- Je n'ai nulle part où aller alors si cela ne te dérange pas j'aimerais rester ici ! Fit la Natsumi, la tête de nouveau reposée sur le torse de son amant.

En réalité, elle désirait ardemment suivre l'homme dont elle était éprise mais sachant la faible femme dont elle était devenue, elle ne tenait pas à lui imposer le fardeau qu'elle était. Si elle pouvait encore se défendre contre un homme ordinaire, elle était devenue une proie facile pour un shinobi même de bas rang et elle ne tenait pas à être protégée en permanence. Là était-ce donc un signe d'un orgueil trop haut placé de la part de la Natsumi ? Aucunement ! L'ancienne kunoïchi de Kumogakure no Satô n'appréciait pas juste de dépendre de quelqu'un. Elle reconnaissait et acceptait entièrement sa faiblesse mais elle tenait à survivre par elle-même même si cela signifiait pour elle endurer les pires des souffrances. Dépendre de quelqu'un était comme une restriction à sa liberté qu'elle tenait à savourer pleinement. À regret, elle laissera donc le Shinda repartir sans elle. Un jour, elle deviendra peut-être assez forte pour pouvoir marcher à ses côtés.

L'épuisement après trois unions consécutives finit par gagner les amants qui s'endormirent dans les bras l'un de l'autre. Leur séparation inévitable qui la hantait bien plus qu'elle ne voulait le croire, empêcha cependant Mairu de dormir correctement. Après seulement une dizaine de minutes d'assoupissement, ses yeux refusaient de se refermer. Après avoir regardé le vide quelque instant, la jeune femme se libéra délicatement de l'étreinte du Shinda pour se mettre sur son séant. Les jambes ramenées contre son opulente poitrine, l'ex-kunoïchi fixa son amant endormi d'un regard empli de tristesse. Se retenant l'envie de lui caresser le visage pour ne pas le réveiller, la Natsumi sortit tout doucement du lit. Elle cacha sa nudité avec la serviette que Michiki lui avait amenée lors de son bain dans la rivière. Le bout de tissu encore humide la fit frissonner de froid au contact de sa peau mais elle le garda sur elle.

Des pas précipités, comme par peur que le Shinda ne se réveille avant son départ, la Natsumi quitta la cabane bien réchauffée pour s'enfoncer dans le brouillard qui s'était épaissi de la Forêt de la brume. Elle retourna auprès de la rivière qu'elle fixa un moment avant de faire glisser la serviette qui la couvrait. Entièrement nue, la jeune femme s'enfonça dans l'eau glaciale. Dos à la rive, Mairu plongea pour émerger quelques secondes plus tard un peu plus loin. Elle était toute tremblante de froid mais elle ne tenait pas à sortir du liquide qui la glaçait de plus en plus. Elle s'infligeait cette torture qui pourrait la faire tomber malade pour tenter d'oublier un instant le Shinda, plus exactement son départ inévitable. S'entourant de ses bras pour se réchauffer vainement, elle priait que Michiki ne viendrait pas la retrouver et qu'il ne serait plus là quand elle retournerait à la cabane afin d'éviter une séparation insupportable pour sa personne. Si elle le voyait partir, elle pourrait le supplier de l'amener avec lui, hors une partie de son être rejetait farouchement cette pensée. Un conflit intérieur poussait donc la Natsumi à commettre un acte bien puéril qui pourrait nuire à sa santé voire même la faire mourir de froid si elle s'entêtait à rester dans l'eau glacée …

La fraîcheur du lit commun et du lieu pas si bien isolé tira le Shinda de son profond sommeil. Il était pourtant très agréable. Sans rêve et sans agitation. Il se passa une main sur le visage, regrettant ce petit moment de paix. Puis son autre main tâtonna le lit à la recherche de sa partenaire. Elle avait quitté la pièce semble-t-il. Il se releva, prenant appui sur ses coudes pour redresser son torse. Ses affaires étaient toujours là, elle n’avait donc pas totalement quitté la demeure modeste.

Quittant la pièce nuptiale il s’aventura dans la pièce à vivre qui était tout aussi déserte. Le feu avait commencé à mourir dans l’âtre. Michiki se pencha pour déposer une nouvelle bûche qu’il regarda se consumer petit à petit. Il pensait la jeune femme partie l’espace d’un instant à l’extérieur mais elle commençait à tarder. Il prit donc de quoi se couvrir car la fin de soirée devait être fraîche. Il sortit et huma l’air ambiant. L’air réapprovisionna ses poumons en oxygène, saturés jusque-là par le renfermé de la petite maisonnée. Puis il fit appel à ses sens pour retrouver la trace de celle qu’il pouvait appeler aujourd’hui sa dame.

Elle semblait s’être rendue au même endroit que précédemment, au bord de la rivière. Il marcha d’un pas lent, mains dans les poches. Il prenait son temps pour contourner les arbres et éviter les bosquets jusqu’à finalement arriver à destination. Il la vit non loin de la berge, plongée dans l’eau qui devait être glaciale, dénudée. Il l’observa un moment depuis sa rive. Elle semblait pensive, happée par ses pensées les plus intimes. Et un brin de tristesse se ressentait presque. La faute du Shinda ? Peut-être. Il avait encore du mal à se familiariser avec les sentiments humains. Il hésita un instant à signaler sa présence d’une manière ou d’une autre. Au final, il se plaqua contre le tronc d’un arbre, dos à elle. Il se saisit d’une cigarette qu’il garda un instant éteinte. Il ne l’alluma que quelques minutes avant de repartir, laissant sur place une brève odeur de tabac et la veste qu’il avait prise pour lui. Sans aucun vêtement, elle risquait d’avoir vraiment froid en sortant de l’eau.

Mais sa réaction semblait démontrer une volonté de s’isoler. Il ne comptait pas imposer sa présence. Une fois de retour à la cabane, il mit une bouilloire sur le feu ravivé puis il ramassa ses maigres affaires avant de se tenir sur le seuil de la porte. Un bref regard sur cet endroit qui changeait drastiquement au fil du temps. De repaire de son mentor il passait à petit cocon nuptial. Il soupira, un léger sourire sur les lèvres avant de quitter définitivement le lieu. Il délaissa dans une soucoupe la fin de sa cigarette encore fumante. Une petite braise timide qui s’éteignait progressivement alors que le Shinda était déjà loin de la maisonnée. Il était lui-même profondément plongé dans ses pensées jusqu’à ce que le néant ne le gagne. Brusquement. Lui-même n’eut pas le temps de sentir venir cette sensation. Et pourtant Shinda Michiki se retrouva étendu au sol, inerte, alors qu’une mystérieuse silhouette surgissait de l’ombre crépusculaire.

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