Froid. C’est le seul mot qui me vient en tête à l’instant où j’vous parle. Depuis quelques semaines nous sommes entrés dans la période hivernale. J’peux vous dire que je déteste cette période de l’année parce qu’on se les caille. Je n’aime pas avoir froid, ça j’peux vous le dire. Ça me fait carrément chier d’me promener dans la neige et de niquer la beau paysage qu’elle nous offre parfois. Oui, la neige c’est beau mais c’est mieux quand personne ne vient marcher et laisser leurs putains de traces de pieds toutes dégueulasses. Quand y a pas de marques, c’est tout simplement magnifique et moi j’kiff regarder quand c’est tout clean. J’suis capable de caler une trentaine de minutes devant des vues pareilles. Mais bon, là ce n’était pas le cas. J’marche en plein dans la neige, je « nique » le paysage en gros. J’reviens de ma mission de Kusa no Kuni en fait. J’en ai mis du temps pour en revenir avec toutes les péripéties qui me sont arrivées mais là n’est pas la question. Je me dirigeais en direction d’Ame no Kuni. Une nouvelle fois, c’est un pays dont j’ignore tout, je ne sais pas où j’me dirige une fois de plus. Donnez-moi une carte, une boussole ou tout ce que vous voulez, j’me perdrai quand même. L’orientation et moi, ça fait deux voire beaucoup plus. C’est comme les maths, c’est nul et ça ne sert à rien. Tout le monde s’en fou de ces conneries de Pythagore et toutes ces autres merdes qu’on pourrait nous apprendre.

Tout compte fait, ma vie paisible n’allait pas reprendre de si tôt puisque des emmerdeurs de première ont décidé d’me confier une nouvelle mission. C’est donc pour ça que j’suis comme un trou du cul, seul, au beau milieu de la neige à me rendre dans ce pays de merde qu’est Ame no Kuni. Apparemment, on doit voler chez leur pays voisin puisqu’ils entrent dans une période délicate. Personnellement, je m’en fous de leur problèmes, ils n’ont pas besoin de moi pour les régler non ? On dirait bien que si, et pour couronner le tout, je ne suis pas seul. J’dois faire équipe avec un autre type qui fait partie des trois grandes nations. J’crois bien qu’il vient de Kiri, mais je ne suis pas sûr et puis merde, il sert à quoi ce type aussi ? Sachant que les nations n’aiment pas les errants ou les déserteurs, j’espère bien qu’il ne m’fera pas chier sinon ça va partir en couilles cette mission. D’ailleurs ça me rappelle quelque chose ... Voler, un mot que j’connais bien ... très bien même. Dès ma plus tendre enfance, j’me suis retrouvé seul et j’ai dû me débrouiller seul comme un grand. Si je n’avais rien fait, j’serai déjà mort à l’heure qu’il est. J’ai donc décidé de me mettre à voler comme la plupart des gosses ou adultes qui avaient survécus à cette putain de guerre qui avait fait tant de mal à beaucoup de personnes. Certes, voler c’est mal mais quand il est question de sa survie, c’est primordial. Je ne pense pas que ça sera trop difficile de voler à des abrutis dans ce cas. J’vais devoir utiliser tout ce que j’ai appris dans la rue pour y arriver.

Après de longues heures de marche, je n’en pouvais plus. J’étais mort crevé, j’étais congelé sur place. Être dans un état aussi pitoyable que le mien, j’déteste ça. Mais bon, fallait bien que je le trouve ce type qui doit faire équipe avec moi. J’tiens tout de même pas à me promener dans tout le pays pour le retrouver, j’vais crever de froid sur place si ça continue ! J’suis là dans le seul but d’accomplir cette mission à la con et pour empocher du blé. C’est tout ce qui compte après tout. J’vais pas me prendre la tête pour une mission aussi simple ... J’comprends toujours pas pourquoi on est deux pour réaliser une tâche si simple après tout.

Je marche, je marche, je marche. J’ai aucune idée d’où je me trouve, j’ai juste froid. Heureusement que j’ai acheté un gros manteau pour l’hiver sinon ça aurait été la merde. Avec le bonnet et la capuche, on ne pouvait pas voir grand-chose de mon visage. On aurait plutôt dit que j’étais un bandit voire un clochard. Je m’en branle un peu de ce que les gens pensent à vrai dire. J’décide de jeter un coup d’œil sur ma gauche, j’vois de l’eau. C’est peut-être un port, qui sait ? Après quelques minutes, un bateau arrive et s’arrête, un type louche en sort. J’peux apercevoir qu’il porte un bandeau de ninja mais je n’arrive pas à bien distinguer de quel village il vient. D’ailleurs, j’ai aucune idée de quel signe appartient à quel village hormis celui de Kumo que j’ai pu apercevoir une fois. Et puis merde, j’ai pas d’autre choix que de suivre ce mec, découvrir de quel village il vient pour savoir si oui ou non c’est mon équipier.

Me voilà donc, tel un bandit, en train de suivre un type qui m’est inconnu ...

Comme prévu, je suis en train de suivre un type qui m’est totalement inconnu. Tout ce que je sais de lui, c’est qu’il porte un bandeau de ninja. Je dois tout de même faire attention à ne pas m’attirer d’ennuis avec ce mec au risque de foutre ma vie en danger. Ce n’est pas ce que je cherche après tout. Faut juste que je retrouve mon putain d’équipier dont je ne connais absolument pas l’identité. C’est pourquoi j’ai décidé de le suivre puisqu’il porte un bandeau ninja, c’est la seule chose à faire en même temps. Je ne sais pas du tout quelles sont ses intentions, de quel village il provient, qu’est-ce qu’il vient faire ici, s’il compte rester ou non dans ce pays enneigé. Non, je ne sais rien à propos de lui. Je le suis simplement, mon visage est à peine visibles, je peux facilement devenir sa cible s’il me voit le « poursuivre » sans arrêt dans tous les recoins de la ville. Mes yeux sont à peine visible, je crève tellement de froid que mon visage est complètement paralysé. Je ne sais même pas si j’pourrais aligner trois phrases de suite. Bordel, il fait caillant !

Il est roux, c’est tout ce que j’ai pu voir de ses traits caractéristiques. Un ninja roux ... Ils ne courent pas les rues ces gens là. Maintenant, peut-être que c’est un haut gradé et qu’il me mettrait ma dérouillée en moins de temps qu’il ne faut pour le dire mais bon, je ne suis jamais sûr de rien. Personne n’est jamais sûr de rien quand il s’agit de ninjas. Un combat n’est pas l’autre, on ne sait jamais à quoi s’attendre. Il faut vraiment que j’arrête de parler comme un philosophe, ça ne va pas DU TOUT avec ma personnalité. Au moins, je l’avoue, c’est déjà pas mal. Ah oui, il porte aussi des espèces de lunettes d’aviateur sur le front. Allez-vous me dire qu’un shinobi serait aviateur en même temps ? J’en doute fort, très fort même. Tout ça pour vous dire qu’il a l’air d’aimer les bars. Oui, il est rentré dans plusieurs bars en se saoulant plein la gueule. Il était complètement bourré, il ne savait plus du tout marcher en ligne droite. Bref, c’était un gros boulet. Un vrai trou d’cul qui s’amuse à se défoncer la gueule avec de l’alcool. Les gens comme ça, j’les corrigerais bien avec mes poings. Putain quoi, qu’est-ce qu’ils ont besoin de boire de la merde pareille et de tomber dans des états pas possibles ? Ils ressemblent à rien ces connards, sérieux !

