Spoiler:

Reportant son attention sur Kihran, elle haussa un sourcil dans sa direction, n’ajoutant rien à son scepticisme. Elle avait donné son point de vue, que Kihran aille se forger le sien une fois la séance d’entraînement terminée auprès du guignol sur la place publique.

Un peu d’imagination, fais apparaître un éléphant rose, quelque chose de flagrant… Cet entraînement n’aura rien de bien fameux. Ce n’est pas un vrai combat. Le but est simplement de vous aider à perfectionner la canalisation de vos genjutsus en vous fournissant une cible d’exercice, tout en vous habituant à vos illusions réciproques. Ainsi vous serez accoutumés à les mêler dans le but de produire un Genjutsu commun d’autant plus puissant pour un coût individuel moindre dans le cas où vous combattrez ensemble à l’avenir.

Ça va ils avaient suivi ? Madame Mizuki était moins sceptique ? Cette enfant méritait des claques de temps en temps. Bon il faisait légèrement froid et le vent soufflait quelque peu, de quoi les glacer davantage. Mais ils étaient tous trois des ninjas et pourraient survivre un petit moment. C’était comme ça que l’on forgeait les personnalités : quand on était élevés à la dure.

Bien, allez-y.

Début du spam de Kai. Restant immobile, elle assista aux différentes techniques de ses élèves. Des insectes et des branches. Dissipant sans broncher les deux techniques à l’aide de ses insectes qui perturbaient son chakra interne, Miko sortit une cigarette. Autant le coup des insectes était finement joué, autant les branches, il était évident que vu la surface sur laquelle ils étaient …

Essayez de m’empêcher le plus possible de sortir de votre illusion. On dirait que vous n’y croyez pas vous-même. Forcez-vous un peu, canalisez d’avantage votre chakra … Kihran, Mizuki ne te l’a sûrement pas dit, mais une grande partie de l’utilisation du Genjutsu repose sur la finesse. Le mieux reste de faire croire à ton adversaire qu’il est toujours dans la réalité. Alors que là … Honnêtement non, je n’ai pas réellement cru que des branches avaient soudainement poussé d’un sol en béton. Erreur de logique.

Bon, premier coup un peu dur, il faut dire qu’elle n’avait pas réellement essayé non plus de ménager les illusions de ses deux élèves. Mais au moins maintenant mettraient-ils plus de cœur à la tâche

Peut-être que toi aussi, tu as dans ton entourage cette personne très gentille mais qui, quand tu lui parles, te fait automatiquement penser « Putain, t'as mal été décongelée ou quoi ? ». L'esprit de l'individu en question fourmille de solutions à des questions que seul les gens qui lèchent des flacons de Térébenthine peuvent se poser, comme : « Pourquoi on ne relie pas les cercueils à des clochettes, pour que les gens enterrés vivants puissent se manifester ? »… Une bien belle idée de merde qui présente une kyrielle d'avantages, au demeurant. Admettons : t'es nécrophile (ça peut arriver). T'arrives avec ta pelle, tranquilou pilou, tu te fais chier à déterrer un cadavre et tout, et là, PAF, la tuile : en fait le mec est même pas mort, il joue à Chifumi avec les trois doigts qui lui restent, bah c'est chiant, t’as perdu ta journée. Alors que s’il avait sonné, t’aurais creusé à côté, quoi.

La même chose se passe quand on me propose à l’improviste, comme si de rien n’était : « Hey Mizuki, toi qui croule sous un boulot que je ne fais pas, ça te dit de venir faire mumuse avec ton coéquipier qui s’entraîne au Genjutsu – que tu es censée maîtriser – pour que toi aussi, tu puisses t’amuser à te prendre dans la tronche moult remarques et critiques justifiées et diplomates ? ». Là vous vous dites : « impossible qu’elle ait accepté, elle n’est pas folle ». Eh bien, jeune gourgandine, mais si, c’est possible, avec la carte Kiwi. Je me retrouvai sur le toit du palais avec Kihran, à moitié énervé du sort qui a été réservé à Demon, et Hokage-Sama-Kawaï qui nous défonce à la moindre attaque.

J’avais déjà lancé un Genjutsu, dont elle s’était débarrassée rapidement. Très drôle, quand forcément elle est au courant que tout ce qu’on va faire va être illusion, ça rend plus simple le spam de Kaï, hein. Moi aussi je peux le faire. Bon pas longtemps, mais je peux le faire. Mais je ne perds pas espoir, j’ai un semblant de début de plan. En fait j’en avais deux, mais on va commencer par le plus simple. Formant les mêmes mudras que précédemment, je lançai une fois de plus le genjutsu qui lui faisait croire qu’elle était attaquée par des insectes. J’avais pleinement conscience que ça ne servirait à rien, et qu’elle allait me jauger avec mépris, du style « Tu te fous de ma gueule balai à chiotte ? Tu viens de le faire ». Sans surprise, elle ne cligna pas des yeux, me lançant un regard froid avant de se refocaliser sur Kihran et sa propre illusion. L’occasion parfaite.

Composant de nouveaux des mudras, Miko se vit une nouvelle fois assailli par des insectes. J’imaginais aisément qu’elle allait me maudire, m’insulter de tous les noms, sauf que cette attaque avait quelque chose de particulier : elle n’avait rien d’un genjutsu. Les insectes envoyés étaient des vrais insectes : un kai n’aurait aucun effet sur elle. Et pourtant, la nuée ressemblait en tous points aux deux attaques qu’elle venait de subir. Saura-t-elle remarquer dès le début que c’est une vraie attaque ? Sans doute pas. Je ne pense pas qu’elle se prendra l’attaque pour autant : j’espère qu’elle sera quand même capable de réagir à cette attaque. La honte, sinon. Je ne mets pas ma main à couper qu’elle réussira la prochaine, cependant…

Ce silence pesant de la part de ses deux élèves. Mizuki habituellement bavarde s’était tue, trop concentrée ou trop vexée pour dire quoique ce soit visiblement, et Kihran devait continuer à entretenir son silence boudeur. Mais bon, pas de soucis. Impassible, elle attendit la deuxième vague qui ne tarda pas à venir. Mizuki lui envoyait ses insectes… Encore la même technique … Un peu d’originalité que diable. La voyant continuer son mouvement, l’Aburame remarqua une deuxième vague d’insectes. Deux genjutsus ? Haussant un sourcil, elle troubla son chakra, s’apercevant que l’une des techniques continuait de lui foncer dessus.

* Hmmm sale petite...*

Pensa-t-elle alors qu’elle reculait d’un saut en arrière, préparant un mudra. N’avait-elle pas compris le principe d’un entraînement purement basé sur le Genjutsu ? Rhaa elle allait lui en coller une. Mais d’un côté elle avait raison, dans un vrai combat, elle aurait à mêler le tout pour surprendre son adversaire et s’en débarrasser. Au moins sa tentative lui permettrait de tester sur le terrain une technique qu’elle s’était rapidement entraînée à pratiquer pour différents cas de ce genre : arrêter les petits projectiles style shurikens ou kunais sur un large champ mais également la faire disparaître du champ de vision de son adversaire, le temps pour elle de se camoufler ou de charger directement au travers de la fine couche de terre.

Emmagasinant du chakra dôton dans sa bouche, elle expulsa alors un mince écran de boue mais d’une très grande surface qui se dirigeait vers ses élèves. Mizuki se chargerait du ménage une fois l’entraînement terminé en compensation. L’attaque était bien faiblarde mais se chargerait de bloquer son essaim sauf si elle lui avait insufflé l'un de ses chakras affinitaires.

Se redressant, pensant la chose finie, elle fut de nouveau surprise en voyant son écran réduit en lambeaux. Les insectes ? Non, elle les avait eu. Alors … Kihran. Il avait dû souffler la même attaque que lors de leur dernier entraînement. Nouveau mudra, nouvel écran. La boue avait beau ne pas être particulièrement résistante, elle bénéficiait d’un avantage élémentaire contre le fûton.

La pellicule n’était pas particulièrement dédiée à la défense de dernière minute mais elle devrait suffir à arrêter les lames de vent déjà diminuées. L’écran se fissura à deux-trois endroits cependant, dont une à hauteur de son visage. Sentant comme une piqûre au niveau de sa fossette alors que la boue absorbait le reste des lames, l’Aburame porta son doigt à hauteur du visage, le passant sur la blessure.

Elle le regarda de nouveau afin de constater la rougeur de son sang. Une simple égratignure. Mais une égratignure de trop … Relevant le visage, elle eut soudainement les paupières lourdes. Le vent avait-il été empoisonné. Comment … Quand ... ? Kihran n'était pas versé dans l'art des poisons. Et ce même, comment était-ce possible, aucun pollen. Une illusion ? Elle n’avait pas regardé l’Hayashi avant à cause de ses écrans. Pensant comprendre alors que sa tête se balançait, elle brouilla de nouveau son chakra tout en se craquant le doigt alors qu'elle se sentait soudainement moins engourdie.

Bien.

Froide, de nouveau pleinement réveillé,Miko légèrement énervée que ses consignes d’entraînement n’aient pas été respectées libéra une importante masse d’insectes qui recouvrit l’ensemble du toit du palais. S’avançant calmement dans le nuage, elle fit deux gestes de la main devant elle comme si elle baffait de manière imaginaire ses élèves même s’ils se prendraient bel et bien quelques coups et disparut dans le nuage d’insectes, aux aguets cette fois ci. Sa sensorialité de sortie, elle s’apercevrait bien par elle-même si sa théorie sur le dernier genjutsu de l’Hayashi était véridique.

Je suis pas experte en agacement de Miko (en fait, si) : mais je crois qu’elle l’était. Que ce soit Kihran ou moi, tous deux avions attaqué physiquement l’Hokage, alors que la base de l’entraînement ne se situait que dans des illusions. Mais le but était de nous entraîner à les utiliser : les mettre en situation réelle, en les combinant à d’autres attaques, était une forme d’entraînement. D’autant que lancer les techniques de genjutsu, et Kihran et moi maîtrisions assez le sujet. Il fallait passer à un niveau supérieur : nous prend-elle vraiment pour des bébés ? C’est limite vexant. Enfin, toujours est-il que Miko aussi était passée au niveau supérieur et se dissimulait désormais dans un nuage d’insecte. Ouais, ouais : un nuage d’insectes. Je restai plantée là, à voir ces milliers de petites bestioles se diriger vers moi. Mes yeux s’écarquillèrent, mes jambes se mirent à trembler : j’étais paralysée de terreur rien qu’à la vue de cet essaim. Je tolérais les miens parce que je n’avais pas le choix : subir ceux des autres, merci mais non merci.

Plus que quelques mètres. Qu’est-ce que je vais faire ? Je ne sais pas. Ma respiration se coupe, mes jambes refusent de bouger. Kihran a déjà disparu, Miko également. Je suis seule désormais sur ce toit. Et pourtant il faut que je fasse quelque chose. Ma tête refuse de tourner pour apprécier les possibilités qui s’offrent à moi. Ma vue se trouble, non pas parce que le nuage m’a atteint, mais parce qu’ils se gorgent de larmes. Plus que quelques centimètres. Le bourdonnement que leurs ailes font semble être le dernier bruit que j’entendrais. Je déglutis plus difficilement que jamais. Les bras balancent mollement le long de ma cuisse. Mes doigts tremblent à leur tour, emmenant avec eux dans leur funeste danse mes mains et mes bras, et mon corps en entier. Ces quelques secondes qui ont permis à Miko de recouvrir tout le toit avec ses insectes parurent être des heures. Et, au bout du compte, les insectes envahirent l’espace autour de moi, obstruant ma vue, s’accrochant à moi, marchant sur ma peau.

Et je crois que jamais, je n’avais poussé un tel hurlement de terreur.

- ARRETE CA. FAIS LES PARTIR. FAIS LES PARTIIIIIIIIIIIIIIIIIIR.

Mes yeux s’injectèrent de sang, j’étais prise de violents tremblements, frappant mes bras, mes jambes, pour essayer de tuer ces immondes bestioles qui ne cessaient de grimper, de s’envoler, d’atterrir sur moi comme si j’étais un vulgaire arbre. Mes yeux coulèrent seuls. Je me mis à genoux, tentant de faire d’immenses mouvements (ouais parce que c’est bien connu, un mouvement de bras dans les airs et pouf, les insectes se disent « Oh miiiiince, elle bouge les bras, on doit s’en aller »). Un deuxième hurlement s’en suivit lorsqu’une nouvelle nuée vint me frapper en plein dans le ventre, finissant de m’allonger sur le sol en pierre dure. Je recrachai du sang, non pas que l’impact fut violent, mais les tremblements incessants et la terreur que je ressentais me faisaient serrer les dents tellement fort que je m’étais mordue la langue.

Je me mis en position fœtale, incapable de parler plus, fermant les yeux, et seul un léger gémissement s’échappait de mon corps à l’agonie. Une seule phrase que je ne cessais de répéter, encore et encore, sachant très bien que personne ne viendrait m’aider.

- Je vous en prie, faites que ça s’arrête. Je vous en prie, faites que ça s’arrête. Je vous en prie, faites que ça s’arrête. Je vous en prie, faites que ça s’arrête…

Spoiler:

Les insectes dans le voisinage proche de Kihran furent repoussés, mais pas trop violemment, le chakra de leur hôte les protégeant aussitôt et les empêchant de bringuebaler au gré du vent. La brise s’étala néanmoins à l’ensemble du plateau, faisant voler ses cheveux et ses vêtements alors qu’elle maintenait son camouflage rudimentaire. Souriant à peine, elle eut confirmation dès le premier souffle de ce qu’elle avait supposé un peu avant. Un genjutsu pour le moins inhabituel. Utiliser son chakra fûton pour faire tomber ses adversaires dans l’illusion changeait de l’habituel genjutsu visuel et était bien plus difficile à contrer.

Dissipant l'immense fatigue qui s'emparait d'elle, elle brisa à nouveau la nouvelle illusion de l’Hayashi, un cri strident retentit à l’opposé du toit. Tout sourire disparut. Sa deuxième élève. L’Aburame qui avait peur des insectes. La gamine avait fait d’immenses progrès depuis qu’elle avait quitté Konoha et n’avait même plus peur de ses propres coccinelles. Cependant … L'ancienne fugitive avait été bien naïve à croire que sa phobie était définitivement partie.

... Tu es une honte.

La silhouette de l’Aburame pouvait être aperçue à travers la nuée d’insectes alors qu’à ses côtés Kihran qui était venu au secours de sa camarade s’effondrait devant elle, le poison paralysant de quelques-uns des frelons de l’Hokage ayant rapidement raison de lui. Il avait prouvé ses progrès et ses compétences, mais son entraînement se terminerait ici pour aujourd’hui. Celui de Mizuki en revanche ne semblait que tout juste commencer. La silhouette de l’Hokage se dédoubla dans le nuage.

Moi qui pensais que tu avais changé.

Encore un double, puis un autre.

... Que tu avais progressé.

Au fur et à mesure de ses paroles, des ombres se dessinaient tout autour de la jeune fille et du corps inconscient du garçon alors que les insectes continuaient d’affluer, croquant ci et là la peau de celle pour qui Miko avait pourtant beaucoup d’espoirs malgré ses paroles plus dures.

Mais non.

Le vrombissement s’amplifia alors que les ombres parlaient à tour de rôle d'une voix de plus en plus tonitruante et autoritaire.

Kunoichi ?
Aburame ?
Konohajin ?
Ridicule oui.
J’avais laissé une gamine effrayée par son ombre.
Et je pensais avoir retrouvé une jeune femme sûre d’elle.
Mais je m'étais visiblement trompée.
Ressaisis-toi.
Endurcis-toi.
Pas pour moi.
Ni tes parents.
Ou le village.
Fais le pour toi.

Les ombres s’agrandissant, elles plongèrent alors sur le duo, le recouvrant entièrement. L’Aburame originale, elle, n’avait pas bougé de sa place, le visage totalement hermétique au moindre sentiment. Une nouvelle déception ?

Tu continues à marmonner, les yeux remplis de larmes. Tu laisses tomber, ils sont de toute façon trop nombreux pour être maîtrisés. Tu les laisses sur ta peau, qui n’a d’ailleurs plus aucune sensibilité. Tu as mal, mais la plus grande douleur se trouve à l’intérieur. Toi, qui as tout fait pour te sortir de cet état de médiocrité dans lequel tu t’étais plongée, tu vois ressurgir tes anciens démons comme si le chemin que tu avais fait jusqu’alors n’avait servi à rien et que tu étais retournée à ton point de départ. Ta tête tombe mollement sur ta main, alors que tu es allongée au sol, sur ton flanc. Tes longs cheveux recouvrent à moitié ton visage, mais tu la vois quand même approcher. Tu l’entends, au loin, te dire tout ce que tu n’avais plus jamais envie d’entendre. Tu l’entends mettre des mots sur tout ce que tu craignais, sur tout ce que tu redoutais. Car oui, tu dois maintenant l’avouer, tu es devenue plus forte pour ne plus être un fardeau, pour te sentir mieux, mais aussi pour qu’enfin elle te reconnaisse. Tu as tout fait pour pouvoir te battre, tu as tout fait pour être plus puissante : mais ce n’était apparemment pas suffisant. Et la légère brise qui souffle dans ton cou ne parvient pas à te réconforter.

Une larme coule sur ta joue, pendant que tu marmonnes encore faiblement pour supplier qu’on arrête. Mais personne ne t’entend. Tu es une honte, une gamine. Et le pire dans tout ça, c’est que tu le sais. Mais qui ne le serait pas ? Des compétences qui peinent à s’améliorer ; une senseï, un modèle et une Hokage qui refuse de voir en toi autre chose que la gamine effrayée qu’elle avait hérité lorsque tu avais quatorze ans ; un sentiment de confiance en soi totalement absent ; un entourage inexistant qui n’est fait que de deuil depuis plusieurs années. Le vent commence à souffler et à faire vaciller tes cheveux. Peut-être qu’au fond, la voie de ninja n’est pas faite pour toi. Tu es une Chûnin, et pourtant, tu donnes l’impression d’être moins qu’une aspirante. Tu relèves péniblement la tête, miteuse et pathétique. Tu es en enfer. Des silhouettes de Miko faites en insecte. Tu as envie de courir mais tes jambes refusent de se soulever. Tu as envie de te protéger mais tes bras refusent de bouger. Tu as envie de crier mais ta bouche refuse de parler.

Alors, tant pis. C’était, au fond, une belle aventure…

Et pourtant, le vent autour de toi ne cesse de souffler. Tu sens les petites bêtes partir de plus en plus. Tu sens tes cheveux voleter de plus en plus fort. L’horrible silence bourdonnant des insectes laisse place à une tempête qui hurle dans tes oreilles. Tu soulèves tes yeux rougis, et tu vois qu’autour de toi, un cyclone de vent et de chakra s’est formé. Bien trop de chakra comparé au vent, tu en es consciente, mais tu sais aussi que tout cela : c’est à toi. Les insectes s’envolent, le ciel réapparaît. Tu peux lever la tête, les dents serrées, le cœur battant à tout rompre dans ta poitrine. Tu es comme possédée, prête à tout pour sortir de cet enfer.

Alors, enfin, tes jambes acceptent de se soulever.
Enfin, tes bras acceptent de bouger.
Enfin, ta bouche accepte de hurler.

En un instant, tu es debout, et tu peux voir le toit comme il était quelques minutes auparavant. Miko, toujours très calme, se trouve en face de toi, qui es toujours entourée d’une quantité impressionnante de chakra pour une technique qui n’en nécessite clairement pas autant. Mais tu retiens une chose : il n’y a plus de nuage d’insectes autour de toi. Juste ce vent persistant qui empêche les bestioles de ta senseï de revenir sur toi. A quelques pas à ta droite, tu remarques le corps de Kihran, inanimé. Tu la fixes, pour la première fois avec un regard que tu ne reconnais pas : tu l’as toujours admiré, mais là, en cet instant, sur ce toit, tu n’as qu’une envie : qu’elle disparaisse.

Mais tu n’oublies pas les raisons pour lesquelles tu es là. Elle voulait un entraînement au genjutsu. Elle voulait vous montrer à quel point vous étiez faibles dans ce que vous considérez être votre force. La réaction qu’elle a eu pour l’Hayashi prouve qu’elle s’est trompée une première fois : elle a mis fin à son entraînement, elle en avait vu assez. Toi, elle t’avait méprisé. Et elle avait eu raison. Mais c’était à toi de montrer ce que tu savais faire. Cette technique, tu l’avais essayée plusieurs fois. Tu t’étais entraînée, tu avais pratiqué plusieurs heures pour arriver à une version potable. Tu savais qu’elle ne serait pas parfaite, mais tu voulais lui montrer ce que tu étais capable de faire.

En moins d’une seconde, le bruit assourdissant provoqué par le vent se tut, ne laissant pas plus de temps aux deux femmes pour se regarder. Et le silence mortuaire ne fut brisé que par ta voix, qui disait, d’une voix faible :

- Meurs.

Spoiler:

Les insectes furent tout bonnement soufflés au loin par un vent extrêmement puissant. Les silhouettes d’insectes disparurent, effritées par les bourraques. Ne restait plus que deux personnes debout. L’élève et le maître… Ah et il y avait aussi Kihran qui traînait toujours par terre. Et pour une fois, elle ne le critiquerait pas. Il s’affirmait à vue d’œil depuis ces dernières semaines. Miko avait pu le voir une nouvelle fois aujourd’hui : il serait un candidat qu’elle n’aurait pas à honte d’aligner face aux autres villages au cours de l’examen à venir.

Relevant son regard vers Mizuki, l’Aburame demeurait silencieuse. Ce n’était plus la fillette apeurée. Non. Une battante. Le regard enflammé de la jeune femme en témoignait. Son visage à elle restait néanmoins lisse de toute émotion. Elle n’avait pas fini de la jauger.

Meurs.

Serrant son cœur comme si elle avait subi une crise cardiaque soudaine, l’Aburame tomba à genoux, une douleur lancinante dans la poitrine avant de finir de s’écrouler. Où était-elle ? L’endroit était noir, vide et elle aurait bien dit glacial si elle avait pu ressentir quoique ce soit. Ce vide … Non … Était-ce à ça que ressemblait la mort ? Ne sachant si elle chutait indéfiniment ou si elle restait statique, l’Aburame s’abandonna à la pénombre. S’imaginant sourire, elle se laissa aller à penser qu’elle commençait à se faire vieille. La nouvelle génération s’affirmait de plus en plus au sein du village. Et elle ne parlait pas seulement de Mizuki et de Kihran dont elle avait pu attester des progrès aujourd’hui. Tous autant qu’ils étaient assuraient une relève prometteuse.

Une liste de noms et de visages défila dans sa tête, sa mélancolie commençant à refaire surface. Était-ce donc ça que d’être mort ? Vivre enfermée dans ses regrets et ses souvenirs ? Que devenaient On’, Maïka et Ninigi ? Retrouverait-elle tous ceux qui l’avaient abandonné ces quarante dernières années de l’autre côté du voile ? Leurs visages lui revenaient alors également. Des inconnus, sa famille, ses amis … ses amours … À cet instant elle s’imagina avoir les larmes aux yeux. Peut-être que mourir pouvait avoir ses avantages… Mais pourrait-elle soutenir les regards de ceux qu’elle avait perdu et qui avaient chéri plus que tout ce village pour lequel bon nombre étaient maintenant disparus ?

Non, son devoir n’était pas encore accompli. Un énième Kage disparu trop tôt, voilà ce qu’elle serait ? La gloire … elle s’en moquait bien de marquer l’histoire. Mais elle s’était faite une promesse lors de son investiture. Une promesse qu’elle s’était rappelée de longtemps avant en réalité, quand elle avait rejoint la Racine : assurer la protection et la prospérité des habitants de Konoha et de Hi no Kuni. Sa mort n’entraînerait pour l'heure qu’une nouvelle vague d’instabilité à ce qui se voulait pourtant l’une des principales puissances du monde shinobi.

Ouvrant les yeux dans la pénombre, elle aperçut la lumière au bout du tunnel alors que ses insectes troublaient son chakra. Reprenant conscience debout devant Mizuki, Miko baissa légèrement la tête et ferma les yeux le temps de compter quelques respirations. Ramenant son regard en direction de Mizuki, l’Aburame éprouvée mentalement et chakratiquement, approuva de la tête en direction de la gamine qui lui faisait face avant de se retourner.

Ta maîtrise du chakra reste encore à revoir … Mais je pense que nous pouvons nous arrêter là pour aujourd’hui… Vous vous êtes bien débrouillés.

Lâchant sa dernière phrase après un long silence, Miko commença à se diriger en direction de la sortie. Ils pourraient en rester là pour aujourd’hui. Se retournant à moitié en direction de Mizuki, elle lui lança une dernière consigne alors qu’un insecte s’envolait du corps de Kihran pour la rejoindre.

Les effets du tranquillisant devraient bientôt disparaître, mais il restera probablement dans un état de fatigue encore quelques heures le temps qu'il purge par lui-même les restes de venin. Ramène-le chez lui et prend le reste de ta journée, il ira parler à Demon une autre fois.

Quittant le toit, elle laissa là le duo ... De son côté, elle avait à réfléchir.

Spoiler: