Spoiler:

Me voici marchant à pas égaux en direction de l’étape suivante. Je m’étais trouvé une nouvelle identité, une nouvelle apparence totalement opposée de ce que j’ai pu être jusqu’à ce jour. La plupart des actes que j’aurai à mener, tel que je les ai planifiés, m’obligeront à une certaine prudence. Voilà pourquoi, je me promène désormais sous les traits actuels. Cape rouge, distinguable à mille lieux, certes. Mais je ne crains pas grand-chose à être repéré. Un simple pantalon guère propre oscillant entre le noir et le gris. Est-ce seulement un effet poussiéreux ? Cependant, au-delà de tout cela, c’est certainement, mon nouveau visage qui offre le plus de curiosités. Un visage au teint pâle, presque comme anémié. Une bouche aux contours fins, laissant une impression de fermeté quasi perpétuelle. Même mes lèvres semblent « froides ». Un autre élément frappant, est la couleur rouge de mes pupilles. Rouge sang, accentuant mon aspect sévère. Mes sourcils, broussailleux, bien fournis, contournent mes yeux en suivant la courbe vers le haut du nez. Il me suffit de les froncer un tant soit peu, pour clairement faire comprendre une mauvaise intention de ma part. Tout ce portrait se termine par de longs cheveux, fins et gras. Un bandeau, couleur rouge aussi, est noué autour de mon front. Le Daisanji est prêt !

Je me dirige vers l’ouest. Mes pas, me mènent à travers les marécages, zone tampon entre les terres arables de Shimo et le pays d’après : Yu no Kuni. Il y a de l’eau boueuse partout. Il faut faire bien attention à l’endroit où l’on pose ses pieds, de peur de devoir voir ses pieds s’enfoncer dans le sol. Je suis obligé d’user de mon chakra pour maintenir une adhérence à la terre et continuer à marcher tranquillement à travers ce bourbier. Une odeur des plus détestable empli mes narines. Il s’agit d’un mélange d’humidité, de décomposition et de renfermé car il faut le dire, une végétation particulière emplit la zone. Des arbres aux troncs frêles mais aux feuilles offrant une barrière touffue contre les rayons du soleil. Voilà ce qui explique pourquoi une faune spécifique fait la loi ici. Il n’y a guère de fauves, mais énormément d’insectes de toutes sortes. Le serpent doit être roi ici.

Cela fait plusieurs heures que je déambule à travers cet écosystème. A vrai dire, j’aurai du prendre la voix des airs. Plus reposant, plus pratique, plus rapide. Pourquoi diable ai-je suivi mon instinct ? Et alors que je poursuivais ma route, j’entends… Des pas. Plusieurs personnes dans les alentours fonçant simultanément dans ma direction. Je m’arrête. J’écoute. Plus loin encore afin de comprendre ce qui m’attend, car je ne me fais guère d’illusions, je suis probablement tombé dans un guet-apens. Plus loin, une seule présence. Est-ce cette personne qui a commandité cette attaque ?

Deux, trois, quatre personnes apparaissent à mes côtés. Ils ont l’air menaçant, je dois l’avouer. Mais je doute fort qu’ils s’en seraient pris à moi s’ils savaient réellement qui j’étais et de quoi j’étais capable.

_ Tu vas gentiment nous filer tout ce que tu possèdes, ou tu crèveras comme un chien.

Le plus courageux de cette bande de détrousseurs certainement. Il cracha au sol à la fin de sa phrase. Sa main droite me menaçait d’un sabre. Je le regarde de mes yeux rouges. Puis je regarde chacune des trois autres personnes. Tous à peu près le même âge. Entre 25 et 30 ans. Tous dans la force de l’âge. Quel gâchis.

« J’imagine que l’odeur de mort n’est rien d’autre que le résultat de vos… attaques ? »

_ Ta gueule ! Envoie la thune !

Je ferme les yeux et secoue la tête. Moi qui leur cherchais une excuse afin de ne pas les tuer. Je pense que je ferai mieux d’épurer la région de cette bande d’agresseurs sans vergogne. Un kunai qui tombe dans ma main, sortant tout droit de ma manche. A peine cinq secondes entre le moment où le talon de mon pied droit décolle de terre et le moment où ce kunai ensanglanté perfore violemment le cou du dernier opposant. Le temps de trois clin d’œil et voilà quatre corps qui foulent le sol. Inanimés.

J’observe le résultat de mon action puis je nettoie le kunai sur les cheveux du plus proche décédé. Je me redresse, le dernier opposant n’est guère plus loin. Il est à portée de kunai. Probablement a-t-il vu ce qui s’est passé. En ce cas pourquoi n’a-t-il pas fui ? Est-ce parce qu’il est d’un tout autre niveau ?

« Je te conseillerai d’éviter ma route si tu ne veux pas voir ta vie prendre fin aussi bêtement. »

Et je regarde dans la direction du nouveau venu.

Les quelques animaux peuplant cet endroit, qu'ils soient dangereux ou inoffensifs, ne me posèrent aucun problème. La vie à Kusa, à Kaze no Kuni et mes périples par delà la mer m'avaient permis d'apprendre deux ou trois choses assez utiles les concernant. En revanche, si la faune semblait me laisser en paix, il y avait une autre espèce bien plus pernicieuse et inconsciente qui parcourait ces terres : l'Homme. C'était de ceux-ci dont je me méfiais le plus car à la différence des bêtes, ils ne répondaient que rarement à la peur, et pire encore; ne savaient pas identifier une menace au premier regard. L'instinct animal nous faisait sûrement défaut... Enfin, la faible luminosité et l'ombre projetée par la forêt m'offraient un camouflage idéal pour me déplacer sans être vue, et pour observer.

Je zigzaguais entre les arbres d'un pas léger mais rapide, traversant par moment un faible rayon de soleil ayant réussi à forcer la canopée. J'écoutais, j'observais, je surveillais. Ce fut à peu prés à ce moment qu'un son suspect -qui ne pouvait être émit par un animal- rompit ma course. Oui, c'était bien distinctif. Des sons, des paroles. Des hommes. En quelques secondes j'arrivais aux abords de la scène de ce tapage. Du dessous de mon masque anthracite, j'assistais à un spectacle rare; tout au moins dans un endroit. Ce qui semblaient être des malfrats s'en étaient pris à un autre type. Quatre contre un, l'affrontement était plié d'avance; néanmoins, pour la beauté de la chose, j'allais jouer la voyeuriste. Ce ne fut pas bien long, dès que le solitaire eut ouvert sa bouche pour débiter quelques phrases symptomatique du Shinobi; je compris.

Il résultait donc de cette rencontre impromptue une simple morale : ne pas se fier aux apparences. L'Homme et ses certitudes, il n'y avait rien de plus désolant, de plus triste. Un animal, qu'il soit tigre, lion ou ours aurait fuit; mais eux, non. Mon hypothèse trouva sa résolution dans les mouvements du cinquième homme, il était bien un ninja. Cependant, un lancé de kunai réussi, une exécution du même acabit et l'impassibilité n'étaient pas suffisantes pour me dévoiler les capacités réelles de ce ninja. Jusqu'à ce qu'il m'interpelle. Sous le masque grisâtre, presque noir; un fin sourire se dessina. Il avait été capable de me percevoir malgré mes précautions, alors que ces banals rustres n'avaient rien vu, ni entendu ? Il avait soit une vue très perçante, soit il était un senseur, alors, en tant que tel; il savait que se tenait à quelques mètres de lui une source d'énergie plus que considérable.

Enfin, je ne me fis pas prier davantage. Je sortis de l'ombre du feuillage en claquant lentement mes mains l'une dans l'autre, comme l'applaudissant.

"Impressionnant, très impressionnant même. Le problème, c'est que je vais par là, moi. Dis-je en pointant la direction d'où venait l'homme à cape rouge."

Toujours masquée, je continuais toujours d'avancer paisiblement vers lui, ou derrière lui; c'était sensiblement la même chose. Je me demandais s'il allait m'attaquer directement, ou simplement me laisser passer. C'était assez dangereux dans la forme, mais dans le fond... Cela ne changerait pas grand chose à ma situation; et peut-être même que cela accélérait les choses. Finalement quoi qu'il arrive, je serai sans doute gagnante.

L’instinct carnassier face à l’humanité. Une personne a surgit devant moi. Elle provient de l’endroit même d’où viennent ces agresseurs, ces hommes à qui je venais de rappeler de la manière la plus funeste, qu’au-dessus de l’échelle alimentaire se trouve le plus dangereux prédateur qui soit : le shinobi. Juste au-dessus du samouraï lui-même au-dessus du simple humain. Je reste impassible, encore animé de pulsions meurtrières que je contiens parfaitement pour le moment. Je suis prêt à bondir. Prêt à attaquer tel le tigre englué dans une spirale assassine. Et pourtant… Quelque chose m’étonne dans le scénario actuel. Cette personne à la cape noir et au masque noir à l’air de royalement s’en foutre de la mort de ces hommes. Elle a dû voir avec quelle vitesse ils ont été tués. Et pourtant… Pas la moindre émotion. À peine un regard pour les décédés. Juste… cet air sarcastique et ces applaudissements.

Je fais face à cet inconnu marchant vers moi, droit dans ma direction. Est-ce de la provocation ? De l’inconscience ? Une parfaite assurance ou une ferme détermination à mourir ? Je ne me laisse pas abuser par ce costume sombre, pas même par ce masque. Dans mon esprit, la validation de la thèse de la tentative d'assassinat prends de l'ampleur. Ai-je été pisté à mon insu ? Je me concentre un peu plus sur l’aura qu’elle dégage afin de me faire une idée de qui j’ai affaire. Et là… Je ramène ma tête légèrement en arrière tandis que mes yeux s’agrandissent sous l’effet de la surprise. Il me semble que mon sang a comme qui dirait tourné tandis que les battements de mon cœur se font plus rapides. Je suis tout simplement abasourdi. Cette personne est tout bonnement… Je n’ai guère de mots pour la qualifier. Ce que je ressens est tout simplement étonnant. La dernière personne que j’ai rencontrée avec presque autant de chakra était cet homme… Ce gars qui m’avait collé un sceau dont je n’arrive jusqu’à ce jour, toujours pas à me départir. Est-ce une illusion ? Je vérifie. Non, ce n’est guère le cas. Cette fille est bien plus balèze que moi. Alors que je suis personnellement déjà bien plus fort que la plupart des shinobis.

Cette personne, que je devine être une femme à cause de sa voix fluette est arrivée à portée d’attaque. Je ne vois toujours rien dans ses mouvements qui puisse me permettre d’en savoir plus sur ses intentions. Cherche-t-elle l’affrontement ? Si oui, j’avoue que je serai très heureux de pouvoir affronter ce type de ninja. Un comme on en voit que très rarement. Dès lors que j’aborde le « problème » sous cet angle… Je vois les choses différemment. Malheureusement. Et là, c’est adrénaline qui prend le dessus. Je salive à l’idée du niveau de difficulté auquel je vais certainement être confronté dans les minutes qui suivent. Est-ce vraiment nécessaire ? Je pourrais y perdre la vie ! Je n’ai aucune raison objective de me battre alors pourquoi est-ce que diable j’éprouve ce besoin ?

Je ramène mon menton vers moi, cachant par ailleurs ma bouche et mon nez. Je souris sous cape. Le sourire sadique de l’homme semblable au du tigre qui se montre menaçant en montrant les crocs justement.

« Tu ne m'impressionnes pas. Si c'est l'affrontement que tu cherches… »

Cette jeune femme était à présent à un peu moins de quinze mètres de moi. Un mouvement. Rapide comme l’éclair. La poussière qui se soulève sur mon passage, tant la vitesse est importante. Un face à face avec ce shinobi masqué. Serais-ce déjà la mort pour elle ? Je n’y crois pas. Même si c’est un point vital que je vise : le cœur.

Technique utilisée:

Que ce soit l'une ou l'autre, je ne jugeais aucunes des deux solutions bonnes ou mauvaises. Qu'il me laisse passer aurait été plus rapide, moins fatiguant; tant pour lui que moi. Mais, vouloir engager le combat semblait démontrer que le mystérieux homme n'avait pas grand chose à perdre. Car il était évident qu'il avait détecté ma présence... Ceci-dit, qu'ils ait pu jauger mon niveau de chakra n'était pas non plus une certitude... Enfin, tout chez lui me laissait penser qu'un combat s'avérait inévitable. Le regard, le faciès et l'intonation donnaient un nombre d'informations presque vitales. Ainsi, je basai la suite ou le début de ce combat; sur un raisonnement logique, ou tout au moins pour moi. J'avais bien gardé en mémoire ce que je venais de voir, à savoir une certaine maîtrise du taijutsu. Devais-je donc me préparer à quelque chose de tel ?

La distance qui nous séparait était à peu prés de quinze mètres, pas tout à fait; pour frapper en premier il lui faudrait soit user d'un puissant jutsu pouvant lui donner un avantage direct, ou alors jouer d'un effet de surprise basé sur la vitesse. Dans un cas comme dans l'autre, et sans parler de l'éventualité genjutsu, j'étais prête à me défendre, comme toujours. Ne jamais baisser sa garde, ne jamais sous estimer l'adversaire était une règle primordiale lorsqu'on était un shinobi De nombreux ninjas avaient d'ailleurs péri en oubliant ce principe de base. Ceci-dit, je pouvais parer à un panel impressionnant de situations et de techniques. J'avais passé presque vingt ans à apprendre, à maîtriser et à peaufiner des jutsu, si bien qu'aujourd'hui...

L'homme me barrant le chemin disparut alors soudainement. Un réflexe devenu instinctif avec le temps me fit réaliser à toute hâte quelques signes. Aussi une demie sphère se matérialisa devant moi, comme sortant de nul part. Je vis le bout d'une lame fendre la fine couche métallique tout juste formée, pointant vers mon cœur. Visiblement, il était décidé à me faire subir le même sort qu'à ses précédents amis. Cependant, à leur différence, je n'étais pas une vulgaire criminelle détroussant de pauvres voyageurs perdus... La sphère grisâtre s'effrita pour finalement disparaître. Sans attendre de voir mon opposant je fis un nouveau signe. Et rapidement, une fine brume anthracite s'épaississant de plus en plus à chaque secondes s'écoulant.

Nos silhouettes respectives s'estompèrent peu à peu dans la brume métallique, c'est alors que je lui répondis.

"Je ne cherche pas l'affrontement. Ceci dit, si tu veux te défouler contre moi... Une fois que tu seras calmé, nous pourrons peut-être reprendre nos routes respectives."

Dis-je avec un calme Olympien tout en faisant apparaître autour de moi cinq clones de métal. Oui, il semblait très... nerveux, pour quelqu'un d'apparemment aussi puissant! Jusqu'à s'en prendre à une gamine, dis-donc.

Spoiler:

Je l’avais à l’œil. Malgré toute la vitesse qui fut la mienne tandis que je filais ventre à terre, ninja-tô au poing, droit sur elle, ce curieux personnage à la voix fluette me surpris par la vitesse de ses mudra. La chose était quasi irréelle. En moins d’une seconde, le temps pour moi de me déplacer de quinze mètres, elle, avait exécuté ses signes incantatoires avant de générer autour d’elle, ce qui au départ me sembla être une armure… de métal. C’est in extremis que je décalais légèrement ma course, m’évitant au passage de me prendre de plein fouet cette sphère entourant mon adversaire. Le bout de mon ninja-tô, in fine heurta, dans un bruit aigu, la technique de protection de mon vis-à-vis. Je terminais ma course en pivotant sur moi-même en reprenant mes appuis au sol après cette charge à grande vitesse, contrée tout aussi rapidement.

Main gauche sur le sol, ninja-tô tenu par la main droite, comme accroupis, j’imitais instinctivement la posture du félin prêt à bondir sur sa proie. La demi-sphère de métal s’effritait et déjà, mon adversaire exécutait à nouveau une série de mudra à une vitesse incroyable. La terre se craquela sous mon poids tandis que je me propulsais rapidement sur une branche d’arbre à proximité. Un réflexe dû à ce jutsu naissant, que j’entendais provenir de la terre même. Un jutsu lié au doton. Je l’aurai parié. Et pourtant… À en juger par cette espèce de brume surgissant de terre, je compris que j’avais affaire à nouveau à jutsu de type Kinton. Deuxième fois… Je quittais la zone où ce jutsu s’étendait, revenant sur mes pas, en contournant par le côté, de branche en branche, cet adversaire, de sorte à me retrouver à nouveau devant elle. Loin de plusieurs mètres. Éviter tout contact avec cette « brume » métallique. Qui sait quels en sont les potentiels effets ?

La silhouette de mon adversaire venait de disparaître sous mes yeux. Mais je l’entendais encore parfaitement. Sa présence m’était audible. Cependant, loin d’être une faute tactique, il semblait, à en juger par les propos qu’elle tint à mon égard, que ce combat que nous livrons ne l’intéresse nullement. Cet adversaire se montre sûr de lui. Parfaitement sûr et certain de venir à bout de ma personne pour peu que le combat se prolonge. Je fronce les sourcils à cette perspective et je suis bien obligé d’analyser la situation à l’aune des propos tenus et du comportement de mon adversaire. Jusqu’ici… Aucune réelle offensive de sa part. Elle n’a exécuté que des techniques défensives et ses propos semblent indiquer que je suis presque insignifiant à ses yeux. Un sourire presque gêné s’imprime sur mon visage à cette pensée. Voilà un sacré coup à encaisser pour mon ego.

« Soit. Si réellement tu n’as rien à voir avec ces gens, alors je suis bien obligé de cesser toute hostilité et de te présenter des excuses. J’ai pensé que tu étais lié à eux. En même temps, ton accoutrement n’aide pas... »

Je joins l’acte à la parole et range mon ninja-to. Je le sens remuer à l’intérieur. Hô. Même lui est subjugué par la puissance de cette inconnue. Nous nous trouvions en territoire Kinzoku, elle manipule à priori à merveille le métal... Elle ne peut être que Kinzoku. Logique!

« Je ne savais pas que les Kinzoku disposaient d’une combattante aussi aguerrie. Ton peuple est décidément plein de mystères... Quel nom te donnes-tu Kinzoku ? »

Je descends de l’arbre sur lequel j’étais perché. Et espère que mon interlocutrice fera disparaître ce nuage de métal qu’elle a suscité. J’aurai aimé poursuivre ce combat en réalité. Aller jusqu’au bout et découvrir quels trésors de puissance contenait un tel être. J’aurais aimé aussi découvrir quelle pouvait être son identité. Mais par moments, même face à des étrangetés, il faut savoir fermer les yeux et passer son chemin. Tout simplement.

Alors, je fis tomber le voile métallique qui obscurcissait nos pensées. Mes clones toujours à mes côtés et mon métal un peu partout disséminé, je pouvais lui répondre sans trop craindre quoi que ce soit. J'osai donc l'humour pour désamorcer cette rencontre ayant si mal commencé. Ne restait plus qu'à espérer que celui-ci n'y soit pas allergique...

"Bonjour. Oui, effectivement. Mais cet accoutrement fait que l'on me prend au sérieux; la plupart du temps. Tu dois bien te douter qu'avec une voix une voix pareille, et une taille si ridicule; on ne me prend que rarement au sérieux... Répondis-je accompagné d'un court rire. Alors, si tu voyais le reste... Enfin, peut-être ne m'aurais tu pas attaquée en fait..."

Dis-je dans un battement de sourcil bien évidement toujours masqué. Son sabre rengainé, il semblait sincère dans ses paroles mais comme la confiance était une chose se méritant, je ne me décidais pas à faire disparaitre mes polices d'assurance. L'homme sanguin parla une nouvelle fois, semblant à cet instant s’intéresser à mon pouvoir. Shimo était donc le pays d'où étaient originaires des Kinzoku ? Une chose à savoir en effet...

"Malheureusement, non. Je ne connais rien de ce peuple, mais être une Kinzoku m'aurait pourtant évité pas mal d'ennuis. Souirais-je."

En effet, si je n'avais pas été une Habashi, ma vie aurait sans doute été plus paisible que celle que je menais aujourd'hui. Quoiqu'elle demeurait aussi un choix alors être telle ou telle personne ne changeait pas grand chose. Mais lui, je me demandais qui il pouvait bien être, et d'où pouvait il venir. Son visage ne me disait rien, ni sa façon de combattre... Au moins, je ne l'avais jamais affronté par le passé, ce n'était donc pas un ennemi.

"Je m'appelle Umi Ji. Et toi, qui es tu et que fais tu par ici ?"

Je doutais vraiment qu'il se mette à me raconter toute sa vie, moi même je ne l'aurais probablement pas fait, mais je n'étais pas à l'abri de me retrouver face à quelqu'un de plus bavard que moi... Enfin, peut être notre était elle en fait placée sous le signe du destin ? Peut-être avions de grandes choses à accomplir conjointement ? Le destin... foutaise, j'étais la seule à décider de qui ferait quoi ici, à cet instant. Donner l'illusion qu'une situation est sous contrôle et la meilleure façon d'arriver à ses fins; quelles qu'elles soient. Nous n'étions pas à l'abri d'une surprise, bonne ou mauvaise. Enfin, surtout lui.

Les premiers éléments de réponse de mon interlocutrice me permirent d’un peu plus juger de ce dont elle pouvait être capable. Bien entendu, pour le moment aucune information extrêmement importante, si ce n’est qu’elle est dotée d’une grande puissance, une puissance supérieure à la mienne, mais aussi qu’elle sait parfaitement garder son calme et la pleine maîtrise d’elle-même. Quelqu’un d’autre à sa place se serait peut-être emporté ? Ou peut-être aurait ’il profité de sa supériorité, démontrée l’espace d’un instant, pour tout simplement s’imposer sur cet « agresseur » que je suis. Et moi ? Comment aurais-je réagi à sa place. Bonne question.

Je reste immobile, observant sa gestuelle et les mouvements de son corps tandis qu’elle daigne se montrer particulièrement courtoise. Voilà quelque chose qui corrobore mes premières idées. Cette kunoichi est forte, très forte probablement tellement qu’elle ne semble pas craindre grand-chose. D’où son attitude plutôt relax. Pour ma part, je reste sur mes gardes. Ne pas se fier uniquement à ce que l’on voit ou entend, surtout lorsqu’on a affaire à un shinobi. Précaution nécessaire, voire même vitale.

Un petit vent souffle au milieu de nous, poussant quelques mèches de mes cheveux sur mon visage, le masquant quelque peu à la vue de mon interlocutrice. Celle-ci évoque, à son tour, brièvement, les Kinzoku. Elle affirme ne pas les connaître tout en précisant qu'obtenir cette information, visiblement plus tôt, lui aurait permit d'éviter pas mal d’ennuis. Aurait-elle créé du grabuge dans les environs ? Cette idée me trotte dans la tête et rapidement des calculs sont faits. Si elle a eu à causer un mal majeur, il va sans dire que porter sa tête aux autorités Kinzoku, contribuerait à consolider un peu plus les relations entre Kumo et les habitants de Kumo. Piste à sonder donc… Je note son nom après qu’elle me l’ait donné.

*Umi Ji. Non. Ce nom ne me dit absolument rien. Elle n’est pas de ces shinobis mondialement recherchés.*

Je ramène une mèche de cheveu rebelle vers l’arrière alors que je constate qu’elle n’a toujours pas fait disparaître ses clones. Est-ce par simple précaution de sa part ou une possibilité qu’elle se donne de pouvoir attaquer lorsque bon lui semblera ? Question qui ne trouvera probablement pas de réponse immédiate. Quoi qu’il en soit, je me dois de rester sur mes gardes, jusqu’à la fin de ce face à face, quel que soit la manière avec laquelle elle se ponctuera.

« On m’appelle Daisanji… »

Le vent, curieusement, souffle un peu plus fort à l’évocation de ce nom, soulevant au passage un peu de poussière. Est-ce que la nature frémit à l'évocation de ce nom ? Si c'est le cas, c'est qu'elle a probablement connaissance de mes actes futurs car je n'ai pas encore donné toutes ses lettres de noblesse à ce pseudonyme. Je garde mon regard fixement posé sur cette kunoichi. Oui… Un nom plutôt particulier. En effet, qui assumerait un nom tel que l’Apocalypse ? Et pourtant, c’est bien le nom donné à celui que j’ai tué afin de m’emparer de son identité. Un tueur sans pitié, de piètre niveau certes, comparé aux shinobis, mais un homme ayant longtemps terrorisé les populations de cette partie du pays du Givre au point qu’on lui donne ce surnom. Cette Umi Ji trouverait peut être le moyen de rire de ce nom. Qu’importe. Quoi qu’il en soit, je mise une bonne pièce qu’elle sera loin d’être effrayée.

« Ce que je fais ici ? Rien d’autre qu’un passage. J’essaye de me frayer un chemin vers les contrées de l’Ouest. »

Bien évidemment, je n’allais tout de même pas lui dire que je suis le Godaime Raikage et que j’ai pris cette identité afin de solder des comptes plus ou moins personnels. Je pourrais d’ailleurs prendre cette option tiens. Pour sûr elle ne me croirait gère toutes façons.

« Et toi où vas-tu ? Il me semble que plus loin vers l’Est se trouve le pays de la Foudre. On dit que les kumojins ne sont pas très accueillants. Pour peu que tu y sois recherchée, tu verrais vite quelques escadrons te tomber dessus. Surtout si tu as eu à causer du grabuge ici comme tu le laisses entendre. »

Toujours immobile, à bonne distance de cette kunoichi et des particule de métal posé sur le sol autour d’elle. J’ai bien fait de m’éloigner d’elle car j’entrevois déjà quel est son style de combat et ce qu’elle pourrait me faire endurer si je m’aventure à nouveau dans sa zone d’intimité. Quoi qu’il en soit, malgré sa grande réactivité, je suis certain que le taïjutsu est une de ses faiblesses. A vérifier au besoin.

Daisanji. Un nom qui ne faisait rien ressortir dans mon esprit, pas un acronyme, pas un prénom répandu... D'ailleurs, je n'étais pas vraiment sûre qu'il s'agissait là d'un prénom, cela importait peu. Néanmoins le style de combat arboré durant ce court et ridicule affrontement me laissait entrevoir un grand potentiel. Ceci-dit, je ne pouvais pas déterminer son niveau rien qu'avec deux déplacements et un coup presque mortel. Daisanji était donc un ninja plus ou moins errant, tout comme moi. Cette simple information faisait de lui une cible potentielle pour Isanami. Une personne dont je ne contrôlais ni la direction ni la destination était une aubaine... Enfin.. A peu de chose prés qu'il ne serait probablement pas d'accord pour me céder son corps. Du coup, le combat que j'avais abandonné semblait reprendre tout son sens. Le combattre dérouillerait mes vieux réflexes; en revanche, le tuer... Non, cela ne m'apporterait rien. Qu'à cela ne tienne.

Au gré du vent ses paroles parvinrent à mes oreilles, et elles n'étaient pas celles d'une sourde! D'après ce qu'il disait, et de ce que j'en avais compris; je ne m'étais pas exprimée correctement. Ou, tout au moins pas assez explicitement pour lui. Je repensais brièvement aux mots que j'avais maladroitement prononcés et me rendis compte, qu'en effet, ils laissaient sous entendre que j'avais commis quelques actes répréhensibles. Même si nous ne nous connaissions pas, à première vue; et que je me fichais pas mal des Kinzoku et des Kumojin; je ne pouvais pas non plus laisser un tel doute s'insinuer, lequel me vaudrait tôt ou tard une altercation avec X ou Y personne de l'un ou l'autre camp. Et je ne pouvais pas me permettre de perdre du temps en affrontement inutile. Bien que, niveau perte de temps j'étais déjà bien avancée puisqu'apparemment je ne me dirigeais vers le bon endroit.

Aussi puissante pouvais-je être; je devais bien avouer que mon sens de l'orientation avait particulièrement pâti de ces dernières années passées derrière un bureau et, de temps en temps, à vadrouiller dans le désert. Je me frottai alors la tête sans penser un instant que ce simple geste pouvait être interprété autrement que comme un grattage de tête... Et finalement lui répondis, histoire de remettre les mots dans le bon ordre.

"Ah! Non, tu n'y es pas! Je n'ai rien fait de bien grave par ici, donc... Puis les Kumojins... Enfin.. Dis-je en haussant les épaules. En revanche je trouve ça très gentil de ta part de m'avertir. Avec un ton ironique. Surtout quand on vient d'éliminer froidement des hommes. Souris-je légèrement."

Je me tus un instant. La rencontre était figée. Le ninja sanguin semblait ne pas vouloir partir. Qu'attendait il ? Je me demandais si finalement il ne recherchait le combat. Peut-être était il entrain de me jauger afin de mieux m'attaquer ? Au pire, il pouvait. Rien ne l'en empêchait, nous étions tous deux des voyageurs que personne, ou presque, n'attendait au bout de chemin. Enfin, moi on m'attendait et que je meurs ou existe à travers ce corps, cela ne changeait rien au contraire...

"Dis moi, Daisanji; pourquoi tes parents t'ont ils appelés ainsi ? C'est assez particulier comme... prénom. Apocalypse.. C'est lourd à porter... Enfin, tu me diras; le mien ne veut strictement rien dire! Enfin... Pas grand chose quoi."

Je supposai que nous n'en étions pas encore à un tel stade d'intimité, à nous raconter nos vies et nos enfances troublées. Il pouvait même m'envoyer paître. Je l'observais donc attentivement, allait il tout inventer, ou irait il chercher ses informations dans sa mémoire ? Je le saurai rapidement. Quoi qu'il arriverait, la suite serait tout de même un peu délicate, parce qu'apparemment; je devais prendre la même direction que lui...

Je continue de tout décrypter. Ses mots, ses gestes. Ce petit bonhomme de femme semble ironique tant au regard des mots qu’elle utilise, que de la façon avec laquelle elle les prononce. Pourquoi donc parler de gentillesse en cet instant précis alors que nous venions, un instant avant, de nous mesurer l'un à l'autre ? Tout comme moi, elle sait pertinemment que pour un oui ou pour un non nous pourrions bien nous taper dessus et ce, d’autant plus, qu’elle, n’a visiblement pas baissé sa garde. Je jette un œil sur ses clones encore présents et sur ce tapis de poussière kinton autour d’elle. Mon menton s’abaisse légèrement, cachant mon nez dans le haut de mon col. Mon regard se fait plus froid. Aurait-elle compris que mes paroles précédentes visaient à compiler un peu plus d’informations sur sa personne ? Il me semble que j’ai été un poil subtil. Même si elle se doute de quelque chose, elle ne peut guère se baser sur quelque chose de solide. Quoi qu’il en soit, je ne réponds rien à sa remarque de gentillesse ou de je ne sais quoi. Je note que d'après ce qu'elle dit, elle n'a commis aucune chose malveillante envers les habitants de Shimo.

La suite des propos de la kunoichi me mit la puce à l’oreille lorsqu'elle parle de parents. Confirmation obtenue. Elle se fout bel et bien de ma gueule. Mon assaut précédent ne l’a guère poussée à me prendre au sérieux visiblement. À moins qu’elle ne cherche à m’exciter, dans le sens agressif tu terme bien entendu. Je demeure stoïque. Un très court moment, me permettant d’analyser les pistes que cette kunoichi chercherait à arpenter. Mais aucune information digne de ce nom ne peut être tirée de son comportement. Si je veux en savoir plus, je dois continuer à discuter avec elle ou tenter autre chose. Continuer à placoter me ferait lâcher des informations sur ma personne et probablement lui ferait gagner des points en plus dans la perspective où elle en aurait réellement après moi. De plus, perdre plus de temps ici… J’accrois la portée de mes sens pour sonder les alentours. Il me semble qu’il n’y a personne.

*Humpf* grommelais-je.

« Ce nom n’est pas lourd à porter bien au contraire. Peut-être saisiras-tu pleinement sa signification d’ici peu… »

Un ton neutre. Je pose un pas en avant, puis un autre.

« Bon ! Ce fut un plaisir de faire ta connaissance Umi Ji. Même si je doute d’être capable de te reconnaître le jour où tu daigneras te promener sans ce masque. Quoi qu’il en soit… A la revoyure ! »

Il me semble que nous n’avons rien de pertinent à nous raconter alors autant nous quitter en ces termes. J’essaye de contourner la position de ce brin de femme, tout en évitant la zone où est retombée sa technique de zone. Les pics de métal pourraient fuser à tout moment en provenance de cet endroit. J’en suis conscient. Raison pour laquelle je reste sur mes gardes. Voilà l’heure de vérité. A présent, tu seras bien obligée d’abattre ta carte ou de me laisser passer.