Je venais de quitter les marais depuis une journée à peine, et déjà je remettais en question ce que je venais tout juste de faire. J'avais dix-sept ans, et j'avais décidé de rejoindre le village de Kiri en tant que ninja, afin de défendre ses intérêts et celui des Gekei. Mais étais-je véritablement prête pour tout ça ? Ne manquais-je pas d'expérience ? Difficile à dire en fait. Je ne connaissais strictement pas le niveau demandé pour intégrer les rangs des Kirijins. Bah, j'avais tout le temps de me faire une idée, le trajet jusqu'au village risquait de durer un bon bout de temps. Jiyuu, mon amie et hirondelle qui était posée sur mon épaule paillait de joie, parlant de promesses d'aventures grandioses et de rencontres intéressantes. Je n'en demandais pas moins, avoir un périple palpitant, avec des anecdotes croustillantes à raconter une fois que je serais de retour dans ma terre natale. Il s'écoulerait pourtant plusieurs années avant mon retour, je devais réellement prendre cela au sérieux et rassembler assez de forces pour défendre mes intérêts, et la liberté de tout à chacun. Une petite pique de stress pointa le bout de son nez, je n'avais jamais ressenti ça auparavant. Et si ma vison des choses ne convenait pas ? Si on me méprisait ? Mes parents m'avaient prévenu avant mon départ « Les Gekei sont relativement sous-estimés et considérés comme des bêtes à Kiri, tu devras faire tes preuves à leurs yeux ! ». Il fallait être honnête, cela me faisait un peu flipper. D'après ce que m'avais rapporté les oiseaux lorsque j'étais encore chez moi, le village caché de Mizu no kuni ne manquait pas de gens étranges. Certains n'avaient pas peur de donner la mort, et le chef lui-même s'engageait à être impitoyable envers quiconque menaçait la paix instaurée. Moi non plus je n'avais pas peur de donner la mort, pas le moins du monde. A partir du moment où on va à l'encontre de ce en ce que je crois, la pitié n'a pas sa place. Je fonctionnerais exactement comme au sein du règne animale, mais en société humaine, et tant pis si cela ne plaisait pas. Parce-que je savais que c'était grâce à cette conviction que je réussirais à me faire une place. Alors oui, j'étais souriante en toutes circonstances, de nature joviale et marrante, et c'était réellement sincère, pas une façade. Mais rien n'empêchait de défendre ses idéaux, de propager la mort, tout en restant souriante. Il valait mieux que la dernière impression qu'ai un adversaire de nous soit positive, non ?
Le ciel était en train de se couvrir, j'aurais le droit à une averse en règle. Pas si grave que ça, je traversais actuellement une petite forêt, je ne serais que partiellement mouillée, et puis, c'était pas comme si je portais quinze tonne de vêtements pour entraver mes mouvements une fois trempée. J'en avais vu de bien pires, des tempêtes même, et je m'étais toujours dressée sans crainte dehors. Non mais, qui laisserait la météo lui dicter ce qu'il doit faire ? Bon d'accord, à mon avis, lors du tsunami provoqué par sanbi, le dieu des mers, il aurait mieux valu se trouver à couvert ou alors assez éloigné, comme notre clan. Mais bon, les volontés de cette entité ne s'apparentaient pas à la météo, enfin je ne croyais pas. Quel massacre cela avait dû être. Quand j'y repensais, je ne ressentais que de la tristesse. Certes, j'avais vécu l'exclusivité de mon enfance et les trois-quarts de mon adolescence dans les marais, en symbiose avec la nature, avec pour seul compagnie humaine d'autres personnes exactement comme moi. Mais quel calvaire ça avait dû être pour les habitants d'îles à proximité du désastre. C'était leur récompense pour avoir propagé la guerre, pour avoir voulu entraver la liberté d'autrui, ce n'était qu'un juste retour des choses après tout, bien que cela avait été d'une ampleur que je n'espérais pas. Tout les pacifistes voulaient que quelque chose ait lieu, que les conflits cessent, mais ça m'étonnais qu'ils voulaient que cela se fasse de cette manière. Un peu trop brutale à mon goût, je dois l'avouer.
Spoiler:
La tombée soudaine de la pluie, régulière, me tira de mes pensées. C'était très supportable, rien de bien méchant. Je n'avais pas peur de recouvrir de boues mes chaussures, cela sécherait bien assez tôt, et puis c'était pas comme si Mizu no kuni manquait de points d'eaux propres pour se laver. Par contre, Jiyuu, sur mon épaule, me faisait part de son mécontentement croissant d'être ainsi exposé à l'averse. Bien vite, ce fut à coup de bec qu'elle s'y pris, me picorant le crâne avec hargne. Ouais, j'avais dis que c'était ridicule de se faire dicter sa conduite par la météo, mais par la volonté d'une hirondelle aussi têtue que ma Jiyuu, c'était plutôt honorable et surtout la seule décision à prendre. Elle n'avait jamais vraiment apprécié la pluie, et s'arrangeait toujours pour se mettre à l'abri avant. Mais vu qu'on avait décidé toutes les deux de ne pas se séparer durant toute la durée du voyage jusque Kiri, je me devais de trouver un abri convenable en attendant que cela se calme. Je regardai à droite et à gauche, et repérai assez vite un immense rocher avec une espèce d'anfractuosité rocheuse à sa base. C'était limite une invitation à se mettre à l'abri, soit, je n'allais pas faire la fine bouche, et les coups de becs de l'oiseau se faisaient de plus en plus rudes. Une fois réfugiées tranquillement dans la sorte de grotte, Jiyuu piailla de satisfaction et arrêta son harcèlement pour le moins convaincant et efficace. Je devais l'avouer, heureusement que j'étais déjà à moitié en maillot de bain au naturel, être trempée n'était donc pas une gêne. Bon, mes cheveux étaient complètements imbibés d'eau, et mes tresses ont une fâcheuse tendance à faire office d'éponge, de ce fait, ma tête pesait trois bon kilos de plus que la normale. Quand je les essorais d'un mouvement rapide, c'est une mini-rivière qui se forma sur le sol.
Je n'avais plus qu'à attendre que le ciel arrête de pleurer avant de reprendre ma route. Je n'avais pas calculé l'aquaphobie de mon amie dans le temps que devait durer mon trajet. Long à la base, il allait s'avérer d'autant plus rallongé que de jours de pluies qu'il y aurait durant mon voyage. Bah, c'était pas véritablement grave, je n'aurais aucune autre contrainte en chemin. C'était ce qui me semblais être « un parcours easy » à réaliser. Rien d'imprévu, juste des forêts, de l'eau, de la pluie, et au bout du chemin l'intégration au sein de Kiri gakure no sato. Et bien, je me trompais apparemment...
Ah ouais, je me souviens, je me battais contre l'autre imbécile quand une explosion m'a propulsé loin de lui. Fais chier, au moment où je prenais l'avantage, me voilà au milieu de nul part. Après quelques tapes sur mes affaires pour les nettoyer, je me rends compte qu'il pleut. Et que je suis dans une forêt. Analyse complète, vous n'trouvez pas ? Non, plus sérieusement, quand il pleut dans une jungle, ça sent mauvais. Enfin ça ressemble à une jungle, peut être que je suis juste dans une forêt ? Comment je vais me sortir de ce merdier moi maintenant. Je tâte, j'observe et je me rends à l'évidence : si je reste planté là, j'en sortirai pas de cette forêt. Ouais, tu t'as vu le niveau de logique que j'ai ? Donc j'me décide à bouger. Je suis pas dans un environnement connu, je suis plutôt dans le désert d'habitude, l'endroit où tu peux pas te cacher quoi. Alors va falloir faire attention à ne pas marcher sur un crocodile ou écraser des petites mygales. Parce que ça n'a pas bon goût et que j'ai pas envie d'être traqué.
Donc, j'avance. Et comme un idiot je ne marque pas mon chemin. Je pense reconnaître cet arbre, mais je le vois tous les 100 mètres. Est-ce que je suis en train de tourner autour de moi même ? C'est pas possible d'avoir un sens de l'orientation aussi bas, je suis pas une femelle quoi. D'ailleurs en parlant de femelle, malgré la pluie, je sens une odeur. Je veux dire, une odeur qui diffère de celle rencontré jusqu'ici. Qui sait, peut être des humains ? Avec du pot, ils connaîtront la forêt et m'orienteront. Si j'en ai pas, c'est des indigène cannibales qui vont me bouffer pour le petit déj'. J'aimerai bien faire cramer quelques arbres pour y voir mieux, mais y'a les écologistes qui veillent. Tu peux plus rien faire dans c'monde j'te jure.
Grâce à l'odeur, je change de chemin et je suis une piste sûre. Bon je ressemble à un animal en faisant style que j'ai un odorat hyper développé, pas ma faute si j'ai les narines sensibles et qu'ici ça pue. Je commence à accélérer le rythme et plus l'odeur se rapproche, plus j'me dis que je suis tiré d'affaire. 'fin je pense sa qu'on va me tendre une embuscade ici. L'autre enfoiré serait bien inspiré de le faire, vu comment il est gonflé ça ne me choquerait même pas. Je me dois de rester sur mes gardes, quoiqu'il arrive ; même si ce n'est qu'une jeune fille blonde habillé tranquillement. Passons vite là-dessus je vais pas m'attarder on va encore dire... bref.
J'ai mon ticket de sortit. Comment apparaître sans lui faire peur ? J'en sais rien. Peut être que si j'me fous devant elle, ça ira ? Je sais pas. Allons-y. J'attrape une branche, puis une autre, avant de tomber une dizaine de mètre devant elle. Des tresses ? Il pleut, tu vas en chier. On dirait des nœuds, comme ça qu'on fout sur les bateaux et qui sont hyper résistant. Corde à nœud ouais. Je la salue d'un grande geste de la main avant d'avancer.
" Weeeey enfin quelqu'uuuuuuuuun ! Dis moi, tu n'auras pas idée de comment j'pourrai m'sortir d'ici ? C'est que je suis pas du coin moi. "
Impossible de s'allumer une clope avec toute cette pluie. La galère.
" Oh désolé, j'ai oublié de me présenter. Karas, enchanté. "
La pluie venait tout juste de s'intensifier un bon coup, quand il apparut devant moi. Un type à l'allure plutôt étrange, et chose encore plus bizarre, il avait des branches dans les bras. Deux solutions : il ne sait pas que, faire cramer du bois mouillé ne produira jamais un feu convenable, ou un feu tout court en fait. Ou alors, c'est pour une autre raison obscure. Autre détail, il n'avait pas du tout l'air du gars habitué à crapahuter dans les bois, et encore moins dans ce genre de bois. En effet, c'était presque une mini-jungle à l'état naturelle, les bêtes mortelles en moins. Normalement. En tout cas, la pluie ne semblait pas vraiment le gêner, et c'est sur le ton de la conversation qu'il m'adressa la parole. Apparemment, ça faisait un petit bout de temps qu'il était seul à vadrouiller, et il semblait étonné de me voir. Il cherchait son chemin, et me précisa qu'il n'était pas du coin. Ouais, enfin, ça je l'avais déjà remarqué. Puis il se présenta après un court moment de silence. On aurait dit qu'il cherchait à faire quelque chose mais qu'il s'était résigné presque instantanément. Karas. Comme à mon habitude je lui lança un sourire, tout en le dévisageant de la tête au pied. Pas de bandeau. Un déserteur ou un errant. Quoique j'en ai pas non plus, il pourrait se faire la même opinion de moi. Bon, c'est pas en regardant quelqu'un qu'on en apprend plus sur lui, je décidai donc de lui répondre, en restant égale à moi-même.
« - Lut' Homme-perdu-san ! Enfin, Karas-san. Excuse-moi, j'ai la sale habitude de surnommer tout le monde. T'as de la chance, je connais bien le coin, enfin j'ai plutôt déjà préparé l'itinéraire au préalable, comme il est logique de faire lorsqu'on s'aventure de ce côté-ci de Mizu no kuni (Petite pique indirecte). Je suis Rikku, Gekei Rikku. »
Je marquai une petite pause, puis m'échinai à ré-essorer mes tresses efficacement. Ça allait, elles étaient presque entièrement sèches. Jiyuu, sur mon épaule, restait complètement impassible. Elle se contentait de fixer mon interlocuteur avec curiosité en tournant légèrement sa tête de côté. Hum, le visage de ce Karas me disait quelque chose. Ah oui, ça y est. Je me le remettais. Il ressemblait énormément de par ce qu'il dégageait à ce type de la famille des loups dans le clan Gekei. Oh, ils avaient sûrement aucun lien de parenté, c'était complètement impossible, mais quand même, il me faisait penser à lui. Pourquoi ? Et bien parce-qu'il espérait faire du feu avec du bois mouillé, tout comme l'autre. Ça me turlupinais comme question, ça me brûlais les lèvres, je me devais de demander.
« - Heu sérieux, tu penses faire quoi avec ces branches ? Des pièges ? Lui disais-je en rigolant à moitié. Allez, viens, rentre dans c'te sorte de grotte, tu seras pas trempé jusqu'aux os comme ça.»
Je m'adossai contre une paroi, puis m'asseyais en tailleur. Je n'avais pas froid, même si la température n'étais vraiment pas spécialement idéale. Chez les Gekei, on va dire qu'on est un peu plus performant dans ce domaine, sans être non plus hors-norme. Un humain normal pouvait résister aux changements de température aussi efficacement que nous, c'était juste une histoire de constitution plus qu'autre chose. Et puis, il y avait des membres de mon clan qui supportait mieux la chaleur et pas du tout le froid, et inversement. J'étais entre les deux on pouvait dire. Moyenne face à la chaleur et au froid. Je savais pas si mon « invité de fortune » était du genre à se plaire dans ce climat. En fait je ne savais rien de lui, et je venais de lui faire comprendre en quelques sortes que je serais prête à l'aider. Bah, pas grave, s'il avait envie de me faire du mal ou quoi que ce soit, je pourrais me défendre. Mais il avait besoin de moi pour sortir d'ici, autant dire que j'étais dans une position confortable vis à vis de lui. Ah la la, voilà que je me remettais à penser comme une conspiratrice. C'était pas du tout mon style, et je chassai très vite ces pensées de mon esprit. Je prenais toujours les choses comme elles venaient, et c'était pas parce-que j'avais décidé de devenir shinobi que ça allait changer.
Je regardai cette homme, il devait avoir plus de la vingtaine, facilement. J'avais envie d'en savoir plus sur lui, mais j'estimais avoir utilisé mon temps de parole. Je n'avais pas spécialement envie de passer pour un boulet qui pose cent-cinquante questions dès qu'elle aperçoit un inconnu. Il le ferait de lui-même, ou pas du tout. Au final, je m'en fichais un peu. Chacun dévoile ce qu'il veut de sa personne, et n'est engagé auprès de personne, que ce soit pour juger une personne, ou être jugé par une autre personne. Mon père me la sortais souvent celle-là, et je tenais cette manie de changer une situation en citation de lui, j'en étais certaine. Dehors, c'était quasiment la tempête maintenant. Hum, Jiyuu avait peut-être eu raison de nous obliger à nous abriter, sinon j'aurais eu l'air fine. Je décidai de rester cool, genre j'avais tout prévu. Et ouais, j'aimais bien me faire passer pour la fille qui contrôle la situation.
Homme perdu-san ? WHAT KIND OF NICKNAME IS THIS ? J'aurais aimé avoir cette réaction, mais il faut savoir se montrer distingué. Puis, c'est pas que j'en ai marre de passer pour un détraqué, non, j'en ai juste marre. Pour une fois, on va être sérieux, professionnel, normal. Pas de cri bizarre, pas de paroles qui n'ont de sens que pour moi ; même pas de sous-entendu vaseux sur le physique. Rien. Oui, ça vaut mieux. Parce qu'à force de me moquer de tout le monde, j'ai un sacré nombre de compte à régler. 'Fin c'est eux qui veulent me régler, donc ça va, j'le vis bien.
Bon elle a l'air de connaître le chemin. C'est totalement parfait, entièrement parfait, complètement parfait : je suis sortis d'affaire ! Je vais pouvoir rentrer au bercail sans tomber par mégarde et malchance sur Kiri et me faire arrêter. 'Doivent pas encore m'connaître, je sais juste qu'ils ont un soucis avec Kusanagi. Ce serait bête que je me retrouve à raser un village complet. Je préfère leur éviter ça alors je suis tranquillement Rikku. Gekei Rikku. Non, ça ne me dit rien, je connais pas ce nom. Et va bien falloir que je lui fasse confiance : c'est ma seule chance de sortir d'ici. En plus il pleut et elle a la bonne idée de me diriger vers une grotte qui va me permettre de sécher mes vêtements et le reste. N'empêche, je trouve ça bizarre. Je sais que j'ai dis que je n'aurais pas l'esprit mal placé ; faut avouer que c'est quand même troublant de me ramener dans cette grotte. Non, il n'y a qu'un sens et c'est le plus logique : on est ici pour se réchauffer. Rien de plus. Je ne signerai pas non plus d'autographe.
Elle arrête pas d'essayer de vider toute l'eau contenue dans ses cheveux. Autant dire qu'elle a prévue un itinéraire mais que sur le plan vestimentaire, elle a totalement raté son coup. C'est ça les femmes, ça se complique la vie pour un rien et ça préfère crever que virer sa coupe de cheveux pour une autre plus adapter à la situation. Heureusement que je suis là quoi. Puis faut dire qu'elle était bavarde, c'était cool, ça changeait de tous ces gens dark qui vous répondent jamais. Impossible de discuter avec eux sans leur foutre mon poing dans la gueule. Là, j'étais même pris de court par la pipelette qui me faisait face. Cool, ça risque d'être intéressant ; plus que prévu. Et en plus je peux fumer maintenant vu qu'on est à l'abri. J'en sors une que j'grille, sans en proposer à la jeune femme. Elle doit pas avoir l'âge pour fumer.
" Désolé mais t'trop jeune pour ça ! "
Quant aux branches...
" Hum... ah, ça ? C'est mon camouflage hyper furtif plus connu sous le nom " d'Octocamo ". Grâce à ce super camouflage, je peux disparaître à volonté. Bon Gekei Rikku donc ? Et t'es d'Kiri j'présume ? J'aime pas trop cette île. Trop dur de la trouver. "
Je me grattai légèrement le menton avant de tirer un peu sur ma clope. C'est plus une averse, c'est une putain de tempête ! Quelle bonne idée de nous avoir ramener ici. Faut croire qu'elle sait lire dans le ciel les mauvais présages de dame Nature. Impressionnant ! J'en restais limite sur le cul. Enfin j'étais déjà dessus, assis à côté d'quelques branches qui avaient été posés ici il y a quelque temps par quelqu'un qui avait dût s'abriter dans cette grotte : sympa ça me donne de quoi faire du feu. J'aime pas trop la pluie. Mon doigt touchait maintenant le bout de la cigarette et je l'enflammais. En la laissant tomber, j'oubliais ce qu'on avait dit dans Koh-Lanta : faut toujours faire très attention au feu. Tsss. Mon briquet se chargeait de terminer le boulot et bientôt, une flamme s'anima, éclairant et réchauffant cette grotte. On est partit pour rester pas mal de temps ici, va meubler l'attente. Vu qu'elle est très bavarde ça ne devrait pas être difficile ; dieu merci. J'aime bien la pluie quand j'suis à la maison.
" Boooooooon bah on est partit pour pas bouger avant un ptit moment. Alors à tout hasard, je dirais que tu es une Chuunin. Pour savoir lire les présages de la nature, faut êt'vachement fortiche ! 'Fin j'dis ça mais quand on connaît vos méthodes rien qu'pour devenir Genin, tu dois pas être une enfant de cœur non plus. Il est où ton bandeau ? "
Octocamo ? Ouah, il me prenait vraiment pour une blonde sur ce coup là... Mince, j'étais blonde en réalité. Enfin, c'était pas véritablement le sujet, mais en tout cas une chose était sûre, il me plaisait bien. On m'avait raconté de nombreuses choses sur le monde en dehors du marais. Mes parents m'avaient par exemple avoué la recrudescence d'orphelins aux suites des conflits divers, et que la majorité des ninjas étaient des sortes de coquilles sans vies complètement inintéressantes et dénués d'humour. Arf, de toute façon, y a que les crétins qui généralisent (…), celui-là était plutôt du genre détendu, et honnêtement, c'était bon signe. Bon signe, pourquoi ? Et bien quand on est coincé par une tempête à l'intérieur d'une grotte avec pour seule compagnie une hirondelle et un errant, il vaut mieux avoir la tchatche et être avec une personne capable de donner la réplique sans trop de mal, parce-que ça peut vite tourner au cauchemar. Sinon et bien le choix est très vite fait : vaut mieux se jeter dans la tempête, au moins il y a matière à s'amuser. Du genre se retrouver coincé dans de la vase, se faire rouler dessus par un arbre déraciné, que des trucs autrement plus intéressant que le silence gênée de deux individus incapables de retirer cet effroyable manche à balai de là où je pense. Bon, par contre, petit point noir : il fumait. Enfin, je disais « point noir » mais en réalité, je ne savais absolument pas de quoi il s'agissait. En effet, la connaissance de ce que l'on appelle plus communément « cigarette », je ne l'avais acquise que via des descriptions succinctes à droite à gauche. Apparemment je n'avais pas l'âge, soit, je n'en demandais donc pas plus. Peut-être un jour j'essaierais, mais sur le moment, j'avais d'autres préoccupations. Chose amusante, il me prenait carrément pour un chunin, car il croyait que le coup de chance monstrueux que j'avais eu concernant le temps était le fruit d'une quelconque capacité. Je rigolai intérieurement, ça ne servait à rien de mentir, je m'engageai donc à lui répondre en toute honnêteté :
« - Ouais, nan, en faite... La tempête, c'est que de la chance, je savais pas que ça allait partir en couille comme ça. Et je n'ai pas de bandeau pour la simple raison que je ne fais pas encore partie de Kiri. Je suis en route pour m'enrôler là-bas justement, disais-je du tac au tac. Mais toi, tu fais quoi dans le coin ? Et je te retourne aussi la question : Il est où ton bandeau ? »
Tant qu'à faire, autant s'assurer que ce Karas n'était pas une espèce d'espion pour le compte d'un autre village, et surtout qu'il ne représentait aucun danger. J'aurais l'air fine si je me pointais à Kiri en ayant laisser filer un déserteur ou un ennemi avant même d'avoir mis un pied là-bas. Certes, je savais pertinemment que dans le cas où c'était un criminel, il y avait de fortes chances qu'il soit plus fort que moi, très fortes même. Mais bon, c'est plus pour la forme, il vaut mieux se battre pour ses idéaux quoi qu'il advienne, même si on sait que la défaite est à la clef. Je me demandais quelles étaient ses convictions à lui ? Bah, je le saurais ou pas, ma vie n'en dépendait pas outre-mesure de toute manière. Tout ce que je savais, c'était que j'étais coincée avec lui le temps que ça se calme un peu dehors, aussi tueur en série ou psychopathe soit-il.
Spoiler:
Dehors justement, c'était tout simplement de la folie. Une espèce de remake d'apocalypse avec en guest-star un véritable petit cyclone. Tiens, je l'avais même pas relevé, mais il avait allumé sa clope avec son doigt, pour la terminer avec un genre d'outil étrange qui projetait des flammes. En cet instant, je me rendis compte que j'étais une véritable femme des cavernes, c'était aberrant qu'un objet qui devait très certainement être d'usage courant dans la vie de tout les jours ne m'évoquait pas la moindre bribe de connaissance. Je devais avoir tiré une tête plutôt étrange quand il l'avait sorti, j'espérais qu'il ne m'avais pas remarqué. Et puis au pire, merde quoi, je venais des marais, et la seule compagnie que j'avais eu ces dix-sept dernières années, c'était celle de mes parents tout aussi sauvages que moi et des oiseaux. Alors oui, j'avais été briefé sur les grandes lignes par ceux qui s'y connaissaient un minimum, mais en gros, c'était comme si je débarquais d'un autre âge.
Pour m'occuper les mains, je décidai de saisir des morceaux « d'Octocamo » et de les faire tourner devant mon visage. Qui sait ? Si ça se trouve, c'était vraiment un système de camouflage hyper high-tech et perfectionné ! Bon j'y croyais pas, mais je ne pouvais pas m'empêcher de lâcher un sourire tout en fixant la branche. Imaginez-vous la scène: vous trifouillez un bâton et vous disparaissez d'un coup, ce serait assez comique comme situation !
Dernière édition par Gekei Rikku le Dim 4 Mar 2012 - 11:08, édité 1 fois
Quoi ? Elle a juste eu un coup de chance ? Merde, le mythe en prend un coup. Et elle est même pas encore Kirijin, donc pas chuunin. J'ai fais un tout faute sur ce coup là, pas de quoi être fier. Comme pour se foutre de moi, la tempête s'amplifie et mes oreilles sifflent. Elle n'a donc pas de connaissance ninja, ou alors, juste les bases. Et là aussi je fail : j'aurais bien henge pour faker mon Henge no Jutsu, mais impossible. Elle va repérer trop rapidement la supercherie. Alors quand elle prend quelques branches pour voir si ça marche, je me retrouve un peu con. Il faut rester sérieux et fier, trouver quelque chose pour faire passer la pilule en douceur, non il n'y a pas de double sens ici. Finalement, inutile de parler pour le moment, elle me donne d'autres sujets à traiter la ptite, oui je l'appelle la ptite maintenant que j'sais qu'elle est pas ninja. C'est fou c'qu'on peut être prétentieux nous autres les shinobis ! Pas très bien.
Mon Bandeau, où est il ? Resté à Kaze. Car je n'en n'ai plus besoin, maintenant que c'est le symbole de Suna qui doit être trouvé. Le Kakumeigun n'existe plus, il va disparaître et laisser place à quelque chose d'encore plus grand. Maintenant, y nous faut un truc. Un dessein, quelque chose à mettre sur nos futurs bandeaux. Faut dire que j'y avais pas pensé à ça... T'façons, c'est moi qui fait tout le boulot, Kusanagi s'en occupera. Revenons-en à Rikku.
Partie pour s'enrôler à Kiri, c'est dangereux. N'importe qui éviterait d'y aller pour s'enrôler en étant étranger. Sont fous ces Kirijins, je vous assure, il paraît que les méthodes de sélection des genins sont particulièrement violentes et horribles. Nous, on fera plus soft que ces brutes. Selon les rumeurs, il faudrait tuer certains de ses compagnons pour être juste genin ! J'imagine même pas ce qu'il faut faire pour passer Chunin. Tuer son sensei ? Et pour être Jônin il faut tuer sa famille entière ? Dans le genre cruel, le pays de la brume est high. Je comprends mieux pourquoi cette femme, Lilith, est si sanguinaire. Elle doit se sentir dans son élément là bas, chez les barbares. D'un autre côté ce n'est pas à moi de dire à Rikku ce qu'elle a à faire. C'est selon ses désirs, elle doit déjà savoir ce qui l'attend là-bas et peut-être s'est-elle entraîner en conséquence. Physiquement, on ne pourrait pas croire qu'elle s'est persuadée d'y aller. Elle est frêle, pas imposante, rien qui n'inspire la peur. Si ce n'est peut être cet instinct naïf ? Non décidément, ce n'était pas mon rôle de lui dire fais pas ci, fais pas ça. Simplement la mettre en garde. C'est vrai, ça ne changerait sans doute rien dans son esprit. Certes. C'est hypocrite de penser changer quelque chose ainsi, certes. J'aime bien certes, car serre-tête.
" Tu veux t'enrôler à Kiri ? C'est pas des enfants d'chœur là bas, t'es sûr que t'y arriveras ? "
Et à force de penser, j'en ai même oublié de répondre à sa question. C'qui peut paraître impoli. Et je le suis pas alors je m'empresse de me rattraper.
" Oh mon bandeau... j'en ai pas. Pas encore. Bientôt, quand on se sera mis d'accord tu verras un nouveau symbole dans le monde shinobi. "
Je tire doucement sur ma clope. C'est vrai qu'on a réussit ce qu'on voulait faire au final, bâtir une puissance à Kaze. Il n'y avait plus rien à craindre et je pouvais donc lui dire clairement les choses. J'écrasais le mégot sur la surface rocheuse de la grotte avant de reprendre.
" Car je suis un des fondateurs de Suna, le village qui arrivera bientôt dans le Pays du Vent, et qui sera aussi grand que les 3 autres villages : Konoha, Kumo, Kiri. "
L'effet... Putain quel effet de ouf. Oh oui, ça fait du bien de s'entendre dire ça, de voir qu'on a réussit ce qu'on a voulu accomplir. C'est même jouissif de se dire qu'on a construit quelque chose d’immensément grand. C'était même bizarre de penser que dans quelques générations, on parlerait encore de nous comme les personnes ayant fondé le village du sable. Pour la peine, je m'en grille une autre en la regardant jouer avec l'Octocamo.
" Bon, la tempête s'amplifie. J'espère que ça va pas durer des jours. Et tu viens d'où ? Je savais pas que Kiri acceptait les étrangers... "