Je quittais l'hôpital aujourd'hui. Le médecin chargé de mon cas me l'avait annoncé hier. Selon lui j'étais dans un état correct pour ne plus rester ici, et je devrais m'aider de béquilles pour marcher pendant au moins trois semaines, le temps de voir. Quand aux bandages me recouvrant le crâne, ceux-ci avaient largement diminué. Il y en avait seulement deux enroulés en travers et autour de mon crâne pour simplement le maintenir. Enfin quelque chose comme ça, je n'étais nullement médecin moi... Je pris donc avec moi, dans un sac qu'on m'avait donné, la lettre de Kioshi avec le dossier Kakumeigun sur maman et le mot laissé par Yami. Quant au pendentif offert par Yell, je le portais déjà autour du cou.

Si d'ordinaire j'aurais été content de sortir prendre l'air à nouveau, là je n'avais pas l'esprit à apprécier quoique ce soit. Le manque de ma Gogyou d'abord, l'enlèvement de Yami ayant causé le départ de Kioshi ensuite, tout cela me sapait le moral et me vidait littéralement de mon énergie. C'est donc seul que je fis mes premiers pas dehors pour m'enfoncer dans les rues du village méconnaissable suite à l'attaque, même onze jours après. Mon visage ne reflétait rien d'autre que le vide que je ressentais. Aussi je me devais de marcher dans ma solitude déjà parce que je le voulais, et parce que les autres avaient mieux à faire que de m'accompagner à l'heure actuelle. Le Sosie que j'étais devait atteindre le quartier Yamada par ses propres moyens.

Pour cela j'avais à traverser une partie du Centre ville en me dirigeant vers l'Est et la Voie illusionnée. Parmi les villageois la plupart me reconnaissaient à mon physique parce que j'étais le cousin et le « sosie » du Rokudaime Kazekage. Celui-là même qui pour eux avait trahi le village, menti, et assassiné la Godaime. Que faisais-on quand on avait face à soit la personne qui ressemblait le plus à celle qu'on détestait sur le moment ? On lui jetait des regards méprisants et plein de sens, on le haïssait à son tour. J'en aperçus plusieurs qui ne se gênaient pas pour me le faire sentir. Pour eux j'étais le sosie du lâche à qui il fallait faire payer sa trahison. Je tentais pour ma part de ne pas me laisser atteindre par tout cela, et j'étais bien trop perdu dans des pensées tristes liées à Kioshi justement.
Pourtant lorsque j'entamais ma marche lente et saccadées à coups de béquilles dans l'une des artères principales, donc peuplée de monde, je sentis tout le poids de la colère qu'ils ressentaient envers mon cousin s'abattre sur moi. Une voix d'homme se fit entendre :

« Le Sosie est parmi nous ! Bouuuh ! »

J'essayais d'ignorer, me contentant d'avancer. Mais par conséquent il venait d'en alerter d'autres dans le même état d'esprit qui renchérissaient à leur tour. Ils s'adressaient à moi :

« Tu n'as pas honte le Sosie ?! Tu dois être un lâche toi aussi !! »
« Alors on marche avec des béquilles ? Hahaha bien fait ! »
« Dégage ! On en veut pas un deuxième comme lui... »

Et il y en avait d'autres qui ne se gênaient pas non plus. Leurs mots étaient blessant mais pas moins sincères sur le coup de ce qu'ils ressentaient. Je pouvais les comprendre mais au fond ils me mettaient en colère. Je n'étais pas le fautif dans l'histoire ! J'avançais toujours et me forçais à ne pas les regarder ni même à les écouter. Sauf que ce fut une petite pierre qu'on me lança au visage et qui ricocha sur ma joue dans une légère douleur piquante. Elle fut la seule à être lancée. Bien que suivie d'un villageois qui s'avança pour me faire un croche patte dans l'instant. Ma béquille tomba, et moi avec. Ils explosèrent de rire, expulsant là aussi ce qu'ils avaient à faire sortir : la pression, la peur, la haine, un peu de tout ça.
La chute m'avait fait mal et ma jambe me lançait mais ce n'était rien de grave. Juste de la douleur. Je me relevais à moitié en prenant appui sur mon autre béquille, encore silencieux. Pourtant je les aurais bien tous cramer sur place pour les calmer... sauf que cela ne servirait juste à rien. Heureusement ils me laissèrent me relever et continuer ma route sous leurs regards pleins de sens et quelques remarques pesantes à mon encontre et à celle de Kioshi. Une fois dans une rue plus calme je pris une pause pour me remettre de tout ça. Je me demandais : c'était ça les « innocents » que je voulais protéger malgré tout ? Cette question méritait réflexion après coup... Je me remis finalement en route pour atteindre mon quartier et des gens qui m'aimaient. Corriger l'image laissée Kioshi sur ma propre personne allait être difficile.

Heureusement quand j'arrivais chez les Yamada qui avaient déjà replanté des tentes provisoires je tombais sur mon père. Mon malheur était suivi d'une surprise. Déjà, ce dernier me serra dans ses bras comme jamais. Il était content de me voir. Je l'étais moi aussi. Mais par dessus tout, il me tendit une lettre à mon nom qui était signée de la main de Yell. Mon cœur s'en réchauffa et je partis la lire dans un coin au calme avant de prendre connaissance de tout un tas de choses auprès de mon clan. Il faudrait aussi que j'annonce à Papa qu'il se retrouvait à la charge de notre communauté... Ensuite j'irai écrire à ma konohajin et encore plus tard je prendrai connaissance du dossier de maman.

HRP: