Petit sourire en coin, je m’installe calmement dans le restaurant à attendre Otoke. C’est le même restaurant et la même place que la dernière fois – la même pute de serveuse également. Je crois même qu’elle se rappelle de moi, elle me regarde de travers. Elle veut que je la frappe peut-être ? Un petit sourire innocent m’échappe à mon égard, juste assez pour lui signaler que je la vois me fixer. Ce village ne manque vraiment pas d’idiots et tant mieux. Plus il y a de cons, plus il est simple de les manipuler et de s’en sortir avec quelques petits mensonges ou génocides. De toute façon, ce n’est pas comme si quelqu’un était apte à découvrir la vérité à travers mes mensonges, et combien même… Ça ne ferait qu’un cadavre en plus dans ma vie.

Le Régent m’a convoquée à nouveau – malgré mon rapport que je rédige calmement, fignolant les dernières informations et récoltant quelques témoignages inutiles. Je sais exactement ce que je vais faire déjà, à moins qu’on ne me demande autrement… Je pense qu’il ne me fait pas encore assez confiance pour me confier ce genre de tâches. Qu’importe. Cette mission m’a permis de mettre en exergue un défaut majeur de Kumo – son manque de réalisme. Ces gens partants à l’étranger et s’offusquant qu’on cherche à obtenir des informations sur ce qu’ils ont vu – ils s’attendaient à ce qu’on soit un site touristique ? L’information est une arme. Un jouet. Un outil. La posséder, c’est posséder le pouvoir dans le sens le plus large du terme.

C’est pour ça que j’ai besoin de mon petit sauvageon. Il faut que je place des pions. De petits cons sympathiques qui chercheront à toujours avoir plus d’informations et me les transmettre. Ikumo fait un travail respectable à l’hôpital, mais j’ai l’impression qu’il me cache des choses. Il me faut plus. Des civils. Des shinobis. Qu’importe. Des informateurs. Des chiens à mes pieds qui feront ce que je leur demande sans chercher plus. J’adresse un petit sourire lorsque je le vois arriver. Ma source fiable – l’un des rares réalistes dans ce pays. Je le regarde s’installer devant moi sans lui adresser d’autres sourires, sinon un soupir et une moue certaine. Putain. Je suis vraiment conne. Il est tellement… Opaque qu’il ne verra même pas que j’essaye de l’inviter à commencer la conversation. Je croise son regard.

« C’est fatiguant. J’ai l’impression que les gens de ce village sont allés à Suna pour faire du tourisme. On les fait aller dans un autre pays, et ils en profitent pour admirer les bâtiments de merde. S’ils crevaient tous, ça leur donnerait une bonne leçon. »

Hak m'avait demandé de la rejoindre au même restaurant dans lequel nous avions mangé quelques temps auparavant. La fois d'avant, je l'avais invitée pour lui demander de l'aide pour une mission personnelle. Si tout ne c'était pas passé comme prévu, nous l'avions accomplie sans la moindre blessure. Du coup, je me demandais si ce nouveau rendez-vous était tout aussi professionnel ou si Hak souhaitait me parler de façon plus intime. J'avais bien remarqué que le comportement à mon égard de la jeune femme avait un peu changé, surtout depuis la nuit qu'elle avait passée chez moi. Je me demandais si c'en était de même pour moi. Enfin bon, cela m'importait peu, si j'avais voulu m'intéresser aux comportements humains, j'aurais fait des études de psychologie et je n'aurais pas suivi un entrainement de shinobi.

Arrivant au restaurant, je ressentis le chakra de Hak provenant de l'intérieur, j'entrai donc immédiatement avant d'ignorer la personne chargée de l'accueil et de me diriger directement vers sa table. Après m'avoir adressé un sourire bref, elle me regarda silencieusement m'installer. Pour ne pas changer, elle ignora les règles de courtoisie et commença la conversation directement, abordant le sujet des Kumojins revenus de Suna. Je n'étais pas à sa place et je ne savais pas ce que les genins avaient bien pu raconter à propos de leur séjour au pays du vent. La seule chose que je savais était que cela ne s'était pas terminé comme prévu.

- Leur mort serait inutile, ne soit pas trop dure avec les genins, la plupart n'ont pas connu la grande guerre, ils ne se rendent pas compte de la chance qu'ils ont. Cependant, je suis d'accord sur un point, il leur reste bien quelques leçons à apprendre. J'en surprends régulièrement se battre entre eux. Je ne saurais dire s'il s'agit d'indiscipline, d'entraînement ou simplement de la stupidité, mais ça reste un bon moyen pour eux de mourir. Surtout s'ils venaient à s'en prendre à l'un d'entre nous.

Je savais que l'imprudence de certains genins pouvait les empêcher de se rendre compte de la différence de niveau qu'ils ont avec les gradés. Si j'avais été clément envers Hachi qui s'était contenté de me menacer avec une arme alors que je l'avais suivi en cachette, je risquais fort de ne pas l'être si la situation se représentait.

- Mais bon, tu ne m'as pas invité pour parler de Genin, enfin j'espère.

Sans rien ajouter, je l'invitai à m'indiquer la raison de ce rendez-vous. Ce qui pouvait paraître pour de l'impolitesse n'était autre que l'expression de ma curiosité. Heureusement, avec elle, je pouvais me permettre de ne pas avoir à faire attention au choix de mes mots.

Moi, trop dure ? C’est plutôt lui qui devient trop tendre à l’entendre parler comme ça. Une chance ? Quelle chance ? Celle de vivre enfermé, étouffé, rationné sans avoir la vraie liberté de faire ce qu’ils veulent ? Autant mourir tout de suite, ça arrangera leurs cas désespéré. Qu’ils s’en prennent à l’un de nous dans leurs petits entraînements de merde. Voilà qui serait une bonne école de la vie, certainement plus sévère encore que ce que j’apprends aux trois petits cons que j’ai pris dans mon équipe. Honnêtement, s’ils font partie de ces Genins qui jouent au combat en permanence… Ils feraient mieux de combattre plus encore et contre de vrais adversaires, car ce n’est clairement pas comme ça qu’ils arriveront à quelque chose d’utile dans leurs vies. Je soupire lourdement, puis lui adresse un petit sourire à sa remarque. Il espère – dire qu’il prononce ces mots comme s’il ne me connaissait pas…

« Bien évidemment que non. J’ai beau avoir un peu de temps libre, je n’en suis pas à un point si tragique de ma vie que ça pour parler de ces petits merdeux. »

Qu’ils crèvent tous, après tout. Délicatement, je m’avance et pose mes coudes sur la table, me donnant un faux air sérieux tandis que nos regards se croisent. Putain, ça me rend aussi malade que la dernière fois que l’on s’est croisé. Moi qui pensais que ça passera… D’un coup, je durcis mon rergard.

« Non. Si je t’ai demandé de venir, c’est que je me suis rendue compte de quelque chose avec cette mission. Les gens sont cons et ils ignorent, par-dessus tout, le prix et le pouvoir de l’information. C’est pourtant quelque chose de basique que l’on apprend en devenant ninja… »

Vomir. C’est à vomir à quel point les gens dans ce village n’accordait de l’importance qu’à ce qui les concernait. Je pense qu’il est totalement possible de préparer les pires intrigues au grand jour, et la majorité choisirait de ne pas y prêter attention. Ou peut-être que je suis tout bonnement douée à ce genre de choses – après tout, Ministre Monjara n’y a pas vu grand feu à mon jeu de grande pacifiste prête à tout. Dire que je ne peux le dire à Otoke car il risquerait soit de se méprendre, soit de tout faire plonger en l’espace de quelques mots – même sans vouloir agir contre moi.

« Du coup, j’ai pris une décision. Il faut se constituer un réseau d’idiots qui resteront idiots, mais à mon... Notre service. Des gens qui transmettent tout ce qu’ils apprennent, tout ce qu’ils voient, tout ce qu’ils entendent, sans aucun filtre. Qui qu’ils soient. »

Clignant des yeux quelques fois et les rendant quelques plus tendres, presque implorant, je lui adresse un petit sourire. S’il le faut, j’avancerai les événements de la nuit que l’on a passé ensemble pour le convaincre de m’aider. Quitte à devoir remettre ça – ce ne serait pas sans plaisir.

« J’ai besoin de ta discrétion pour arriver à bout avec cette idée. Qu’en penses-tu ? »

Apprenant comme je m’y attendais que Hak n’avait pas l’intention de me parler des genins, j’écoutai ce qu’elle avait à me dire. Après une rapide critique sur l’esprit des Kumojins qu’elle avait interrogés, elle me fit part de son idée de constituer un réseau d’information. Elle avait l’air sérieuse, alors je savais que ce n’était pas une idée en l’air. Je ne voyais pas vraiment à quoi cela allait bien pouvoir servir, mais Hak avait bien plus d’ambition que moi et un tel réseau pouvait lui être utile.

- Tu peux avoir confiance en ma discrétion, de toutes façons, je ne vois pas à qui j’irais dire une telle chose.

J’avais un ton bien plus léger qu’elle, mais c’était plutôt habituel. Elle prenait trop au sérieux ce genre de chose et même si c’était important pour elle, je n’arrivais pas vraiment à voir l’intérêt réel de tout cela.

- Tu me connais, tout cela ne m’intéresse pas vraiment, mais surtout, je ne vois pas pourquoi on devrait se mettre à travailler avec des idiots, personnellement, je préfère les éviter. Ou les éliminer. Je ne te cache pas que ton idée ne m’intéresse pas vraiment.

Je préférai être honnête avec elle, dans cette situation, c’était bien plus important que de lui faire plaisir, surtout si cela devait m’engager auprès d’elle.

- Cependant, si je ne vois pas l’intérêt d’un projet comme celui-là, cela ne veut pas dire que je refuse de t’aider. Tu sais que je ne recherche qu’à m’amuser et vivre correctement, mais cela nécessite également de m’occuper de temps en temps. Comme à Kumo, on a pas mal de temps libre, Karyuudo s’ennuie et l’emmener chasser de temps à autre ne suffit pas. Je ne peux rien te garantir, mais si tu as besoin de moi, je peux toujours mettre mes compétences à ton service.

Les propos de Hak me faisaient penser à ceux que pouvait avoir Raito lorsqu’il parlait de son organisation. Je commençais à me dire que ces deux-là pouvaient s’entendre, mais je n’allais pas être celui qui ferait les présentations, je savais que Hak allait vouloir manipuler le jeune Dentô, tandis que celui-ci aurait essayé de l’enrôler dans son organisation. Il s’agissait de deux choses que je ne voulais pas voir et même s’ils faisaient ce qu’ils voulaient, je ne voulais pas avoir de responsabilité à ce niveau.

Putain… Lui aussi ? Mais merde quoi, il y a une sorte de maladie qui dévore le cerveau des gens dans ce village ou bien ? Rigolant légèrement à sa réponse de la façon la plus ironique qui soit, je me passe calmement les doigts sur les tempes pour essayer de me calmer. Lui sauter à la gorge et essayer de le tuer ne ferait aucun bien à mon idée, et je suis peut-être fautive également à vouloir dire les choses à moitié seulement. Il ne comprendra donc décidément jamais comment lire à travers mes paroles, peu importe à quel point il me connaît par cœur. C’est… Je soupire délicatement pour arrêter ce ricanement avant d’attirer l’attention sur nous. La même pute de serveuse que la dernière fois se dirige vers notre table et, d’un regard sévère, je lui fais comprendre qu’elle peut aller se faire baiser dans les cuisines plutôt que de venir nous déranger pour le moment. Pétasse. Détendant mon regard, je me tourne vers Otoke.

« Je n’ai pas dit que je te demandais d’être discret, je sais bien que tu le seras. C’était… Oublie. Une façon imagée de dire que j’ai besoin de tes capacités sensorielles. »

Il ne veut pas que je lui fasse un dessin pendant que nous y sommes ? C’est vraiment sidérant, mais arrangeant également. Qu’il n’en ait rien à faire. Que ce ne soit pas son genre d’activités. Je le savais pertinemment. C’est bien pour ça que je demande son aide – il ne risque pas de me trahir ou de retourner la situation à son avantage. D’un geste presque charmant, je coince ma poitrine entre mes coudes d’une façon paraissant naturelle et appui mes os contre la table une fois de plus, suivant avec précision le regard du petit sauvageon. Il va vraiment falloir tout lui expliquer.

« On va commencer par une unique personne. Tu la localises. Tu t’arranges que je puisse la voir seul à seul en me prévenant si des gêneurs arrivent. Je vois jusqu’où j’arrive. Tu la surveilles après pour t’assurer qu’elle ne fasse rien de foireux. Si échec à la moindre des parties… On avisera, mais on risque de devoir l’évincer d’une façon ou d’une autre. Bien sûr, tu n’existeras pas officiellement pendant la durée totale de l’idée. Disons que c’est une phase de test. »

C’est cru de ma part d’exiger ça de lui. Plus encore en lui demandant de rester totalement dans l’ombre pendant la totalité des petits jeux, mais je sais quelque part qu’il sera plus confortable ainsi. Et puis… Je trouverai certainement une façon bien agréable de le remercier de son aide, si je réussi. Sinon, il aura le droit à un entraînement suffisant pour que j’évacue ma rage. Le fixant droit dans les yeux, je lui adresse un sourire.

« Ca te va ? »

De toute façon, il a déjà accepté de garder un oeil sur moi la dernière fois alors que j'expérimente les frontières que je peux atteindre. Ce n'est qu'un petit... Surplus.

J’écoutai alors la réponse de Hak qui ne semblait pas être déçue de ma réponse. Cela ne m’étonnait pas vraiment, j’étais même persuadé qu’elle s’y attendait avant même de m’en parler. Elle m’expliqua alors qu’elle avait besoin de moi pour ma sensorialité, je compris alors que mon aide était nécessaire. Il ne s’agissait donc pas d’une simple occupation ou d’une vague idée, elle avait déjà prévu quelque chose et je faisais parti de ce plan. Cette méthode pour me faire accepter ne me dérangeait pas vraiment, mais je me demandais quel était son objectif final, car il devait forcément y en avoir un. Même si l’utilité d’un réseau d’information était évidente, je me doutais bien qu’il ne s’agissait pas d’un but en soit, Hak avait très probablement une idée derrière la tête et elle ne voulait pas m’en dire plus. Si cela ne me faisait pas vraiment plaisir, je n’allais pas la forcer à le faire.

- Je t’ai déjà dis que je t’aiderais, mais tu restes un peu trop vague sur tes explications.

Si j’arrivais approximativement à voir ce qu’elle attendait de moi, sa manière de rester évasive et de laisser des sous-entendu n’était pas vraiment adaptée à ma compréhension et elle devait bien le savoir.

- Si tu me dis clairement ce que je dois faire et pourquoi, je te serais bien plus utile. S’il ne s’agit que de trouver et d’isoler une personne, ça ne posera pas de problème, mais si tu veux un résultat plus spécifique, il va falloir me donner plus détails. Dans tous les cas, si tu veux être sûre du résultat, il faudra me laisser le temps de me préparer.

Après tout, si elle se permettait de se servir de moi pour ses propres intérêts, je n’allais pas me gêner pour imposer mes méthodes. Même si j’appréciais sa compagnie et que cela ne me dérangeait pas de l’aider, je n’avais pas l’intention de risquer ma vie sans savoir pourquoi.

- Je suppose que si tu me demandes mon aide maintenant, c’est que tu as déjà une personne en tête, je me trompe ?

Mes paroles me faisaient paraître bien plus confiant que je ne l’étais réellement, je n’avais aucune idée de l’avancement de son projet. Elle me l’avait annoncé comme une simple idée, mais il était évident qu’elle y avait réfléchi longuement avant de m’en parler. Ce n’était qu’une supposition, mais c’était quand même la plus probable.

Il parait évident à l’entendre que le petit sauvageon commence à lire en moi autant que je lis en lui. Je souris calmement et rejette ma tête sur le côté, sans quitter son visage de mon regard. C’est frustrant. Extrêmement frustrant même, mais je fais des efforts considérables. En ai-je réellement envie ? Je ne sais pas. Toujours est-il qu’il a toujours été quelque chose de… Spécial pour moi. Je sais lire dans les traits des visages des gens sans trop de soucis, et en tirer allègre profit pour estimer ce qu’ils pensent de moi. Avec Otoke… Son masque m’a toujours empêché de le faire, et les quelques impressions sur son comportement que j’avais ont toujours été liées au fait que je le connaisse presque par cœur. Même plus dernièrement, vu que… J’hausse les épaules un bref instant, l’écoutant toujours parler. Encore et encore. C’en devient presque irritant putain, ce manque de confiance combiné à cette confiance presque totale qu’il m’accord à la fois. Je le lui ai déjà dit pourtant merde – il doit bien être la seule personne à Kumo que j’estime assez pour ne rien faire de contraire à son intérêt. Je durcis mon visage l’espace d’un instant.

« Hm. Oui j’ai bien quelqu’un en tête. Tu me connais bien, après tout… »

Nouvelle approche de l’autre pute de serveuse. Putain, elle refuse vraiment de lâcher l’affaire. D’un geste presque brusque, j’attrape les mains du Chûnin entre les miennes et le fixe, jouant allègrement sur mes émotions pour lui adresser un regard amouraché. Mes yeux suivent toujours l’autre idiote, et quand je vois qu’elle abandonne une fois de plus je relâche avec violence les mains d’Otoke. Putain, ça me reprend il faut croire. J’ai fourni bien trop peu d’effort pour le résultat que je pense avoir obtenu. Suis-je toujours malade ? Je fais craquer mon épaule droite pour me défaire de cette horrible sensation et attirer mon attention sur autre chose. Je…

« Elle refuse vraiment d’abandonner celle-là. Pétasse. »

Je siffle ce dernier mot avec beaucoup plus de violence que nécessaire, irritée pour je ne sais même pas quelle raison. Les connasses dans son genre m’ont toujours énervé, mais là… L’envie d’écraser mon poing avec toute la force possible en l’espace de quelques instants. Détruire. Enrager. Hurler. Haït. Beaucoup trop de sensations que ce qu’elle méritait, et pourtant. Je souris stupidement seule, et retourne mon regard sur mon petit sauvageon une fois de plus. Il ne doit rien comprendre.

« Il y a ce bar populaire en plein milieu du village. Le propriétaire est au courant de toutes les rumeurs qui courent dans ce village parait-il… De ce que je sais, demain il va se rendre à Senun accompagné de ses hommes de main pour refaire ses stocks. On pourrait... Enfin tu vois ! »

Il ne va quand même pas exagérer cette fois, ce que je pense est quand même sous-entendu d’une façon tellement évidente que même lui est capable de comprendre. Sinon… Putain c’est dans son petit visage tout mignon que mon poing risque de se retrouver.

Hak me confirma alors qu'elle avait déjà une personne en tête. Encore une fois, je me demandais poruquoi elle n'avait directement parler de cela. Même si mon avis lui importait, je savais qu'elle n'attendait pas mon approbation et comme elle savait que j'étais prêt à l'aider. Enfin bon, ce n'était pas le moment d'essayer de décrypter son comportement, surtout que ce n'était pas mon point fort. Puis, alors qu'elle allait me parler de la cible, la serveuse qui avait déjà été repoussée à plusieurs reprise par Hak essaya à nouveau de prendre notre commande. Pour la repousser, cette dernière me prit les mains avant de me fixer du regard. Je ne voyais pas vraiment le rapport, mais ce fut assez efficace. Je commençais à me demander si la serveuse n'allait pas demander de l'aide par crainte de la Senritsu. C'était la même que la dernière fois, celle qui m'avait apporté de la viande crue avec un léger dégout. Elle était facilement impressionnable et je ne voyais pas pourquoi Hak se mettait dans un état pareille pour une telle personne. Ou alors, elle n'était qu'un prétexte pour décharger ses émotions.

Puis elle me parla enfin de la cible. Il s'agissait donc d'un civil propriétaire d'un bar populaire. S'il était effectivement une cible de choix pour quiconque recherchant des informations, cela me surprenait de la part de Hak d'agir ainsi plutôt que d'aller discuter avec lui directement, mais bon, je m'en foutais un peu.

- S'il est escorté par des civils, ça ne posera pas de problème. S'il s'agit de shinobis, je devrais évaluer leur niveau et les tuer s'ils représentent une menace à l'accomplissement de la mission. Alors, évidement, j'en suis capable, mais tu me demandes de faire un acte qui me vaudrait la peine capitale si les autorités venaient à le découvrir. Tu es sûre que c'est ce que tu veux ?

Faire cela ne me dérangeait pas et si ce n'était pas la première fois que j'enfreignais la loi ou que je tuais quelqu'un, cette fois il s'agissait de tuer des Kumojins, censés être mes camarades. J'en avais rien à foutre de la vie des Kumojins qui m'étaient inconnus, mais ce n'était pas rien tout de même. Cependant, je devais bien reconnaître qu'une telle mission allait être plus excitante que celles qu'on me donnait habituellement.

- Dans ce cas, Il faudra que tu m'expliques ce qui t'arrangerait le plus. Si tu comptes être sympatiques avec lui ou le faire chanter. Je peux l'appeurer à un point qu'il n'osera jamais te dire non. Les humains sont faibles, juste certains moins que d'autres.

Un petit éclat de rire traverse mes lèvres sans que je ne cherche particulièrement à le retenir, faisant de petits gestes circulaires dans l’air avec ma main – uniquement dans le but de me retenir et ne pas l’enfoncer à travers la totalité de son visage de merde d’un coup sec unique. Putain. Il est vraiment lent à la détente c’est criminel. Ou bien je suis une pute qui manque de clarté dans tout ce qu’elle dit, ce qui ne serait pas totalement incohérent non plus. Les petits complets, les petits jeux de trous dans le but de creuser des tombes et y pousser les gens… C’est tellement différent de ce que je fais d’habitude ! Je suis une manipulatrice. Une sadique. Une folle – soit. Mais une intrigante ? Je passe ma langue contre les incisives, me délectant une fraction d’instant de la sensation de pouvoir que j’ai sur moi-même. Depuis que j’ai gouté à ces petits jeux dans l’audace de mentir à un supérieur, j’ai l’impression de tomber dans un puit sans fond où tout est capable de m’amuser. Me jetant contre le dos de ma chaise dans un mouvement erratique, je croise le regard d’Otoke.

« Comme si je ne t’avais pas assez couvert depuis tout ce temps. Si c’était des civils, je les aurais massacrés de moi-même sans le moindre scrupule s’ils cherchaient à gêner. Et puis… Qui parle d’éliminer sa garde ? Si tu arrives à les supprimer sans leur ôter la vie… »

Je souri de façon insultante, mes yeux ne quittant son regard. Comme s’il connaissait une autre alternative. Comme si j’avais besoin d’une autre alternative. Mon sourire doit être suffisamment évident pour qu’il comprenne qu’il peut faire ce que bon lui semble. J’effacerai les traces de nos délits comme j’ai effacé les traces de son corps sur le miens. Une fois de plus. Toujours plus.

« Je n’irai pas te demander ton aide juste pour le plaisir de te garder à mes côtés – la gentillesse a déjà échouée. Construire ce genre de relation sur le chantage ou la peur m’intéresse moyennement. Je vais juste lui faire voir qu’il gagnera à coopérer. Le mieux serait qu’il ne te croise pas et soit sciemment persuadé que j’ai tout fait seule. Attire ses hommes loin de lui et amuse toi, ce sera suffisant. »

Comme si j’allais le laisser lui, de toutes les personnes que je connais, jouer au plus subtil dans cette histoire. Ce serait un pur suicide dès le propre départ. Je m’occuperai des mots – j’ai seulement besoin qu’aucun ninja sensoriel ne soit capable de me détecter, et pour cela… Il faut qu’Otoke les achève. Rien qu’à l’imaginer égorger ces cinq connards comme des animaux à l’abattoir fait courir des frissons le long de mon corps et… Brutalement, je me lève et tape de la main sur la table, lui adressant un dernier sourire.

« On se rejoint à l’entrée de Senun demain matin. Aller, salut. »

Je ne sais que trop bien qu’il n’aura aucun problème pour m’y trouver, pas la peine de le lui préciser.