Continuant de la suivre un peu n’importe quoi, je me rends compte que quand quelqu’un est mort saoul, il fait vraiment n’importe quoi. Mais quand je dis n’importe quoi, c’est abusé. Du genre : pisser sur les voitures, sonner à toutes les maisons, insulter les passants. Un gros bordel ! D’ailleurs, il a failli se faire défoncer la tronche par quelques personnes car il les avait insultés. Ça aurait pu être cool de le voir se battre dans cet état là, qui sait ... Finalement, il se dirigea à nouveau vers le port où je l’ai croisé pour reprendre un bateau en direction d’un autre pays. Si je me souviens bien, il a parlé d’un endroit appelé « Kawa no Kuni ». En gros, un pays inconnu pour moi –pour ne pas changer–. Et moi, pour faire mon enflure de service, je l’ai suivi sur le bateau et j’ai dit que je l’accompagnais pour rentrer chez lui car il n’était pas bien vu son état de déchet. C’est comme ça que j’ai pu m’infiltrer gratuitement sur le bateau en question. Il était tellement défoncé qu’il m’a payé le voyage. En gros, il l’a payé deux fois ; une fois pour lui, une fois pour moi. C’est fou qu’est-ce qu’on peut être con quand on est dans un autre monde.

Apparemment, il s’est endormi dès les premières minutes du voyage. Moi, je m’en foutais complètement de cet individu car au final je ne sais toujours pas qui c’est vu son état pitoyable. Tout ce que j'ai pu savoir en plus, c'est qu'il faisait partie du village de Kiri. Je m'en fous un peu de ça. Pour couronner le tout, je n’ai toujours pas de coéquipier pour cette mission de merde. Voilà qui s’annonce bien, je vais pouvoir rafler tout le fric tout seul. Deux fois plus de gains, c’est tout bon ça ! En relisant mon petit papier contenant l’ordre de mission, je me suis rendu compte que ma destination était Kawa no Kuni et que c’était dans ce pays que je devais voler je ne sais pas quoi pour aider les pauvres petites personnes de Ame no Kuni. Voler, ok j’veux bien mais si je ne sais pas ce que je dois rapporter, ça va être difficile non ? Putain de monde, les gens sont vraiment cons quand ils le veulent ...

Spoiler:

Le voyage fut plus ou moins de courte durée. Nous étions en train de naviguer sur un long fleuve. Et ouais, d’habitude ils sont dans la mer ces bateaux mais celui-ci était surement un convoi spécial ou autre. Qu’est-ce que j’en sais moi, tant que je peux accomplir ma mission et ramener de l’argent, c’est tout ce qui compte au final. La destination est Kawa no Kuni, tout ce que j’espère c’est que ça ne ressemble en aucun cas à Ame no Kuni, sinon je plains énormément les habitants de ce pays. Ou alors, une espèce de pays à la Kusa no Kuni où la verdure est bien plus présente que les habitations. En gros, c’est nul, c’est chiant et t’as pas envie d’y rester plus de deux semaines. Dès que nous pouvions mettre les pieds à terre, j’ai directement sauté hors du bateau et j’ai commencé à courir en direction de ce qui me semblait être une énorme ville. Je crève de froid, c’est pourquoi j’ai commencé à courir comme un dératé. Fallait bien que je me réchauffe non ? En y repensant, j’ai laissé le roux sur le bateau complètement endormi. Le prétexte que c’est un ami à moi que je ramène chez lui ne tient plus du tout la route et les navigateurs me prennent surement pour un bandit. Tant pis, je m’en branle.

Je cours tête baissée sans regarder où je vais. Je suis simplement une sorte de sentier qui m’indique le chemin à suivre. Cette « route » a surement été empruntée par de nombreuses personnes vu l’abondance des marques de pas au sol. Cette ville doit être surpeuplée vu sa taille gigantesque. C’est un remake de Tokyo, j’en suis sûr. J’ai trop froid pour regarder ce qui m’entoure, pour tout vous avouer, j’ai pas envie de savoir ce qu’il y a. Que ce soit une ville remplie de personnes riches ou pauvres, cela m’importe peu. Quoique, en y réfléchissant un minimum, voler chez des pauvres n’avait aucun intérêt et je l’aurai bien eu dans le cul. Donc, en toute logique, je dois me trouver chez des gros richards, des fils à papa. Bref, le paradis pour des personnes comme moi, qui vivent de pas grand-chose hormis les petites missions accomplies de temps en temps. J’étais un errant après tout, à quoi bon m’attendre à une vie faite de richesse ? J’aime la vie que je mène actuellement, à quoi bon vouloir la changer ? Bordel, je m’emballe là. Je dois simplement voler de l’argent, c’est pas compliqué quand même ? Surtout si je suis tombé dans un endroit rempli de personnes ayant les moyens de se payer des putains de grosses villas ...

Bon, faut bien relever la tête pour un peu regarder ce qui nous entoure. Je vois un panneau, une énorme entrée m’indiquant que je compte entrer dans le centre ville. Et là, je peux vous dire que ce que je vois à l’entrée du cœur de cette ville est peu commun. C’est blindé de gens partout, ça grouille de partout de gens qui marchent. On peut voir de tout, des pressés, des morts saouls, des amoureux. Ouais, c’bien Tokyo ou New-York si vous voulez. Je m’engage dans cette foule monstrueuse, je scrute les alentours et je vois qu’il y a des casinos à tous les coins de rue et bien d’autres bâtiments qui montrent clairement qu’il y a plus que de simples moyens dans cette ville. La tâche était simple, voler le plus possible d’argent pour aider les pauvres personnes vivant à Ame no Kuni. Et maintenant, si je compare ces deux pays, je peux clairement vous dire qu’il y a une différence énorme entre les deux. Je vais surement faire une bonne action pour une fois en volant, même si, c’est mal de voler. J’en ai moi-même conscience, mais bon, c’est pour le bien de ce pays et pour moi-même que je fais ça. J’ai déjà assez voler dans ma jeune vie.

Rien de bien compliqué, je décide de me rendre dans un magasin de fortune, de voler un beau costume. J’ai la classe dans ce type d’uniforme mais ça m’emmerde de mettre des vêtements pareils. Je ne m’y sens pas du tout à l’aise. Pourquoi avoir fait ça ? Car, si je voulais mettre les pieds dans un voire plusieurs de ces casinos, ce n’est pas en étant habillé comme je l’étais que j’allais pouvoir y rentrer. Il fallait que je sois un minimum crédible et j’étais plutôt fier de moi. Voler de simples vêtements est vraiment devenu trop facile pour moi, je me demande encore pourquoi je le fais d’ailleurs. Bref, là n’est pas la question. Je rentre dans un casino, fais semblant de me mettre à une table et de jouer à un de ces bêtes jeux. Ensuite, je me rends au guichet. La sécurité est présente partout, il me suffisait de simplement de me faire passer pour un de ces gardes de sécurité. Grâce au Kinton, je pouvais créer n’importe quelle clé, ouvrir tous les coffres-forts que je voulais en recréant une clé parfaite qui convenait à la serrure dont il était question. Tout avait l’air si simple pour moi ... Je répète l’opération plusieurs fois, dans différents casinos. Seul bémol, l’endroit où je stockais tout l’argent volé devenait encombrant et transporter tout cela allait s’avérer très compliqué. Pas grave, grâce à mes Shunshin, je ramenai plusieurs paquets à la fois au port et attendit qu’un bateau fasse une halte. Cette fois-ci, je peux le payer moi-même, j’en ai les moyens. Les navigateurs furent surpris de me voir avec autant de sacs autour de moi, mais c’était pour la bonne cause. Bien sûr, je garde un peu d’argent pour moi en plus de la récompense. Je fais d’une pierre deux coups ... Je suis quand même trop intelligent quand je le veux.

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