C’est quelque peu joyeuse d’avoir pu blesser, meurtrir, tuer, torturer et manquer de respect à des corps que je prends les parchemins des mains d’Otoke et m’empresse à les coller de façon stratégique afin qu’ils puissent causer le plus de dommage. Ce genre de choses, je pourrais en faire tous les jours ou presque – c’est comme une promenade de santé, mes os sont dégourdis et mes poumons plein de cette odeur ferrique de sang. Leurs corps de merdeux, je pourrais me baigner dedans si le cœur m’en tenait, mais il fallait que l’on efface les traces de nos petites folies. Que le petit rat y pense tout seul, c’est un pur plaisir – même si quelque chose me disait que c’était étrange. Faire attention à ce genre de détails, c’était mon travail en général – mais qu’importe ! Grâce à lui, j’ai pu m’amuser un petit peu. J'en profite néanmoins pour emporter le Naginata avec moi, consciente qu'il puisse me servir dans mes entraînements. Un dernier regard dédaigneux à l’ennemi qui a été trop con pour nous parler m’arrache un sourire alors que nous partons, laissons les preuves s’affaisser et se détruire d’elles-mêmes. Un travail bien fait, Otoke ne pouvait pas le nier. Je me tourne vers mon partenaire à sa petite phrase.

« Je pensais que tu n’étais pas du genre à être redevable de services ? »

Mon grand sourire cachant à peine le sarcasme n’est qu’amical et il sait que je le taquine – ce n’est pourtant que lorsqu’il éclate de rire en parlant à Karyuudo que je lui souris de façon sincère, libérant quelque peu le langage stricte de mon corps. Son rire est particulier – il a quelque chose de l’enfant, très loin de l’intransigeant et impitoyable chasseur que les gens reconnaissent en lui. Pour peu qu’ils aient eu l’occasion de survivre à la rencontre. Est-ce parce qu’il a le cœur aussi léger que le mien ? Je l’ignore – cependant je le connais assez pour savoir que je ne vais certainement pas avoir l’occasion de le voir comme ça souvent. Il n’y a pas assez de civils et ninjas vicieux dans ce pays pour satisfaire à nos besoins de liberté. Haussant les épaules, je m’approche de lui et continue la route vers le village le pied léger, calme – un calme qui saura durer quelques jours normalement, vu la dose que je viens de prendre. Pauvres petits cons qui me rencontreront et se feront une fausse idée de moi durant cette période. J’ai envie d’en rire d’avance, et un léger rictus traverse mon visage durant une fraction de seconde avant que je ne m'éclipse dans la nature seule. Il me reste mon Tânto à récupérer et quand je suis dans cet état tellement jubilatoire... Soudainement, je cambre mon corps et continue d'avancer pliée sur la gauche. Non. J'effectue un demi-tour et continue ma marche à reculons, uniquement pour sursauter et virevolter sur mon pied pour me remettre dans l'axe de ma trajectoire. Je perds le contrôle, laissant mon corps se dégourdir plus encore. Putain, ça fait tellement de bien. Vivement la prochaine promenade.

HRP: