a mis une laisse au cou pour le garder bien gentiment dans les pattes des dirigeants. Quelle perte. Qu’un village ninja limite le potentiel des siens. Qu’il les attache. Qu’il les affame. Qu’il les fasse languir. Qu’il les fasse espérer. Le tout pour rien. Je ne compte pas laisser ce scénario se répéter. Qu’il me faille jouer à la petite innocente prête à tout pour la paix ou à la folle animée par la guerre.

« Au passage, connaitrais-tu un certain Bakushô Hachi ? »

Cette petite infamie dont m’a parlé Shirudo. Vouloir déserter droit devant les yeux d’un membre de son village – il faut vraiment être con putain. Un parfait exemple du manque d’éducation basique lorsqu’il s’agit de faire autre chose qu’égorger des gens que donne ce village. Quoique… Non. Même lorsqu’il s’agit d’égorger, la formation des Genins laisse à désirer. Qu’importe – selon le fait qu’il soit connu d’Otoke ou non, je risque d’avoir une carte de plus à mon jeu.

Comme je m’y attendais, Hak cherchait une personne en particulier dont elle me donna une description assez sommaire. Un membre de Konoha roux d’une taille assez moyenne. Malheureusement, seule la couleur de cheveux sortait de l’ordinaire. Si je n’avais pas vraiment l’habitude de rencontrer des Konohajins, je ne pouvais pas die que ce n’était jamais arrivé, de plus, je devais inclure toutes les personnes dont j’ignorais la provenance. Maintenant, je ne voyais qu’une seule personne qui pouvait correspondre.

- Il y a quelques temps, je me suis rendu à Shimo no Kuni avec Hakushi Yui pour récupérer une plante particulière et nous sommes tombés sur deux shinobis. L’un d’eux correspondait à ta description, l’autre était une fille aux cheveux bleus affirmant se prénommer Yell. Cependant, je ne peux pas te dire s’il s’agissait de membre de Konoha ou pas.

Cela n’allait pas l’aider beaucoup malheureusement.

- Le fin mot de mon enquête ? Tu vas vite te rendre compte que même en cherchant aussi bien que possible à Kumo, si tu ne vas pas sur le terrain, la seule chose que tu obtiendras seras des pistes et non des réponses. Je sais que Sho et Akame ne sont pas la priorité des autorités du village et je commence même à douter que cela intéresse qui que ce soit. Personnellement, je n’aurais pas été contre une traque, mais je ne vois pas l’intérêt d’arrêter un déserteur après autant de temps, s’ils avaient eu l’intention de livrer des intentions, ils l’ont sûrement déjà fait depuis longtemps.

Si j’arrivais à comprendre pourquoi la désertion pouvait inquiéter le village à cause des possibilités de divulgation d’informations, je ne pouvais pas leur en vouloir. Si je restais au village, cela ne m’empêchait pas de penser à partir assez régulièrement. Je savais que les personnes capables de me retrouver étaient très rares au village, alors cela ne me faisait pas peur, mais je me doutais que certains Kumojins ne restaient que parce qu’ils ne pouvaient pas partir.

- Bakushô Hachi ? Si tu parles du genin assez vieux avec du maquillage sur le visage, je le connais un peu, mais j’ignorai qu’il appartenait à ce clan. Je l’ai rencontré dans la forêt alors que je chassais. Il faisait de même et nous avons eu une altercation. Heureusement, nous avons été interrompus par des braconniers qui passaient par là. Après les avoir tous tués, nous nous sommes séparés et je ne l’ai jamais revu depuis. Lorsque j’ai repéré sa présence grâce à mes facultés sensorielles, j’ai remarqué quelque chose d’étrange, comme s’il avait la capacité de se diviser, mais je n’ai pas eu le temps d’en savoir plus.

Il s’agissait d’un individu étrange, mais intéressant. Si je n’avais pas confiance en lui, je n’étais pas contre une nouvelle rencontre.

- Par contre, évite de parler du massacre des braconniers si tu consignes tout cela dans un rapport.

Je me mis alors à rire gaiement. Je parlais à Hak comme il m’arrivait de le faire avec Karyuudo, oubliant qu’elle était en mission et que ce genre d’information pouvait m’attirer des problèmes.

Je continue de le fixer alors qu’il parle, toujours aussi perturbée. Sérieusement, c’est quoi cette relation de merde – j’ai envie de le frapper jusqu’à ce que j’oublie, et à la fois de le…. Je cligne des yeux. Il m’a vraiment refilé quelque chose qui bouffe le cerveau putain. C’est la seule solution que je vois. Shimo no Kuni. Ce n’est pas si loin. Yell. Un nom que je note soigneusement quelque part dans mon esprit. Etait-ce réellement le Konohajin que je recherche ? Ce serait étonnant comme coïncidence qu’il soit si proche de nos frontières, même sur une terre neutre. Et puis, un ninja roux de taille moyenne ça ne doit quand même pas être une bête de cirque. Il doit y en avoir plusieurs. Quoi qu’il en soit, j’en ferai une mention rapide dans mon rapport – plus il y a de facteurs confondants, plus il est simple d’introduire un ou deux mensonges dans le tas. Je lui adresse un déchante rapidement devant la suite de son récit.

Village de merde. Laisser les notre sous filer entre les doigts sans qu’il n’y aucune répercussion – c’est seulement une référence que je prends pour d’éventuels futurs. Il a beau paraître totalement intouché en annonçant cette information, je le sais particulièrement atteint de toute façon. Ce n’est…. Pas de la lecture des émotions qui le traversent, non. Je dirais plus que c’est une sorte d’intuition. Putain. Il ne me manque plus que ça pour être heureuse, franchement – de l’intuition féminine. Pourquoi est-ce qu’il me fait ça ? C’est frustrant. De manière innocente, je m’éloigne légèrement de lui, ramenant mes genoux sous ma poitrine et croisant mes bras au-dessus, laissant ma tête reposer sur la construction. Ma main gauche joue avec ce qu’elle peut attraper de mes cheveux.

« Je prends note pour Shimo. Ca remplira un peu les vides de mon rapport, merci. Pour ce qui est de ton enquête… Je m’assurerai qu’on ne fasse pas finir la mienne de façon aussi stupide et inconsidérée. Tu me connais après tout. »

Je l’écoute – une fois de plus en m’énervant seule contre moi – parler du petit merdeux que j’ai cité. C’était donc bien un élément perturbateur après tout s’il a réussi à perturber assez Otoke pour que ce dernier désire une altercation PENDANT une partie de chasse. Les connards du genre me donnent envie de vomir. Inutiles et cherchant à la ramener plus qu’autre chose. C’est tout bonnement décevant.

« Tu ne risques pas de le recroiser. Shirudo, un autre Kumojin, l’a tué à Suna. Les circonstances sont assez obscures et aucune preuve ne peut vraiment aider la décision, et de toute façon c’est un grand con. Arrogant à souhait, irrespectueux et n’en faisant qu’à sa tête. J’ai rarement eu tellement envie d’arracher la tête à quelqu’un, et pourtant... »

Je n’ai pas besoin de finir cette phrase. Il me connaît suffisamment pour savoir ce que j’entends par là. Ah ! Ce rire. Je ne peux que sourire à l’entendre – ce côté enfantin et gentillet de mon sauvageon qui ressort, ça fait chaud au cœur. C’est tout juste si une petite moue passe à travers mon esprit, de simple envie d’avoir fait partie du massacre. Je croise son regard, ne cherchant même plus à jouer à la sévérité. Je m’énerverai seule contre moi de penser ce genre de choses connes plus tard.

« Tu n’as pas à t’en faire. Nous n’en sommes pas à notre premier massacre nous non plus et tu es bien LA personne du village que je couvrirai toujours, autant qu’il le faudra. »

Et voilà. Phrase stupide du jour prononcée. Il faut vraiment que j’aille voir Shigeru… C’est invivable.

Tandis que je me demandais encore pourquoi Hak s'intéressait à Hachi, je l'entendis me dire qu'il avait été tué par Shirudo dans des circonstances obscures. Je me doutais bien qu'elle en savait plus que cela, si le chuunin n'avait pas été emprisonné, c'était qu'il avait sûrement une bonne raison de le tuer. Cela m'importait peu, prendre la vie d'un homme et perdre la sienne était parfaitement normal pour un shinobi. Cependant, la jeune Senritsu ajouta qu'elle avait eu envie de le tuer. Connaissant ses capacités, je savais qu'elle était capable de le faire sans avoir de problème.

- Si tu veux le tuer et que quelque chose t'en empêche, dis le moi, je le ferai.

Il n'y avait aucune agressivité dans ma phrase, je n'avais aucune envie particulière pour le tuer, mais je n'avais aucune raison de ne pas le faire non plus. Un peu plus tôt elle me demandait de veiller sur elle et là, elle me disait cela. J'avais du mal à comprendre ses subtilités de langages, mais j'étais persuadé qu'elle voulait que je le tue. Je ne savais pas encore comment j'allais m'y prendre, mais de ce que je savais sur lui, j'en avais les capacités.

- Ça me fait plaisir que tu souhaites me couvrir, c'est pas facile de vivre à Kumo en respectant toutes ses règles. Même si on me laisse un peu tranquille depuis que je suis chuunin et si je fais des efforts, je sais que c'est encore difficile pour Karyuudo.

Même s'il préférait prendre de la distances avec les autres humains et que je lui avais demandé de rester tranquille à Kumo, il restait un prédateur dont la seule passion était la chasse. Il s'amusait à chasser les animaux errants de Kumo, mais je savais que sans moi, il ne se serait pas gêné pour s'attaquer aux enfants perdus. C'était une règle élementaire que j'avais fini par apprendre à force de cotoyer des humains, on ne peut pas tuer quelqu'un sans en payer les conséquences, sauf si personne n'est là pour y assister.

J’éclate délicatement de rire à la réponse d’Otoke. Un rire enfantin et particulièrement claire, presque celui d’une gamine vulnérable que son père aurait obligé à se vendre pour subvenir aux besoins de la famille – une légère teinte de désespoir qui n’a rien à faire avec ma situation actuelle. Son comportement social et sa façon de tout prendre au pied de la lettre. Putain. Dire qu’il m’arrive d’oublier ça à force. Je me calme délicatement alors qu’il enchaîne sur Karyuudo. Evidemment que c’est difficile. Si j’étais un immense aigle perdu au plein milieu d’un village d’humains à devoir respecter leurs règles sans les comprendre… J’ai déjà du mal à les respecter moi-même avec mon caractère impulsif, c’est dire. Une prison. Non. Une cage. Le pauvre piaf doit se sentir en cage.

« Le tuer ? Non ! Surtout pas. Il ne m’a pas tout dit sur son séjour à Suna, et il ne s’en cachait même pas. Le tuer serait une perte d’informations qui peuvent être intéressantes – il les vend comme telles en tout cas. Je préférerais… Qu’on le saigne à blanc jusqu’à ce qu’il crache tout ce qu’il sait. Mais ça saura attendre, je doute qu’il y ait quoi que ce soit qui presse dans son histoire. »

Oui. Des informations. Toujours des informations. Des données. Des chiffres. Des lettres. Des noms. Lorsque le jour viendra, j’espère qu’il sera en mesure de cracher soigneusement tout ce qu’il sait et m’intéresser avec ses petites paroles de con. Sa mort en sera certainement terrible.

« J’imagine que toi déjà, tu dois te sentir comme en cage. Ça doit être pire pour lui. »

Calmement, je me lève et détourne mon regard, toisant le panorama du village s’offrant depuis le toit. Si seulement j’avais plus de courage. Plus de conviction comme le dit Monsieur le Ministre. J’irais pisser à la gueule de tous les habitants de ce village par pur plaisir. Un petit sourire fend mes lèvres alors que je recroise le regard d’Otoke.

« C’est naturel que je participe à ce petit jeu. Parfois, j’étouffe également – et pourtant, nos approches sont tellement différentes. Me confronter à des règles et jouer des jeux, ça a toujours été ma règle. Celle d’une espionne qui s’infiltre. Alors que doit en penser un fantôme comme toi… Quoiqu’il en soit, merci pour tes renseignements, et à bientôt. »

Sur ces derniers mots, je m’avance jusqu’à la bordure du toit et, sans réfléchir particulièrement, je m’élance dans le vide – c’est tout juste si je me rattrape d’un rebord de fenêtre avant de m’écraser au sol. Quelle sortie mélodramatique, je pourrais être l’héroïne d’un livre à être aussi conne.

HRP: