Mission a écrit:

Monsieur Totomo a perdu son animal favori ! Un serpent qui mesurerait 3 mètres de long, et qui aurait un fort penchant pour tout petit rongeur ou animal de type chat ou chien. Heureusement, il n'a ni venin ni des envies de manger de l'humain ! Cependant, retrouvez-le avant qu'il ne sème la terreur.

La troisième épreuve de l'examen de chûnin qui consistait en des combats avait maintenant lieu dans trois jours. Trois jours ! Je n'arrêtais pas de m'entraîner seul ou en compagnie de Nuzuro sensei en cachette. Avec ce dernier nous travaillions mes techniques avec les éléphants. Ou plutôt avec un en particulier qui s'appelait Zoroganju et qui était un peu ronchon, un peu bagarreur dans l'âme, mais bien sympathique. L'entente commençait à se faire entre lui et moi et il devenait progressivement un ami. J'étais heureux de voir que nous parvenions à créer des liens si rapidement. Ceux-ci seraient importants pour la suite. Ne pas s'entendre avec un kuchiyose c'était comme posséder une technique inutile, à quoi bon ? Pour ma part j'avais aussi la chance de posséder un bon mentor personnel.
Les jours passaient et je n'avais que peu de temps devant moi pour résumer la chose d'une autre façon. Et pourtant... Les autorités avaient trouvé le moyen de me coller une mission de bas étage... Pour quoi faire ?! On était venu me donner la missive contenant l'ordre de mission juste quand j'étais prêt à partir m'entraîner. Lassé par la chose, j'avais lâcher un soupir des plus longs. Pourquoi une telle banalité devait tomber sur moi ? Alors que tous les autres participants étaient libres de s'entraîner comme bon leur semblait pour préparer leurs combats. Décidément. Merci Monsieur Totomo d'avoir perdu votre serpent, vraiment merci. Pour l'occasion je devais m'acquitter de cette tache avec l'une des élèves de mon collègue Toshiro Ogami, que j'avais juste aperçu de loin. Je ne la connaissais donc pas.

Comme la mission prenait place dans le terrain de jeu qu'était Suna, il était spécifié de retrouver son partenaire au pied du Palais du Conseil Souverain. Je me disais pour me rassurer que cette mission allait être réglée bien vite et qu'elle ne nécessitait pas d'aller à l'autre bout de Kaze no Kuni. Car là ça serait devenu embêtant pour ma préparation à l'examen. Sur le chemin de ma tente au point de rendez-vous, j'avais eu le temps de pester intérieurement.

* Tsss, quel merdier sérieux... ils pouvaient pas mettre un autre genin sur le coup ? ... *

Une pensée significative de ma personne. Flemmard et ennuyé par la simple chose qui venait gêner mes projets dans ce cas précis. D'ordinaire, c'était le cas quand on venait rompre ma tranquillité. Oui je n'étais pas le plus motivé des shinobis d'apparence. Mais ça commençait à changer tout ça si je voulais rattraper ma défunte mère et devenir un shinobi respecté à mon tour. J'arrivais donc quelques minutes en retard et la dénommée Chikamatsu Ruri était déjà sur place. Cela me rappelait que ma première mission en tant que genin avait eu lieu avec un Chikamatsu : Chikamatsu Akage. Perdu de vue depuis... Je saluais la jeune fille, ou femme, de la main, en m'annonçant avec une nonchalance naturelle :

" Hey. Prête pour aller jouer à cache-cache avec un serpent ? C'est moi Tetsui.

Ce à quoi je rajoutais brièvement :

" Bon ça va il a l'air plutôt gros, encore heureux ! Mais quand même, c'est pas cool. "

Je la laissais se présenter à son tour. Cette mission ne me motivait pas le moins du monde ! Ma seule motivation était de la terminer le plus vite possible pour reprendre mon entraînement.

" Je te préviens, moi ça me saoule déjà cette mission puisqu'elle vient me faire perdre du temps alors que je devrais m'entraîner pour l'examen chûnin. Donc on règle ça vite fait bien fait si ça te va, d'accord ? Et je dirais à Ogami que tu peux avoir des missions plus intéressantes que ça au passage. " terminais-je dans un sourire chaleureux.

Aujourd'hui encore, j'avais reçu un ordre de mission. J'en avais reçu souvent ces derniers jours. Cela m'occupait pour la journée voire pour quelques jours, mais au moins ça me faisait faire diverses tâches. Et puis ça m'obligeait à rencontrer des Sunajins.

Après avoir dû surveiller une petite fille gâtée, puis récolter des larves de vers des sables, je devais maintenant retrouver le serpent de Monsieur Totomo. Quelle idée d'avoir un serpent de compagnie... Et de le perdre ! Comment pouvait-on perdre un serpent ? Il ne le promenait pas dans la ville quand même ?

Enfin bon, le fait était que ce Monsieur Totomo avait perdu son serpent, et que Yamada Tetsui et moi devions le retrouver. Je n'avais jamais rencontré ce Yamada, mais je savais qu'on le surnommait "le Sosie", à cause de sa ressemblance avec le Kazekage.

J'étais arrivée sur le lieu de rencontre quelques minutes en avance. Pas question d'arriver en retard comme pour ma dernière mission. Mon coéquipier était arrivé un peu en retard, j'avais donc eu le temps de préparer mon papier de présentation. Il avait l'air... agacé ? Partir à la recherche d'un serpent n'avait pas l'air de l'emballer.

C'est vrai que chercher un serpent dans Suna, c'était un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Ce n'était pas une ville immense, mais quand même. Surtout qu'un serpent, ça ne fait pas de bruit et ça s'introduit facilement chez les gens.

Je lui tendis la note rédigée à l'avance :

« Bonjour, je suis Ruri, enchantée. Je m'excuse d'avance, je ne peux pas parler. Trouver un serpent dans Suna, ça va pas être facile... Par où on commence ? »

Je comprenais que le Yamada voulait retourner le plus vite à son entraînement, mais chercher un serpent, vraiment... On pouvait avoir de la chance et le retrouver vite, comme ne jamais le retrouver. Après tout, on ne pouvait pas lui en vouloir de souhaiter retourner dans son habitat naturel.

Pour simple réponse elle m'avait tendu un papier rédigé au préalable où elle se présentait et s'excusait de ne pas pouvoir parler. Elle faisait aussi remarquer que trouver un serpent dans Suna n'allait pas être facile... ça ! Je le pensais aussi. C'était pas le taff d'une quelconque brigade animalière d'ailleurs ? Me prendre de mon temps pour un bourge qui avait perdu son serpent vraiment ça me gonflait.
Même si j'étais étonné que ma coéquipière et élève d'Ogami ne puisse parler, je ne le montrais pas, me contentant d'acquiescer et d'accepter qu'il en était ainsi. J'étais tout même curieux de savoir pourquoi, mais le serpent primait sur tout.
Je songeais donc un instant à une première piste à explorer en montant ma main à mon menton et en adoptant la pause du penseur. L'ordre de mission spécifiait bien que ce serpent mesurait trois mètres de long, un beau reptile en somme, puis qu'il avait un penchant pour les rongeurs, chats ou même les chiens. C'était cette idée qu'il fallait approfondir. Dans ma tête le plan était clair. On lui donnait la nourriture dont il raffolait tant pour qu'il se montre. Ce serait risqué pour l'animal qui jouerait l'appât, mais efficace.

" Que dirais-tu d'aller faire un tour au centre d'accueil des animaux abandonnés ? Ce serpent semble raffoler des petits animaux qu'il peut avaler. Un hamster ou un bébé chat serait donc parfait pour qu'il vienne à nous ! On prépare le piège, on se camoufle mieux qu'un serpent ne peut le faire, et on le capture ! "

J'observais son visage pour voir ses réactions puis continuais :

" Bien sûr à la fin, l'animal qui sert de piège survit, ça on y prendra soin. "

Cette idée me plaisait parfaitement. Beaucoup plus que le scénario où l'on passait au crible tout le village pendant toute la journée sans rien trouver. Oh que oui. Je n'avais pas de temps à perdre et il fallait donc aller droit au but.

" Pour ça on négocie un ptit hamster au gérant du centre d'accueil et on met tout en place..."

En plus une marionnettiste était la partenaire rêvée pour un tel piège. Je souriais à cette idée.

" Tu es marionnettiste d'après Ogami. Tes fils de chakra seraient tout indiqués pour contrôler à distance l'animal qui nous servira d'appât ! Imaginons que toi tu aies sa vie entre tes mains, pendant que moi... j'irai faire un câlin à un serpent de trois mètres. "

Je soufflais avec nonchalance pour signifier qu'attraper un serpent à mains nues ne m'enchantait guère. Mais puisqu'il fallait le rapporter vivant... J'attendais l'accord de Ruri pour lancer la marche en sa compagnie vers notre destination pour obtenir un petit animal inoffensif et délicieux pour les yeux du gros reptile.

C'était une bonne idée qu'avait eu Tetsui. Nous n'étions pas certains que ça fonctionne, car le serpent avait sûrement de quoi manger dans Suna. Mais c'était toujours mieux que de passer tout le village au peigne fin. Je fis part de mon accord à mon coéquipier d'un hochement de tête.

Je ne savais même pas qu'il y avait un centre d'animaux abandonnés à Suna, c'était donc Testui qui montrait le chemin. Le refuge animalier se trouvait tout au bout du quartier commerçant et la façade était un peu délabrée. En passant la porte, une sonnette annonça notre arrivée et un homme vint à notre rencontre. L'intérieur était dans le même état que l'extérieur.

« Bonjour, nous aimerions voir les animaux, s'il vous plaît. »

"Mais bien sûr", dit l'homme en dévoilant un sourire où il manquait quelques dents, "suivez-moi."

C'est après avoir suivi un couloir que nous arrivâmes dans une pièce avec plusieurs enclos, s'apparentant plus à des cages, de tailles différentes selon l'animal. Il y avait de tout : des chiens, des chats, même des lapins. Mais pas de serpent.

Tous avaient l'air malheureux, attendant d'être adoptés, que ce soit par quelqu'un ou par la mort. Cela me faisait mal au coeur et je me promis de venir faire du bénévolat pendant mon temps libre.

C'est alors que mon regard se posa sur un gros rat tout noir. Pas tout jeune, mais qui avait quand même l'air d'avoir la pêche. Je montrais du doigt sa cage et l'homme s'empressa de venir l'ouvrir. Je plongeais la main dans la cage ; en moins de dix secondes, le gros rat avait grimpé sur ma main, remontant le bras et était allé se cacher derrière mes cheveux, sur ma nuque.

Le vieil homme se raidit et voulu immédiatement récupérer le pauvre rongeur. Je lui fis signe qu'il n'y avait pas de problème. Puis je désignais la bête sur mon épaule à Tetsui, avec un regard entendu. Il n'avait pas l'air de s'y opposer. Après tout, ce vieux raton allait nous aider pour la mission.

Revenant devant le comptoir, j'écrivis un mot que je glissais au vendeur.

« Je prends ce rat. Et ça, c'est pour améliorer les conditions de vie des autres pensionnaires. »

Ce à quoi je joignis la paie de ma dernière mission. Je n'en avais pas besoin après tout, je vivais encore chez mes parents.

C'est donc comme ça que je me trouvais à promener un rat en "laisse" de chakra dans Suna.

Je menais notre duo droit au centre d'accueil pour animaux abandonnés du village. À dire vrai, cet endroit respirait le laisser-aller. C'était plutôt délabré vu de l'extérieur et je ne m'étonnerais même pas de savoir que les animaux présents n'étaient pas heureux et n'avaient droit à aucune preuve d'affection de la part du personnel. Le dedans était correct niveau propreté mais les locataires étaient comme mis en vitrine les uns à la suite des autres dans des cages de différentes tailles. Les chiens et les chats, eux, bénéficiaient d'espaces plus grands pour dégourdir leurs pattes.

Tout ça c'était moche à voir, ça sentait la solitude, et une goutte d'espoir se lisait dans les yeux de certaines bêtes quand on les regardait. La plupart étaient malheureuses.
C'est sur un rat noir que le choix de Ruri s'arrêta. La bête était montée bien vite sur son épaule et y restait calme, alors je n'eus rien à redire. Il fallait qu'elle se sente bien avec le petit animal qu'elle manipulerait pour attirer notre gros serpent.
En partant, ma coéquipière joignit l'équivalent d'une paye de mission pour le rat et les conditions de vie des autres pensionnaires. J'avais dû pencher le regard sur le papier pour lire. C'était assez chiant qu'elle ne parle pas en faites...

Maintenant nous avions bien l'air fin, dans Suna, à nous promener avec un rat sombre tenu en laisse de chakra. Le genre d'animal de type rongeur-vermine qu'il ne me viendrait pas à l'idée d'avoir avec moi. J'étais du genre classique, à préférer les chiens et les chats mais ne voyais pas l'utilité d'en posséder. Le quotidien de shinobi ne le permettrait pas de toute façon, à moins d'avoir une bonne femme à la maison pour s'en occuper, et ce n'était pas ce que je recherchais comme type de vie. J'aspirais à la tranquillité, mais ce serait trop ennuyant pour moi.

« Tu n'as jamais parlé ? » demandais-je pendant que nous marchions sous le soleil.

Affichant un air sympathique et curieux, c'était une question qui me taraudait vraiment l'esprit !

«  C'est curieux. Avec moi tu peux, je ne le dirais à personne... Parce que ça doit être galère en mission de communiquer à distance avec ton équipe. Faudrait pas que ton coéquipier meurt parce que n'as pas voulu ouvrir la bouche pour le prévenir d'un danger tu vois... »

Autant discuter avec elle, même si la seule voix en action était la mienne. On ne pouvait pas réellement savoir où le serpent était donc nous marchions en compagnie du rat, minute après minute. Le temps se perdait.
Elle me répondit, ou non, selon son choix, que déjà au loin j'entendais un cri de femme apeurée. Je fis signe à Ruri de me suivre alors que je courrais vers l'endroit en question, nous menant droit à un salon de thé de taille modeste. Deux tables étaient mises à l'entrée, dehors et sous l'ombre d'une toile. J'entrais à l'intérieur, parmi les clients et les tables, et je vis une chaise renversée non loin de l'entrée. Une femme de la trentaine d'année criait les larmes aux yeux en regardant à droite à gauche, inquiétant par la même occasion toutes les personnes présentes sur les lieux.

« AAAAaaaahh, Puna !! Ma chienne s'est faite emporter par une grosse bête rampante ! Aidez-moi ! Puuunnaaa ! ... »

Elle répéta le même speech deux ou trois fois, une autre dame renchérissait à son tour.

« C'est vrai ! J'ai vu comme un serpent passer à toute vitesse et prendre le toutou dans sa gueule, mon dieu ! »

D'observateur de cette scène, il fallait en devenir acteur. Je soufflais un coup, ennuyé que tant de monde soit présent. Puis j'avisais ma coéquipière. Nos bandeaux nous donnaient un peu d'autorité pour agir.

« Bonjour tous le monde ! Nous allons vous demander de sortir d'ici ! Un serpent se trouve dans le coin et nous devons mettre la main dessus. S'il vous plaît, merci ! »

Le gérant du salon de thé arriva en bousculant son employée pour m'arriver au nez.

« Vous vous croyez où pour faire fuir mes clients de la sorte vous ? » pesta-t-il.

Je le regardais avec ma mine blasée.

« Ecoutez, je vais pas me répéter. Un serpent de trois mètres se ballade dans Suna et il faut croire qu'il jugé bon de se réfugier dans votre salon de thé ou dans la ruelle à côté. Notre mission est de le capturer. Et nous avons un plan, alors coopérez et ne discutez pas on aura terminé plus vite. »

Il pesta à nouveau mais se résigna en aidant lui-même à faire sortir ses clients et en s'excusant auprès de chacun d'eux à la sortie.

HRP:

« C'est plus compliqué que ça, » écrivis-je sur un papier pour Tetsui, « Je parlais quand j'étais petite, mais c'est parti naturellement et maintenant je ne sais plus. C'est justement pour mon équipe que je m'entraîne à reparler. J'essaye, vraiment, mais ce n'est pas aussi simple qu'on le croit... »

Le silence s'était abattu sur notre trio assez spécial. Je savais que ce n'était pas facile à comprendre pour quelqu'un qui n'était pas en situation - même moi j'avais du mal à comprendre parfois. C'était assez difficile d'écrire avec un doigt en l'air, mais je ne pouvais pas lâcher le rongeur en laisse.

« Je l'ai appelé Demon. Parce qu'il est tout noir. »

Le rongeur avait l'air d'être content de se dégourdir les pattes. Je ne sais pas si le nom du vieux rat l'intéressait vraiment, mais j'essayais de relancer la conversation. Quand soudain, on entendit un hurlement. Le Yamada partit en courant dans la direction du cri, et moi j'attrapais Demon avant de le suivre. Déjà qu'il commençait à fatiguer, inutile de le faire courir et lui provoquer une crise cardiaque. Il ne devait pas courir très vite, puis ça faisait sûrement un moment qu'il n'avait pas promené à l'air libre.

Le cri nous mena devant un salon de thé, dans lequel nous étions entrés en trombe. C'était une femme qui appelait au secours, car sa chienne avait été emportée par "une grosse bête rampante". C'était sûrement le serpent de monsieur Totomo !

L'ordre de Tetsui visant à évacuer le salon n'avait pas plu au gérant, mais je laissais mon coéquipier se charger de ce détail. Je me dirigeais vers la femme qui sanglotait.

« Avez-vous vu de quel côté est parti le serpent ? »

Elle releva le visage dans ma direction. Son maquillage avait coulé et s'étalait en abondance sur ses joues.

« Je... je ne sais pas... j'étais sous... le choc mais... mais il n'est pas sorti par la porte d'entrée... » réussit à articuler la dame entre deux sanglots.

Bien, soit le serpent se trouvait toujours dans le salon de thé soit il était parti en direction de l'arrière du magasin. Un rapide coup d'oeil sous les tables et les canapés m'indiqua que la bête avait déguerpi. Après tout, un serpent de trois mètres, ça ne passe pas inaperçu. Je fis signe à mon coéquipier et nous partîmes vers la cuisine, avec le patron sur les talons et rouge de colère.

Le serpent n'était pas ici non plus. J'avais espéré qu'il se trouverait pris au piège, mais la porte donnant sur la cour et la rue était grande ouverte. Ce maudit serpent... Il ne comptait pas rester sagement en place le temps qu'on le récupère. De plus, il fallait faire vite, sinon le chien de madame se retrouverait au fond de l'estomac du reptile.

Les clients avaient tous déguerpi en vitesse et le salon était vide à présent. Le gérant ferma la porte d'entrée au public et accrochait la pancarte qui indiquait « fermé ». On lisait sur son visage le mécontentement et l'embarras de devoir s'y résoudre. Néanmoins il avait tout intérêt à coopérer car je n'avais pas de temps à perdre avec une embrouille futile et des barrières à la réussite de la mission. Ruri, elle, avait pu obtenir un renseignement auprès de la propriétaire du chien envolé, avant que celle-ci ne quitte les lieux elle aussi. Puis elle vérifia sous les tables et canapés que rien ne s'y trouvait et quand ce fut fait, que j'en eus fini avec le gérant, elle me fit un signe de la suivre.

« BON ! Je connais ma propriété mieux que vous alors je vous accompagne. » fit-il catégorique.
« Très bien, mais n'agissez pas à notre place. Nous vous ferons signe de vous en aller quand nous aurons besoin de n'être que deux par contre... » l'informais-je.
« Oui oui ça va... »

Nous allâmes vers la cuisine, qui ne comprenait aucune trace du serpent fuyard. Pour ne pas nous éterniser nous en sortions bien vite. Il y avait la porte menant à l'arrière boutique, une cour donnant elle même sur une ruelle poisseuse, poussiéreuse et sombre. Je fis signe au gérant de se taire avec un doigt sur ma bouche, pour enfin m'aventurer sur la pointe des pieds dans cette cour. Le portillon de celle-ci était ouvert, signe que le serpent n'était plus là...

* Tsss * pestais-je au fond de moi.

Soudain des aboiements aigus et apeurés se rapprochèrent bien vite de notre position. C'était le petit caniche, « Puna », qui passait en courant juste devant nous en fuyant assurément quelque chose. Ce quelque chose ne vint malheureusement pas. Bien sûr que non, ça aurait été trop simple de le choper ici et maintenant grâce à ce petit chien. « Puna » devait être bien coriace et attaché à la vie pour avoir réussi à se défaire du serpent en revanche. Tout mon respect, pour un caniche à bouclettes blanches c'était surprenant... De ce que j'en pensais moi, le reptile devait encore se cacher dans le coin.

Je m'accroupis, caché derrière le muret. De là je regardais le gérant et ses poils de nez en lui faisant signe de déguerpir d'un signe de la main assuré. Il ne ferait que nous gêner avec son odeur de transpiration humaine. Il s'exécuta en m'insultant du regard. Le mien se tourna ensuite vers Ruri à qui je n'avais sûrement pas besoin de dire qu'il fallait qu'elle entre en jeu avec le petit rat nommé « Démon ». Cette ruelle était parfaite par son étroitesse pour mettre en place l'appât. Il fallait pour cela que nous mettions tous nos pions en place. Y compris nous-même.

Le petit chien, Puna, avait survécu au gros serpent. Pour un si petit chien, c'était vraiment un miracle. Le caniche vint se réfugier vers nous, se mettre à l'abri. Tetsui ayant demandé au gérant - qui nous collait toujours et surveillait nos moindres faits et gestes -de partir, j'en profitais pour lui fourrer le chien dans les bras. Il pouvait être content, il allait enfin se rendre utile.

Ce n'est bien sûr pas de gaieté de coeur que l'homme quitta les lieux. Il ne pouvait pas défier nos bandeaux Shinobis, alors il se contenta de nous lancer un dernier regard assassin. La mission n'était pas terminée, mais déjà elle s'allégeait d'un poids. Ce type ne connaissait pas le savon ? Son odeur de transpiration donnait des nausées. J'espérais que ce ne soit pas lui qui cuisinait dans son salon de thé.

Le plus subtil de la mission était maintenant. Il fallait faire preuve de patience, de réflexes et de maîtrise. Le rat dormait paisiblement dans mon col et visiblement n'avait pas du tout envie de servir d'appât. Je lui murmurais mentalement « Ne t'inquiète pas, ça va aller, je veille sur toi.»

J'avais été obligée de trainer le rat jusqu'au milieu de la ruelle. Il n'avait vraiment pas l'air rassuré. L'instinct, sûrement. Tetsui et moi étions cachés derrière un muret, attendant que la bête fasse son apparition.

Les minutes s'écoulaient et le serpent ne se montrait pas. La position à genoux commençait à être inconfortable. Soudain, le rat se figea, paralysé par la peur. Notre monstre approchait. Il était vraiment très gros, cela m'étonnait presque qu'il ait envie de manger un rat. Ça ne lui faisait même pas assez pour le goûter.

Lorsqu'il estima qu'il était à une distance adéquate, le serpent se jeta sur sa proie. Au même moment, je levais le rat par sa laisse de chakra pour le mettre en sécurité. Une demi-seconde après, mon coéquipier se jetait sur le reptile.

Je m'empressais de mettre le rat en sécurité dans mon kimono, et invoqua mon pantin pour qu'il vienne en aide à Testui. Il fallait faire vite et miser sur l'effet de surprise.

Ruri entra en action. L'appât était en place. Car oui, c'était bien elle qui dirigeait ce petit rat noir par le biais de fils de chakra. L'art de la marionnette sur un rongeur, qui aurait cru que je puisse utiliser un tel plan un jour… Comme quoi il m'arrivait encore de me surprendre quand je cherchais la simplicité pour atteindre un objectif. Il avait bien fallu palier au fait que ni moi ni ma coéquipière ne possédions de dons sensoriels développés pour localiser ce pauvre serpent. Parce que oui... j'étais assez misérable en sensorialité comparé à mon père, ce génie en la matière. J'avais hérité de ma mère ? Non même pas puisqu'elle excellait jadis en taïjutsu, alors que j'étais aussi nul dans ce domaine. Ah si. Ce que j'héritais finalement d'elle c'était mon kuchiyose, malgré qu'il soit différent de ses lionnes. Sans compter des traits de caractères que j'avais d'elle et de mon père. Là dessus on ne pouvait pas se tromper.

Le temps semblait très long à rester accroupis, tandis que les minutes passaient. Une crampe commençait à se faire sentir mais mis à part ça je pouvais attendre une heure s'il le fallait. J'étais du genre patient et à prendre le temps. Il y avait juste que le paysage aurait pu être plus joli à voir qu'une ruelle poussiéreuse, franchement. Au moins nous étions à l'ombre.

Soudain, le petit rat sembla se figer sur place, signe que le serpent arrivait enfin. Il avait bien envie d'un petit amuse gueule après tout ! Le moment où il se jeta sur l'appât fut celui où Ruri retira le rat et où moi je me jetais sur le reptile. Je l'attrapais à bras-le-corps alors qu'il se débattait pour tenter de se défaire, mais je serrais de plus belle. Ce fut un combat de plusieurs instants comme ça, à se rouler dans la poussière en poussant des cris de luttes trahissant l'effort, quand le pantin de ma coéquipière entrait en action pour venir m'épauler.

« Trouve un moyen de l'assommer ou de le tranquiliser ! » réussis-je à dire entre deux plaquages au sol.

Il fallait dire que la bête mesurait dans les trois mètres et qu'elle était costaud ! Plus que moi et de loin ! Le saligaud à écailles eut l'idée de venir enrouler sa queue, ou son corps, autour de mon bras droit pour m'en priver. Il y mettait de la force et la constriction commençait à devenir douloureuse pour mon membre.

« Aïe ! Saleté ! »

Je ressentais plus que tout l'envie de chauffer mon bras pour cramer ce misérable mais s'il avait la moindre parcelle de peau arrachée à cause de ça, son propriétaire ne serait pas content et ne paierait pas. La mission devait être une réussite parfaite, et non à moitié.
Je sentais mon bras comme endolori sous la pression du serpent, mais ce dernier semblait maintenant plus occupé à ça qu'à vouloir fuir. Le moment parfait pour Ruri et son pantin de faire quelque chose.

La lutte faisait rage. Le serpent ne voulait pas abandonner sa liberté tout juste retrouvée et il ne se laissait pas faire. Et un serpent de trois mètres, et bien ça avait de la force. C'était un combat de rapport de force, chacun essayant de soumettre son adversaire avec sa puissance. Mais le serpent mit en place une autre tactique : il s'enroula autour du bras de Tetsui. Et d'après la tête de ce dernier, il devait serrer fort.

L'enjeu était de devoir maîtriser l'animal sans le blesser et encore moins le tuer. Mais maîtriser un monstre à écailles qui faisait le double de ma taille... Facile à dire ! Il fallait agir vite, Tetsui commençait à faiblir et il ne fallait pas que le reptile s'échappe. Et ce n'était pas moi avec mes bras gros comme des brindilles qui allait l'arrêter.

Je commandais alors à ma marionnette d'attraper le serpent juste au-dessous de la tête. Je ne savais pas s'il était possible d'étouffer un serpent, mais la situation méritait l'expérience. J'essayais de serrer de toutes les forces de mon pantin, bougeant les doigts et envoyant le maximum de Chakra dans mes fils.

Le monstre desserrait petit à petit sa prise... Jusqu'à ce que mon coéquipier puisse libérer son bras. J'avais une idée en tête, mais pour cela il fallait que le serpent soit plus ou moins immobile et que Tetsui s'éloigne. Étouffer suffisamment la proie pour qu'elle perde sa force, mais sans la tuer...

Je me plaçais devant la bête, puis fit signe à Tetsui de s'écarter. Soit il n'avait pas compris, soit il croyait que j'étais folle, car il ne s'écarta qu'à ma deuxième demande. Je sortis alors un parchemin et grâce à un sceau, enferma le serpent dans celui-ci. Pouf ! Plus de serpent.

La mission était réussie : le reptile capturé, il nous suffisait de le ramener à monsieur Totomo. Les retrouvailles se promettaient intéressantes, car la joie de son maître ne serait pas partagée par l'animal.

Tetsui VS le serpent, quoi que l'on puisse en dire, ce dernier remportait le round. Que ce soit par sa force, ou sa capacité à priver mon bras droit de tout mouvements. Bien sûr cela était dû à la consigne de le ramener en vie et sans bobos à son propriétaire. Sinon j'en aurais sûrement fait un filet tout desséché avec mon don clanique. Serpents, scorpions, araignées et les insectes en général, moi ça me branchait pas plus que ça, c'était pas le genre de bestiaux auxquels je m'attacherais sentimentalement. C'était plutôt le contraire. Ils fichaient les jetons par leurs apparences respectives et puis ils piquaient pour vous envoyer leur venin. S'il fallait choisir je prendrais sans hésiter une simple morsure de chien plutôt qu'une piqûre pouvant devenir aussi grosse qu'une pastèque au niveau d'un œil. Bien sûr ce n'était qu'une image.

Cet enfoiré enserrait mon bras comme on froisserait une canette vide, et ce n'était pas agréable, ça faisait mal. Heureusement Ruri fit ce qu'elle avait à faire au bon moment. Elle utilisa son pantin pour venir étrangler le serpent au niveau approximatif de sa gorge et celui-ci lâchait prise sur mon bras, me permettant de revenir à la charge. Ce que je ne fis pas car ma coéquipière me demandait de m'écarter. Une seconde, deux secondes, je crus un instant que le serpent allait nous filer entre les pattes mais il n'en fut rien. Un parchemin utilisé par la Chikamatsu se chargea de venir scellé la bête. Avec ça il semblait que nous en ayons terminé... Parfait ! Je me frottais les mains pour en chasser la poussière et tapais sur mes vêtements pour en faire de même. Je me secouais la tignasse toute poussiéreuse aussi. Ce combat au corps à corps aurait pu s'apparenter à un combat de boue dans d'autres circonstances.

« Bon ! On dit ciao au gars du salon de thé et on l'amène à Mr Totomo ? »

Plus qu'une question c'était une affirmation. Nous retrouvions donc le gérant du Salon à l'intérieur de son commerce et lui expliquions que l'affaire était réglée ainsi qu'il pouvait donc accueillir à nouveau ses clients. Je pris même sur moi pour m'excuser avec ma nonchalance affirmée, pour la gêne occasionnée. Le tout pour qu'il n'ait pas une image trop négative de la force shinobi du village. Déjà qu'il y avait un bon lot de personnes autoritaires, froides et flippantes dans nos rangs... Montrer qu'il y avait quand même des gentils n'était pas inutile.

Nous fîmes ensuite route jusqu'à l'adresse de Mr Totomo qui nous avait été communiquée avec l'ordre de mission. Comme ça je pourrais enfin reprendre mon entraînement pour la suite de l'examen chûnin. Le monsieur nous fit entrer après que nous lui ayons expliqué la raison de notre venue. C'était un bon bourgeois et il avait pris soin de s'équiper d'un vivarium tout neuf pour que le serpent ne s'échappe plus à l'avenir. Ruri brisa le sceau du parchemin pour libérer le reptile dans son nouvel environnement : pour moi c'était plutôt une prison enjolivée façon tropicale. Mais qu'il y reste pour de bon... D'ailleurs, c'était d'abord les gens comme Mr Totomo qui étaient fautifs de posséder de tels bêtes. Sérieusement... Ce dernier nous remercia et nous pûmes enfin quitter sa demeure pour aller annoncer la réussite de notre mission au palais du conseil souverain. Après quoi, je ne perdis pas trop de temps mais saluais quand même Chikamatsu Ruri avant de m'éclipser :

« Ce fut quand même sympa de bosser avec toi. Peut-être à bientôt vu comment c'est petit ici... »

Je commençais à m'éloigner, puis me retournais en souriant avec gêne d'avoir zappé un truc.

« Ah oui ! Comme dit tout à l'heure, je préviendrai Toshiro Ogami que tu as fait du bon boulot et qu'il pourra viser plus haut avec toi ! Bye. »

Et d'un signe de la main je m'éloignais mains dans les poches. Une bonne chose de faite. Mais ça m'avait quand même pris du temps bon dieu...