Plus d’un jour avait passé depuis la prise de parole de l’actuel régent de Kumogakure, Bakushô Aomine. L’homme que l’on surnomme le colosse, fidèle bras droit d’Hôritsu était maintenant à la tête de notre nation. Pour être tout à fait franc, je ne pensais pas voir cet homme un jour au pouvoir. Ses capacités semblent être bien plus orientées vers le combat que la politique. Un choix très étonnant venant du Daimyo de la Foudre. Aurait-il une idée derrière la tête ? Je devrais sûrement lui rendre visite. Je n’ai jamais eu l’occasion de le rencontrer en personne et il faut dire que j’aimerai connaître son avis sur quelques points. Qui plus est, je dois toujours m’occuper de faire valider le contrat que j’ai négocié avec l’entreprise du Jouhoukokan. Je voulais en parler avec Hôritsu, mais c’est malheureusement impossible. Sachant qu’il s’agit d’un traité commercial, je pense que le régent actuel doit se concentrer sur d’autres problèmes plus urgents. J’irai présenter l’offre que j’ai directement au Daimyo, officiellement.

Néanmoins, aujourd’hui, ce n’était pas le Daimyo que j’allais voir, mais bien le Régent. Comme à mon habitude, je prenais une douche et un déjeuner sommaire afin de ne pas perdre de temps. Je pris quelques papiers important avec moi et me dirigeai sans plus tarder vers le palais.

Les rues de notre cher Kumo commençaient doucement à s’animer. Mon village m’avait vraiment manqué. Je reprenais doucement mes marques et bizarrement, je devenais un peu plus contemplatif. J’hâtais moins mes pas pour regarder les différents protagonistes rendant les rues et ruelles vivantes. Que ce soit le jeune homme ouvrant son commerce le sourire aux lèvres en se disant qu’il adorait son métier, ou encore, une femme achetant tous les ingrédients nécessaires afin de préparer un repas plus que délicieux pour sa famille. Bref, chaque personne avait une histoire à raconter et je m’y intéressais. C’est sûrement le fait d’être de retour chez moi après plusieurs mois d’absence, cela remplie automatiquement le cœur de joie.

Dans tous les cas, j’arrivai rapidement au palais, saluant Azuni et me dirigeant dans mon bureau. J’y posais des papiers importants et j’en consultais d’autres brièvement pour ne pas arriver en retard au rendez-vous que nous avions fixé avec le Régent. Après une dizaine de minutes, je me levai de mon siège et fis quelques pas pour arriver à la porte d’Aomine. Je frappai quelques coups avant d’entrer. La montagne de muscles que représentait le Bakushô était assis devant moi là où j’ai vu tant de monde défiler. Sans attendre, je pris la parole.

« Mes hommages Aomine. Content de voir que la retraite de Suna s’est bien déroulé et que le voyage s’est fait sans encombre. »

De tous les Kumojins, Monjara Shinji était bien celui que le Régent avait eu le plus envie de voir. Non seulement cela signifiait qu’il avait fait bon voyage, mais il représentait également une figure importante du village. Si les deux hommes étaient opposés sur bien des points, le Monjara avait été le Bras gauche d’Hôritsu. Ils avaient leur village en commun, mais également leur ancien supérieur. Si le Législateur n’avait été qu’un chef pour Shinji, Aomine l’avait eu comme un mentor, un maître. Mais ces quelques points communs formaient une base solide pour espérer une bonne entente…

« Shinji j’t’en prie assieds-toi. Et désolé de t’avoir fait attendre, j’ai tellement de paperasse… »

De la merde, pensa-t-il. Mais cela l’avait amusé de penser que le Rokudaime était sans doute le Kage qui avait le plus aimé cette partie du boulot, tous villages confondus. Kadoria Tsuhiro avait vraiment été un être à part. Mais aujourd’hui, c’était de son héritage qu’il était question. Et les deux hommes formaient les deux figures de cette nouvelle ère pour le village de la Foudre.

A l’image du Daimyô qui avait rapidement dû élire un successeur, Aomine se devait de réfléchir aux nouveaux piliers du village. Il pouvait se satisfaire du travail presque accompli d’Hôritsu qui avait vidé le village de ses soldats les plus vicieux, et la nouvelle formation de départements avait redonné un souffle serein à la cité. Chacun avait sa place, et le Colosse avait déjà décidé de celle que certains occuperaient prochainement.

« T’es le seul Ministre qu’Hôritsu avait eu le temps de nommer, et rien que ton département prouve à quel point t’es différent de moi. Mais il y a eu tellement de bordel que nous ne pouvons pas nous permettre de voir ces différences autrement que comme de la complémentarité. Franchement j’aurais pas pu mieux le dire, pas vrai ? »

Il ricana un bon coup, puis se redressa dans son fauteuil qui était toujours petit par rapport à ses deux mètres assez massifs. Il fallait résumer.

« Je veux que tu sois mon Bras droit. »

Il aurait pu en rajouter. Après tout, il avait largement de quoi poursuivre la conversation car les sujets ne manquaient pas : Bakushô Yoh, Suna, l’assassinat d’Hôritsu, le Conseil décisionnaire…

Mais avant toute chose, Aomine préférait être sûr qu’aucune objection n’allait être fait de la part de son possible Bras droit. Sans les états de service du Bakushô ou encore son lien avec le Rokudaime, ç’aurait probablement été Shinji qui aurait été nommé. Mais il ne s’agissait pas simplement d’un poste de compensation. Aomine n’avait pas envie de nommer quelqu’un Bras droit parce qu’il s’entendait bien avec, il voulait quelqu’un de compétent, qui lui était complémentaire et qui saurait lui faire entendre raison là où… il pourrait avoir tort.

Nous étions dans un tournant important de Kumo. Les deux hommes les plus importants à l’heure actuelle se tenaient, face à face, se regardant dans le blanc des yeux. Une scène que je connaissais parfaitement. J’avais regardé des mêmes façons les prédécesseurs d’Aomine. Soroshiya lorsqu’il donna un foyer aux Monjara. Otenba lorsqu’elle devint, elle aussi, Régente de Kumo. Tsumei lorsqu’il prit la relève. Zennosuke lors de la tragique mort du Yondaime. Hôritsu suite au prétendu complot des Seki. Maintenant toi, Aomine. Tant de tête se succédaient devant mes yeux sombres, seule la mienne rester en place. Serait-ce une ironie que la vie m’offre ? Qui sait.

Le Colosse m’invitait à m’asseoir en s’excusant de l’attente dû à la trop grande quantité de papier. Je ne pouvais m’empêcher d’esquisser un sourire. Pour le coup, je connaissais bien ce problème récurrent lorsqu’on atteint les hautes sphères d’un village. Munemasa m’avait aussi confié cet ennuie de paperasse contraignante, mais nécessaire à mon plus grand désarroi. Je pris alors l’une des chaises disponibles devant le grand bureau du Régent. Contrairement au Bakushô, j’épousai parfaitement mon siège rendant la scène presque ridicule vu de loin.

Néanmoins, si j’étais venu voir Aomine aujourd’hui, ce n’était pas pour remarquer que la chaise était trop petite pour le colosse qu’il représentait. Nous avions beaucoup de choses à nous dire… Beaucoup trop de choses même. Notre dernière conversation remonte à Suna, lorsqu’il m’avait annoncé la mort de son mentor. Néanmoins, Aomine brisa la glace en effectuant une comparaison de nos deux personnes. Il m’expliquait que nous étions très différents et de ce fait, lors que nous nous allions, nous sommes complémentaires. Après ça, il rigola de bon cœur et j’esquissai un sourire, pas forcément pour les mêmes raisons. Hak avait fait la même comparaison lorsque que nous avons discuté. « Bakushô Aomine et Monjara Shinji, le poing qui frappe nos ennemis et le gant qui les caresse – le soldat et le politicien » Pour la citer. Ce n’était qu’un détail, mais cela faisait rire intérieurement.
Après s’être redressé, il m’indiqua, de but en blanc, qu’il me voulait en tant que Bras droit. Je ne m’attendais pas à recevoir cette proposition maintenant, mais pouvais-je réellement refuser ? J’étais venu pour parler sans détours d’un sujet sensible. Malgré la proposition, je ne dois pas reculer.

« Je suis honoré Aomine. J’accepte, bien entendu, de devenir votre Bras droit. Comme vous l’avez souligné, nous devons voir nos différences comme le moyen d’être une seule et même entité représentant Kumo ! »

Mes paroles étaient sincères, tout comme la suite.

« Maintenant que ce détail est réglé, j’aimerais vous parler en tant que votre Bras droit. Je serais franc et direct, car c’est un sujet épineux. Vous me l’avez dit il y a maintenant quelques semaines, le Rokudaime a été tué par des Konohajins et des Sunajins. Au vue de votre discours lors de votre prise de poste, L’Ordre n’est pas mieux que la Nation à vos yeux. Cependant, arrêtez-moi si je me trompe, j’ai le sentiment que vous seriez prêt à condamner un village pour les méfaits de quelques individus appartenant à celui-ci. Si je vois juste, je me dois d’intervenir. Vu que nous sommes seul dans la position de "Neutre", nous ne pouvons pas nous permettre d’entretenir de mauvaises relations avec Konoha ou Suna dans le cas présent. Vous êtes, d’après moi, alimenté par la colère d’avoir perdu votre mentor et vous voulez par tous les moyens, retrouver les coupables. Je partage votre envie de justice. Hôritsu était notre Kage à tous. Néanmoins, je place sa vie à la hauteur de tous les autres Kumojins qui ont défendu leur village et leur compatriote lors de l’attaque du Kaihô-sha et c’est sur point que je veux rebondir. Même si nous sommes neutres, la vraie menace se trouve être le Kaihô-sha. Ceux sont les ennemis du Yuukan et nous devrions panser nos blessures puis nous concentrer sur eux. »

Je marquai une pause et repris.

« Cependant, nous ne pouvons pas laisser la mort du Rokudaime impuni et pleine de mystères. C’est pour cela que je me propose de prendre en charge cette mission. Sachant que nous nous sommes retirés de l’Ordre, ma fonction de ministre de la Diplomatie vient de s’alléger, me donnant ainsi plus de liberté. Qui plus est, sans vouloir être irrespectueux, j’étais moins proche d’Hôritsu que vous et de ce fait, je serais plus objectif vis-à-vis de la recherche du coupable. De plus, j’ai été récemment contacté par le Bras droit de l’Hokage, Aburame Mizuki. Elle m’a expliqué brièvement la situation à travers quelques mots afin de me montrer que les actions des fautifs Konohajins et Sunajins n’étaient pas volontaires. Cependant, quelques mots sur un bout de papier ne veulent pas dire grand-chose. Ainsi, je vous demande officiellement de m’autoriser à me rendre à Konoha pour rencontrer, personnellement, l’Hokage et son bras droit afin de trouver une solution diplomatique, si possible, à ce problème. Ma volonté n’est pas de partir tout de suite, car nous devons régler bon nombre de problèmes, mais j’aimerais avoir votre aval maintenant pour que je puisse m’organiser et prendre des dispositions rapidement. »

Je soufflais avant de reprendre.

« Aburame Mizuki m’indiquait que Konoha préférait trouver une solution diplomatique plutôt que de rentrer en guerre avec notre village, d’où le destinataire de cette lettre… »

Je terminai ma phrase en affichant un léger sourire. Après tout, sans cette complémentarité, il n’aurait jamais reçu cette lettre. Alors oui, je n’avais pas encore révéler tous le contenue de la lettre, mais c’est prévu pour bientôt, rassurez-vous !

Il avait accepté. Et ce n’était pas vraiment une surprise, Aomine n’avait jamais imaginé un seul instant que cette nomination aurait pu être refusée. Mais malheureusement pour le Régent, cela donnait un poids de plus aux paroles de son interlocuteur, qui allèrent rapidement vers un sujet qui était bel et bien « épineux » : celui de la mort d’Hôritsu. Et là non plus rien n’était réellement surprenant : il était clairement du côté de l’Ordre. En somme, c’était sans doute la grosse différence de mentalité actuelle entre les deux hommes.

La vraie menace serait le Kaihô-sha. Et le Raïkage n’aurait été qu’une victime Kumojine parmi tant d’autres… Le Régent frappa du poing droit sur la table. Et l’apparition d’une certaine Aburame Mizuki dans le dialogue ne changea rien à son agacement présent.

« Bordel Shinji, arrête de parler comme un politicien cucul à la con ! Tu vas me dire que la mort du Raïkage est égale à celle de n’importe lequel de nos compagnons morts au combat ? Des conneries ! Tu crois sérieusement que Konoha agirait avec les mêmes moyens si nous avions tué leur Hokage plutôt qu’un de leurs Genins ? »

Son poing était toujours serré, et son bureau n’avait tremblé qu’un court instant sous le poids de sa frappe mesurée. Mais il était toujours en rogne. Il fallait le comprendre, compte tenu de sa façon d’être qui commençait à être connue de tous.

« Et si vraiment tu le pensais, alors tu ne te dirais pas que le Kaihô-sha est notre ennemi. Je te rappelle que nous aussi, Kumojins, avons vu des compagnons se retourner contre nous, à tel point que nous ne savons plus qui protéger. Certains dans notre village avaient et ont encore une allégeance tournée vers un changement politique international, tandis que d’autres restent fidèles à la tradition perpétuée depuis la fin de la Grande Guerre. Si chaque vie est égale, pourquoi devrions-nous chercher à punir ceux qui ont tué les Kumojins de l’Ordre plutôt que ceux de la Nation ? »

Et il y avait fort à parier que les troupes Kumojins avaient été les plus divisées sur la question. L’Histoire du village caché des Nuages était devenue lourde d’épisodes récemment : la bataille sur Mizu no Kuni, le cas du Shôraizen ou encore l’affaire Seki Azar. Tous ces évènements avaient créé de l’animosité envers les trois autres puissances de l’Ordre. Et avec l’assassinat du Raïkage…

« Nous couper de l’Ordre, c’est montrer à la Nation que nous souhaitons nous occuper de nous et de nous seuls. Et puisque chacune des trois autres puissances de l’Ordre est en tort vis-à-vis de nous, jamais ils ne penseraient à nous attaquer. Etre neutre, c’est actuellement la solution la plus pacifique et celle qui nous permettra de nous reconstruire. »

Le Colosse se leva de son siège et contourna rapidement son bureau. Monjara Shinji étant assis, inutile de soutenir que son supérieur le regardait de haut.

« J’ai vu des Kumojins tuer d’autres Kumojins. J’ai vu la Nation révéler la nature de chaque individu de ce monde, plutôt que de chercher à éliminer l’un des camps, je vais chercher à créer l’unité à Kumo. Et je n’ai pas plus envie de m’attaquer au Kaihô-sha qu’à Konoha. D’ailleurs, cette fameuse lettre, pourquoi ne me l’as-tu pas transmise plus tôt ? C’est pas parce qu’à Konoha ils sont trop cons pour s’adresser aux bonnes personnes que tu dois aussi en oublier qui est le chef ici. »

Sur quoi il tendit sa main, paume ouverte. Un geste assez explicite pour un Régent définitivement direct.

La situation prenait une tournure inattendue, mais intéressante. Enfin, inattendue… Disons que je n’ai pas eu la lucidité de la prévoir. En effet, connaissant un peu le Colosse, je devais me douter qu’aborder ce sujet ainsi n’allait pas l’enchanter. Cependant, lui comme moi devait savoir qu’il était nécessaire d’en parler maintenant afin de mettre les choses aux clairs et par la suite, partir sur des bases saines. Néanmoins, je me doutais que le débat pourrait prendre du temps et de l’énergie. Je m’étais préparé à cela en arrivant ce matin au seuil du bureau de notre régent. Ce n’était pas ma première conversation délicate et ce ne serait sûrement pas la dernière. Néanmoins, cette dernière s’annoncé tendu au vue de la première réaction du Bakushô. Un poing ferme frappant lourdement son bureau. Voilà qui ouvrait les hostilités.

Les tirades d’Aomine fusèrent et j’absorbais sans le moindre signe distinctif le moindre mot. Arrêter de parler comme un politicien à la con, des conneries, la réaction de Konoha. Ce n’était que l’apéritif d’un débat épicé. Le Kaiho-sha, les Kumojins pro-nation, l’avènement d’un camp ou de l’autre. La mort du Rokudaime amenait beaucoup de sujets inévitables sur le tapis. Aucune attaque des autres puissances, la solution la plus pacifique… J’avais des doutes, comme l’imagine très bien le Colosse. Cependant, j’attendais patiemment la fin du discours de mon supérieur en croisant les doigts de mes mains, proche de mon visage. Le Régent se leva pour se mettre près de moi et conclure qu’il voulait créer l’unité à Kumo, en aucun s’attaquer à quelqu’un. Sa dernière phrase se tourna en interrogation sur cette lettre que je cité auparavant. Un geste de paume tendu s’accompagné de ces derniers mots et j’avais très bien compris ce qu’il voulait. Mais avant cela, je devais de répondre.

« Oui, Aomine-san. Je vous le dis. La mort du Raïkage est égale à celle de n’importe lequel de nos compagnons morts au combat. D'après les préceptes du défunt Rokudaime que vous voulez venger, à savoir sa table des lois, il est explicitement marqué qu’une vie Kumojine ne vaut pas plus qu'une autre. Peut-être êtes-vous en désaccord avec cette règle de votre mentor, mais ce n’est pas mon cas. Je ne peux pas prédire ce que Konoha ferait, mais vous avez sûrement raison. C’est bien pour cela que nous ne sommes plus dans l’Ordre. Nous ne sommes pas comme les autres puissances. Nous ne devons pas nous abaisser à imiter leur comportement. »

J’allais sûrement regretter ses paroles, mais Aomine voulait que j’arrête mon jeu de politicien, alors voici, le vrai Monjara Shinji.

« Je suis entièrement d’accord avec vous. Nous devons aussi rendre justice à nos compatriotes morts suivant le mouvement de la Nation. Je pense simplement, qu’à leur actuelle, le Kaihô-sha représente une bien plus grande menace et c’est pour cela que je proposais de nous concentrer sur ce groupe. J’ai été confronté à l’un de leur plus puissant membre et je peux vous dire qu’un tel être ne devrait pas rester libre de ses mouvements longtemps. Nous avons eu un aperçu de leur puissance et de leur nombre lorsque nous étions à Suna. Leur prochaine attaque pourrait être bientôt et dirigé vers Kumo. Même si nous sommes neutre maintenant, nous avons un passé avec l’Ordre. Cette organisation nous a bien montré qu’elle avait les moyens de s’en prendre facilement à un village. Elle pourrait recommencer d’une minute à l’autre… »

Je fis une pause avant de recommencer.

« C’est vrai. En nous excluant de l’Ordre, notre volonté de nous concentrer sur nous est claire. Néanmoins, notre neutralité nous isole. Lorsque vous voyez une solution pacifique en ne prenant pas partie, je vois une double menace. Les puissances de l’Ordre pourraient ne pas apprécier ce geste et faisant de nous une cible de choix. Pareil pour la Nation. Voyant notre isolement, l’organisation pourrait y voir une cible facile, car nous n’aurions aucun soutien des autres puissances faisant ainsi passer un message fort à nos anciens homologues. Comme dis, je ne prétends pas voir l’avenir. Ce ne sont que des hypothèses, mais je pense que nous devons les prendre en compte. »

Mes mains se délièrent afin de prendre quelque chose dans ma veste.

« Ne voyez pas la de l’insubordination. Vos prédécesseurs pourront vous le confirmer, j’ai toujours été un homme exprimant ce que je pensais, même si cela impliquait être en désaccord avec le pouvoir en place. Néanmoins, le Daimyô vous a fait confiance pour le règne de Kumo et de ce fait, je sais très bien, qui de nous deux est réellement celui qui dirige notre village. Je partage cette envie d’un Kumo unis, nous divergeons simplement sur les façons de l’obtenir. Si je ne vous ai pas transmise la lettre plutôt, c’est à cause de son contenue. Je me devais de réfléchir à comment l’aborder avec vous. Vous comprendrez quand vous la lirez. Sachez que j’y ai déjà répondu, en tant que ministre de la diplomatie. Vous trouverez dans ces documents que je vous donne, une copie de la réponse et la lettre originale venant de Konoha. Vous pourrez y lire tout ce que je vous ai dit. Mon but dans cette réponse était d’apaiser le conflit en attendant notre entrevue actuelle afin d’agir selon ce que vous décideriez. Si le fait d’avoir envoyé une réponse sans votre autorisation ne vous convient pas ou que quelque chose dans ma réponse vous dérange, je suis prêt à en assumer les conséquences immédiates. »

Mes yeux ne quittèrent pas une seule secondes les siens. J’attendais paisiblement et patiemment les paroles du Régent. Qui sait comment la situation allait évoluer…

Informations:

Monjara Shinji était déjà devenu différent, ce n’était plus le parfait politicien qui parlait. Il se rapprochait plus du Kumojin, du soldat, de l’homme que le Régent voulait voir. Mais ses avis divergeaient toujours. Il voyait le Kaihô-sha comme l’incarnation du mal absolu, en aurait-il oublié les Furyous ? L’élite de la Nation, elle, avait le triste mérite d’avoir frappé pour réveiller les consciences, il y avait un objectif derrière. Et force était de constater que nombreux étaient les Kumojins comme dans les autres villages à avoir suivi le mouvement. Fallait-il simplement les ignorer ? Non, c’était justement ça, cette façon expéditive de traiter les problèmes, accoutumée aux villages shinobis, que la Nation reprochait.

Et l’Ordre n’était plus le même qu’avant. Kumo avait dû traiter des conflits avec chacune des trois autres puissances ninjas durant ces deux dernières années et en plus ils étaient responsables des problèmes de l’Examen et du meurtre d’Hôritsu. Le village ne pouvait prendre parti dans cette guerre d’allégeances, pas maintenant en tout cas.

« La solution serait quoi alors ? Si on fait la guerre au Kaihô-sha, là tu pourras être sûr que la Nation nous visera et penses-tu qu’avec tout ce qu’ils ont démontré l’Ordre suffirait à empêcher une attaque ? D’ailleurs, penses-tu que les autres puissances nous suivraient avec les récents évènements ? Et on peut pas se permettre de rentrer en guerre contre les autres puissances, autant qu’il est inimaginable de s’allier avec la Nation dont l’élite vient de bousiller la moitié de Suna. Sans déconner, y a pas d’autre solution que la neutralité Shinji. »

Il lui avait pris les lettres des mains et avait aussitôt fait volte-face. Néanmoins, dès qu’il avait commencé la lecture, il s’arrêta. Expressif comme son habitude, il montra alors son intérêt total pour ce qu’il était en train de lire. Et ça ne se termina que lorsqu’il arriva au bout.

Son bras gauche ne fit qu’un tour et la petite statuette représentant le département de Police et Justice vola en morceaux après avoir heurté le mur. Toujours dos au Monjara, le Régent ne cachait rien de la colère qui envahissait ses deux mètres de muscles.

« Mais ils se foutent de notre gueule ou quoi ? IZUNI ! »

Il ne fallut qu’une minute pour voir arriver la secrétaire du Bakushô toute timide et tremblante entrer dans le bureau. A la manière dont elle marchait ou remettait ses lunettes en place, elle était stressée : elle savait qu’un tel cri de son supérieur ne valait rien de bon.

Ce dernier s’était d’ailleurs assis à nouveau sur son bureau et avait sorti un parchemin vierge sur lequel il avait déjà commencé à écrire. La secrétaire le rejoignit derrière le bureau et s’empressa de lire les lettres. Sa stupeur était perceptible, d’autant plus pour un ninja expérimenté comme Monjara Shinji, qu’elle avait d’ailleurs salué d’un signe de tête.

« Là monsieur, vous avez fait une faute. De plus je pense que vous devriez reformuler votre phra…
─ Bordel ! Je recommence, et contente-toi de corriger mes fautes ! »

Le Régent déchira le parchemin et le jeta par terre avant de se hâter d’en prendre un autre. Et il y écrit des mots avec la même rapidité. Mais il semblait néanmoins concentré, à tel point qu’on comprenait qu’il était à la fois énervé mais conscient et en accord avec ce qu’il écrivait.

« Shinji, tu peux disposer. Nous nous reverrons lorsque j'aurai pris ma décision sur cette affaire. »

Quelques jours plus tard, après avoir recueilli les quelques informations obtenues par Senritsu Hak, Aomine s'attela à compléter la rédaction de sa lettre. Il avait forcément convoqué à nouveau Shinji. Et ce dernier arriva à l'heure.

Lorsqu’il sembla avoir terminé, il regarda Azuni. Il était visiblement calme. Elle hocha la tête. De fait, Aomine tourna le parchemin vers le Monjara. Etant son Bras droit et le Ministre du département le plus inquiété par cette affaire, il était normal qu’il puisse la lire. Mais rien de ce qu’il ne pourrait dire n’empêcherait la lettre d’être envoyée.

« Kumo doit se détacher des autres. Tous ceux qui voudront s’opposer à ça seront en tort, moralement. S’il est hors de question de laisser notre rancœur ou notre haine dominer nos choix, il est également hors de question de nous laisser marcher dessus. »

Spoiler:

Comme à mon habitude, je ne montrais aucune émotion face au Régent. Cependant, je n’en pensais pas moins. J’étais presque exaspéré de toujours entendre le même discours. Néanmoins, je me trouvais dans une position de faiblesse. J’assumai, naturellement, mes actes, comme je l’ai toujours fait et j’attendais patiemment une potentielle sentence. Ce n’était pas de l’insubordination, mais une prise d’initiative. Il est vrai que la théorie aurait voulu que je prévienne le Régent de cette fameuse lettre, mais quand on la regarde de plus près, cela changeait la donne. Une lettre satirique et incendiaire remettant en cause Le Rokudaime et l’homme qui gouverne actuellement. De quoi déclencher une guerre en quelques secondes et c’est justement ce que j’essaye d’éviter par-dessus tout.

Cependant, à un moment donné, on ne peut pas éviter la fatalité de cette lettre. Je l’ai gardé secrète pendant un certain temps, me permettant de trouver divers angles d’approche, mais finalement, rien ne se déroula comme je l’avais prévu. Aurais-je sous-estimé ou surestimé le Régent ? Impossible de savoir. J’avais l’impression que le temps s’arrêta lorsque je tendis la fameuse lettre d’Aburame Mizuki au Bakushô. Le nombre de scénario possible se multiplia dans ma tête à vitesse grand v. J’analysais les dernières paroles d’Aomine et une fois de plus, j’étais d’accord sur le fond, mais pas sur la forme. Après ce qu’il s’est passé, bien sûr que nous ne devons changer. Le mouvement de la Nation représente une menace claire, mais l’Ordre n’assure en rien une sécurité possible et une paix durable. Même si je resterais dans l’Ordre pour changer le monde que nous côtoyons, je respecte le choix d’Aomine de devenir neutre. Même si le Régent insiste sur le fait que l’on ne peut pas entrer en guerre avec les autres pays, je ne détecte que de la colère en lui et c’est ce qui m’inquiète.

La preuve en est que lorsqu’il se retourna pour lire la lettre, il détruisit par excès de colère, une statuette représentant le département de la Police et de la Justice. Il enchaîna en exprimant son énervement à haute voix avant de crier pour appeler sa secrétaire. Le Bakushô s’asseyait lourdement sur son siège alors que la secrétaire arriva timidement. Elle me salua avant de se mettre au côté de l’élève du Rokudaime. Celui-ci avait sorti un parchemin afin d’y écrire quelque chose. On pouvait déduire sans trop d’effort qu’il préparait déjà une réponse. Je restais assis, les mains croisées, attendant patiemment la fin de scène théâtrale. Izuni tenta de corriger et de reformuler les écrits du Bakushô, mais celui-ci déchira le parchemin avant de recommencer et d’explicitement indiquer à sa secrétaire de ne s’occuper que des fautes. Naturellement, il se tourna vers moi pour m’indiquer que je pouvais disposer et que nous nous reverrons plus tard. Je me levai calmement, saluais Le Régent et sa secrétaire respectueusement avant de partir du palais. Sur la route du retour, je faisais une halte à un terrain d’entraînement complètement désert. Je me mis alors au milieu de ce dernier et concentra mon chakra Raïton afin d’asséner un violent coup de poing au sol. J’étais, à mon tour, énervé, mais contre moi-même. Je n’avais pas réussie à tourner la situation à mon avantage. J’avais envie de tout détruire, mais ce coup de poing m’avait calmé. Je devais me concentrer sur la suite. Analyser, observer et appréhender les futures possibilités. Je me devais de tout anticipé pour ne pas être surpris. C’est le prix à payer lorsque que l’on côtoie un homme guidé par ses émotions.

Quelques jours passèrent et j’étais de retour dans ce bureau que je connais si bien. Toujours à la même place, dans la même position. J’observai le Régent qui semblait avoir terminé sa lettre. Il me la donna tout en prenant la parole. Il m’expliqua que Kumo doit se détacher des autres et ceux qui ne sont pas d’accord avec ça ont tort. La haine et les rancœurs ne doivent pas dominer nos choix… Pardon ? Je me retiens de ne pas rire tellement l’ironie est énorme. Enfin, je me devais de me concentrer sur cette lettre potentiellement décisive pour Kumo. Après l’avoir lu deux fois pour bien avoir tout assimilé, je pris finalement la parole.

« Je respecte votre volonté de vous détacher des autres. Même si je n’approuve pas totalement, je suivrais votre décision. Vous le dites vous-même, nous devons laisser la rancœur et la haine de côté, car nous ne pouvons pas nous permettre d’entrer en guerre contre les autres pays. Cependant, avec une lettre comme celle-ci, nous pourrions très rapidement passé dans ce statut que nous cherchons à éviter. Bien entendu, Konoha vous accuse et nous devons montrer qu’ils ont tort et qu’on ne peut pas cibler Kumo ainsi, cependant, vos mots sont trop cru. Il faut montrer subtilement au village caché de la feuille que nous sommes neutres, que nous sommes prêt à faire des concessions, à laisser la colère de côtés, mais que nous sommes le bras armé de Kaminari et qu’ils ne doivent pas l’oublier. Votre lettre est, si je peux me le permettre, trop cinglante et elle pourrait avoir l’effet d’une bombe à Konoha, entraînant même un déploiement de troupes… Néanmoins, ce ne sont que des suppositions, rien de plus. Nous ne savons pas comment l’Hokage actuel réagira à votre lettre et j’espère que tout se passera bien. J’ai vu aussi que le nouveau Kazekage désirait vous rencontrer. Désirez-vous avoir votre Bras Droit et votre ministre de la diplomatie à vos côtés lors de cet échange ou désirez-vous que je reste au village pour m’occuper de ce dernier pendant votre absence ? »