Mon esprit revenait de loin quand j'ouvrais les yeux pour voir la lumière du jour éblouissante, de quoi il résultait un masque flou dans mon champ de vision qui s'estompa lentement. Je ne savais pas vraiment où j'étais mais j'avais terriblement mal au crâne et je priais déjà pour qu'on ne me crie pas dans les oreilles.

« LE YAMADA S'EST RÉVEILLÉ ! » cria une infirmière.

Douleur lancinante et piquante. Mon crane résonnait comme un tambour tant cette voix était aiguë pour mes sens tout juste retrouvés. Dans une tentative de grimace je sentis mon visage me tirer, et pour cause, on aurait dit que des bandages m'en recouvraient la moitié, et c'était bien le cas. Une sensation de flottement m'englobait aussi, ce qui me faisait dire que j'étais sous des anti-douleurs assez costauds. Des flashs de l'attaque de Suna me revenaient parallèlement à ça. En un instant je me souvenais de cette femme déguisée en bouffonne de jeu de cartes avec son marteau. Je me souvenais de ses capacités surprenantes et du coup qu'elle m'avait infligé dans la tête. Une autre douleur me lança dans le crâne et me fit plisser les yeux. Qu'étaient devenus ceux à mes côtés ? Yell... Et le village de Suna ? Ema ? Mon cousin ? Mon père? Yami ? Que s'était-il passé ? Je n'en savais rien et pour seul décors j'avais ce qui ressemblait à une chambre d'hôpital assez petite. Laquelle possédait quand même une fenêtre.

« Où... où suis-je ? » parvins-je à articuler.

Un shinobi médecin qui arriva suite à l'appel de l'infirmière se proposa de répondre en même temps qu'il palpait mon corps sous toutes les coutures, sûrement pour vérifier que j'étais bel et bien réveillé et vivant.

« Doucement... Avant toute chose, te rappelles tu comment tu t'appelles et qui tu es ? »

Je peinais à lui répondre à cause de la douleur sur mon visage et des anti-douleurs qui rendaient mon esprit vaporeux mais y parvenais quand même.

« Yamada Tetsui... fils de Yamada Arashi. »

Un temps. Mon interlocuteur me passait une lumière dans les yeux pour y vérifier quelques chose.

« Bien. Tu es resté dans le coma pendant cinq jours. Et tu es bien à Suna, où ce qu'il en reste, dans une chambre de l'hôpital. Quelqu'un d'autre se chargera de te donner de plus amples informations plus tard. C'est une chance que tu te sois réveillé. Surtout avec le nombre de patients que nous accueillons actuellement... »

Mes yeux s'écarquillèrent comme ils le pouvaient ensuite, l'un se trouvant à moitié caché derrière un amas de bandages qui me tiraient la tronche comme pas possible. Cinq jours de coma ?! Bonne coïncidence quand on savait que celle qui me l'avait causé portait un numéro « V » sur le visage.

« L'ensemble des délégations a quitté le village. L'attaque est terminée. »

Le docteur ajoutait ces deux petites informations à mes oreilles pendant qu'il terminait son examen.
Si les délégations avaient toutes quitté le village, alors Yell n'était plus là.

« … Yell... où est Yell ? As-t-elle survécu ?! » demandais-je avec un peu plus de hargne.

Les informations et les réponses à mes questions arrivaient trop peu vite. Le docteur ne semblait pas comprendre ce que je demandais.

« Je ne comprends pas... Je vais faire court : tu as subis une commotion cérébrale et une fracture du crâne que nous avons soigné à temps, mais qui nécessite du repos. Cela te causera des douleurs et des maux de têtes pendant une durée indéterminée. Ta jambe droite est cassée. Plus des des hématomes sur le visage et sur le corps. Tu as été amené à l'hôpital à temps quand c'est arrivé... Compte un mois minimum avant d'espérer reprendre une activité physique poussée. Pour finir, tu pourras sortir dans quelques jours avec béquilles, en veillant à rester au calme et en passant faire des examens réguliers. C'est du sérieux. »

J'étais dépité par ce que j'apprenais là. Ces dégâts et ces complications n'étaient pas minimes. Les maux de tête dont il me parlait étaient même déjà là et ils étaient tout sauf agréables. Je venais aussi de comprendre que si la délégation de Konoha n'était plus ici alors Yell non plus. J'avais loupé l'occasion de lui dire au revoir comme il se devait et cela me déchirait au fond. Une frustration à son paroxysme. Me laissant tergiverser seul, le shinobi médecin et son infirmière quittèrent la pièce en m'informant qu'une jeune femme avait passé beaucoup de temps à mes côtés pendant mon sommeil incertain. Ce fut elle qui entra... Je n'avais pas besoin qu'on la nomme pour comprendre de qui il s'agissait, même dans mon état. Ma meilleure amie.
Il y avait sinon d'autres éléments dans la pièce que je n'avais pas encore découvert : un présent bien particulier, un mot court, et un bouquet de fleurs... Mais mon attention était limitée pour le moment et cela faisait peu de temps que je venais de quitter cet endroit entre la vie et la mort en compagnie de ma mère. De cette rencontre avec elle, je ne gardais que de vagues souvenirs, mais des convictions certaines sur ce que je devais faire à partir de maintenant.

HRP:

Je m'attendais à voir Ema parce qu'on m'avait dit qu'une fille était restée à mes côtés pas mal de temps pendant mon coma. Pourtant ce fut Kibo sensei qui pénétra dans la chambre. Il était le premier visage connu que je voyais depuis que j'étais revenu. Sans m'attarder vraiment sur son apparence, je voyais quand même qu'il avait une nouvelle coupe de cheveux ainsi qu'une tenue rappelant celles des Ketsueki. Celle-ci lui allait bien. En entrant, ses premiers mots furent que j'étais bien traité. Ah oui ? Je ne savais pas pourquoi, on ne m'avait encore rien dit sur la situation là dehors. Avec les bandages qui me recouvraient la moitié du visage et le crâne, il ne pourrait voir que la moitié de ce qui semblait être une première grimace. Signe évident que c'était bien Yamada Tesui qu'il avait sous les yeux.

« Sensei... »

J'étais content de le voir en chair et en os. Il était en vie lui aussi. Compte tenu de ses compétences cela ne m'étonnait pas mais celles de nos nouveaux ennemis semblaient bien supérieures...
Il lisait ce qui me semblait être ma fiche de patient de l'hôpital. Je n'étais sûr de rien dans l'état dans lequel je me trouvais pour tout dire. Ces anti-douleurs étaient assommant à souhait. Après quoi il tenta une légère boutade. Il avait raison, cette femme ne m'avait pas loupé. Avec son marteau de naze... J'arrivais déjà à la haïr pour ce qu'elle m'avait fait.

« Ouais... j'ai pas vu ma tête encore. Mais je préfère attendre un peu... » 

Je ne pouvais faire autrement que de parler assez lentement et sans trop me brusquer. Sans non plus hausser la voix, auquel cas je réveillerais des douleurs à l'intérieur de ma tête. Franchement je m'imaginais déjà avec un visage gonflé et méconnaissable. Peut-être n'était-ce pas le cas après cinq jours de repos total dans le coma, je n'en savais rien. Je n'arrivais aucunement à émettre un quelconque sourire, j'étais juste dépité.

« Et Suna ? Mon père et les autres ? … Vont-ils bien ? »

"Les autres" regroupait à la fois Ema, Kioshi, Ogami, Yami, et Nuzuro qui m'avait enseigné le Kuchiyose en sa qualité de jônin de Suna. S'il leur était arrivé quelque chose... depuis ce lit je ne pourrais que subir et souffrir d'une triste nouvelle. Rapidement derrière, je demandais ce qu'il en était de Yell.

« Yell va bien ? Elle n'est plus à Suna, n'est-ce pas ? ... »

De sa réponse découlerait mon état pour les jours à venir. Je préférais qu'il n'y ait que moi qui soit dans un état aussi grave. Celui où l'on revient à moitié d'entre les morts.

Quelques jours étaient passés depuis les catastrophes, je faisais de mon mieux pour administrer l'unité spéciale, vraiment. Ce n'était pas facile tous les jours sans Yami mais je ne pouvais rien y faire, c'était comme ça. Pour ma part je n'étais pas blessé, j'avais juste été un peu fatigué suite à mon affrontement pour sauvegarder l'hôpital mais ce n'était pas le cas de tous, à commencer mon partenaire le Yamada. Il n'était pas en très bon état suite à son combat mais je ne doutais pas de sa force et s'il était comme ça aujourd'hui, c'était pour une bonne raison. Son état s'était amélioré les derniers jours, c'était encourageant et il fallait espérer qu'il trouve le chemin de la lumière. Nos prières furent réalisées et il avait finalement émergé, j'avais demandé à une personne du corps médicinal de me prévenir à son réveil. J'avais été content d'apprendre la nouvelle, un partenaire en moins serait embêtant, il était difficile de trouver un remplaçant en peu de temps.

Pour le soutenir, j'avais fait parvenir quelques fleurs à son chevet entre deux opérations. Quand j'avais un peu de temps, je venais pour discuter avec les médecins de son état, entre autre. J'avais espoir tout comme eux et puis ça n'aurait été que du gâchis.

Je venais à peine de finir une discussion avec un Saibogu, il m'expliquait comment la sécurité fonctionnait, techniquement et non fonctionnellement. Cela faisait appel à de la logique et à de la modélisation, je devais m’approprier le plus de connaissances possible pour bien comprendre à quoi j'avais à faire en tant que remplaçant au poste de dirigeant du Kakumeigun. Le Saibogu à qui j'avais à faire était d'ailleurs un peu dans son monde, il voyait technologie ou je voyais ressources humaines, nos idées mélangées nous avions pu établir de nouveaux dispositifs. Les Saibogu n'étaient pas les seuls à pouvoir assurer notre sécurité, tous les clans de Suna en étaient capables. Il fallait réfléchir à cela d'ailleurs, il y avait beaucoup de charges dont je n'arrivais pas à m'acquitter. L'administratif était la partie dérangeante d'ailleurs, je pensais à demander à mes élèves de s'en occuper. C'était pour moi le meilleur compromis.

La discussion étant terminée, je me dirigeai vers l'hôpital, il était l'heure de voir mon flemmard de partenaire. Il n'avait que trop dormi ces derniers jours, ce n'était pas bon du tout.L'établissement était bondé, il y avait des lits dans les couloirs, des personnes qui dormaient sur le sol. C'était difficile de circuler. Nous avions eu l'aide d'une cinquantaine de personnes provenant du Shukaï et plus exactement Kusa no Kuni. Du renfort ayant des connaissances en herboristerie, chose qui nous avait été très utile.

Après m'être frayé un chemin, j'arrivai à la porte du jeune homme. Je tapai deux fois avant d'entrer tout en esquissant un sourire. Le maître était déjà présent, je levai ma main droite pour les saluer tous deux.

«  Enfin levé, il n'est pas trop tôt ! »

J'accompagnai ces derniers mots d'un petit rire, je n'avais pas eu vraiment le temps de rire depuis les derniers événements.

Vu le visage de mon partenaire et de l'ancien rêveur, je n'avais pas de mal à imaginer que la discussion était sérieuse voir même légèrement triste. J'étais peut-être venu chambouler celle-ci, je jetai un coup d’œil à droite et à gauche avant de m'asseoir sur une chaise et observer le cousin du Kazekage. Ici, on le surnommait le Sosie mais à mes yeux, ce surnom était loin d'être en corrélation avec lui. Un vrai sosie faisait tout pour ressembler à son idole, Kioshi était-il son idole ? Je ne le pensais pas vraiment. De plus, leur caractère respectif se trouvait être différent et mon partenaire ne passait pas sa vie à essayer de ressembler à son aîné. C'était les raisons pour lesquelles je ne voulais pas nommer le Yamada de la sorte.

«  J’espère que tu ne va pas rester ici trop longtemps, qu'ont dit les médecins ? Aujourd'hui je n'ai pas croisé ceux qui s'occupent de toi, on m'a juste fait parvenir la nouvelle concernant ton réveil. »

Je marquai une pause de quelques secondes en soupirant.

«  Quand peux-tu reprendre du service ? »

Kibo avait l'expérience, il avait de la carrure. On sentait la fortitude en lui. C'est donc sans surprise qu'il trouva les mots pour tenter de me calmer, aussi simples étaient-ils. Sauf que d'apparence je n'étais ni stressé ni en crise de panique. Loin de là, mon état se situait plus vers l'abattement pur et simple, autant moral que physique.
Selon lui, tout le monde allait bien, du moins mes proches. Je doutais fortement qu'on puisse dire pareil des nombreux blessés et victimes que j'imaginais être en nombre conséquent. Sans être devin, je ne voyais là qu'une réaction de cause à effet, presque mathématique, due à l'ampleur de l'attaque que ça avait été. Je n'attendais que de sortir de cette chambre d'hôpital pour le découvrir. Mais il était encore trop tôt et cela serait une preuve d'irresponsabilité dans mon état présent. Si seulement j'arriverais à parcourir trois mètres avec ma jambe cassée... Sérieux... Pourtant savoir que j'étais le seul à être aussi grièvement blessé dans mon entourage me rassurait. Quant à Yell, aucune information précise, mais la délégation de Konoha avait quitté nos terres peu après les combats. Mon chef d'équipe, avec lequel je commençais à être familier me proposa même de lui écrire une lettre si je lui en dictais le contenu.

« … J'ai manqué ça alors... »

Mon ton était grave et réaliste. Ce que j'avais loupé c'était la possibilité de dire au revoir convenablement à celle pour qui j'avais des sentiments. Encore une défaite. Décidément.

« J'apprécie ta compréhension. Tu peux... lui écrire un simple mot pour lui dire que je me suis réveillé ? … Elle m'avait donné son adresse personnelle »

Je souriais brièvement à ce détail. Je lui donnerai avant qu'il parte.

« Je lui écrirais personnellement quand je sortirais d'ici. »

Maintenant que cela était dit, j'étais débarrassé d'un poids. Mais un poids bien léger. Kibo disait alors, très sérieusement, qu'il était heureux que je sois en vie. Dire un truc comme ça c'était gênant, aussi bien pour moi que pour lui. Je n'aimais pas trop montrer ma sensibilité en temps normal et préférais me cacher derrière ma nonchalance. Plutôt difficile depuis un lit d'hôpital par contre.

« Merci. Pareil pour toi. » dis-je en regardant ailleurs.

Le gros silence qui suivit cette révélation était trop flippant. Comme s'il était décuplé par les anti-douleurs qui continuaient de me plonger dans un état des plus vaporeux. Nous fûmes sauvés pas l'arrivée d'Ogami qui entra après avoir toqué deux fois. Il apportait sa bonne humeur en me parlant comme si j'avais fais la grâce matinée. Il rigolait un peu puis prit place sur une chaise.

« Hey... » j'essayais d'y mettre un peu de joie sans réel succès.

Il demanda ensuite si je n'allais pas rester trop longtemps et ce qu'avaient dit les médecins. Quand je pourrais reprendre du service aussi. Doucement... la réalité me revint en pleine face à cette simple idée. Lui résumer mon état n'était pas dans mes cordes, trop dans les vapes quand l'autre docteur m'avait fait le topos.

« Oh là … tu peux lire ma fiche de patient (je montrais le tiroir du lit où elle se trouvait) ça ira plus vite. »

Non pas que j'avais la flemme, c'était la force qui me manquait. Aussi, pendant qu'il prenait connaissance de la feuille je pouvais au moins lui dire ce qui l'importait :

« Je sors en fin de semaine sur des béquilles... par contre pour le tout il faudra compter un mois... minimum. En attendant je ne pourrais pas vous aider physiquement... mais j'ai toujours ma tête qui fonctionne. »

J'accompagnais mes mot en tapotant mon front du doigt. À défaut de participer à l'effort physique comme je leur disais, je ne refuserais pas de participer avec mes méninges. Nul doute qu'il y avait aussi besoin de cerveaux en logistique et en organisation suite aux nombreuses pertes.

Boutade sur boutade, celle de Kibo sensei qui disait que les yamada étaient flemmards de nature était pas vraiment vraie. Tous les Yamada n'étaient pas comme moi !

« Ben non je suis presque le seul ! »

Ogami lisait donc mon dossier en silence tandis que Kibo lui demandait s'il n'avait pas de blessures. La réponse fut simple, comme la vérité. Le brun s'en était bien sorti.
L'instant d'après, Ema arriva, figée et plantée dans l'entrée en m'apercevant.

« Salut Ema. » souriais-je de derrière mes bandages.

On ne devait en voir que la moitié. La bouteille d'eau qu'elle tenait tomba au sol comme une moins que rien. Bien vite, mon amie me serrait dans ses bras tellement fort que j'en avais presque mal.

« Aïe... »

C'était pas voulu, mais j'avais quand même encore des hématomes un peu partout à ce niveau là.
J'entendis alors que si je recommençais un coup pareil elle me tuerait. Je notais ça. Faudrait pas que je me plante la prochaine fois.

« Marché conclu. Tu as l'air de bien te porter, tant mieux. »

Elle s'en prenait déjà aux deux autres mecs de l'équipe au sujet de mon réveil. C'est sûr qu'elle était la dernière à être arrivée, la pauvre... Je me doutais qu'elle aurait préféré être la première. Ensuite elle se retourna vers moi en abordant le sujet de Yell et de quelque chose que j'avais pas encore dû voir. Je pris un air dubitatif, de quoi s'agissait-il ?

Sur la table à côté il y avait un joli pendentif qui rappelait une goutte d'eau cristallisée. Elle le prit dans ses mains pour le laisser pendre devant moi en précisant que c'était un cadeau de la part de Yell. Cette dernière avait été à mon chevet avant de s'en aller vers Konoha.

« Oh ? Merci... »

Elle venait de me le mettre autour du cou alors je tripotais l'objet pour en observer l'eau liquide à l'intérieur. Une partie de Yell était donc toujours avec moi. Cela me rassurait en tout points de recevoir ce présent, et savoir qu'elle avait été à mon chevet au début ; elle était donc en vie ! Un sourire se dessina sur mon visage malgré la tristesse du présent dans lequel nous nous trouvions tous.

Puis c'est mon père qui entra subitement dans la pièce presque les larmes aux yeux, il semblait tout ému.

« Fiston !! J'étais certain que tu finirais par te réveiller, mais si tu savais la crainte que j'ai eu tout ce temps ! »

Il était venu me serrer la main chaudement. Il saluait les autres après ça mais au fond il devait se fiche de leur présence, il venait de retrouver son seul fils. Le dernier petit bout de famille proche qu'il lui restait ici avec Kioshi.

hrp: